Composition pharmaceutique à base de paracetamol
La présente invention concerne une composition pharmaceutique à base de paracetamol.
Le paracetamol est un composé bien connu pour son activité analgésique et antipyrétique.
Cette activité a été considérée comme due à une inhibition de la synthèse des prostaglandines au niveau du système nerveux central. Mais alors qu'il inhibe la cyclooκygénase au niveau central, il n'a pas d'activité sur cette enzyme au niveau périphérique (voir en particulier M. Scott Linscott, Clinical The- rapeutics 9, 1, 1986).
Le paracetamol a par ailleurs été jusqu'à présent administré en pratique par voie orale.
La Demanderesse a découvert que de façon surprenante le paracetamol administré au niveau oculaire avait une activité pharmacologique intéressante et pouvait être utilisé comme analgésique ainsi que pour le traitement et la prévention de la cataracte.
La présente invention a ainsi pour objet une composition ophtalmique comprenant de 0,1 à 107. en poids de paracetamol dans un excipient ophtalmique.
Par excipient ophtalmique on désigne un excipient qui permet une administration du principe actif au niveau oculaire et qui n'est pas nocif pour l'oeil. La composition peut se présenter sous forme d'une solution ophtalmique contenant une solution aqueuse, le paracetamol et un tampon, et éventuellement un antioxydant et un conservateur.
La composition peut également être constituée par un gel ophtalmique aqueux, une émulsion ophtalmique aqueuse ou une pommade ophtalmique.
On donnera ci-après des exemples de compositions ophtalmiques selon l'invention.
EXEMPLE 1
Collyre à 1% de paracetamol
On prépare la composition suivante :
- Paracetamol 1 g - Métabisulfite de sodium 0,1 g
- EDTA 50 mg
- Chlorure de benzalkonium 5 mg
- NaH2PO 4, 2N2O 0.38 g
- Na2HPO4, 1OH2O 1.6 g - NaCl 0,16 g
- Eau purifiée qsp 100 ml La composition a un pH de 6,8 à 7,2.
EXEMPLE 2
Aérosol ophtalmique contenant du paracetamol La composition de l'exemple 1 peut être conditionnée dans un appareil pour aérosol.
EXEMPLE 3
Collyre à 5% de paracetamol
On prépare la composition suivante :
- Paracetamol 5 g
- Métabisulfite de sodium 0,1 g
- Nipagine 26 mg
- Nipasol 14 mg
- NaH2PO4,2HO 0.38 g - NaHPO4,1OH2O 1.6 g
- Crèmophhre 25 g
- Eau qsp 100 ml EXEMPLE 4
Gel ophtalmique à base de paracetamol
A la composition de l'exemple 1 on ajoute 17 de carbopol. On ajuste le pH à 7 avec NaOH.
EXEMPLE 5
Pommade ophtalmique à base de paracetamol On prépare la composition suivante :
- Paracetamol 5 g
- Vaseline 50 g
- Huile de vaseline épaisse 15 g
- Lanoline 35 g
EXEMPLE 6
Emulsion ophtalmique
On prépare l'émulsion suivante
- Paracetamol 1 9
- Métabisulfite de sodium 0.1 g
- EDTA 50 mg
- Chlorure de benzalkonium 5 mg
- NaH2PO4.2N2O 0,38 g
- Na2HPO4.1OH2O 1,6 g
- NaCl 0.16 g
- Crémophore 10 g
- Excipient gras 30 g
- Eau qsp 100 ml
On donnera ci-après des résultats pharma- cologiques mettant en évidence les propriétés des compositions selon l'invention.
I. Effet sur la photokératite induite aux UV-B chez le lapin.
On a utilisé pour les essais 10 lapins mâles albinos Néo-zélandais d'un poids moyen de 2 kg. exempts de toute affection oculaire (examen ophtalmique préalable).
Pour les irradiations on a procédé comme suit :
On a instillé 50 μI de sérum physiologique dans l'oeil gauche. On a placé les animaux dans une boite à contention sous les UV. On a irradié l'oeil gauche (l'oeil droit étant protégé) aux UV-B (312 nm)
à raison de 0,4 J/jour (ce qui correspond à 3'30" d'exposition) pendant 7 jours.
