La présente invention concerne l'application d'un produit, notamment un
produit cosmétique ou de soins, sur la peau ou les phanères. Par produit cosmétique on
entend un produit tel que défini dans la Directive 93/35/CEE du Conseil du 14 juin 1993.
La présente invention concerne notamment les fibres utilisées pour
l'application d'un produit ou comme charge dans un produit.
Il existe un besoin pour disposer de fibres, notamment de poils de brosse, de
pinceau ou de flocage, capables de se charger avec une quantité relativement importante
de produit afin, par exemple, d'augmenter l'autonomie d'un applicateur.
Il existe également un besoin pour disposer de poils de brosse à mascara
capables d'agripper les cils, afin par exemple de lisser le produit à leur surface ou de les
recourber.
Il existe également un besoin pour améliorer la conservation d'un produit
cosmétique ou de soins.
Il existe également un besoin pour créer de nouvelles conditions d'application
d'un produit cosmétique ou de soins au moyen de fibres et, le cas échéant, de nouveaux
effets de maquillage.
Il existe enfin un besoin pour retarder le dessèchement d'un produit
cosmétique ou de soins déposé sur un applicateur, notamment lorsque celui-ci n'est pas
réintroduit rapidement dans son récipient ou doit être conservé dans une ambiance
humide sous un capot étanche.
EP-A-1 099 394 décrit des applicateurs comprenant des poils chargés de
particules formant des aspérités sur tout ou partie de leur surface. Il existe un besoin pour
perfectionner encore ces applicateurs.
L'invention vise notamment à répondre à tout ou partie des besoins précités.
Elle y parvient grâce à un dispositif pour le conditionnement et/ou
l'application d'un produit cosmétique ou de soins, caractérisé par le fait qu'il comprend
des fibres comportant des particules capables d'absorber un liquide ou un composé en
solution dans un liquide ou de se dissoudre dans un liquide. Ces particules peuvent être
capables d'absorber au moins leur poids d'un liquide. Ces particules peuvent, dans un
exemple de mise en oeuvre de l'invention, être dépourvues de coton.
Par "fibre", il faut comprendre au sens de la présente invention tout corps
généralement allongé, destiné par exemple à constituer un poil de brosse à mascara, un
poil de revêtement de flocage, un poil de pinceau, notamment un poil de pinceau de
vernis à ongles ou de pinceau pour l'application d'une poudre, ou encore à constituer une
charge introduite dans un produit à appliquer sur les cils, par exemple, pour les allonger.
Les fibres peuvent être relativement souples, voir élastiquement déformables, et être
réalisées dans une matière synthétique.
Le liquide précité peut être un liquide cosmétiquement acceptable, par
exemple de l'eau ou une huile ou une solution aqueuse, alcoolique ou huileuse pouvant
être appliquée sur le corps humain, cette liste n'étant pas limitative.
Ce liquide peut être contenu dans le produit à appliquer.
Au moins l'une desdites fibres peut présenter une section transversale
sensiblement constante, étant par exemple réalisée par extrusion ou coextrusion d'une ou
plusieurs matières thermoplastiques et/ou élastomères. La fibre peut être réalisée par
coextrusion de deux matières synthétiques, l'une d'entre elles étant par exemple chargée
avec les particules précitées. Ces dernières peuvent être présentes au moins à la surface
d'une partie au moins des fibres, à leur surface uniquement ou être dispersées au sein de
la matière plastique.
Dans une réalisation particulière, les particules sont aptes à augmenter de
volume au contact du produit à appliquer, étant par exemple capables de gonfler au
contact d'un solvant contenu dans le produit à appliquer, ce solvant étant par exemple de
l'eau. Cette augmentation de volume peut servir à créer à la surface de la fibre des
irrégularités de surface, capables de former des zones de rétention de produit, ce qui est
avantageux lorsque les fibres servent à l'application et sont trempées dans un récipient
contenant une réserve de produit cosmétique ou de soins.
L'utilisation de particules capables d'absorber du liquide, éventuellement de
gonfler au contact de celui-ci, ou de se dissoudre au contact du liquide peut permettre de
créer sur la fibre des zones d'ancrage privilégiées du produit cosmétique ou de soins à
appliquer, notamment par affinité des particules vis-à-vis de composés hydrophiles ou
lipophiles contenus dans le produit. Ainsi, le produit peut accrocher davantage la fibre et
l'applicateur est susceptible d'en emporter une quantité plus importante.
La présence de particules aptes à absorber du liquide et éventuellement de
gonfler au contact de ce dernier peut également être utile pour retarder le séchage du
produit cosmétique ou de soins présent à la surface de la fibre, puisqu'au fur et à mesure
de l'évaporation d'un solvant contenu dans le produit cosmétique ou de soins, par exemple
de l'eau, les particules ayant absorbé ce liquide peuvent le relarguer dans le produit
présent autour de la fibre. Le fait de retarder le dessèchement du produit présent à la
surface d'un applicateur est avantageux, car il permet non seulement d'augmenter
l'autonomie de l'applicateur mais également de retarder son séchage lorsque celui-ci n'est
pas plongé dans le produit en l'absence d'utilisation, mais simplement protégé par un
capot protecteur par exemple.
Les particules peuvent être par exemple sous forme cristallisée à sec et être
aptes à se ramollir au contact d'un liquide, notamment un liquide contenu dans le produit
à appliquer. Cela peut permettre de rendre la fibre plus souple après absorption du
liquide, par exemple de l'eau. En choisissant la nature des particules et la quantité
introduite, on peut fabriquer des fibres avec la flexibilité désirée.
