Titre de l'invention
Procédé et installation pour la séparation de métaux lourds contenus dans des effluents liquides.
Domaine de l'invention
L'invention concerne le traitement d'effluents liquides pour en séparer des métaux lourds qu'ils contiennent. Les métaux lourds concernés sont notamment le chrome, le zinc et le nickel.
Dans des sites industriels comportant un certain nombre d'installations produisant des effluents liquides, il est avantageux de réaliser des traitements spécifiques des effluents produits, ce qui permet de récupérer une eau traitée réutilisable et réduit la consommation d'eau totale par rapport à une situation où tous les effluents sont collectés en commun. Dans cet esprit, le domaine d'application de l'invention est plus particulièrement le traitement d'effluents liquides industriels contenant des métaux lourds, par exemple des effluents contenant du chrome en sortie d'installations de teinture de textiles ou de tanneries, ou des effluents contenant du chrome ou autres métaux lourds en sortie d'installations de traitement de surface.
Arrière-plan de l'invention
De nombreuses techniques ont été proposées pour la séparation de métaux lourds, notamment de chrome contenu dans un effluent liquide. Une revue de ces techniques est faite par Stephen Beszedits dans un chapitre intitulé "Chromium Removal from Industrial Wastewaters" publié dans Advances in Environmental Science and Technology, Vol. 20, 1988, p. 231-263 (ISSN 0 652 563).
Parmi ces techniques connues, l'invention se rapporte à celle utilisant l'adsorption d'ions chrome par du carbone activé qui peut être régénéré.
Un tel procédé est décrit plus en détail dans le document US 5 770 090 A. Un effluent liquide contenant un métal lourd circule dans un réservoir contenant du charbon actif sous forme granulaire, le charbon actif ayant été prétraité à un pH donné, fonction du métal lourd à séparer, pour favoriser l'adsorption des ions métalliques. La régénération du
charbon actif, au cours de laquelle le métal est récupéré, est réalisée à un pH prédéterminé.
Un tel procédé présente plusieurs inconvénients.
Le charbon actif étant sous forme de lits d'éléments granulaires dans une colonne, il est sujet à attrition qui entraîne une perte de charge pour la circulation de l'effluent liquide.
En outre, la durée du prétraitement est longue, les exemples indiquent 72 h, et les caractéristiques de porosité des grains de charbon actif ne permettent pas d'atteindre des cinétiques d'adsorption et de régénération élevées.
De plus, la régénération de charbon actif est réalisée par éiectrodéposition, ce qui est un processus gros consommateur d'énergie.
Objet et résumé de l'invention L'invention a pour but de proposer un procédé de séparation de métaux lourds contenus dans des effluents liquides qui utilise la technique d'adsorption d'ions métalliques par du carbone activé, mais sans présenter les inconvénients précités.
Ce but est atteint grâce à un procédé du type comprenant l'adsorption d'ions métal par un substrat en carbone activé et la régénération du substrat par desorption des ions métal, en vue de sa réutilisation, procédé selon lequel on utilise un substrat sous forme d'une texture en fibres de carbone activé.
Avantageusement, la texture en fibres de carbone activée est un tissu.
Avantageusement encore, la texture en fibres de carbone activé est en fibres à précurseur rayonne ou polyacrylonitrile (PAN).
La texture en fibres de carbone activé possède typiquement des pores de dimension moyenne comprise entre 0,3 nm et 3 nm. La surface spécifique peut être supérieure à 800 m2/g, voire supérieure à 1 200 m2/g.
Avantageusement, l'adsorption est réalisée à un pH ayant une valeur comprise dans une première plage prédéterminée et la régénération est réalisée à un pH ayant une autre valeur extérieure à ladite plage.
Lorsque le métal lourd contenu dans l'effluent à traiter est du chrome hexavalent, l'adsorption des ions Cr6+ peut être réalisée à un pH compris entre 1 ,5 et 2,5 et la régénération peut être réalisée en milieu basique, à un pH compris entre 9 et 14. Lorsque le métal lourd contenu dans l'effluent à traiter est du chrome trivalent, l'adsorption des ions Cr3+ peut être réalisée à un pH compris entre 5 et 6 et la régénération peut être réalisée en milieu très acide, à un pH compris entre 1 et 2,5.
L'utilisation d'une texture en fibres de carbone activé au lieu de grains de charbon activé offre des avantages considérables.
