La présente invention concerne un procédé de fabrication d'un article tricoté.
L'invention concerne plus particulièrement mais non exclusivement la
fabrication d'un béret.
Le tricotage d'un béret ou d'un article analogue s'effectue de façon connue en
soi au moyen d'un métier à deux fontures rectilignes, dont une fonture avant et une fonture
arrière, l'une au moins de ces fontures pouvant chevaler, ces fontures étant en outre munies
chacune d'aiguilles permettant le report des mailles d'une fonture à l'autre.
Il est connu de tricoter par rangées successives de mailles sur les deux fontures
jusqu'à ce qu'il ne reste plus sur ces dernières que deux bords à assembler, et de réunir
ceux-ci après avoir transporté l'article sur une remailleuse.
On a proposé dans la demande de brevet français FR-A-2 409 337 et dans la
demande de brevet européen EP-A-0 063 518, de supprimer l'usage d'une remailleuse et de
la main-d'oeuvre associée en reportant chacune des mailles constituant l'un des bords d'une
fonture sur l'autre et de réunir ensuite par couture les mailles au moyen d'un dispositif de
couture spécifique, lequel présente l'inconvénient de compliquer la fabrication du métier à
tricoter.
La présente invention vise à faciliter la fabrication d'un béret ou analogue.
Elle y parvient grâce à un nouveau procédé de fabrication, du type dans lequel
on tricote l'article au moyen d'un métier à deux fontures rectilignes, dont une fonture avant
et une fonture arrière, l'une au moins de ces fontures pouvant chevaler, ces fontures étant
en outre munies chacune d'aiguilles permettant le report des mailles d'une fonture à l'autre,
le tricotage de l'article s'effectuant jusqu'à ce qu'il ne reste plus sur les fontures que deux
bords à assembler, ce procédé étant caractérisé par le fait que l'on assemble lesdits bords en
tricotant une chaínette tournée vers l'intérieur de l'article.
Dans une mise en oeuvre préférée de l'invention, la chaínette est tricotée avec
chevalement de la seule fonture arrière, de la seule fonture avant ou des fontures avant et
arrière à la fois jusqu'à ce qu'il ne reste plus que quelques aiguilles non libres sur les
fontures, de telle manière que si l'on observe l'évolution du tricotage de la chaínette lorsque
toutes les aiguilles des deux fontures sont exactement face à face, chaque maille venant
d'être tricotée sur l'une des fontures se retrouve, après report sur l'autre fonture, décalée de
deux aiguilles dans le sens du tricotage de la chaínette, les mailles étant tricotées
alternativement sur l'une puis sur l'autre fonture.
Dans une mise en oeuvre particulière du procédé selon l'invention, la chaínette
est tricotée au moyen d'une technique d'assemblage comportant les étapes suivantes, les
deux fontures se trouvant au départ dans une position dans laquelle elles sont décalées de
deux aiguilles :
a) tricoter une maille au niveau de l'aiguille de lisière de la fonture avant,
respectivement de la fonture arrière, b) reporter cette maille sur la fonture arrière, respectivement sur la fonture
avant, c) chevaler la fonture arrière et/ou la fonture avant, en passant par une position
dans laquelle toutes les aiguilles des deux fontures sont exactement face à face, de telle
sorte que la maille ainsi reportée se retrouve décalée de quatre aiguilles par rapport à
l'aiguille sur laquelle elle a été tricotée, d) tricoter une maille sur l'aiguille de lisière de la fonture arrière,
respectivement de la fonture avant, e) reporter cette maille sur la fonture avant, respectivement sur la fonture
arrière, f) chevaler la fonture arrière et/ou la fonture avant, en passant par une position
dans laquelle toutes les aiguilles des deux fontures sont exactement face à face et en
déplaçant la ou les fontures dans le sens inverse de celui de l'étape c), de telle sorte que la
maille ainsi reportée se retrouve décalée de quatre aiguilles par rapport à l'aiguille sur
laquelle elle a été tricotée,
et par le fait que l'on répète les étapes a) à f) jusqu'à ce qu'il ne reste plus que
deux aiguilles non libres sur la fonture avant, respectivement sur la fonture arrière.
