L'invention est relative à un dispositif de transport
de signal électrique protégé contre les perturbations électromagnétiques.
Elle concerne aussi un procédé de protection d'un
câble contre des perturbations électromagnétiques.
La densité d'ondes électromagnétiques transmises par
diverses voies, notamment hertziennes, augmente constamment du
fait du développement des télécommunications et de l'augmentation
du nombre d'émetteurs radios ou de télévision. Cette augmentation
de densité entraíne un accroissement du risque de perturbations
pour les appareils de toute nature. L'exemple le plus courant de
pollution de ce type est la perturbation qu'apportent les ondes
électromagnétiques sur les câbles de transport de signaux qui, en
général, constituent des antennes réceptrices.
Pour protéger les appareils ou équipements connectés
aux câbles, on prévoit, jusqu'à présent, notamment des filtres à
inductances et condensateurs. Ces filtres sont relativement compliqués
et onéreux. La complexité et le coût augmentent avec la
bande passante des signaux qu'on veut éliminer.
Dans la demande de brevet européen n° 624 885 au nom de
Alcatel Câble, on a décrit un câble filtrant intrinsèquement les
perturbations électromagnétiques dans la gamme de fréquences
inférieures à 1 gigahertz. Ce câble, de structure coaxiale, est
constitué d'une âme métallique entourée d'au moins deux couches
dont l'une est une couche de matériau diélectrique et dont l'autre,
placée entre l'âme et cette couche de matériau diélectrique
sur au moins une partie de la longueur du câble, est une couche
de matériau composite semiconducteur comprenant une matrice isolante
et un polymère conducteur non dopé à liaisons conjuguées.
Ce câble peut éviter l'utilisation de filtres discrets. Toutefois,
la limitation à 1 gigahertz ne convient pas pour toutes les
applications.
L'invention vise à fournir un dispositif de transport
de signal s'opposant aux perturbations électromagnétiques sur une
large gamme de fréquences et qui est simple et économique à réaliser.
Par "perturbations électromagnétiques" on entend ici des
perturbations qui sont détectées par le câble par voie
hertzienne, ce câble formant une antenne. On ne considère pas ici
les perturbations qui sont transmises normalement par le câble,
c'est-à-dire par son âme.
Le dispositif selon l'invention est caractérisé en ce
que l'âme, le conducteur extérieur et/ou le diélectrique présentent
des discontinuités formant des discontinuités d'impédances,
l'ensemble des discontinuités étant choisi pour empêcher la propagation
vers l'âme d'ondes perturbatrices extérieures qui se
trouvent dans un domaine déterminé de fréquences.
On a constaté qu'ainsi on éliminait correctement des
perturbations extérieures détectées par voie hertzienne alors que
les signaux transmis normalement par le câble ne sont pratiquement
pas affectés.
Dans le mode de réalisation préféré de l'invention les
discontinuités forment une pluralité d'impédances de valeurs distinctes
qui se succèdent, les dimensions des impédances formées
entre des discontinuités successives ayant des valeurs variables
formant une séquence filtrant les ondes pouvant se propager vers
l'âme dont les fréquences se trouvent dans une gamme déterminée
imposée par la séquence.
La succession d'impédances de dimensions différentes
permet d'éliminer une large bande de fréquences.
Le filtrage se base sur le fait qu'à la limite entre
deux impédances différentes, un signal d'une fréquence donnée est
partiellement transmis et est partiellement réfléchi. Le coefficient
de réflexion dépend de la succession des impédances à
l'aval de la discontinuité. Pour éliminer une large bande de fréquences,
par exemple de 1 kilohertz à 18 gigahertz, il est nécessaire
de prévoir une distribution convenable d'impédances. On a
constaté que le nombre d'impédances nécessaires pour filtrer un
large spectre de fréquences parasites pouvait être limité à un
nombre raisonnable. Dans un exemple ce nombre est égal à 17.
A l'emplacement des discontinuités, les ondes perturbatrices
sont réfléchies en grande partie, ce qui empêche leur propagation
dans le câble.
Avantageusement, les discontinuités, ou gradients
importants d'impédances, sont obtenues en disposant de façon
alternée des impédances élevées et des impédances faibles. Le
rapport entre les impédances élevées et les impédances faibles
est par exemple supérieur à quatre et, de préférence, de l'ordre
de dix. Dans une réalisation, dans la succession d'impédances, on
ne prévoit que deux valeurs.
