PROCÈDE DE FABRICATION D'UN MATÉRIAU CÉRAMIQUE POREUX ET MATERIAU AINSI OBTENU
La présente invention a pour objet un procédé de fabrication de matériaux réfractaires légers à porosité multimodale et les matériaux ainsi fabriqués. La structure poreuse de tels matériaux obtenus selon l'invention, caractérisée par une répartition homogène des pores et des tailles de pores réglables, leur permet d'être utilisés efficacement pour la fîltration. Les caractéristiques mécaniques et thermiques des matériaux réfractaires obtenus selon l'invention, en particulier une bonne résistance à la compression et une faible conductivité thermique, les rendent très attractifs pour une utilisation à haute température pour l'isolation thermique ou le montage de structures. Les céramiques poreuses sont utilisées dans diverses applications industrielles comme filtres à liquide ou à gaz, comme supports catalytiques ou encore comme isolants thermiques à haute température. Les caractéristiques microstructurales de ces matériaux, en termes de volume poreux et de taille des pores, permettent d'identifier leur domaine d'application. Dès lors, pour les mousses céramiques dont les pores ouverts sont interconnectés, la fîltration apparaît la plus adéquate. Lorsque la porosité est fermée avec des tailles de pores micrométriques, ces mousses céramiques seront quant à elles adaptées à l'isolation thermique à haute température.
Les méthodes permettant de générer de la porosité au sein d'un matériau céramique sont nombreuses. Parmi ces méthodes, le frittage partiel permet de retenir la porosité au sein du matériau par le choix et l'ajustement de la composition en matières premières, la température de frittage et les conditions de cuisson. Cette méthode développe généralement des tailles de pores inférieures au micromètre. Une autre méthode consiste à utiliser des additifs (blowing agent) qui avec le traitement thermique se décomposent en libérant des bulles de gaz. Ces matériaux sont caractérisés par une microstructure poreuse hétérogène constituée de pores de taille et de forme
aléatoires. De plus, ces matériaux possèdent des propriétés mécaniques relativement faibles qui réduisent alors leur champ d'application.
Le volume poreux peut également être induit par la calcination d'agents combustibles comme des billes de polystyrène, la sciure de bois, des granules d'amidon ou des particules de coke de pétrole qui sont dispersés dans la masse céramique. Ce procédé de « burn-out » est bien répandu dans la fabrication de matériaux réfractaires légers utilisés pour l'isolation thermique. Cette méthode n'est cependant intéressante que pour la fabrication de matériaux dont la porosité atteint au maximum 60%. Parmi les matériaux poreux de faible densité, on peut également citer ceux dits à « structure ouverte » ou de type « mille- feuilles ». Il s'agit plus particulièrement d'argiles hydratées du groupe des phyllosilicates, comme la vermiculite ou la perlite, qui sous l'action de la chaleur (>600°C) ont la propriété d'augmenter considérablement de volume en emprisonnant de l'air entre leurs particules lamellaires.
Les microporeux sont des matériaux qui répondent également parfaitement aux sollicitations thermiques en réduisant les transferts de chaleur des différents modes de propagation. Ils sont constitués de particules nanométriques et possèdent un volume poreux supérieur à 90%. Leur grande résistance à la propagation de la chaleur s'explique par la taille nanométrique des pores (<100nm) inférieure au trajet moyen des molécules d'air, ce qui diminue fortement le transfert de chaleur par convection. Les caractéristiques de ces deux types de matériaux en font d'excellents candidats à l'isolation thermique. Cependant, la température limite d'utilisation de ces matériaux est relativement faible, inférieure à 11000C. D'autres matériaux de faible densité sont obtenus à partir de fibres céramiques. Ces matériaux possèdent des caractéristiques remarquables, en termes de densité, porosité, conductivité thermique, qui en font les meilleurs candidats à l'isolation thermique à haute température (>1600°C). Malheureusement, les fibres céramiques réfractaires sont sujettes à une réglementation qui les classe dans la catégorie 2 des matériaux potentiellement dangereux et cancérigènes. Dès lors, des
solutions alternatives restent aujourd'hui à proposer pour pallier ces problèmes de toxicité.
Les mousses céramiques connaissent aujourd'hui un essor considérable du fait de l'étendue des applications envisageables pour ces matériaux. Elles sont largement utilisées pour la fïltration des liquides et des gaz, et parfois pour l'isolation thermique à haute température en remplacement des produits fibreux. La méthode la plus classiquement utilisée pour la fabrication de ces mousses consiste à imprégner une mousse polymère, généralement en polyuréthane, par une suspension céramique, à sécher la mousse pour éliminer le solvant, à la traiter thermiquement pour éliminer le polymère, et enfin, à consolider le répliqua céramique par frittage à haute température. Il résulte de cette méthode une céramique à forte porosité ouverte interconnectée avec des tailles de pores généralement supérieures à 100 μm. Une autre méthode de fabrication d'une mousse céramique consiste à incorporer à la suspension céramique une poudre métallique d'aluminium, laquelle, en réagissant avec un composé alcalin tel que la chaux, génère de l'hydrogène qui a pour effet d'expanser le corps cru. Cependant, ces matériaux souffrent d'une mauvaise tenue mécanique avant comme après traitement thermique.
