GAZEIFIEUR DE COMBUSTIBLE SOLIDE CARBONE
Domaine de l'invention L'invention se rapporte à un gazéifieur à co-courant et à lit fixe pour la gazéification d'un combustible solide carboné, tel que par exemple de la biomasse solide. Plus particulièrement, l'invention se rapporte à un tel gazéifieur comportant une cuve verticale présentant successivement et de haut en bas : - un sas d'entrée pour introduire le combustible dans la cuve,
- une zone de pyrolyse pour pyrolyser le combustible introduit dans la cuve et comportant des premiers moyens d'admission d'un agent de pyrolyse,
- une zone de combustion pour brûler des gaz de pyrolyse provenant de la zone de pyrolyse et comportant des seconds moyens d'admission d'un agent gazéifiant,
- une zone de réduction pour gazéifier du combustible carbonisé provenant de la zone de pyrolyse,
- une sortie pour récolter des gaz provenant de la zone de réduction,
- une zone pour collecter et évacuer des cendres,
Ladite cuve comporte par ailleurs des moyens de transfert actifs pour transférer activement de la matière solide de la zone de pyrolyse vers la zone de réduction, lesdits moyens de transfert actifs étant situés entre la zone de pyrolyse et la zone de combustion. En d'autres termes, les moyens de transfert actifs sont situés dans la cuve entre l'endroit où les premiers moyens d'admission de l'agent de pyrolyse sont prévus pour admettre ledit agent de pyrolyse dans la cuve et l'endroit où les seconds moyens d'admission de l'agent gazéifiant sont prévus pour admettre ledit agent gazéifiant dans la cuve. Par « agent de pyrolyse », il faut comprendre un gaz neutre ou réactif qui apportera l'énergie nécessaire à la montée en température du combustible solide contenu dans
la zone de pyrolyse. Cette énergie peut être soit véhiculée par le gaz lui-même soit être générée par la réaction de gaz avec les produits contenus dans la zone de pyrolyse. Ledit agent de pyrolyse peut donc par exemple être de l'air ambiant préchauffé, un gaz à plus forte concentration en oxygène, de la vapeur d'eau, du dioxyde de carbone, un gaz combustible ou encore un mélange de ces gaz.
Par « agent gazéifiant, il faut comprendre un gaz apte à réagir avec le carbone et/ou avec l'hydrogène contenu dans le combustible solide Ledit agent gazéifiant peut donc par exemple être de l'air ambiant, un gaz à plus forte concentration en oxygène, de la vapeur d'eau, du dioxyde de carbone ou encore un mélange de ces gaz.
L'invention se rapporte aussi à une unité de production et de combustion de gaz comportant un tel gazéifieur pour produire ledit gaz. État de la technique
De tels gazéifieurs sont connus et permettent de produire un gaz combustible à partir d'un combustible solide carboné, en particulier à partir de déchets de bois, tels que ceux provenant par exemple de scieries ou de d'exploitations forestières, ou à partir de sous-produits d'agriculture (paille, etc.), ou encore à partir de bois recyclé. Ce gaz combustible contient notamment du monoxyde de carbone et de l'hydrogène et peut ensuite être utilisé à diverses fins telles que par exemple pour alimenter une turbine à gaz ou un moteur à combustion interne ou une chaudière ou un four. Toutefois, la plupart des gazéifieurs à co-courant connus fournissent un gaz comportant également une quantité non négligeable de goudrons, ce qui peut nuire au bon fonctionnement des machines utilisant un tel gaz comme combustible. Différentes solutions ont donc été proposées afin de réduire la teneur en goudrons du gaz produit par de tels gazéifieurs.
Le brevet EP 1248828 divulgue par exemple un gazéifieur dans lequel un espace vide (c'est-à-dire une zone exempte de matière solide) est créé dans la zone de combustion afin d'obtenir une meilleure combustion des gaz de pyrolyse ainsi qu'une meilleure gazéification de la masse pyrolysée, ce qui permet de réduire la teneur en goudrons du gaz à la sortie. Pour créer cet espace vide, ce brevet propose de munir la partie inférieure de la zone de réduction d'un mécanisme permettant de régler le transfert de matière solide entre la zone de réduction et la zone de collecte des cendres.
