PROCEDE D'OBTENTION D'UN PRINCIPE ACTIF PRESENTANT DES CAPACITES APAISANTES, PRINCIPE ACTIF ET COMPOSITIONS
OBTENUES
La présente invention concerne un procédé d'obtention d'un principe actif présentant des capacités apaisantes.
L'invention couvre aussi le principe actif obtenu présentant ces capacités apaisantes et les compositions incluant ce principe actif. On sait que la plupart des individus présentent des problèmes de peau au sens général, c'est-à-dire des démangeaisons, des tiraillements, des picotements et/ou des rougeurs.
Ces sensations d' inconfort sont ressenties sur le visage pour l'essentiel mais peuvent apparaître en d'autres endroits du corps. La peau est en effet soumises à diverses agressions d'origine environnemental, biologique ou chimique.
La définition des sensations d' inconfort et donc de la sensibilité de la peau est difficile car ces sensations ne se traduisent pas nécessairement par des signes visibles comme des érythèmes ou des oedèmes. En réalité, des études récentes montrent que l'hypersensibilité résultent d'un ensemble de facteurs déclenchants variés et complexes. Un point commun de ces études conduit à confirmer que le système nerveux intervient dans cette hypersensibilité sensorielle.
Les facteurs d'irritation stimulent l'expression de molécules signales qui activent le relargage d'histamine, de cytokines.
A l'opposé, au niveau de la peau, ces mêmes facteurs stimulent la libération de neuromédiateurs sensoriels afin d'améliorer le confort et le bien-être cutané.
Afin de lutter contre cette sensibilité de la peau et permettre d'apaiser les sensations d' inconfort, il faut d'une part limiter les manifestations de l'irritation comme les érythèmes et les picotements en freinant la libération des médiateurs cellulaires de l'inflammation et d'autre part de stimuler la production des neuropeptides de plaisir du type bêta-endorphines.
La présente invention concerne un procédé d'obtention d'un principe actif présentant des fonctions apaisantes et il est maintenant décrit en détail, en regard des dessins annexés sur lesquels les figures montrent :.
- figure 1, une vue de courbes comparatives sur les effets apaisants, et
- figure 2, diagramme des résultats test consommateur sur effet apaisant.
La réaction inflammatoire est très visible sur la peau et c'est pour cette raison que la présente invention se focalise sur la peau. Ces réactions d'inflammation proviennent notamment des médiateurs de communication intercellulaire, les cytokines synthétisés par les cellules kératinocytaires. Ces facteurs solubles provoquent des réactions biologiques en cascade afin que la peau soit apte à répondre aux agressions, à initier ou inhiber des réactions inflammatoires. Les kératinocytes activés relarguent en premier lieu les cytokines du type interleukines-la (IL-l ) et TNF-a.
Ces deux cytokines provoquent à leur tour la synthèse de facteurs chimiotactiques tels que les molécules de la famille des interleukines-8 (IL-8).
Ces facteurs chimiotactiques participent au recrutement cellulaire au niveau du site inflammatoire mais aussi provoquent la dégranulation des neutrophiles, stimulent le stress oxydatif pour former des radicaux libres et des médiateurs de l'inflammation.
Les prostαglαndines E2 (P6E2) sont aussi des médiateurs de l'inflammation qui peuvent provoquer une vasodilatation et une augmentation de la perméabilité vasculaire en altérant les fonctions des cellules immunitaires en se couplant spécifiquement aux récepteurs cellulaires. Ces prostaglandines sont issues de la métabolisation de l'acide arachidonique issu des phospholipides membranaires en présence d'enzymes comme les cyclooxygénases I et II.
La production de ces prostaglandines est également fortement augmentées par les interleukines. En plus des cytokines et des prostaglandines, l'histamine est aussi un médiateur pro-inflammatoire.
L'histamine est connue pour ses réactions face à des phénomènes allergiques, notamment en provoquant des vasoconstrictions et vasodilatations et en intervenant dans l'immunorégulation. L'histamine peut être synthétisée par les basophiles, les mastocytes et les kératinocytes humains sous l'action d'une histidine décarboxylase.
Cette molécule d'histamine est de très petit poids moléculaire (HODa) ce qui lui permet de diffuser rapidement dans les tissus et elle contribue à des phénomènes de démangeaison et intensifie la réponse inflammatoire. L'histamine libérée accroît la production de l'acide arachidonique qui est un précurseur des prostaglandines E2.
