VERRE OPHTALMIQUE PROGRESSIF DE CORRECTION DE MYOPIE ET PROCEDE DE
REALISATION D'UN TEL VERRE La présente invention concerne un verre ophtalmique progressif de correction de myopie et un procédé de réalisation d'un tel verre. Il est connu que la correction de la myopie d'un porteur de lunettes provoque, à long terme, une augmentation du degré de la myopie. Une telle aggravation de la myopie est particulièrement observée pour les enfants. Elle est attribuée à une correction ophtalmique qui est adaptée pour l'observation d'un objet éloigné en utilisant la partie centrale de la rétine, mais qui est trop importante pour des parties latérales de cet objet dont les images sont formées dans la zone périphérique de la rétine. La vision fovéale, ou vision centrale, correspond à l'observation de l'objet avec la partie centrale de chaque rétine, qui est appelée zone fovéale. Les parties latérales de l'objet observé, qui sont imagées par des rayons lumineux pénétrant obliquement dans l'oeil, correspondent à la vision périphérique du porteur. L'Homme du métier parle alors de sur-correction de la myopie dans ces conditions de vision périphérique. En effet, en utilisant le verre de lunettes dont la puissance optique est adaptée pour la vision de loin et la vision fovéale, l'image en vision de loin est formée sur la rétine dans la zone fovéale, mais en arrière de la rétine pour vision périphérique. II est considéré à ce jour qu'une telle défocalisation périphérique provoque un allongement de l'oeil, et par suite une aggravation apparente de la myopie du porteur. Les documents US 2005/0105047 et WO 2007/041796 proposent de modifier la puissance optique de verres unifocaux correcteurs d'amétropie, de sorte que la zone centrale d'un tel verre soit adaptée pour la vision fovéale, et la zone périphérique du verre soit adaptée pour la vision périphérique du porteur. De cette façon, l'aggravation de l'amétropie du porteur qui est due à une correction mal adaptée pour la vision périphérique est réduite. En outre, le document WO 2007/041796 indique que la taille de la zone centrale, qui est adaptée pour la vision fovéale, peut être personnalisée pour chaque porteur de verres, en fonction de son comportement pour bouger plutôt les yeux et/ou la tête. -2- Par ailleurs, il a été observé que certains enfants accommodent de façon imprécise lorsqu'ils observent un objet qui est situé à faible distance d'eux, c'est-à-dire en conditions de vision de près. A cause de ce défaut d'accommodation de la part d'un enfant myope qui est corrigé pour sa vision de loin, l'image d'un objet rapproché est aussi formée derrière sa rétine, même dans la zone fovéale. Pour éviter une contribution à l'aggravation de la myopie qui est due à ce défaut d'accommodation, il est connu d'utiliser un verre correcteur de myopie qui est du type verre progressif. Un tel verre comprend une zone de vision de loin, dans laquelle la puissance optique du verre est adaptée pour corriger la myopie du porteur lorsqu'il observe un objet éloigné, une zone de vision de près, dans laquelle la correction de myopie est réduite, et une zone intermédiaire qui est située entre les zones de vision de loin et de près, et dans laquelle la puissance optique du verre varie continûment. De tels verres ophtalmiques progressifs sont adaptés pour la vision fovéale du porteur.
