Utilisation de solvants fluorés pour la formulation de lotions pour soins capillaires.
L'invention concerne le domaine de l'industrie cosmétique et pharmaceutique. Plus précisément, l'invention concerne les lotions pour soins capillaires à usage cosmétique ou pharmaceutique.
Les lotions pour soins capillaires sont en général employées pour tonifier le cheveu, éliminer les pellicules et les autres impuretés du cuir chevelu, et éliminer l'excès de sébum sécrété par le cuir chevelu. Certaines lotions capillaires peuvent également être utilisées à des fins thérapeutiques. Ces lotions sont généralement à actions spécifiques.
Leur formule inclut généralement :
- un véhicule, qui est le plus souvent constitué par de l'éthanol titrant 30 à 50 °, choisi pour ses propriétés antiseptiques et sa capacité à s'évaporer rapidement ; - des émollients, tels que par exemple l'huile de ricin et ses dérivés, qui compensent l'action desséchante de l'éthanol ;
- des polymères gainants facilitant le coiffage ;
- des substances actives antiséborrhéiques, antipelliculaires ou surgraissantes, ou encore pharmaceutiques. Les lotions destinées à lutter contre la chute des cheveux peuvent contenir en outre:
- des composés vasodilatateurs, tels que par exemple des extraits de capsicum, de quinquina ou des esters nicotiniques ;
- des extraits biologiques tels que par exemple des dérivés placentaires, du liquide amniotique, des mucopolysaccharides ;
- du panthénol ou des éthers dérivés (pantothényl-éthyl-éther) qui seraient des facteurs de croissance du cheveu ;
- des acides aminés,
- des complexes vitaminiques. Des substances parfumantes, telles que le camphre ou des huiles
essentielles, des colorants ainsi que des stabilisants (antioxydants, correcteurs de pH) peuvent compléter la composition de base de telles lotions à usage capillaire.
Ces lotions sont généralement présentées sous forme d'un système liquide monophasique ou biphasique. Dans le cas des systèmes monophasiques, les différents constituants de la lotion sont dissous ou dispersés dans l'eau ou dans un mélange hydroalcoolique. Dans le cas des lotions à deux phases liquides, il est rajouté à la formulation du pétrole léger désodorisé. Cette particularité permet de rajouter à la lotion divers constituants lipophiles peu solubles dans la phase hydroalcoolique. L'immiscibilité du pétrole léger et de l'eau ou des solutions hydroalcooliques conduit à la formation des deux phases liquides.
L'éthanol qui, comme déjà précisé ci-dessus, est très généralement utilisé comme véhicule dans les lotions capillaires, implique un certains nombres d'inconvénients.
Ainsi, présent à des concentrations importantes (30 à 50%), il a une action desséchante sur le cuir chevelu pouvant entraîner une irritation cutanée. Cet effet agressif doit être neutralisé par l'ajout d'un émolient à la formulation.
L'utilisation quotidienne de lotions capillaires contenant de l'alcool entraîne une absorption percutanée de ce dermier en quantités parfois importantes. Pour des raisons évidentes de santé, cette absorption d'alcool doit être évitée. De plus, certaines religions condamnent l'absorption d'alcool, que ce soit par consommation orale ou absorption percutanée et interdisent donc à leurs pratiquants l'usage de parfums et de produits cosmétiques contenant de l'éthanol.
On notera également que les quantités d'alcool et de pétrole dans les lotions capillaires sont sufisamment importantes pour entraîner une intoxication aiguë lors de l'ingestion accidentelle, notamment par de jeunes enfants, de telles lotions.
Les pétroles légers, également fréquemment utilisés dans les formulations de lotions capillaires ont également une toxicité reconnue. Par contact fréquent ou prolongé avec la peau, les pétroles légers détruisent l'enduit cutané lipo-acide et peuvent provoquer des dermatoses de gravité variable, avec risque d'allergie secondaire. Les vapeurs sont irritantes pour les muqueuses. A forte concentration,
elles exercent une action narcotique sur le système nerveux central (céphalées, vertiges, somnolence). Certains pétroles légers, officiellement appelés essence A, essence B et essence C, ont des vapeurs riches en hexane et ont été à l'origine de polynévrites graves, notamment au Japon et dans certains pays européens dont la France. L'ingestion accidentelle de ces essences est susceptible d'entraîner des atteintes hépato-digestives graves et parfois des troubles nerveux (coma, incidents respiratoires..) de pronostic grave. Par ailleurs, la présence éventuelle de benzène dans ces solvants peut avoir des implications hématologiques.
L'objectif de la présente invention est de proposer des lotions capillaires qui ne contiennent pas d' éthanol.
Un autre objectif de la présente invention est de permettre la fabrication de telles lotions qui ne contiennent également pas de pétrole léger.
Ces objectifs sont atteints grâce à l'invention qui concerne une lotion pour soins capillaires caractérisée en ce qu'elle contient un solvant constitué par au moins un hydrocarbure totalement ou partiellement fluoré.