De préférence, la succession des discontinuités est
telle qu'elle forme des filtres interférentiels éliminant ladite
gamme déterminée de fréquences.
Les impédances nécessaires pour créer les filtrages
(interférentiels ou non) se succèdent soit selon la direction
axiale du dispositif de type coaxial, soit en direction radiale.
Dans une réalisation, qui concerne une succession
axiale, ou longitudinale, d'impédances différentes et qui s'applique
plus particulièrement à un dispositif de type coaxial, on
prévoit que l'âme présente des parties successives de diamètres
différents. Par exemple, le diamètre de l'âme peut prendre deux
valeurs différentes et les éléments successifs ont des longueurs
variables pour créer la suite d'impédances permettant le filtrage
désiré.
En variante, le conducteur extérieur présente des parties
successives de diamètres internes différents. Dans ce cas,
le conducteur central, ou âme, a, de préférence, un diamètre
constant. Il est cependant possible de combiner des variations de
diamètre de l'âme et du conducteur extérieur.
Ces réalisations s'appliquent plus particulièrement aux
connecteurs destinés à être interposés entre, d'une part, un
câble soumis à des perturbations électromagnétiques, et d'autre
part, un appareil à protéger contre ces perturbations.
Dans une autre réalisation, qui s'applique plus spécialement
à un câble incorporant des moyens de protection contre les
perturbations électromagnétiques, deux impédances successives se
distinguent par la configuration de leurs conducteurs extérieurs.
Par exemple, une impédance présente un conducteur extérieur qui
entoure complètement, sans ajour, la section correspondante de
câble tandis que le conducteur extérieur de la section suivante
présente des ajours. Ce dernier conducteur peut être réduit à un
simple fil reliant les conducteurs extérieurs sans ajour de la
section précédente et de la section suivante. Comme dans les
autres exemples, les longueurs des diverses sections diffèrent et
les sections sont disposées selon une séquence imposée par les
fréquences à éliminer.
Le choix des longueurs des diverses sections est imposé
principalement par le filtrage requis. Mais d'autres contraintes
peuvent intervenir. En particulier, il est nécessaire de minimiser
la longueur totale. A cet effet, on peut choisir les longueurs
des sections à partir d'une décomposition de type fractal.
Dans une variante, qui s'applique à tous les modes de
réalisation décrits ci-dessus, la variation d'impédance est obtenue
en disposant dans des sections successives des matériaux
diélectriques à permittivité et/ou perméabilité différentes.
Bien que l'application préférée soit le filtrage passe-bas,
l'invention s'applique à tout type de filtrage, c'est-à-dire
qu'elle permet aussi la réalisation d'un filtrage passe-haut ou
passe-bande.
Les dispositions de l'invention, qui permettent un filtrage
en fréquences, peuvent être combinées avec un filtrage en
amplitude. Ce filtrage est, de préférence, effectué grâce à
l'utilisation, entre l'âme et le conducteur extérieur, d'un matériau
diélectrique à propriété de seuil, c'est-à-dire qui est isolant
en dessous d'une valeur déterminée de champ électrique et
qui est conducteur au-dessus de cette valeur. De cette manière,
les perturbations d'amplitude supérieures à une valeur déterminée
sont éliminées par dérivation vers la masse, si le conducteur
extérieur est connecté à la masse. Le matériau à seuil remplit
complètement ou partiellement l'espace entre le conducteur extérieur
et l'âme.
De plus, la configuration de l'âme ou du conducteur
extérieur est telle qu'elle comporte des parties de faible rayon
de courbure de façon à engendrer un effet de pointe permettant
d'abaisser le seuil de champ électrique extérieur à partir duquel
le matériau diélectrique devient conducteur.
