METHODE POUR AMELIORER LA QUALITE DES BOURGEONS D'UNE PLANTE
DESCRIPTION
La présente invention concerne l'utilisation d'un composé, en particulier d'un dérivé de l'acide phosphoreux, notamment du fosetyl-AI, pour le traitement des plantes en vue d'en améliorer la qualité des bourgeons.
Le fosetyl-aluminium ou fosetyl-AI est un composé fongicide connu. Son nom chimique est l'ethylhydrogenphosphonate d'aluminium dont la structure chimique est la suivante :
Par ailleurs, l'activité bactéricide du fosetyl-AI est également connue, notamment par la demande de brevet européen EP-249566.
Le problème du dépérissement des boutons floraux n'est pas nouveau et a été examiné depuis longtemps déjà. Pendant de nombreuses années, le phénomène de boutons floraux dépéris, notamment sur poiriers, a été observé. Un tel phénomène peut en quelques années réduire la productivité des arbres fruitiers de façon dramatique. Ce phénomène peut également conduire à l'arrachage ou à la destruction des plantes touchées afin d'éviter la propagation des organismes en cause.
L'origine ou les raisons de ce phénomène ne sont pas connues. Il pourrait être lié à des infections bactériennes, par exemple causées par Pseudomonas syringae pv. syringae ou bien encore d'infections fongiques, par exemple causées par Alternaria alternata. Ce phénomène pourrait également s'expliquer par une disponibilité tardive d'azote qui stimule l'activation physiologique des boutons à fleurs non perceptible extérieurement et pouvant les rendre plus vulnérables à un tel dépérissement des boutons floraux.
De plus, la fréquence des boutons floraux dépéris peut varier considérablement d'année en année et les plantes les plus jeunes peuvent être plus sensibles que les plantes plus âgées pour un même cultivar, le phénomène peut varier d'une variété à une autre. Au cours de la saison, la climatologie peut également avoir une influence sur le phénomène; une période
chaude à la fin de la saison en automne suivie d'une période de forte gelée a souvent été considérée comme un élément déterminant qui peut conduire au dépérissement des boutons floraux. Il peut également se produire que les boutons floraux ne sont pas suffisamment en dormance hivernale au moment des premières gelées. Le tissu interne des boutons floraux peut alors être endommagé et ensuite infecté.
Les dégâts de dépérissement de bourgeons ne sont souvent visibles que plusieurs mois après avoir été initiés, voire l'année suivante au moment de la floraison, de la formation des fruits ou de la récolte. Il est alors impossible d'entreprendre le moindre traitement visant à rétablir la situation. Certains produits anti-biotiques ou anti-bactériens, telle la streptomycine, ont été utilisés pour lutter contre ce phénomène. De tels usages phytosanitaires de produits sont désormais limités au maximum, voire interdits, notamment en raison des problèmes de résistance chez les bactéries phytopathogènes qui sont générés par l'épandage massif de tels produits antibiotiques ou anti-bactériens. De tels problèmes de résistance pourraient se voir transférer à des bactéries pathogènes des animaux voire des humains.
Il a maintenant été trouvé que l'utilisation selon la présente invention constitue une solution à tout ou partie de ces problèmes.
Ainsi, la présente invention concerne l'utilisation pour améliorer la qualité des bourgeons d'une plante pérenne par l'application d'un composé sur cette plante au moment de la période de l'initiation des boutons floraux dans la période post-florale.
De manière préférée, l'utilisation selon la présente invention met en œuvre un composé choisi parmi les composés pesticides, notamment les composés fongicides, bactéricides, herbicides, régulateurs de la croissance des plantes, insecticides ou nématicides.