Le procédé de "gelcasting" s'est également développé pour la fabrication des mousses céramiques profitant d'une large gamme de porosité rendue possible. Dans cette technique, une suspension céramique contenant un polymère et un agent réticulant est aérée par agitation mécanique en présence d'un agent moussant. Cette mousse est ensuite consolidée par polymérisation sous des conditions particulières. Dans la demande de brevet US 2005/0200055, l'invention porte sur la fabrication d'une pièce céramique poreuse à partir de la polymérisation d'une mousse céramique préalablement formée par agitation d'une suspension céramique en présence d'un agent moussant, via une résine époxy comme agent principal, et une aminé comme agent réticulant. Ce procédé a toutefois l'inconvénient de polymériser la mousse céramique par traitement thermique après qu'elle ait été coulée dans un moule. Dans la demande de brevet US 2005/0207928, à l'inverse de la méthode précédente, la structure céramique est d'abord consolidée par la gélifîcation du polymère, en particulier l'alcool polyvinylique. Le gel ainsi obtenu est ensuite aéré en le faisant mousser par production
d'une vapeur résultant de l'ébullition du n-hexane à 800C. Lorsque la mousse est produite avant l'étape de gélifïcation, elle peut en partie disparaître par coalescence des bulles, et ainsi, des taux de porosité importants sont difficiles à atteindre. Ce procédé possède les désavantages de comporter des étapes de fabrication qui nécessitent de prendre des précautions spéciales, en particulier, anticiper l'effet du moussage dans le moule de forme désirée ou bien rectifier par usinage la masse expansée aux cotes désirées.
A la lecture de ce qui précède, l'art antérieur dans le domaine des matériaux poreux renseigne donc principalement sur les méthodes relatives à la façon de générer de la porosité. Mais à ce jour, peu d'études concernent le contrôle de la taille, de la forme des pores, ainsi que de leur répartition au sein de la microstructure.
Dans le brevet US 3.950.175, la porosité est obtenue après décomposition ou/et transformation thermique de certaines argiles, comme la pyrophillite, de la cyanite ou encore du quartz, qui sont ajoutés au mélange pour former après frittage de la cordiérite poreuse. Les inventeurs se sont attachés à contrôler la distribution en taille des pores en favorisant les pores de diamètre supérieur à 10 micromètres qu'ils ont désignés de « porosité grossière ». Tout en faisant varier la taille des pores avec la nature de l'argile, cette méthode ne permet pas d'atteindre des porosités supérieures à 45% en volume. De plus, la céramique obtenue à base de ces argiles, en particulier la cordiérite, est limitée à des applications à des moyennes températures, inférieures en tout cas à 13500C.
Dans la demande de brevet US 2002/0043734, on décrit la fabrication d'une céramique poreuse à partir de la décomposition thermique d'un hydroxyde d'aluminium. Les caractéristiques microstructurales et mécaniques d'un tel matériau sont contrôlées à condition de se maintenir à des températures de frittage qui ne permettent pas, ou alors de manière partielle, la transformation de la phase Θ-AI2O3 vers la phase CC-AI2O3. A ces fins, les inventeurs utilisent des ajouts de zircone qui retardent cette transformation de phase et qui permettent de maintenir une surface spécifique relativement importante au sein du matériau. La porosité totale atteint au maximum 60%, pour des tailles de pores de 10 et 200 nm et une surface spécifique de
29,53 m2/g. Une variation de ces caractéristiques est observée avec l'accroissement de la température de frittage, au bénéfice de la tenue mécanique de la céramique, mais à l'encontre des propriétés microstructurales recherchées. En outre, le champ d'application d'une telle céramique reste limité à la filtration ou à la catalyse, où les limites de température d'utilisation et les exigences mécaniques sont moins contraignantes.
Outre les caractéristiques microstructurales généralement recherchées pour une céramique poreuse, l'utilisation de cette dernière ne pourra se faire de manière optimale que si elle possède des propriétés mécaniques acceptables. A la lecture de l'état de l'art dans ce domaine, un compromis entre ces deux critères contradictoires reste encore aujourd'hui à trouver tant la demande en céramiques à très forte porosité (>90%) se fait ressentir. Le contrôle de la microstructure d'un tel produit, en termes de porosité, répartition et tailles des pores, et de ses propriétés mécaniques constituent donc un challenge à relever. On note également, qu'à ce jour, aucune solution n'est pleinement satisfaisante pour une utilisation à haute température, en particulier à une température maximale d'utilisation en continu d'au moins 13000C. Un produit qui regrouperait les critères susmentionnés allierait alors les caractéristiques et les avantages suivants :
- Une légèreté amenée par un volume poreux élevé, dépassant notamment 80% ; - Une distribution en taille des pores contrôlée ;
- Un produit léger possédant une densité inférieure à 1 ;
- Une réfractarité élevée, avec notamment une température limite d'utilisation en continu supérieure à 13000C ;
- Un pouvoir isolant élevé, avec notamment une conductivité thermique mesurée à 11000C inférieure à 0.4 W/m.K ;
- Une résistance à l'écrasement à froid suffisante, supérieure notamment à 4 MPa ;
- Une diversité et une facilité de mise en œuvre par coulage pour des pièces de formes variées ; La présente invention a donc pour but de remédier aux inconvénients susmentionnés en proposant une méthode de fabrication de matériaux céramiques
réfractaires à porosité élevée et de type multimodal et les matériaux ainsi obtenus regroupant au mieux les avantages susmentionnés. L'originalité de l'invention réside dans l'association avantageuse de plusieurs techniques de génération de pores qui seront explicitées ci-après. Un autre but de la présente invention est de fournir à un matériau céramique élaboré selon ladite méthode de fabrication, les caractéristiques de légèreté nécessaires à certaines applications industrielles.
Un autre but encore de la présente invention est notamment de fournir un matériau réfractaire à très forte porosité destiné à l'isolation thermique et capable de résister à une température d'utilisation en continu d'au-moins 15000C.
