Procédé de préparation de gamma-globulines administrées par voie intraveineuse et gamma-globulines obtenues.
La présente invention a trait à un procédé de préparation de gamma-globulines administrables par voie intraveineuse ainsi qu'aux gamma-globulines obtenues par ce procédé.
Il existe actuellement sur le marché un cer¬ tain nombre de préparations de gamma-globulines obtenues par des procédés différents et qui présentent à la fois des qualités et des inconvénients liés à ces procédés. Parmi les inconvénients que ces procédés s'efforcent d'atténuer le plus possible, se trouve en bonne place le pouvoir d'activation du complément qui peut entraîner des réactions allant jusqu'au choc anaphylactique. D'une façon générale, ce pouvoir' anti-complémentaire est attribué à l'existence d'agrégats globuliniques qui seraient inhérents aux différents procédés de préparation et
notamment aux étapes de fractionnement alcoolique.
C'est pourquoi, il a été déjà développé différents procédés de préparation cherchant à supprimer, ou du moins à limiter cet inconvénient. Un premier procédé cherche à éliminer les agrégats et consiste à effectuer une digestion à la pepsine de la préparation de gamma-globulines, de façon à provoquer une rupture de chaînes lourdes à proximité de la jonction des fractions Fab et Fc. Voir, par exemple, le brevet FR-A- 2.433.342.
Un autre procédé, qui avait été mis au point par la déposante, consiste à traiter une préparation de gamma-globulines à la plasmine, de façon à provoquer une digestion ménagée conservant un pourcentage important (de 30 à 50 ) de gamma-globuline intacte et donnant des fragments Fab et Fc. Cette préparation est active et très bien tolérée.
Ces différents procédés qui cherchent à réduire le pouvoir anti-complémentaire présentent cependant l'inconvénient d'une digestion plus ou moins poussée des gamma-globulines et consistent finalement à rechercher un compromis entre l'innocuité et l'activité de la préparation.
On peut également citer divers procédés de préparation formant des gamma-globulines modifiées chimique- ment : alkylation, réduction, sulfonation.
Le brevet FR-A-2.301.266 préconise de ne pas effectuer de traitement enzymatique, notamment à la pepsine, des gamma-globulines et d'effectuer, à la place, un frac¬ tionnement au polyéthylène-glycol. Ainsi, il a été mis au point un procédé de préparation de gamma-globulines par fractionnement au polyéthylène-glycol (P.E.G.) qui présente l'avantage d'empêcher la formation des agrrégats ou de les éliminer, tout en conservant des globulines intactes. En outre, bien qu'à des degrés divers, les différentes préparations décrites ci-dessus peuvent
présenter des facteurs de choc par activation du système kallicréine-bradykinine, ces facteurs paraissent liés à une teneur résiduelle en activateur de prékallicréine.
Une autre technique, qui permet d'obtenir des gamma-globulines de bonne qualité, consiste à effectuer un traitement à pH acide, en présence de faibles quantités de pepsine. Voir, par exemple, J.J. Walsh : Purification of normal immunoglobulin for intravenous use. DEVELOP. BIOL. STAND. 1974, 27, 31-6. Cependant, il reste encore des agrégats et des dimères à un taux relativement important.
On a également proposé, dans la demande de brevet EP-A-0 120 385, d'éviter d'utiliser des traitements à la pepsine ou à la plasmine, que ces enzymes soient insolubilisées ou non, pour proposer une digestion aux enzymes pancréatiques accompagnée d'un traitement au polyéthylène glycol à concentration relativement élevée. Cependant, cette gamma-globuline n'est pas équilibrée en sous-classes .
La présente invention se propose de fournir des préparations de gamma-globulines administrables par voie intraveineuse, à la fois dépourvues d'agrégats et de dimères, dépourvues de pouvoir anti-complémentaire et dépourvues de kallicréine et d ' activateur de prékallicréine et avec un profil des sous-classes comparable à celui du Sérum Humain normal.
Un autre objectif de l'invention est de four¬ nir un tel procédé qui, appliqué aux préparations de gamma¬ globulines préparées par un fractionnement avec de faibles teneurs en PEG ou substances analogues, améliore ces préparations en diminuant notamment le pouvoir anti¬ complémentaire, la teneur en kallicréine et en activateur de la prékallicréine, ainsi que le PEG résiduel.
