"Procédé d 'obtention d ' énantiomères d ' acides < -aminés et sels diastéreoisomériques intermédiaires" .
La présente invention se rapporte, d'une manière générale, à un procédé pour l'obtention de dérivés d'acides aminés.
Plus particulièrement, l'invention concerne un procédé pour l'obtention d'énantiomères D ou L d'esters d'acides α-aminés de formule générale :
I dans laquelle R représente un atome d'hydrogène ou d'halogène ou un groupement hydroxyle, alkyle en C1-C4 ou aikoxy en C1.C4 et R-| représente un groupement alkyle en C1-C5, alkényle en C2-C4 ou benzyie, ainsi que des sels d'addition d'acide de ces énantiomères.
De manière générale, on entend par alkyle un groupe alkyle linéaire ou ramifié. Dans le présent contexte, les termes ci-dessous comportent en particulier les significations indiquées :
"alkyle en C1-C4" désigne un radical alkyle linéaire ou ramifié tel que méthyle, éthyle, n-propyle, isopropyle ou π-butyle
"aikoxy en C1-C4" désigne alkyloxy en C1-C4, où alkyle est tel que défini ci-dessus, par exemple un radical méthoxy ou éthoxy
"alkyle en C^-CQ" désigne un radical alkyle linéaire ou ramifié tel qu'un radical méthyle, éthyle, n-propyle, isopropyle, n-butyle, n-pentyle ou n-hexyle "alcényle en C2-C4" désigne un radical alcényle linéaire ou ramifié, et notamment un radical allyle "halogène" désigne de préférence un atome de chlore ou de brome
Cependant, le radical méthyle représente une valeur préférée pour R-j . D'autres composés préférés de formule I sont ceux dans lesquels R représente l'hydrogène, un radical hydroxyle, en particulier un radical hydroxyle situé en position para ou un atome de chlore, en particulier un atome de chlore situé en position ortho.
Des acides α-aminés optiquement actifs et leurs esters sont fréquemment utilises dans la synthèse de composés physiologiquement actifs dont l'isomeπe optique participe de manière significative à cette activité physiologique.
En particulier, d'importants antiobiotiques de la séπe des pénicillines et des céphalospoπnes présentent une chaîne latérale acylamino provenant d'acides de ce type.
En conséquence, des acides D-2-amιno-2-arylacétιques peuvent être utilisés dans la synthèse de l'acide 6β-(D-2-amιno-2-phénylacétamιdo) péniαllanique ou ampiciiline, l'acide 6β-[D-2-amιno-2-(p-hydroxyphényi)acétamido] péni llanique ou amoxyαlline, l'acide 7β-(D-2-amιno-2-phénylacétamιdo)-3-méthylceph-3-em-4- carboxyhque ou céphalexine, l'acide 3-acétoxyméthyl-7-β-(D-2-amιno-2- phényiacétamιdo)ceph-3-em-4-carboxyiιque ou céphaloglycine ou encore l'acide 7β- [D-2-amιno-2-(1 ,4-cyclohexadιen-1-yl)acetamιdo]-3-méthyl-ceph-3-em-4-carboxylιque ou céphradme. De même, des composes pharmacologiquement actifs issus d'autres familles chimiques peuvent être considérés comme des dérivés d'acides α-arhinés optiquement actifs ou peuvent être préparés à partir de tels isomères. A titre d'exemple, on peut citer le D- -(4,5,6,7-tétrahydro-thιéno[3,2-c]-5-pyπdyl)-(2-chloro- phényl)-acétate de méthyle ou clopidogrei, un agent antiagrégant piaquettaire et antithrombotique.
En outre, des acides aminés naturels sont également utilisés dans des milieux nutπtionnels pour administration intraveineuse lorsqu'une nutπtion orale normale n'est pas possible. De façon à réduire au maximum ie contenu en composes solides de telles solutions, il est essentiel que les acides α-aminés se présentent sous forme optiquement active, habituellement la forme L, qui peut être utilisée par l'organisme dans la synthèse de protéines.
Pour une production à l'échelle industπelle, il est intéressant de synthétiser ces acides aminés et leurs esters par des méthodes non stereospécifiques et de résoudre le produit racémique ainsi obtenu. Par exemple, des esters de D,L-phénylglycιne de formule I peuvent être obtenus facilement et avec de bons rendements à partir d'esters 2-phénylacétιques, certains d'entre eux étant disponibles en grande quantité comme sous-produits de la production de pénicillines et céphalospoπnes synthétiques.
