La présente invention concerne les chaussures de sport dites "à coque rigide" présentant une tige,
en forme de tube ouvrable sur l'avant, qui est reliée par des articulations latérales à une base de
coque et qui est arrêtée en pivotement vers l'arrière par l'intermédiaire de sa bordure inférieure qui
prend appui sur un rebord de la base de coque, ce rebord s'étendant entre les articulations de la tige au
moins dans la zone du talon de la base de coque.
Les chaussures de sport connues de ce type, telles que les chaussures de ski, présentent
généralement, comme cela est illustré à titre d'exemple sur les figures 1 et 2, une tige 1 en forme de
tube ouvrable sur l'avant qui est articulée, 2, sur les flancs d'une base de coque 3 dont la zone du
talon 4, au moins, est pourvue d'un rebord 5 contre lequel prend appui la bordure inférieure 6 de la tige
1 ainsi arrêtée en pivotement vers l'arrière. Dans ces chaussures, la tige 1 ouvrable sur l'avant
constitue, entre autres, grâce à sa rigidité propre et à son blocage vers l'arrière, le moyen d'appui
postérieur du skieur qui lui permet de contrôler son équilibration antéro-postérieure et la transmission
des efforts en direction du talon du ski. Afin de fournir une qualité d'appui postérieur en adéquation
avec le niveau technique du skieur et la pratique du ski envisagée, ski de compétition ou ski de loisir, la
tige 1 de ces chaussures, et en particulier la zone dorsale 7 de celle-ci, est prévue relativement
indéformable et raide, tel qu'illustré à la figure 1, ou apte à se déformer élastiquement, tel qu'illustré à
la figure 2. On constate en effet, lorsqu'il s'agit de la pratique du ski de compétition où la vitesse est
élevée et le parcours imposé, que le skieur a besoin de percevoir quasi-instantanément les moindres
variations dans ses appuis pour être réactif et que seule une tige rigide, blocable vers l'arrière sur la
base de coque est, d'une part, apte à rendre détectables et à amplifier de faibles variations, et
d'autre part, est susceptible de transmettre des impulsions sans déperdition de force et dans un temps
très court. Comparativement, lorsqu'il s'agit de la pratique du ski de loisir où la vitesse est moindre
qu'en compétition et où il n'y a pas de contrainte de trajectoire puisque le skieur a le libre choix de son
parcours, une tige moins raide, voire apte à se déformer élastiquement, se révèle bien adaptée pour
que le skieur perçoive à temps les variations de ses appuis sur la tige et qu'il réagisse en conséquent.
Ainsi, dans l'exemple de la chaussure illustrée à la figure 1, la tige 1 est réalisée en forme de tube
ouvrable sur l'avant avec une zone dorsale 7 d'un seul tenant pour présenter, par sa forme même, une
grande rigidité verticale vers l'arrière. Cette rigidité verticale est reprise au niveau du talon 4 de la
base de coque 3 au moyen d'un rebord 5 en vis-à-vis duquel s'étend la bordure inférieure 6 de ladite tige
1, sensiblement jusqu'aux articulations 2 de cette dernière. Les différentes parties constitutives rigides
ou de grande résistance de la chaussure sont de la sorte parfaitement ajustées et bloquées en
pivotement vers l'arrière et donc aptes à transmettre les appuis arrières du skieur dans la zone du
talon 4 sans déperdition de force et quasi-instantanément. Ces chaussures se révèlent par
conséquence très précises et relativement bien adaptées pour la pratique du ski de compétition mais
requièrent cependant une très grande vigilance du skieur et un certain niveau technique de ce dernier.