A cet effet, la présente invention fournit un procédé de fabrication de matériaux réfractaires à porosité élevée et de type multimodal, qui comprend avantageusement les étapes suivantes :
(a) Préparation d'une suspension céramique à partir d'un mélange de poudres céramiques, d'un précurseur inorganique formé par un hydroxyde d'un métal réfractaire, tel que l'hydroxyde d'aluminium, de magnésium of de zirconium, et d'un agent de dispersion de particules céramiques ;
(b) Ajout à ladite suspension d'un agent organique naturel granulaire, lequel agira d'une part, comme liant en rigidifïant la structure et, d'autre part, comme agent porogène ;
(c) Ajout à ladite suspension d'un agent tensio-actif utilisé comme agent moussant et agitation mécanique du mélange de sorte à obtenir une mousse ;
(d) Stabilisation de la mousse céramique par ajout d'un agent stabilisant approprié ;
(e) Coulage en moule de ladite mousse céramique ainsi obtenue ; (f) Gélifïcation de l'agent organique naturel au sein de cette suspension de sorte à obtenir une masse rigide ;
(g) Traitement thermique par tempérage de la mousse céramique pour éliminer l'eau résiduelle et les fragments de décomposition de l'agent organique naturel, puis traitement à haute température pour réaliser la consolidation de la pièce par frittage des matières céramiques.
Les détails techniques et différents avantages de la présente invention ressortiront de la description donnée, ci-après, à titre d'exemple non limitatif, de quelques formes de réalisation particulières du procédé, selon l'invention, avec références aux dessins annexés. La figure 1 montre la microstructure de l'article poreux fabriqué selon une forme du procédé explicitée ci-après dans l'exemple 1.
La figure 2 montre la répartition en taille de pores pour l'article poreux fabriqué selon une forme du procédé explicitée dans l'exemple 1.
La figure 3 montre la microstructure de l'article poreux fabriqué selon une forme du procédé explicitée dans l'exemple 2.
La figure 4 montre la répartition en taille de pores pour l'article poreux fabriqué selon une forme du procédé explicitée dans l'exemple 2.
La figure 5 montre les densités des articles fabriqués selon une forme du procédé explicitée dans l'exemple 2 et traités à 1100C et à 15500C. La figure 6 montre les porosités apparentes des articles fabriqués selon une forme du procédé explicitée dans l'exemple 2 et traités à 15500C.
La figure 7 montre la microstructure de l'article fabriqué selon une forme du procédé explicitée dans l'exemple 3.
La figure 8 montre la répartition en taille de pores pour l'article fabriqué selon une forme du procédé explicitée dans l'exemple 3.
Un des avantages de la méthode de fabrication fournie par la présente invention est que l'on procède par des étapes d'élaboration qui sont relativement simples, flexibles, faciles à mettre en œuvre et applicables à une variété de matières céramiques. Un autre avantage de la présente invention réside dans l'aspect écologique de la méthode de fabrication qui incorpore des sous-produits de l'industrie. De plus, il s'agit d'une méthode de fabrication qui a le mérite d'être rentable du point de vue économique, en comparaison des autres méthodes de production de matériaux poreux.
Etape (a)
Selon l'invention, ladite suspension céramique préparée à l'étape (a) est obtenue à partir de poudres céramiques qui sont choisies, de manière non limitative, parmi l'alumine, la silice, la magnésie, la zircone, ou encore parmi les aluminosilicates.
Dans un mode préféré de réalisation, ladite poudre céramique est choisie parmi l'alumine et la silice, de préférence l'alumine.
Le diamètre maximum des particules céramiques utilisées dans l'invention n'est pas particulièrement limité, mais ne devrait pas de préférence dépasser 150 micromètres.
D'une manière appropriée et avantageuse, ladite poudre céramique utilisée dans l'invention devrait comporter plusieurs fractions granulo métriques bien distinctes.
En effet, en progressant dans la réalisation des objets poreux à partir de ladite poudre céramique, on s'est aperçu que la fraction granulo métrique la plus grossière pouvait servir de charge granulaire à la structure céramique, et ainsi ralentir le retrait de la pièce lors du frittage à haute température. De cette façon, il est alors possible de contrôler les dimensions des pièces et le type de microstructure désiré en préservant la porosité. Dans un mode de réalisation avantageux, la suspension céramique est élaborée à partir d'au moins deux classes granulométriques de ladite poudre céramique, avec un rapport entre la fraction la plus grossière de ladite poudre céramique et la fraction la plus fine qui devrait être compris au moins entre 0,2 et 0,5, de préférence 0,4.
Dans une forme de réalisation très intéressante du procédé, suivant l'invention, la poudre céramique utilisée est une alumine à haute pureté, à plus de 99,7% en masse d'Al2θ3, et présente sous deux formes Al et A2 particulièrement intéressantes selon l'invention. La poudre Al est une alumine réactive qui possède une distribution granulométrique monomodale s 'étalant de 0,1 à 4 μm, avec une taille moyenne de grains de 0,4 μm. Sa surface spécifique est de 8 m2/g et sa densité absolue est de 3,98. L'autre forme A2 de l'alumine est une alumine calcinée dont la distribution granulométrique est bimodale s'étalant de 0,2 à 40 μm, avec une taille moyenne des grains de 2,57 μm, une première population centrée sur 0,45 μm et une seconde population centrée sur 4,5 μm. Sa surface spécifique est de 2,54 m2/g et sa densité absolue est de 3,97.
On entend par alumine « réactive », une poudre céramique dont le frittage en une céramique très dense lors d'un traitement thermique résulte de la finesse de ses grains et de la grande surface spécifique qui s'en dégage.
On entend par alumine « calcinée », une poudre céramique plus grossière issue de la décomposition thermique des hydroxydes d'aluminium en l'alumine CC-AI2O3 lors d'un traitement thermique à 12500C.
De préférence, un agent dispersant de type polyélectrolyte est utilisé pour la dispersion des particules au sein de la suspension céramique susmentionnée. Il s'agit d'un composé exempt de soude Na2O et contenant des sels de polyacrylate d'ammonium. Cet agent dispersant procure l'avantage de pouvoir travailler dans une gamme de pH relativement neutre, comprise entre 7 et 9, de préférence 8. De cette façon, un avantage de la présente invention réside dans une défloculation optimale des particules céramiques grâce à cet agent actif sans la nécessité d'ajouter un quelconque acide. D'une manière intéressante, ladite suspension céramique est mélangée avec une poudre d'hydroxyde d'aluminium particulière à l'invention. Cette poudre d'hydroxyde d'aluminium fournit une matière de base génératrice d'une très fine porosité au sein du produit fini, comme illustré ci-après dans l'exemple 1.
