Procédé et dispositif pour stabiliser par des ancrages un mât construit par rehausses successives et applications .
L' invention concerne la stabilisation par ancrages d'un mât vertical construit par rehausses successives.
On désigne par le mot « mât » une construction verticale de section droite horizontale sensiblement constante dans la hauteur de la construction et dont la plus grande dimension horizontale est très inférieure à la dimension verticale de la construction.
La publication FR 2 173 853 décrit une grue à laquelle est associé un cadre coulissant qui peut se déplacer verticalement sur des rails constitués de tronçons que l'on met en place successivement sur un immeuble. Dans cette publication, la grue est construite initialement et c'est l'ensemble de la grue que l'on déplace en faisant coulisser le cadre.
La publication FR 2 062 015 est relative à la mise en place d'une antenne sur un pylône constitué de tronçons haubanés et vise à résoudre le problème du franchissement des zones d'accrochage des haubans par l'antenne, au moyen d'une couronne qui entoure le pylône, qui porte l'antenne et que l'on fait glisser le long du pylône, lequel a été préalablement construit et haubané.
La publication DE 38919 décrit simplement un mât télescopique dont le premier et le dernier tronçon sont reliés à des treuils par des câbles respectifs.
L'invention s'applique notamment à la stabilisation d'une grue, d'une antenne, d'une cheminée, d'un tablier de pont construit horizontalement.
Elle sera expliquée ci-après en prenant comme exemple significatif celui de la stabilisation d'une grue à tour.
Le mât de la grue est soumis principalement à des forces dues au vent, au couple de levage et au couple de torsion dû à l'orientation de la flèche distributrice. Lorsque la grue est équilibrée et la vitesse du vent nulle, le mât n'est soumis qu'à une compression simple. Les forces les plus importantes sont générées par les vents de tempête. Les surfaces soumises au vent sont le mât d'une part et le système orientation - flèche, contre flèche, cage de télescopage situé à 1 extrémité supérieure du mât. Compte tenu des forces importantes en jeu, on comprend aisément que plus le bras de levier entre le dernier ancrage et la partie tournante sera faible moins le moment induit dans le mât sera important. Le mât ne doit pas être soumis à un couple plus important que celui pour lequel il a été dimensionné. De ce fait, il existe une hauteur limite par rapport au sol au delà de laquelle la grue n'est plus autostable.
Il est donc nécessaire, dans la pratique, de stabiliser le mât de la grue par un ou plusieurs dispositifs d'ancrage appropriés dès lors que la hauteur du mât dépasse cette hauteur limite, qui est généralement de l'ordre de 60 m.
Il existe également une limite d' autostabilité de rehausse du mât au dessus du dernier ancrage réalisé, qui est généralement de l'ordre de 50 m : il est donc nécessaire de prévoir des ancrages supplémentaires selon la hauteur du mât.
Les impératifs de chantier tels que le survol d'une autre grue (interférence d'une flèche passant entre le bâtiment et une flèche située au dessus), la longueur des élingues et la hauteur des pièces à lever, la différence d'altitude entre le noyau central construit avant la structure périphérique avec un
décalage de 3 à 4 niveaux, font que la hauteur sous crochet minimale nécessaire par rapport à la hauteur du bâtiment peut être de l'ordre de 30 m.
Dans la solution d'ancrage classique, en partant de l'hypothèse d'une hauteur sous crochet minimale de 30 m et d'une hauteur autostable maximum de 50 m au dessus de dernier ancrage, on voit qu'il est nécessaire d'ancrer tous les 20 m.
Un but de présente invention est de stabiliser le mât avec un nombre d'ancrages réduit par rapport à celui nécessaire selon la solution classique.
On y parvient selon la présente invention en munissant le mât d'une structure d'ancrage mobile reliée en continu par des liaisons à des points d' ancrage situés à distance du mât et en déplaçant cette structure par translation verticale sur le mât au fur et à mesure de la construction du mât pour maintenir le mât éventuellement en coopération avec un ou plusieurs dispositifs d'ancrage fixes établis progressivement en tant que de besoin, en dessous du dispositif d'ancrage mobile, au fur et à mesure de l'élévation du dispositif d'ancrage mobile.
L'ancrage coulissant pourra monter progressivement en suivant la construction, un ou plusieurs ancrages fixes n'étant nécessaires que lorsque la longueur du mât comprise entre le sol et l'ancrage coulissant sera trop grande eu égard aux forces de vent et contraintes de flambement auquel il est soumis.
Dans des réalisations particulièrement avantageuses, l'invention présente encore une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
- on déplace les points d' ancrage situés à distance par coulissement sur une structure maintenante,
simultanément au déplacement de la structure d' ancrage mobile .
- on déplace les points d' ancrage situés à distance sur des rails dont on équipe la structure maintenante. - on relie les points d'ancrage situés à distance à la structure d' ancrage mobile par des liaisons rigides et contreventées .
- on utilise des points d'ancrage situés à distance qui sont fixes et on les relie à la structure d'ancrage mobile par des liaisons dont on fait varier la longueur pendant le déplacement de la structure d'ancrage mobile, on utilise des liaisons constituées par des câbles dont on maintient la tension.
Un dispositif pour la mise en œuvre du procédé de l'invention comprend une structure d'ancrage montée à coulisse sur le mât et relié en continu par des liaisons à des points d'ancrage situés à distance du mât.
