La présente invention concerne les pompes à vide à
rotation rapide utilisées pour générer un vide poussé dans une
canalisation et/ou une enceinte à vide.
Dans l'industrie des composants électroniques ou
micromécaniques, on utilise des procédés d'usinage ou de traitement
par plasma exécutés dans une enceinte où l'on doit maintenir une
atmosphère de vide contrôlé.
La génération du vide nécessite l'utilisation de pompes
capables de générer rapidement et de maintenir un vide poussé
adapté au procédé d'usinage ou de traitement. On utilise
généralement des pompes de type turbomoléculaire, composées d'un
corps de pompe dans lequel un rotor est entraíné en rotation
rapide, par exemple une rotation à plus de trente mille tours par
minute.
Avec une telle vitesse de rotation élevée, le rotor
acquiert une énergie cinétique très élevée, et subit des
contraintes mécaniques élevées qui justifient le choix de matériaux
appropriés.
Le rotor d'une pompe à vide turbomoléculaire est constitué
d'un tronçon amont (dans le sens de l'écoulement des gaz) de rotor
à pales de type turbo et d'un tronçon aval (dans le sens de
l'écoulement des gaz) de rotor en forme de jupe de type HOLWECK.
Dans la description et les revendications, les expressions
"amont" et "aval" désignent respectivement les parties de la pompe
à vide parcourues en premier et en dernier par les gaz pompés dans
le sens de leur écoulement, en fonctionnement.
Le tronçon amont à pales de type turbo présente une forme
complexe, que l'on réalise en un métal approprié tel que
l'aluminium ou un alliage d'aluminium. La forme est trop complexe
pour permettre une réalisation économique en un matériau composite.
Le tronçon aval, en forme de jupe de type HOLWECK, est une
paroi mince de révolution, en grande partie cylindrique, entraínée
en rotation dans un tronçon aval de stator comportant des rainures
hélicoïdales à section progressivement réduite.
Les performances de pompage des pompes turbomoléculaires à
vitesses de rotation élevées sont aujourd'hui limitées par le fait
que l'on ne peut pas augmenter le diamètre de la jupe HOLWECK au
delà d'une limite maximale. On sait qu'il est a priori possible
d'accroítre les performances de pompage en augmentant le diamètre
de la jupe HOLWECK. Mais une telle augmentation s'avère impossible
à réaliser avec l'utilisation de matériaux conventionnels,
notamment métalliques, ou même avec des matériaux composites à base
de matrice métallique contenant des additifs de renforcement tels
que des céramiques, des poudres ou fibres de carbone ou autres
matières de renforcement. En effet, les contraintes mécaniques les
plus fortes apparaissent dans cette zone du rotor et sont
proportionnelles à la densité volumique du matériau constituant la
jupe, au carré de la vitesse de rotation du rotor et au carré du
diamètre du rotor.
Pour réduire les contraintes dans la jupe HOLWECK, il faut
notamment réduire sa masse. Pour ce faire on a déjà proposé des
rotors dont le tronçon aval en forme de jupe HOLWECK est en un
matériau composite à matrice organique, à base de résine chargée de
fibres. Cette solution offre l'avantage d'utiliser un matériau
ayant de meilleures propriétés mécaniques. Le tronçon aval se
raccorde au tronçon amont selon une zone annulaire de liaison. Dans
cette zone annulaire de liaison, le matériau composite à matrice
organique constituant la jupe HOLWECK est solidarisé au tronçon
amont métallique.
Mais une difficulté réside alors dans la différence des
propriétés mécaniques et thermiques entre le matériau composite à
matrice organique constituant le tronçon aval de rotor à jupe
HOLWECK et le métal ou alliage constituant le tronçon amont du
rotor. A cause de ces différences de propriétés, des contraintes
mécaniques importantes apparaissent dans la zone annulaire de
liaison lors de l'utilisation de la pompe, c'est à dire en rotation
rapide du rotor et en présence d'une élévation de température due à
la compression des gaz pompés. Ces contraintes mécaniques
conduisent à une fragilisation de la zone de liaison, et à un
risque de rupture. Ainsi, le diamètre de cette zone de liaison ne
peut être trop augmenté.
A l'inverse, si l'on utilise un matériau composite à
matrice organique dont les propriétés mécaniques et thermiques sont
mieux compatibles avec celles du métal constituant le tronçon amont
de rotor, conférant notamment une souplesse autorisant les
déformations sous contrainte, alors ces propriétés mécaniques ne
sont plus suffisantes dans la zone aval de jupe HOLWECK pour tenir
les contraintes à supporter lors de la rotation rapide du rotor.