L'hydroxyde d'aluminium utilisé dans la présente invention provient de préférence d'un sous-produit de l'industrie de l'aluminium. Il s'agit ici d'une poudre référencée HA contenant 55% en masse de phase amorphe et 45% en masse de phases cristallisées qui sont la bayerite Al(OH)3 à 15% en masse et la boehmite γ- AlOOH à 30% en masse. Sa densité absolue est de 2,53 et sa répartition granulométrique est centrée sur 17 μm. La déshydratation de ce composé lors d'un traitement thermique est associée à une perte de masse d'environ 28% à 6000C et à un retrait volumique d'environ 30% qui génère de la porosité.
Cet hydroxyde d'aluminium, spécifique à la présente invention, sert également de liant pour la fabrication du matériau poreux. En effet, en se combinant à l'eau, il se crée des liaisons physico-chimiques associées à la phase amorphe présente dans ce composant qui sont assez fortes pour provoquer le durcissement de la
suspension céramique lorsqu'elle est exposée à une température comprise entre 30 et 600C, de préférence 500C.
Un aspect innovant de la technologie selon l'invention réside donc dans l'utilisation avantageuse de ce constituant pris à la fois comme liant et comme agent porogène.
De plus, il s'agit d'un déchet de l'industrie dont la réutilisation s'avère avantageuse suivant l'invention et potentiellement intéressante du point de vue économique.
Plus particulièrement, ladite suspension céramique servant à la fabrication du matériau poreux se compose de :
- 62 à 70% en masse de ladite poudre céramique
- 3 à 7% en masse dudit hydroxyde d'aluminium spécifique à la présente invention
- 27 à 31% en masse d'une eau déminéralisée contenant un agent dispersant de type polyélectrolyte dans la proportion 1 :100.
La figure 1 montre le type de structure poreuse obtenu pour les pièces céramiques réalisées à partir de la technique telle que décrite ci-dessus, après traitement thermique à 15500C pendant 4 heures. Ces pièces céramiques sont caractérisées par une microstructure cohésive qui consiste en des agglomérats d'alumine alpha et en une porosité intergranulaire de type vermiculaire. L'utilisation d'une telle suspension céramique dans cette forme de réalisation particulière, selon l'invention, permet à une pièce céramique d'atteindre déjà une porosité apparente d'au-moins 36%, comme explicité ci-après dans l'exemple 1. Etape (b) La méthode de fabrication selon l'invention comprend donc l'élaboration d'une suspension céramique dans l'étape (a) telle que décrite ci-dessus, à laquelle on ajoute un agent porogène dans l'étape (b). Lors du traitement thermique, ce dernier est alors calciné, la porosité résiduelle correspondant alors sensiblement à la taille et la forme des particules de départ.
Parmi les agents porogènes bien connus de l'état de l'art, on cite plus particulièrement les cokes de pétrole, les billes de PMMA (polyméthyl méthacrylate), les sciures de bois et les amidons.
Dans un mode de réalisation avantageux, l'agent porogène choisi dans la présente invention est un amidon de blé natif ou chimiquement modifié. Il présente une perte à la dessiccation à 1100C de 11,8%. Sa masse volumique apparente est de 1,51 g/cm3 et la taille moyenne de ses particules est de 12 μm. Sa décomposition thermique se caractérise par une perte de masse brutale d'environ 80% à 3000C, laquelle se poursuit jusqu'à 5000C avec le départ du carbone résiduel. Les propriétés de l'amidon décrites ci-après sont mises à profit pour la fabrication des pièces poreuses. Cet amidon est insoluble dans l'eau jusqu'à une température d'environ 500C. Au-delà de cette température, notamment entre 50 et 800C, les liaisons intermoléculaires se renforcent, et les granules d'amidon subissent un gonflement rapide et irréversible par hydratation. Cette dernière a alors pour conséquence de rigidifîer la structure en bloquant entre les granules d'amidon le squelette granulaire fait de particules céramiques. Après tempérage entraînant la pyrolyse de l'amidon, puis après frittage de la pièce, la porosité résiduelle avec des tailles de pores d'environ 10 μm est associée à la quantité d'amidon incorporé, et correspond à la forme et la taille des particules d'amidon atteintes lors du processus de consolidation.
Un avantage de cet agent porogène réside donc dans ses propriétés gélifiantes appropriée au procédé suivant l'invention, ce qui évite d'ajouter un autre liant organique de type polyvinylalcool (PVA) ou autre résine polymère, comme il est généralement le cas dans les autres techniques. Un autre aspect avantageux de ce composant porogène suivant l'invention est qu'il s'agit d'un polymère naturel qui est donc plus écologique et peu coûteux en comparaison des autres types de polymères.
Selon l'invention, le procédé de fabrication du matériau poreux comprend l'incorporation dudit amidon, ou un autre agent porogène, à ladite suspension céramique susmentionnée.
Plus particulièrement, ladite composition de base pour la fabrication du matériau poreux selon l'invention contient la matière céramique et l'agent porogène dans les proportions :
- 40 à 60% en masse de ladite poudre céramique susmentionnée ; - 2 à 10% en masse dudit hydroxyde d'aluminium HA spécifique à la présente invention ;
- 7 à 24% en masse d'un agent porogène, en particulier dudit amidon, de préférence 19% en masse ;
- 25 à 35% en masse d'une eau déminéralisée contenant l'agent dispersant susmentionné dans une proportion d'environ 1 : 100.