La partie inférieure de la zone de pyrolyse est par ailleurs munie d'entonnoirs et d'une grille mobile pour plus ou moins doser la quantité de combustible solide entrant dans la zone de combustion.
Un tel système présente l'inconvénient que, vu la nature très aléatoire des écoulements de solides, il est possible que de la matière non encore complètement pyrolysée entre dans la zone de combustion. Par ailleurs, il se pourrait aussi que de la matière non encore complètement réduite entre dans la zone de collecte des cendres. En effet, dans le cas où le débit de matière entrant dans la zone de combustion est plus rapide que prévu, les moyens de transfert de matière vers la zone de collecte des cendres s'ouvriront plus fortement afin de maintenir l'espace vide dans la zone de combustion. Or, ce débit entrant peut varier selon les circonstances, par exemple en fonction des caractéristiques physiques de la biomasse utilisée (granulométrie par exemple) et/ou des caractéristiques instantanées de l'écoulement.
Le brevet NL-8200417 divulgue un gazéifieur similaire et propose de munir la partie inférieure de la zone de pyrolyse d'un mécanisme permettant de transférer de la matière solide de la zone de pyrolyse vers la zone de réduction tout en laissant un espace vide entre ces deux zones. Ce mécanisme de transfert de matière solide comporte un cône placé à distance d'un étranglement conique correspondant de la cuve et pouvant être mis en rotation et/ou en mouvement axial afin d'agiter la matière solide pour ainsi la transférer vers la zone de réduction. Ici aussi, vu la nature très aléatoire des écoulements des solides, il est possible que du combustible non encore complètement pyrolysé entre dans la zone de combustion. Comme pour l'exemple
précédent, des phénomènes dits « de cheminée » et/ou « d'avalanche » (référence était faite à la nature de l'écoulement solide) peuvent par exemple apparaître dans la zone de pyrolyse. Le cas échéant, de la matière solide fraîchement introduite dans la cuve (et donc non encore complètement pyrolysée) pourrait être entraînée vers la zone de réduction par le mécanisme de transfert, ce qui provoquera une augmentation de la teneur en goudrons du gaz à la sortie.
Bien que forts différents dans leur structure et leur fonctionnement, il existe aussi des gazéifieurs à contre-courant tels que celui décrit dans le brevet WO-2008/107727 et qui fait également appel à une grille mobile pour plus ou moins doser la matière solide entrant dans la zone de réduction. Une telle grille mobile présente les mêmes inconvénients que ceux décrits ci-dessus.
Résumé de l'invention
Un but de l'invention est de résoudre au moins partiellement les problèmes des gazéificateurs connus.
A cette fin, le gazéifieur selon l'invention est caractérisé en ce que les moyens de transfert actifs comportent un sas de transfert apte à empêcher un écoulement direct de la matière solide de la zone de pyrolyse vers la zone de réduction, ledit sas de transfert étant perméable aux gaz de pyrolyse.
En effet, grâce à un tel sas de transfert, il devient possible de mieux contrôler le transfert de matière solide vers la zone de réduction et ainsi de réduire la quantité de combustible non encore entièrement pyrolysé entrant dans ladite zone de réduction, ce qui contribue à réduire la quantité de goudrons dans les gaz de sortie. Un sas de transfert permet également de mieux régler le débit de matière solide déversé dans la zone de réduction est ainsi de mieux assurer un espace vide (c'est-à-dire une zone exempte de matière solide) au dessus de la zone de réduction, ce qui contribue également à réduire la quantité de goudrons dans les gaz de sortie.
De préférence, le sas de transfert comporte un premier plateau rotatif comportant au moins une première ouverture décentrée et un deuxième plateau rotatif comportant au moins une deuxième ouverture décentrée, les deux plateaux étant disposés horizontalement et à une distance l'un de l'autre, définissant ainsi une zone de transfert entre les deux plateaux, chacune des premières ouvertures étant décalée horizontalement par rapport à chacune des deuxièmes ouvertures, et la zone de transfert est munie d'un premier obstacle fixe par rapport à la cuve. En plus des avantages cités ci-dessus, un tel dispositif préféré permet, grâce au décentrage et au mouvement rotatif de la première ouverture de mieux répartir le prélèvement de combustible solide dans la zone de pyrolyse. Ce dispositif permet donc de mieux s'approcher d'un écoulement idéal du type « LILO » (Last In Last Out = dernier entré, dernier sorti) de la matière solide dans la zone de pyrolyse et il contribue ainsi à rendre la pyrolyse encore plus complète.