Le problème proposé par la présente invention est de
concevoir une nouvelle structure de rotor de pompes turbo
moléculaires qui permette, sans risque de dégradation du rotor, de
supporter des vitesses de rotation plus élevées ou de présenter un
diamètre de jupe HOLWECK plus important, afin d'accroítre les
caractéristiques de pompage de la pompe.
Un autre but de l'invention est de concevoir une telle
structure de rotor qui puisse être fabriquée à moindre coût, avec
un procédé industrialisable.
La pompe selon l'invention doit soutenir les conditions de
fonctionnement habituelles, notamment en température : le rotor
doit pouvoir supporter des températures descendant jusqu'à -20°C
pendant le transport, et montant jusqu'à +150°C en fonctionnement.
Également, le rotor doit présenter de bonnes qualités de
centrage, évitant tout risque de contact entre la jupe de rotor et
le stator pendant le fonctionnement à vitesse nominale.
L'idée qui est à la base de l'invention est de concevoir
une jupe HOLWECK en matériau composite à matrice organique dont les
caractéristiques mécaniques varient en fonction de la zone
longitudinale considérée de la jupe.
Ainsi, la présente invention propose une pompe à vide
turbomoléculaire, comprenant un rotor ayant un tronçon amont de
rotor de type turbo et un tronçon aval de rotor en forme de jupe de
type HOLWECK, le tronçon amont de rotor étant en un métal ou
alliage, le tronçon aval de rotor étant en matériau composite à
matrice organique, le tronçon aval de rotor se raccordant au
tronçon amont de rotor selon une zone annulaire de liaison ; selon
l'invention :
- le tronçon aval de rotor à jupe de type HOLWECK en matériau
composite à matrice organique comprend une structure de
renforcement à fibres qui confère à la jupe HOLWECK des
caractéristiques mécaniques variant en fonction de la zone
longitudinale considérée de la jupe,
- dans la zone annulaire de liaison, le matériau composite à
matrice organique présente des caractéristiques mécaniques et
thermiques proches de celles du métal ou alliage composant le
tronçon amont de rotor,
- dans la zone aval de jupe, le matériau composite à matrice
organique présente des caractéristiques plus appropriées pour tenir
dans cette zone aval de jupe les contraintes mécaniques élevées
résultant de la rotation rapide du rotor en fonctionnement.
En pratique, pour tenir les contraintes mécaniques élevées
résultant de la rotation rapide du rotor en fonctionnement dans la
zone aval de jupe HOLWECK, les caractéristiques plus appropriées du
matériau composite à matrice organique sont une grande raideur,
pour réduire les déformations sous contraintes, et pour favoriser
des modes de résonance mécanique propres élevés.
Selon un premier mode de réalisation, la structure de
renforcement comprend des fibres longues enroulées en hélice selon
un pas constant et enrobées de résine, le taux de résine étant
variable selon la zone longitudinale considérée de la jupe.
Selon un autre mode de réalisation, la structure de
renforcement comprend des fibres longues enroulées en hélice et
enrobées de résine selon un taux constant, le pas de l'hélice étant
variable selon la zone longitudinale considérée de la jupe.
Selon un troisième mode de réalisation, la structure de
renforcement comprend des fibres longues enroulées en hélice et
enrobées de résine, le pas de l'hélice et le taux de résine étant
tous deux variables selon la zone longitudinale considérée de la
jupe.
Selon tout ou partie des trois modes de réalisation
précédents, la variation de pas associée à la variation de la
proportion de quantité de résine par rapport à la quantité de fibre
est susceptible, si aucune précaution n'est prise par ailleurs,
d'entraíner des variations de diamètre ou d'épaisseur de la jupe
composite. Pour maítriser le diamètre extérieur, notamment dans la
partie HOLWECK, un outillage de fabrication approprié est
nécessaire. Par exemple, et de façon non limitative, un mandrin
obtenu par usinage pourra être utilisé.
En pratique, pour faire varier le pas de l'hélice selon
les deux derniers modes de réalisation ci-dessus, l'hélice peut
avantageusement présenter un angle proche de 0° dans la zone aval
de la jupe, et présenter un angle supérieur à 0°, par exemple 20 à
30°, dans et à proximité de la zone annulaire de liaison.
