<B>Procédé de tricotage sur machine</B> rectiligne, d'articles <B>avec</B> motifs <B>fantaisie, ou avec</B> diminutions, obtenus tous les deux par report de mailles, et dispositif pour la mise en oeuvre de ce procédé L'invention comprend un procédé de tricotage sur machine rectiligne, d'articles comportant des motifs fantaisie obtenus par report de mailles, ou dont les lisières sont façonnées par diminutions à l'aide égale ment d'un tel report.
L'invention a en outre pour objet un dispositif pour la mise en oeuvre de ce procédé.
Il est très connu de l'homme du métier que la plu part des articles sortant d'une machine à tricoter recti ligne subissent, dès qu'ils ont quitté les crochets d'ai guilles qui les ont formés, un fort rétrécissement laté ral, dû à la tension transversale dans le tricot, laquelle, de son côté, est une suite de la contexture triangulaire des mailles. Le résultat inévitable de cette tension interne est alors une inclinaison des mailles, s'accentuant pro gressivement depuis le milieu de la pièce vers les lisiè res.
En effet, tandis que les mailles dans la zone médi ane du tricot restent essentiellement dans leur position naturelle verticale, celles des zones marginales appa raissent de plus en plus obliques par rapport à la verti cale, pour atteindre finalement, aux deux lisières, un angle d'inclinaison d'environ 45 .
Ce phénomène ne présente pas d'inconvénient majeur, tant qu'il s'agit de tricots ordinaires, c'est-à- dire sans effets de fantaisie ou bien sans diminutions, obtenus tous les deux par report de mailles.
En revanche, ladite forte tension latérale devient néfaste dès qu'on veut reporter une maille d'une aiguille sur une aiguille de la fonture opposée. Car, quel que soit le principe du report et par conséquent la conception de l'aiguille - largement connus par de nombreux brevets antérieurs - il est dans tous les cas nécessaire, pour le fonctionnement correct et sûr de l'opération, que les aiguilles en cause soient parfaite ment alignées.
Or, la traction latérale susmentionnée exercée sur les aiguilles, et tout particulièrement sur celles des lisières, dévie celles-ci, en les fléchissant, de leur direc tion normale droite et les places ainsi dans une posi tion décentrée par rapport à l'aiguille opposée. Aussi, la pénétration du crochet de l'aiguille preneuse, dans la maille de l'aiguille donneuse, n'est-elle plus suffisam ment garantie.
L'importance de ladite déviation peut varier; elle dépend notamment de la force de tirage du rouloir; du genre de mailles tricotées; de la serre de la maille; du fil employé; etc.
Le but visé par l'invention est de supprimer l'effet indésirable du tirage latéral sur les aiguilles de report, afin d'assurer au maximum l'exécution correcte des opérations de report de mailles.
A cet effet, le procédé de tricotage, premier objet de l'invention, est caractérisé en ce qu'on allonge pré alablement, au-delà de la dimension normale des mail les ordinaires, toutes les mailles destinées à être repor tées, de sorte que le supplément de longueur ainsi ob tenu compense et rend pratiquement inefficace le tirage latéral exercé par le tricot sur les aiguilles de report.
De préférence, cet allongement est effectué dans la dernière rangée tricotée avant le report.
Le dispositif pour la mise en oeuvre de ce procédé et formant le second objet de l'invention, comprend une came de chute spéciale présentant deux faces de travail étagées, avec lesquelles les talons des clavettes qui actionnent les aiguilles ou bien ceux des aiguilles elles-mêmes peuvent être mis en contact à volonté, par une sélection de la position en hauteur ou en profon deur relative des organes coopérants.
Dans une forme d'exécution préférée, les talons dont les aiguilles trico tent des mailles ordinaires passent sur la face de travail à l'étage reculé, et ceux associés aux aiguilles de report, sur la face à l'étage avancé.
La came de chute spéciale peut être d'une seule pièce, avec les deux étages fixes et à distance et som met invariables.
La came de chute spéciale peut aussi être en deux pièces, avec plan de partage soit horizontal, soit verti cal, permettant ou le réglage du sommet de l'étage avancé indépendamment de celui de l'étage reculé, ou la substitution de l'étage avancé à l'étage reculé. Le dessin annexé illustre, à titre d'exemple, une mise en oeuvre du procédé et des formes d'exécution du dispositif que comprend l'invention.