D'abord, les pores sont répartis en surface des fibres, celles-ci étant typiquement de faible diamètre, et non pas en profondeur, avec tortuosités, comme c'est le cas pour des grains de charbon actif.
La capacité et la cinétique d'adsorption sont alors bien plus élevées. En outre, le rendement et la cinétique de régénération sont aussi meilleurs. En effet, les caractéristiques particulières de porosité des charbons actifs favorisent la rétention d'ions métal et la formation de complexes susceptibles d'obstruer des pores. Il peut d'ailleurs être nécessaire, avec des charbons actifs, de procéder périodiquement à des réactivations par traitement thermique ce qui, outre une consommation des charbons, risque de provoquer le départ de métal non désorbé dans des fumées. Ces problèmes ne se rencontrent pas avec la porosité des fibres de carbone activé, qui présente une moindre tortuosité que la porosité des charbons actifs, ce qui permet, notamment une desorption plus complète.
Un avantage supplémentaire de l'utilisation de fibres de carbone activé tient à ce que non seulement les cinétiques d'adsorption et de desorption sont nettement accrues, mais aussi la cinétique de prétraitement éventuel du substrat. Cela permet, en combinaison avec la tenue mécanique intrinsèque de la texture en fibres de carbone, d'envisager une circulation en continu de la texture à travers des zones d'adsorption, de régénération, et de prétraitement. Les risques d'attrition, inhérents à l'utilisation de grains de charbon actif, n'existent pas.
Selon un mode de mise en œuvre du procédé, l'on dispose la texture en fibres de carbone activé à l'intérieur d'un réacteur et l'on réalise alternativement une phase d'adsorption au cours de laquelle un effluent
liquide à traiter est admis dans le réacteur à un pH compris dans une plage de valeurs prédéterminée et un liquide traité est extrait du réacteur, et une phase de régénération au cours de laquelle une solution aqueuse de régénération est admise dans le réacteur à un pH ayant une valeur située à l'extérieur de ladite plage déterminée et une solution enrichie en métal lourd désorbé de la texture en fibres de carbone activé est extraite du réacteur.
Avantageusement, la phase de régénération comprend une première étape au cours de laquelle la solution extraite du réacteur est recueillie et une deuxième étape consécutive à la première au cours de laquelle la solution extraite du réacteur est recyclée avec un effluent liquide à traiter. On peut ainsi recueillir une solution avec une forte concentration en métal lourd, en tout cas une concentration bien supérieure à celle existant dans l'effluent à traiter. Selon un autre mode de mise en œuvre du procédé, on utilise une texture en fibres de carbone activé sous forme d'une bande sans fin et on fait circuler la texture le long d'un trajet fermé à travers une zone d'adsorption où la texture est en contact avec l'effluent liquide à traiter et une zone de régénération où les ions métal sont désorbés et récupérés. Sur son trajet, la texture peut également traverser une zone de prétraitement située en aval de la zone de régénération et en amont de la zone d'adsorption, où l'on règle le pH de la texture en fibres de carbone activé à une valeur prédéterminée.
L'invention a aussi pour objet de proposer une installation permettant la mise en oeuvre du procédé.
Brève description des dessins
L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description faite ci-après, à titre indicatif mais non limitatif, en référence aux dessins annexés sur lesquels :
- la figure 1 est une vue générale très schématique d'un mode de réalisation d'une installation mettant en oeuvre le procédé selon l'invention ;
- la figure 2 est une courbe illustrant la variation dans le temps de la capacité d'adsorption d'un tissu en fibres de carbone activé après prétraitement ;
- la figure 3 est une vue générale très schématique d'un deuxième mode de réalisation d'une installation mettant en oeuvre le procédé selon l'invention ; et
- la figure 4 est une vue générale très schématique d'un troisième mode de réalisation d'une installation mettant en œuvre le procédé selon l'invention.
Description détaillée de modes de réalisation de l'invention
La figure 1 montre très schématiquement une installation de séparation de métal lourd contenu dans un effluent liquide à traiter, mettant en oeuvre le procédé selon l'invention.
L'effluent à traiter est admis dans une zone d'adsorption par une conduite 12. La zone d'adsorption comprend un réacteur 14 auquel aboutit la conduite 12 et duquel part une conduite de sortie 16 pour l'effluent traité.
