L'invention concerne la sidérurgie, et plus précisément, la fabrication
de pièces en acier pouvant être, notamment, utilisées en construction
mécanique et mises en forme par le procédé appelé « thixoforgeage ».
Le thixoforgeage appartient à la catégorie des procédés de mise en
forme des métaux à l'état semi-solide.
Ce procédé consiste à réaliser une déformation importante sur un
lopin chauffé entre le solidus et liquidus. Les aciers utilisés pour ce procédé
sont ceux classiquement utilisés pour la forge à chaud auxquels on fait, si
nécessaire, préalablement subir une opération métallurgique consistant à
globuliser la structure primaire classiquement dendritique. En effet, cette
structure primaire dendritique n'est pas adaptée aux opérations de
thixoforgeage. Au cours du chauffage jusqu'à des températures comprises
entre le solidus et le liquidus, la micro-ségrégation existante entre les dendrites
et les espaces inter-dendritiques va entraíner la fusion de l'acier
préférentiellement dans ces espaces inter-dendritiques. Lors de l'opération de
mise en forme de cet enchevêtrement de liquide et de solide, la phase liquide
va, dans un premier temps, être éjectée lors du début de l'application de l'effort.
Il faudra donc déformer la phase solide et un résidu de liquide en grande partie
séparé de la phase solide, ce qui entraínera une augmentation des efforts. Pour
une opération de déformation dans ces conditions, le résultat obtenu est
mauvais : ségrégations importantes, défauts internes.
En revanche, lorsque le thixoforgeage est effectué sur un acier à
structure globulaire, porté à l'état semi-solide par un chauffage à une
température comprise entre le liquidus et le solidus, les particules globulaires
solides sont réparties de façon uniforme dans la phase liquide. En optimisant le
choix de la proportion solide/liquide, on peut obtenir un matériau présentant une
vitesse de déformation élevée sous l'effet d'une importante contrainte de
cisaillement. Il présente donc une très haute déformabilité.
Il est cependant possible, dans certains cas, d'obtenir la structure
globulaire désirée au cours du chaufffage préalable au thixoforgeage, sans
avoir recours à une opération de globulisation de la structure primaire séparée.
C'est le cas, notamment, lorsqu'on opère sur des lopins issus de barres
laminées provenant de blooms de coulée continue ou de lingots. Les multiples
réchauffages et les déformations importantes subis par l'acier ont alors conduit
à une structure très imbriquée et diffuse où une structure primaire est
pratiquement impossible à révéler. Elle permet d'obtenir une structure
globulaire de la phase solide pendant le chauffage préalable au thixoforgeage.
Le thixoforgeage permet, par rapport aux procédés classiques de
forgeage à chaud, de réaliser en une seule opération de déformation des
pièces de géométrie complexe pouvant présenter des parois minces (1 mm ou
moins), et ce avec de très faibles efforts de mise en forme. En effet, sous
l'action d'efforts externes, les aciers adaptés pour une opération de
thixoforgeage se comportent comme des fluides visqueux.
Pour les aciers de construction mécanique, dont la teneur en
carbone peut varier de 0,2% à 1,1%, la température de chauffage nécessaire à
la déformation par le procédé de thixoforgeage est, par exemple, de 1430°C +
50°C = 1480°C pour une nuance C38 (température de solidus mesurée + 50°C
pour obtenir le bon rapport phase liquide/phase solide nécessaire à la
déformation) et de 1315°C + 50°C = 1365°C pour une nuance 100Cr6.
La température de chauffage et la quantité de phase liquide formée
sont des paramètres importants du procédé de thixoforgeage. La facilité
d'obtention de la « bonne » température et l'intervalle de dispersion
envisageable autour de cette température pour limiter les variations de la
quantité de phase liquide dépendent de l'intervalle de solidification. Plus cet
intervalle est grand, plus il est facile de régler les paramètres de chauffage.
Par exemple, cet intervalle de solidification mesuré est de 110°C
pour une nuance C38 et de 172°C pour la nuance 100Cr6. Il est donc beaucoup
plus facile de travailler avec cette dernière nuance qui présente, de plus, une
température de solidus basse : 1315 °C.