Il est important de noter, qu'à cette étape du procédé d'élaboration suivant l'invention, la viscosité de ladite suspension céramique doit être suffisamment faible pour permettre l'incorporation de la quantité voulue d'un agent porogène, en particulier d'amidon, et ainsi assurer une bonne homogénéité dudit mélange. En outre, la quantité d'agent porogène, par exemple d'amidon, incorporé dans le mélange dépend des caractéristiques microstructurales que l'on cherche à atteindre pour le produit fini, lesquelles peuvent alors être contrôlées et ajustées en fonction de l'application, comme illustré ci-après dans l'exemple 2.
La figure 3 montre le type de structure poreuse obtenu après traitement thermique à 15500C pendant 4 heures de l'article élaboré selon le procédé tel que décrit ci-dessus avec 15% d'amidon dans le mélange. On retrouve la structure poreuse résultant du frittage des alumines et de l'hydroxyde d'aluminium telle que observée dans la figure 1, et des pores d'environ 10 μm résultant de la calcination de l'amidon. Etapes (c) et (d)
Le procédé de fabrication du matériau poreux selon l'invention comprend donc l'élaboration d'une suspension telle que décrite ci-dessus et comprenant, dans un forme de réalisation avantageuse de l'invention, une alumine, un hydroxyde d'aluminium et un amidon, à laquelle on ajoute un agent moussant dans une étape (c). Une mousse céramique est alors formée sous agitation mécanique par ajout
d'un agent tensio-actif utilisé comme agent moussant, puis stabilisée par ajout d'un agent stabilisant dans l'étape (d).
Selon ce principe, la suspension céramique est aérée en produisant des petites bulles d'air par une agitation mécanique vigoureuse. Il en résulte un produit contenant des bulles d'air de tailles uniformes et réparties de façon homogène.
Dans un mode particulier de l'invention, l'agent moussant servant à aérer la suspension céramique produite est choisi de manière appropriée parmi les agents tensio-actifs anioniques, comme le laurylsulfate de sodium, de préférence du sulfate d'ammonium et de dodécyle, ou encore à base de produits de décomposition de protéines comme l'albumine.
L'incorporation dans la formulation dudit agent moussant susmentionné s'accompagne de l'ajout d'un agent stabilisant qui a pour effet de figer la mousse céramique qui vient d'être produite. L'agent stabilisant est par exemple constitué par une poudre à base de bentonite. La mousse céramique selon l'invention est donc constituée d'un mélange de matières céramiques, de préférence d'alumine et d'hydroxyde d'aluminium, d'un agent porogène, de préférence d'amidon, d'un agent moussant liquide, en particulier du sulfate d'ammonium et de dodécyle, et d'un agent stabilisant, en particulier un composé à base de bentonite. Plus particulièrement, la composition de base pour la fabrication du matériau poreux selon l'invention contient la matière céramique, l'agent porogène, l'agent moussant et l'agent stabilisant dans les proportions :
- 40 à 60% en masse de ladite poudre céramique susmentionnée
- 2 à 10% en masse dudit hydroxyde d'aluminium HA spécifique à la présente invention
- 7 à 24% en masse dudit agent progène, en particulier d'amidon, de préférence 19%
- 1,5 à 4% en masse dudit agent moussant, de préférence 3%
- 0,1 à 0,4% en masse dudit agent stabilisant, de préférence 0,2%
- 25 à 35% en masse d'une eau déminéralisée contenant l'agent dispersant susmentionné dans la proportion d'environ 1 :100.
L'ajout dudit agent moussant à la préparation céramique peut s'accompagner d'un changement significatif de viscosité de la pâte céramique, notamment d'une baisse de la viscosité comme observé dans la présente invention.
En outre, le réglage de la consistance de la pâte céramique permet de former une mousse dont les caractéristiques intrinsèques, en termes de porosité, tailles des pores ou de degré d'interconnectivité, dépendant du type d'application, sont alors contrôlées et ajustées. Pour ce faire, un agent tensio-actif approprié peut être ajouté à ladite mousse céramique après que l'ajout de l'agent moussant se soit accompagné d'un changement de viscosité de la pâte céramique. En outre, le réglage de viscosité de la pâte céramique grâce à cet agent tensio-actif peut se faire simultanément et de manière progressive avec l'ajout également progressif dudit agent moussant. De cette manière, en se référant aux considérations énoncées plus haut, les caractéristiques intrinsèques du matériau fini sont définies et contrôlées en choisissant convenablement le type d'agent tensio-actif et la quantité ajoutée dans le mélange.
Dans un mode préféré de réalisation, ledit agent tensio-actif est choisi parmi les polyélectrolytes ayant pour fonction de modifier la charge de surface des particules céramiques contenues dans le mélange, en particulier ceux permettant de réagglomérer les particules, comme le poly(4-vinylpyridine) (PVP), de préférence le polyéthylène imine (PEI) comme utilisé dans la présente invention.
De plus, il est essentiel de noter qu'à cette étape de réalisation, le réglage des paramètres d'élaboration de ladite mousse céramique est prépondérant dans l'obtention des caractéristiques microstructurales désirées pour le produit fini, notamment la vitesse de la pale d'agitation, et le temps d'agitation.
La figure 7 montre le type de structure poreuse obtenu pour le matériau fabriqué à partir du procédé selon la présente invention qui résulte donc de l'association des trois techniques générant de la porosité, à savoir la décomposition thermique de l'hydroxyde d'aluminium, la calcination de l'amidon, et enfin la production d'une mousse comme explicité dans l'exemple 3. On retrouve alors bien les
trois répartitions de tailles de pores associées à ces trois générateurs de porosité, centrées sur environ 100 nm pour l'hydroxyde d'aluminium, environ 10 μm pour l'amidon et environ 100 μm pour l'agent moussant.