La structure ci-dessus s'applique à différentes formes de
jupe. Selon une première réalisation, la jupe peut être
cylindrique.
De préférence, pour augmenter le diamètre de la jupe et
améliorer ainsi les propriétés de la pompe, la jupe peut comporter
une zone annulaire de liaison, un tronçon aval de jupe cylindrique
à plus grand diamètre que la zone annulaire de liaison et une zone
intermédiaire de raccordement entre la zone annulaire de liaison et
le tronçon aval de jupe. On augmente ainsi en rotation la vitesse
tangentielle de la jupe par rapport au stator, ce qui accroít le
taux de compression de l'étage HOLWECK de la pompe. Simultanément,
l'augmentation du diamètre permet de loger un plus grand nombre de
rainures dans la partie HOLWECK du stator, augmentant ainsi le
débit de la pompe.
Selon une caractéristique particulière, selon le bord
amont de la jupe HOLWECK, les fibres de renforcement peuvent être
coupées. Cela résulte d'un procédé avantageux de réalisation de la
jupe de type HOLWECK, comprenant :
a/ une étape consistant à enrouler en hélice des fibres longues sur
le mandrin, en réalisant un enroulement à angle voisin de 0° dans
les zones adjacentes aux deux extrémités du mandrin et un
enroulement à angle supérieur à 0° dans la zone médiane du mandrin, b/ une étape d'application et de durcissement de résine sur le
mandrin portant les fibres enroulées en hélice, c/ et une étape consistant à sectionner le manchon ainsi obtenu
dans sa zone médiane pour obtenir deux jupes.
D'autres objets, caractéristiques et avantages de la
présente invention ressortiront de la description suivante de modes
de réalisation particuliers, faite en relation avec les figures
jointes, parmi lesquelles:
- la figure 1 est une vue schématique illustrant, en coupe
longitudinale, une structure de pompe turbomoléculaire connue ayant
un rotor monobloc en métal ;
- la figure 2 est une vue en perspective illustrant un secteur de
rotor selon un mode de réalisation de la présente invention ;
- la figure 3 illustre la répartition des contraintes mécaniques
sur le secteur de rotor de la figure 2, les pales de l'étage turbo
ayant été enlevées ;
- la figure 4 est une vue de côté schématique illustrant la
structure de rotor selon un premier mode de réalisation de la
présente invention ;
- la figure 5 est une vue de côté illustrant schématiquement la
structure de rotor selon un second mode de réalisation de la
présente invention ;
- la figure 6 est une vue en perspective illustrant la structure de
l'étage HOLWECK de stator entourant la jupe de rotor selon
l'invention ;
- les figures 7 et 8 illustrent le module de YOUNG, respectivement
dans le sens longitudinal et dans le sens transversal des fibres,
en fonction de la proportion de fibres dans le matériau composite ;
- la figure 9 illustre la variation du module de YOUNG de la jupe
en fonction de l'orientation des fibres par rapport au plan
transversal de la jupe HOLWECK ;
- la figure 10 illustre la variation du coefficient de dilatation
du matériau composite en fonction de l'angle que font les fibres
par rapport au plan transversal de la jupe HOLWECK ;
- la figure 11 illustre le procédé de réalisation d'une jupe
HOLWECK en matériau composite selon l'invention ; et
- la figure 12 illustre le procédé préférentiel de réalisation
d'une jupe HOLWECK selon la présente invention.
On considère tout d'abord la figure 1, illustrant une
structure de pompe turbomoléculaire 1 solidarisée à la paroi 2
d'une enceinte à vide 3.
La pompe turbomoléculaire 1 comprend un corps de pompe 4
ou stator dans lequel tourne à grande vitesse un rotor 5 en
rotation axiale selon l'axe de rotation I. Le corps de pompe 4
comporte un orifice d'aspiration 6 coaxial, par lequel pénètrent
les gaz pompés 7, et un orifice de rejet 8 par lequel sont évacués
les gaz de sortie 9. Le rotor 5 est entraíné en rotation dans le
corps de pompe 4 par un moteur interne 10, et est guidé
latéralement par des paliers magnétiques ou mécaniques 11 et 12.
La paroi 2 de l'enceinte à vide 3 comprend un orifice de
sortie 13, correspondant à l'orifice d'aspiration 6 de la pompe à
vide 1, et constitue généralement une enceinte fermée isolée de
l'extérieur et dans laquelle la pompe à vide 1 peut créer un vide
contrôlé.