Une bande de tissu 20 en fibres de carbone activé suit un trajet tortueux à l'intérieur du réacteur 14 en passant sur des rouleaux de renvoi alternativement inférieurs et supérieurs 18a, 18b. Les ions du métal lourd contenu dans l'effluent à traiter sont adsorbés par le tissu 20. On pourra utiliser un réacteur 14 compartimenté au moyen de parois verticales disposées transversalement par rapport à la circulation de l'effluent. En obligeant l'effluent à passer d'un compartiment à l'autre alternativement en bas et en haut du réacteur, on augmente le coefficient d'échange avec le tissu. La cinétique de traitement est alors augmentée, ce qui permet de diminuer la longueur de tissu dans le réacteur d'absorption.
En sortie de la zone d'adsorption 10, la bande de tissu 20 est admise en zone de régénération 30 où les ions métal sont désorbés, de sorte que le tissu 20 est régénéré. Dans l'exemple illustré, la régénération du tissu est réalisée par passage dans un réacteur 34 contenant une solution aqueuse de pH prédéterminé admise par une conduite 32. Le tissu 20 suit un trajet tortueux dans le réacteur 30 en passant sur des rouleaux de renvoi respectivement inférieurs et supérieurs 38a, 38b. La solution recueillant les ions métal désorbés est évacuée du réacteur 34 par une conduite 36.
On notera que d'autres techniques connues de desorption du tissu 20 pourront être utilisées, par exemple l'électrodéposition.
Le tissu régénéré passe ensuite dans une zone de prétraitement 40 pour être amené à une valeur de pH désirée avant retour dans la zone d'adsorption 10. La zone de prétraitement comprend un réacteur 44 dans lequel une solution aqueuse de pH voulu est admise par une conduite 42. Le tissu 20 passe dans le réacteur 40 en suivant un trajet tortueux défini par des rouleaux de renvoi respectivement inférieurs et supérieurs 48a, 48b. Le défilement en continu de la bande de tissu 20 est assuré par passage de celle-ci entre une paire de rouleaux 24 qui entraîne la bande de tissu par friction, l'un des rouleaux étant relié à un moteur (non représenté). Les rouleaux 24 sont situés sur le trajet de la bande de tissu 20 entre les zones 30, 40 de régénération et de prétraitement. Le long de son trajet, la bande de tissu 20 passe en outre sur des rouleaux de guidage 26.
La bande de tissu 20 est de préférence en fibres de carbone à précurseur rayonne ou polyacrylonitrile (PAN) permettant d'obtenir une porosité de caractéristiques favorables et une grande surface spécifique, convenant pour l'application envisagée.
Le tissu 20 en fibres de carbone peut être obtenu directement à partir de fils ou fibres de carbone issus de fils ou fibres rayonne ou PAN par traitement thermique ou, de préférence, à partir d'un tissu en fils ou fibres de rayonne ou PAN, le traitement thermique de transformation de la rayonne ou du PAN étant alors réalisé après mise en forme de la texture.
Dans le cas de rayonne, le traitement thermique de transformation de la rayonne en carbone comprend une phase de précarbonisation à une température comprise entre 350°C et 420°C, de préférence à environ 400°C, suivie d'une phase finale de carbonisation à une température comprise entre 1000°C et 1300°C, de préférence à environ 1200°C, sous une atmosphère d'azote et pendant une durée comprise entre 0,7 min et 1 ,3 min. La carbonisation finale est de préférence réalisée sous pression réduite, par exemple comprise entre 5 Pa et 60 Pa, ce qui favorise l'élimination d'impuretés entraînées avec les effluents gazeux et la migration d'impuretés alcalines à la surface des
fibres d'où elles peuvent être éliminées par simple rinçage à l'eau déminéralisée, sans nécessiter de lavage acide.