Néanmoins, il a été constaté que chacun de ces deux types de verres ophtalmiques, à zone adaptée pour la vision périphérique d'une part ou bien progressifs d'autre part, provoque encore une aggravation résiduelle de l'amétropie du porteur. Un but de la présente invention est alors de proposer un nouveau type 20 de verre ophtalmique, qui est adapté pour un porteur myope et qui réduit encore plus le risque d'augmentation du degré de sa myopie à long terme. Pour cela l'invention propose un verre ophtalmique progressif qui est adapté pour corriger une myopie d'un porteur de ce verre, et qui comprend : - une zone de vision de loin, dans laquelle le verre possède une première 25 valeur de puissance optique qui est adaptée pour réaliser la correction de myopie pour la vision fovéale du porteur, en condition de vision de loin ; - une zone de vision de près, qui est située en dessous de la zone de vision de loin pour une position d'utilisation standard du verre par le 30 porteur, et dans laquelle le verre possède une deuxième valeur de puissance optique qui est adaptée pour la vision fovéale du porteur en condition de vision de près, cette deuxième valeur correspondant à une -3- première réduction de la correction de myopie par rapport à la première valeur ; et - une zone intermédiaire, qui est située entre la zone de vision de loin et la zone de vision de près, et dans laquelle la puissance optique du verre varie continûment entre les première et deuxième valeurs, le verre possédant une troisième valeur de puissance optique en un point de référence qui est situé dans cette zone intermédiaire et qui correspond à une direction droit devant du regard du porteur pour la position d'utilisation standard du verre.
Le plus souvent, le point de référence dans la zone intermédiaire du verre, auquel est réalisée la troisième valeur de puissance optique, peut être le centre de montage du verre qui est considéré pour assembler le verre dans une monture. Le verre est caractérisé en ce qu'il possède en outre, dans une zone supérieure de celui-ci qui est située au dessus de la zone de vision de loin et, latéralement, de chaque côté du point de référence pour la position d'utilisation standard du verre, des quatrièmes valeurs de puissance optique qui sont adaptées pour la vision périphérique du porteur lorsque la direction de regard du porteur est droit devant à travers le verre, et qui correspondent à une seconde réduction de la correction de myopie par rapport à la troisième valeur de puissance optique. Ainsi, l'invention combine, au sein d'un même verre ophtalmique de correction de myopie, les caractéristiques d'un verre progressif avec celles d'un verre qui est adapté pour corriger différemment les visions fovéale et périphérique du porteur. De cette façon, la correction de myopie qui est obtenue est adaptée à des conditions d'observation variables, à la fois lorsque la distance d'observation varie û vision de loin, vision intermédiaire et vision de près û et lorsque varie l'excentricité de parties d'un objet qui est observé û vision fovéale et vision périphérique. Ainsi, l'aggravation de la myopie du porteur que provoquent toutes ces différentes conditions d'observation est évitée ou réduite. Selon l'invention, le verre est divisé en au moins quatre zones : les -4- zones de vision de loin et de près, ainsi que la zone intermédiaire, dans lesquelles la correction de myopie est plus spécifiquement adaptée à la vision fovéale, et la zone supérieure dans laquelle la correction de myopie est plus spécifiquement adaptée à la vision périphérique pour la direction de regard droit devant. Dans le cadre de l'invention, on entend par position d'utilisation standard du verre la position de celui-ci lorsqu'il est assemblé dans une monture de lunettes, et celle-ci est placée sur le visage du porteur avec sa tête tenue verticalement, ou bien légèrement penchée en avant.
Les variations de puissance optique du verre entre la zone de vision de loin et la zone supérieure, qui est dédiée à la correction de la vision périphérique, sont continues, de même que celles qui apparaissent de chaque côté du point de référence, entre celui-ci et la zone supérieure. Par exemple, ces variations de puissance optique peuvent résulter de variations continues d'une courbure et/ou d'un indice de réfraction du verre, présentes aux mêmes endroits du verre. De cette façon, l'image de l'objet observé est formée dans une surface continue, qui coïncide avec la rétine à la fois dans la zone fovéale et dans la zone périphérique de la rétine, ou qui ne s'écarte pas sensiblement de la rétine dans la zone périphérique.