L'invention a pour objet un procédé de préparation de gamma-globulines administrables par voie intraveineuse, caractérisé en ce qu'il comporte une étape de fractionnement au polyéthylène-glycol (PEG) ou substances
similaires et une étape de traitement enzymatique ménagé, dans lequel le pH est dépendant de la nature de 1'enzyme utilisée, celle-ci étant ajoutée de préférence sous forme de traces, le traitement étant conduit pour éviter une protéolyse sensible.
L'enzyme utilisée est choisie dans le groupe formé par les pepsines, fibrinolysines (plasmine) , et papaines .
Le matériau de départ est une fraction d'origine sérique riche en gamma-globulines telle que la fraction II Technique 6.9 de Cohn, connue pour donner des produits exempts d'hépatite, ou une fraction d'origine pla¬ centaire telle que la fraction technique 6.9 de Cohn modifiée par Taylor. Cette fraction a une pureté en IgG supérieure ou égale à 90 % . Elle peut contenir des quantités variables en albumine qui peuvent aller jusqu'à 10 % . 1er exemple :
1 - Précipitation au PEG :
La matière première de départ consiste en une mise en solution du précipité et en une clarification de cette solution, solution qui contient en général de 1 à 4 % de protéines . On procède à une étape de précipitation par adjonction de polyéthylène-glycol (PEG), de poids moléculaire 4 000, de façon à obtenir une concentration en PEG de 5 . . Le pH est ajusté 5,8 par de l'acide acétique N ou HC1 0,1 N et la température maintenue entre 0 et 4*C. La force ionique est très basse, de l'ordre de 0,02.
On obtient ainsi un précipité qui contient les agrégats que l'on sépare alors de la solution par simple décantation, par filtration, ou par centrifugation. Le précipité est éliminé.
Sur le surnageant qui en résulte, on effectue ensuite une nouvelle précipitation, sans nouvelle addition de PEG, à la même température, mais en augmentant la force ionique à 0,05 par addition de NaCl de 0,05 % à 0,2 % et de préférence 0,1 % et en portant le pH de 7 à 8,5 et de
préférence 8,0.
Les gamma-globulines précipitent alors et l'on sépare de la phase liquide par décantation ou centrifu- gation le précipité ainsi formé. Ce précipité contient les gamma-globulines dépurvues d'agrégats de haut poids moléculaire, mais pouvant encore contenir un taux voisin de 10 % de protéines dimérisées. La pureté électrophorétique de ce produit est supérieure ou égale à 90 II peut contenir de l'albumine. L'activité anti-complémentaire est très faible. Le taux de kallicréine et de 1 'activateur de prékallicréine est réduit, mais celles-ci peuvent encore e ister à des taux variables, suivant la teneur de la matière de départ utilisée.
2 - Traitement enzymatique ménagé : Le précipité de gamma-globuline est repris dans de l'eau apyrogene de façon à obtenir une concentration de 20 g/1 en gamma-globulines. On ajoute 50 g/1 de sac¬ charose et 0,002 g/1 de pepsine, la température étant amenée et maintenue à 37'C, le pH étant réglé à 4,1 et on incube pendant 24 heures.
On préfère utiliser la pepsine en solution, sous forme insolubilisée sur des supports classiques. L'incubation s'effectue pendant 10 à 96 heures, à cette température, suivant la quantité d'enzymes utilisée. Après traitement, le pH est neutralisé.
3 - Traitement ultérieur :
On effectue une ultrafiltration, de façon à porter la concentration de la solution de gamma-globulines à 70 g/1. Cette étape d'ultrafiltration est suivie d'une diafiltration destinée à l'élimination du PEG. Cette diafiltration s'effectue par une solution de NaCl 4,5 g/1. Le volume de solution de diafiltration à utiliser est fonc¬ tion du taux de PEG à éliminer. -Généralement, un volume correspondant à 8 fois celui de- la solution d'IgG permet d'éliminer plus de 90 % du PEG contenu initialement dans la
solution et de passer ainsi d'un taux de 1,5 g/1 à 0,10 g/1.
