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" PROCEDE DE TANNAGE DES CUIRS ET PEAUX "
Cette invention a trait au tannage des cuirs et peaux. On a décrit ci-après, à titre d'exemple, son appli- cation au procédé de tannage à deux bains par les composés au chrome et d'autres minéraux analogues, mais cette inven- tion et diverses caractéristiques importantes de ladite in- vention sont susceptibles de recevoir d'autres applications.
Dans le tannage des cuirs et peaux par le procédé à deux bains à l'aide de substances tannantes minérales tel qu'il était pratiqué jusqu'à ce jour, on chargeait les cuirs ou peaux dans un tambour contenant la solution du premier bain ou on les traitait autrement dans une solution analogue
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à l'intérieur d'une cuve ou réservoir jusqu'à ce qu'ils aient été parfaitement pénétrés par la solution. Après le drainage usuel des cuirs ou peaux ainsi traités, on les cbargeait dans un tambour avec un agent réducteur à l'état dissous et on les soumettait à une agitation pendant un temps suffisant pour assurer une pénétration parfaite du cuir par cet agent. On remarquera qu'aucune précaution n'é- tait prise pour protéger les cuirs ou peaux contre le rétré- cissement pendant l'application de l'agent réducteur.
En ou- tre, on ne cherchait pas à tanner ces cuirs ou peaux d'une manière propre à assurer une surface ou métrage défini des cuirs ou peaux ainsi traités.
Les buts de l'invention sont d'accélérer les opé- rations de tannage et d'augmenter les surfaces ou métrages des cuirs et peaux tannés tout en produisant un cuir de meilleure qualité. Un autre but de l'invention est d'utili- ser la matière tannante plus efficacement en évitant la per-' te considérable considérée jusqu'à ce jour comme nécessaire.
A cet effet, et suivant une des caractéristiques importantes du présent procédé, on traite les cuirs ou peaux par un agent tannant qui, par lui-même, n'effectue aucun tannage, puis on les amène à l'état complètement tendu en les étirant sur une surface de support et on les maintient dans cet état pendant l'application d'une ou plusieurs subs- tances qui, conjointement avec l'agent de tannage appliqué en premier lieu, effectuent leur tannage, les cuirs ou peaux étant maintenus tendus après l'application du second agent de tannage jusqu'à ce que les fibres se soient fixées dans cet état tendu.
Parce procédé, on obtient une surface plus grande que par les procédés généralement appliqués jusqu'à ce jour dans le tannage des cuirs et peaux, pour cette rai- son que le cuir ou peau est maintenu à l'état tendu jusqu'à ce qu'il ait été fixé dans cet état par les agents de tannage,
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de sorte qu'il ne se rétrécit pas sensiblement lorsqu'il est soumis ultérieurement à d'autres opérations de tannage ou de finissage. De préférence, l'étirage ou extension du cuir ou peau sur une surface de support est effectuée par une opéra- tion de palissonnage qui non seulement étire ou allonge le cuir ou peau, mais enlève la quantité désirée de sa teneur en eau, y compris la teneur en eau de la solution de tanna- ge appliquée en premier lieu.
Le procédé de tannage, basé sur l'étalement ou l'extension du cuir ou peau sur une sur- face de support et sur l'élimination d'une grande proportion ou, dans certains cas, de la majeure partie de la teneur en eau d'un cuir ou peau avant d'effectuer aucun tannage de ce cuir ou peau, ainsi que sur le maintien du cuir ou peau à l'état étalé ou étiré jusqu'à ce qu'il ait fait prise dans cet état, fait l'objet du brevet français ? 698.589 du 2 Juillet 1930.
Comme la solution de tannage appliquée en premier lieu n'effectue pas le tannage du cuir ou peau, cette solu- tion peut être appliquée dans une cuve ou tambour ou en trai- tant de quelque autre manière les cuirs ou peaux en masse dans un volume considérable de solution. Lorsque les cuirs ou peaux ont été retirés de cette solution, on peut les éti- rer à leur grandeur naturelle entière aussi facilement que s'ils n'avaient pas été soumis à un traitement de ce genre.
Par suite, le traitement en masse des cuirs ou peaux dans une cuve ou tambour n'a pas d'effet nuisible, ni sur la sur- face ni sur la qualité du produit fini. Lorsque le cuir ou peau a été étiré et tendu et qu'une grande partie de sa te- neur en eau a été éliminée, on applique une quantité mesu- rée du second agent de tannage sous forme d'une couche mince sur toute la surface exposée du cuir ou peau étiré et on laisse cet agent agir jusqu'à ce que les fibres du cuir ou peau aient été fixées dans cet état tendu. Ceci a lieu très
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rapidement, principalement en raison de l'élimination anté- rieure d'une grande proportion de l'eau que renferme le cuir ou peau. On peut alors finir le cuir ou peau selon l'un quelconque des procédés bien connus appliqués par les tan- neurs.
Dans la pratique, on fera usuellement tremper les cuirs ou peaux, mais plus particulièrement les peaux de mou- ton, dans une solution de sel de 40 Bkr environ, car on a constaté que cette opération les prépare avantageusement pour les opérations de tannage subséquentes. Les cuirs ou peaux sortant d'une solution de ce genre sont modérément gonflés ou pleins et d'une texture et d'un toucher analogues à ceux de cuirs ou peaux verts.