Il apparaît par conséquent souhaitable commercialement de pouvoir résoudre, de manière efficace et peu coûteuse, ces esters de D,L-phénylglycιne de pπx de revient assez modique ainsi que d'autres esters apparentés de formule I.
La séparation des énantiomères constitutifs de ces mélanges racémiques de manière directe ou par l'intermédiaire de manipulations chimiques est tout à fait réalisable.
La seconde approche est cependant la plus couramment utilisée. Par conséquent, on peut estimer que la résolution de mélanges racémiques impliquant la cristallisation de diastéréoisomères de même que la résolution cinétique de racémates basée sur la réactivité différente des deux énantiomères en présence d'un composé optiquement actif ou d'un catalyseur, par exemple une enzyme, constituent les méthodes les plus généralement retenues à l'échelle industrielle ou du laboratoire. Une particularité essentielle de la résolution de racémates repose cependant sur le rendement théorique maximum qui, par définition, ne peut excéder 50 % pour chacun des deux énantiomères purs. Comme les besoins, dans le cas d'acides α-aminés convergent essentiellement vers l'un des énantiomères, cette particularité représente une limite sérieuse au procédé. Toutefois, si l'énantiomère non désiré est aisément racémisable puis réutilisable dans le processus de résolution cette limitation devient inopérante.
Au suφlus, si la séparation d'un énantiomère est accompagnée d'une racémisation spontanée in situ, la résolution d'un racémate devient un procédé particulièrement séduisant puisqu'il produit, dans des conditions appropriées, une transformation totale du racémate initial en un seul énantiomère.
On a décrit dans le brevet US N° 3 976 680 un procédé impliquant une première étape de résolution avec racémisation puis une seconde étape de séparation de l'énantiomère formé mettant en oeuvre le D,L-phénylglycinate de méthyle ou d'éthyle, l'acétone et l'acide (+)-tartrique dans l'éthanol ou encore le D,L-p- hydroxyphenyiglycinate d'éthyle, l'acétone et l'acide (+)-tartrique dans le méthanol, pour récolter respectivement le (+)-hémitartrate de D-phényIglycinate de méthyle ou le (+)-hémitartrate de D-phényIglycinate d'éthyle ou le (+)-hémitartrate de D-p- hydroxyphénylglycinate d'éthyle puis l'hydrolyse de ces sels en milieu acide pour libérer respectivement les D-phényiglycinate de méthyle, D-phényIglycinate d'éthyle et D-(p-hydroxyphényl)-glycinate d'éthyle.
Ce procédé nécessite toutefois un temps de contact extrêmement important, de l'ordre de 44 heures, 165 heures et 40 heures respectivement.
De même, on a récemment observé et rapporté dans Int. J. Peptide Res.4, pp 323- 325 (1993) que des esters d'acides α-aminés dissous dans des cétones telles que l'acétone subissent une racémisation rapide moyennant la présence d'acide acétique.
La cinétique de racémisation, indétectable en l'absence d'acide acétique, dépend
fortement de sa concentration et atteint un maximum aux environs de 15 % en volume.
Dans ces conditions, des esters de phénylglycine et de p-hydroxyphénylglycine se comportent comme les acides aminés les plus sensibles à cette transformation et leur racémisation s'opère en quelques minutes à température ambiante.
Toutefois, aucun procédé de séparation et de récupération d'énantiomère n'est ni décrit ni même suggéré dans cette publication.
La recherche d'un procédé utilisable à l'échelle industrielle permettant la formation préférentielle d'un énantiomère d'esters d'acide α-aminé de formule I et sa récupération sous forme pure à partir du mélange réactionnel reste par conséquent, d'un intérêt incontestable.
On a maintenant trouvé de manière surprenante qu'il est possible d'obtenir un énantiomère désiré d'esters d'acide α-aminé de formule I au départ d'un système dans lequel l'énantiomère non désiré subit une racémisation totale in situ selon une cinétique hautement favorable alors que l'énantiomère désiré est continuellement séparé du milieu réactionnel par un agent de résolution.