Par ailleurs, grâce au décentrage et au mouvement rotatif de la deuxième ouverture, ce dispositif préféré permet de répartir la matière solide plus uniformément sur le lit de matière dans la zone de réduction, ce qui contribue à une meilleure gazéification. Une répartition plus uniforme permet en effet d'éviter des chemins préférentiels pour le flux gazeux à travers la zone de réduction, chemins qui donneraient sinon lieu à un moindre achèvement des réactions de réduction entre particules solides et flux gazeux par un passage trop rapide desdits flux gazeux dans le lit de réduction.
Les deux effets précités contribuent à réduire encore plus la quantité de goudrons dans les gaz de sortie.
Notons que, comme le premier obstacle est fixe par rapport à la cuve, cela a pour effet d'empêcher au moins une partie de la matière solide d'être entraînée en rotation par la rotation du premier et/ou du second plateau, ce qui permet une vidange effective de la zone de transfert au travers de la deuxième ouverture.
De préférence, le premier plateau rotatif est surmonté d'un deuxième obstacle fixe par rapport à la cuve afin d'éviter qu'au moins une partie de la matière solide située dans la zone de pyrolyse ne soit entraînée en rotation par la rotation du premier plateau, ce qui perturberait sinon l'écoulement tel que souhaité de la matière dans la zone de pyrolyse.
Brève description des figures
Ces aspects ainsi que d'autres aspects de l'invention seront clarifiés dans la description détaillée de modes de réalisation particuliers de l'invention, référence étant faite aux dessins des figures, dans lesquelles :
Fig.l montre schématiquement une coupe frontale d'un gazéifieur selon l'invention;
Fig.2 montre une coupe frontale d'un mode de réalisation d'un gazéifieur selon l'invention;
Fig.3 montre une coupe frontale d'un mode de réalisation préféré d'un gazéifieur selon l'invention;
Fig.4 montre un vue en coupe transversale (AA) du gazéifieur de la Fig. 3;
Fig.5 montre un vue en coupe transversale (AA) d'un mode de réalisation préféré du gazéifieur de la Fig. 3;
Fig.6 montre une coupe frontale d'un mode de réalisation plus préféré d'un gazéifieur selon la Fig.3;
Fig.7 montre une coupe frontale d'un mode de réalisation plus préféré d'un gazéifieur selon la Fig.3.
Les dessins des figures ne sont pas à l'échelle. Généralement, des éléments semblables sont dénotés par des références semblables dans les figures.
Description détaillée de modes de réalisation particuliers
Les modes de réalisation décrits ci-après utilisent de la biomasse solide en tant que combustible exemplaire, mail il sera évident que tout autre type de combustible solide carboné conviendra également.
La Fig.l montre schématiquement une coupe frontale d'un gazéifieur (1) selon l'invention. Ce gazéifieur est formé par un réacteur sous forme d'une cuve verticale (4) comportant successivement et de haut en bas :
- un sas d'entrée (5) pour introduire la biomasse (2) dans la cuve,
- une zone de pyrolyse (10) pour pyrolyser la biomasse introduite dans la cuve et comportant des premiers moyens d'admission d'un agent de pyrolyse (11),
- une zone de combustion (20) pour brûler des gaz de pyrolyse provenant de la zone de pyrolyse et comportant des seconds moyens d'admission d'un agent gazéifiant (21),
- une zone de réduction (30) pour gazéifier de la biomasse carbonisée provenant de la zone de pyrolyse,
- une sortie (6) pour récolter des gaz provenant de la zone de réduction, et - une zone (40) pour collecter et évacuer des cendres.