Le cas échéant, si nécessaire, un liant inorganique peut être ajouté en dernier lieu à la mousse céramique pour s'adapter à des conditions particulières, et rendre ainsi la mise en œuvre du produit plus flexible et plus facile.
Dans ce cas particulier de réalisation, on tire seulement profit des propriétés porogènes de l'hydroxyde d'aluminium et de l'amidon et pas spécialement de leurs propriétés gélifiantes. Suivant cette forme de réalisation, on n'engendre pas de déformation des granules d'amidon ou même leur effondrement en formant un gel. De cette manière, l'intégrité physique des particules d'amidon est conservée lors du traitement à froid du produit coulé.
Plus particulièrement, le liant peut être choisi parmi les liants minéraux comme les liants hydrauliques qui durcissent à l'eau, notamment le ciment alumineux, l'alumine hydratable ou comme les liants chimiques qui durcissent par réaction chimique, notamment les silicates d'alcalins.
Dans un mode préféré de réalisation, l'alumine hydratable est utilisée comme liant dans la présente invention pour conférer au matériau final une haute teneur en alumine et ainsi lui assurer une bonne réfractarité. Dans l'étape (e) l'on coule la mousse céramique obtenue suivant les étapes précédentes dans un moule. Ensuite, l'étape (f) comprend la gélifîcation de l'agent organique naturel au sein de cette mousse céramique de sorte à obtenir une masse rigide. La mousse céramique formant ainsi cette masse rigide est alors, dans une étape (g) du procédé suivant l'invention, soumise à un traitement thermique par tempérage pour éliminer l'eau résiduelle et les fragments de décomposition de l'agent organique naturel, et finalement traitée à haute température pour réaliser la consolidation de la pièce par frittage des matières céramiques.
La présente invention a également pour objet un matériau céramique utilisé dans certaines applications industrielles pour sa légèreté, caractérisé en ce qu'il est fabriqué selon le procédé de fabrication tel que décrit ci-dessus à partir de matières
premières réfractaires et légères qui sont choisies parmi les silicates d'aluminium et/ou qui sont formées par la silice.
Dans un mode préféré de réalisation, ledit matériau est fabriqué principalement à partir d'une matière première pulvérulente de densité absolue inférieure à 3, de préférence inférieure à 2,5, qui peut être une argile réfractaire, la sillimanite, le kaolin, l'andalousite, la mullite, la silice ou un mélange de deux ou plusieurs de ces composés.
Avantageusement, un agent défloculant approprié est utilisé pour la dispersion des particules au sein de la suspension céramique susmentionnée. Cet agent défloculant comprend le plus souvent du carbonate de sodium anhydre utilisé en combinaison avec du silicate de sodium en solution aqueuse.
Plus particulièrement, ledit matériau est obtenu à partir d'une suspension céramique qui comprend :
- 40 à 60% en masse de ladite matière première pulvérulente formée de poudre céramique ;
- 2 à 10% en masse dudit hydroxyde d'aluminium HA spécifique à la présente invention ;
- 7 à 24% en masse dudit amidon, de préférence 19% ;
- 1,5 à 4% en masse dudit agent moussant, de préférence 3% ; - 0,1 à 0,4% en masse dudit agent stabilisant, de préférence 0,2% ;
- 30 à 40% en masse d'une eau déminéralisée ;
- 0,03 à 0,15% en masse de carbonate de sodium ;
- 0,1 à 0,2% en masse de silicate de sodium.
Le matériau céramique qui est obtenu à partir de la suspension céramique susmentionnée et fabriqué selon le procédé suivant l'invention, et dont une forme intéressante est décrit dans l'exemple 4, possède une densité apparente inférieure à 1, de préférence inférieure à 0,5 et une porosité ouverte variant de 70 à 90%.
Un but de la présente invention est notamment de fournir un matériau à haute teneur en alumine destiné à l'isolation thermique, proposé ainsi comme solution alternative aux matériaux à base de fibres céramiques réfractaires.
En outre, ledit matériau céramique suivant l'invention, obtenu à partir de la suspension céramique susmentionnée et fabriqué selon le procédé suivant l'invention, possède une réfractante supérieure à 13000C, de préférence 16000C, ainsi qu'une faible conductivité thermique, notamment inférieure à 0,4 W/m.K"1 pour une mesure à 11000C.
Dans un mode préféré de réalisation, ledit matériau est fabriqué selon le procédé tel que décrit dans l'invention à partir d'un mélange de poudres d'alumine et de silice. Un tel matériau présente des excellentes propriétés lorsque il est utilisé comme matériau isolant, par exemple, à des températures supérieure à 13000C. La poudre de silice de ce mélange comprend, en particulier de la microsilice référencée S qui est une poudre de silice amorphe SiO2 pouvant contenir une part de silicium métallique. Sa distribution granulométrique s'étale de 0,1 à 0,8 μm avec une taille moyenne des grains de 0,3 μm pour la première population, et de 3 à 100 μm avec une taille moyenne des grains de 30 μm pour la deuxième population. Sa surface spécifique est de 13,8 m2/g et sa densité absolue est de 2,55.
Plus particulièrement, ledit matériau isolant est fabriqué à partir d'une composition de base comprenant:
- 38 à 52% en masse de la poudre d'alumine susmentionnée ;
- 5 à 10% en masse de la poudre de silice susmentionnée ; - 2 à 10% en masse dudit hydroxyde d'aluminium HA spécifique à la présente invention ;
- 7 à 24% en masse dudit amidon, de préférence 19% ;
- 1,5 à 4% en masse dudit agent moussant, de préférence 3% ;
- 0,1 à 0,4% en masse dudit agent stabilisant, de préférence 0,2% ; - 25 à 35% en masse d'une eau déminéralisée contenant l'agent dispersant susmentionné environ dans la proportion 1 : 100.