De manière plus préférée, l'utilisation selon la présente invention met en œuvre un composé choisi parmi : B1 ) un composé capable d'inhiber la synthèse des acides nucléiques de type ARN tel que benalaxyl, benalaxyl-M, bupirimate, clozylacon, dimethirimol, ethirimol, furalaxyl, hymexazol, mefenoxam, metalaxyl, metalaxyl-M ofurace, oxadixyl, acide oxolinic;
B2) un composé capable d'inhiber la mitose et la division cellulaire tel que benomyl, carbendazim, diethofencarb, ethaboxam, fuberidazole, pencycuron, thiabendazole, thiophanate- methyl, zoxamide ;
B3) un composé capable d'inhiber la respiration, par exemple un inhibiteur Cl de la respiration tel que diflumetorim ; un inhibiteur CII de la respiration tel que boscalid, carboxin, fenfuram, flutolanil, furametpyr, furmecyclox, mepronil, oxycarboxin, penthiopyrad, thifluzamide ;
un inhibiteur CIII de la respiration tel que amisulbrom, azoxystrobin, cyazofamid, dimoxystrobin, enestrobin, famoxadone, fenamidone, fluoxastrobin, kresoxim-methyl, metominostrobin, orysastrobin, picoxystrobin, pyraclostrobin, trifloxystrobin ;
B4) un composé agissant comme découplant de la respiration tel que dinocap, fluazinam, meptyldinocap; B5) un composé capable d'inhiber la production d'ATP tel que fentin acétate, fentin chloride, fentin hydroxide, silthiofam;
B6) un composé capable d'inhiber la biosynthèse de protéines et la biosynthèse AA tel que andoprim, blasticidin-S, cyprodinil, kasugamycin, kasugamycin hydrochloride hydrate, mepanipyrim, pyrimethanil; B7) un composé capable d'inhiber la transmission de signaux tel que fenpiclonil, fludioxonil, quinoxyfen;
B8) un composé capable d'inhiber la synthèse lipidique et membranaire tel que biphenyl, chlozolinate, edifenphos, etridiazole, iodocarb, iprobenfos, iprodione, isoprothiolane, procymidone, propamocarb, propamocarb hydrochloride, pyrazophos, tolclofos-methyl, vinclozolin ;
B9) un composé capable d'inhiber la biosynthèse d'ergosterol tel que aldimorph, azaconazole, bitertanol, bromuconazole, cyproconazole, diclobutrazole, difenoconazole, diniconazole, diniconazole-M, dodemorph, dodemorph acétate, epoxiconazole, etaconazole, fenarimol, fenbuconazole, fenhexamid, fenpropidin, fenpropimorph, fluquinconazole, flurprimidol, flusilazole, flutriafol, furconazole, furconazole-cis, hexaconazole, imazalil, imazalil sulfate, imibenconazole, ipconazole, metconazole, myclobutanil, naftifine, nuarimol, oxpoconazole, paclobutrazol, pefurazoate, penconazole, prochloraz, propiconazole, prothioconazole, pyributicarb, pyrifenox, simeconazole, spiroxamine, tebuconazole, terbinafine, tetraconazole, triadimefon, triadimenol, tridemorph, triflumizole, triforine, triticonazole, uniconazole, viniconazole, voriconazole ;
B10) un composé capable d'inhiber la synthèse de la membrane cellulaire tel que benthiavalicarb, dimethomorph, flumorph, iprovalicarb, mandipropamid, polyoxins, polyoxorim, validamycin A;
B11 ) un composé capable d'inhiber la biosynthèse de la mélanine tel que carpropamid, diclocymet, fenoxanil, phthalide, pyroquilon, tricyclazole;