Ainsi, selon l'invention, on obtient l'énantiomère D ou L d'un ester d'acide α-aminé de formule I au départ de l'énantiomère de configuration opposée dudit ester éventuellement en mélange avec l'énantiomère désiré dudit ester, par exemple sous forme racemique, l'ester de formule I de départ étant sous forme de base ou de sel d'addition d'acide faible, par exemple sous forme d'acétate : a) en traitant l'énantiomère ou le mélange d'énantiomères de départ en question, éventuellement en présence d'un cosolvant polaire ou apolaire, ou un mélange de tels cosolvants, avec un composé cétonique de formule générale :
O
II
R2 — C — R3
II dans laquelle R2 et R3, identiques ou différents, repésentent un radical alkyle en C1-C4 ou forment, avec l'atome de carbone auquel ils sont attachés, un cycle en C3-Cβ et avec un énantiomère approprié de type acide carboxylique en tant qu'agent de résolution, le traitement ayant lieu en présence d'un acide carboxylique de formule générale :
O
II R4-C-OH
dans laquelle R4 représente l'hydrogène ou un radical alkyle en C1-C3, de manière à induire une racémisation totale de l'énantiomère ou du mélange d'énantiomères de l'ester de formule I de départ et la précipitation concomitante d'un sel diastéréoisomérique de formule générale :
AITC X" IV dans laquelle Am * représente un cation énantiomérique D ou L d'acide α-aminé de formule générale :
dans laquelle R et Ri ont la même signification que précédemment et X' représente l'anion énantiomérique dudit agent de résolution, Am" et X' étant de préférence de chiralité opposée,
b) en hydrolysant en présence d'un acide fort, le sel diastéréoisomérique de formule
IV pour obtenir l'énantiomère désiré de l'ester de formule I sous forme de sel d'addition d'acide que l'on peut faire réagir, si nécessaire, avec un agent basique, pour obtenir l'énantiomère désiré de l'ester de formule I sous forme de base libre. Préférentiellement, l'ester de formule I de départ est sous forme de mélange de ses énantiomères, en général sous forme de mélange racemique.
Par ailleurs, l'énantiomère approprié de type acide carboxylique utilisé en tant qu'agent de résolution est choisi de préférence parmi des énantiomères d'acides α-aminés N-protégés, en particulier des acides de formule générale :
V dans laquelle R a la même signification que précédemment, R5 représente l'hydrogène, un radical alkyle en d-C3 ou un radical phényle substitué par un ou plusieurs groupements nitro, en particulier le groupement 3,5-dinitrophényle, et n représente 0 ou 1.
L'étape initale du procédé de l'invention, c'est-à-dire l'étape de racémisation / précipitation, a lieu généralement à température ambiante, la racémisation s'opérant par l'intermédiaire d'une imine formée entre l'ester d'acide α-aminé de formule I et la cétone de formule II.
Cette cétone de formule II peut être, par exemple, l'acétone, la butanone, la 2- pentanone, la 4-méthyl-2-pentanone, la cyclopentanone ou la cyclohexanone. L'acétone constitue toutefois une cétone préférée de formule II.
La formation d'imine est suivie de l'arrachement du proton du carbone chiral de cette imine induit par fanion provenant de l'acide carboxylique de formule III, par exemple i'anion formiate ou propionate ou de préférence fanion acétate.
Par conséquent, l'acide acétique représente l'acide carboxylique préféré de formule III.
La cinétique de racémisation, propre à chaque ester d'acide α-aminé de formule I, dépend essentiellement de la concentration relative en cétone de formule II et en acide carboxylique de formule III.
Habituellement, on utilise cet acide carboxylique de formule III à raison de 5 à 50 % en volume par volume de milieu solvant constitué de la cétone de formule II éventuellement en mélange avec un solvant polaire ou apolaire, par exemple à raison de 10 à 25 % en volume.
Le cosoivant polaire ou apolaire en question peut être un alcool par exemple un alcool en C1-C4 tel que fisopropanol, un éther en C2-C0 par exemple le méthyl éthyl éther, le tertiobutyl méthyl éther ou le tétrahydrofurane ou encore un hydrocarbure aliphatique en C5-C9 par exemple l'hexane.
On a rapporté ci-après les résultats d'un test pratiqué avec le L-phénylglycinate de méthyle (ou L-PhgOMe) et le L-(p-hydroxyphényl)-glycinate de méthyle (ou
L-HOPhgOMe) en vue d'en déterminer la cinétique de racémisation en présence d'une quantité optimale d'acide carboxylique de formule III.
A cet effet, on dissout 0,5 à 1 mole de L-PhgOMe ou L-HOPhgOMe, sous forme de base libre, dans 10 ml d'un milieu solvant formé d'acétone, en mélange ou non avec d'autres solvants, contenant 10 % en volume d'acide acétique par volume de milieu solvant.
On enclenche alors un chronomètre et on transfère rapidement la solution dans un tube polarimétrique bouché de 0,7 mm (7 ml de capacité) entouré d'un bain d'eau thermostaté.
