PROCEDE POUR L'INCRUSTATION D'ELEMENTS DECORATIFS SUR PIECES DE MAROQUINERIE ET PIECES AINSI OBTENUES La présente invention concerne un procédé pour l'incrustation d'éléments décoratifs, et notamment des gemmes, plus particulièrement des pierres précieuses, sur des pièces de maroquinerie et notamment des peaux d'animaux, du type cuir, telles que de serpents, crocodiles ou autres. On connaît des techniques visant à rapporter ou fixer sur des peaux, des éléments décoratifs et notamment à effet de brillance, tels que gemmes et précisément des pierres précieuses telles que diamant, ou des matériaux tels que zircon, silicium. Par exemple, il est connu d'imprimer des paillettes constituées de matières plastiques sur des peaux. Cette technique nécessite de faire appel à des dispositifs d'impression relativement complexes et donc coûteux, et en outre ne permet pas d'assurer une longévité satisfaisante au produit final ; les éléments rapportés par impression ne résistent pas à l'arrachement, ne serait-ce que du fait de l'usure ou du contact ou un arrachement accidentel par frottement avec un objet.
On a proposé par ailleurs de coller sur une peau des éléments en matériau minéral transparent, tel que du verre. Cependant, malgré le progrès réalisé dans le domaine des colles, les éléments en verre rapportés ne résistent pas à l'arrachement, en tout cas dans des conditions de longévité adéquates sur le plan commercial vis-à-vis des utilisateurs.
On a en outre proposé, de manière connue, de fixer par des moyens mécaniques, tels que rivets ou vis ou autres, des éléments décoratifs. Si cette technique permet de remédier au problème d'arrachement et donc de maintien des éléments décoratifs sur la pièce de maroquinerie, cette dernière n'est pas sans défaut. Premièrement, les éléments rapportés font nécessairement saillie sur la peau de la maroquinerie, ce qui peut se révéler inesthétique. Deuxièmement, le fait d'utiliser des rivets ou vis oblige à percer de part en part la peau, ce qui affecte sa résistance, et également à percer l'élément décoratif rapporté, ce qui suppose que celui- ci soit d'une taille suffisante pour autoriser un perçage qui ne risque pas d'affecter sa résistance mécanique.
Les difficultés rencontrées par l'art antérieur sont d'autant plus difficiles à résoudre que chaque type de peau d'une part et chaque type d'élément décoratif rapporté d'autre part, présente ses propres caractéristiques de souplesse, de rigidité, fragilité, etc....
Enfin, ce type de produit est constitué d'éléments ayant intrinsèquement un prix relativement élevé (peaux de serpents, pierre précieuses, etc.). La fiabilité et le maintien, dans des conditions pérennes des éléments décoratifs sur les peaux, est d'autant plus nécessaire pour éviter les pertes et endommagements résultant d'essais infructueux, ou de techniques inadéquates ou partiellement satisfaisantes. La présente invention se propose de remédier à cette situation et vise d'une part un procédé permettant la fixation de manière pérenne d'éléments décoratifs, tel que gemmes et notamment pierres ou minéraux ou similaire, sur des pièces de maroquinerie telles que des peaux d'animaux traitées, permettant d'obtenir un effet décoratif optimal dans des conditions n'affectant pas l'intégrité mécanique desdites peaux, tout
en laissant une grande liberté sur le plan esthétique pour disposer les éléments décoratifs selon des tailles, formes et en des endroits quelconques, selon les souhaits du créateur. Par ailleurs, l'invention concerne une telle pièce de maroquinerie pourvue d'éléments décoratifs, obtenue par le procédé mentionné ci-dessus.