B12) un composé capable d'induire les réactions de défense de la plante tel que acibenzolar-S-methyl, probenazole, tiadinil; B13) un composé possédant une activité multi-site tel que la bouillie bordelaise, captafol, captan, chlorothalonil, naphthenate de cuivre, oxyde de cuivre, oxychlorure de cuivre, préparations à base de cuivre telles que hydroxide de cuivre, sulphate de cuivre, dichlofluanid, dithianon, dodine, base libre de dodine, ferbam, fluorofolpet, folpet, guazatine, guazatine acétate, iminoctadine, iminoctadine albesilate, iminoctadine triacetate, mancopper, mancozeb, maneb, metiram, metiram zinc, oxine-copper, propineb, soufre et préparations soufrées telles que calcium polysulphide, thiram, tolylfluanid, zineb, ziram ;
B14) un composé choisi parmi la liste: (2E)-2-(2-{[6-(3-chloro-2-methylphenoxy)-5- fluoropyrimidin-4-yl]oxy}phenyl)-2-(methoxyimino)-N-methylacetamide, (2E)-2-{2-[({[(1 E)-1 -(3- {[(E)-1 -fluoro-2-phenylvinyl]oxy}phenyl)ethylidene]amino}oxy)methyl]phenyl}-2-(methoxyimino)- N-methylacetamide, 1 -(4-chlorophenyl)-2-(1 H-1 ,2,4-triazol-1 -yl)cycloheptanol, H(4- methoxyphenoxy)methyl]-2,2-dimethylpropyl-1 H-imidazole-1 -carboxylate, 1 -methyl-N-[2-
(1 ,1 ,2,2-tetrafluoroethoxy)phenyl]-3-(trifluoromethyl)-1 H-pyrazole-4-carboxamide, 2,3,5,6- tetrachloro-4-(methylsulfonyl)pyridine, 2-butoxy-6-iodo-3-propyl-4H-chromen-4-one, 2-chloro-N- (1 ,1 ,3-trimethyl-2,3-dihydro-1 H-inden-4-yl)nicotinamide, 2-phenylphenol and salts, 3- (difluoromethyl)-i -methyl-N-[2-(1 ,1 ,2,2-tetrafluoroethoxy)phenyl]-1 H-pyrazole-4-carboxamide, 3- (difluoromethyl)-N-[(9R)-9-isopropyl-1 ,2,3,4-tetrahydro-1 ,4-methanonaphthalen-5-yl]-1 -methyl- 1 H-pyrazole-4-carboxamide, 3-(difluoromethyl)-N-[(9S)-9-isopropyl-1 ,2,3,4-tetrahydro-1 ,4- methanonaphthalen-5-yl]-1 -methyl-1 H-pyrazole-4-carboxamide, 3-(difluoromethyl)-N-[4'-(3,3- dimethylbut-1 -yn-1 -yl)biphenyl-2-yl]-1 -methyl-1 H-pyrazole-4-carboxamide, 3,4,5- trichloropyridine-2,6-dicarbonitrile, 3-[5-(4-chlorophenyl)-2,3-dimethylisoxazolidin-3-yl]pyridine, 3-chloro-5-(4-chlorophenyl)-4-(2,6-difluorophenyl)-6-methylpyridazine , 4-(4-chlorophenyl)-5- (2,6-difluorophenyl)-3,6-dimethylpyridazine, 5-chloro-7-(4-methylpiperidin-1 -yl)-6-(2,4,6- trifluorophenyl)[1 ,2,4]triazolo[1 ,5-a]pyrimidine, 8-hydroxyquinoline sulfate, benthiazole, bethoxazin, capsimycin, carvone, chinomethionat, cufraneb, cyflufenamid, cymoxanil, dazomet, debacarb, dichlorophen, diclomezine, dicloran, difenzoquat, difenzoquat methylsulphate, diphenylamine, ecomate, ferimzone, flumetover, fluopicolide, fluoroimide, flusulfamide, fosetyl- aluminium, fosetyl-calcium, fosetyl-sodium, hexachlorobenzene, irumamycin, isotianil, methasulfocarb, methyl-(2E)-2-{2-[({cyclopropyl[(4- methoxyphenyl)imino]methyl}thio)methyl]phenyl}-3-methoxyacrylate, methyl 1 -(2,2-dimethyl-2,3- dihydro-1 H-inden-1 -yl)-1 H-imidazole-5-carboxylate, methyl isothiocyanate, metrafenone,
mildiomycin N-(3',4'-dichloro-5-fluorobiphenyl-2-yl)-3-(difluoromethyl)-1 -methyl-1 H-pyrazole-4- carboxamide, N-(3-ethyl-3,5,5-trimethylcyclohexyl)-3-(formylamino)-2-hydroxybenzamide, N-(4- chloro-2-nitrophenyl)-N-ethyl-4-methylbenzenesulfonamide, N-(4-chlorobenzyl)-3-[3-methoxy-4- (prop-2-yn-1 -yloxy)phenyl]propanamide, N-[(4-chlorophenyl)(cyano)methyl]-3-[3-methoxy-4- (prop-2-yn-1 -yloxy)phenyl]propanamide, N-[(5-bromo-3-chloropyridin-2-yl)methyl]-2,4- dichloronicotinamide, N-[1 -(5-bromo-3-chloropyridin-2-yl)ethyl]-2,4-dichloronicotinamide, N-[1 - (5-bromo-3-chloropyridin-2-yl)ethyl]-2-fluoro-4-iodonicotinamide, N-[2-(1 ,3- dimethylbutyl)phenyl]-5-fluoro-1 ,3-dimethyl-1 H-pyrazole-4-carboxamide, N-{(Z)-