En effet, les variations des appuis vers l'arrière étant quasi-instantanément transmis aux skis, et
inversement, qui réagissent conséquemment à ces sollicitations, le skieur est obligé de rester très
vigilant et donc ne peut pas se relâcher et/ou adopter une allure décontractée. En fait il se trouve ou
reste placé dans un contexte de pratique davantage proche de celui du ski de compétition que de celui
du ski de loisir. Si par ailleurs le skieur n'a pas un niveau technique suffisant ou manque de vélocité,
une grande rigidité de la tige lui est désavantageuse car elle tend à accentuer ses défauts
d'équilibration antéro-postérieur. Par ailleurs, ces chaussures connues ouvrables par l'avant sont
dépourvues de tout moyen de réglage apte à modifier la raideur vers l'arrière de leur tige. De ce fait le
skieur qui veut passer d'une pratique du ski très sportive telle que la compétition à une pratique plus
ludique, plus décontractée, est pratiquement contraint de changer de chaussures et d'en choisir des
moins raides. A titre d'exemple, la chaussure de la figure 2, qui correspond au modèle "LOTUS"
commercialisé en 1979 sous la marque RAICHLE, illustre une chaussure capable de procurer un
certain amortissement des appuis du skieur vers l'arrière. Dans cette chaussure, la tige 1 est dotée
d'une fente transversale 8 qui s'étend de sa zone dorsale 7 jusqu'à ses articulations latérales 2. Ainsi,
lors d'un appui du bas de jambe du skieur vers l'arrière, la zone dorsale 7 de la tige 1, dans sa partie
supérieure à la fente 8, fléchit par déformation élastique en pivotant autour des articulations latérales
2 en accompagnant le bas de jambe. Par conséquent la localisation de surpressions au niveau de la
bordure supérieure de la tige 1 est évitée et une partie de l'effort produit par le skieur est absorbée par
la flexion arrière de la tige ce qui diminue d'autant la fermeté de son appui. Ces chaussures à
ouverture par l'avant avec une tige amortissante sont donc bien adaptées pour une pratique de ski de
loisir mais présentent cependant l'inconvénient d'être spécifiques à cette pratique, c'est-à-dire avec
une tige non réglable ou modifiable en raideur vers l'arrière comme dans le cas précédent des
chaussures à tige ouvrables par l'avant spécifiques à une pratique dirigée sur le ski de compétition.
La présente invention se propose de remédier à ces inconvénients des chaussures à coque rigide
dont la tige est ouvrable par l'avant de manière simple et efficace en permettant au porteur de
modifier la raideur initiale prédéterminée de la tige dans le sens antéro-postérieur pour obtenir un appui
plus ferme, et ce, de manière réversible. En fait, l'invention a pour but de permettre au porteur
d'adapter la raideur de la tige vers l'arrière en adéquation avec son niveau technique et la pratique
sportive envisagée.
A cet effet, la chaussure de sport à coque rigide comporte une tige en forme de tube ouvrable sur
l'avant qui présente une zone dorsale d'un seul tenant. La tige est reliée par des articulations latérales
à une base de coque et est arrêtée en pivotement vers l'arrière par l'intermédiaire de sa bordure
inférieure qui prend appui sur un rebord de la base de coque, ce rebord s'étendant entre les
articulations de la tige dans la zone du talon de la base de la coque. La chaussure se caractérise par
le fait que la bordure inférieure de la tige est obtenue avec une échancrure en forme de "U" renversé
qui s'étend dans le prolongement de la zone dorsale de la tige, en contournant la zone du talon et une
partie des flancs de la base de coque, afin de déterminer des portées latérales réduites prenant appui
sur le rebord de la base de coque qui s'étend de l'un à l'autre des flancs de cette dernière en
contournant la zone du talon. Cette échancrure est destinée à affaiblir la tige dans sa zone dorsale
inférieure et à diminuer la longueur d'appui de sa bordure inférieure sur le rebord de la base de coque du
talon jusque sur les flancs de celle-ci et en direction de ses articulations en ne laissant subsister que
des portées latérales réduites. La tige ainsi réalisée présente, d'une manière prédéterminée, une
certaine faculté à pouvoir se déformer élastiquement vers l'arrière, c'est-à-dire une raideur initiale peu
élevée ce qui est, par exemple, recherché pour la pratique du ski de loisir.