A cette fin, selon l'invention, le procédé pour la fixation d'éléments décoratifs constitués de gemme ou matériau minéral, à effet décoratif et/ou présentant des effets de brillance ou similaire, sur une pièce de maroquinerie, telle qu'une peau, dans lequel on crée une cavité dans l'épaisseur de ladite peau est caractérisé en ce que :
- la cavité est réalisée par enlèvement de matière, pour réaliser un évidement ou une cavité de façon à ne pas, ou de man ière négligeable, affecter l'intégrité physique de la peau,
- on dépose dans la cavité (sur la peau) un noyau constitué d'un matériau pulvérulent tel qu'en paillettes et/ou en poudre, mélangé à un liant tel que de la colle ;
- on recouvre ledit noyau par un élément recouvrant à base de poudre et/ou de paillettes et d'un liant tel que de la colle.
Il sera creusé autant de cavités que d'éléments décoratifs à fixer.
Avantageusement, lors du dépôt du noyau dans la dite cavité, le noyau est rendu solidaire de la cavité, notamment par la colle constituant le liant du noyau.
De préférence, la cavité est creusée dans la pièce de maroquinerie selon une profondeur comprise entre 10 % et 80 de l'épaisseur de la pièce et de préférence entre 40 et 60 % de ladite épaisseur.
Ledit noyau ne remplit que partiellement la cavité et il présente une hauteur telle qu'il ne dépasse pas de la face supérieure de la pièce de maroquinerie.
L'élément recouvrant (ou de recouvrement) est constitué d'un matériau en poudre ou d'un mélange de différents matériaux en poudre et/ou paillettes tels que du métal, en particulier du métal précieux, de la nacre, de la matière plastique, une matière minérale, etc ..
L'élément recouvrant :
- fait saill ie par rapport à la surface supérieure de la pièce de maroquinerie, d'une hauteur comprise entre 0,1 mm et 10 mm et de préférence entre 1 et 5 mm.
- ou affleure sensiblement au niveau de la surface supérieure de la pièce de maroquinerie.
Selon une variante, on rapporte en outre un corps transparent à effet de brillance, telle qu'une pierre précieuse ou semi-précieuse ou fine taillée ou encore un corps en verre.
Le noyau et/ou l'élément recouvrant peuvent être traités de manière à être colorés dans la matière. Le liant ou la colle utilisée pour le noyau est du type polymère époxy ou une colle UV telle qu'à base d'acide méthacrylique, et dont la viscosité est ajustée en fonction de la pièce de maroquinerie.
Le noyau est constitué de poudre minérale ayant une dureté d'au moins 7 sur l'échelle de Mohs, et de préférence d'une dureté de 9 ou 10 sur cette échelle. L'invention concerne également une pièce de maroquinerie confectionnée à partir d'une peau et comprenant des éléments décoratifs constitués de gemme ou matériau minéral, à effet décoratif et présentant des effets de brillance ou similaire, caractérisée en ce qu'elle comporte une ou plusieurs cavités creusées dans l'épaisseur de ladite peau, la ou les cavités étant réalisées par enlèvement de matière, de façon à ne pas, ou de manière négligeable, affecter l'intégrité physique de la peau, un noyau qui est déposé dans chaque cavité et un élément recouvrant qui recouvre ledit noyau. De préférence, la pièce de maroquinerie est obtenue par le procédé ci- dessus.
Selon une variante, la pièce comporte en outre, sur l'élément recouvrant, un corps transparent en particulier à effet de brillance, telle qu'une pierre fine, précieuse ou semi-précieuse ou un matériau minéral taillé, par exemple du verre, corindon, diamant, topaze, quartz.
L'invention sera bien comprise à la lumière de la description qui suit, se rapportant à des exemples illustratifs mais non limitatifs, et basée sur les dessins annexés dans lesquels :
La figure 1 est une vue de dessus montrant une pièce de maroquinerie, en l'occurrence une peau, nue, sans éléments décoratifs rapportés.
De manière générale, les figures 2 à 4 montrent des vues schématiques partielles d'une pièce de maroquinerie, telle qu'une peau, selon différentes étapes d'un premier exemple de procédé selon l'invention, tandis que les figures 5 à 7 montrent des vues similaires relatives à un second exemple (ou variante) de procédé selon l'invention.