D'autres caractéristiques et avantages de l'invention
apparaítront avec la description de certains de ses modes de réalisation,
celle-ci étant effectuée en se référant aux dessins ci-annexés
sur lesquels :
la figure 1 représente une partie d'un câble selon
l'invention, la figure 2 est une coupe selon la ligne 2-2 de la
figure 1, la figure 3 est une coupe selon la ligne 3-3 de la
figure 1, la figure 4 est un schéma électrique équivalent à un
tronçon de câble, la figure 5 est un diagramme montrant une variation
d'impédance en fonction de la fréquence, la figure 6 est un schéma servant à expliquer le filtrage
interférentiel, la figure 7 est un schéma servant à expliquer une
décomposition fractale pour choisir des longueurs d'impédances, la figure 8 est un schéma montrant l'utilisation d'un
connecteur selon l'invention, la figure 9 est un schéma de connecteur conforme à
l'invention, la figure 10 est un schéma correspondant à une variante
de la figure 9, la figure 11a est une coupe selon la ligne 11a de la
figure 10, la figure 11b est une coupe selon la ligne 11b de la
figure 10, la figure 12 est un schéma d'une variante, et la figure 13 est un schéma d'une autre variante.
Le mode de réalisation de l'invention que l'on va
décrire en relation avec les figures 1 à 3, concerne un câble 10
du type coaxial, comportant une âme 11, ou conducteur central, un
conducteur extérieur 12 et un diélectrique 13 entre l'âme 11 et
le conducteur 12.
Ce câble est divisé, sur au moins une partie de sa longueur,
en sections d'impédances différentes de façon à réaliser
un filtrage de type interférentiel pour filtrer, c'est-à-dire
éliminer, les perturbations électromagnétiques 15 détectées par
le câble lui-même fonctionnant en antenne réceptrice à l'égard de
ces perturbations 15.
Dans cet exemple, l'âme 11 est un fil de cuivre de diamètre
11,2 mm, le conducteur extérieur 12 est un feuillard (ruban
plat) de cuivre d'épaisseur 0,05 mm en contact avec la surface
extérieure 131 du diélectrique 13 en polyéthylène. Le diamètre
extérieur de l'anneau de polyéthylène est de 21 mm.
Pour réaliser le filtrage mentionné ci-dessus, au moins
sur une partie de sa longueur, le câble 10 est divisé en sections
d'impédances variables, deux sections successives ayant des impédances
sensiblement différentes. Sur la figure 1, on a représenté
trois sections 21, 22, 23. Ces sections, ou cellules, diffèrent
les unes des autres par les paramètres suivants : la configuration
du conducteur extérieur 12 et la longueur.
Le conducteur extérieur 12 des cellules 21 et 23 a la
forme d'un manchon 24 non ajouré, entourant donc complètement le
diélectrique (figures 1 et 2).
Le conducteur extérieur de la cellule 22 est un simple
fil 122, parallèle à l'axe du câble, de diamètre 1,2 mm reliant
les manchons des cellules 21 et 23. Autrement dit, dans la cellule
22, la plus grande partie de la surface extérieure de l'anneau
de polyéthylène 13 est dénudée.
Dans une variante, à la place d'un conducteur extérieur
sous forme d'un feuillard, notamment de cuivre, on prévoit un
vernis conducteur.
La succession des cellules est telle que chacune présente,
à son entrée, une impédance qui est sensiblement différente
de l'impédance d'entrée de la cellule suivante. Dans un
mode de réalisation, on ne prévoit que deux valeurs d'impédances.
Le tableau ci-dessous représente une séquence, ou
motif, de 17 impédances successives ayant les caractéristiques
suivantes :
rang de la cellule | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 |
longueur (cm) | 50 | 1 | 15 | 7 | 79 | 63 | 91 | 55 | 67 | 85 | 33 | 35 | 19 | 55 | 1 | 100 | 50 |
Zc (ohms) | 23 | 300 | 23 | 300 | 23 | 300 | 23 | 300 | 23 | 300 | 23 | 300 | 23 | 300 | 23 | 300 | 23 |
Cette séquence est une alternance d'impédances d'entrées de valeurs 23 et 300 ohms.
L'invention repose sur le fait que les discontinuités
créées par la succession d'impédances de valeurs différentes provoque
des réflexions qui empêchent la propagation des ondes
perturbatrices.
Pour mieux comprendre comment s'effectue la réflexion,
on rappelle ici qu'un câble coaxial, dont le diamètre de l'âme
est a et dont le diamètre interne du conducteur extérieur est b,
présente une impédance caractéristique Z
0 définie par la formule
suivante :
Dans cette formule, η est l'impédance d'onde qui est
définie par le formule suivante :
η = µε = µr εr × µ0 ε0
Dans cette formule, µ est la perméabilité du diélectrique
entre l'âme et le conducteur extérieur, ε sa permittivité,
µ0 est la perméabilité du vide et ε0 est la permittivité du vide.
