Gène codant pour une α-agarase et son utilisation pour la production d'enzymes de biodégradation des agars
La présente invention concerne un nouveau gène, codant pour une α-agarase, et son utilisation pour la production d'enzymes de biodégradation des agars.
Les galactanes sulfatés des Rhodophycées, tels que les agars et les carraghénanes, représentent les polysaccharides majeurs des Rhodophycées et sont très largement utilisés en tant qu'agents gélifiants ou épaississants dans diverses branches d'activité, notamment l'agro-alimentaire. Environ 6000 tonnes d'agars et 22 000 tonnes de carraghénanes sont extraits annuellement des algues rouges marines à cet effet. Les agars sont produits industriellement à partir des algues rouges des genres Gelidium et Gracilaria. Les carraghénanes sont quant à eux largement extraits des genres Chondrus, Gigartina et Eucheuma.
Les agaro-colloïdes sont des complexes polysaccharidiques composés des agars et des agaroïdes. Seuls les agars ont la propriété de former des gels thermoréversibles. Ces polysaccharides sont constitués de chaînes où alternent régulièrement des molécules de D-galactose et de 3,6-anhydro-L-galactose. Ces deux sucres sont liés entre eux par une liaison osidique β-1,4. Ce dimère, ainsi constitué, est lui-même lié à un autre dimère identique par une liaison osidique α-1,3.
On appelle agar un mélange de ces polysaccharides présentant une proportion plus ou moins importante (selon la source) de radicaux sulfate, pyruvate, méthyle ou autres, ce qui en font des polymères électriquement chargés. Le terme agarose est réservé à un polymère totalement exempt de ces radicaux, ce qui en fait un polymère électriquement neutre. Le gel d'agar se forme lorsque, à basse température, les chaînes s'organisent en doubles hélices maintenues par des liaisons hydrogène.
Il existe deux types d'enzymes capables de dégrader les agars : les α-agarases et les β-agarases. Les β-agarases agissent sur la liaison β-1,4 et les α-agarases sur la liaison α-1,3.
Des micro-organismes produisant des enzymes capables d'hydrolyser les agars ont déjà été isolés. Cette capacité à digérer l'agar a été attribuée aux genres Pseudomonas, (MORRICE et al., Eur. J. Biochem. 137, 149-154, (1983)), Streptomyces (HODGSON et CHATER, J. Gen. Microbiol. 124, 339-348, (1981)), Cytophaga (VAN DER MEULEN et HARDER, J. Microbiol. 41, 431-447, (1975)) et Vibrio (SUGANO et al., Appl. Environ. Microbiol. 59, 1549-1554, (1993)). Plusieurs gènes de β-agarase ont déjà été isolés. Ainsi, BELAS et al. ont isolé le gène d'une β-agarase chez Pseudomonas atlantica (Appl. Environ. Microbiol. 54, 30-37, (1988)). BUTTNER et al. ont isolé une β-agarase chez Streptomyces coelicolor et séquence le gène correspondant (Mol. Gen. Genêt. 209, 101-109, (1987)). SUGANO et al. ont clone et séquence deux gènes différents de β-agarase chez Vibrio sp.
JT0107, qu'ils ont appelé agaA (Appl. Environ. Microbiol. 59, 3750-3756, (1993)) et agaB (Biochimica et Biophysica Acta 1 218, 105-108, (1994)). A ce jour, aucun gène d'α-agarase n'est décrit dans la littérature.
La demanderesse a maintenant isolé un gène codant pour une α-agarase à partir de la bactérie "Alteromonas agarilytica" souche GJIB déposée à la Collection DSMZ (Deutsche Sammlung von Mikroorganismen und Zellkulturen GmbH) le 5/11/1998 sous le numéro DSM 12513.
Cette souche GJIB a été décrite dans la thèse de P. Potin ("Recherche, production, purification et caractérisation de galactane-hydrolases pour la préparation d'oligosaccharides des parois d'algues rouges", février 1992) où il est indiqué qu'elle a une activité α-agarase. Toutefois, aucune mention n'est faite sur le ou les gènes responsables de cette activité.