On obtient alors des fibres de carbone de grande pureté, le taux de carbone étant supérieur à 99 %, le taux de cendres inférieur à 0,3 % et le taux d'impuretés alcalines inférieur à 1 500 ppm. Les fibres obtenues sont aussi remarquables en ce qu'elles sont constituées sur le plan structural d'un grand nombre de très petites cristallites ayant une hauteur moyenne Lc d'environ 1 nm et une taille latérale moyenne La d'environ 3 nm. Ces cristallites offrent un grand nombre de sites actifs en bordure des plans graphènes qui favorisent la formation de groupements fonctionnels de surface lors de la remise à l'air de la texture après carbonisation, sans qu'il soit nécessaire de procéder à un traitement spécifique d'oxydation. L'activation subséquente vient amplifier considérablement le taux de fonctions de surface. L'activation est réalisée par traitement thermique du tissu en fibres de carbone sous atmosphère oxydante, telle que vapeur d'eau ou de préférence dioxyde de carbone ou un mélange de dioxyde de carbone et de vapeur d'eau. La température de traitement thermique est de préférence comprise entre 850°C et 950°C et sa durée est de préférence comprise entre 50 min et 300 min en fonction de la surface spécifique désirée. Il est possible de réaliser l'activation en continu en faisant défiler le tissu en fibres de carbone dans une zone de traitement thermique d'un four dans laquelle un flux gazeux oxydant est entretenu. Un tel procédé est décrit par exemple dans le document FR-A-2 741 363. Dans le cas du précurseur PAN, l'activation est réalisée par traitement thermique sous atmosphère oxydante de vapeur d'eau ou dioxyde de carbone, après carbonisation du précurseur.
L'activation confère au tissu la surface spécifique et la porosité souhaitées. La surface spécifique est supérieure à 800 m2/g, et même à 1 200 m2/g. La porosité est caractérisée par des pores de diamètre moyen compris entre 0,3 nm et 3 nm et un taux de porosité global compris entre 30 % et 50 %. Celui-ci est mesuré par la technique connue de diffusion des rayons X aux petits angles (ou technique DPAX). Elle consiste à exposer les fibres à un faisceau de rayons X dans des conditions telles qu'il y a contraste de densité électronique entre les vides (pores) et la
matière (carbone), donc une intensité diffusionneile liée au taux de porosité totale des fibres de carbone.
En variante, dans le cas du précurseur rayonne, le tissu 20 en fibres de carbone activé peut être obtenu en partant d'un tissu en fibres de rayonne et en imprégnant celui-ci par une composition permettant, après carbonisation, d'obtenir directement un tissu activé en fibres de carbone.
L'imprégnation est réalisée avec une composition contenant un constituant minéral promoteur de la déshydratation de la rayonne, tel qu'un constituant choisi parmi l'acide phosphorique, le chlorure de zinc, le sulfate de potassium, l'hydroxyde de potassium, le phosphate diammonique et le chlorure d'ammonium. De préférence, l'imprégnation est réalisée par une composition contenant de l'acide phosphorique de sorte que la masse d'acide fixée sur la texture soit comprise entre 10 et 22 % de la masse de la texture sèche. Le traitement thermique comprend une montée en température à une vitesse comprise entre 1 °C/min et 15°C/min, suivie d'un palier de préférence réalisé à une température comprise entre 350°C et 500°C sous atmosphère inerte ou sous atmosphère contenant un activateur de réaction tel que le dioxyde de carbone ou la vapeur d'eau. Le tissu est ensuite de préférence lavé. Un tel procédé est décrit dans la demande de brevet internationale N° WO98/41678 au nom de la demanderesse.
On obtient un tissu en fibres de carbone à grande surface spécifique, apte à être utilisé comme substrat adsorbant, ayant des caractéristiques de pureté, de porosité, et de sites actifs en surface similaires à celles obtenues avec le procédé décrit précédemment.
Bien que l'on ait envisagé la réalisation de la texture 20 adsorbante en fibres de carbone activé sous forme d'un tissu, d'autres textures pourraient être utilisées dès lors qu'elles présentent la tenue mécanique nécessaire pour être auto-portantes. De telles textures sont par exemple des tresses, des nappes unidirectionnelles ou des complexes formés de plusieurs nappes unidirectionnelles superposées avec des directions différentes et liées entre elles par exemple par aiguilletage. L'adsorption d'ions métal est obtenue en maintenant le pH dans le réacteur 14 à une valeur choisie en fonction de la nature du métal lourd
à séparer de l'effluent. Le maintien de ce pH est favorisé par un prétraitement du tissu de fibres de carbone activé dans le réacteur 44 pour l'amener à un pH voulu avant introduction dans la zone d'adsorption 10. Dans le cas de chrome hexavalent à séparer de l'effluent, le prétraitement est réalisé à un pH compris de préférence entre 1 et 3, par exemple environ égal à 2, et l'adsorption est réalisée à un pH compris entre 1 et 3, de préférence entre 1 ,5 et 2,5. La régénération dans la zone de régénération 30 est avantageusement réalisée par inversion de pH au moyen d'une solution basique contenue dans le réacteur 34, par exemple une solution de soude ayant un pH compris de préférence entre 9 et 14, par exemple environ égal à 12.