Une onde de fréquence f propagée dans une cellule
coaxiale présente une longueur d'onde λg ayant la valeur
suivante :
λg = 2πβ = 2π ω × εµ = cf × εrµr
Dans cette formule, c est la vitesse de la lumière.
Un câble peut encore être représenté par le schéma
équivalent de la figure 4, c'est-à-dire avec deux bornes d'entrée
261, 262 et deux bornes de sortie 271, 272. Entre les bornes 261
et 271 se trouvent une résistance 28 qui représente la résistance
linéique des conducteurs métalliques et, en série, une inductance
29 qui représente l'inductance des conducteurs. Dans la représentation
de la figure 4, une borne de l'inductance 29 est reliée à
la résistance 28, et l'autre borne à la borne de sortie 271.
Entre les bornes 271 et 272, se trouvent, d'une part,
une conductance 30 qui est la conductance du diélectrique entre
l'âme et le conducteur extérieur, et d'autre part, un condensateur
31, en parallèle sur la conductance 30, qui représente le
condensateur formé par les deux armatures, c'est-à-dire l'âme et
le conducteur extérieur, et le diélectrique.
L'impédance de chaque tronçon de ligne ou câble peut
être calculée à partir de ces paramètres et de ce schéma équivalent.
Ainsi, l'impédance d'entrée Zcc d'un tronçon de ligne d'impédance
Z0, sans perte, de longueur 1, et qui est fermé sur un
court-circuit est égale à :
Zcc = j.Z0.tanh(γl), γ = α + jβ = α + jω/c
La ligne étant sans perte, on obtient :
Zcc = j.Z0.tan(ωl/c)
Cette impédance varie donc en fonction de la fréquence,
comme représenté par le diagramme de la figure 5 sur lequel on a
porté la fréquence f en abscisses et l'impédance Zcc en
ordonnées.
Sur ce diagramme, on voit que l'impédance présente une
valeur infinie lorsque la longueur 1 de la ligne est égale à un
nombre impair de quarts de longueurs d'onde, et une valeur nulle
quand la longueur 1 du tronçon de ligne est égale à un nombre
pair de quarts de longueurs d'onde.
On montre aisément que lorsque le tronçon de ligne
n'est pas en court-circuit, mais en circuit ouvert, l'impédance
Zc0 en circuit ouvert présente des zéros (0) pour un nombre
impair de quarts de longueurs d'onde, et des pôles (ou valeurs
infinies) pour un nombre pair de quarts de longueurs d'onde.
On voit donc que la longueur de chaque section détermine
les fréquences filtrées.
Par ailleurs, à la transition entre deux impédances
(dont la valeur dépend de la fréquence), une onde incidente est
réfléchie, c'est-à-dire retourne vers la source, sans être propagée
à l'aval. Le coefficient de réflexion R a la valeur
suivante :
R = Zg - Ze Zg + Ze = onde réfléchieonde incidente
Dans cette formule, Zg est l'impédance à la source,
c'est-à-dire à l'amont, tandis que Ze est l'impédance de la ligne
dans le plan d'entrée, c'est-à-dire l'impédance côté aval.
Étant donné qu'un câble ou dispositif selon l'invention
comporte une multiplicité de transitions, on comprend aisément
que, globalement, le pouvoir filtrant dépend de l'ensemble des
transitions. Cette propriété sera mieux comprise avec la description
de la figure 6 sur laquelle la ligne 35 représente le plan
séparant les cellules 21 et 22 et la ligne 36 représente le plan
séparant les cellules 22 et 23. On voit qu'une onde incidente 37
est partiellement réfléchie (flèche 38) et partiellement transmise
(flèche 39). A la transition 36, de même, l'onde 39 est partiellement
transmise (flèche 40) et partiellement réfléchie
(flèche 41). L'onde réfléchie globale sera donc la superposition
de toutes les réflexions partielles aux transitions.