Les quatrièmes valeurs de puissance optique dans la zone supérieure du verre peuvent notamment correspondre à des écarts absolus qui sont supérieurs à 0,5 dioptrie par rapport à la troisième valeur de puissance optique, celle-ci étant adaptée pour la vision fovéale et pour la direction droit devant du regard du porteur. En particulier, une des quatrièmes valeurs de la puissance optique, pour la vision périphérique et pour la direction droit devant du regard du porteur, qui correspond à une excentricité de 30 à l'intérieur de la zone supérieure du verre, peut présenter un écart absolu qui est sensiblement égal à 0,8 dioptrie par rapport à la troisième valeur de puissance optique. Selon un mode particulier de réalisation de l'invention, une répartition des quatrièmes valeurs de puissance optique du verre, pour la vision périphérique et pour la direction droit devant du regard du porteur, est sensiblement constante lors d'une rotation autour du point de référence, à -5- l'intérieur de la zone supérieure du verre. La vision périphérique pour la direction de regard droit devant est alors corrigée uniformément dans un secteur angulaire large. Selon un autre mode particulier de réalisation de l'invention, les quatrièmes valeurs de la puissance optique, pour la vision périphérique et pour la direction droit devant de regard du porteur, peuvent présenter des écarts absolus, par rapport à la troisième valeur de puissance optique, qui croissent en fonction d'une distance par rapport au point de référence, à l'intérieur de la zone supérieure du verre. Ainsi, la correction de myopie est régulièrement ~o diminuée dans la zone supérieure du verre pour la vision périphérique du porteur, à partir de la valeur de correction au point de référence du verre. L'invention propose aussi un procédé de réalisation d'un verre ophtalmique progressif qui est adapté pour corriger une myopie d'un porteur de ce verre. Ce procédé comprend les étapes suivantes : 15 - déterminer une première valeur de puissance optique du verre qui est adaptée pour corriger la myopie pour une vision fovéale du porteur, en condition de vision de loin ; - déterminer une deuxième valeur de puissance optique du verre qui est adaptée pour la vision fovéale du porteur en condition de vision de 20 près, et qui correspond à une première réduction de la correction de myopie par rapport à la première valeur ; - réaliser le verre en variant au moins une courbure d'une face du verre ou un indice de réfraction d'un matériau du verre, parallèlement à cette face, de façon à conférer la première valeur de puissance optique dans 25 une zone de vision de loin du verre, et la deuxième valeur de puissance optique dans une zone de vision de près du verre qui est située en dessous de la zone de vision de loin pour la position standard d'utilisation du verre par le porteur, avec une variation continue de la puissance optique dans une zone intermédiaire du verre qui est située 30 entre la zone de vision de loin et la zone de vision de près. Le procédé est caractérisé en ce qu'il comprend en outre les étapes suivantes : -6- - déterminer une troisième valeur de puissance optique du verre pour la direction de regard du porteur droit devant à travers le verre ; et - déterminer au moins une quatrième valeur de puissance optique du verre qui est adaptée pour la vision périphérique du porteur lorsque la direction de regard est droit devant à travers le verre, et qui correspond à une seconde réduction de la correction de myopie par rapport à la troisième valeur de puissance optique. Le verre est alors réalisé en conférant en outre la troisième valeur de puissance optique au point de la zone intermédiaire du verre qui correspond à la direction de regard droit devant du porteur, dit point de référence, et la quatrième valeur de puissance optique en au moins un point d'une zone supérieure du verre qui est située au dessus de la zone de vision de loin et, latéralement, de chaque côté du point de référence pour la position d'utilisation standard du verre. De plus, il est réalisé de sorte que la puissance optique du verre varie continûment entre la zone de vision de loin et la zone supérieure, ainsi qu'entre le point de référence et la zone supérieure. En particulier, un verre ophtalmique progressif tel que décrit précédemment peut être réalisé en utilisant ce procédé. Un procédé selon l'invention comprend donc, en plus de la réalisation des zones de vision de loin et de près du verre progressif conformément à une prescription qui est établie pour le porteur, la détermination de la correction de myopie qui est adaptée pour la vision périphérique du porteur lorsque celui-ci regarde droit devant lui à travers le verre. La réalisation du verre combine ainsi l'obtention d'une addition entre les zones de vision de loin et de près, avec l'adaptation d'une zone du verre plus particulièrement pour la vision périphérique. Cette zone qui est plus particulièrement adaptée pour la vision périphérique et qui est appelée zone supérieure, est distincte des zones de vision de loin, de près et intermédiaire du verre. Selon un mode particulier de mise en oeuvre d'un procédé selon 30 l'invention, certaines des quatrièmes valeurs de la puissance optique dans la zone supérieure du verre, pour la vision périphérique et pour la direction droit devant du regard du porteur, peuvent correspondre à une sous-correction de la -7-myopie du porteur pour ces conditions d'observation. Autrement dit, certaines des quatrièmes valeurs de puissance optique dans la zone supérieure du verre peuvent être déterminées pour que la myopie du porteur ne soit que partiellement corrigée pour la vision périphérique et pour la direction du regard droit devant. Les parties latérales d'image qui sont formées par des rayons qui pénètrent obliquement dans l'eeil sont alors encore situées derrière la rétine, mais avec un décalage en arrière de celle-ci qui est réduit par rapport aux parties d'image correspondantes qui sont formées lorsque le porteur est équipé d'un verre ophtalmique standard, adapté uniquement pour la vision fovéale.
