LENTILLE PROGRESSIVE DE LUNETTES OPHTALMIQUES AYANT UNE ZONE SUPPLEMENTAIRE DE VISION INTERMEDIAIRE
La présente invention concerne une lentille progressive de lunettes ophtalmiques, qui possède une zone supplémentaire de vision intermédiaire.
Les lentilles progressives de lunettes ophtalmiques sont très utilisées, notamment pour corriger des défauts visuels de presbytie des porteurs de ces lunettes. De façon connue, une lentille progressive présente une puissance optique qui varie entre des points différents de celle-ci, de sorte que la correction du défaut visuel qui est apportée par la lentille soit adaptée en fonction de Péloignement d'un objet qui est observé par le porteur. Ainsi, dans des lentilles progressives usuelles, une zone de vision de loin est ménagée dans la partie supérieure de la lentille, qui est dédiée à l'observation d'objets distants, c'est-à-dire des objets qui sont situés à 1 ,5 mètres ou plus du porteur. Simultanément, une zone de vision de près est ménagée dans la partie inférieure de la lentille, qui est dédiée à l'observation d'objets rapprochés, situés à moins de 1 ,0 mètre du porteur, notamment à environ quarante centimètres de ses yeux. La puissance optique de chaque lentille progressive varie continûment entre ces zones de vision de loin et de près, de sorte qu'une zone intermédiaire qui est située entre celles-ci est adaptée pour observer des objets situés entre 1 ,0 mètre et un 1 ,5 mètres du porteur. Ainsi, lorsque le porteur balaye verticalement le champ visuel à travers une lentille progressive, par exemple du haut vers le bas, il utilise successivement des zones de la lentille qui sont dédiées à des distances d'observation de plus en plus courtes, jusqu'à une distance qui est adaptée pour lire un livre notamment. En particulier, la zone de vision intermédiaire permet au porteur de percevoir nettement un objet qui est situé à une distance comprise entre 1 ,0 et 1 ,5 mètres de ses yeux, sans bouger la tête si cet objet est situé dans une direction autour de ou peu inclinée en dessous de l'horizontale.
Mais si cet objet est situé plus bas dans le champ visuel, le porteur doit abaisser la tête en gardant une inclinaison faible des yeux pour voir nettement l'objet. Ceci peut procurer un inconfort certain et un risque de chute accru.
Donc, en gardant un abaissement de tête qui est confortable et sûr, une telle lentille progressive ne procure pas au porteur une vision nette du sol devant ses pieds, car les détails du sol sont situés à une distance de ses yeux qui est de l'ordre de 1 ,0 à 2,0 mètres, alors qu'ils sont regardés à travers la partie inférieure de la lentille, c'est-à-dire à travers la zone de vision de près. Or la perception visuelle du sol est particulièrement importante lorsque le porteur aborde des escaliers, et encore plus importante lorsqu'il descend les escaliers. Ainsi, plusieurs études portant sur les causes de chutes, notamment de personnes âgées, ont montré qu'un nombre important d'accidents résulte de conditions de vision et d'abaissement de la tête qui sont inadaptées pour aborder des marches d'escaliers ou des obstacles présents au niveau du sol devant les pieds du porteur. Pour cette raison, les lentilles progressives usuelles, qui ont dans l'ordre une zone de vision de loin, une zone de vision intermédiaire et une zone de près, n'apportent pas une amélioration optimale de la vision de marches d'escalier que le porteur s'apprête à monter ou descendre.
Pour répondre à ce besoin, des lentilles progressives à quatre zones ont été proposées à plusieurs reprises. Par rapport aux lentilles progressives usuelles rappelées ci-dessus, elles possèdent une zone supplémentaire qui est située en dessous de la zone de vision de près, et qui est adaptée pour la vision à distance intermédiaire. Par rapport aux lentilles progressives à trois zones, cette zone supplémentaire de vision intermédiaire permet au porteur de voir nettement un objet ou un obstacle qui est situé au sol devant ses pieds.