Selon une autre caractéristique, au moins une came amovible est susceptible, dans une première
position, d'être placée à l'intérieur de l'échancrure en forme de "U" renversé pour constituer une butée
entre cette dernière et le rebord de la base de coque empêchant toute déformation élastique vers
l'arrière de la tige ainsi raidie. Dans une deuxième position, la came amovible est susceptible d'être
escamotée pour laisser libre l'intérieur de l'échancrure et ainsi restituer à la tige sa raideur initiale,
c'est-à-dire avec sa faculté de déformation élastique prédéterminée. Grâce à cette caractéristique on
peut, au choix, modifier la raideur initiale de la tige de la chaussure dans le sens antéro-postérieur et
donc adapter la chaussure en fonction de la pratique sportive envisagée, par exemple très technique
et dynamique telle que le ski de compétition, ou plus ludique, décontractée, telle que le ski de loisir.
Selon un mode préféré de réalisation deux cames amovibles sont prévues pour être mises en
oeuvre à l'intérieur de l'échancrure en forme de "U" renversé. Ces cames sont situées de part et
d'autre de celle-ci, au niveau de la zone dorsale de la tige et en correspondance du rebord de la base de
coque, chacune, entre la zone du talon de cette dernière et le flanc correspondant. Par cette
disposition il est possible de ne mettre en position de butée qu'une came et ainsi de moduler la raideur
latérale de la tige de la chaussure en privilégiant le côté intérieur ou extérieur, simultanément avec le
raidissement de sa zone dorsale en appui arrière.
Selon un détail de construction, la ou les cames amovibles sont des cames rotatives montées de
préférence sur des arbres tournants, lesquels sont dotés d'un moyen de manoeuvre, tel qu'une fente de
tournevis ou un bouton.
Selon un détail de réalisation, la ou les cames amovibles sont portées indifféremment soit par la
tige soit par la base de coque et comportent un moyen d'encliquetage et/ou d'arrêt destiné à les
maintenir dans leur première position de butée et/ou dans leur deuxième position escamotée.
L'invention sera du reste mieux comprise en se reportant à la description qui va suivre en
référence aux dessins schématiques annexés illustrant à titre d'exemple, et après les figures 1 et 2
des chaussures de l'art antérieur, un mode de réalisation de celle-ci.
La figure 3 montre, vue en perspective arrière, une chaussure de ski équipée d'une tige réglable en
raideur selon l'invention.
Les figures 4 et 5 illustrent la chaussure de la figure 3 respectivement ,avec sa tige en position de
raideur minimum (figure 4) et avec sa tige en position de raideur maximum (figure 5).
La figure 6 représente la chaussure de la figure 3 vue en coupe selon la ligne VI-VI.
La figure 7 montre un détail de réalisation.
La chaussure représentée aux figures 3, 4 et 5 comporte une tige 1 en forme de tube ouvrable sur
l'avant qui présente une zone dorsale 7 d'un seul tenant. La tige 1 est reliée à une base de coque 3 par
des articulations latérales 2 et est arrêtée en pivotement vers l'arrière par l'intermédiaire de sa
bordure inférieure 6 qui prend appui sur un rebord 5 de la base de coque 3. Ce rebord 5 s'étend de
manière continue de l'un à l'autre des flancs 13, 13', de la base de coque 3 en contournant la zone 4 du
talon, au moins à partir des articulations 2 de la tige 1 dont la bordure intérieure 6 est obtenue avec
une partie antérieure arrondie 6'. La tige 1 peut ainsi fléchir vers l'avant sans être gênée ou arrêtée
dans son mouvement par la bordure 5 de la base de coque 3 qui est tangentielle à la partie arrondie 6'.
Une échancrure 10 en forme de "U" renversé, est obtenue dans la bordure inférieure 6 de la tige 1 dans
le prolongement de la zone dorsale 7 de cette dernière et s'étend latéralement par ses bords 10' au
moins partiellement sur les flancs 13, 13', de la base de coque 3. De ce fait, la tige 1 ne prend plus
appui en arrière sur le rebord 5 de la base de coque 3 que par les portées latérales réduites 16 de sa
bordure inférieure 6 qui subsistent entre les bords 10' de l'échancrure 10 et la perpendiculaire 5' au point
de tangence dudit rebord 5 avec la partie arrondie antérieure 6' de sa bordure 6, tel qu'illustré plus
particulièrement à la figure 7. La tige 1 se trouve ainsi affaiblie dans sa zone dorsale 7 et est
prédisposée à fléchir élastiquement vers l'arrière lorsqu'un effort dirigé dans ce sens lui est appliqué.