Selon un perfectionnement de l'invention, le procédé peut comprendre en outre l'étape suivante, qui est exécutée avant la réalisation du verre : -caractériser des amplitudes relatives de mouvements respectifs d'yeux et de tête du porteur. Une des quatrièmes valeurs de puissance optique, pour la vision périphérique et pour la direction droit devant du regard du porteur, est alors ajustée pour une excentricité fixe non nulle, par exemple de 30 . Elle est ajustée de façon à présenter un écart absolu avec la troisième valeur de puissance optique, qui croit en fonction de l'amplitude relative des mouvements de tête du porteur, dans le sens d'une réduction de la correction myopie.
D'autres particularités et avantages de la présente invention apparaîtront dans la description ci-après d'exemples de réalisation non limitatifs, en référence aux dessins annexés, dans lesquels : - les figures la et 1 b sont des caractérisations de puissance optique d'un premier verre ophtalmique réalisé selon l'invention, respectivement pour les visions fovéale et périphérique du porteur ; - les figures 2a et 2b correspondent respectivement aux figures la et lb, pour un second verre ophtalmique pris pour comparaison ; et - les figures 3a et 3b illustrent un principe de mesure de mouvements d'yeux et de tête pour un porteur de lunettes.
Les figures la, lb, 2a et 2b sont des cartographies de puissance optique de deux verres ophtalmiques progressifs pour myope. Dans ces cartographies, les axes d'abscisse et d'ordonnée sont repérés par les valeurs -8- de décalage angulaire d'un rayon lumineux qui entre dans l'oeil, par rapport à l'axe optique du verre respectivement dans un plan horizontal et dans un plan vertical. Ils sont repérés en degrés et notés ALPHA et BÊTA, ALPHA désignant le décalage dans le plan vertical, et BÊTA le décalage dans le plan horizontal.