Plus précisément :
Les figures 2A et 2B montrent des vues schématiques partielles, d'une peau, respectivement en coupe selon un plan vertical (dans l'épaisseur de la peau) et en vue de dessus, selon la première étape d'un premier exemple de procédé de l'invention.
Les figures 3A et 3B sont des vues respectives en coupe et de dessus de la peau lors de la seconde étape du premier procédé.
Les figures 4A et 4B sont des vues en coupe et de dessus de la peau lors de la dernière étape du premier procédé. Les figures 5A et 5B sont des vues respectivement en coupe et de dessus d'une pièce de maroquinerie selon la première étape d'une variante du procédé.
Les figures 6A et 6B sont des vues respectivement en coupe et de dessus de la peau lors de la seconde étape de ladite variante du procédé.
Les figures 7A et 7B sont des vues respectivement en coupe et de dessus de la peau lors de la troisième et dernière étape de la variante du procédé.
La figure 8 est une vue de dessus de la peau sur laquelle sont rapportées les éléments décoratifs selon le procédé de l'invention des figures 2 à 4.
La figure 9 est une variante de la figure 2A.
Dans la description qui suit, la notion de pièce de maroquinerie vise et englobe toute pièce de peau, cuir, simili cuir, ou similaire, d'origine animale, qui ne soit pas à fourrure ou à poils. De même, les termes pierres précieuses ou semi-précieuses et gemmes employés incluent tout matériau ou matière d'origine minérale ou en matériau de synthèse, destinés à produire un effet décoratif, eu égard aux reflets, à l'effet de réflexions multiples, ou autre résultant de l'interaction de leur matière avec la lumière. Par ailleurs, les termes inférieur et supérieur se réfèrent à une position d'utilisation normale de la pièce de maroquinerie.
La figure 1 montre une vue de dessus de peau serpent de type python, traitée de manière connue, et présentant des écailles.
Le procédé de l'invention consiste à fixer de manière fiable et donc pérenne sur la peau, et de préférence de manière centrée sur les écailles, des éléments décoratifs (gemmes ou autres), pour aboutir à la peau montrée de dessus sur la figure 8.
Cette pièce de peau ainsi réalisée peut être utilisée de manière connue pour la confection d'objets divers tels que sac, porte-monnaie, portefeuille, chaussures, bottes, etc.
Pour réaliser une telle peau, le procédé est décrit ci-après au regard des figures 2 à 4, selon un premier exemple de procédé de l'invention.
La figure 2A montre une coupe schématique partielle d'une peau 1 présentant une face supérieure 2 tournée vers l'extérieur (visible par l'utilisateur) et une face inférieure 3 opposée.
Dans une partie de l'épaisseur de la peau, on réalise une cavité 4, par enlèvement de matière, estampage ou toute méthode connue permettant de réaliser un évidement ou cavité de façon à ne pas, ou de manière négligeable, affecter l'intégrité physique de la peau.
La cavité 4 a été représentée à section circulaire, mais elle peut présenter toute forme de section, étant entendu qu'une forme régulière et présentant au moins un axe ou un plan de symétrie est préférée.
La profondeur de la cavité 4 est comprise entre 10 % et 80 % de l'épaisseur de la peau, avec une préférence pour une plage entre 40 et 60 %.
La figure 2B montre de dessus la peau de la figure 2A.
Selon la figure 3A, dans la cavité 4, on dépose un élément ou noyau 5 constitué de poudre ou paillettes de matière minérale, pierres précieuses ou autre, ayant une dureté d'au moins 7 sur l'échelle de Mohs et de préférence de 9 ou 10. A titre d'exemple : diamant, corindon, zircon. Les grains de poudre et/ou les paillettes sont mélangées à un liant tel que de la colle, par exemple du type résine polymère, telle que de l'époxy mono ou bi-composant. La colle peut être une colle dite UV qui polymérise sous le rayonnement ultraviolet, par exemple une col le à base d'acide
méthacrylique tel que de l'acrylate d'isobornyle. La colle selon sa viscosité et sa dureté est adaptée au type de peau à décorer, en particulier selon sa souplesse. La colle peut être transparente. L'élément 5, à l'état relativement visqueux et résultant du mélange de la colle avec la poudre et/ou paillettes, est ensuite déposé dans la cavité 4, avec un ajout de colle éventuellement. Avantageusement, la colle ajoutée est de même nature que celle liant la poudre et/ou les paillettes de l'élément 5.