Ainsi, la présente invention a pour objet le nouveau gène agaA ayant la séquence d'ADN SEQ ID N° 1 qui code pour une α-agarase dénommée protéine AgaA, ayant la séquence SEQ ID N° 2.
La présente invention a également pour objet les séquences d'acides nucléiques, à savoir les séquences d'ADN génomique, les séquences d'ADN ou d'ARNm qui comprennent ou sont constituées par un enchaînement de nucléotides codant pour la protéine AgaA ou pour l'un quelconque de ses fragments peptidiques tels que définis ci-après.
L'invention concerne toutes les séquences d'acides nucléiques codant pour la protéine AgaA dans son entier, ou pour un ou plusieurs de ses fragments peptidiques. Ces séquences sont représentées de préférence par : a) la séquence d'ADN SEQ ID N°l codant pour la protéine AgaA et les fragments d'ADN codant pour les fragments peptidiques de ladite protéine ; b) les séquences d'ADN hybridant en conditions de stringence spécifiques avec la séquence ci-dessus ou un de ses fragments ; c) les séquences d'ADN qui, en raison de la dégénérescence du code génétique, dérivent de l'une des séquences a) et b) ci-dessus et codent pour la protéine AgaA ou les fragments de celle-ci ; et d) les séquences d'ARNm correspondantes.
Les acides nucléiques selon l'invention peuvent être préparés par synthèse chimique ou génie génétique en utilisant les techniques bien connues de l'homme du métier et décrites par exemple dans SAMBROOK et al. ("Molecular Cloning : a Laboratory Manual" Ed. Cold Spring Harbor Press, N.Y., 1989).
Par exemple, la synthèse des séquences d'ADN selon l'invention peut être effectuée par amplification des gènes de "Alteromonas agarilytica" GJIB à l'aide de la méthode PCR (Polymerase Chain Reaction), comme décrit par exemple par GOBLET et al. (Nucleic Acid Research, 17, 2144, (1989)) en utilisant des oligonucléotides synthétiques comme amorces, définis à partir de la séquence d'ADN SEQ ID N° 1.
Le fragment d'acides nucléiques ainsi amplifié peut ensuite être clone dans un vecteur d'expression selon les techniques décrites dans MANIATIS et al. (Molecular Cloning. A laboratory manual, NEW YORK (1982)). L'invention a également pour objet les cellules procaryotes et les cellules eucaryotes transformés à l'aide d'un vecteur d'expression contenant une séquence d'acides nucléiques selon l'invention. Ce vecteur d'expression, qui peut être par exemple sous la forme d'un plasmide, doit comporter, outre la séquence d'acides nucléiques de l'invention, les moyens nécessaires à son expression, tels que notamment un promoteur, un terminateur de transcription, une origine de réplication et de préférence un marqueur de sélection. La transformation des cellules procaryotes et des cellules eucaryotes est une technique bien connue de l'homme du métier qui pourra aisément déterminer, en fonction du micro-organisme à transformer, les moyens nécessaires à l'expression de la séquence d'ADN selon l'invention. Les micro-organismes procaryotes préférés aux fins de l'invention sont
Escherichia coli et Bacillus subtilis.
A titre d'exemples de cellules eucaryotes qui conviennent aux fins de l'invention, on peut citer notamment les cellules de Aspergillus niger, Trichoderma viridae ou Pichia pastoris. La présente invention a également pour objet la nouvelle protéine AgaA de "A. agarilytica" qui comprend la séquence d'acides aminés SEQ ID N° 2.
La nouvelle protéine AgaA est composée de 1429 acides aminés et a une masse moléculaire théorique de 154,67 kDa. Après élimination du peptide signal, cette protéine a une masse moléculaire calculée de 151,91 kDa. La présente invention concerne également les fragments peptidiques de la protéine AgaA résultant de l'addition, la suppression et/ou le remplacement d'un ou plusieurs acides aminés, lesdits fragments peptidiques ayant conservé l'activité α-agarase.