Les valeurs nulles de ALPHA et BÊTA correspondent à la direction de regard du porteur droit devant lui, qui est notée O. Cette direction coupe le verre en un point central de celui-ci, qui est appelé point de référence. Un déplacement dans une cartographie qui est établie pour la vision fovéale (figures la et 2a) correspond à une rotation de l'oeil derrière le verre, alors qu'un déplacement dans une cartographie qui est établie pour la vision périphérique (figures lb et 2b) correspond à un déplacement dans l'image qui est formée sur la rétine lorsque l'oeil est immobile dans la direction de regard O. Des valeurs positives d'ALPHA indiquent une direction de regard qui est inclinée vers le bas pour les cartographies de vision fovéale, et indiquent un rayon lumineux qui provient de la partie inférieure du champ visuel pour les cartographies de vision périphérique. Sur ces cartographies, les courbes représentées relient des points pour lesquels la puissance optique est constante. Etant donné qu'il s'agit de verres correcteurs de myopie, les valeurs de puissance optique sont négatives. Une réduction de la correction correspond donc à une variation positive de la puissance optique, c'est-à-dire à des valeurs de la puissance optique du verre qui se rapprochent de zéro, voire qui peuvent devenir positives, éventuellement. Les verres selon l'invention sont progressifs : pour la vision fovéale, la puissance optique varie continûment entre un point de vision de loin du verre et un point de vision de près. Sur la figure la relative à la vision fovéale, les indications VL et VP correspondent aux directions rectilignes qui passent par le centre de rotation de l'oeil et, respectivement, par les points de vision de loin et de près du verre. Sur la figure lb relative à la vision périphérique, les indications VL et VP correspondent aux directions rectilignes qui passent par le centre de la pupille de l'ceil et, respectivement, par les points de vision de loin et de près du verre. Les cartographies des figures la et 1b ont été établies pour un premier verre de lunettes, conforme à l'invention. Ce premier verre correspond à une correction de - 6,0 dioptries au point de vision de loin et à une addition -9- surfacique de + 2,0 dioptries de la face progressive. Cette valeur d'addition surfacique correspond à une addition optique de 2,25 dioptries en mode porteur, cette dernière valeur étant l'écart de puissance optique qui apparaît sur la figure la entre la direction de regard VP et la direction VL. Autour du point VL, la zone de vision de loin correspond aux points du verre pour lesquels la puissance optique pour la vision fovéale est proche de la valeur pour le point de vision de loin, par exemple avec un écart par rapport à cette valeur au point de vision de loin qui est inférieur à 0,5 dioptrie en valeur absolue. La cartographie de la figure 1 b montre que l'écart de puissance optique pour la vision périphérique par rapport à la valeur en O est supérieur à 0,5 dioptrie à l'intérieur d'une zone supérieure du verre, qui est notée S. Notamment, cet écart augmente radialement dans le sens d'une réduction de la correction de myopie. En outre, à l'intérieur de la zone S, la répartition de la puissance optique pour la vision périphérique présente approximativement une symétrie de révolution autour de la direction O. La zone supérieure S qui est illustrée sur la figure lb est limitée par deux arcs de cercles, mais il est entendu qu'une telle forme de la zone adaptée pour la vision périphérique n'est donnée qu'à titre d'illustration, d'une façon simplifiée. La forme exacte de la zone S peut en effet être adaptée de façon variable, comme cela apparaîtra dans la suite en considérant les amplitudes des mouvements de tête et d'yeux effectués par le porteur. Selon une première possibilité, la valeur de la puissance optique en au moins un point de la zone S, peut être déterminée à partir d'une mesure qui est effectuée sur le porteur du premier verre. Une telle mesure peut être une mesure d'autoréfraction ou de skiascopie. Selon une seconde possibilité, l'une au moins des valeurs de la puissance optique dans la zone S peut être déterminée pour une excentricité de référence, en réduisant d'une quantité fixe la correction de myopie qui est réalisée au point de référence du verre, pour la vision périphérique. Par exemple, sur la figure lb, la puissance optique pour une direction de rayon lumineux qui fait un angle BÊTA de +/-30 avec la direction O est modifiée d'environ 0,8 dioptrie par rapport à la valeur de puissance optique pour la direction O. A partir des cartographies des figures la et lb, le premier verre peut - 10- être réalisé en variant au moins une courbure d'une face de celui-ci parallèlement à cette face, d'une façon qui est connue en soi. L'un des procédés d'usinage en reprise des verres ophtalmiques qui sont aussi connus de l'Homme du métier, peut ensuite être utilisé pour conférer à la face du verre les variations de courbure déterminées. Alternativement, ou en combinaison avec un usinage de la face du verre, un indice de réfraction d'un matériau du verre peut être varié, encore parallèlement à la face du verre, pour conférer à celui-ci des caractéristiques locales de puissance optique qui correspondent aux cartographies.