On place alors les cuirs ou peaux dans un tambour contenant 167 litres environ de liqueur au chrome par quin- tal de cuirs ou peaux. Ce premier agent de tannage comprend une solution aqueuse de 5 % environ de bichromate de potas- sium et de 2,5 % environ d'acide chlorhydrique concentré, proportions basées sur le poids net des cuirs ou peaux à traiter. On continue l'agitation dans le tambour pendant 2 heures environ, selon la concentration de la solution ap- pliquêe. A la fin de cette période, les cuirs ou peaux sont parfaitement imprégnés de la substance à base de chrome.
Toutefois, ils ne sont pas tannés et sont au contraire mous, flexibles et extensibles. Ceci est dû au fait qu'une solu- tion de chrome telle que celle spécifiée plus haut n'a pas d'action tannante. Il faut l'addition d'une ou plusieurs autres substances pour fixer le chrome sur ou dans les fi- bres du cuir ou peau.
Quoiqu'il soit préférable d'appliquer la solution de chrome du premier bain, décrite dans le paragraphe pré- cédent, on a trouvé désirable, dans des opérations de tan- nage effectuées sur certaines sortes de matière, par exem-
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ple les peaux de mouton, de faire usage d'une solution de chrome contenant une faible quantité d'un agent réducteur approprié au chrome. Cette solution tannerait le cuir ou peau si on la laissait agir pendant un temps et en quantité suffisants, mais la quantité est calculée pour n'effectuer qu'un tannage partiel de la substance du cuir ou peau, afin que ce dernier reste mou, flexible et extensible.
L'avantage de la solution qui vient d'être décrite est que, lorsque l'a- gent réducteur est appliqué ultérieurement en quantité telle que celle qui sera indiquée plus loin, il effectue un tannage prompt et complet du cuir ou peau.
Après le traitement dans le tambour, on met les cuirs ou peaux en tas pour en séparer le liquide par drai- nage, puis on les palissonne individuellement, le côté fleur reposant sur une surface porte-ouvrage lisse. Ce palisson- nage est effectué d'une manière complète, soit à l'aide de palissons, soit à l'aide d'une machine établie de façon qu'on obtienne toute la surface naturelle d'un cuir ou peau et l'expulsion d'une grande partie -- approximativement la moi- tié -- de la teneur en eau dudit cuir ou peau.
Après l'étirage du cuir ou peau et l'élimination de la quantité d'eau convenable, on maintient chaque cuir ou peau à l'état tendu sur une surface de support lisse pen- dant l'application d'un second agent de tannage -- dans ce cas un agent réducteur -- qui, conjointement avec la solu- tion de chrome, effectue le tannage du cuir ou peau.
A cet effet, on fait usage d'une solution de thiosulfate ou hypo- sulfite de sodium appliquée en quantité égale à 10 % envi- ron du poids net des cuirs ou peaux, avec une quantité suf- fisante d'acide chlorhydrique pour assurer un état acide de la solution, l'hyposulfite étant distribué uniformément sur le côté chair du cuir ou peau chromé et ce dernier restant à l'état complètement tendu, jusqu'à ce qu'une quantité suf-
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fisante d'hyposulfite ait pénétré dans le cuir ou peau pour se combiner avec le sel de chrome précédemment appliqué et parfaitement distribué dans toutes les parties de la substan- ce du cuir ou peau.
L'application d'hyposulfite a pour effet de tanner le cuir ou peau grâce à certaines modifications chimiques que subit le bichromate de chrome et qu'il n'est pas nécessaire de spécifier ici, étant donné qu'il est facile de trouver la réaction chimique qui intervient dans les ou- vrages traitant de cette industrie. Dans le cas de cuirs plus épais et de peaux, il faudra effectuer plusieurs appli- cations d'nyposulfite pour assurer l'achèvement de l'opéra- tion de tannage.
Toutefois, après un intervalle de temps qui peut être aussi court que 2 ou 3 minutes dans le cas de peaux min- ces et légères, il est préférable d'enlever le cuir ou peau du porte-ouvrage sur lequel il n'a été que partiellement tan- né à l'état tendu et de le soumettre,pendant qu'il est à l'état tendu, à l'action d'une solution d'hyposulfite de 70 Bkr environ pendant un temps variant de 15 minutes à une heure, bien qu'on puisse le laisser d'un jour au suivant dans la solution d'hyposulfite.
De préférence, pendant qu'ils sont ainsi traités, les cuirs ou peaux sont disposés dans une cuve peu profonde contenant la solution d'hyposulfite, ces cuirs ou peaux ayant été placés un à la fois dans la so- lution que renferme la cuve, de façon que les deux surfaces de chaque cuir ou peau soient parfaitement mouillées par la solution. Dans ce récipient, les cuirs ou peaux sont, non seulement tannés à l'état complètement tendu, mais sont en outre gonflés de telle sorte que le cuir produit, outre qu'il possède une surface plus grande que celui qu'on obte- nait par les procédés antérieurs, se distingue par sa dou- ceur, son épaisseur et son poids, ce cuir possédant plus de "corps" que ceux fabriqués par les procédés antérieurs.
Au
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lieu d'une cuve, on peut se servir d'un tambour si l'on a soin de fixer convenablement les cuirs ou peaux dans leur état tendu, par une application suffisante de la solution d'hyposulfite pendant qu'ils sont dans cet état tendu.
On finit le cuir selon l'un quelconque des procé- dés anciens et bien connus.