Dans le cas de chrome trivalent, le prétraitement est réalisé à un pH compris de préférence entre 4 et 5, par exemple environ égal à 5, et l'adsorption est réalisée à un pH compris, de préférence entre 5 et 6. La régénération est réalisée en faisant passer le tissu dans le réacteur 34 contenant une solution très acide, par exemple une solution d'acide sulfurique ayant un pH compris de préférence entre 1 et 2,5, par exemple environ égal à 2. Des exemples particuliers de mise en oeuvre du procédé selon l'invention seront maintenant décrits.
Exemple 1
On utilise une installation telle que celle de la figure 1 pour traiter un effluent liquide constitué d'une solution aqueuse contenant du chrome hexavalent à une concentration de 40 mg/l, le débit admis dans le réacteur 14 étant égal à 5 m3/h.
Le tissu 20 est sous forme d'une bande de largeur 100 cm, en fibres de carbone à précurseur rayonne. L'activation a été réalisée par traitement thermique sous atmosphère de dioxyde de carbone. Les fibres présentent des pores dont la dimension moyenne est environ égale à
0,7 nm, et ont une surface spécifique environ égale à 1500 m2/g.
Le pré-traitement du tissu 20 est réalisé en le faisant passer dans le réacteur 44 contenant une solution d'acide sulfurique ayant un pH contrôlé égal à environ 2. Le temps de séjour du tissu dans le réacteur est d'environ 30 min, la température étant égale à la température ambiante.
Le tissu 20 est admis dans le réacteur 14 où le pH est régulé à une valeur comprise entre 1 ,5 et 2,5, la température de l'effluent dans le réacteur étant régulée à une valeur d'environ 40°C.
La cinétique d'adsorption du tissu 20 a été déterminée en mesurant la quantité d'ions chrome adsorbés en fonction du temps à partir de l'introduction du tissu dans le réacteur 14. La figure 2 montre le résultat obtenu. Il est remarquable que le plateau de valeur maximale de capacité soit atteint après seulement 5 min, démontrant la forte dynamique d'adsorption. La capacité d'adsorption atteinte est environ égale à 12 mg/g (12 mg de chrome par gramme de tissu de carbone activé). A titre de comparaison, un essai effectué avec un prétraitement du même tissu à un pH 5 au lieu de pH 2 a montré que la capacité d'adsorption n'atteint alors que 3,5 mg/g.
Le temps de séjour du tissu 20 dans le réacteur 14 est d'environ 15 min. Les ions Cr6+ se transforment majoritairement en ions Cr3+ au contact des fibres de carbone et sont adsorbés sous cette forme.
La régénération du tissu 20 est réalisée par passage dans le réacteur 34 contenant une solution de soude (NaOH) de pH égal à 12. Le temps de séjour du tissu 20 dans le réacteur 34 est d'environ 20 min. La desorption est efficace, avec un rendement supérieur à 95 %, jusqu'à ce que la concentration en ions chrome dans la solution recueillie par la conduite 36 soit d'environ 600 mg/l.
Exemple 2 On utilise une installation telle que celle de la figure 1 pour traiter un effluent liquide constitué d'une solution aqueuse contenant du chrome trivalent à une concentration de 40 mg/l, le débit admis dans le réacteur 14 étant égal à 15 m3/h.
Le tissu 20 utilisé est le même que dans l'exemple 1. Le prétraitement du tissu 20 est réalisé en le faisant passer dans le réacteur 44 contenant une solution de diluée d'acide sulfurique ayant un pH contrôlé égal à environ 5. Le temps de séjour du tissu dans le réacteur 44 est d'environ 15 min, à température ambiante.
Le tissu 20 est admis dans le réacteur 14 où le pH est régulé à une valeur comprise entre 5 et 6, la température de l'effluent étant d'environ 25°C.
Comme dans l'exemple 1 , on observe que le plateau de capacité d'adsorption, d'un niveau égal à environ 60 mg/g est atteint en quelques minutes. Le temps de séjour du tissu 20 dans le réacteur 14 est d'environ 6 min. La régénération du tissu 20 est réalisée par passage dans le réacteur 34 contenant une solution d'acide sulfurique (H2SO ) de pH égal à 2. Le temps de séjour du tissu 20 dans le réacteur 34 est d'environ 5 min.