Le choix des longueurs des diverses sections est imposé
surtout par le gabarit des fréquences à rejeter. Toutefois, cette
contrainte laisse encore une latitude de choix ; on pourra donc
choisir les diverses longueurs de façon à satisfaire à d'autres
conditions ; en particulier, on peut minimiser la longueur totale
du moyen de filtrage.
On décrit ci-après, en relation avec la figure 7, un
exemple de décomposition en structure fractale qui permet d'atteindre
cet objectif. Cet exemple ne concerne cependant pas le
câble de la figure 1 dans lequel le matériau diélectrique est le
même sur toute la longueur du câble. Il concerne un câble ou un
connecteur qui présente des tronçons se distinguant les uns des
autres par la valeur de la permittivité (ou la perméabilité) du
diélectrique.
On choisit un facteur de découpage, par exemple de 0,54
ou 6, et on découpe la longueur totale 40' d'un motif de filtrage
en deux tronçons 41' et 42'. Le premier tronçon 41' a une longueur
LΨ (L est la longueur totale du motif et Ψ le facteur de
découpage) et sa permittivité εr est égale à la permittivité du
diélectrique. Le second tronçon 42' a une longueur L (1-Ψ) et sa
permittivité est εrΨ/(1-Ψ). De cette manière, les deux tronçons,
de longueurs inégales, emmagasinent la même énergie, le tronçon
de plus faible longueur ayant une permittivité diélectrique
augmentée pour compenser sa longueur plus faible.
Ensuite, on poursuit le découpage de chacun des tronçons
41' et 42' de la même manière. Ainsi, le tronçon 42' est
découpé en tronçons 42'1 et 42'2. Le tronçon 42'1 est de longueur
L(1-Ψ)Ψ et la permittivité du diélectrique est εrΨ(1-Ψ) ; le
tronçon 42'2 a une longueur L(1-Ψ)2 et la permittivité de son
diélectrique est :
εr Ψ2 1 - Ψ .
On peut, bien entendu, utiliser d'autres décompositions
fractales, par exemple, une décomposition de Cantor.
En plus du choix des longueurs des divers tronçons, il
faut également déterminer l'ordre de succession des tronçons. Cet
ordre sera déterminé de façon empirique de façon à obtenir le
filtrage désiré ; pour cette détermination empirique, on peut,
bien entendu, effectuer des simulations numériques pour approcher
par approximations successives le spectre de filtrage désiré.
On va maintenant décrire, en relation avec les figures
8 à 10, l'utilisation de l'invention pour la réalisation d'un
connecteur 60 (figure 8) destiné à être interposé entre un câble
61 et un appareil ou équipement 62 dont le signal sur l'entrée 63
(ou sortie) provient du (ou va au) câble 61. Le connecteur 60 a
pour but d'éliminer les perturbations 65 détectées par le câble
61 fonctionnant comme une antenne réceptrice d'ondes
perturbatrices.
On peut noter que, bien qu'on ait prévu un connecteur
60 à l'extérieur d'un appareil 62 à protéger, on peut, bien
entendu, loger ce connecteur ou filtre 60 à l'intérieur de l'appareil
62.
Dans cet exemple, le connecteur 60 a, en plus de sa
fonction de filtrage de fréquences perturbatrices, une fonction
d'écrêtage, c'est-à-dire de limitation d'amplitude des signaux
appliqués sur l'entrée 63.
On se réfère maintenant à la figure 9. Le connecteur
filtrant 60 se présente sous la forme d'un cylindre de longueur
200 mm environ et de diamètre extérieur 25 mm. Il présente un
manchon extérieur 70 constituant le conducteur extérieur du
connecteur dont la structure d'ensemble est coaxiale. Ce conducteur
extérieur 70 est relié à la masse à l'aide d'un moyen 71,
par exemple à vis et cosse.
Le filtrage est obtenu, comme dans l'exemple décrit en
relation avec les figures 1 à 3, en prévoyant sur la longueur du
connecteur 60, une succession de cellules d'impédances variables.
Par exemple, l'impédance d'entrée de la première cellule 721 est
de 6 ohms, l'impédance d'entrée de la seconde cellule 722 est de
60 ohms, l'impédance d'entrée de la troisième cellule 723 est
égale à l'impédance d'entrée de la cellule 721, c'est-à-dire de
60 ohms, etc. Le nombre de cellules est, dans cet exemple, égal à
17.