On effectue alors l'ajustement de la solution obtenue à 50 g/1 de protéine, 50 g/1 de saccharose, 4,5 g/1 de chlorure de sodium, à pH 7,0. On répartit ensuite la substance en flacons de 0,5 - 2,5 ou 5 g de gamma-globulines, puis on effectue une lyophilisation. 2ème exemple :
La matière première de départ consiste en une mise en solution du précipité et en une clarification de cette solution qui contient de 1 à 12 % de protéines et, de plus, préférentiellement 6 % à 10 % de protéines.
Traitement enzymatique ménagé : On procède à un faible traitement par de la fibrinolysine humaine. La concentration en fibrinolysine humaine est de 0,5 à 4 unités caséinolytiques par gramme de protéines .
La température d'incubation est de 0* à 37*C, de préférence 4*C. Le pH est de 6,0 à 8,0, de préférence 7,4.
Le temps d'incubation est dépendant de la température et de la quantité d'enzyme mise : de 2 jours à 10 jours.
2 - Précipitation au PEG : On procède à une étape de précipitation de la solution protéinique qui contient en général de 1 à 4 % de protéines par adjonction de polyéthylène glycol (PEG), de poids moléculaire 4 000, de façon à obtenir une concentra¬ tion en PEG de 5 % . Le pH est ajusté à 5,8 par de l'acide acétique N ou HCl 0,1 N et la température maintenue entre 0 et 4*C. La force ionique est très basse, de l'ordre de 0,02.
On obtient ainsi un précipité qui contient des agrégats que l'on sépare alors de la solution par simple décantation, par filtration, ou• par centrifugation. Le précipité est éliminé.
Sur le surnageant qui en résulte, on effectue
ensuite une nouvelle précipitation, sans nouvelle addition de PEG, à la même température, mais en augmentant la force ionique à 0,05 par addition de NaCl de 0,05 % à 0,2 % et en portant le pH de 7 à 8,5 de préférence à 8,0. - Les gamma-globulines précipitent alors et l'on sépare de la phase liquide le précipité ainsi formé, par décantation ou centrifugation.
3 - Traitement ultérieur :
On effectue une ultrafiltration de façon à porter la concentration de la solution de gamma-globulines à 70 g/1.
Cette étape d' ultrafiltration est suivie d'une diafiltration destinée à l'élimination du PEG. Cette diafiltration s'effectue par une solution de NaCl 4,5 g/1. Le volume de solution de diafiltration à utiliser est fonc¬ tion du taux de PEG à éliminer. Généralement, un volume correspondant à 8 fois celui de la solution d'IgG permet d'éliminer plus de 90 % du PEG contenu initialement dans la solution et de passer ainsi d'un taux de 1,5 g/1 à 0,10 g/1. On effectue alors l'ajustement de la solution obtenue à 50 g/1 de protéines, 50 g/1 de saccharose, 4,5 g/1 de chlorure de sodium, à pH 7,0.
On répartit alors ensuite la substance en flacons de 0,5 - 2,5 ou 5 g de gamma-globulines, puis on effectue une lyophilisation.
L'analyse des gamma-globulines obtenues selon 1 ' invention montre les avantages suivants :
. Diminution du pouvoir anti-complémentaire dans les différentes techniques de détermination utilisées. . Les sous-classes sont équilibrées.
. Absence de facteurs hypotenseurs démontrée par test tensionnel sur chien et sur rat.
. Diminution du taux de protéines dimérisées de plus de 50 % par rapport à la' teneur initiale et obten- tion d'un taux de monomères très élevé (supérieur à 90 % ) .
. Taux de fragments inférieurs à 7 S nul ou
8 très faible.
. Taux de kallicréine et d'activateur de la prékallicréine nuls (inférieurs à la limite de sensibilité du test) .
. Taux de PEG résiduel diminué de plus de 10 fois par rapport à la teneur d'origine.
Bien que l'invention ait été décrite à propos de formes de réalisation particulières, il est bien entendu qu'elle n'y est nullement limitée et qu'on peut lui apporter diverses modifications sans pour cela sortir ni de son cadre ni de son esprit.