Le rotor 5 comprend un tronçon amont de rotor 5a
comportant des pales telles que la pale 5b, et comprend un tronçon
aval de rotor 5c en forme de jupe de type HOLWECK. Face au tronçon
amont 5a de rotor, le stator 4 comprend un tronçon amont de stator
4a avec des pales telles que la pale 4b. Face au tronçon aval de
rotor 5c à jupe HOLWECK le stator 4 comporte un tronçon aval de
stator 4c à rainures hélicoïdales 4d de type HOLWECK tel
qu'illustré de façon plus apparente sur la figure 6.
Sur la figure 2, illustrant un secteur de rotor selon la
présente invention, on retrouve le tronçon amont de rotor 5a ayant
des pales telles que la pale 5b, et on retrouve le tronçon aval de
rotor 5c. Le tronçon amont de rotor 5a est en un métal ou alliage
approprié, par exemple en aluminium ou alliage d'aluminium. Le
tronçon aval de rotor 5c à jupe HOLWECK est en un matériau
composite à matrice organique, à base de résine chargée de fibres
de renforcement. Le tronçon aval à jupe HOLWECK 5c se raccorde au
tronçon amont 5a selon une zone annulaire de liaison 5d.
Les fibres de renforcement peuvent avantageusement être
des fibres de verre ou des fibres de carbone, se présentant sous
forme de mèches (jusqu'à plusieurs milliers de filaments par mèche)
longues enroulées en continu sur une bobine par un procédé
d'enroulement filamentaire. Les résines peuvent être des résines
thermoplastiques (par exemple en polyester ether ketone PEEK) ou
thermodurcissables (par exemple epoxy).
Selon l'invention, le tronçon aval de rotor 5c à jupe
HOLWECK en matériau composite à matrice organique comprend une
structure interne de renforcement à fibres qui confère à la jupe
des caractéristiques mécaniques variant en fonction de la zone
longitudinale considérée de la jupe. On cherche à augmenter la
raideur du matériau composite à matrice organique dans la zone aval
de jupe 5e ou tronçon cylindrique adjacent à l'extrémité aval 5f du
rotor 5, afin de supporter les contraintes mécaniques élevées lors
de la rotation rapide du rotor 5. Simultanément, on cherche une
plus grande souplesse et une plus grande capacité de dilatation
thermique dans la zone annulaire de liaison 5d, pour suivre les
déformations qui se produisent dans le tronçon amont de rotor 5a en
métal lors de la rotation rapide du rotor et lors de son
échauffement.
Ainsi, dans la zone annulaire de liaison 5d, le matériau
composite à matrice organique de la jupe HOLWECK présente des
caractéristiques mécaniques et thermiques proches de celles du
métal ou alliage composant le tronçon amont de rotor 5a.
A l'inverse, dans la zone aval de jupe 5e, le matériau
composite à matrice organique présente des caractéristiques plus
appropriées pour tenir dans cette zone aval de jupe 5e les
contraintes mécaniques résultant de la rotation rapide du rotor en
fonctionnement.
En pratique, la structure de renforcement à fibres du
tronçon aval à jupe de type HOLWECK 5c comprend des fibres longues
enroulées en hélice en périphérie de la jupe. Les fibres sont
noyées de résine, la résine étant polymérisée.
On peut par exemple considérer la figure 11, qui illustre
schématiquement un procédé de réalisation d'une jupe en résine
armée de fibres longues enroulées en hélice : un mandrin 14 est
entraíné en rotation autour d'un arbre 15, et le mandrin présente
une surface externe dont la forme conditionne celle de la jupe à
réaliser. Les fibres de renforcement sont sous forme d'une mèche
enroulée sur une bobine 16. La mèche est dévidée de la bobine 16,
passe dans un bac de résine 17, est guidée par un guide fil 18 qui
l'enroule en hélice sur le mandrin 14 pendant la rotation du
mandrin. En fonction de la vitesse relative de rotation de l'arbre
15 et de translation longitudinale du guide fil 18 selon la flèche
19, la mèche est disposée sur le mandrin 14 selon une hélice dont
le pas peut être choisi par l'opérateur.
La figure 4 illustre un premier mode de réalisation d'un
rotor 5 selon la présente invention.