Les températures de mise en forme très élevées et les vitesses de
déformation importantes qui sont utilisées dans le procédé de thixoforgeage,
conduisent à solliciter thermiquement les outils de déformation dans des
conditions fréquemment extrêmes. Ceci conduit à utiliser pour ces outillages
des alliages ayant de très hautes caractéristiques mécaniques à chaud, ou des
matériaux céramiques. Les difficultés de réalisation de certaines géométries ou
d'outils (inserts) de volume importants et les coûts de réalisation de ceux-ci
peuvent freiner le développement du procédé de thixoforgeage.
Le but de l'invention est de proposer de nouvelles nuances d'acier
mieux adaptées au thixoforgeage que celles classiquement utilisées, en ce
qu'elles permettraient d'abaisser la température de mise en forme, donc de
procurer une moindre sollicitation thermique des outils de déformation, et en ce
qu'elles amélioreraient le comportement de l'acier lors du thixoforgeage. Ces
nouvelles nuances ne devraient pas, par ailleurs, dégrader les propriétés
mécaniques des pièces obtenues.
A cet effet, l'invention a pour objet un acier pour construction
mécanique, caractérisé en ce que sa composition est, en pourcentages
pondéraux :
- 0,35 ≤ C ≤ 2,5%
- 0,10% ≤ Mn ≤ 2,5%
- 0,60% ≤ Si ≤ 3,0%
- traces ≤ Cr ≤ 4,5%
- traces ≤ Mo ≤ 2,0%
- traces ≤ Ni ≤ 4,5%
- traces ≤ V ≤ 0,5%
- traces ≤ Cu ≤ 4% avec Cu ≤ Ni % + 0,6 Si %, si Cu ≥ 0,5%
- traces ≤ Al ≤ 0,060%
- traces ≤ Ca ≤ 0,050%
- traces ≤ B ≤ 0,01 %
- traces ≤ S ≤ 0,200%
- traces ≤ Te ≤ 0,020%
- traces ≤ Se ≤ 0,040%
- traces ≤ Pb ≤ 0,070%
- traces ≤ Nb ≤ 0,050%
- traces ≤ Ti ≤ 0,050%
le reste étant du fer et des impuretés résultant de l'élaboration.
De préférence, le rapport Mn%/Si% est supérieur ou égal à 0,4.
L'acier peut contenir également traces ≤ P%≤ 0,200%, traces ≤ Bi ≤
0,200 %, traces ≤ Sn ≤ 0,150%, traces ≤ As ≤ 0,200 %, traces ≤ Sb ≤ 0,150 %,
avec P % + Si % + Sn % +As % + Sb % ≤ 0,200 %.
L'invention a également pour objet un procédé de mise en forme à
chaud d'une pièce d'acier, caractérisé en ce que :
- on se procure un lopin d'acier de la composition précédente ;
- on lui applique éventuellement un traitement thermique lui procurant
une structure primaire globulaire ;
- on le réchauffe à une température intermédiaire entre sa
température de solidus et sa température de liquidus, dans des conditions telles
que la fraction solide présente une structure globulaire ;
- on réalise un thixoforgeage dudit lopin pour obtenir ladite pièce ;
- et on effectue un refroidissement de ladite pièce.
Ledit thixoforgeage a de préférence lieu dans une zone de
températures où la fraction de matière liquide présente dans le lopin est
comprise entre 10 et 40%.
Ledit refroidissement est de préférence effectué à l'air calme, ou à
une vitesse inférieure à celle que procurerait un refroidissement naturel à l'air.
Comme on l'aura compris, l'invention consiste essentiellement à
augmenter sensiblement la teneur en silicium des nuances d'acier
habituellement utilisées pour fabriquer des pièces par thixoforgeage.
En effet, cet ajout de silicium permet d'abaisser la température de
solidus et, dans une moindre mesure, la température de liquidus. En
conséquence, on diminue la température à laquelle le thixoforgeage de l'acier
peut être réalisé, à fraction liquide égale. De plus, on augmente l'ampleur de
l'intervalle de solidification, ce qui va dans le sens d'une plus grande facilité de
la réalisation du thixoforgeage puisque la précision sur la température de
l'opération devient moins critique. D'autre part, le silicium a la propriété
d'améliorer la fluidité du métal.
