Procédé de préparation de vaccins
La présente invention est relative à un procédé de préparation de vaccins.
On sait que la vaccination peut créer une immunité spécifique dans l'organisme humain ou animal vis-à-vis de certains germes pathogènes, cette immunité étant due à des substances douées du pouvoir de susciter l'élaboration d'anticorps spécifiquement actifs et désignés sous l'appellation générale d'antigènes.
L'antigène, dont on admet en général la nature protéique, a la propriété de s'unir avec l'anticorps correspondant et de former ainsi un complexe immunisant.
On sait que les antigènes peuvent être altérés ou dénaturés ou même détruits par diverses actions physiques ou chimiques. Ainsi, la chaleur, le froid et la lumière peuvent exercer un effet préjudiciable sur les antigènes. ll en est de même de certains composés chimiques, tels que les acides forts, alcalis, sels de métaux lourds, alcool éthylique, acétone, éther, formol, urée, etc.
Le degré de dénaturation des antigènes est variable selon l'intensité de l'action physique ou selon le composé chimique employé.
Afin d'éviter une altération des antigènes, on a proposé de préparer des vaccins au départ de germes vivants et avirulents. S'il est vrai que dans ce genre de préparation le pouvoir antigène est sauvegardé, la présence dans ces vaccins de germes vivants et avirulents risque, toutefois, de créer certains foyers endémiques.
ll a été constaté, à diverses reprises, que des germes vivants et avirulents utilisés pour la préparation de certains vaccins, peuvent se transporter sur des sujets non infectés et jouer le rôle de contaminant.
La présente invention a pour objet un procédé de préparation de vaccins, grâce auquel on évite l'altération ou la dénaturation de l'antigène, tout en inhibant totalement les germes bactériens.
On sait que divers antibiotiques inhibent la croissance de certaines bactéries. Ainsi, il est notoire que la streptomycine, la chlortétracycline, la patuline, et d'autres antibiotiques exercent une action bactériostatique sur certaines bactéries, telles que celles du genre
Brucella, notamment lé Brucella abortus qui est l'agent pathogène de la maladie de Bang.
On a constaté - et la présente invention est basée sur cette découverte - que la patuline et certains de ses dérivés fonctionnels, tels que la thiosemicarbazone de la patuline, mis en présence de bactéries dont ils inhibent la croissance, n'altèrent nullement l'antigène élaboré par ces bactéries.
On a constaté, de manière surprenante, que la propriété de ne pas altérer l'antigène est propre à la patuline et à certains de ses dérivés, ceux-ci gardant cependant leur pouvoir inhibiteur.
La présente invention est dès lors relative à un procédé de préparation de vaccins, caractérisé en ce qu'on cultive une mutante de germes bactériens pathogènes dans un milieu de culture, on met les germes pathogènes séparés du milieu de culture en suspension dans un milieu stérile et on inhibe la croissance ultérieure des germes par addition d'un antibiotique constitué par la patuline ou l'un de ses dérivés fonctionnels de manière à libérer l'antigène élaboré par ces germes, tout en évitant la dégradation de cet antigène.
De préférence, on introduit de la patuline ou un de ses dérivés, en quantité telle que l'inhibition bactérienne soit complète, dans une suspension de bactéries d'un pouvoir antigénique connu et sensibles à cet antibiotique, dans un milieu stérile, contenant de 109 à 1012 germes bactériens par cm3. On évitera d'ajouter un excédent d'antibiotique par rapport à la quantité nécessaire pour que l'inhibition bactérienne soit complète.
Après formation de l'autolysat, on pourra ajouter une matière adsorbante, telle que l'hydrate d'oxyde d'aluminium, afin d'adsorber l'antigène. La quantité d'hydrate d'oxyde d'aluminium sera de 0,5 à 1 /o, par rapport au poids de la suspension bactérienne initiale.
On décrira à présent, à titre d'exemples, quelques modes opératoires pour la mise en oeuvre du procédé suivant l'invention.