[(cyclopropylmethoxyJiminolie^difluoromethoxyJ^.S-difluorophenyllmethylJ^-phenylacetamide, N-{2-[1 ,1 '-bi(cyclopropyl)-2-yl]phenyl} -3-(difluoromethyl)-1 -methyl-1 H-pyrazole-4-carboxamide, N-{2-[3-chloro-5-(trifluoromethyl)pyridin-2-yl]ethyl}-2-(trifluoromethyl)benzamide, natamycin, N- ethyl-N-methyl-N'-{2-methyl-5-(trifluoromethyl)-4-[3-
(trimethylsilyl)propoxy]phenyl}imidoformamide, N-ethyl-N-methyl-N'-{2-methyl-5-
(difluoromethyl)-4-[3-(trimethylsilyl)propoxy]phenyl}imidoformamide, nickel dimethyldithiocarbamate, nitrothal-isopropyl, O-{1 -[(4-methoxyphenoxy)methyl]-2,2- dimethylpropyl}1 H-imidazole-1 -carbothioate, octhilinone, oxamocarb, oxyfenthiin, pentachlorophenol and salts, phosphorous acid and its salts, piperalin, propamocarb fosetylate, propanosine-sodium, proquinazid, pyribencarb, pyrrolnitrine, quintozene, S-allyl-5-amino-2- isopropyl-4-(2-methylphenyl)-3-oxo-2,3-dihydro-1 H-pyrazole-1 -carbothioate, tecloftalam, tecnazene, triazoxide, trichlamide, valiphenal, zarilamid.
Les composés suivants peuvent également convenir à l'application selon l'invention : bronopol, dichlorophen, nitrapyrin, dimethyldithiocarbamate de nickel, kasugamycin, octhilinone, acide furancarboxylique, oxytetracycline, probenazole, streptomycin, tecloftalam.
Selon un autre mode de réalisation de l'utilisation selon l'invention, plusieurs de ces composés peuvent être appliqués sur la plante pérenne traitée au moment de la période post-florale.
De manière toute préférée, l'utilisation selon la présente invention met en œuvre un composé choisi parmi l'acide phosphoreux et le fosetyl-AI.
De manière avantageuse, l'utilisation selon la présente invention est mise en œuvre par application débutant au moment de l'initiation du bouton floral de la plante traitée. Encore plus avantageusement, l'utilisation selon la présente invention est mise en œuvre par application réalisée au moment de l'initiation du bouton floral et de la multiplication cellulaire dans les bourgeons.
De manière également avantageuse, l'utilisation selon la présente invention est mise en œuvre par application s'achevant environ 10 semaines après avoir débuté, de préférence environ 8 semaines après avoir débuté.
Selon un mode de réalisation préférée de l'invention, le composé mis en œuvre lors de l'utilisation selon l'invention est appliqué à plusieurs reprises durant la période post-florale de la plante, au moins trois applications donnent des résultats particulièrement avantageux.
L'utilisation selon la présente invention donne également des résultats très avantageux lorsque le composé est appliqué en des quantités permettant d'atteindre une concentration, en particulier d'acide phosphoreux, au sein de la plante de 15ppm, de préférence d'au moins 30ppm.
Selon un mode de réalisation particulièrement avantageux de l'utilisation selon l'invention, du fosetyl-AI est appliqué de manière répétée, par exemple trois fois, en une quantité d'au moins 1 ,5kg/ha, de préférence d'au moins 2kg/ha, plus préférentiellement d'au moins 3kg/ha, par exemple 3,75kg/ha.
Pour son utilisation selon la présente invention, le composé mis en œuvre est généralement appliqué de manière conventionnelle pour ce qui concerne sa formulation ou le type d'application. Ainsi, le dit composé est généralement appliqué sur les parties aériennes de la plante, telles que le tronc, les tiges, les feuilles, les fruits ou les fleurs de ladite plante.