Suivant une forme de réalisation intéressante, lors de la préparation à l'étape (a) de la suspension céramique selon le procédé, une mousse est générée naturellement par réaction entre la portion métallique contenue dans la poudre de silice et les différents alcalins du mélange.
Selon un mode de réalisation avantageux, les caractéristiques intrinsèques dudit matériau isolant lui sont conférées par une distribution en taille des pores particulière apportée par la silice spécifique à la présente invention, et par les propriétés intrinsèques des phases présentes au sein du matériau après frittage, en particulier celles relatives à la mullite 3Al2Os-ISiO2 qui s'est formée lors de la cuisson du produit.
D'une façon générale, le procédé de fabrication de matériaux poreux, selon l'invention, possède donc la particularité d'associer plusieurs techniques permettant d'induire de la porosité. En particulier, la méthode de fabrication selon l'invention permet de générer une porosité dont la distribution dimensionnelle des pores résulte de la décomposition thermique d'un hydrate d'aluminium, de la décomposition d'un agent porogène organique naturel et enfin de l'aération de la suspension de base sous l'action d'un agent moussant. En outre, le procédé de fabrication de matériau poreux selon l'invention présente l'avantage de contrôler la porosité en favorisant telle ou telle taille particulière de pores. Il présente également les avantages de mettre en œuvre le produit relativement facilement et rapidement, et de réaliser toute forme possible de pièce. La rentabilité du procédé selon l'invention du point de vue économique est indéniable en raison de l'utilisation de produits secondaires et relativement bon marché.
Le procédé de fabrication selon l'invention et les produits poreux ainsi fabriqués peuvent être utilisés dans tous les domaines technologiques où des caractéristiques de légèreté, de résistance thermomécanique, de résistance à la chaleur sont recherchées. On peut citer notamment :
- Les applications industrielles liées aux procédés thermiques, en particulier le garnissage des fours industriels et des conduits de fumée ou encore l'isolation de chaudières industrielles...
- Les applications industrielles liées à la fïltration, matériau poreux utilisé comme filtre céramique à particules (gaz chauds) ou à liquide pour la fïltration du métal en fusion en métallurgie...
- Les applications industrielles liées à la catalyse, matériau poreux utilisé comme support de catalyseur pour l'industrie automobile, l'industrie chimique et pétrochimique, ou catalyseur pour le traitement des fumées dans les incinérateurs.
Exemple 1.
Cet exemple illustre le gain de porosité apporté par l'incorporation de la poudre d'hydroxyde d'aluminium HA, spécifique à la présente invention, dans une composition céramique. Une suspension céramique est alors préparée en dispersant respectivement 46% et 21% en masse des poudres d'alumine Al et A2 dans 27% en masse d'eau déminéralisée contenant le dispersant de type polyélectrolyte (dans un rapport 1 :100). Ladite suspension céramique est homogénéisée à l'aide d'un mélangeur à pales pendant 1 heure avant d'y ajouter 6% en masse de la poudre d'hydroxyde d'aluminium. Cette suspension céramique est mélangée encore pendant 1 heure au mélangeur à pales avant d'être placée dans une jarre contenant des billes d'alumine comme média de broyage, laquelle est placée pendant 18 heures dans une enceinte vibrante. Cette opération a pour effet de désagglomérer et d'homogénéiser la suspension. Après cette étape, la suspension possède une viscosité importante attribuée à la présence de la phase amorphe contenue dans la poudre d'hydroxyde d'aluminium utilisée. Le mélange visqueux est alors coulé dans un moule et placé dans une étuve à 500C pendant 12 heures, puis à 1100C pendant encore 12 heures. Après démoulage, l'article est cuit à 15500C pendant 4 heures avec une vitesse de montée en température de 5°C/min. Il en résulte une céramique poreuse de densité apparente égale à 2,53 et dont la porosité totale atteint 36% en volume. La distribution en taille des pores montrée dans la figure 2 est caractérisée par deux pics centrés respectivement sur ~20 nm et 100 nm. Le gain de porosité obtenu alors est de 20% en volume par rapport au même matériau élaboré seulement à partir des deux poudres d'alumine. Le matériau ainsi fabriqué possède une surface spécifique d'environ 20 m2/g.
Exemple 2.
Cet exemple illustre la possibilité d'ajuster la microstructure en utilisant l'amidon dans des proportions adéquates au sein de la composition telle que décrite dans l'exemple 1. Le protocole expérimental tel que décrit ci-dessus pour l'exemple 1 reste alors inchangé, à la différence que, à la suspension céramique issue du broyeur à billes, sont ajoutées des fractions d'amidon (de 0 à 53 % en volume de matières solides) afin d'évaluer la transformation de la structure poreuse avec l'augmentation de la teneur en amidon. Pour ce faire, cinq aliquotes de 100 cm3 sont alors prélevées dans la suspension issue du mélangeur à billes de l'exemple 1. Un volume d'amidon est ajouté à chacune de ces aliquotes, respectivement 0, 19, 50, 62 et 85 cm3. Après homogénéisation pendant 1 heure grâce au mélangeur à pales, chaque spécimen est coulé dans un moule et ensuite placé dans une étuve à 500C pendant 12 heures puis à 1100C pendant encore 12 heures. Après démoulage, ces cinq articles sont cuits à 15500C pendant 4 heures avec une vitesse de montée en température de 5°C/min. La figure 5 montre la variation de densité des articles avant et après cuisson en fonction de la teneur en amidon incorporé dans le mélange de départ. Pour les articles pris avant cuisson, la densité décroît très légèrement avec l'augmentation de la teneur en amidon, passant de 1,67 pour le matériau sans amidon à 1,43 pour le matériau contenant 53% d'amidon en volume. La densité des matériaux cuits décroît quant à elle de manière plus significative avec l'augmentation de la teneur en amidon, passant de 2,2 pour le matériau sans ajout d'amidon à 1,3 pour le matériau contenant 53% d'amidon en volume. La figure 6 illustre le gain de porosité obtenu après cuisson des matériaux en fonction de la fraction d'amidon. La porosité ouverte passe alors d'environ 38% pour le matériau sans amidon à 63% pour le matériau contenant le maximum d'amidon. Le matériau ainsi fabriqué avec 53% d'amidon possède une surface spécifique de 3,60 m2/g.