Dans la minute qui suit l'opération, on effectue une première lecture de l'activité optique et on détermine le temps initial de la réaction (t = 0) par extrapolation graphique. Lorsque l'activité optique a disparu, on détermine, par chromatographie liquide haute pression la concentration en D, L-PhgOMe et / ou D, L-HOPhgOMe sur une partie aliquote du mélange réactionnel. De manière à s'assurer que la racémisation ne s'est pas accompagnée de réactions parasites, on effectue l'élution avec un mélange 15/85, par volume, d'acétonitriie / solution tampon (pH = 2,6, à savoir 800 mg d'acide phosphorique et 280 mg de triéthyiamine par litre).
Le tableau ci-dessous rapporte les résultats obtenus exprimés en demi-période (t) de racémisation ou période nécessaire pour une racémisation de 50 %.
TABLEAU I
Ces résultats montrent que l'étape de racémisation s'effectue en quelques minutes à température ambiante et que sa cinétique est faiblement affectée par l'addition d'un cosolvant, dans ce cas l'hexane, fisopropanol ou le tertiobutyl méthyl éther.
Si le rôle du mélange cétone de formule II / acide carboxylique de formule III, par exemple un mélange acétone / acide acétique est de provoquer la racémisation de l'énantiomère de l'ester de formule I ou d'un mélange d'énantiomères d'ester de formule I, le cosolvant sert essentiellement à favoriser la cristallisation des sels diastéréoisomériquθs lorsque l'acide carboxylique chiral utilisé en tant qu'agent de résolution, par exemple l'acide chiral de formule V est ajouté au milieu réactionnel, de préférence à la température ambiante.
En fait, la très faible solubilité des sels diastéréoisomériques de formule IV provoque, dans le cas d'un racémate de formule I, la précipitation immédiate de 50 % de l'énantiomère attendu, correspondant à la concentration de cet énantiomère au sein du mélange racemique en question. Les 50 % restants précipitent ensuite progressivement à mesure que la réaction de racémisation se déroule.
En d'autres termes, la précipitation rapide du sel diastéréoisomérique attendu, dans le milieu réactionnel polaire, provoque le déplacement de l'équilibre de racémisation vers la transformation complète du mélange racemique initial (environ
100 %).
L'ajout au milieu réactionnel d'un cosolvant de type apolaire, par exemple un hydrocarbure aliphatique en C5-C8 tel que l'hexane, favorisera par conséquent la précipitation du sel diastéréoisomérique en question par diminution de la polarité du milieu.
Pour cette raison, l'étape de racémisation et précipitation sera de préférence menée en présence d'un cosolvant qui sera plus particulièrement de type apolaire.
L'acide carboxylique chiral jouant le rôle d'agent de résolution destiné à provoquer cette formation et précipitation des sels diastéréoisomériques de formule IV est utilisé, généralement en quantités stoechiométriques par rapport à l'ester de formule I qu'il soit sous forme d'énantiomère seul ou de mélange d'énantiomères opposés. Cet acide chiral est de préférence un composé de formule V dans laquelle R5 représente le radical méthyle ou 3,5-dinitrophényle et n représente 0 ou 1.
En conséquence, les dérivés d'acide aminé N-protégés suivants constituent des produits préférés de formule V :
D-(N-acétyl)-phénylglycine ou D-AcPhg L-(N-acétyl)-phénylglycine ou L-AcPhg D-(N-acétyl)-phénylalanine ou D-AcPhe L-(N-acétyl)-phénylalanine ou L-AcPhe D-[N-(3,5-dinitrobenzoyl)]-phénylglycine
L-[N-(3 , 5-dinitrobenzoyl)]-phénylglycine
D-[N-(3,5-dinitrobenzoyl)]-phénylalanine L-[N-(3,5-dinitrobenzoyl)]-phénylalanine
Les D-(N-acétyi)-phénylglycine, L-(N-acétyl)-phénylgiycine, D-[N-(3,5- dinitrobenzoyl)]-phénylglycine et L-[N-(2,4-dinitrobenzoyl)]-phénylglycine représentent des composés de formule V particulièrement préférés.
A titre d'exemple, on a rapporté ci-dessous, les temps de cristallisation de sels diastéréoisomériques formés par ajout de L-AcPhg, D-AcPhg, L-AcPhe ou D-AcPhe à un milieu contenant le D,L-PhgOMe ou le D.L-OHPhgOMe subissant une racémisation totale selon l'invention.