Une telle lentille progressive à quatre zones pour lunettes ophtalmiques comprend au moins une surface complexe à courbure variable, un point de référence prismatique et une croix de montage, et est adaptée pour être disposée devant un œil du porteur de sorte qu'un balayage de la direction de regard du porteur à travers la lentille définit une ligne méridienne qui correspond à la trace d'intersection de la direction du regard avec cette surface. Cette ligne méridienne relie un bord supérieur et un bord inférieur de la lentille en passant successivement par un point de vision de loin, la croix de montage, le point de référence prismatique et un point de vision de près. La croix de montage est située à 4 mm au dessus du point de référence
pπsmatique et peut correspondre à la direction de regard horizontale lorsque le porteur est debout La puissance optique le long de la ligne méridienne correspond à une correction ophtalmique en vision de loin dans un premier segment de cette ligne qui est situé au dessus du point de vision de loin Elle augmente ensuite jusqu'à une valeur maximale qui est atteinte au point de vision de près, puis décroît à partir de ce point de vision de près sur une longueur déterminée en direction du bord inférieur La lentille présente ainsi une addition de puissance optique entre les points de vision de loin et de près, ainsi que la zone supplémentaire de vision intermédiaire à proximité du bord inférieur
Le document WO 2004/104674 divulgue une telle lentille progressive à quatre zones, qui permet au porteur de percevoir plus nettement des obstacles présents au sol à une distance intermédiaire devant lui
Mais aucune des lentilles progressives connues qui ont une zone supplémentaire de vision intermédiaire en dessous de la zone de vision de près ne procure au porteur une vision nette d'un objet qui est situé à une distance comprise entre 1 ,0 à 1 ,5 mètres, dans une direction inclinée d'environ
35 degrés en dessous de la direction horizontale Or il apparaît que ces conditions de vision sont importantes lorsque le porteur aborde un nouvel obstacle qui est situé au sol devant lui, afin d'adopter une posture appropriée pour l'approche et le franchissement de l'obstacle
Un but de la présente invention consiste alors à proposer une lentille progressive ayant une zone supplémentaire de vision intermédiaire, et qui répond à ce besoin Pour cela, l'invention propose une lentille progressive à zone supplémentaire de vision intermédiaire, située en dessous de la zone de vision de près, du type décrit ci-dessus, dont l'addition de puissance optique est supérieure ou égale à 2,0 dioptries, et pour laquelle la puissance optique présente un seuil d'augmentation le long de la ligne méridienne qui est sensiblement situé au niveau de la croix de montage, à distance du point de référence prismatique
Autrement dit, l'augmentation de la puissance optique d'une lentille
progressive selon l'invention, en se déplaçant le long de la ligne méridienne depuis le point de vison de loin en direction du point de vision de près, démarre haut dans la lentille Dans le jargon de l'Homme du métier, le canal entre les zones de vision de loin et de près est situé assez haut dans la lentille De cette façon, la zone de vision de près peut elle-même être assez haute, de sorte qu'il reste une distance suffisante entre le point de vision de près et le bord inférieur de la lentille pour la zone supplémentaire de vision intermédiaire En particulier, la direction du regard du porteur à environ 35 degrés en dessous de la direction horizontale traverse la lentille dans cette zone supplémentaire de vision intermédiaire Une telle lentille selon l'invention procure donc au porteur une vision nette d'obstacles qui sont situés au sol devant lui De cette façon, il peut adopter spontanément une posture qui est appropriée pour les franchir en sécurité
Dans la plupart des réalisations de l'invention, la caractéristique selon laquelle le seuil d'augmentation de la puissance optique est situé, le long de la ligne méridienne, au niveau de la croix de montage et à distance du point de référence prismatique signifie qu'une première variation de la puissance optique calculée entre le point de vision de loin et la croix de montage est inférieure à 10% de l'addition de puissance optique, en valeur absolue Le plus souvent, cette première variation absolue est inférieure à 5% de l'addition de puissance optique Simultanément, une seconde variation de la puissance optique qui est calculée entre le point de vision de loin et le point de référence prismatique est supérieure à 25%, en valeur absolue, avantageusement supérieure à 30% Grâce à la dimension verticale importante de la zone supplémentaire de vision intermédiaire dans une lentille selon I invention, celle-ci peut être détourée aux dimensions d'un logement de verre prévu dans une monture de paire de lunettes, sans que cette zone supplémentaire de vision intermédiaire soit éliminée entièrement lors de l'opération de détourage L'invention se rapporte donc aussi à une lentille telle que définie précédemment, après que celle-ci a été détourée conformément aux dimensions d'un logement de verre dans une monture En particulier, la lentille peut avoir un bord inférieur après détourage qui est à une distance inférieure a 23 mm de la croix de montage,