Les protéines et fragments peptidiques selon l'invention peuvent être obtenus par les techniques de génie génétique qui comprend les étapes de :
- culture de cellules procaryotes ou de cellules eucaryotes transformées par un vecteur d'expression possédant une séquence d'acides nucléiques selon l'invention et
- récupération de la protéine ou du fragment peptidique produit par lesdites cellules.
Ces techniques sont bien connues de l'homme du métier. Pour plus de détails les concernant, on pourra se référer à l'ouvrage ci-après : Recombinant DNA Technology I, Editors Aies Prokop, Raskesh K Bajpai ; Annals of the New- York Academy of Sciences, volume 646, 1991. Les fragments peptidiques peuvent également être préparés par synthèse peptidique chimique classique bien connue de l'homme du métier.
L'invention va maintenant être décrite en détail à l'aide de l'exposé expérimental ci-après.
Une grande partie des techniques bien connues de l'homme du métier, décrite dans ces exemples, est exposée en détail dans l'ouvrage de SAMBROOK et al. (supra) ou dans l'ouvrage de MANIATIS et al. (supra).
La description ci-après sera mieux comprise à l'aide des figures 1 à 4 sur lesquelles :
- la figure 1 est la photographie d'un gel d'électrophorèse SDS-PAGE des fractions α-agarase positives de "A. agarilytica" issue des chromatographies d'affinité et d'échange d'ion.
- la figure 2 représente la carte physique de la sonde nucléotidique ayant servi à identifier les clones α-agarases positifs dans la banque génomique d'"Λ. agarilytica" et celle d'un clone génomique d'"A agarilytica" présentant une activité agarase;
- la figure 3 donne la séquence nucléotidique et la séquence d'acides aminés déduite du gène de l'α-agarase provenant de "A. agarilytica";
- la figure 4 représente le profil d'élution des produits d'hydrolyse de l'agarose par l'α-agarase provenant de la souche "A. agarilytica " selon l'invention.
Exemple 1 : isolement, culture de la souche "Alteromonas agarilytica" DSM 12513 et extraction de son ADN
La souche GJIB DSM 12513 a été isolée à partir d'eau de mer de Great Bay-
Little Bay estuarine complex du New Hampshire aux USA (YOUNG et al., Carbohydr. Res. 66, 207-212, (1978)).
La recherche taxono ique de la souche GJIB, réalisée par des techniques bien connues de l'homme du métier, a montré qu'elle appartient au genre Alteromonas.
Elle pousse en faisant des cratères dans l'agar, sous forme de colonies non pigmentées présentes sur les bords de ces cratères, alors que le fond du cratère se retrouve dépourvu d'agar ; l'agar du reste de la boîte est ensuite liquéfié. La bactérie est à Gram-négatif, aérobie et a une forme de bâtonnet mobile par un flagelle polaire.
Elle possède un métabolisme oxydatif. Elle est capable d'assimiler diverses sources carbonées telles que le glucose, l'arabinose, la N-acétylglucosamine, le mannitol, le galactose, le maltose, le gluconate, le saccharose et le fructose. Elle possède les activités nitrate reductase, catalase, β-glucosidase et β-galactosidase. Elle est capable de dégrader plusieurs types de macromolécules, telles que l'agar, l'amidon. Les valeurs en pourcentage de la composition en guanine et cytosine de l'ADN de la souche ont été établies entre 39 et 45%.
La souche GJIB présente des caractéristiques morphologiques, biochimiques et physiologiques similaires à celles de la souche Vibrio agarlyticus (CATALDI, Rev.
Inst. Bacteriolôgico 9, 366-377, (1940)). Elle a donc été appelée "Alteromonas agarilytica " (Cataldi) comb. nov.