Exemple 3.
Cet exemple est l'illustration d'une forme de réalisation particulière du procédé de fabrication, selon l'invention, d'un matériau céramique réfractaire à haute teneur en alumine, léger et isolant.
Préparation de la suspension céramique :
La suspension céramique est préparée suivant le même protocole expérimental tel que décrit ci-dessus dans l'exemple 1, et caractérisée en ce qu'elle contient : - 39% en masse d'alumine fine Al ;
- 20,60% en masse d'alumine grossière A2 ;
- 3,70% en masse de la poudre d'hydroxyde d'aluminium HA ;
- 9,20% en masse de silice S ;
- 27,50% en masse d'eau déminéralisée contenant l'agent dispersant dans la proportion 1 :100.
Préparation du matériau réfractaire isolant :
A la sortie de l'enceinte vibrante, ladite suspension céramique est homogénéisée à nouveau à l'aide du mélangeur à pales avant d'y incorporer progressivement l'amidon (9:100 en poids de la suspension céramique), puis l'agent moussant (4,12 :100 en poids de la suspension céramique), et enfin l'agent stabilisant (0,3 :100 en poids de la suspension céramique). L'ajustement de la consistance de la pâte céramique a été réalisé par l'ajout du polyéthylène imine (PEI) au fur et à mesure qu'on ajoute l'agent moussant. L'alumine hydratable est alors incorporée (7 :100 en poids de la suspension céramique) pour consolider par la suite le matériau. La mousse céramique est alors coulée dans un moule et laissée à sécher à l'air ambiant pendant 48 heures, puis placée dans une étuve à 500C pendant 12 heures, et encore 12 heures à 1100C. Après démoulage, l'article est cuit à 15500C pendant 4 heures avec une vitesse de montée en température de 5°C/min.
Le tableau suivant donne l'analyse chimique dudit matériau réfractaire obtenu selon le procédé de fabrication tel que décrit dans cet exemple.
Analyse chimique Valeur (%)
Al2O3 87,50
SiO2 12,00
Fe2O3 0,07
TiO2 0,01
CaO 0,18
MgO 0,07
Na2O + K2O 0,12
L'analyse minéralogique dudit matériau réfractaire isolant montre qu'il contient 57% en masse d'alumine Al2O3 et 43% en masse de mullite 3Al2O3- 2SiO2. Le matériau léger isolant ainsi fabriqué possède une surface spécifique de 5,40 m2/g.
Les principales caractéristiques de ce matériau réfractaire et isolant de l'exemple 3 sont données dans le tableau ci-après.
Classification ISO 2245 170 0.8L
Température de classification 0C 1730
Caractéristiques mesurées à température ambiante
Masse volumique kg/m 800
Porosité ouverte % 81
Résistance à la compression MPa 12
Caractéristiques à haute température
Retrait linéaire permanent (16000C, 24h) % 0.6
Affaissement sous charge, To.5% 0C 1585
Conductivité thermique à 11000C W/m.K 0.25
Exemple 4.
Cet exemple est l'illustration d'une forme de réalisation particulière du procédé de fabrication, selon l'invention, d'un matériau céramique à base d'argile réfractaire fabriqué selon la procédure telle que décrite dans l'exemple précédent.
La suspension céramique de base du matériau est élaborée en substituant l'alumine par du kaolin, et l'agent dispersant de type polyélectrolyte par du carbonate de sodium anhydre et du silicate de sodium en solution aqueuse (densité = 1,33-1,35).
Dans ce cas, le carbonate de sodium est dissout dans 5% d'eau à introduire dans la suspension par chauffage à 40-450C. Cette solution est ajoutée à l'eau restante et à une première fraction de la quantité de silicate de sodium à ajouter. L'argile est ensuite incorporée à la solution par fractions successives. Lorsque la suspension argileuse s'épaissit, on procède à un nouvel ajout de silicate de sodium jusqu'à épuisement de toute l'argile à incorporer.
La composition pondérale de la suspension céramique, préparée selon le même protocole expérimental tel que décrit dans l'exemple 1, est donnée ci-après :
- 56% en masse de kaolin
- 9% en masse de la poudre d'hydroxyde d'aluminium HA
- 31% en masse d'eau déminéralisée
- 1,25% en masse de carbonate de sodium - 2,75% en masse de silicate de soude
L'analyse chimique du kaolin utilisé dans cet exemple est donné au tableau ci-après :
Analyse chimique Valeur (%)
SiO2 47,00
Al2O3 37,00
Fe2O3 0,80
TiO2 0,20
CaO 0,35
MgO 0,30
Na2O + K2O 1,00
Perte à la dessiccation (10000C) 13,35%
Préparation du matériau réfractaire léger :
A la sortie de l'enceinte vibrante, ladite suspension céramique est homogénéisée à nouveau à l'aide du mélangeur à pales avant d'y incorporer progressivement à température ambiante l'amidon (9 :100 en poids de la suspension céramique), puis l'agent moussant (4,12 :100 en poids de la suspension céramique), et enfin l'agent stabilisant (0,3 :100 en poids de la suspension céramique). La mousse céramique est alors coulée dans un moule et laissée à sécher à température ambiante pendant 48 heures puis placée dans une étuve à 500C pendant 12 heures, et encore 12 heures à 1100C. Après démoulage, l'article est cuit à 15500C pendant 4 heures avec une vitesse de montée en température de 5°C/min.
Le matériau réfractaire léger possède une densité apparente de 0,35 et une porosité ouverte d'environ 87%.