La biomasse (2), par exemple des copeaux de bois, est introduite dans la cuve (4) par le haut au moyen du sas d'entrée (5) (par exemple une vanne rotative) et entre ainsi dans la zone de pyrolyse (10) où elle se décompose, sous l'effet de la chaleur, en matières volatiles et en en un résidu solide riche en carbone généralement appelé
« char » ou « coke ». Cette réaction se produit typiquement dans une gamme de température entre 300 °C et 700°C.
Les premiers moyens d'admission d'un agent de pyrolyse (11) - par exemple une ou plusieurs tuyère(s) débouchant latéralement dans la cuve au niveau de la zone de pyrolyse - permettent d'y introduire un gaz qui apportera directement ou indirectement l'énergie nécessaire à la décomposition partielle ou totale de la
biomasse en matières volatiles et en « char ». Ledit gaz peut par exemple être un gaz réactif contenant de l'oxygène qui, en brûlant une fraction de la biomasse ou des produits de la décomposition de la biomasse, dégagera l'énergie nécessaire à la pyrolyse. Il peut également s'agir d'un gaz inerte (tel le dioxyde de carbone, l'azote, la vapeur d'eau) qui, préchauffé, apportera l'énergie nécessaire à la pyrolyse. Il peut également s'agir d'une combinaison de ces deux types de gaz. D'autres types de moyens d'admission de l'agent de pyrolyse sont bien entendu possibles, tel qu'une tuyère plongeant verticalement dans la cuve et débouchant dans la zone de pyrolyse. La cuve comporte également des moyens de transfert actifs pour transférer activement de la matière solide (essentiellement du « char ») de la zone de pyrolyse (10) vers la zone de réduction (30), lesdits moyens de transfert étant situés entre la zone de pyrolyse (10) et la zone de combustion (20). En d'autres termes, les moyens de transfert actifs sont situés dans la cuve entre l'endroit (lia) où les premiers moyens (11) d'admission de l'agent de pyrolyse sont prévus pour admettre ledit agent de pyrolyse dans la cuve et l'endroit (21a) où les seconds moyens (21) d'admission de l'agent gazéifiant sont prévus pour admettre ledit agent gazéifiant dans la cuve.
Ces moyens de transfert actifs comportent un sas de transfert (50) apte à empêcher un écoulement direct de la matière solide (2) de la zone de pyrolyse (10) vers la zone de réduction (20).
Ces moyens de transfert ont donc une double fonction : d'une part ils fournissent une séparation physique pour la matière solide (2) entre la zone de pyrolyse (10) et le reste du réacteur (zones 20, 30, 40), et d'autre part ils permettent de contrôler activement le débit de matière solide (2) entre ces deux parties du réacteur (4). Il est à noter que ces moyens de transfert doivent permettre le passage des matières volatiles de la zone de pyrolyse vers la zone de combustion afin d'y être brûlées. En d'autres termes, ledit sas de transfert est perméable aux gaz de pyrolyse.
Des exemples de réalisation seront fournis ci-après. Les matières volatiles (aussi appelés « gaz de pyrolyse ») entrant dans la zone de combustion (20) y sont brûlées partiellement ou totalement à hauteur des seconds
moyens d'admission d'un agent gazéifiant (21). Ces seconds moyens d'admission d'un agent gazéifiant peuvent par exemple comporter une plusieurs tuyère(s) débouchant latéralement dans la cuve au niveau de la zone de combustion. Cette combustion produit essentiellement du dioxyde de carbone (C02), de l'eau (H20), et bien entendu de la chaleur. Typiquement, des températures supérieures à 1100 °C sont atteignables dans la zone de combustion.
Le « char » qui a été transféré dans la zone de réduction réagira avec les produits de combustion pour former notamment du monoxyde de carbone (CO) et de l'hydrogène (H2).
Dans le cas par exemple d'une réaction autothermique de matériaux ligno- cellulosiques - tel que le bois - et de l'utilisation d'air ambiant à température ambiante en tant qu'agent gazéifiant, cette réaction se produit typiquement dans une gamme de température comprise entre 300 °C et 800°C. Cette température pourra néanmoins être plus élevée et atteindre ou même dépasser 1300 °C dans le cas où on utilise un combustible plus riche en carbone et/ou qu'on utilise des réactifs préchauffés.