TABLEAU
* L-AcPhg,D-PhgOMe : L-(N-acétyl)-phénylglycinate de D-phényIglycinate de méthyle D-AcPhg,L-PhgOMθ : D-(N-acétyl)-phénylglycinate de L-phénylglycinate de méthyle L-AcPhe, D-PhgOMe : L-(N-acétyl)-phénylalaninate de D-phényIglycinate de méthyle D-AcPhe,L-PhgOMe D-(N-acétyl)-phénylaianinate de L-phénylgiycinate de méthyle L-AcPhg.D-HOPhgOMe : L-(N-acétyl)-phénylglycinate de D-(p-hydroxyphényi) glycinate de méthyle D-AcPhg,L-HOPhgOMθ : D-(N-acétyl)-phénylglycinate de L-(p-hydroxyphényl) glycinate de méthyle
A la suite de ces résultats, on a pu mettre en évidence qu'au départ soit de D,L- PhgOMe, soit de D,L-HOPhgOMe, L-AcPhg forme les sels diastéréoisomériques les moins solubles avec respectivement D-PhgOMe et D-HOPhg OMe. Toutefois, l'inverse se produit avec D-AcPhg : les sels diastéréoisomériques les moins solubles sont obtenus avec respectivement L-PhgOMe et L-HOPhgOMe. Les deux énantiomères D-AcPhe et L-AcPhe, utilisés comme acides chiraux de formule V, fournissent des résultats analogues avec les énantiomères de D,L-PhgOMe.
Les résultats ci-dessus indiquent également que les sels diastéréoisomériques des énantiomères de D.L-PhgOMe se forment plus rapidement que ceux des énantiomères de D.L-HOPhgOMe. Cependant, l'analyse chirale du liquide surnageant durant la cristallisation montre la présence de 50 % de chaque énantiomère de l'ester d'acide aminé de formule I à chaque instant ce qui suggère que la cinétique de cristallisation représente la cinétique de l'étape limitante de l'ensemble du procédé.
Quant à l'étape ultime du procédé de l'invention c'est-à-dire la décomposition du sel diastéréoisomérique, celle-ci peut être entreprise, à température ambiante, en hydrolysant les sels en question en milieu acide fort tel que l'acide chlorhydrique et ce, en milieu organique par exemple dans un solvant tel que le méthanol ou l'acétate d'éthyle, de manière à former un sel de l'énantiomère désiré de l'ester de formule I. Si nécessaire, l'énantiomère de l'ester de formule I, sous forme de base libre, peut être régénéré par traitement du sel en question au moyen d'un agent basique approprié tel que par exemple l'ammoniac.
Le procédé de l'invention décrit ci-dessus présente des avantages incontestables par rapport à l'état de la technique dont l'un des principaux est représenté par l'importante cinétique de racémisation exaltée par la concentration optimale en acide carboxylique de formule III dans le milieu réactionnel.
Un autre avantage du procédé de l'invention repose sur la facilité des sels diastéréoisomériques insolubles de formule IV à se former et à se décomposer par hydrolyse selon des procédés classiques fournissant une récupération importante aussi bien de l'énantiomère souhaité de l'ester de formule I que de l'agent de résolution notamment l'acide chiral de formule V comme en témoigne le Tableau ci- dessous :
TABLEAU
En outre, l'agent de résolution de formule V peut être aisément réutilisé. Par exemple, L-AcPhg, D-AcPhg, L-AcPhe ou D-AcPhe sont chimiquement et stéréochimiquement stables dans les conditions utilisées pour la décomposition des sels diastéréoisomériques de formule IV par hydrolyse. Même après une dizaine d'utilisations répétives dans la résolution optique par exemple de D.L-PhgOMe, L- AcPhg ne montre aucun changement significatif dans ses paramètres physicochimiques tels que point de fusion ou pouvoir rotatoire spécifique.
Les sels diastéréoisomériques en question de formule IV constituent par conséquent des composés intermédiaires particulièrement intéressants lorsqu'on souhaite la récupération d'un énantiomère d'ester de formule I après racémisation totale d'un mélange d'énantiomères D et L du même ester de formule I.
En conséquence, un autre objet de l'invention se rapporte aux sels diastéréoisomériques de formule générale :
ArrT X-
VI dans laquelle Am
* a la même signification que précédemment et X
" représente un anion énantiomérique D ou L de formule générale :
dans laquelle R, R5 et n ont la même signification que précédemment, en tant que produits industriels nouveaux utiles notamment comme intermédiaires par exemple pour l'obtention des énantiomères D ou L des esters d'acides α-aminés de formule I.