La culture de la souche a été réalisée à 22°C sur le milieu BSM modifié
(milieu Basai Sait Médium) (POTIN et al., Eur. J. Biochem. 214, 599-607, (1993)). Le protocole employé pour extraire l'ADN de la souche "Alteromonas agarilytica" DSM 12513 est dérivé de celui de Marmur (MARMUR, J. Mol. Biol. 3,
208-218, (1961) ; BARBEYRON, Thèse d'université Pierre et Marie Curie-Paris VI,
(1993)) et est décrit en détail ci-après.
Après culture, les bactéries ont été centrifugées à 3000 g durant 15 minutes, puis lavées dans de l'eau de mer stérile. Les cellules ont subi une dernière centrifugation, identique à la précédente, et ont été traitées immédiatement ou congelées à -20°C.
5 à 10 g de cellules selon la concentration cellulaire (poids humide après centrifugation) ont été repris dans 25 ml de tampon Sph (Tris-HCl, pH 8, 50 mM ; saccharose 25%), puis par 5 ml de tampon TES (Tris-HCl, pH 8, 50 mM ; acide éthylènediaminetétraacétique 5 mM ; chlorure de sodium 50 mM), et 50 mg de lysosyme ont été ajoutés. Des sphéroplastes sont apparus après une incubation de
15 minutes à température ambiante.
L'ADN a été aussitôt protégé par l'ajout de 100 mM d'acide éthylènediaminetétraacétique (concentration finale) et l'incubation a été poursuivie dans la glace pendant encore 10 minutes.
La lyse a été totalement achevée par l'addition de 2% de dodécylsulfate de sodium (concentration finale) et de 25 ml de solution de lyse (Tris-HCl, pH 8, 50 mM ; acide éthylènediaminetétraacétique 100 mM ; chlorure de sodium 100 mM). Les protéines ont été pleinement dénaturées par une incubation de 1 heure à 50°C en présence de 40 mg de protéinase K. A la fin de cette incubation, 1 M (concentration finale) de perchlorate de sodium a été ajouté pour que les liaisons ADN-protéines soient rompues.
La solution a été déprotéinisée en l'agitant en présence de 0,5 volume de phénol saturé pendant 5 minutes. L'agitation a été faite manuellement et a dû être suffisamment énergique, sans l'être trop pour ne pas déchirer l'ADN, pour former une émulsion (sans laquelle il ne pourrait y avoir d'extraction). La déprotéinisation a été poursuivie pendant encore 5 minutes après ajout de 0,5 volume de chloroforme/alcool isoamylique (24/1). Les protéines ont été concentrées à l'interface entre la phase aqueuse et la phase organique, par une centrifugation de 15 minutes à 10000 g à température ambiante.
La phase aqueuse contenant les acides nucléiques a été transvasée dans un tube propre avec une pipette dont l'embout a été agrandi pour ne pas déchirer l'ADN. La déprotéinisation a été poursuivie et les traces de phénol ont été extraites de la phase aqueuse, par agitation de la solution pendant 5 minutes en présence de 1 volume de chloroforme/alcool isoamylique (24/1).
Après une centrifugation de 5 minutes à 10000 g à température ambiante, la phase aqueuse a été prélevée avec les mêmes précautions que précédemment, et les acides nucléiques ont été précipités en versant délicatement 0,6 volume d'isopropanol (de façon à former deux phases). L'ADN de haut poids moléculaire a été récupéré avec une baguette de verre, lavé dans de l'éthanol à 70%, déshydraté dans de l'éthanol absolu et séché à l'air.
Après séchage, l'ADN a été dissous dans 20 ml de tampon TE (Tris-HCl, pH 8,
10 mM, acide éthylènediaminetétraacétique 1 mM). La dissolution a nécessité environ 12 heures et elle a pu être facilitée par un chauffage à 50°C. La solution obtenue est opalescente, signe d'une contamination importante en protéines. Ces dernières sont efficacement éliminées en passant une fraction de l'ADN sur un gradient de chlorure de césium en présence de bromure d'éthydium. Après ce passage sur gradient et élimination du bromure d'éthydium, l'ADN ainsi obtenu est quantifié.