Les gaz produits par cette réaction seront récoltés à la sortie (6) du réacteur qui est située dans le bas de la cuve (4). On retrouve ainsi à la sortie (6) un gaz combustible comprenant typiquement environ 15% à 30% de CO, 10% à 25% de H2, 0.5 à 3% de CH4 , 5% à 15% de C02 et 49% de N2 lorsqu'un utilise de l'air ambiant comme agent gazéifiant.
Les cendres seront récoltées dans le fond (40) de la cuve.
Mis à part le dispositif de sas de transfert (50), de tels gazéifieurs sont connus et il ne sera donc pas entré plus en détails dans leur conception ou leur fonctionnement. L'attention sera à présent portée sur le sas de transfert (50), dont des exemples de réalisation seront fournis ci-après.
La Fig.2 montre une coupe frontale d'un mode de réalisation d'un gazéifieur selon l'invention. Le sas de transfert (50) comporte ici une trémie (55) sous laquelle est montée une vis sans fin (56) entraînée par un moteur (M), ladite vis étant entourée par une pièce cylindrique (57) débouchant dans la zone de combustion.
Ce sas de transfert permet donc de transférer activement du « char » de la zone de pyrolyse (10) vers la zone de réduction (30), tout en empêchant un écoulement direct du « char » de la zone de pyrolyse vers la zone de réduction. Le débit de « char » pourra par exemple être réglé en agissant sur la vitesse de rotation du moteur (M). En particulier, ce débit sera réglé de manière à laisser en permanence un vide de matière solide au dessus de la zone de réduction. Avantageusement, le contrôle de la vitesse du moteur (M) pourra se faire en boucle fermée. Des détecteurs de présence de matière solide dans la zone de combustion peuvent être utilisés à cet effet. D'autres mécanismes de transfert de matière peuvent être envisagés, tel que par exemple un sas de transfert à double porte coulissante (par exemple une porte d'entrée dirigée vers la zone de pyrolyse et un porte de sortie dirigée vers la zone de combustion, la porte d'entrée étant ouverte lorsque la porte de sortie est fermée et vice-versa ; on peut aussi envisager plusieurs portes d'entrée et plusieurs portes de sortie), auquel cas le débit de « char » pourra être réglé en agissant sur les rythmes d'ouverture et de fermeture desdites portes d'entrée et de sortie. A noter que lesdites portes d'entrée et de sortie ne peuvent pas être étanches au gaz car le sas de transfert doit pouvoir laisser passer en permanence les gaz de pyrolyse. Une autre possibilité est que les moyens de transfert de matière comportent un sas de transfert dont une entrée (coté zone de pyrolyse) est formée par une pluralité de barres transversales espacées et parallèles entre elles, au moins une desdites barres étant rotative et ayant de préférence une section polygonale (par exemple une section carrée), et dont une sortie (coté zone de combustion) est formée par un ou plusieurs clapets mobiles. La distance entre deux barres adjacentes ainsi que leurs sections respectives seront conçues de manière telle que, en l'absence de rotation de celle(s) des barres qui est(sont) rotative(s) parmi lesdites deux barres adjacentes, la matière solide reste bloquée au-dessus desdites deux barres adjacentes par un effet de voûte prenant appui sur lesdites deux barres adjacentes. En mettant en rotation celles des barres qui sont rotatives alors que le(s) clapet(s) mobile(s) est (sont) fermé(s), de la matière solide provenant de la zone de pyrolyse entrera dans le sas de transfert sans
pouvoir en sortir. En arrêtant ensuite la rotation de ces barres et en ouvrant par après les clapets mobiles, la matière solide précédemment stockée dans le sas de transfert sera larguée vers la zone de réduction. Les clapets mobiles seront perméables aux gaz afin de permettre notamment aux gaz de pyrolyse de traverser librement le sas de transfert, même si les clapets mobiles sont fermés. Le contrôle du débit de matière solide peut se faire en agissant -sur le rythme des séquences rotation/arrêt de rotation des barres - ouverture/fermeture des clapets.