mesurée sensiblement le long de la ligne méridienne L'invention est donc compatible avec l'utilisation d'une monture de lunettes qui présente une dimension verticale réduite, et dans laquelle le verre est destiné à être assemblé De préférence, le point de vision de près de la lentille, où la puissance optique atteint la valeur maximale le long de la ligne méridienne, peut être situé à moins de 15 mm en dessous la croix de montage En particulier, le point de vision de près peut être situé entre 10 mm et 12 mm en dessous la croix de montage Selon un premier perfectionnement de l'invention, la puissance optique le long de la ligne méridienne présente des variations qui sont inférieures à 0,5 dioptrie dans un second segment de cette ligne méridienne, à l'intérieur de la zone supplémentaire de vision intermédiaire Ce second segment est situé en dessous du point de vision de près, entre un point qui est situé à une distance inférieure ou égale à 18 mm de la croix de montage et le bord inférieur de la lentille Autrement dit, la zone supplémentaire de vision intermédiaire n'est pas un canal de transition dans lequel la puissance optique décroît régulièrement en direction du bord inférieur C'est plutôt une zone de vision à travers laquelle la direction du regard peut varier verticalement tout en fixant des objets qui sont situés à des distances intermédiaires presqu'identiques, bien qu'à des hauteurs différentes Un bon confort de vision à travers cette zone supplémentaire en résulte Notamment, aucune fatigue visuelle n'est ressentie, ni le besoin de lever ou baisser verticalement la tête pour adapter la hauteur du verre par rapport à la distance d'observation et la hauteur d'un objet observé à travers cette zone supplémentaire
De préférence, la puissance optique le long de la ligne méridienne peut présenter en outre des variations qui sont inférieures à 0,25 dioptrie dans un troisième segment de la ligne méridienne qui est situé à l'intérieur du second segment Ce troisième segment peut notamment s'étendre entre un point qui est situé à une distance inférieure ou égale à 22 mm de la croix de montage et le bord inférieur de la lentille Le confort d utilisation de la lentille est alors encore supérieur
Avantageusement, le second segment et/ou le troisième segment peut posséder une longueur supérieure à 5 mm, voire supérieure à 10 mm, le long de la ligne méridienne.
Selon un second perfectionnement de l'invention, la lentille peut présenter, dans des parties latérales de celle-ci qui sont situées de part et d'autre du point de vision de près, une puissance optique qui est inférieure à la valeur atteinte au point de vision de près. En outre, la puissance optique peut être inférieure à la moitié de la valeur au point de vision de près en deux points de la lentille qui sont distants horizontalement de 8 mm par rapport à et de chaque côté du point de vision de près. De cette façon, la zone de vision de loin peut être dégagée latéralement, au moins en ce qui concerne les valeurs de la puissance optique, et offre ainsi au porteur un secteur de vision de loin qui est large, en s'étendant de chaque côté plus loin vers le bas.
Une lentille selon l'invention peut être adaptée, en particulier, pour corriger au moins partiellement une presbytie du porteur dans une zone de celle-ci qui entoure le point de vision de près.
D'autres particularités et avantages de la présente invention apparaîtront dans la description ci-après de deux exemples de réalisation non limitatifs, en référence aux dessins annexés, dans lesquels : - la figure 1 est une vue de profil générale d'une lentille selon l'invention ;
- les figures 2a et 2b sont des diagrammes montrant des variations de courbures tangentielle et sagittale, respectivement pour une première lentille selon l'invention qui possède une addition de 2,0 dioptries, et une seconde lentille selon l'invention qui possède une addition de 2,5 dioptries ;
- les figures 3a et 3b sont des cartographies de sphère moyenne et de cylindre, respectivement, pour la première lentille de la figure 2a ; et
- les figures 4a et 4b correspondent aux figures 3a et 3b, respectivement, pour la seconde lentille de la figure 2b. De façon connue et conformément à la figure 1 , une lentille 1 pour lunettes ophtalmiques comporte une face antérieure, notée F1 sur la figure, et
une face postérieure, notée F2 et opposée à la face F1. Entre ces deux faces, elle est constituée d'un milieu transparent réfringent qui est usuellement homogène. La lentille peut être un verre de lunettes fini, dont les deux faces F1 et F2 ont des formes définitives. II peut s'agir alors d'un verre qui est déjà détouré aux dimensions d'un logement de verre d'une monture de paire de lunettes. Mais le verre fini peut être aussi considéré avant d'être détouré. Alternativement, la lentille peut être un verre semi-fini, dont une seule face possède une forme définitive, et l'autre face est destinée à être usinée ultérieurement en fonction de la prescription d'un porteur. Dans ce cas, la puissance optique de la lentille s'entend comme la puissance optique d'un verre fini qui est obtenu à partir du verre semi-fini. Le plus souvent, la face antérieure du verre semi-fini est définitive, et la face postérieure est celle qui est destinée à être usinée en reprise. Dans la présente demande de brevet, on entend par lentille ophtalmique aussi bien un verre fini qu'un verre semi-fini. Lorsqu'elle n'est pas détourée, la lentille possède un bord périphérique qui est le plus souvent circulaire, par exemple d'un diamètre de 60 mm (millimètre).