L'utilisation selon l'invention peut être mise en œuvre sur de nombreuses plantes et notamment sur le coton; le lin; la vigne; les cultures fruitières ou légumières telles que Rosaceae sp. (par exemple les cultures de fruits à pépins comme les pommiers, les poiriers mais également les cultures de fruits à noyau comme les abricotiers, les cerisiers, les pruniers, les griottiers, les amandiers, les pêchers) ; Ribesioidae sp., Juglandaceae sp., Betulaceae sp., Anacardiaceae sp., Fagaceae sp., Moraceae sp., Oleaceae sp., Actinidaceae sp., Lauraceae sp., Musaceae sp. (par exemple les cultures bananières ou de plantains), Rubiaceae sp., Theaceae sp., Sterculiceae sp., Rutaceae sp. (par exemple les cultures de citronniers, d'orangers ou de pamplemousses) ; les cultures légumières, Umbelliferae sp., Cruciferae sp., Chenopodiaceae sp., Cucurbitaœae sp., Rosaceae sp. (par exemple les fraises); les cultures industrielles ou
céréalières ; Solanaceae sp. (par exemple la pomme de terre), Chenopodiaceae sp.; les cultures horticoles, arbustives et forestières ; Ericaceae sp. (par exemple le rhododendron) ; Azalea sp ; ainsi que les homologues génétiquement modifiés de ces cultures. De telles plantes génétiquement sont des plantes dont le génome comprend un gène hétérologue codant pour une protéine d'intérêt a été inséré de manière stable. Un gène hétérologue codant pour une protéine d'intérêt permet principalement d'apporter de nouvelles propriétés agronomiques à la plante modifiée ou bien d'améliorer les qualités agronomiques de cette plante modifiée. De préférence, l'utilisation selon l'invention est mise en œuvre sur les cultures fruitières par exemple les cultures de fruits à pépins comme les pommiers, les poiriers mais également les cultures de fruits à noyau comme les abricotiers, les cerisiers, les pruniers, les griottiers, les amandiers, les pêchers.
La quantité de composé employée pour l'utilisation selon l'invention peut varier, notamment du fait des pathogènes visés, du type de culture, les conditions climatiques ainsi que selon le type même de composé mis en œuvre. Cette quantité peut par exemple être déterminée par des essais systématiques au champ, à la portée de l'homme du métier.
Il est important que la quantité employée soit efficace mais également qu'elle ne soit pas phytotoxique pour la plante traitée. Ainsi, une telle quantité ne devrait entraîner aucun symptôme notable de phytotoxicité sur ladite plante. Selon le composé employé, la quantité mise en œuvre pour l'utilisation selon l'invention peut généralement aller de 2 à 8 OOOg/ha, de préférence de 20 à 4 OOOg/ha.
L'utilisation selon l'invention est maintenant illustrée par un exemple particulier qui n'a pas pour seul objet que de donner un mode de réalisation particulier de cette utilisation sans en limiter la portée ni l'étendue.
Exemple 1 : Utilisation contre les boutons floraux dépéris sur poiriers (variété Conférence)
Introduction
Au cours d'une période consécutive de trois ans, une étude a été effectuée sur jeunes poiriers
(cultivar de poires Conférence) dans un verger sensible.
Matériel et méthode
Durant trois années consécutives 2004, 2005 et 2006, un essai a été mis en oeuvre sur jeunes poiriers du cultivar Conférence sur porte-greffe Quince Adams. Les poiriers de ce verger ont été plantés en 1999 selon le système d'une rangée simple à une distance de plantation de 3,5 m entre les rangées et de 1 ,5m dans la rangée avec une hauteur d'arbre de 3m.
Au cours de l'essai 2004, trois produits ont été comparés dans un dessin de bloc arbitraire avec 10 arbres par parcelle en quatre répétitions : les observations ont été réalisée sur les 8 arbres intérieurs à la parcelle. En 2004, les produits suivants étaient inclus dans cet essai : fosetyl-AI (produit Aliette) à une dose variant entre 2 et 3,75 kg/ha de verger standard (correspondant à une dose variant de 1 ,33 à 2,50 kg/ha de surface foliaire), benzothiadiazole (produit Bion) à une dose de 200g/ha de verger standard (correspondant à une dose de 133g/ha de surface foliaire pour tenir compte du volume d'application) et phosphonate potassium (ou acide phosphoreux) à deux doses : l'une de 11 ,25 l/ha de verger standard (correspondant à une dose de 7,50 l/ha de surface foliaire) avec l'intention d'appliquer la même quantité de phosphonate par ha comme dans la parcelle traitée avec le fosetyl-AI appliqué à 3,75 kg/ha et à une dose plus basse de 3,00 l/ha de verger standard (correspondant à une dose de 2,00 l/ha de surface foliaire). Les applications étaient positionnées dans la période post florale à un intervalle de 10 jours. En 2005, les mêmes applications ont été répétées sur les mêmes arbres. Du fait d'une certaine phytotoxicité observée après les applications en 2004, les traitements au potassium phosphonate n'étaient pas répétés.