En combinaison avec l'échancrure 10 en forme de "U" renversé, deux cames amovibles 8, montées
rotatives sur des arbres tournants 9, sont situées sur la tige 1, approximativement de part et d'autre
de la zone dorsale 7 de celle-ci afin de pouvoir coopérer, chacune, avec le rebord 5 de la base de coque
3 entre la zone du talon 4 et le flanc 13, 13', correspondant de cette dernière. Ces cames sont
prévues pour pouvoir être mises en oeuvre dans l'échancrure 10 dans une première position illustrée
aux figures 3, 5, 6 et 7, où elles viennent en butée contre le rebord 5 de la base de coque 3 et dans une
deuxième position, illustrée à la figure 4 et en figure 7 en traits interrompus, où elles s'escamotent à
distance dudit rebord 5. A cet effet, comme représenté en détail aux figures 6 et 7, les cames
amovibles sont dotées, chacune, d'un bras excentré 18, d'un moyen de manoeuvre tel qu'une fente de
tournevis 19, réalisée sur l'arbre 9, et d'un moyen d'arrêt pour chaque position de mise en oeuvre tel
qu'un bossage 20 destiné à coopérer, par encliquetage élastique, avec un creux 21 correspondant.
Avantageusement la fixation des cames amovibles 8 relativement à la tige 1 est réalisée par la prise
en "sandwich" de leur bras excentré 18 entre les parois 1' et 3' de la tige 1 et de la base de coque 3 et
par l'emboítement de leur arbre tournant 9 qui traverse la paroi de la tige 1 par un trou correspondant
9' et ce, au moment du montage de la tige 1 sur la base de coque 3 à l'aide des axes d'articulation 2.
Par ces dispositions on peut, par exemple en vue de pratiquer du ski de loisir, laisser libre l'intérieur de
l'échancrure 10 en escamotant de celle-ci les bras excentrés 9 des cames amovibles 8 qui se placent
en retrait par rapport au rebord 5 comme cela est représenté à la figure 4. Dans cette position des
cames amovibles 8, la tige 1 est alors apte à fléchir élastiquement vers l'arrière, dans la direction
indiquée par la flèche 15, et à partir des portées latérales 16 de sa bordure inférieure 6 qui sont en
butée sur le rebord 5. Inversement, par exemple en vue de pratiquer le ski de compétition, on peut
basculer les cames amovibles 8 à l'intérieur de l'échancrure 10 de sorte que leurs bras excentrés 18 se
présentent, par leur extrémité, en appui sur le rebord 5 de la base de coque 3, tel qu'illustré sur les
figures 3, 5, 6 et 7. Dans cette autre position, les cames amovibles 8 constituent, chacune, une butée
qui, s'interposant entre la zone dorsale 7 de la tige 1 et le rebord 5 de la base de coque 3, s'oppose à la
déformation élastique de la tige 1 en direction de l'arrière.
Comme cela ressort à l'évidence, dans cet exemple de construction où on dispose de deux cames
amovibles 8 disposées de part et d'autre de la zone dorsale 7 de la tige, il est possible de ne mettre en
position de butée qu'une came 8, l'autre étant maintenue escamotée. Dans ce cas de mise en oeuvre,
la tige 1 n'est susceptible de fléchir que dans une direction latéro-postérieure dirigée du côté de la
chaussure où la came amovible 8 est escamotée. On peut donc augmenter la raideur antéro-postérieure
de la zone dorsale 7 de la tige 1 en privilégiant un côté de la chaussure.
Il est bien entendu que l'invention peut s'appliquer à d'autres chaussures à coque rigide telles que les
patins à glace, patin à roulettes, etc..., et qu'elle peut ne comporter qu'une came amovible, montée, de
préférence dans la partie médiane de la zone dorsale 7 de la tige 1.
Egalement, les cames amovibles 8 peuvent être montées et fixées sur la base de coque 3 et venir
en position de butée, en appui sur le fond de l'échancrure 10 sans pour cela sortir du cadre de
l'invention.