Les cartographies des figures 2a et 2b ont été établies pour un second verre de lunettes, à titre de comparaison. Ce second verre correspond aussi à une correction de -6,0 dioptries au point de vision de loin et à une addition surfacique de + 2.0 dioptries de la face progressive. En comparant les cartographies des figures 1 b et 2b, il apparaît que la correction de myopie pour la vision périphérique décroît plus rapidement en s'écartant du point central de l'image qui est formée sur la rétine, latéralement de chaque côté du point O et au dessus du point `/L, pour le premier verre que pour le second verre. Etant donné que la correction de myopie prescrite est déterminée pour la vision fovéale et correspond à une sur-correction pour la vision périphérique, le premier verre (figures la et lb) apporte une meilleure correction de la vision périphérique par rapport au second verre (figures 2a et 2b). A l'inverse, la zone de vision de loin du verre, qui est située autour du point de vision de loin et dans laquelle la correction ophtalmique est adaptée pour la vision fovéale, est moins étendue pour le premier verre (figure la) que pour le second verre (figure 2a). Des verres ayant des répartitions de puissance optique qui sont intermédiaires entre celles des premier et second verres décrits ci-dessus peuvent être réalisés de même. Il existe ainsi un compromis, pour des corrections de myopie qui sont identiques aux points de vision de loin et de près des verres, entre une adaptation des corrections plus pour la vision fovéale ou plus pour la vision périphérique. Selon un perfectionnement de l'invention, ce compromis peut être adapté au porteur du verre, en fonction de sa propension à utiliser plutôt sa vision fovéale ou plutôt sa vision périphérique. -11- Une telle personnalisation d'un verre selon l'invention apporte alors en plus au porteur un confort visuel qui est supérieur. Ce perfectionnement de l'invention consiste à prendre en compte une caractéristique comportementale du porteur pour privilégier la correction de la vision fovéale ou celle de la vision périphérique. Cette caractéristique comportementale est la propension du porteur à tourner plus la tête ou les yeux lorsqu'il observe un objet qui n'est pas situé en face de lui. Pour un porteur qui bouge surtout les yeux pour observer un objet excentré, une zone plus grande du verre qui corrige la vision fovéale du porteur est préférée. L'image d'un objet qui est observé par le porteur est alors correctement formée sur la rétine, pour un intervalle supérieur d'angle de rotation des yeux. A l'inverse, un porteur qui bouge surtout la tête regarde le plus souvent à travers le verre dans une zone restreinte qui est située autour de son centre, celui-ci étant associé à la direction de regard O. Il est alors préférable que la zone supérieure du verre, dans laquelle la vision périphérique est plus précisément corrigée, soit plus étendue. Cet accroissement de la zone supérieure apparaît notamment de chaque côté du centre du verre, en direction de celui-ci selon une direction à peu près horizontale.
Ainsi, un compromis optimal entre la correction de myopie pour la vision périphérique et celle pour la vision fovéale, sur toute la surface du verre ophtalmique, peut être obtenu. Ce compromis varie en fonction du porteur. Il peut être adapté pour procurer un bon confort de vision fovéale pour un porteur qui bouge principalement les yeux, tout en lui apportant néanmoins une correction ajustée à sa vision périphérique pour des rayons lumineux très inclinés. A l'inverse, une meilleure correction de myopie pour la vision périphérique peut être apportée pour un porteur qui bouge principalement la tête. De cette façon, non-aggravation de la myopie du porteur et confort de correction sont combinés de façon optimale pour chaque porteur.