La Fig.3 montre une coupe frontale d'un mode de réalisation préféré d'un gazéifieur selon l'invention. Le sas de transfert (50) comporte ici un premier plateau rotatif (51) comportant au moins une première ouverture (61) et un deuxième plateau rotatif (52) comportant au moins une deuxième ouverture (62). Les deux plateaux sont disposés horizontalement et à une distance l'un de l'autre, de manière à former une zone de transfert entre les deux plateaux. Les deux plateaux sont de préférence reliés à un arbre central (100) vertical d'axe Z pouvant être entraîné en rotation, par exemple au moyen d'un moteur (101).
Les deux ouvertures (61, 62) sont décentrées par rapport à l'axe Z et elles sont également décalées horizontalement l'une par rapport à l'autre, de manière à ce que le « char » (2) ne puisse pas passer directement de la zone de pyrolyse (10) vers la zone de réduction (30). En d'autres termes, les premières ouvertures (61) du premier plateau sont conçues pour ne par recouvrir les deuxièmes ouvertures (62) du deuxième plateau.
De préférence, les plateaux (51, 52) ont une forme circulaire et la cuve (4) a une section transversale circulaire dont le diamètre au niveau des plateaux est légèrement supérieur au diamètre des plateaux.
La zone de transfert entre les deux plateaux est par ailleurs munie d'un premier obstacle (70) fixe par rapport à la cuve. Il peut s'agir par exemple d'une ou plusieurs barre(s) transversale(s) attachée(s) directement ou indirectement à la cuve (4). Cet obstacle permet d'empêcher que de la matière solide ne soit entraînée par le mouvement de rotation du deuxième plateau (52) et ainsi à forcer ladite matière à
passer au travers de la seconde ouverture (62) lorsqu'elle arrive en regard de la seconde ouverture.
La Fig.4 montre un vue en coupe transversale (AA) du gazéifieur de la Fig. 3. On y voit mieux les deux ouvertures (61, 62) ainsi que la disposition du premier obstacle fixe (70). De préférence, le premier obstacle fixe comporte au moins une première traverse fixe s'étendant radialement par rapport aux plateaux.
Le moteur (101) peut avoir un mouvement rotatif continu ou un mouvement oscillant horlogique-antihorlogique. Dans le cas d'un mouvement rotatif continu, la vitesse de rotation du moteur sera par exemple de l'ordre de 5 à 15 tours par heure. De préférence, le moteur (101) sera asservi à la demande en « char » dans la zone de réduction (30) et de manière à maintenir un vide au dessus du lit de matière dans la zone de réduction. On peut à cette fin prévoir un capteur de niveau haut et un capteur de niveau bas de « char » dans la zone de réduction et contrôler le moteur (101) pour qu'il se mette en rotation lorsqu'un niveau bas est détecté et pour qu'il s'arrête lorsqu'un niveau haut est détecté.
La Fig.5 montre un vue en coupe transversale (AA) d'un mode de réalisation préféré du gazéifieur de la Fig. 3. Dans ce mode préféré, le premier obstacle fixe comporte au moins une première traverse fixe (71) s'étendant radialement par rapport aux plateaux et en outre au moins une autre traverse (72) décalée angulairement par rapport à l'au moins une première traverse (71) et s'étendant partiellement radialement en partant de l'extérieur vers un centre des plateaux. Dans cet exemple, l'autre traverse (72) s'étend sur environ la moitié d'un rayon d'un plateau (51, 52). Cette autre traverse (72) permet d'éviter que de la matière vienne s'accumuler au droit de la première traverse
(71) lorsque les plateaux sont en rotation, ce qui nuirait sinon à une répartition uniforme de la matière dans la zone de réduction, sans pour autant créer des espaces trop petits dans la région centrale de la zone de transfert, c'est-à-dire près de l'arbre central (100). Comme le montre la Figure 5, il y a de préférence quatre traverses radiales (71) décalées entre elles de 90° et quatre traverses partiellement radiales (72) décalées entre elles de 90° ainsi que de 45° par rapport aux traverses radiales.