En 2006, l'essai complet était répété sur de nouveaux arbres dans le même verger. Les doses de fosetyl-AI variant entre 2 et 3,75 kg/ha de verger standard (correspondant à des doses variant de 1 ,33 et 2,50 kg/ha de surface foliaire) étaient appliquées dans la période post florale durant les mois de mai et juin à un intervalle de 5 ou 10 jours entre les traitements. Le benzothiadiazole appliqué à une dose de 200g/ha de verger standard (correspondant à une dose de 133g/ha de surface foliaire) était inclus comme produit de référence en vue d'induire des réactions de défense végétale par les arbres.
Après un an au cours de la floraison, l'effet des traitements sur la qualité du bouton floral a été évalué. L'analyse statistique des différents paramètres est effectuée (suite Unistat Statistical Package, version 5.5). Les données originales ou transformées sont analysées selon le Modèle Linéaire Général et les moyennes de traitements sont séparées de manière standard en utilisant le test de classement multiple de Duncan (niveau 5%).
En 2006, la magnitude des niveaux de résidus du fosetyl-AI et de I' acide phosphoreux dans les boutons floraux en développement était suivie dans trois parcelles : dans la parcelle non-traitée de contrôle, dans la parcelle traitée au fosetyl-AI selon 3 x 3,75kg/ha (application le 18/05, le 30/05 et le 08/06) et dans la parcelle traitée au fosetyl-AI selon 6 x 2.0 kg/ha (application le 18/05, le30/05, le 08/06, le 19/06, le 29/06 et le 10/07).
A chaque date (à l'exception de la première date d'échantillonnage), 40 boutons floraux avec les feuilles alentour étaient rassemblés. A la première date d'échantillonnage 40 boutons floraux étaient rassemblés sans feuilles.
Les échantillons des boutons floraux étaient pris avant le traitement suivant aux dates suivantes : le 30/05, le 08/06, le 19/06, le 28/06, le 10/07 et le 28/08. Pour les deux produits fosetyl-AI et l'acide phosphoreux, les taux des résidus dans les boutons floraux étaient déterminés à l'aide d'une méthode d'analyse LC-MS-MS. La limite de quantification (LOQ) était de 0,1 mg/kg pour le fosetyl-AI, de 2mg/kg pour l'acide phosphoreux et de 3mg/kg pour le résidu total exprimé en équivalent de fosetyl-AI. Le résidu total est la somme des résidus issus du fosetyl-AI et de l'acide phosphoreux exprimé en équivalent de fosetyl-AI.
Les résultats sont calculés selon la formule suivante :
Mfosetyl- Al X RésiduacidephosphorβlX (mg/kg)
Résidutθtal(mg/kg) = RésidufθSΘtyl- Al(mg/kg) + -
3 x Macidephosphoreix
dans laquelle :
Mf0Setyi-Ai représente la masse moléculaire du fosetyl-AI : 354,1 g/mol Macιde phosphoreux représente la masse moléculaire de l'acide phosphoreux : 82g/mol; multiplié par 3, puisque 1 mol de fosetyl-AI correspond à 3mol d'acide phosphoreux.
Pour les échantillons de boutons de poires, les résidus du fosetyl-AI et de l'acide phosphoreux sont extraits à l'aide d'un mélange d'acétonitrile/eau (50:50, v/v). Après la centrifugation et la dilution du matériel d'échantillonnage, les résidus sont quantifiés par HPLC et détectés par spectrométrie de masse tandem avec ionisation d'électropulvérisation. La quantification est effectuée par standardisation externe. L'analyse statistique est réalisée par paramètre sur l'ensemble complet des données des différentes dates d'échantillonnage.
Résultats
Le tableau 1 présente le pourcentage de boutons floraux de bonne qualité comme résultat des traitements 2004. L'année suivante, en 2005, 66% des boutons floraux sur les arbres dans la parcelle de contrôle non traitée sont des boutons normaux, bien développés et avec 5 à 7 fleurs par bouton et avec des feuilles en rosette autour des boutons floraux. Les données démontrent que les deux parcelles traitées à l'acide phosphoreux (ayant comme origine le fosetyl-AI ou l'acide phosphoreux lui-même) montrent une qualité du bouton floral accrue de façon significative (>88% de boutons de bonne qualité). La parcelle traitée au fosetyl-AI à 3,75kg/ha cumule les meilleurs résultats d'efficacité et d'absence de phytotoxicité permettant donc la
meilleure optimisation de la production fruitière. Les résultats conduisent à une activité insuffisante du benzothiadiazole employé comme produit de référence
L'addition d'un traitement supplémentaire avec du fosetyl-AI après la récolte permet d'aboutir à des résultats comparables à ceux obtenus après les seuls traitements post floraux.