11 a pu être conservé à 4°C ou congelé à -20°C. La composition d'ADN, exprimée en pourcentage molaire de guanine + cytosine (mol% G+C), a été déterminée par la méthode spectroscopique de
ULITZUR (Biochem. Biophys. Acta 272, 1-11, (1972)) et le procédé de gradient en chlorure de césium en présence de 2'-[4-hydroxyphényl]-5-[4-méthyl-l-pipérazinyl]- 2,5'-bi-lH-benzimidazole (Hoechst 33258/Sigma) (KARLOVSKY et DE COCK, Anal. Biochem. 194, 192-197, (1991)). Dans le premier cas, il est de 47% ± 2 (moyenne de 2 manipulations) et dans le deuxième cas de 37,5% ± 1,5. Ce pourcentage molaire G+C a été calculé en utilisant l'ADN d'E. coli comme référence standard.
Exemple 2 : mise en évidence et purification de l'activité agarase dans la souche "Alteromonas asarilvtica " DSM 12513
L'activité agarase de la souche a été induite dans un milieu BSM modifié supplémenté par 2,5 g/1 d'agar. On considère qu'une souche présente une activité agarase lorsqu'elle digère l'agar sur lequel elle se développe.
On a cultivé la souche à activité agarase dans 2,5 1 du milieu ci-dessus à 22°C. On a centrifugé la culture à 1000 g pendant 20 minutes. On a récupéré le surnageant de culture et on l'a concentré jusqu'à 100 ml par ultrafiltration tangentielle (seuil de coupure : 10 kDa), opération suivie d'une précipitation au sulfate d'ammonium (70 % de saturation). Le culot de protéines a été remis en suspension dans 10 ml de tampon A (Tris-HCl, pH 7,2, 10 mM, CaC12 25 mM). Après retrait du matériel insoluble, on a ajouté 1 ml de Sépharose CL6B équilibré dans le tampon A afin de réaliser une chromatographie par affinité. L'activité α-agarase s'est fixée au Sépharose pendant 30 minutes à 4°C sous agitation douce. On a ensuite centrifugé les billes de Sépharose à 200 g pendant 5 minutes, on les a reprises dans 5 ml de tampon A et coulées dans une colonne de verre. Après plusieurs lavages en tampon A, on a élue l'activité α-agarase de la colonne en faisant passer au travers de celle-ci une solution d'oligoagars à pH 7,2 obtenue en digérant une solution d'agar à 5 g/1 par de l'α- agarase non purifiée de "A. agarilytica " (le culot obtenu en 70% sulfate d'ammonium). On a soumis les fractions α-agarase positives (24 ml) à une chromatographie d'échange d'ions (Mono Q) en tampon B(Tris-HCl, pH 7,2, 10 mM, CaCl2 5 mM). Après lavages, on a élue l'activité par un gradient de chlorure de sodium (0 à 500 mM NaCl) en tampon B (1 ml mn). L'activité α-agarase a été éluée à une concentration en NaCl de 350 mM.
On a testé l'activité agarase des différentes fractions issues des deux chromatographies en déposant des quantité aliquotes de ces fractions sur un gel d'agarose et par un dosage des sucres réducteurs selon la technique de KJDBY & DAVIDSON (Annal. Biochem., Vol. 55, 321-325 (1973)). Cependant ce test s'est
avéré le plus souvent négatif après la dernière étape de chromatographie d'échange d'ions et a été avantageusement remplacé par un test viscosimétrique.
On a mis en oeuvre une électrophorèse sur SDS-PAGE avec la fraction éluée de la seconde colonne. Celle-ci a présenté une bande principale avec une masse d'environ 180 kDa (figure 1). Cette protéine a été microséquencée. La séquence obtenue du peptide NH -terminal est ETLELQAESFANSGG et celle du peptide interne est
QPRVYNPNEHIVAEIQGPAT .