Dans une solution préférée, ce dispositif comprend un cadre qui entoure le mât et qui porte des galets de contact avec le mât.
Le dispositif d'ancrage est par exemple automoteur ou déplacé au moyen d'un treuil ou de la grue, notamment s'il y a lieu au moyen de la cage de télescopage de la grue. On décrira ci-après des exemples non limitatifs de mise en œuvre de l'invention, en référence aux figures du dessin joint sur lequel :
- les figures 1 à 5 sont des schémas d'étapes successives de l'élévation du mât d'une grue à tout, respectivement suivant un procédé classique (étapes A,B,C,D,E) et selon un procédé conforme à lλinvention (étapes A' , B' , C , D' , E' ) .
- la figure 6 est un schéma en élévation d' un mât de la grue dont le dispositif d'ancrage mobile sur le
mât est relié à des points d'ancrage mobiles sur un bâtiment construit au moyen de la grue ; la figure 7 est une coupe horizontale du dispositif d'ancrage, et - la figure 8 est un schéma d' ancrage du mât au moyen de haubans à des points d'ancrage fixes.
On a représenté sur la figure 1 A une grue (F, M) utilisée pour construire un bâtiment (B) et dont le mât
(M) a été relié au bâtiment par un ancrage fixe Li, par exemple à une hauteur de 30 m environ, suffisant pour maintenir le mât jusqu'à ce que la flèche de la grue ait atteinte une hauteur de 60 m environ.
Conformément à l'invention, on remplace l'ancrage fixe Li par un ancrage coulissant C, situé au même niveau.
Sur la figure 2, le mât de la grue a été rehaussé de 20 m environ, ce qui dans le cas d'un procédé de stabilisation classique a nécessité la mise en place d'un deuxième ancrage fixe L2 à 50 m de hauteur, alors que dans le procédé de l'invention on a fait coulisser l'ancrage mobile jusqu'à cette hauteur.
Les figures 3 à 5 montrent les étapes suivantes de rehausse du mât de 20 m en 20 m jusque par exemple une hauteur de 180 m : dans le procédé classique, sept liaisons fixes Lx à L7 ont été nécessaires alors que selon le procédé de l'invention, on a fait coulisser progressivement l'ancrage mobile en se contentant de réaliser seulement deux ancrages fixes L' x et L'2, respectivement à 60 m et à 120 m de hauteur. De plus dans le procédé de l' invention, la grue peut être télescopée jusqu'à 240 m sans qu'il ne soit nécessaire de rajouter des ancrages fixes, alors que la solution classique nécessite de rajouter trois ancrages
fixes, soit dix ancrages fixes d'une part et trois de 1' autre .
Par l'expression « ancrage » on a désigné dans la description qui précède la totalité des ancrages relatifs à un niveau d'ancrage.
Pour mettre en œuvre l'invention, on utilise par exemple un dispositif qui comprend (figures 6 et 7) :
- un cadre (1) qui entoure le mât (M) de la grue et qui peut coulisser sur le mât au moyen de galets (2) . - une charpente de liaison contreventée (S) constitués de profilés (3-6) et de glissières (7), solidaire du cadre et qui relie le cadre au bâtiment lequel est muni de deux rails verticaux espacés (R) pour permettre le coulissement de la charpente sur le bâtiment au fur et à mesure du coulissement du cadre sur le mât (M) .
On dispose ainsi de deux points d'ancrage (A) sur le bâtiment qui sont relativement espacés horizontalement ce qui limite d'autant les forces induites dans les points d'ancrage.
Dans une variante de réalisation (figure 8), le cadre coulissant haubané (1) est relié par des câbles (H) à des points d'ancrage fixes (A).
Ces points d'ancrage comportent par exemple des réserves de câbles et des vérins qui permettent de maintenir les câbles tendus tout en faisant varier leur longueur à la demande sous l'effet de l'élévation du cadre coulissant.
Le cadre coulissant est élevé par tout moyen approprié. Par exemple il est fixé à la cage de télescopage (8) de la grue dont il suit le déplacement.
Lorsque la grue est dans sa configuration autostable sans ancrage, le cadre coulissant est liaisonné à la cage de télescopage, laquelle est
désolidarisée ou non de la partie tournante de la grue. Quatre haubans sont attachés aux quatre coins du cadre coulissant et de longueur suffisante pour pouvoir être utilisés jusqu'à la hauteur maximale prévue d'utilisation de la grue à tour.
Un système de double vérin sert à assurer la liaison entre chaque point d'ancrage au sol et chaque hauban. La liaison vérin - câble filant est assurée par exemple par un système de blocage par demi-olives coniques autobloquantes . Le système de double vérins fonctionne sur le principe de pas à pas. Chaque jeu de quatre vérins travaillant ensemble est contrôlé par un dispositif de synchronisation qui permet de contrôler une élongation identique des quatre vérins. Cette synchronisation peut être assurée par un système de quatre pompes à engrenage accouplées, chacune contrôlant le débit d'un vérin. Un système de limiteur de pression à une valeur minimale préréglée permet que les vérins s'allongent au fur et à mesure que le cadre d'ancrage coulissant est tiré par la cage de télescopage, tout en gardant une tension assurant le maintien du mât de la grue. Lorsque l'opération de levage est terminée, les vérins sont mis en sécurité par des systèmes de blocage mécanique. L'invention n'est pas limitée à ces réalisations.