Dans la suite, les termes «sur», «sous», «au dessus de», «en dessous de» et «latéral» sont utilisés pour qualifier des parties ou des points de la lentille par rapport à une position de référence de la lentille utilisée par le porteur. Cette position, qui est appelée position d'utilisation de la lentille par le porteur, correspond à un maintien vertical de la tête du porteur équipée de la monture dans laquelle la lentille est assemblée. En outre, les faces F1 et F2 de la lentille, respectivement antérieure et postérieure, sont désignées ainsi par rapport à leur situation lorsque le verre est ainsi utilisé par le porteur. Dans un mode préféré de réalisation de l'invention qui correspond aux exemples décrits ci-après, la surface complexe de la lentille progressive est située sur la face postérieure F2. Autrement dit, la face F2 possède une sphère moyenne et un cylindre qui varient continûment le long de cette face. On rappelle que la sphère moyenne (Sph) et le cylindre (CyI) d'une surface complexe, estimés en un point de celle-ci, sont donnés respectivement par les formules suivantes :
1 1
CyU (n - 1)- (1 b) R] R2 dans lesquelles n est l'indice de réfraction lumineuse du matériau de la lentille au point considéré, et R1 et R2 désignent respectivement les rayons de courbure maximal et minimal de la surface complexe au même point, mesurés selon deux directions perpendiculaires. Les valeurs numériques qui sont indiquées dans les figures 2a, 2b, 3a, 3b, 4a et 4b correspondent à des lentilles qui sont constituées d'un même matériau homogène transparent, dont l'indice de réfraction n est égal à 1 ,591. La face antérieure F1 de la lentille 1 peut être une surface de série, obtenue lors du moulage de la lentille. En particulier, elle peut être sphérique.
La face postérieure F2 peut être usinée de façon à conférer à la lentille les caractéristiques de l'invention, en utilisant l'un des procédés d'usinage de précision qui sont connus de l'Homme du métier, notamment un procédé d'usinage à contrôle numérique.
Lors de l'usinage de la face postérieure F2, l'ajout de composantes constantes de sphère moyenne et de cylindre aux valeurs locales qui sont indiquées par les cartographies des figures 3a, 3b, 4a et 4b permet d'obtenir une lentille qui correspond à une prescription ophtalmique établie pour le porteur. La face postérieure F2 peut ainsi être adaptée en outre pour que la lentille présente, au point de vision de loin, des valeurs de puissance optique et d'astigmatisme qui correspondent à une prescription établie pour le porteur.
Les points suivants sont définis sur la face antérieure F1 de la lentille 1 , d'une façon qui est connue de l'Homme du métier : - le point de référence prismatique, qui est noté O, et auquel est associée une valeur de prisme de la lentille ;
- une croix de montage, qui est notée CM, et qui sert pour ajuster verticalement une position du verre par rapport au centre de la pupille du porteur ;
- un point de référence de vision de loin, qui est noté VL, et auquel est associée une valeur de puissance optique adaptée pour corriger la vision du porteur lorsqu'il regarde un objet éloigné, typiquement situé à plus de deux mètres de lui ; et - un point de référence de vision de près, qui est noté VP, et auquel est associée une valeur de puissance optique adaptée pour corriger la vision du porteur lorsqu'il regarde un objet rapproché, situé à environ quarante centimètres de ses yeux.
Usuellement, la croix de montage CM correspond à la direction de regard horizontale lorsque le porteur est debout. Lorsque le verre n'a pas encore été détouré aux dimensions d'un logement dans une monture de lunettes, le point de référence prismatique O correspond en général au centre géométrique du verre.