Fig. 1 est une vue de face d'une nappe de tricot tendue entre les aiguilles et le dispositif de traction d'une machine à tricoter rectiligne; Fig. 2 montre l'effet de fléchissement des aiguilles de lisières, par suite de la tension latérale dans le tri cot;
Fie. 3 à 6 sont des schémas de mailles comprenant quelques mailles sélectionnées à reporter; Fig.7 illustre une partie d'un porte-cames d'une machine à tricoter rectiligne, et notamment la came de chute étagée d'une seule pièce, avec le parcours de quelques talons de clavettes en chute ordinaire ou spéciale; Fig. 8 représente un groupe aiguille avec clavette articulée dont le talon est mis en prise avec l'étage reculé de la came de chute;
Fig. 9 correspond à la fig. 8, mais où le talon est en prise avec l'étage avancé de la came de chute; Fig. 10 montre en plan une came de chute en deux pièces, avec possibilité de réglage horizontal de l'étage avancé; Fig. 11 est une vue de côté de la came selon fig. 10; Fig. 12 montre en plan une autre forme d'exécu tion de la came de chute en deux pièces, dont l'étage avancé est rapporté et mobile en sens vertical; Fig. 13 illustre la prise du talon d'aiguille en chute ordinaire sur l'étage reculé, la partie mobile de la came étant hors de travail;
Fig. 14 représente la prise du talon d'aiguille en chute spéciale sur l'étage avancé en position de travail; Fia. 15 est une vue en plan d'une came de chute en deux pièces, avec étage avancé réglable horizontale ment ou partiellement rétractable; Fig. 16 est une coupe selon la ligne C-C de la fia. 15; Fia. 17 est une vue de côté de la came selon fig. 15.
La nappe de tricot 1 (ou n'importe quel autre article tricoté) est formée, sur une machine à tricoter rectiligne, à l'aide d'une série d'aiguilles 2 indépendan tes juxtaposées en ligne droite, par l'enchaînement suc cessif de rangées de mailles (Fig. 1). Le produit ainsi obtenu descend en direction de la flèche T et est transporté sous tension par un dispositif de traction 3.
Le rétrécissement latéral, mentionné plus haut, se manifeste dans le sens des doubles flèches, par la dimi nution plus ou moins sensible de la largeur B à la largeur b . Le tricot, vu de face, prend ainsi la forme typiquement évasée vers le haut, les deux lisières n'étant au début pas parallèles, mais fortement incli nées (angle a). Ce n'est que petit à petit, c'est-à-dire au fur et à mesure de la descente du tricot, que la tension transversale s'équilibre et que la nappe présente finale ment deux lisières parallèles, à la distance b .
L'effet de cette tension latérale sur les aiguilles tri cotantes se reconnaît dans fi-. 2. Au centre de l'article, ladite tension est nulle, de sorte que les aiguilles 2a, 2'a dans cette zone ne subissent aucune force de dévi ation unilatérale. En revanche, plus on va vers les deux lisières du tricot, plus ladite tension augmente, et plus les aiguilles sont par conséquent fléchies en direc tion du milieu de la pièce tricotée. Le maximum de déformation et de déviation se produit ainsi naturelle- ment dans les deux zones marginales où les aiguilles 2b, 2'b prennent une position réciproque anormale telle que les opérations de report de mailles sont sérieusement compromises.
Les schémas de mailles, fig.3 à 6, illustrent le procédé de report de certaines mailles sélectionnées. Le schéma de la fig. 3 est celui d'un tricot côte 1/1 dans lequel toutes les mailles formées par les aiguilles 2, 2' sont de même longueur.
Dans la fi-. 4, les aiguilles 2c, 2'c, qui ont été sélectionnées pour le report de mailles, sont marquées d'un X. Leurs mailles respectives ont été, par une chute spéciale, allongées au delà de la longueur des mailles ordinaires.
Fig. 5 montre la situation aprzs le report des meil- les allongées, de la fonture avant (aiguilles 2c) sur la fonture arrière (aiguilles 2'c).
Dans la fig. 6, on reconnaît la structure de la ran gée de mailles qui suit celle du report, et où les aiguil les 2c auparavant vidées de leur maille respective, ont cueilli un nouveau fil, afin de reconstituer la rangée complète.