Le découpage en cellules d'impédances d'entrée alternées
est obtenu par la configuration du conducteur central ou
âme.
Ainsi, la première cellule 721 présente un diamètre
extérieur maximal de 20,2 mm et une longueur de 20 mm. Dans la
seconde cellule 722, le diamètre maximal de l'âme 75 est de 5,6
mm et la longueur de cette cellule 722 est de 9 mm. Les cellules
suivantes de rang impair présentent un diamètre extérieur de
l'âme égal à celui de la cellule 721, tandis que les cellules
suivantes de rang pair présentent un diamètre de l'âme égal au
diamètre de l'âme de la cellule 722.
Dans cet exemple, toutes les cellules de rang impair,
de plus grand diamètre, ont la même longueur de 20 mm, tandis que
les cellules de rang pair ont des longueurs variables. Le choix
de ces paramètres est effectué, comme décrit plus haut, en fonction
du filtrage désiré. En outre, les cellules de rang impair
ont une même impédance d'entrée (6 ohms), tandis que toutes les
cellules de rang pair ont une même impédance d'entrée (60 ohms)
sensiblement plus élevée.
Ce connecteur permet d'éliminer les fréquences perturbatrices
supérieures à 10 kilohertz et pouvant atteindre 18
gigahertz.
Le matériau diélectrique 78 remplissant l'espace entre
l'âme 75 et le conducteur extérieur 70 est de préférence un matériau
à comportement non linéaire, tel qu'une polyaniline ou un
zwitterion. Par "comportement non linéaire", on entend un matériau
qui est isolant pour une valeur de champ électrique inférieure
à un seuil déterminé et qui devient conducteur quand le
champ électrique dépasse ce seuil. De cette manière, pour des
champs électriques dépassant le seuil, le signal est dérivé vers
la masse grâce à la connexion 71.
Cette disposition permet une protection supplémentaire
en amplitude. Un exemple typique est la protection contre les
effets de la foudre.
Cependant, de façon plus générale, on cherche à protéger
l'équipement 62 (figure 6) contre les signaux d'une amplitude
supérieure à un seuil VS déterminé. Il n'est pas toujours possible
de sélectionner le matériau 78 de façon telle qu'il devienne
conducteur à partir d'un seuil de champ électrique correspondant
à la tension maximale admissible sur l'entrée 63 de l'équipement
62, le seuil de déclenchement du matériau 78 étant intrinsèquement
à un niveau relativement élevé.
Pour utiliser les propriétés du matériau 78 afin de
protéger "en amplitude" l'équipement 62, on configure l'âme 75
et/ou la surface interne du conducteur extérieur 70 avec des
arêtes ou pointes. Ces arêtes, ou zones à faible rayon de courbure,
permettent d'augmenter localement la valeur du champ électrique
dans le matériau 78 et donc d'abaisser sensiblement le
seuil de champ extérieur à partir duquel ce matériau 78 devient
conducteur. De façon plus précise, du fait de l'effet de pointe,
le champ électrique appliqué est augmenté localement, au niveau
de la pointe, d'un facteur 10 à 100. De cette manière le seuil de
déclenchement du matériau 78 est diminué d'un facteur 10 à 100,
le seuil étant mesuré par le champ électrique global et non le
champ électrique local (au niveau des arêtes ou pointes).
Dans l'exemple de la figure 9, les pointes ou arêtes
sont réalisées par des ondulations de la surface extérieure de
l'âme 75. Ainsi, en section par un plan axial, la surface extérieure
de l'âme pour chaque cellule n'est pas un segment de
droite mais une suite de demi-cercles 80, 81 de diamètre 0,4 mm.
On obtient ainsi un effet de pointes, d'une part, par les demi-cercles
80, 81 et, d'autre part, grâce aux arêtes 82 constituées
des cercles à la jonction entre les demi-cercles.
Dans la variante représentée sur les figures 10, 11a et
11b, le connecteur 60' comporte, comme dans l'exemple précédemment
décrit, un manchon extérieur 70' relié à la masse, une âme
75' et un matériau non linéaire 78'.
Cet exemple se distingue du précédent principalement
par une configuration différente de l'âme, celle-ci ayant, en
section, la forme d'un polygone (figures 11a et 11b), de préférence
régulier. Dans l'exemple, le nombre de côtés du polygone
est de douze.