En particulier, l'invention concerne les sels diastéréoisomériques de formule VI dans laquelle :
R représente notamment un atome de chlore ou de brome ou un radical méthyle, éthyle, n-propyle, isopropyle, n-butyle, méthoxy ou éthoxy
Ri représente un radical méthyle, éthyle, n-propyle, isopropyle, n-butyle, n-pentyle, n-hexyle ou allyle. On préfère les sels diastéréoisomériques dans lesquels R représente un groupe hydroxyle en position para ou un atome de chlore en position ortho.
Comme sels diastéréoisomériques préférés de formule VI on peut citer notamment les composés suivants : a) L-(N-acétyl)-phénylglycinatβ de D-phényIglycinate de méthyle b) D-(N-acétyl)-phénylglycinate de L-phénylglycinate de méthyle c) L-(N-acétyl)-phénylalaninate de D-phényIglycinate de méthyle d) D-(N-acétyl)-phénylalaninate de L-phénylgiycinate de méthyle e) L-(N-acétyl)-phénylgiycinate de D-(p-hydroxyphényl)glycinate de méthyle f) D-(N-acétyl)-phénylglycinate de L-(p-hydroxyphényl)glycinate de méthyle g) L-[N-(3,5-dinitrobenzoyl)]-phénylglycinate de D-(o-chlorophényl)glycinate de méthyle h) D-[N-(3,5-dinitrobenzoyl)]-phénylglycinate de L-(o-chlorophényl)glycinate de méthyle
Les exemples non limitatifs suivants illustrent l'invention
EXEMPLE 1 Conversion du D.L-phénylqlycinate de méthyle en chlorhydrate de D- phénylqlycinate de méthyle
a) L-(N-Acétvt)-phénylglycinate de D-phénvIqlvcinate de méthyle
On dissout, dans 15 ml de méthanol, 2,01 g (0,01 mole) de chlorhydrate de D,L- phényiglycinate de méthyle et on traite la solution avec 10 ml d'acétate de potassium 1 N dans le méthanol. On observe la précipitation de chlorure de potassium en quelques minutes et on abandonne la solution pendant 15 minutes dans un bain de glace. Après séparation du sel inorganique par filtration, on évapore le solvant à sec sous pression réduite et on obtient un résidu composé essentiellement d'acétate de phénylglyciπate de méthyle. On reprend ce résidu dans 30 ml d'acétone contenant 1,93 g (0,01 mole) de L-(N-acétyl)-phénylglycine, dissoute au préalable, et 7,5 ml d'acide acétique.
Par ensemencement de cette solution avec des cristaux provenant d'une préparation antérieure (abandon d'une solution identique à température ambiante pendant 24 à 48 heures), le L-(N-acétyl)-phénylglycinate de D-phényIglycinate de méthyle commence à précipiter sous forme de cristaux blanc. Après 30 minutes à température ambiante, on ajoute 50 ml de n-hexane en deux fractions durant une période de 60 minutes pour faciliter la cristallisation. On recueille le sel diastéréoisomérique sur verre fritte, on lave avec un mélange 1/1 d'acétone/hexane et on sèche. De cette manière, on obtient 3,43 g de L-(N-acétyl)-phénylgiycinate de D- phénylgiycinate de méthyle.
Rendement : 96 %
Chlorhydrate de D-phéπylqlvcinate de méthyle
On introduit 2 g de L-(N-acétyl)-phénylglycinate de D-phényIglycinate de méthyle dans 20 ml d'une solution 1M en carbonate sodique et on extrait deux fois avec
10 ml d'acétate d'éthyle.
On sèche sur sulfate de sodium anhydre les phases organiques regroupées, on traite avec 10 ml d'acide chlorhydrique 1 N dans le méthanol et on concentre sous vide. On dissout le résidu dans la quantité minimale de méthanol et on provoque la cristallisation par ajout d'éther diéthylique.
De cette manière, on recueille le chlorhydrate de D-phényIglycinate de méthyle selon un rendement pratiquement quantitatif.
On peut par ailleurs récupérer la L-(N-acétyl)-phénylglycinβ après acidification de la phase aqueuse à pH = 2, filtration de la L-(N-acétyl)-phénylglycine (rendement : 84 %) et extraction avec l'acétate d'éthyle ou tout autre solvant non miscible.