Exemple 1
Préparation d'un vaccin antibrucellique:
On développe en bouillon une souche Ma2 mutante de la souche S (smooth) de Brucella abortus, suivant la méthode communément employée. Lorsque le développement maximum est atteint, on sépare les bactéries de leur milieu de culture par centrifugation. Le produit de centrifugation obtenu est alors lavé, au moyen d'un tampon à pH 6,5, afin de débarrasser les bactéries du liquide nutritif ayant servi à leur développement. Le culot de centrifugation ainsi débarrassé du liquide nutritif est mis en suspension dans un milieu stérile de telle manière que la concentration bactérienne atteigne 109 à 10 germes par cm3.
On y introduit ensuite de la patuline en quantité suffisante pour que l'inhibition bactérienne soit complète, en évitant toutefois un excédent.
La suspension bactérienne ainsi additionnée de patuline est alors mise en glacière pour une durée de huit semaines environ, jusqu'à obtention d'un autolysat.
Au bout de cette période, on effectue un contrôle, afin de déterminer si toutes les bactéries ont été inhibées et si l'autolyse a été complète. A cette fin, on peut, par exemple, ensemencer un échantillon de l'autolysat sur un milieu nutritif favorable à la croissance de
Brucella abortus. Si l'inhibition et l'autolyse sont complètes, l'essai de culture sera négatif.
A l'autolysat, on ajoute de 0,5 à 1 0/o d'hydrate d'oxyde d'aluminium préparé suivant la méthode de Myrbäch et Barmann (Handbuch der Enzymforschung). On agite de manière discontinue, pendant 24 heures environ, l'autolysat additionné d'hydrate d'oxyde d'aluminium, de manière à provoquer l'adsorption de l'antigène sur cet hydrate.
On effectue ensuite un contrôle pour déterminer si la totalité de l'antigène a été adsorbée sur l'hydrate d'oxyde d'aluminium.
A cette fin, on prélève une fraction de la suspension obtenue à la suite de l'agitation précitée. On centrifuge cette fraction et on injecte le filtrat à des souris, auxquelles on inocule ensuite une dose léthale de Brucella abortus.
Si les souris survivent à ce traitement, on a la preuve que le filtrat en question contenait encore de l'antigène et, par conséquent, que l'adsorption de l'antigène sur l'hydrate d'oxyde d'aluminium a été incomplète. Par contre, si les souris meurent, on peut admettre que l'antigène a été adsorbée de manière sensiblement complète.
Dans ce dernier cas, on obtient un vaccin qui, administré à des animaux, leur procure une immunité de longue durée vis-à-vis de l'infection due au Brucella abortus. 1l va de soi que la préparation du vaccin doit se faire à l'abri de toute contamination possible.
Exemple 2
Préparation d'un vaccin antibrucellique:
On opère comme dans l'exemple 1, si ce n'est qu'on utilise de la thiosemicarbazone de la patuline, au lieu de patuline.
Exemple 3
Préparation d'un vaccin antityphique:
On opère comme dans l'exemple 1 ou dans l'exemple 2, en partant d'une souche de bacille typhique dont le pouvoir antigénique est connu.
Exemple 4
Essais comparatifs de divers vaccins:
On a utilisé pour les essais, les produits suivants:
a) vaccin obtenu par le processus de
l'exemple 1
b) vaccin Buck 19;
c) pseudo-vaccin obtenu par le processus
de l'exemple 1, mais en utilisant de la
streptomycine au lieu de la patuline.
Deux doses de 11 cmt des produits a) et c), définis ci-dessus, ont été injectées, à quelques jours d'intervalle, à de jeunes bovins indemnes de brucellose. Suivant la méthode habituelle, 5 cm3 de vaccin B. 19 (b) ont été
administrés à de jeunes bovins indemnes de brucellose. Après quelques semaines, du sérum a été prélevé des trois groupes de bêtes
vaccinées. Des souris ont ensuite été inoculées
à raison de 2 X 0,1 cm3 de sérum, à 10 jours
d'intervalle. Après inoculation du sérum, les
souris ont reçu une dose léthale de Brucella
abortus.
Le tableau suivant indique le pourcentage
moyen de souris vaccinées ayant résisté à la
dose léthale de Brucella abortus.