A l'opposé de ces éléments provoquant les réactions d' inconfort au niveau de la peau, on sait aussi qu'il y a sécrétion de peptides tels que les β-endorphines.
Ainsi les kératinocytes sont capables comme les organes neuroendocriniens de sécréter des hormones telles que les β-endorphines, notamment en réponse à des agressions extérieures à partir de messages du cerveau.
Ces β-endorphines, dérivés de la pro-opiomélanocortine joue le rδle de molécule relais entre le système nerveux et le système immunitaire.
Ces hormones stimulent la synthèse des lymphocytes, module la synthèse des immunoglobulines et contrôle la production de cytokines notamment. Ces β-endorphines ont aussi des effets antalgiques et interviennent dans le contrôle du plaisir et du bien-être. La présente invention propose un procédé d'obtention, à partir de Mentha piperita, d'un principe actif permettant d'obtenir un effet apaisant. Ce sont notamment les flavones telles que l'ériocitrine, de cet actif qui, d'une part limitent les réactions micro-inflammatoires engendrées par les médiateurs pro- inflammatoires (IL-1, IL-8, PGE2 et 1,'histamine) et d'autre part régule la microcirculation cutanée et limite les réactions de la peau face aux agressions chimiques.
1/ PROCEDE D'OBTENTION :
Le procédé d'obtention consiste à réaliser la succession des étapes suivantes : - solubilisation de poudre de Mentha piperita dans de l'eau, à raison d'au moins 50 g/l
- hydrolyse enzymatique par ajout d'une ou plusieurs enzymes simultanément ou successivement, à pH acide,
- séparation des phases soluble et insoluble par décantation, filtration ou centrif ugation, et
- concentration de la phase soluble par ultrafiltration, atomisation ou lyophilisation.
2/ CARACTERISATION DU PRINCIPE ACTIF : 2-1/ Matière sèche ;
La mesure consiste à placer un volume de liquide dans un contenant et à mesurer la quantité de matière sèche résiduelle après dessiccation.
Le contenant est de façon connue une cupule en aluminium contenant 4 g de sable sur lesquels sont versés 4 g de liquide.
Cette cupule est placée à l'étuve à 105°C jusqu'à obtention d'un poids constant.
Le taux obtenu de matières sèches est compris entre 10 et 110 g/1, plus particulièrement entre 45 et 75 g/1.
2-2/ pH :
Le pH est mesuré par la méthode potentiométrique, à température ambiante. Le pH est compris entre 2,0 et 7,0, plus particulièrement entre 4,0 et 5,0.
2-3 Taux de sucres totaux :
La teneur en sucres totaux est déterminée par la méthode de Dubois M et al, analytical chemistry, 28, n°3 pages 350-356, 1956.
Le taux en sucres totaux est compris entre 2 et 30 g/1, plus particulièrement entre 9 et 20 g/l.
2-4/ Taux de polyphénols notamment l'ériocitrine :
On sait que les composés phenoliques forment en présence de ferricyanure de potassium des complexes colorés détectables. L'intensité de la coloration étant proportionnelle à la quantité de composés phenoliques, il suffit de comparer avec une gamme étalon d'acide gallique dans la plage de travail.
Dans le cas présent, la teneur en composés phenoliques varie de 0,2 à 2,7 g/l, plus particulièrement de 0,9 à 1,8 g/l.
2-5 Caracterisation des composés phenoliques :
Cette caracterisation est réalisée par Chromatographie Liquide à Haute
Performance.
La colonne retenue est une C18, notamment celle commercialisée sous la dénomination Alltech Altima C18 150*4,6mm.
Le solvant est une solution d'acide formique et d'acétonitrile. Le gradient entre ces deux solvants permet de séparer les composés phenoliques.
La détection est effectuée à 280 nm et les résultats donnent :
- 38 % de composés hydroxycinnamiques
- 23 % de f lavones (notamment lutéoline-7-glucoside),
- 31 % de f lavanones (notamment ériocitrine), et
- 7 % de coumarine
3/ ACTIONS IN VITRO U PRINCIPE ACTIF OBTENU :
3-1/ Effet sur le taux de libération des IL-l :
Pour déterminer l'action du principe actif sur la libération de ces interleukines, une inflammation est réalisée en exposant des kératinocytes humains à des irradiations ultraviolettes UVA et UVB.