Les points O, CM, VL et VP sont définis initialement sur la face antérieure F1 de la lentille 1. Des points de référence correspondant à ceux-ci sont définis sur la face postérieure F2. Ces points de la face F2 peuvent être situés respectivement en vis-à-vis des points O, CM, VL et VP, ou bien être décalés par rapport à ceux-ci en suivant le trajet de rayons lumineux qui passent par les points O, CM, VL et VP de la face F1. Alternativement, les points de référence de la face F2 peuvent être définis à partir des points O,
CM, VL et VP de la face F1 en utilisant diverses approximations de trajets lumineux.
La face postérieure F2 de la lentille 1 est alors repérée par deux axes cartésiens exprimés en millimètres : X pour l'axe horizontal et Y pour l'axe vertical, ce dernier étant orienté positivement vers le haut. Usuellement, le point O est le centre de ce repère, et le point CM a pour coordonnées X=O et Y=4 mm. Le point de vision de loin VL a pour coordonnées X=O et Y=8 mm. VL est donc situé sur une ligne verticale au dessus de O. Le point de vision de près VP est situé en dessous de O1 en étant décalé latéralement (parallèlement à l'axe X) par rapport à VL. Le sens du décalage de VP est inversé entre une lentille droite et une lentille gauche. Une ligne LM, qui est appelée ligne méridienne principale, relie les points VL, CM, O et VP. Elle correspond à la trace sur la lentille de la direction du regard lorsque le porteur observe
successivement des objets qui sont situés devant de lui à des hauteurs et à des distances variables.
Les diagrammes des figures 2a et 2b illustrent les variations des courbures tangentielle et sagittale le long de la ligne méridienne LM, des faces postérieures de deux lentilles distinctes conformes à l'invention, ayant respectivement des valeurs d'addition qui sont fixées par leurs faces postérieures, et qui sont égales à 2,0 et 2,5 dioptries. Les courbures tangentielle et sagittale, qui sont notées respectivement C1 et C2, sont égales aux inverses des rayons de courbure R1 et R2 des formules 1a et 1 b rappelées plus haut.
De façon connue, la puissance optique d'une lentille, notée OP pour «Optical Power», pour une direction de regard à travers celle-ci résulte de la combinaison des effets dioptriques des faces F1 et F2. Plus précisément, la puissance optique pour une direction de regard donnée résulte de la sphère moyenne et du cylindre de chacune des faces F1 et F2 aux points de traversée de ces faces par un rayon lumineux qui correspond à la direction de regard.
L'addition de la lentille 1 est alors définie comme la différence entre les valeurs de puissance optique OP aux points VP et VL :
A = OP(VP) - OP(VL) (2) Les figures 3a et 4a sont des cartographies de sphère moyenne des faces postérieures des deux lentilles des figures 2a et 2b, respectivement. Chacune de ces cartographies est limitée par le bord périphérique de la lentille correspondante, et indique la valeur de la sphère moyenne pour chaque point de la face postérieure de la lentille. Les lignes qui sont reportées sur ces cartographies sont des lignes d'iso-sphère, qui relient des points de la face postérieure de chaque lentille qui correspondent à une même valeur de sphère moyenne. Cette valeur est indiquée en dioptries pour certaines de ces lignes.
De façon similaire, les figures 3b et 4b sont des cartographies de cylindre. Les lignes qui sont reportées sur celles-ci sont des lignes d'iso- cylindre, qui relient des points de la face postérieure de chaque lentille qui correspondent à une même valeur de cylindre.