Dans ce mode de réalisation, le rotor 5 comprend le
tronçon amont de rotor 5a métallique avec les pales telles que la
pale 5b, et comprend le tronçon aval de rotor 5c, en forme de jupe
cylindrique tubulaire de type HOLWECK.
La zone annulaire de liaison 5d et une zone intermédiaire
de raccordement 5g qui lui est adjacente ont une structure interne
de renforcement telle que leurs caractéristiques mécaniques et
thermiques sont proches de celles du métal ou alliage composant le
tronçon amont de rotor 5a. Pour cela, la structure de renforcement
comprend des fibres longues enroulées en hélice selon un pas
relativement important, les fibres faisant avec le plan transversal
un angle supérieur à 0°, par exemple de 5° à 20° selon les
propriétés mécaniques recherchées. Dans la zone aval de jupe 5e,
les fibres longues sont enroulées en hélice d'angle proche de 0°,
formant des spires jointives qui améliorent sensiblement la
résistance mécanique de la jupe.
La figure 5 illustre un mode de réalisation préféré de
rotor 5 de pompe turbomoléculaire selon la présente invention. On
retrouve, dans le rotor 5, le tronçon amont de rotor 5a par exemple
de structure identique à celle du mode de réalisation de la figure
4, et un tronçon aval de rotor 5c dont le diamètre varie en
fonction de la position considérée le long de l'axe longitudinal :
la jupe du tronçon aval de rotor 5c comporte la zone annulaire de
liaison 5d, le tronçon aval de jupe 5e cylindrique à plus grand
diamètre que la zone annulaire de liaison 5d, et une zone
intermédiaire de raccordement 5g à diamètre progressivement
croissant qui fait le lien entre la zone annulaire de liaison 5d
cylindrique et le tronçon aval de jupe 5e cylindrique.
Dans ce second mode de réalisation, la zone annulaire de
liaison 5d comporte des fibres de renforcement faisant un angle non
nul avec le plan transversal, tandis que le tronçon aval de jupe 5e
et éventuellement la zone intermédiaire de raccordement 5g
comportent des fibres jointives faisant avec le plan transversal un
angle proche de 0°.
Grâce au renforcement par les fibres à angle nul, le
tronçon aval de jupe 5e cylindrique peut avoir un diamètre
nettement supérieur, ce qui augmente la vitesse tangentielle de la
jupe par rapport au stator pour une même vitesse angulaire de
rotation du rotor, et ce qui permet d'augmenter le nombre de
rainures 4d dans le tronçon de stator HOLWECK 4c (figure 6).
L'intérêt de cette structure composite de jupe est
expliqué en relation avec la figure 3. On a illustré, sur cette
figure, les contraintes mécaniques subies par le rotor lors d'une
rotation rapide du rotor : dans la zone annulaire de raccordement
5d, les contraintes sont relativement faibles, tandis que dans le
tronçon aval de jupe 5e les contraintes illustrées par les flèches
5i sont beaucoup plus importantes, environ 3 à 4 fois plus grandes
dans la réalisation illustrée sur la figure. Dans la zone
intermédiaire de raccordement 5g, les contraintes augmentent
graduellement lorsqu'on se rapproche du tronçon aval de jupe 5e.
Ainsi, dans la zone annulaire de liaison 5d, on peut disposer les
fibres de façon à conférer au matériau composite de la jupe une
certaine souplesse et une certaine capacité de dilatation
thermique, pour suivre les variations dimensionnelles du tronçon
amont de rotor 5a en métal. Par contre, pour supporter les
contraintes mécaniques plus importantes dans le tronçon aval de
jupe 5e, il est nécessaire de disposer les fibres de renfort de
façon à assurer une bonne rigidité de la jupe, une bonne
concentricité, et une relative résistance aux vibrations.
Les figures 9 et 10 illustrent l'effet de l'angle que font
les fibres par rapport au plan transversal de la jupe, d'une part
sur la résistance mécanique évaluée par le module de YOUNG
longitudinal, d'autre part sur le coefficient de dilatation
thermique.
Sur la courbe A de la figure 9, le module de YOUNG est à
un maximum A2 pour un angle de 0°, c'est à dire lorsque les fibres
sont dans un plan transversal. Le module de YOUNG décroít fortement
lorsque l'angle des fibres augmente jusqu'à un angle de 20°
environ, puis il décroít plus lentement au fur et à mesure de
l'augmentation de l'angle.
Sur la courbe B de la figure 10, le coefficient de
dilatation augmente régulièrement lorsque l'angle augmente entre
les fibres et le plan transversal.