Dans une mise en oeuvre particulière de l'invention, aux étapes c) et f) ci-dessus,
on ne chevale qu'une seule fonture de quatre aiguilles.
Toujours dans une mise en oeuvre particulière du procédé, préalablement à
l'étape a), on effectue les étapes suivantes :
- accrocher un fil d'assemblage sur au moins une aiguille de l'une des fontures,
- tricoter au moins une rangée de mailles sur cette fonture.
Toujours dans une mise en oeuvre particulière du procédé, une fois les étapes
a) à f) précitées exécutées jusqu'à ce qu'il ne reste plus que deux aiguilles non libres sur la
fonture avant, respectivement sur la fonture arrière, on effectue après l'étape c) les étapes
suivantes :
- tricoter une maille sur l'aiguille de lisière de la fonture arrière,
respectivement de la fonture avant,
- reporter cette maille sur la fonture avant, respectivement sur la fonture
arrière,
- chevaler la fonture arrière, respectivement la fonture avant, de trois aiguilles,
- tricoter une maille sur l'aiguille de lisière de la fonture avant, respectivement
de la fonture arrière,
- reporter cette maille sur la fonture arrière, respectivement sur la fonture
avant,
- chevaler la fonture arrière, respectivement la fonture avant, de deux aiguilles,
- tricoter une maille sur l'aiguille de lisière de la fonture arrière,
respectivement de la fonture avant,
- reporter cette maille sur la fonture avant, respectivement sur la fonture
arrière,
- chevaler la fonture arrière, respectivement la fonture avant, d'une aiguille,
- tricoter une maille sur l'aiguille non libre de la fonture avant, respectivement
de la fonture arrière,
- reporter cette maille sur la fonture arrière, respectivement sur la fonture
avant.
De préférence, on utilise un métier à dents d'abattage à ressort incorporé.
De préférence également, on tricote l'article par secteurs successifs comportant
une hauteur de mailles généralement croissante depuis le centre de l'article vers sa
périphérie.
L'invention a encore pour objet un article tricoté, notamment un béret,
caractérisé par le fait qu'il est fermé sur lui-même au moyen d'une chaínette tournée vers
l'intérieur.
Grâce à l'invention, l'article peut être tricoté entièrement sur le métier sans
qu'il y ait besoin de transférer la pièce tricotée sur une remailleuse ou d'adjoindre au métier
un dispositif de couture spécifique.
On peut ainsi économiser de la main-d'oeuvre et utiliser un métier connu en
lui-même, sans avoir à le modifier par adjonction d'un dispositif de couture.
L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description détaillée qui va
suivre, d'un exemple non limitatif de mise en oeuvre de l'invention, et à l'examen du dessin
annexé sur lequel :
- les figures 1 à 23 illustrent différentes étapes d'un exemple de mise en oeuvre
du procédé selon l'invention.
On supposera dans la suite de la description que l'article qui est tricoté est un
béret et que l'on utilise un métier connu en soi et tel que décrit par exemple dans la
demande de brevet européen EP-A-0 602 622.
D'une manière générale, ce type de métier comporte deux fontures rectilignes,
munies chacune d'aiguilles permettant le report des mailles d'une fonture à l'autre et
munies de dents d'abattage à ressort incorporé, ce qui permet d'exercer sur le fil une
tension douce et régulière.
Toutes les aiguilles d'une fonture sont identiques.
Le métier comporte avantageusement une presse-maille, de façon connue en
soi.
On n'a représenté que la partie d'extrémité droite des fontures avant 3 et arrière
2 sur les figures 1 à 15 et la partie d'extrémité gauche de ces fontures sur les figures 16 à
23.