Ce sont les sommets du polygone (qui sont des arêtes
dans l'espace) qui confèrent l'effet de pointe, c'est-à-dire qui
permettent de déclencher le matériau 78' pour un champ électrique
extérieur sensiblement inférieur à son seuil intrinsèque de
déclenchement (passage de l'état isolant à l'état conducteur).
Chaque cellule 72'1, 72'2, etc. est divisée en sous-cellules.
Ainsi, la cellule 72'1 comporte deux sous-cellules 851
et 852 de longueurs égales et la cellule 72'2 comprend trois
sous-cellules 861, 862 et 863, toutes trois de même longueur. La
section de l'âme pour deux sous-cellules successives faisant partie
d'une même cellule, est la même, mais est décalée angulairement.
Ce décalage angulaire, autour de l'axe du connecteur 60',
est, de préférence, égal à la moitié de l'angle au centre (30°
dans l'exemple) sous lequel est vu chaque côté du polygone, comme
représenté par les figures 11a et 11b. Cette disposition a pour
but d'homogénéiser la répartition dans l'espace des arêtes afin
de diminuer les échauffements locaux du matériau diélectrique et,
surtout, de limiter le risque de production d'arcs électriques
entre les arêtes et le conducteur extérieur.
Les exemples décrits ci-dessus concernent une distribution
d'impédances en direction longitudinale, cette distribution
ayant pour but de diminuer le couplage (grâce à des ruptures ou
gradients d'impédances) entre les ondes perturbatrices et l'aval
du câble ou connecteur.
Dans l'exemple représenté sur la figure 12, les gradients
d'impédances sont obtenus en prévoyant un câble comportant,
autour de l'âme 90, plusieurs couches de diélectriques 91,
92, 93, etc. dont les permittivités diélectriques diffèrent de
façon à créer lesdites ruptures d'impédance permettant de limiter
ou de réduire à zéro le couplage entre une perturbation extérieure
95 et l'âme 90.
Par exemple, la couche 93 est constituée de polyaniline,
la couche 92 est en polyéthylène et la couche 91 est un
polymère conducteur. La couche 91 est un polymère conducteur
dopé. Sa conductivité est comprise entre 1 et 1000 S/cm. Avantageusement,
ce polymère conducteur dopé est une polyaniline dopée.
Le dopant est par exemple l'acide chlorhydrique, l'acide sulfurique,
l'acide camphrosulfonique ou un acide sulfonique substitué.
La nature de la couche 91 est susceptible de nombreuses
variantes.
L'invention n'est pas limitée au cas d'un câble à un
seul conducteur. Elle s'étend aussi à la protection d'un ensemble
de câbles. Par exemple, elle peut s'appliquer à la protection
d'une paire de câbles de transmission téléphonique, comme représenté
sur la figure 13.
Les deux câbles téléphoniques ont pour références 101
et 102. Ils sont disposés dans une enveloppe 103 remplie de matériaux
diélectriques alternés en direction longitudinale. Ainsi,
sur la figure, on voit la limite 111 entre deux cellules 1101 et
1102. La première, de référence 1101, comporte un isolant formé
de résine phénolique dont la permittivité relative est de 5 et la
seconde, de référence 1102, comporte un polyéthylène relativement
conducteur de permittivité 2,3. Comme dans les modes de réalisation
précédemment décrits, cette variation de permittivité
diélectrique dans une surface 111, perpendiculairement à l'axe
104, permet un fort gradient d'impédance limitant le couplage
pour les perturbations. De préférence, on prévoit une succession
d'une pluralité de cellules qui est telle qu'on crée un filtrage
interférentiel comme décrit plus haut.
Chaque câble 101 ou 102 comporte, autour de chaque fil
103, un polymère conducteur 105 qui présente l'avantage de permettre
une dissipation des ondes perturbatrices sous forme de
chaleur, en complément de la diminution du couplage réalisée par
les ruptures d'impédances.
Il n'est, bien entendu, pas indispensable, comme représenté,
que les conducteurs 101 et 102 soient disposés parallèlement.
Ils peuvent être disposés de façon torsadée pour limiter
les interférences ou perturbations en mode différentiel.