Exemple 3 : produits de dégradation de l'α-agarase Les spécificités de substrat de l' -agarase de l'invention ont été étudiées en analysant les produits de dégradation de l'agarose par l'α-agarase partiellement purifiée (après colonne d'échange d'ions).
On a mis l'agarose en présence de l' α-agarase à raison de 0,2U/mg de polysaccharide durant 15 heures (1 unité enzymatique U est la quantité d'enzyme qui produit une augmentation d'absorbance de 0,1 unité de densité optique à 237 nm au cours du test des sucres réducteurs). On a refroidi l'hydrolysat dans la glace et on l'a centrifugé à 15000 g pendant 20 minutes. On a concentré le surnageant et on l'a fractionné par chromatographie d'exclusion sur une colonne de Bio-Gel P2. On a utilisé de l'eau distillée en tant que phase mobile et on a réalisé la détection par un enregistrement de l'indice de réfraction.
Le chromatogramme des produits finaux d'hydrolyse de l'agarose par l'α-agarase purifiée est représenté sur la figure 4. Le pic majeur n° 1 a été identifié comme étant de l'agarotétraose sur la base des résultats obtenus par RMN du l3C (Résonance Magnétique Nucléaire du carbone 13). Les pics mineurs n° 2 et 3 ont été identifiés comme étant de l'agarotétraose méthylé en C6 et de l'agarohexaose respectivement. La présence de l'oligosaccharide méthylé provient de la source d'agarose employée qui est un agarose anormalement contaminé par de l'agar méthylé. Ces résultats confirment que l'α-agarase de la souche GJIB d'"A. agarilytica" est spécifique de la liaison α-1,3 dans l'agarose et dans certains agars. Des expériences ont montré que l'α-agarase d'"A. agarilytica" était incapable de dégrader l'agarotétraose, l'agarohexaose, le K-carraghénane, le i-carraghénane, le λ-carraghénane ou l'agar extrait de l'algue rouge Gracilaria eucheumoides (agar méthylé en C2 du résidu 3,6-anhydro-L-galactose et sulfaté en C4 du résidu D- galactose).
Exemple 4 : clonage du gène de l'α-agarase
On a préparé une banque d'ADN génomique de la souche de "A. agarilytica".
Des fragments de 4 à 12 kb, provenant de la digestion partielle par Sα«3AI de l'ADN chromosomique, ont été fractionnés sur un gradient de saccharose. Ces fragments ont été insérés dans le site BamHl du plasmide pAT153 (TWIGG et SHERRATT,
Nature, 283, 216, (1980)).
Les clones recombinants (environ 6000) de la souche DH5α d'E. coli (SAMBROOK et al., supra) ont été inoculés indépendamment sur des plaques de microtitration dans le milieu LBA (milieu Luria-Bertani (MANIATIS et al., supra) supplementé en ampicilline à une concentration de 50 μg/ml). Après incubation, toute la nuit à 37°C, ces clones ont été repiqués sur des membranes de Nylon N+ déposées sur milieu LB (milieu Luria-Bertani) en présence de 50 μg/ml, puis remis à 37°C la nuit. Les membranes ont été récupérées et les colonies apparues sur leur surface ont été lysées. Enfin, les membranes ont été hybridées avec une sonde radioactive spécifique du gène de l' α-agarase. Cette sonde a été obtenue par PCR avec des oligonucléotides synthétiques dégénérés dont les séquences ont été déterminées à partir du microséquençage du fragment NH -terminal et d'un fragment interne de la protéine AgaA purifiée (cf exemple 2); ce fragment de PCR a été clone. Deux clones positifs ont été identifiés. Ces clones ont été repiqués à 22°C sur du milieu Zd (5 mg/1 de bactotryptone, 1 mg/1 d'extrait de levure, 10 mg/1 de NaCl, pH 7,2) supplementé à 50 μg/ml d'ampicilline pour observer la production d'agarase (trou dans la gélose lorsqu'il y a production d'agarase).