Le tableau 1 présente également le nombre de boutons floraux incomplets par arbre dans les parcelles ayant reçu de l'acide phosphoreux, ces données montrent une réduction significative dans la formation de boutons floraux incomplets. Dans la parcelle non traitée, 26 boutons floraux incomplets ont été dénombrés par arbre, cela signifie des boutons floraux sans feuille ou avec un nombre limité de fleurs par cluster. Pour les arbres ayant reçu de l'acide phosphoreux, ce nombre était réduit jusqu'à environ 8 boutons floraux incomplets par arbre.
Tableau 1 : Formation du bouton floral 2005 comme résultat des traitements effectués en 2004 AH : after harvest (après récolte); Nb : nombre
Le tableau 2 présente le pourcentage de boutons floraux de bonne qualité comme résultat des traitements 2004 et 2005. Le 13/02/2006, une première observation a été faite au cours de la saison de dormance et à ce moment, les qualités externes du bouton floral étaient comparables. En 2006, au cours de la floraison, une deuxième observation a eu lieu montrant que 58% des boutons floraux sur le bois de deux ans étaient des boutons normaux, bien développés avec 5 à 7 fleurs par bouton et des feuilles autour des boutons floraux. Dans les parcelles traitées avec du fosetyl-AI à 3 x 3,75kg/ha en mai ou 6 x 3,75kg/ha en mai et en juin, le pourcentage de boutons floraux de bonne qualité a augmenté jusqu'à 86% et 92% respectivement. Plus tôt au
cours de la floraison primaire en 2005, le positionnement des traitements au fosetyl-AI a eu pour résultat un pourcentage plus bas de 75% seulement de boutons floraux de bonne qualité en 2006. Une évaluation détaillée de la qualité du bouton floral sur les différents âges du bois de fructification indique que la qualité réduite du bouton floral est plus fréquente sur les boutons floraux du bois de deux ans. Sur le bois d'un an en position latérale et en position terminale, la qualité du bouton floral peut être moins influencée par les traitements au fosetyl-AI. En 2006, les différences en qualité du bouton floral observées au début de la saison ont abouti à un nombre plus élevé de fruits par arbre à la fin de la saison dans les parcelles traitées au fosetyl- AI au cours de mai ou de mai-juin (tableau 3). Les résultats étaient une productivité plus élevée en kg par arbre.
Tableau 2 : Formation du bouton floral 2006 comme résultat des traitements effectués en 2004 et 2005 au niveau de l'arbre et au niveau des branches avec évaluation séparée des branches sur le bois de 2 ans (2vw) et sur le bois d'1 an en position latérale (1vwL) et terminale (1 vwT)
Tableau 3 : Productivité des poiriers 2006 comme résultat des traitements effectués en 2004 et 2005 - Nb: nombre
Le tableau 4 présente les pourcentages des boutons floraux bien développés, dépéris ou incomplets en 2007 comme résultat des traitements effectués en 2006. Un bouton floral bien développé contenait 5 à 7 fleurs par cluster en présence de feuilles bien développées autour du cluster. Un bouton incomplet ne contenait que 2 à 3 fleurs par cluster sans la présence de feuilles autour du cluster. Dans la parcelle non traitée, 44,7 de boutons floraux sont bien développés. Les traitements au fosetyl-AI, en mai à 3 x 3,75 kg/ha avec un intervalle de 10 jours ou à 6 x 2kg/ha avec un intervalle de 5 jours, ont augmenté le pourcentage de boutons floraux bien développés jusqu'à 59%. Les traitements au fosetyl-AI, en juin à 3 x 3,75 kg/ha avec un intervalle de 10 jours ou à 6 x 2kg/ha avec un intervalle de 5 jours, ont augmenté le pourcentage de boutons floraux bien développés jusqu'à 62,5%, respectivement 63,5%. Les traitements au fosetyl-AI répétés à 6 x 2kg/ha appliqués au cours de la période mai-juin avec un intervalle de 10 jours ont mené à un pourcentage de 61 ,2% de boutons floraux bien développés. Les pourcentages de boutons floraux dépéris ou incomplets étaient significativement réduits dans tous les objets traités au fosetyl-AI sans différences distinctes entre les différents schémas d'application. Cela signifie que les différentes applications de fosetyl-AI en période post florale en 2006 ont eu pour résultat une augmentation importante de la qualité du bouton floral en 2007.