EXEMPLE 2 Conversion du D.L-phénylglycinate de méthyle en chlorhydrate de D- phénylqlycinate de méthyle
a) L-(N-Acétyl)-phénylalaninate de D-phénylqlvcinate de méthyle
Ce composé a été préparé selon la méthode décrite à l'Exemple 1a en remplaçant la L-(N-acétyl)-phénylgiycine par 2,07 g (0,01 mole) de L-(N-acétyl)-phénylalanine Rendement : 80 %.
b) Chlorhydrate de D-phénylqlvcinate de méthyle
Ce composé a été préparé selon la méthode décrite à l'Exemple 1b à partir du L-
(N-acétyl)-phénylalaninate de D-phényIglycinate de méthyle.
Rendement : 95 %.
De même, on a récupéré la L-(N-acétyl)-phénylaianine selon la méthode décrite à l'Exemple 1b.
Rendement : 90 %
EXEMPLE 3 Conversion du D.L-phénylqlvcinate de méthyle en chlorhydrate de L- phénylqlvcinate de méthyle
a) D-(N-Acétvi)-phénvtqlycinate de L-phénytqlvcinate de méthyle
On libère 2,01 g (0,01 mole) de chlorhydrate de D,L-phénylglycinate de méthyle de son acide chlorhydrique à l'aide d'acétate de potassium dans le méthanol et on traite l'ester ainsi obtenu avec 1,93 g (0,01 mole) de D-(N-acétyl)-phénylglycine comme décrit à [Exemple 1a pour recueillir le D-(N-acétyl)-phénylglycinate de L- phénylglycinate de méthyle avec un rendement de 96 %.
b) Chlorhydrate de L-phénylqlvcinate de méthyle
Ce composé a été préparé selon la méthode décrite à l'EΞxempie 1b à partir du D-
(N-acétyl)-phénylgiycinate de L-phénylglycinate de méthyle
Rendement : 95 %
De même, on a récupéré la D-(N-acétyl)-phényiglycine selon la méthode décrite à l'Exemple 1b.
Rendement : 84 %
EXEMPLE 4 Conversion du D,L-phénylqlvcinate de méthyle en chlorhydrate de L- phénylglvcinate de méthyle
a) D-(N-Acétyl)-phénylalaninate de L-phénylqlvcinate de méthyle
Ce composé a été préparé selon la méthode décrite à l'Exemple 3a en remplaçant la D-(N-acétyl)-phénylglycine par 2,07 g (0,01 mole) de D-(N-acétyl)-phénylaianine Rendement : 80 %.
b) Chlorhydrate de L-phénylqlvcinate de méthyle
Ce composé a été préparé selon la méthode décrite à l'Exemple 1b à partir du D- (N-acétyl)-phénylalaninate de L-phénylglycinate de méthyle Rendement : 95 % De même, on a récupéré la D-(N-acétyl)-phénylalanine selon la méthode décrite à l'Exemple 1b Rendement : 90 %
EXEMPLE 5 Conversion du D,L-(p-hvdroxyphényl)-glvcinate de méthyle en D-(p- hydroxyphénvDqlvcinate de méthyle
a) L-(N-Acétyl)-phénytqlvcinate de D-(p-hydroxyphényl)qlycinate de méthyle
On dissout, dans 30 ml d'eau, 3 g de chlorhydrate de D,L-(p-hydroxyphényl) glycinate de méthyle et on porte la solution à pH = 7 à l'aide d'ammoniaque concentrée. Le D,L-(p-hydroxyphényl)glycinate de méthyle libre se sépare par précipitation sous forme de cristaux blancs que l'on filtre, lave, avec un peu d'eau froide et que l'on sèche (rendement : 97 %).
On dissout alors 1 ,81 g (0,01 mole) de D,L-(p-hydroxyphényl)glycinate de méthyle ainsi obtenu et 1,93 g (0,01 mole) de L-(N-acétyl)-phénylglycine dans un mélange de 11,2 ml d'acétone, 3,7 ml d'isopropanol et 3,5 ml d'acide acétique. Un léger chauffage peut aider la dissolution du produit solide.
On laisse refroidir la solution à température ambiante et on l'ensemence avec quelques cristaux provenant d'une précipitation antérieure (abandon d'une solution identique à température ambiante pendant 24 à 48 heures). La cristallisation s'effectue en quelques minutes. Après 2 heures, on ajoute, sous agitation, une première fraction de 5 ml d'hexane suivie, deux heures plus tard, d'une seconde
fraction. Après 5 à 6 heures, on recueille, sur verre fritte, les cristaux du sel diastéréoisomérique désiré, on les lave avec une solution à 50% d'hexane dans l'acétone et on les sèche.