On recueille sur la conduite de sortie 36 une solution de sulfate de chrome Cr2(S0 )3 dans laquelle la concentration en ions chrome est d'environ 1000 mg/l.
Dans le cas où l'effluent traité est produit par une installation de tannerie, la solution de Cr2(SO4)3 constitue une liqueur qui peut être réutilisée dans l'installation lors du processus de tannage, ce qui est un avantage particulier du procédé.
Dans le mode de réalisation de la figure 1 , la bande 20 est formée de tissu seul en fibres de carbone activé, la tenue mécanique du tissu autorisant son entraînement en continu à travers l'installation. Cela n'exclut toutefois par la possibilité de fixer le tissu sur un support constitué par une bande, notamment une bande de matière textile. Celle-ci est réalisée par exemple en fibres de polyester ou polyamide sous forme d'un tissu, par exemple une toile, très aéré. On pourra conférer à la bande support une largeur supérieure à celle de la bande en tissu de fibres de carbone activé, de sorte que le complexe formé par les deux bandes peut être prise avec des organes d'entraînement au niveau des bords de la bande support non recouverts par le tissu en fibres de carbone. La fixation du tissu en fibres de carbone sur la bande support peut être réalisée par collage.
La figure 3 illustre un autre mode de réalisation d'une installation mettant en oeuvre un procédé conforme à l'invention.
Dans cette installation, l'effluent liquide à traiter est admis dans un recteur 114 d'un poste de traitement 110. L'effluent est amené par une conduite d'amenée 112 à travers une vanne 115 dont une entrée 115a est reliée à la conduite 112 et par une conduite 111 reliant la sortie de la vanne 115 au réacteur 114.
A l'intérieur du réacteur 114 est disposé un substrat adsorbant 120 sous forme d'une texture en fibres de carbone activé.
La texture 120 est par exemple un tissu, une tresse, une nappe unidirectionnelle, un complexe formé de plusieurs nappes unidirectionnelles superposées avec des directions différentes et liées entre elles, ou encore un feutre. La texture 120 est élaborée à partir de fibres de précurseur de carbone, de préférence des fibres de rayonne, par un procédé similaire à ceux décrits plus haut pour l'obtention du tissu 20 en fibres de carbone activé. La texture 120 est supportée par un bâti 127 par exemple comprenant des barreaux inférieurs et supérieurs 128a, 128b autour desquels la texture 120 est enroulée pour former des plis parallèles disposés transversalement par rapport à la direction d'écoulement de l'effluent dans le réacteur 114. Une conduite 117 relie la sortie du réacteur 114 à l'entrée d'une vanne 119. Une conduite d'évacuation 116 est reliée à une sortie 119a de la vanne 119 pour recueillir l'effluent traité.
En mode d'adsorption, les vannes 115 et 119 sont commandées pour relier, d'une part, les conduites 112 et 111 et, d'autre part les conduites 117 et 116. Les ions de métal lourd contenus dans l'effluent liquide admis sont adsorbés par la texture 120. Le pH dans le réacteur 114 est régulé à la valeur désirée en fonction de la nature des ions métal à adsorber, comme décrit plus haut.
En mode de régénération, une solution aqueuse ayant le pH désiré, comme décrit plus haut, est admise dans le réacteur 114 à partir d'une conduite 132 reliée à une deuxième entrée 115b de la vanne 115, celle-ci étant alors commandée pour relier la conduite 132 à la conduite 111. La solution, ou liqueur, contenant les ions métal désorbés est recueillie par une conduite 136 reliée à une deuxième sortie 119b de la vanne 119, celle-ci étant alors commandée pour relier la conduite 117 à la conduite 136.
Après régénération, la texture 120 peut être prétraitée pour être amenée au pH désiré en admettant dans le réacteur une solution aqueuse adéquate par une conduite 142. Celle-ci est reliée à une troisième entrée 115ç_ de la vanne 115 qui est alors commandée pour relier la conduite 142 à la conduite 111. Après prétraitement, le réacteur 114 est vidangé à
travers une conduite 146 reliée à une troisième sortie 119ç de la vanne 119, celle-ci étant alors commandée pour relier la conduite 117 à la conduite 146.