De préférence, il faut respecter un rapport Mn%/Si% supérieur ou
égal à 0,4. En effet, si la fluidité est élevée à cause d'une forte teneur en
silicium, (par exemple 1% ou davantage), une teneur en manganèse trop faible
procure au métal des propriétés mécaniques insuffisantes au cours du
refroidissement lors de la coulée continue, d'où un risque d'apparition de
fissures. De telles fissures peuvent également apparaítre, pour les mêmes
raisons, lors du refroidissement suivant le thixoforgeage, d'autant plus que les
fortes variations d'épaisseur de la pièce conduisent à des écarts notables sur
les vitesses de refroidissement locales. On crée ainsi des contraintes
susceptibles de favoriser l'apparition de fissures si les propriétés mécaniques
de l'acier sont insuffisantes.
Selon une variante de l'invention, cette addition de silicium se
conjugue à une addition d'autres éléments qui, comme le silicium, peuvent
ségréger aux joints de grains : phosphore, bismuth, étain, arsenic, antimoine.
L'invention sera mieux décrite à la lecture de la description qui suit,
donnée en référence aux figures annexées suivantes :
- la figure 1 qui montre la proportion de phase liquide en fonction de
la température dans un premier acier de référence et dans un premier acier
selon l'invention qui en dérive ;
- la figure 2 qui montre la proportion de phase liquide en fonction de
la température dans un second acier de référence et dans un second acier
selon l'invention qui en dérive.
Pour diminuer les sollicitations des outils lors du thixoforgeage et
rendre celui-ci plus facile, l'homme du métier dispose d'une première solution
qui consiste, comme on l'a dit, à abaisser les températures de travail grâce à un
ajout de carbone. Cette solution permet d'abaisser les températures de liquidus
et de solidus. Elle présente cependant l'inconvénient d'influer sensiblement sur
les propriétés mécaniques de l'acier.
Les inventeurs ont imaginé qu'un effet bénéfique sur les sollicitations
des outils de forgeage pouvait être obtenu par l'ajout d'éléments présentant une
forte tendance à la ségrégation aux joints de grains : silicium, phosphore,
bismuth, étain, arsenic et antimoine.
Cette forte ségrégation n'est habituellement pas recherchée.
En effet la fusion de telles zones ségrégées à une température plus
basse que le solidus, généralement appelée température de brûlure, est
néfaste aux opérations de formage à chaud classiques, laminage et forgeage.
Pour une température de forgeage ou de laminage donnée,
inférieure à la température de solidus pour la matrice du métal à déformer, la
présence de zones liquides dues à des éléments ségrégeants à bas points de
fusion, même avec de très faibles volumes (quelques %), aux joints de grains
solides va conduire à la désagrégation de la matière mise en forme. C'est la
partie solide qui pilote les mécanismes de déformation pour ces procédés de
mise en forme, et les efforts nécessaires à la mise en forme conduisent à des
ruptures de matière (totales ou partielles) néfastes à la réalisation du produit et
à ses propriétés. Dans le cas où la phase liquide est supérieure à 10%, ce qui
est le cas dans le thixoforgeage, le matériau est biphasé, ce qui entraíne un
comportement très différent lors de la déformation : les particules solides sont
incluses dans du liquide, et s'il existe des contacts (appelés ponts) entre les
particules solides, les efforts très faibles nécessaires à leurs ruptures ne sont
pas des causes de ruine du matériau.
Dans le cas du thixoforgeage où la température de brûlure est
largement dépassée, la fusion des zones ségrégées crée des poches liquides
qui favorisent et accélèrent la formation de la phase liquide au sein de l'acier.
On a donc intérêt à la favoriser.
Grâce à l'invention on peut ainsi obtenir la quantité de phase liquide
nécessaire au bon déroulement du thixoforgeage à une température inférieure
à celle habituellement nécessaire lorsqu'on ne procède pas à l'ajout d'au moins
un des éléments cités précédemment, et notamment de silicium.