Pour tricoter le béret, on utilise les deux fontures à la fois, de façon connue en
soi, jusqu'à ce qu'il ne reste que deux bords à assembler.
Le tricotage s'effectue par secteurs successifs comportant une hauteur de
mailles généralement croissante depuis le centre du béret vers sa périphérie, de manière à
conférer à ce dernier le volume recherché.
L'invention porte plus particulièrement sur la manière d'assembler les bords.
On a représenté schématiquement et partiellement sur la figure 1 les fontures
arrière 2 et avant 3 du métier 1. Le chariot porte-cames du métier 1 n'est pas représenté sur
les figures, dans un souci de clarté du dessin.
La fonture avant 3 comporte une rangée 5 de mailles retenues dans les
crochets de ses aiguilles, chaque aiguille 11 de la fonture avant 3 étant schématisée par un
point sur le dessin.
On suppose que l'on vient de tricoter l'avant-dernière rangée 4 de mailles du
béret sur la fonture arrière 2, chaque aiguille 10 de cette fonture étant également
schématisée par un point sur le dessin.
La fonture arrière 2 a été chevalée d'une demi-jauge afin d'amener les aiguilles
des fontures avant 3 et arrière 2 exactement face à face.
L'opération suivante, illustrée par la figure 2, consiste à accrocher l'extrémité
d'un fil d'assemblage 6 sur deux aiguilles de la fonture arrière 2 lors du mouvement aller du
chariot porte-cames, puis sur deux autres aiguilles adjacentes de cette même fonture lors du
mouvement de retour du chariot porte-cames, comme illustré sur la figure 3.
Après l'accrochage du fil d'assemblage 6, une rangée 8 de mailles est tricotée
sur la fonture arrière 2, comme illustré sur la figure 4.
On utilise de préférence un fil d'assemblage identique à celui utilisé pour
tricoter l'article, mais distinct de celui-ci.
En variante, on pourrait utiliser le même fil.
Après tricotage de la rangée 8 de mailles, la fonture arrière est chevalée de
deux aiguilles vers la droite comme illustré sur la figure 5.
Ensuite, comme illustré sur la figure 6, on tricote au moyen du fil
d'assemblage précité une maille 12 sur l'aiguille de lisière de la fonture avant 3, puis,
comme illustré sur la figure 7, on reporte cette maille 12 sur l'aiguille qui se trouve face à
elle sur la fonture arrière 3.
Le report d'une maille d'une fonture à l'autre est une opération bien connue en
elle-même qui se fait grâce à des aiguilles adaptées à cette opération.
Cette opération de report permet de libérer l'aiguille de lisière.
Après l'opération de report, on chevale la fonture arrière 2 de quatre aiguilles
vers la gauche comme illustré sur la figure 8, puis l'on tricote sur l'aiguille de lisière de la
fonture arrière 2 une maille 13 au moyen du fil d'assemblage.
Ensuite, cette maille 13 est reportée sur la fonture avant 3, comme illustré sur
la figure 9, puis l'on chevale la fonture arrière 2 de quatre aiguilles vers la droite.
A l'étape suivante, on tricote au moyen du fil d'assemblage une maille 14 sur
l'aiguille de lisière de la fonture avant 3 et l'on reporte cette maille sur la fonture arrière,
comme illustré sur la figure 11.
La fonture arrière 2 est alors chevalée à nouveau de quatre aiguilles vers la
gauche et l'on tricote au moyen du fil d'assemblage sur l'aiguille de lisière de la fonture
arrière 2 une maille 15, comme illustré sur la figure 12.
Ensuite, comme illustré sur la figure 13, cette maille 15 est reportée sur la
fonture avant 3, puis la fonture arrière 2 est chevalée une nouvelle fois de quatre aiguilles
vers la droite.
Une maille 16 est alors tricotée au moyen du fil d'assemblage sur l'aiguille de
lisière de la fonture avant 3, comme illustré sur la figure 14.
Cette maille 16 est ensuite reportée sur la fonture arrière 2, comme illustré sur
la figure 15.