On mesure le taux d'IL-l libérées.
Les irradiations sont émises à des intensités de 10 J/cm2 en UVA et
0,15 J/cm2 en UVB.
On ajoute 0,5% ; l,07o ; 3,0% de principe actif selon la présente invention dans les milieux cellulaires.
On mesure le taux d'IL-la au moyen d'un kit de dosage ELIS A du commerce.
24h d'incubation après ces irradiations, les surnageants cellulaires sont récupérés et dosés. Les résultats sont les suivants :
Ainsi, on constate que le principe actif permet de réduire fortement la libération d'IL-la, limitant ainsi les phénomènes d'inflammation. Cet effet est dose- dépendant.
3-2/ Effet sur le taux de libération des prostaglandines PGE2 : Dans les mêmes conditions que précédemment, avec les mêmes agressions aux UVA et UVB, on détermine cette fois-ci le taux des P6E2. Le kit de dosage ELISA utilisé est spécifique aux PGE2. On obtient les résultats suivants :
On constate là aussi une diminution de la libération des prostaglandines, limitant ainsi le phénomène d'inflammation, ceci de façon dose-dépendante.
3-3/ Effet sur le taux de libération d' L-8:
Dans ce test, des cultures de kératinocytes humains sont soumises à deux types d'agression :
- soit par un rayonnement ultraviolet, les conditions d'émission des UV restant les mêmes UVA à 10 J/cm2 et UVB à 0,15 J/cm2 ,
- soit par une agression chimique avec du PMA (Phorbol 12-Myristate ; 13- Acétate) à 1 μg/ml.
Le principe actif dosé à 0,57o ; 1,0% et 3,0 % est ajouté aux cultures cellulaires. Le surnageant de ces échantillons est récupéré et soumis à un test ELISA spécifique au dosage des IL-8. Les résultats sont exposés dans le tableau ci-dessous :
La libération d'IL-8 est ainsi modérée par la présence du principe actif selon la présente invention, qu'il s'agisse d'une agression sous l'action d'un rayonnement UV ou d'une substance chimique.
3-4/ Effet sur le taux de libération d'histamine : On cherche par le présent protocole à déterminer l'effet limitant de la libération d'histamine induite par la présence d'un neuromédiateur, la substance
P à 3 10'5 M.
On utilise pour ce test des mastocytes issus de péritoine de rat ensemencés en présence de 1%, 3% et 5% de principe actif. On réalise un dosage d'histamine à l'aide d'un kit spécifique du commerce sur le surnageant récupéré.
Les résultats sont exprimés ci-après.
On constate l'effet de limitation de libération d'histamine car de 1305 nM d'histamine relarguées en présence de substance P, on descend à 518 nM en présence de 5% selon la présente invention, sachant que dès 1% de principe actif, on descend à 1210 nM.
En pourcentage, on obtient une diminution de 7% à 60% de libération d'histamine induite par un neuromédiateur, en l'occurrence la substance P. Ces résultats sont examinés par rapport au témoin positif, la substance P, qui représente le maximum de relargage d'histamine, soit 100%. On remarque aussi que le taux de libération naturelle d'histamine ne varie pas en présence du principe actif selon la présente invention.
3-5/ Effet sur la production de 3-endorphines : ces neurohormones sont libérées dans l'organisme à la suite d'une agression au niveau de la peau.
L'étude qui suit, vise à montrer la capacité du principe actif à stimuler la production de β-endorphines. Des kératinocytes sont ensemencés dans un milieu adapté en plaque dans des puits.
Ces kératinocytes sont traités avec le principe actif à 1% en volume ou avec IL-
Iβ à 500 pg/ml qui sera le témoin positif.
On dose les β-endorphines dans le surnageant à l'aide d'un kit EIA spécifique du commerce. Les résultats sont regroupés dans le tableau suivant :
Cette production de β-endorphines est favorisé par le principe actif , ce qui permet lors d'une irritation de procurer un effet apaisant et des sensations de bien-être.