La teneur en carbone des aciers selon l'invention peut varier entre
0,35% et 2,5%. A cette condition, on peut obtenir des structures métalliques,
des propriétés mécaniques et des propriétés d'usage désirables pour des
pièces d'acier thixoforgées utilisables en construction mécanique. La teneur en
carbone doit être choisie en fonction de l'utilisation envisagée.
La teneur en silicium des aciers de l'invention peut varier entre 0,60
et 3%. Comme le carbone, le silicium permet d'abaisser les températures de
solidus et de liquidus et d'élargir l'intervalle de solidification. Il a aussi un effet
synergétique sur la ségrégation des autres éléments. Il permet également
d'améliorer la fluidité du métal. Pour les raisons que l'on a dites, il est préférable
que le rapport Mn%/Si% soit supérieur ou égal à 0,4.
La teneur en manganèse peut être comprise entre 0,10 et 2,5%. Elle
doit être ajustée en fonction des propriétés mécaniques requises, en liaison
avec les teneurs en carbone et silicium. Elle influe relativement peu sur les
températures de liquidus et de solidus. L'obtention d'un rapport Mn%/Si%
optimal peut conduire à devoir augmenter sensiblement la teneur en
manganèse conjointement à la teneur en silicium par rapport aux aciers de
référence, toutes choses étant égales par ailleurs.
La teneur en chrome peut être comprise entre des traces et 4,5%.
La teneur en molybdène peut être comprise entre des traces et
4,5%.
La teneur en nickel peut être comprise entre des traces et 4,5%.
Le réglage des teneurs en chrome, molybdène et nickel permet
d'assurer les propriétés mécaniques des pièces réalisées : résistance à la
rupture, limite d'élasticité et résilience.
La teneur en vanadium est comprise entre des traces et 0,5%. Pour
certaines applications où la résilience n'est pas importante, cet élément permet
d'obtenir des aciers à très hautes caractéristiques mécaniques pouvant se
substituer à des aciers riches en chrome et/ou molybdène et/ou nickel, plus
coûteux.
La teneur en cuivre peut être comprise entre des traces et 4,0%. Cet
élément permet d'augmenter les caractéristiques mécaniques, d'améliorer la
tenue à la corrosion et d'abaisser la température de solidus. Il faut noter que si
le cuivre est présent en quantités élevées (0,5% et davantage), il faut que le
nickel et/ou le silicium soient présents en quantité suffisante pour éviter des
problèmes au laminage à chaud ou au forgeage. On considère que si Cu% ≥
0,5%, il faut que Cu% ≤ Ni% + 0,6 Si%.
Les teneurs en aluminium et calcium, éléments désoxydants, sont
comprises entre des traces et, respectivement, 0,060% pour l'aluminium et
0,050% pour le calcium.
Le bore, élément trempant, a sa teneur comprise entre des traces et
0,010%.
La teneur en soufre est comprise entre des traces et 0,200%. Une
teneur élevée favorise l'usinabilité du métal, en particulier si on lui adjoint des
éléments tels que le tellure (jusqu'à 0,020%), le sélénium (jusqu'à 0,040%) et
le plomb (jusqu'à 0,070%). Ces éléments d'usinabilité n'ont que peu d'influence
sur les températures de solidus et de liquidus. Lorsque du soufre est ajouté en
quantité notable, il est bon d'avoir un rapport Mn%/S% d'au moins 4 pour que le
laminage à chaud s'effectue sans formation de défauts.
Le niobium et le titane, lorsqu'ils sont ajoutés, permettent de
maítriser la taille des grains. Leurs teneurs maximales admissibles sont de
0,050%.
En ce qui concerne les éléments ségrégeants autres que le silicium
dont la présence peut être conseillée, ces éléments peuvent être présents seuls
ou en combinaison. S'ils sont seuls (c'est-à-dire que les autres éléments de la
liste ne sont présents qu'à l'état de traces), pour qu'un effet significatif soit
obtenu, il doit y avoir au moins 0,050% de phosphore, ou 0,050% de bismuth,
ou 0,050% d'étain, ou 0,050% d'arsenic ou 0,050% d'antimoine.