Ainsi, dans la zone annulaire de liaison 5d (figures 4 et
5), on choisit un angle de fibre supérieur à 0°, par exemple un
angle de 10° pour se placer au point A1 de la courbe A de la figure
9, et pour se placer au point B1 de la courbe B de la figure 10 :
module de YOUNG relativement faible, et coefficient de dilatation
thermique relativement élevé. Par contre, dans la zone aval de jupe
5e (figures 4 et 5), on choisit un angle de fibre proche de 0°, de
sorte que l'on se place au point A2 de la courbe A de figure 9 et
au point B2 de la courbe B de figure 10 : module de YOUNG maximal,
et coefficient de dilatation thermique minimal.
Dans ces deux modes de réalisation à angle variable de
fibres par rapport au plan transversal, une difficulté réside dans
le fait que le tronçon de jupe devant présenter des
caractéristiques mécaniques de souplesse occupe une extrémité de la
jupe, à savoir la zone annulaire de liaison 5d. En effet, dans
cette zone, les fibres doivent présenter un angle non nul par
rapport au plan transversal, et ces fibres doivent être enroulées
en plusieurs couches pour réaliser un renfort suffisant. Ainsi,
lorsque l'on enroule une fibre en hélice en direction de
l'extrémité amont de la zone annulaire de liaison 5d, celle-ci fait
un angle par rapport à l'extrémité de la jupe, et il faut déplacer
le guide-fil dans l'autre sens dès que la fibre atteint cette
extrémité. L'inversion de sens d'enroulement n'est pas aisée, et il
faut trouver un moyen pour faciliter cette opération.
L'invention prévoit un tel moyen par un procédé
particulier de réalisation d'une jupe de type HOLWECK pour pompe à
vide turbomoléculaire, le procédé comprenant :
a/ une étape consistant à enrouler en hélice des fibres longues sur
un mandrin en réalisant un enroulement à angle voisin de 0° dans
les zones 20 et 21 (figure 12) adjacentes aux deux extrémités du
mandrin et un enroulement à angle supérieur à 0° dans la zone
médiane 22 du mandrin ; b/ une étape d'application et de durcissement de résine sur le
mandrin portant les fibres enroulées en hélice ; c/ et une étape consistant à sectionner le manchon 23 ainsi obtenu,
transversalement au milieu 24 de sa zone médiane 22, permettant
ainsi d'obtenir deux jupes identiques, sous réserve de prévoir
initialement un mandrin symétrique par rapport à sa zone médiane
22.
Lors de l'étape de sectionnement de la zone médiane 22,
les fibres enroulées en hélice selon un angle supérieur à O° dans
ladite zone médiane 22 sont coupées. Cela n'altère pas les qualités
mécaniques de la jupe obtenue. Au contraire, cela permet une grande
régularité d'enroulement des fibres, et donc une grande régularité
des propriétés mécaniques de la jupe dans la zone annulaire de
liaison.
Dans les modes de réalisation illustrés précédemment, les
propriétés mécaniques du matériau composite sont obtenues en
modulant le pas de l'hélice d'enroulement des fibres, c'est à dire
l'angle que font les spires de fibres par rapport au plan
transversal.
Selon une autre possibilité, les fibres longues sont
enroulées en hélice et enrobées de résine, l'hélice ayant un pas
constant.
On prévoit alors un taux de résine variable selon la zone
longitudinale considérée de la jupe. Par exemple, dans la zone
annulaire de liaison 5d, on prévoit un taux de résine supérieur,
et, dans la zone aval de jupe 5e on prévoit un taux de résine
inférieur. La résistance mécanique est ainsi augmentée dans le
tronçon aval de jupe 5e, tandis que la souplesse est augmentée dans
la zone annulaire de liaison 5d, comme l'illustrent les figures 7
et 8 montrant respectivement les variations du module de Young
longitudinal (courbe C) et du module de Young transversal
(courbe D) en fonction du taux de fibres (complément à 1 du taux de
résine).
En cas de besoin, selon les propriétés recherchées de la
jupe, on peut varier à la fois le pas de l'hélice et le taux de
résine selon la zone longitudinale considérée de la jupe.
La présente invention n'est pas limitée aux modes de
réalisation qui ont été explicitement décrits, mais elle en inclut
les diverses variantes et généralisations contenues dans le domaine
des revendications ci-après.