4/ ACTIONS IN VIVO DU PRINCIPE ACTIF OBTENU :
4-1/ Etude du taux cutané d'IL-la
Afin d'évaluer l'activité apaisante du principe actif selon la présente invention, l'étude suivante porte sur des volontaires, une dizaine, pour mesurer le taux d'IL-la in vivo sur des peaux sensibles.
Les tests sont réalisés par application sur les deux avant-bras de deux gels émulsionnés l'un constituant le placebo et l'autre contenant le principe actif.
On traite les volontaires pendant 5 jours à raison de deux applications par jour sur des zones déterminées. On réalise des prélèvements sur ces zones prédéterminées avant et après traitement et le dosage des IL- la cutanées est déterminé à l'aide d'un kit
ELIS A adapté, identique à celui ayant servi au 3-1/.
On constate à la lecture du tableau ci-après qu'il se produit une diminution du taux d'IL-la.
4-2/ Etude de la microcirculation cutanée L'étude porte sur des volontaires sur les avant-bras desquels on applique un produit irritant tel que l'ester méthylique d'acide nicotinique. On peut mesurer la vasodilatation induite par l'inflammation par un appareil du commerce pour déterminer le paramètre "moyenne de perfusion", par exemple un laser à effet Doppler notamment celui commercialisé sous la dénomination Laser Doppler Imager.
On applique sur les zones inflammées ensuite soit le placebo sous forme d'un gel de polymère du type Carbopol, soit le principe actif selon l'invention introduit dans ce même gel à raison de 3 et 4%. et on note l'effet apaisant qui doit se traduire par une diminution de la microcirculation cutanée. Les résultats sont indiqués dans le tableau qui suit :
Le principe actif diminue la moyenne de perfusion, notamment dans sa concentration à 5%, ce qui correspond donc à une diminution de l'inflammation et procure un effet apaisant immédiat.
4-3/ Etude de l'effet apaisant face aux picotements
Le "stinging test" ou test aux picotements permet de caractériser l'effet apaisant d'un produit, notamment sur des peaux sensibles. Après application d'acide lactique sur le sillon naso-génien, les volontaires quantifient sur une échelle de quatre points la sensation de picotements qui intervient très rapidement et qui dure plusieurs minutes.
0 : pas de picotement
1 : sensation légère 2 : sensation modérée
3 : sensation sévère
Dans un premier temps, le test est réalisé d'abord sans aucun prétraitement pour déterminer la sensibilité des volontaires.
Pendant 5 jours, les volontaires sélectionnés appliquent une composition incluant 5 % de principe actif selon la présente invention sur un sillon naso-génien et le placebo sur l'autre sillon.
Le sixième jour, on réalise de nouveau deux tests à plusieurs heures d'intervalle en appliquant l'acide lactique sur l'un et l'autre des sillons.
On note les sensations. La somme des évaluations données à chaque phase donne un score global par volontaire. La moyenne des scores globaux montre que le principe actif présente une action apaisante sur les sensations de picotement.
On constate un effet apaisant de 52 % si l'on effectue le rapport des scores globaux pour les volontaires lorsqu'il n'y a pas de prétraitement et lorsque la peau est préalablement traitée avec le principe actif selon la présente invention.
Les courbes représentées sur la figure 1 sont statistiquement significatives pour montrer les effets au cours du temps.
4-4/ Etude consommateur de l'effet apaisant
Ce test est réalisé à partir d'un gel après rasage et l'analyse porte sur les sensations ressenties avec une application biquotidienne pendant un mois d'une formulation avec 4% de principe actif selon la présente invention, contre placebo.
Le test porte sur un grand nombre de volontaires et les résultats sont collectés sous forme de questionnaires à questions fermées.
- Sensation agréable de fraîcheur - Feu du rasoir apaisé
- Peau plus tonique
- Peau plus hydratée
- Peau plus douce -Agit plus rapidement
L'échelle est la suivante :
1 : pas du tout d'accord
2 : pas d'accord
3 : ni d'accord, ni pas d'accord 4 : d'accord
5 : tout à fait d'accord
Les résultats sont regroupés dans le diagramme de la figure 2.
L'invention couvre aussi les compositions cosmétiques ayant un effet apaisant associé à une composition galénique adaptée sous forme d'un gel, d'une émulsion, d'une crème, d'un onguent ou d'une lotion.
Dans ce cas, le principe actif est introduit à raison de 0,5 à 6 %.