Une forme d'exécution du dispositif, objet de l'in vention, est représentée dans la fig. 7 qui est un frag ment d'un porte-cames classique d'une machine à tri coter rectiligne, comprenant une came d'ascension 4, une came de sûreté 5, une came de chute 6, une came d'arrêt de chute 7, et une came d'alignement 8. La came de chute 6 est d'une seule pièce et comporte deux étages de chute, soit une reculée 6a et une avan cée 6b dont chacune occupe la moitié de l'épaisseur totale de la came.
La coopération de ces deux étages avec les talons de clavettes 9 articulées sur les aiguilles 2, ressort des fig. 8 et 9 dans lesquelles les clavettes occupent respec tivement deux positions différentes, à savoir: une posi tion basse mettant les talons 9a en prise avec l'étage 6a, pour la formation de mailles ordinaires, et une position haute amenant les talons 9b au niveau de l'étage 6b, pour la production de mailles allongées.
Ces deux positions en hauteur des clavettes sont obtenues par un mécanisme de sélection quelconque connu et, pour cette raison, non représenté. Dans cette forme d'exécution, les sommets des deux étages de la came de chute sont à distance fixe, ce qui a pour résultat que l'allongement des mailles à reporter par rapport aux mailles ordinaires est invariable.
Au cas où un réglage des mailles allongées, indé pendamment de celui des mailles ordinaires, est désira ble, la came de chute peut être exécutée selon fig. 10 et 11. La came est ici en deux pièces, soit inférieure 10 comprenant l'étage reculé 10a, et supérieure 11 pré sentant l'étage avancé 11a. Dans cet exemple l'assem blage de ces deux pièces est fait par une vis 12, traver sant une entrée oblongue 11b de la pièce 11 et pénétrant dans un filetage 10b de la pièce 10.
Pour des machines à tricoter qui ne sont pas munies de clavettes articulées aux aiguilles, ou dont la hauteur de talons n'est pas sélectivement variable par d'autres moyens, il est nécessaire de pouvoir déplacer à volonté l'étage avancé. Autrement dit, au lieu de venir à la rencontre de celui-ci avec les talons sélec tionnés, il faut renverser les rôles, c'est-à-dire amener l'étage avancé au niveau invariable des talons, pour la formation d'une rangée de report.
Une telle variante d'exécution est illustrée par les fig. 12, 13, 14. La came de chute complète se compose ici d'une came 13 à étage reculé 13a, et d'une came 14 mobile verticalement, à étage avancé 14a. Le mouve ment de déplacement vertical est communiqué à la came 14 par une tige 15 avec piton 16 qui s'engage dans une fente d'un entraîneur 17. Les aiguilles qui coopèrent avec cette sorte de came de chute sont dé signées par 20. Elles portent des talons 20a, à hauteur unique et invariable.
Pour le tricotage de mailles ordi naires, la came 14 est levée en position haute, de sorte que les talons 20a viennent en prise avec l'étage reculé 13a (Fig. 13), tandis que pour les mailles allongées, la came 14 est descendue en position basse, mettant ainsi les talons 20a en contact avec l'étage avancé 14a.
Encore une autre forme d'exécution d'une came de chute en deux pièces est représentée dans les fig. 15, 16, 17. Une came principale 18 avec étage reculé 18a constitue ici le guide horizontal d'une came mobile 19 comportant l'étage avancé 19a. Dans l'exemple des siné, le guidage est réalisé en forme de queue-d'aronde, mais il est évident qu'il peut prendre toute autre forme convenable. Le coulissement longitudinal de la came 19 est communiqué à cette dernière par un mécanisme approprié quelconque, et qui peut être attaché au per çage 19b.
Cette composition de la came de chute per met, d'une part, le réglage de l'avancement de l'étage 19a par rapport à 18a, pour obtenir l'allongement le plus favorable des mailles à reporter et, d'autre part, le retrait partiel de l'étage 19a vers l'intérieur de la came 18 (Position en trait mixte). Les aiguilles qui coopèrent avec ce genre de cames sont les mêmes (20) que dans fig. 13 et 14. Suivant la position de la came 19 relati vement à 18, leurs talons 20a viennent en prise soit seulement avec l'étage reculé 18a, pour la formation de mailles ordinaires, soit successivement avec les deux étages 18a et 19a, pour la production de mailles allon- eées.