La somme des éléments phosphore, bismuth, étain, arsenic et
antimoine doit être de préférence supérieure à 0,050% et ne doit pas dépasser
0,200% pour éviter les problèmes précités lors du laminage à chaud ou du
forgeage permettant d'obtenir le lopin destiné à subir le thixoforgeage.
Bien entendu, en cas d'addition d'arsenic lors de l'élaboration du
métal liquide, toutes les précautions nécessaires doivent être prises pour que
les vapeurs toxiques dégagées soient captées de manière à ne pas intoxiquer
le personnel de l'aciérie. Dans les faits, la présence d'arsenic résulte le plus
souvent de l'addition de cuivre ou d'étain, que l'arsenic accompagne
généralement à titre d'impureté. Comme l'arsenic est un élément très fortement
ségrégeant, il est nécessaire de le prendre en compte pour s'assurer qu'en
conjugaison excessive avec les autres éléments ségrégeants, il ne conduise
pas aux effets néfastes à la transformation à chaud qui ont été cités.
Le tableau 1 expose les compositions d'un premier couple formé par
un acier de référence et un acier selon l'invention qui en dérive.
Composition d'un acier de référence et d'un acier selon l'invention (en % pondéraux) |
| C | Mn | Si | Cr | Mo | Ni | Cu | S | P | Ti | Al |
Référence | 0.962 | 0.341 | 0.237 | 1.5 | 0.017 | 0.089 | 0.161 | 0.01 | 0.009 | 0.002 | 0.037 |
Invention | 1.111 | 1.005 | 1.53 | 1.44 | 0.003 | 0.164 | 0.137 | 0.008 | 0.003 | 0.0027 | 0.039 |
Par rapport à l'acier de référence, on voit qu'outre l'addition très
importante de silicium, la teneur en manganèse a été sensiblement augmentée
pour rétablir un rapport Mn%/Si% conforme aux exigences préférentielles de
l'invention.
La figure 1 représente la proportion de phase liquide en fonction de
la température dans ces deux aciers.
Les températures de solidus mesurées sont de 1315°C pour l'acier
de référence et 1278°C pour l'acier de l'invention.
Les températures de liquidus mesurées sont respectivement de
1487°C et 1460°C. Les intervalles de solidification pour ces deux aciers ont
donc des largeurs respectives de 172°C et 182°C. D'autre part, l'intervalle de
températures dans lequel la fraction liquide de l'acier est comprise entre 10 et
40% et qui est habituellement considéré comme le plus favorable au
thixoforgeage est :
- pour l'acier de référence, de 1370 à 1422°C ;
- pour l'acier de l'invention, de 1328 à 1388°C.
On observe donc un abaissement de l'ordre de 30 à 40°C de cet
intervalle, et un élargissement de 8°C de son ampleur, toutes choses qui vont
dans le sens d'une moindre sollicitation des outils lors du thixoforgeage, et
d'une plus grande facilité d'obtention de conditions favorables au bon
déroulement de l'opération. Cet effet serait accentué si on ajoutait également
d'autres éléments ségrégeants que le silicium dans les limites qui ont été dites.
Le tableau 2 expose les compositions d'un second couple formé par
un acier de référence et un autre acier selon l'invention qui en dérive.
Composition d'un acier de référence et d'un acier selon l'invention (en % pondéraux) |
| C | Mn | Si | Cr | Mo | Ni | Cu | P | S | Al |
Référence | 0.377 | 0.825 | 0.19 | 0.167 | 0.039 | 0.113 | 0.143 | 0.007 | 0.009 | 0.022 |
Invention | 0.385 | 1.385 | 0.65 | 0.193 | 0.029 | 0.087 | 0.110 | 0.008 | 0.051 | 0.025 |
Par rapport à l'acier de référence, là encore la teneur en manganèse
a été augmentée dans l'acier selon l'invention et pour les mêmes raisons que
dans l'exemple précédent, mais dans des proportions moindres puisque la
teneur en silicium de cet acier se situe dans le bas de la gamme exigée par
l'invention.