L'élément 5, une fois rigidifié, forme un bloc ou noyau de base, qui de préférence :
- d'une part ne dépasse pas ou très peu du plan de la surface supérieure de la peau, c'est-à-dire du plan supérieur d'ouverture de la cavité 4, et
- d'autre part ne remplit que partiellement la cavité, de manière à ménager un volume entre ce noyau 5 et la paroi de la cavité, ledit volume occupant de préférence la périphérie du noyau. Le noyau 5 occupe en volume, par exemple entre 20 % et 80 % de la cavité et de préférence entre 40 % et 70 %.
Selon la figure 4A, on dépose sur le noyau 5 un élément de recouvrement 6 qui remplit en grande partie, sinon totalement, l'espace resté vide de la cavité 4. Il peut soit faire légèrement saillie par rapport au plan de la surface supérieure 2 de la peau (figure 4A), soit affleurer ce même plan (au niveau du plan d'ouverture de la cavité 4).
L'élément 6 recouvrant le noyau, est constitué de poudre, particules fines ou paillettes de matériau minéral ou en métal, l iées par une col le,
identique ou différente de celle utilisée pour le noyau 5, telle que par exemple de l'époxy mono ou bi-composant, ou une colle UV, par exemple à base d'acide méthacrylique tel que de l'acrylate d'isobornyle. L'élément de recouvrement 6 est collé sur le noyau 5 par de la colle telle qu'une colle époxy mono ou bi-composant, ou une colle UV par exemple à base d'acide méthacrylique tel que de l'acrylate d'isobornyle. L'élément 6 est rapporté soit à l'état relativement visqueux sur le noyau 5 rigide, soit une fois rigidifié lui-même et préformé de manière à présenter un logement inférieur correspondant à la forme du noyau 5.
L'élément recouvrant 6 est avantageusement transparent.
La figure 4B montre de dessus la peau et les éléments décoratifs fixés, le noyau étant vue en transparence.
On a représenté sur les figures 5 à 7 une variante du procédé.
Les figures 5A, 5B, sont similaires aux figures respectivement 2A, 2B, 3A et 3B, seule étant différente la section de la cavité 4.
Les figures 6A, 6B, sont similaires aux figures respectivement 4A, 4B, seule étant différente la section de la cavité 4. Selon cette variante, il est préféré de faire en sorte que l'élément recouvrant 6 fasse saillie par rapport au plan de l'ouverture de la cavité 4.
En partant de la peau comportant le noyau 5 et l'élément recouvrant 6, de la figure 6A, on arase l'élément recouvrant 6 de façon qu'il affleure au niveau du plan de l'ouverture de la cavité.
Ensuite, de manière préférée, on met en place et on fixe, sur la surface de l'élément recouvrant 6 en regard de l'extérieur, à l'opposé de la cavité, un corps transparent 7 à effet de brillance, telle qu'une pierre fine, précieuse ou semi-précieuse ou un matériau minéral taillé, par exemple du verre, corindon, diamant, topaze, quartz
La figure 7B montre de dessus la peau et les éléments décoratifs fixés, le noyau 5 et l'élément recouvrant 6 étant vus en transparence au travers du corps 7.
Selon une autre variante, en regard de la figure 9, on solidarise à la surface opposée à celle destinée à comprendre la cavité 4, c'est-à-dire contre la face inférieure 3, une pièce de renfort 8 telle qu'une autre peau. La pièce s'étendant au moins au droit de la cavité. Cette variante est applicable notamment à des peaux fragiles, peu épaisses, telles que de la peau de serpent.