Préférentiellement, ledit solvant fluoré est choisi dans le groupe constitué par : - les hydrocarbures linéaires saturés en C j, à C2Q totalement ou partiellement fluorés ;
- les hydrofluoroéthers de formule générale (I) : CnHmF2n+1-m-O-CpHqF2p+1-q dans laquelle n = 1 à 20; m = 0 à 2n+l; p = 1 à 20; q = 0 à 2p+l;
- les dérivés fluorés de la morpholine de formule générale (II) :
OC4HnF9.nN dans laquelle n = 0 à 8 ; - les dérivés fluorés des N-alkylmorpholines de formule générale (HI) :
OC4HnF8n N-CmHpF2m+1-p dans laquelle n = 0 à 7; m = l à 20; p = 0 à 40 ;
- les trialkylamines fluorées de formule générale (IV) :
(CnHmF2n+1-m) (CpHqF2p+1-q) (CxHyF2x+1-y)N
dans laquelle n = l à 20 ; m = 0 à 40 ; p = l à 20 ; q = 0 à 40, x = l à 20; y = 0 à 40)
- les dérivés fluorés du furanne de formule générale (V) :
C 4HnF8.nO dans laquelle n = 0 à 7 ;
- les dérivés fluorés des alkylfurannes de formule générale (VI) :
CnHmF2n+ ! .m-C4HpF7.p dans laquelle n = 20 ; m = 0 à 40 ; p = 0 à 7.
De tels solvants fluorés présentent des avantages décisifs par rapport aux solvants organiques classiques, tels que l'éthanol, rentrant dans la formulation des lotions capillaires de l'état de la technique.
En premier lieu, ils sont atoxiques. Diverses études toxicologiques, concernant notamment des alcanes perfluorés et la N-méthylmorpholine perfluoree, ont été effectuées sur des rongeurs. Ces études ont conduit à démontrer l'atoxicite orale même pour des doses aussi élevées que 10 g/kg, en administration ponctuelle, ou 2 g/kg/jour pendant 4 semaines. La
N-méthylmorpholine perfluoree produit, à des doses de 0.1 ml, une légère irritation réversible des tissus conjonctifs oculaires mais sans altération cornéenne.
En revanche, dans les mêmes conditions, les alcanes fluorés ne produisent pas d'irritation oculaire. Par ailleurs aucune irritation cutanée n'est observée pour des applications locales de 0.5 ml de solvant fluoré.
Il n'existe donc, à l'heure actuelle, aucune contre-indication toxicologique des solvants fluorés proposés par l'invention pour une utilisation dans le cadre de lotions pour soins capillaires. Les composés fluorés proposés par l'invention sont par ailleurs totalement inodores ou peu odorants. Il peuvent donc s'intégrer à des formulations de lotions capillaires sans risquer d'en masquer les éventuels parfums.
Par ailleurs, on notera également que ces solvants fluorés sont des composés lipophiles. Ils permettent donc, d'une part, de solubiliser les constituants lipophiles des formulations et, d'autre part, de contribuer à
l'élimination du sébum.
Ces solvants fluorés présentent par ailleurs l'intérêt d'être chimiquement inertes et de ne pouvoir réagir avec aucun des constituants habituels des formulations cosmétiques. Ce sont des composés volatils qui, après évaporation, ne laissent aucune trace.
Enfin, ils ne présentent pas de risque pour l'écosystème.
Selon une variante préférentielle,ledit solvant est choisi dans le groupe constitué par le methylperfluorobutyléther, l'octane perfluoré et le nonane perfluoré. On comprendra que les lotions capillaires selon l'invention pourront inclure un composé fluoré tel que décrit ci-dessus ou un mélange de tels composés fluorés.
L'invention sera plus facilement comprise grâce à la description qui va suivre de modes non limitatifs de réalisation de celle-ci. Exemple 1
Le pétrole léger désodorisé d'une lotion capillaire du commerce est remplacé par un mélange de 50% (v/v) de methylperfluorobutyléther (CH3-O-
C4F9 avec n=l, m=3, p=4 et q = 0), 25% (v/v) d'octane perfluoré et 25% (v/v) de nonane perfluoré. Le methylperfluorobutyléther permet de solubiliser facilement les substances parfumantes. L'octane et le nonane perfluorés sont utilisés en raison de leur volatilité moins importante que celle du methylperfluorobutyléther. Ils évitent une évaporation trop rapide de la phase organique lors de l'application de la lotion et permettent de faire durer la sensation de fraîcheur consécutive à l'évaporation. Exemple 2
A huit volumes d'une solution aqueuse contenant des actifs hydrosolubles nécessaires à des soins capillaires, est ajouté un volume d'un mélange de 50 % (v/v) d'éthylperfluorobutyléther (C2H5-O-C4F9 avec n=2, m=5, p=4 et q = 0) et de 50 % (v/v) de perfluorooctane. A ce mélange est ajouté 0,1 % (v/v) d'un
mélange d'huiles essentielles de cyprès, d'arbre à thé, de camomille et de lavande, destiné à parfumer la composition et à assurer un complément de soins capillaires. Exemple 3
A huit volumes d'une solution aqueuse contenant des actifs hydrosolubles nécessaires à des soins capillaires, est ajouté un volume d'un mélange de 50 % (v/v) de propylperfluorobutylether (C3H7-O-C4F9 avec n=3, m=7, p=4 et q = 0) et de 50 % (v/v) de perfluorooctane. A ce mélange est ajouté 0,1 % (v/v) d'un mélange d'huiles essentielles de cyprès, d'arbre à thé, de camomille et de lavande, destiné à parfumer la composition et à assurer un complément de soins capillaires.