Avant de réaliser un verre selon l'invention, on caractérise tout d'abord les amplitudes relatives de mouvements d'yeux et de tête pour le futur porteur auquel le verre est destiné. Pour cela, on demande au porteur de regarder droit devant lui une première cible, dite cible de référence, en se plaçant face à celle-ci. La cible de référence est notée R sur la figure 3a. Elle est située de -12- préférence à hauteur d'yeux pour le porteur. Le porteur se place donc devant la cible de référence, avec les épaules sensiblement situées dans un plan vertical qui est perpendiculaire à la ligne virtuelle qui relie sa tête à la cible de référence. Il a alors la tête et les yeux qui sont orientés en direction de la cible de référence. A partir de cette situation, on demande ensuite au porteur de regarder une seconde cible, dite cible de test et notée T, qui est décalée par rapport à la cible de référence, sans bouger les épaules. Pour ce faire, il tourne pour partie la tête et pour partie les yeux (figure 3b), de sorte que la direction de son regard passe de la cible de référence R à la cible de test T. De préférence, la cible de test est décalée horizontalement par rapport à la cible de référence, de façon à caractériser les mouvements horizontaux de tête et d'yeux du porteur. Le décalage angulaire de la cible de test par rapport à celle de référence est appelé excentricité, et noté E. On prend le centre A de la tête comme pôle de mesure des angles dans un plan horizontal qui contient ce pôle et les deux cibles R et T. Sur la figure 3b, aT désigne l'angle de rotation de la tête du porteur, aussi appelé déviation angulaire de la tête, pour passer de la première situation d'observation de la cible de référence à la seconde situation d'observation de la cible de test. ay est l'angle de la rotation des yeux qui est effectuée simultanément par le porteur. L'excentricité E est donc égale à la somme des deux angles aT et ay. On calcule alors le quotient de la déviation angulaire de la tête aT par l'excentricité E. Ce quotient est égal à l'unité pour un porteur qui a exclusivement tourné la tête pour passer de la cible de référence R à la cible de test T, et à zéro pour un porteur qui a tourné seulement les yeux. On calcule ensuite un gain G pour ce test de coordination de mouvement "oeil/tête'' qui a été effectué pour le porteur. Le gain G peut être défini par une fonction croissante prédéterminée du quotient de la déviation angulaire de la tête aT par l'excentricité E. Par exemple, le gain G peut être directement égal au quotient de aT par E : G = aT / E. Unporteur qui tourne essentiellement les yeux pour fixer la cible de test a donc une valeur du gain G proche de zéro, et un porteur qui tourne essentiellement la tête pour fixer la même cible a une valeur de G proche de l'unité. -13- Ce test de coordination de mouvement "oeil/tête" peut être effectué par le porteur dans la boutique d'un détaillant opticien chez qui il commande sa paire de lunettes équipée du verre correcteur. La valeur de puissance optique du verre pour la vision périphérique, en un point de la zone supérieure S du verre qui correspond à une excentricité de 30 , est alors ajustée en fonction de la valeur obtenue pour le gain G. Cet ajustement peut consister à varier l'écart de puissance optique par rapport au point du verre qui correspond à la direction O, ou par rapport à une valeur qui est déduite d'une mesure effectuée sur le porteur. L'écart absolu de puissance optique entre le point de la zone supérieure S qui correspond à l'excentricité de 30 et le point du verre qui correspond à la direction O est de préférence diminué pour une amplitude des mouvements d'yeux du porteur qui est importante, c'est-à-dire une valeur du coefficient G proche de O. Au contraire, elle est augmentée pour une amplitude des mouvements d'yeux du porteur qui est faible, c'est-à-dire une valeur du coefficient G proche de 1. Autrement dit, l'une des quatrièmes valeurs de puissance optique qui est réalisée pour une excentricité fixe non nulle, par exemple 30 , correspond à une réduction de la correction de myopie par rapport à la troisième valeur de puissance optique qui est réalisée au point de référence, cette réduction étant une fonction croissante de la valeur du coefficient G. La limite de la zone supérieure S vers le point de référence, au moins de chaque côté de ce point, est alors déplacée en fonction de l'amplitude relative des mouvements de tête du porteur. La longueur de ce déplacement croît en fonction de l'amplitude relative des mouvements de tête du porteur. La zone supérieure du verre, qui est adaptée pour corriger la myopie du porteur d'une façon plus adaptée pour la vision périphérique, croit en direction du point de référence pour un porteur qui tourne plus la tête que les yeux. La taille de la zone de vision de loin du verre peut varier simultanément, latéralement vers chaque côté du verre et éventuellement vers le haut du verre pour la position d'utilisation standard de celui-ci. Elle décroit alors lorsque l'amplitude relative des mouvements de tête du porteur augmente.