Pour ne pas interrompre le traitement de l'effluent lors des phases de régénération et de prétraitement de la texture 120, l'effluent peut être dérivé vers un deuxième poste de traitement identique à celui qui vient d'être décrit, avec un réacteur 214 contenant une texture 220 en fibres de carbone activé. Ce deuxième poste 210 fonctionne en adsorption lorsque le premier poste 110 fonctionne en régénération et prétraitement, et inversement.
Selon une variante du mode de réalisation de la figure 3, la texture en fibres de carbone activé peut être disposée en plis parallèles disposés non pas transversalement par rapport à la direction d'écoulement de l'effluent, mais parallèlement à cette direction, c'est-à- dire parallèlement au fond du réacteur.
La figure 4 illustre encore un autre mode de réalisation d'une installation mettant en œuvre un procédé conforme à l'invention.
Cette installation comprend un réacteur 314 d'axe vertical à l'intérieur duquel est disposé un substrat adsorbant 320 sous forme d'une texture en fibres de carbone activé.
La texture 320 est par exemple, comme précédemment, un tissu, une tresse, une nappe unidirectionnelle, un complexe formé de plusieurs nappes unidirectionnelles superposées et liées entre elles ou un feutre. La texture 320 est formée à partir de fibres de précurseur de carbone, de préférence de fibres de rayonne comme décrit plus haut pour l'élaboration du tissu 20.
La texture 320 est par exemple bambannée, c'est à dire disposée en plusieurs plis horizontaux superposés, au-dessus d'une grille de support 322 située dans la partie inférieure du réacteur 314. Une sortie 316 de liquide traité débouche dans la paroi latérale du réacteur 314, au dessus du niveau de la texture 320, et est raccordée à une conduite d'évacuation.
Un bac 330 reçoit l'effluent liquide à traiter par l'intermédiaire d'une conduite d'amenée 312 à travers une vanne 315. A la sortie du bac 330 se raccorde une conduite 332 menant à une pompe 334. La sortie de la pompe 334 est reliée au bac 330 par une conduite de retour 336 sur
laquelle est montée une vanne 337 et à un filtre 340 par une conduite 338 sur laquelle est montée une vanne 339.
La sortie du filtre 340 est reliée par une conduite 342 munie d'une vanne 343 à une pompe 344. Une conduite 346 munie d'une vanne 347 relie la pompe 344 à une entrée du réacteur 314 située dans la partie inférieure de celui-ci au-dessous de la texture 320.
Un bac 350 reçoit une solution de régénération par l'intermédiaire de conduites 352, 354 d'alimentation en eau et en acide (ou base) munies de vannes respectives. A l'intérieur du bac 350 est disposé un agitateur 356 entraîné par un moteur 358. La sortie du bac 350 est reliée à la pompe 344 par une canalisation 360 munie d'une vanne 361.
La sortie de la pompe 344 est également reliée à un dispositif de chauffage 364 par l'intermédiaire d'une conduite 362 munie d'une vanne 363. Le dispositif de chauffage 364 est par exemple à résistance chauffante et est muni d'un thermostat 366. La sortie du dispositif de chauffage est reliée au bac 350 par une conduite de retour 368 munie d'une vanne 369. La sortie du dispositif de chauffage est en outre reliée au réacteur 314 par une conduite 370 d'alimentation en solution de régénération, munie d'une vanne 371. La conduite 370 se raccorde à un dispositif d'aspersion 372 sous forme d'un tourniquet d'axe vertical entraîné par un moteur 374, à la partie supérieure du réacteur 314, surplombant la texture 320.
Le réacteur 314 comprend encore une deuxième sortie, située au bas de celui-ci, raccordée à une conduite d'évacuation 376 munie d'une vanne 377. La conduite 376 aboutit à une pompe 378 dont la sortie est reliée d'une part, à un dispositif de collecte 380 par une conduite 382 munie d'une vanne 383 et, d'autre part, au bac 330 par une conduite 384 munie d'une vanne 385. Le pompes et vannes mentionnées ci avant sont commandées par un dispositif de contrôle (non représenté). Celui-ci commande aussi les moteurs 358, 374 et le dispositif de chauffage 364 à partir du thermostat 366.