On comprend que l'on répète les étapes correspondant aux figures 6 à 10 un
certain nombre de fois de manière à libérer progressivement les aiguilles des fontures avant
3 et arrière 2 et à tricoter une structure particulière, encore appelée chaínette.
Il faut noter que dans le cas de la présente demande la chaínette est
particulière, puisqu'elle est tournée vers l'intérieur de l'article et n'apparaít donc pas sur
l'extérieur du béret.
On a illustré sur les figures 16 à 23 la fin de l'opération de tricotage de la
chaínette.
On suppose qu'à l'étape correspondant à la figure 16 l'on vient de tricoter une
maille 20 sur l'aiguille de lisière de la fonture arrière 2.
On a référencé 21 et 22 les deux mailles précédemment tricotées sur la fonture
avant 3 puis reportées sur la fonture arrière 2.
L'aiguille de lisière de la fonture 3 avant comporte une maille 23
précédemment tricotée sur la fonture arrière 2 puis reportée sur la fonture avant 3.
La fonture arrière 2 a été chevalée de deux aiguilles et demi vers la gauche de
telle sorte que d'une part, la fonture arrière déborde de deux aiguilles vers la gauche et que
d'autre part, les aiguilles des fontures avant 3 et arrière 2 se trouvent exactement face à
face.
Il ne reste que deux aiguilles venant en prise avec des mailles sur la fonture
avant 3 et trois aiguilles venant en prise avec des mailles sur la fonture arrière 2.
On a illustré sur la figure 17 le report de la maille 20 sur l'aiguille de la fonture
avant 3, située immédiatement à gauche de celle portant la maille 23.
Après cette opération de report et comme illustré sur la figure 18, la fonture
arrière 2 est chevalée de trois aiguilles vers la droite et l'on tricote sur l'aiguille de lisière de
la fonture avant 3 une maille 24.
Cette maille 24 est ensuite reportée, comme illustré sur la figure 19, sur la
fonture arrière 2.
Ensuite, comme illustré sur la figure 20, on tricote une maille 25 sur l'aiguille
de lisière de la fonture arrière 2, que l'on reporte sur la dernière aiguille non libre de la
fonture avant 3 comme illustré sur la figure 21.
La fonture arrière 2 est alors chevalée d'une aiguille vers la droite, de sorte que
toutes les aiguilles se retrouvent exactement face à face, puis l'on tricote comme illustré sur
la figure 22 une maille 26 sur la dernière aiguille non libre de la fonture avant, que l'on
reporte ensuite, comme illustré sur la figure 23, sur la fonture arrière 2.
Il ne reste alors qu'une seule aiguille non libre sur le métier.
On peut poursuivre le procédé soit en tricotant un nouvel article, soit en
démaillant la maille 26 pour libérer complètement le béret venant d'être tricoté.
Bien entendu, l'invention s'applique à tout type de tricot tubulaire, et
notamment à la fabrication d'articles creux autres que des bérets, par exemple un bonnet ou
une cagoule ou tout autre vêtement ou article tricoté tel qu'une housse ou autre revêtement
de meuble par exemple.
On a supposé dans l'exemple décrit que l'article est tricoté avec des mailles
simples (jersey) mais, bien entendu, on ne sort pas du cadre de la présente invention en
tricotant avec d'autres types de mailles.
Dans l'exemple décrit, le tricotage s'est effectué de la droite vers la gauche
mais on pourrait en variante mettre en oeuvre l'invention en tricotant de gauche à droite.
On a utilisé dans l'exemple de réalisation décrit un métier dans lequel on a
chevalé la fonture arrière uniquement.
On ne sort pas du cadre de l'invention en utilisant un métier dans lequel on
chevale à la fois la fonture arrière et la fonture avant dans des directions opposées par
exemple deux aiguilles pour obtenir un déplacement relatif des deux fontures de quatre
aiguilles ou dans lequel on ne chevale que la fonture avant.