La valeur de sphère moyenne est maximale au point VP Dans les deux lentilles des figures 2a, 3a et 3b d'une part, et 2b, 4a et 4b d'autre part, le point de vision de près VP a pour coordonnée verticale Y=-8 mm Cette valeur correspond à une position significativement plus haute que la valeur de -14 mm qui est usuellement adoptée pour la coordonnée verticale du point de vision de près VP La distance verticale entre le point de vision de près VP et la croix de montage CM est alors de 12 mm, pour les deux lentilles
Pour ces lentilles, la sphère moyenne est sensiblement nulle, notamment inférieure à 0,25 dioptrie dans la zone du verre qui est située au dessus du point de vision de loin VL Notamment, elle est inférieure à 0,25 dioptrie dans tout le segment de la ligne méridienne LM qui s'étend entre le point VL et le bord supérieur des lentilles Ce segment est appelé premier segment de la ligne LM et noté S1 sur les figures
Les diagrammes 2a et 2b, ainsi que les cartographies 3a et 4a montrent que la sphère moyenne augmente entre les points VL et VP, en direction de VP, avec un seuil d'augmentation qui est situé sensiblement à la croix de montage CM Autrement dit, la sphère moyenne reste inférieure à 0,25 dioptrie sur la ligne méridienne LM entre le point VL et la croix de montage CM, et devient supérieure à 0,25 dioptrie à proximité de CM Au niveau du point de référence prismatique O, la valeur de sphère moyenne est proche de (A -
0,5 dioptπe)/2, à moins de 0,2 dioptrie près Cette relation entre la valeur de sphère moyenne au point O et l'addition A de la lentille a été observée par les inventeurs pour toutes les lentilles qui ont été réalisées selon l'invention Elles procurent alors un bon confort de vision En dessous du point de vision de près VP, la valeur de sphère moyenne décroît en direction du bord inférieur de la lentille, et atteint une valeur limite qui est proche de la moitié de l'addition A, à moins de 0,5 dioptrie près, voire à moins de 0,25 dioptrie près Cette valeur correspond à une distance intermédiaire de vision, comprise entre 1 ,0 et 1 ,5 mètre Cette décroissance est concentrée en dessous de et à partir du point VP, de sorte que la puissance optique peut être sensiblement constante sur un segment de la ligne méridienne LM au dessus du bord inférieur de la lentille En particulier,
Ia décroissance résiduelle de la sphère moyenne jusqu'au bord inférieur est de 0,50 dioptrie dans un deuxième segment S2 de la ligne LM reliant un point E de celle-ci au bord inférieur Pour la première lentille (figures 2a, 3a, 3b), d'addition 2,0 dioptries, ainsi que pour la seconde lentille (figures 2b, 4a, 4b), d'addition 2,5 dioptries, le point E a pour coordonnée verticale -13 mm II est donc situé à 17 mm en dessous de la croix de montage CM De la même façon, la décroissance résiduelle de la sphère moyenne jusqu'au bord inférieur est de 0,25 dioptrie dans un troisième segment S3 de la ligne LM, entre un point F du segment S2 et le bord inférieur Pour les deux lentilles considérées, le point F a pour coordonnée verticale -15 mm, approximativement, c'est-à-dire qu'il est situé à 19 mm en dessous de la croix de montage CM
De part et d'autre du point de vision de près VP, sur une droite horizontale passant par le point VP, la sphère moyenne est inférieure à sa valeur au point VP En outre, aux points B et B' de cette droite qui sont distants du point VP de 8 mm, la sphère moyenne est inférieure à la moitié de sa valeur au point VP De cette façon, la sphère moyenne décroît rapidement dans les parties latérales de la lentille des deux côtés du point VP La face postérieure de la lentille présente alors deux grandes extensions latérales de la zone de vision de loin, en direction du bas de la lentille, dans lesquelles la sphère moyenne varie d'une quantité qui est inférieure à un quart de l'addition A, par rapport à la valeur de sphère moyenne au point de vision de loin VL
Les figures 3b et 4b montrent que le cylindre présente des valeurs nulles, ou inférieures à 0,25 dioptrie, dans une première zone large située de part et d'autre du premier segment S1 , correspondant à la zone de vision de loin des lentilles, ainsi que dans une seconde zone située de part et d'autre du second segment S2, correspondant à la zone supplémentaire de vision intermédiaire Ces deux zones sont donc dépourvues d'astigmatisme involontaire
Bien que l'invention a été décrite en détail pour des lentilles dont les faces postérieures ont des formes complexes, et les faces antérieures des formes sphériques ou toriques, il est entendu que l'invention peut être réalisée de façon similaire pour une lentille dont la face antérieure est complexe, et la
face postérieure est sphérique ou torique. De même, les deux faces peuvent être complexes. Les variations de la puissance optique selon l'invention résultent alors de la combinaison des variations de sphère moyenne et de cylindre des deux faces. De même, bien que les cartographies fournies en figures ne correspondent qu'à deux valeurs de l'addition qui sont données à titre d'exemples, il est entendu que l'invention peut être réalisée de la même façon pour des valeurs quelconques d'addition, supérieures ou égales à 2,0 dioptries. En particulier, elle peut être réalisée pour des valeurs d'addition jusqu'à 4,0 dioptries.