Le fonctionnement de l'installation est le suivant : Un volume d'effluent liquide à traiter est admis dans le bac 330, la vanne 315 étant ouverte. Une conduite 319 munie d'une vanne permet
d'introduire un acide dans le bac 330 afin d'ajuster le pH de l'effluent à traiter à la valeur convenant pour l'adsorption. La pompe 334 est mise en fonctionnement, la vanne 337 étant ouverte et la vanne 339 étant fermée pour assurer une recirculation et une homogénéisation de l'effluent dans le bac. Une sonde (non représentée) permet de contrôler le pH.
Dans le même temps, une solution aqueuse de régénération peut-être préparée dans le bac 350 par admission d'eau et d'acide ou base. La pompe 344 est mise en fonctionnement, les vannes 361 , 363, 369 étant ouvertes, et les vannes 343, 347, 371 étant fermées. La solution aqueuse est ainsi mise en circulation fermée et chauffée par passage dans le dispositif 364 pour être amenée à la température voulue réglée par le thermostat 366. L'agitateur 356 est entraîné en rotation par le moteur 358 pour homogénéiser la solution de régénération. Une sonde (non représentée) permet de contrôler le pH. En phase d'adsorption, les vannes 337, 361 , 363 et 371 sont fermées, et les vannes 339, 343 et 347 sont ouvertes. La pompe 344 est mise en marche. L'effluent à traiter parvient dans le réacteur 314 et traverse la texture 320 qui adsorbe des ions de métal lourd. Le filtre 340 permet de retenir certaines impuretés, par exemple des matières grasses. Le liquide traité est recueilli à la sortie 316 du réacteur. Bien que l'on ait envisagé une disposition de la texture en plusieurs plis superposés à plat, d'autres dispositions pourront être adaptées, par exemple un bobinage de la texture sur un mandrin cylindrique perforé avec admission de l'effluent à traiter du côté intérieur et récupération de l'effluent traité du côté extérieur. La texture 320 se charge en ions de métal lourd, par exemple en chrome contenu dans l'effluent, le pH de celui-ci étant choisi en fonction de la nature de ces ions.
En phase de régénération, les vannes 337, 343, 347 et 369 sont fermées, et les vannes 361 , 363 et 371 sont ouvertes. La pompe 344 est mise en marche pour amener la solution de régénération au dispositif d'aspersion 372 qui est mis en rotation par le moteur 374. Le pH de la solution de régénération est choisi pour désorber les ions précédemment adsorbés par la texture 320. La solution chargée en ions de métal lourd désorbés est amenée au dispositif de collecte 380, les vannes 377 et 383 étant ouvertes, la vanne 385 étant fermée et la pompe 378 étant mise en marche.
On notera que le débit de solution de régénération est choisi suffisamment faible par entraînement de la pompe 344 à faible vitesse, pour obtenir, en sortie de réacteur 314 une solution à forte concentration en ions de métal lourd, c'est à dire à une concentration bien plus élevée que celle de l'effluent à traiter. On collecte ainsi une solution enrichie en ions de métal lourd, qui peut-être réutilisée dans l'installation d'où provient l'effluent à traiter.
La concentration en ions de métal lourd désorbés allant en diminuant, au bout d'un intervalle de temps prédéterminé suivant le début de la phase de régénération, la solution issue du réacteur est renvoyée dans le bac 330 par fermeture de la vanne 383 et ouverture de la vanne 385.
On peut réaliser ainsi alternativement des phases d'adsorption et de régénération. Quelle que soit l'installation utilisée pour la mise en œuvre du procédé selon l'invention, un grand nombre de cycles d'adsorption/désorption peuvent être réalisés avant que la capacité d'adsorption de la texture en fibres de carbone activé diminue de façon significative du fait qu'elle est chargée de façon irréversible par une quantité relativement importante d'ions de métal lourd. En effet, une diminution de la capacité de desorption est observée au fil du temps. La texture en fibres de carbone activé ainsi chargée d'ions de métal lourd, par exemple d'ions chrome doit être remplacée, mais peut-être utilisée en tant que support de catalyseur dans une tout autre application, lorsque le métal lourd adsorbé de façon irréversible a des propriétés de catalyseur.
On notera aussi, dans le cas du chrome, que les essais effectués avec une texture en fibres de carbone activé montre que les ions chrome peuvent être adsorbés de façon très sélective par rapport à des ions d'autres métaux lourds éventuellement contenus dans l'effluent à traiter. De la sorte, par la desorption, on peut recueillir une solution enrichie quasi exclusivement d'ions chrome. Une telle sélectivité n'est pas observée dans le cas où le substrat adsorbant est en particules de charbon actif.