La Fig.6 montre une coupe frontale d'un mode de réalisation plus préféré d'un gazéifieur selon la Fig.3. Ici, le premier plateau (51) est surmonté d'un deuxième obstacle (80) fixe par rapport à la cuve, tel qu'une traverse radiale par exemple.
Ce deuxième obstacle permet d'éviter que de la matière solide (2) se trouvant dans la zone de pyrolyse (10) ne soit entraînée en rotation par le mouvement de rotation du premier plateau (51) et d'assurer ainsi un écoulement plus homogène (LILO) de la matière du haut vers le bas.
De préférence le deuxième obstacle fixe est monté de manière à être aligné par rapport au premier obstacle fixe dans la direction de l'axe vertical Z. Ainsi, si le premier obstacle fixe comporte par exemple quatre traverses radiales (71) telles qu'illustrées à la Fig. 5, le deuxième obstacle fixe comportera de préférence aussi quatre traverses radiales alignées verticalement par rapport aux quatre traverses radiales (71) du premier obstacle.
La Fig.7 montre une coupe frontale d'un mode de réalisation plus préféré d'un gazéifieur selon la Fig.3. Ici, la cuve (4) comporte par ailleurs des moyens de cisaillement (90) pour cisailler, dans un plan transversal, la matière solide (2) se situant dans la zone de pyrolyse (10). De préférence, ces moyens de cisaillement (90) se situent juste au dessus du deuxième obstacle (80). Ces moyens de cisaillement permettent d'éviter que ne se forment des voûtes de matière solide (2) dans la zone de pyrolyse, en cassant les bases de ces voûtes qui s'appuient généralement sur le deuxième obstacle (80). Ceci résulte en un écoulement plus homogène (« LILO ») de la matière.
De préférence, les moyens de cisaillement comportent un couteau mobile (91) s'étendant substantiellement horizontalement dans la cuve (4). De préférence, le couteau (91) est fixé à l'arbre central (100) de sorte qu'il puisse être entraîné en rotation par ce dernier. Alternativement, le couteau (91) peut être entraîné en rotation ou en translation par des moyens d'entraînement propres.
L'invention porte également sur une unité de production et de combustion de gaz comportant un gazéifieur tel que décrit ci-dessus pour produire ledit gaz. Il peut d'agir par exemple d'un ensemble comportant un gazéifieur tel que décrit ci-dessus et d'un moteur à combustion interne, la sortie (6) du gazéifieur étant branché sur un système d'admission de carburant du moteur.
La présente invention a été décrite en relation avec des modes de réalisations spécifiques, qui ont une valeur purement illustrative et ne doivent pas être considérés comme limitatifs. D'une manière générale, il apparaîtra évident pour l'homme du métier que la présente invention n'est pas limités aux exemples illustrés et/ou décrits ci-dessus. La présence de numéros de référence aux dessins ne peut être considérée comme limitative, y compris lorsque ces numéros sont indiqués dans les revendications. L'usage des verbes « comprendre » , « inclure », « comporter », ou toute autre variante, ainsi que leurs conjugaisons, ne peut en aucune façon exclure la présence d'éléments autres que ceux mentionnés. L'usage de l'article indéfini « un », « une », ou de l'article défini « le », « la » ou « Γ », pour introduire un élément n'exclut pas la présence d'une pluralité de ces éléments.
En résumé, l'invention peut également être décrite comme suit : un gazéifieur de combustible solide carboné comportant une cuve verticale (4), ladite cuve comportant successivement, en partant du haut vers le bas : une entrée (5) de combustible solide carboné (2) à gazéifier, une zone de pyrolyse (10) dudit combustible pour produire des gaz de pyrolyse et du « char », une zone de combustion (20) des gaz de pyrolyse, une zone de réduction (30) du « char » , une sortie (6) de gaz, et une zone de récolte de cendres (40). La zone de pyrolyse (10) est séparée de la zone de combustion (20) par des moyens de transfert actifs comportant un sas de transfert (50) apte à transférer le combustible (2) de la zone de pyrolyse (10) vers la zone de réduction (30) sans que ledit combustible ne puisse s'écouler directement de la zone de pyrolyse (10) vers la zone de réduction (30), permettant ainsi de mieux contrôler le débit de matière solide entre ces deux zones.