De cette manière, on obtient le L-(N-acétyl)-phénylgiycinate de D-(p-hydroxy phényl)glycinate de méthyle.
Rendement : 85 %
b) D-(p-Hvdroxyphényl)-qlvcinate de méthyle
On introduit 0,01 mole de L-(N-acétyl)-phénylglycinate de D-(p-hydroxyphényl) glycinate de méthyle dans 20 ml d'acide chlorhydrique 1 N et 40 ml d'acétate d'éthyle. On sépare la phase aqueuse et on la porte à pH = 7 à l'aide d'ammoniaque concentrée.
On récupère par filtration le D-(p-hydroxyphényl)glycinate de méthyle libre, qui s'est séparé sous forme d'un solide blanc, et on le sèche. Rendement : 96 %
De manière à récupérer la L-(N-acétyl)-phénylglycine, on sèche la phase organique sur sulfate de sodium anhydre et on l'évaporé. Le produit désiré cristallise à partir du résidu.
Rendement : 84 %
EXEMPLE 6 Conversion du D,L-(p-hydroxyphényl)-qlycinate de méthyle en L-(p- hvdroxyphénvQglvcinate de méthyle
a) D-(N-Acétyl)-phénylqlvcinatθ de L-(p-hvdroχyphényl)qlvciπate de méthyle
Ce composé a été préparé selon la méthode décrite à l'Exemple 5a en remplaçant la L-(N-acétyl)phénylglycine par 1,93 g de D-(N-acétyl)-phénylglycine Rendement : 85 %
b) L-(p-Hvdroxyphényl)qlvcinate de méthyle
Ce composé a été préparé selon la méthode décrite à l'Exemple 5b à partir du D- (N-acétyl)-phénylglycinate de L-(p-hydroxyphényl)-glycinate de méthyle Rendement : 95 %
De même, on a récupéré la D-(N-acétyl)-phénylglycine selon la méthode décrite à l'Exemple 5b Rendement : 84 %
EXEMPLE 7 Conversion du DL-(o-chlorophényl)-glvcinate de méthyle en chlorhydrate de D-
(o-chlorophényl)-glvcinate de méthyle
a) L-fN-(3,5-dinitrobenzoyl)1-phénylqlvcinate de D-(o-chlorophényl)-glvcinate de méthyle On réalise une suspension de 7,1 g de chlorhydrate de DL-(o-chlorophényl)- glycinate de méthyle dans 50 ml d'acétate d'éthyle, on y ajoute 50 ml d'ammoniaque 2 à 3 molaires et on extrait. On sépare la phase organique et on la sèche sur sulfate de sodium anhydre. On filtre directement dans un récipient de 500 ml puis on évapore à sec à une température inférieure à 40βC.
Sous agitation magnétique, on ajoute alors 45 ml d'isopropanol et 10 g de L-[N- (3,5-dinitrobenzoyl)]-phénylglycine préalablement solubilisée dans 60 ml d'acétone contenant 5% d'acide acétique. On ensemence alors avec quelques germes du composé désiré, on ajoute 120 ml d'hexane et on maintient l'agitation durant 15 minutes. On abandonne le milieu durant 18 heures à 35°C puis durant 24 heures à
5 à 6°C, ce qui provoque la formation de cristaux que l'on essore, rince avec un mélange acétone/hexane vol./vol. et sèche.
De cette manière, on obtient 9,5 g de L-[N-(3,5-dinitrobenzoyl)]phénylglycinate de D-(o-chlorophényl)-glycinate de méthyle. Pureté optique : 98% (chromatographie phase gazeuse)
b) Chlorhydrate de D-(o-chlorophényl)-qlvcinate de méthyle
On introduit 3 g de L-[N-(3,5-dinitrobenzoyl)]-phénylglycinate de D-(o- chlorophényl)-glycinatθ de méthyle dans 20 ml d'une solution 1 en carbonate sodique et on extrait deux fois avec 10 ml d'acétate d'éthyle.
On sèche sur sulfate de sodium anhydre les phases organiques regroupées, on traite avec 10 ml d'acide chlorhydrique 1N dans le méthanol et on concentre sous vide.
On dissout le résidu dans la quantité minimale de méthanol et on provoque la cristallisation par ajout d'éther diéthylique.
De cette manière, on recueille le chlorhydrate de D-(o-chlorophényl)-glycinate de méthyle avec un rendement pratiquement quantitatif.