Tous les jours on a procédé à des observations oculaires macroscopiques.
- Critères d'évaluation retenus :
rougeur et oedème de la membrane nictitante et des conjonctives bulbaires et palpébrales.
. opacité cornéenne
. néovascularisation de la cornée.
- Echelle de cotation utilisée :
(1) Membrane nictitante, et conjonctives bulbaires et palpébrales
. rougeur et oedème très légers 1 . rougeur et oedème légers 2
. rougeur et oedème moyens 3
. rougeur et oedème assez importants 4 . rougeur et oedème importants 5 . rougeur et oedème très importants 6 (2) Degré d'opacité cornéenne
. présence d'une zone translucide diffuse . présence d'une zone translucide facilement identifiable; iris clairement visible
. présence d'une zone légèrement opalescente; iris discernable
. présence d'une zone opalescente; iris invisible.
(3) Néovascularisation
. présence de quelques fins vaisseaux . présence de fins vaisseaux assez nombreux
. présence de nombreux vaisseaux fins ou de quelques gros vaisseaux
. présence de très nombreux vaisseaux fins
ou de nombreux gros vaisseaux
. présence de très nombreux gros vaisseaux.
Traitement
Ces animaux ont été répartis en 2 lots homogènes de 5 animaux (lots A et B) à partir des scores obtenus après la dernière irradiation.
Le traitement a débuté après cette dernière irradiation : instillations de 25 pi du collyre testé (voir Tableau I) dans l'oeil gauche, 4 fois par jour, espacées de 2 h 30.
Résultats
Les résultats sont donnés dans le tableau II et mettent en évidence une amélioration de l'opacité et de la néovascularisation cornéennes chez les animaux traités par le collyre B selon l'invention à partir du 5 ème jour de traitement.
II - Effets sur la rupture de la barrière hématoaqueusè induite par paracentèse chez le lapin
La paracentèse de la chambre antérieure provoque chez le lapin une inflammation oculaire caractérisée par divers signes : hyperhémie, myosis, augmentation de la tension intraoculaire et rupture de la barrière hémato-aqueuse.
Ce traumatisme oculaire entraine également une libération de prostaglandines. en particulier de PGE2, dans l'humeur aqueuse. Ces prostaglandines endogènes jouent un rôle important dans la rupture de la barrière hémato-aqueuse.
Les expériences ont été réalisées sur des lapins femelles Néo-Zélandais d'un poids moyen de 2 kg, localement anesthésiés par instillation de Cébésine ®.
L'humeur aqueuse primaire (environ 0,1 ml) a été prélevée dans les deux yeux par ponction dans la chambre antérieure à travers la cornée en évitant tout contact de l'aiguille avec la face antérieure de l'iris et du cristallin.
Une deuxième paracentèse a été pratiquée 30 minutes plus tard après sacrifice de l'animal au pentobarbital sodique (120 mg/kg i.v.) : l'humeur aqueuses econd a ire a in s i obten ue a été d iluée a u 1 / 2 a vec de l'héparine pour éviter la prise en masse par la fibrine.
La concentration de protéines dans l'humeur aqueuse a été dosée selon la méthode de Lowry et al (J. Biol. Chem. 193. 265-275, 1951).
Les animaux ont été traités dans les deux yeux par instillation de 25 ul de la solution testée, 20 et 10 mn avant paracentèse.
Un lot d'animaux traités par une solution témoin a été inclus.
Les formules des solutions ophtalmiques sont les suivantes :
Le pré-traitement par le paracetamol en solution ophtalmique à 37 inhibe de façon significative l'extravasion proteique et l'augmentation du taux de PGE2 dans l'humeur aqueuse (Tableaux IV et V).
Le paracetamol est classiquement décrit comme très faible inhibiteur de la PG synthétase, à l'exception de celle contenue dans le tissu cérébral.
(Bowman W.C. and Rand M.J. "Textbook of pharmacology"
2nd éd. Oxford. Blackwell, 1980).
Dans ce modèle traumatique oculaire, le paracetamol inhibe cependant la libération de PGE2 dans l'humeur aqueuse par un mécanisme inconnu, et de là, la rupture de la barrière hémato-aqueuse.