En moins de huit jours de culture à 22°C, les deux colonies indépendantes, appelées pAAl à pAA2, ont creusé le substrat. Les cartes de la sonde et du plasmide pAAl correspondant à une des deux colonies sont représentées sur la figure 2, sur lesquelles :
- les lignes fines représentent les régions de l'ADN vecteur, le segment en gras représente l'insert de "A. agarilytica" et les rectangles blancs représentent tout ou partie du gène d'α-agarase; - les différentes abréviations sont les sites de reconnaissance des endonucléases de restriction et ont les significations ci-après : B/S : site de clonage BamHl-Sau3A A: Accl E: EcoRI P: Pstl
La cartographie de ces ADN montre la présence d'un fragment ayant un profil de restriction commun entre la sonde et le plasmide pAAl (délimité par les lignes en pointillés sur la figure 2), ce qui permet de situer, sur l'insert d'ADN génomique, cette sonde et donc de localiser le début du gène sur le plasmide pAAl.
Exemple 5 : analyse de la séquence nucléotidique du gène d'α-agarase
Le plasmide pAAl a été utilisé pour déterminer, sur les deux brins, la séquence nucléotidique du gène de structure de l' α-agarase.
Ce séquençage a été réalisé par une technique bien connue de l'homme du métier, à savoir la méthode de Sanger (SANGER et al., Proc. Natl. Acad. Sci. 74, 5463-5467, (1977)) également appelée méthode aux didéoxynucléotides.
L'insert pAAl a été séquence sur 4651 pb (figure 3). Il contient un unique cadre ouvert de lecture (ORF) de 4287 pb. Ce gène appelé agaA a la SEQ ID N° 1.
La séquence d'acides nucléiques obtenue est illustrée sur la figure 3. Deux hexamères, appelés ici TTGAtc et TAcAca, compatibles avec les promoteurs consensus "-35" et "-10" de E. coli, les majuscules correspondant au promoteur consensus de E. coli (ROSENBERG & COURT, Ann. Rev. 13, 319-353, (1979)), et séparés par 16 nucléotides, sont trouvés à 25 nucléotides en amont du codon initiateur putatif de la traduction du gène agaA. Six pb avant ce codon initiateur se trouve une séquence de Shine-Dalgarno putative (SHINE & DALGARNO, Proc. Nat.
Acad. Sci. USA 71, 1342-1346, (1974)) qui est le site de fixation des ribosomes
(notée S.D. sur la figure 3). Dans la région 3' non traduite, une boucle d'arrêt de transcription est trouvée en aval du codon stop TAA, suivi de trois résidus thymidine.
Le coefficient de Chargaff (GC%) du gène de l'α-agarase est de 42%, ce qui est en accord avec celui du genre Alteromonas.
Exemple 6 : analyse de la séquence d'acides aminés déduite du gène d'α-agarase
Le produit de traduction du gène agaA est une protéine de 1429 acides aminés présentant une masse moléculaire théorique de 154,67 kDa. La séquence d'acides aminés déduite, SEQ ID N° 2, comprend le peptide NH2-terminal et le peptide interne déterminés à partir du microséquençage de l'α-agarase purifiée (soulignés sur la figure 3). Comme indiqué par l'analyse du profil d'hydropathie (KYTE et DOOLITLE, J. Mol. Biol., 157, 105-132, (1982» la partie N-terminale de la protéine correspond à un domaine très hydrophobe, ce qui suggère que ce domaine est le peptide signal (VON HEUNE, Eur. J. Biochem. 133, 17-21, (1983) ; J. Mol. Biol. 184, 99-105, (1985)). Selon la règle "(-3,-1)" de Von Heijne, le site de coupure le
plus probable du peptide signal par la signal-peptidase est attribué entre Ala26 et Glu27.
La masse moléculaire de la protéine AgaA calculée après élimination du peptide signal, est de 151,91 kDa, ce qui correspond approximativement à la masse moléculaire déterminée initialement par electrophorese sur SDS-PAGE, qui est de 180 kDa (voir figure 1).