La figure 2 représente la proportion de phase liquide en fonction de
la température dans ces deux aciers.
Les températures de solidus mesurées sont de 1430°C pour l'acier
de référence et de 1415°C pour l'acier de l'invention. Les températures de
liquidus mesurées sont respectivement de 1528°C et 1515°C. Les intervalles de
solidification pour ces deux aciers ont donc des largeurs respectives de 98°C et
100°C. D'autre part, l'intervalle de température dans lequel la fraction liquide de
l'acier est comprise entre 10% et 40% est :
- pour l'acier de référence, de 1470°C à 1494°C ;
- pour l'acier de l'invention, de 1437°C à 1469°C.
L'abaissement de cet intervalle est de l'ordre de 30°C, et son
ampleur est élargie de 8°C, ce qui est favorable à une moindre sollicitation des
outils lors du thixoforgeage. Là encore, cet effet pourrait être accentué
(notamment par un élargissement de cet intervalle) avec une addition
supplémentaire d'éléments ségrégeants autres que le silicium.
A propos de la détermination des températures de solidus et de
liquidus à prendre en compte pour la mise en oeuvre de l'invention, il faut
remarquer qu'elles peuvent ne pas toujours coïncider avec celles que l'on
calcule à partir de la composition de l'acier à l'aide des formules disponibles
classiquement dans la littérature. En effet, ces formules sont valables dans le
cas d'un passage de l'acier liquide à l'acier solide lors d'une solidification et
d'un refroidissement de l'acier, et pour des vitesses de refroidissement de
quelques degrés par minutes.
Dans le cas de mesures effectuées en vue d'une application au
thixoforgeage les mesures doivent être effectuées en partant de l'acier solide et
en allant vers l'acier liquide, c'est-à-dire dans le cas d'un réchauffage puis d'une
fusion de l'acier. Les essais sont également réalisés avec des conditions
d'augmentation de la température de l'ordre de plusieurs dizaines de degrés
par minute, correspondant aux conditions de chauffage préalables à l'opération
de thixoforgeage.
La réalisation de l'opération de thixoforgeage sur les aciers de
l'invention doit être précédée d'un traitement thermique de globulisation de la
structure primaire du lopin si une telle structure globulaire n'est pas déjà
présente, ou si elle ne peut être obtenue lors du chauffage amenant la pièce
devant subir le thixoforgeage à la température adéquate. Comme on l'a dit, la
nécessité ou non de procéder à un tel traitement thermique préalable dépend
notamment de l'histoire du lopin, en particulier des déformations et traitements
thermiques qu'il a subis.
L'obtention d'une telle structure globulaire avant thixoforgeage, pour
un acier de composition et d'histoire données, peut être vérifiée si on refroidit
brutalement le lopin avant d'avoir procédé à son thixoforgeage. On observe
alors la structure telle qu'elle était avant le refroidissement.
En ce qui concerne l'opération de refroidissement de la pièce suivant
son thixoforgeage, ce refroidissement doit être effectué à l'air calme, et non de
manière forcée, dans le cas, fréquent pour ce genre de pièces, où la pièce
présente des variations de section très importantes, par exemple lorsque des
parois fines (1 à 2mm) sont raccordées à des zones épaisses (5 à 10mm ou
davantage). L'utilisation d'air soufflé est, dans ce cas, à proscrire car on risque
alors d'introduire des contraintes résiduelles très importantes entre parois fines
et zones épaisses. Il en résulterait des défauts de surface dégradant les
propriétés de la pièce thixoforgée.
Dans certains cas, il peut être nécessaire de ralentir le
refroidissement des pièces pour favoriser l'homogénéité structurale des
différentes parties de la pièce. On peut, en effet, faire passer la pièce dans un
tunnel régulé en température dans l'intervalle 200-700°C par exemple.
Mais si la pièce thixoforgée ne présente pas de telles variations de
section importantes, il peut être tolérable de réaliser un refroidissement à l'air
soufflé. Un tel refroidissement peut être favorable à l'obtention d'une structure
métallurgique homogène dans la section de la pièce et de bonnes
caractéristiques mécaniques.