Tableau 4 : Formation du bouton floral 2007 comme résultat des traitements effectués en 2006
Les tableaux 5a, 5b, 5c présentent les niveaux des résidus de l'acide phosphoreux et du fosetyl-AI ainsi que le résidu total mesuré dans les boutons floraux au cours de la saison 2006 pour la parcelle non traitée de contrôle en comparaison avec la parcelle traitée au fosetyl-AI à 3 x 3,75kg/ha avec un intervalle de 10 jours en mai et la parcelle traitée au fosetyl-AI à 6 x 2kg/ha avec un intervalle de 10 jours en mai et en juin. Les échantillonnages ont été réalisés aux dates
suivantes : 30/05, 08/06, 19/06, 28/06, 10/07 et 28/08/2006. Les échantillons de boutons de poirier ont été prélevés avant les traitements.
Tableau 5a : Résidu de l'acide phosphoreux en mq/kq par date d'échantillonnage
Tableau 5b : Résidu du fosetyl-AI en mq/kq par date d'échantillonnage
Tableau 5c : Résidu total (fosetyl-AI + acide phosphoreux) en mq/kq par date d'échantillonnage
Discussion
Les résultats de l'évaluation de la qualité du bouton floral indiquent qu'il y a une augmentation manifeste de la qualité du bouton floral dans les objets traités au phosphonate (fosetyl-AI ou acide phosphoreux).
Un ensemble de facteurs peuvent intervenir au cours de ce phénomène : par exemple infections bactériennes causées par Pseudomonas syringae pv syringae ou par Pantoaea sp
(non systématiquement isolées dans les boutons de poirier) ; infections fongiques causées par Alternaria alternats ; influences climatologiques.
Lors de ces essais, la meilleure période d'application des traitements au fosetyl-AI pour résoudre le problème des boutons floraux dépéris sur poirier est la période post florale. C'est la période au cours de laquelle les boutons floraux sur le bois de deux ans sont formés. Il s'avère important d'améliorer la résistance végétale au cours du stade précoce du développement du bouton floral. La caractéristique systémique du produit fosetyl-AI peut également constituer un aspect important pour la pénétration du produit dans les feuilles autour des méristèmes en développement à l'intérieur des boutons floraux sur le bois de deux ans.
Au cours de l'essai 2006, les taux résiduels de l'acide phosphoreux et du fosetyl-AI dans les boutons floraux en développement étaient suivis. Les échantillons des boutons floraux étaient prélevés avant le traitement suivant. Les données indiquent qu'après les traitements, on constate une augmentation substantielle de la teneur d'acide phosphoreux dans les boutons floraux. Il y a une différence distincte entre l'objet avec une dose plus élevée après traitement au fosetyl-AI à 3 x 3,75kg/ha et l'objet avec des traitements au fosetyl-AI à une dose plus basse répétée de 2kg/ha. Dans le premier objet, le résidu de phosphonate augmente après le dernier traitement et il faut environ 4 semaines avant que le résidu tombe au-dessous de la valeur de 30mg/kg. Dans l'objet avec les doses plus basses répétées de 2kg/ha, il faut environ 2 semaines après le dernier traitement pour que le résidu descende au-dessous de 30mg/kg. De plus, le taux de résidu de fosetyl-AI a été maintenu pendant environ 4 semaines après le dernier traitement au fosetyl-AI à une dose de 3,75kg/ha. Le taux résiduel de l'acide phosphoreux au cours de la période de formation des boutons floraux sur le bois de deux ans est maintenu dans la plante.
Conclusion
Les traitements répétés au fosetyl-AI sur les poiriers dans la période post florale ont significativement amélioré la qualité des boutons floraux pour l'année suivante. Une dose répétée de 3 x 3,75kg/ha, appliquée dans la période post florale avec un intervalle de 10 jours est la plus avantageuse.
L'effet résiduel des traitements au fosetyl-AI sur le contenu d'acide phosphoreux à l'intérieur des boutons floraux jusqu'à quatre semaines après le dernier traitement est également particulièrement avantageux.