Les particules peuvent absorber par exemple au moins leur poids en liquide,
celui-ci étant par exemple de l'eau.
Comme matériau pouvant être utilisé pour réaliser des particules aptes à
augmenter de volume au contact du produit à appliquer, notamment au contact de l'eau,
on peut citer, cette liste n'étant pas limitative : les polymères hydrogonflants ou
lipogonflants, les polyacrylates réticulés super absorbants à fort taux de gonflement dans
l'eau, l'alcool polyvinylique, les polymères carboxyvinyliques, les dérivés semi-synthétiques
de la cellulose, les amidons, les bio-gommes, les bio-saccharides, les scléro-glucanes,
la caséine, les phytocolloïdes tels que les alginates, la gélatine, les gélanes, le
xantane, la laponite, les silices, notamment la silice colloïdale, ou des mélanges de ceux-ci.
Des matériaux super-absorbants qui absorbent au moins deux, par exemple
dix, voire cinquante, voire plus de cent fois leur poids de liquide, par exemple de l'eau,
tels que des polyacrylates, peuvent être utilisés.
Les particules, avant gonflement, peuvent présenter une granulométrie
comprise par exemple entre 0,1 et 300 µm, voire entre 5 et 200 µm, voire entre 10 et
150 µm.
La granulométrie de ces particules sera choisie en fonction de la rugosité
souhaitée après gonflement.
La proportion massique desdites particules peut être comprise entre 0 et 20 %,
étant de préférence inférieure ou égale à 6 %, à sec, par rapport au poids total de la fibre,
avant gonflement.
Pour réaliser les fibres, la matière utilisée peut être choisie de manière à
pouvoir gonfler au contact du produit à appliquer, par exemple au point d'avoir une
augmentation relative de volume de 15 %.
On peut utiliser comme matière plastique, pour réaliser au moins l'une des
fibres, une matière plastique choisie parmi les suivantes : polyamides, PET, acétates, PE,
PP, PVC, polyester bloc amide, Rilsan® plastifié, élastomères, notamment élastomères de
polyester, élastomères de PE, élastomères de silicone, élastomères de nitrile, ou un
mélange de ces matériaux.
Dans une réalisation particulière, au moins l'une des fibres comporte des
particules aptes à se dissoudre au contact d'un liquide, par exemple de l'eau. Les
particules peuvent être hydrosolubles ou liposolubles. La dissolution de ces particules
entraíne l'apparition d'une rugosité à la surface de la fibre et le cas échéant rend même la
fibre poreuse. La granulométrie initiale de ces particules peut être comprise entre 0,1 et
300 µm.
Au moins l'une des fibres peut renfermer des particules aptes à absorber un
liquide tel que de l'eau, avec ou sans gonflement. L'utilisation de telles particules peut
être avantageuse en ce qu'elle permet de pomper dans la fibre un ou plusieurs composés,
afin par exemple de conférer à cette dernière des propriétés biocides, notamment
bactéricides. En particulier, la fibre peut renfermer des particules aptes à absorber des
conservateurs en solution dans un liquide, notamment en solution aqueuse.
La proportion des particules aptes à absorber un liquide ou un composé en
solution dans un liquide peut être dans une proportion massique comprise, avant mise au
contact de la fibre avec ce liquide, entre 0 et 20 %, voire entre 0 et 6 %, par rapport au
poids total de la fibre.
La fibre peut présenter des sections transversales les plus diverses, par
exemple une forme choisie parmi les suivantes : de révolution ou non, en cercle, en carré
plein ou creux, en disque avec rainure éventuellement, en triangle plein ou creux, en
étoile pleine ou creuse, en U, en V, en I, en T, en Z, en -, en +, réniforme, à trois
branches, pleine, creuse, ou une combinaison de ces formes. La fibre peut être torsadée.
Au moins une fibre peut être sensiblement non effilée.
Le dispositif de conditionnement et d'application utilisant des fibres selon
l'invention peut comporter ou non un organe d'essorage.
Les fibres selon l'invention peuvent appartenir à un applicateur apte à se
charger en produit, comme expliqué plus haut.
Cet applicateur peut être une brosse à mascara et l'un au moins des poils de la
brosse être constitué par une fibre conforme à l'invention.
Comme expliqué plus haut, la présence des particules capables d'absorber du
liquide et/ou gonfler au contact d'un liquide ou de se dissoudre dans un liquide peut
permettre de conférer aux poils de la brosse une certaine rugosité ou porosité qui favorise
l'accrochage du mascara et retarde son dessèchement. Les particules, notamment
lorsqu'elles sont filmogènes, peuvent également déposer à la surface des cils un film qui
permet par exemple d'améliorer la tenue des cils ou leur aspect ou de favoriser le
glissement de l'applicateur.
L'applicateur peut également, en variante, être constitué par un pinceau et l'un
au moins des poils du pinceau être constitué par l'une desdites fibres.
Le dispositif de conditionnement d'application peut comporter un revêtement
de flocage dont l'un au moins des poils est constitué par l'une desdites fibres. Un tel
revêtement de flocage peut recouvrir au moins partiellement l'un des éléments choisis
parmi les suivants : les dents d'un peigne, les poils d'une brosse, un essoreur, une mousse,
une éponge, un film perforé ou non, un embout, rigide ou souple, notamment un embout
en élastomère, un tissé ou un non-tissé
Le diamètre des fibres peut être compris par exemple entre 0,5 et 500 µm,
voire 50 et 500 µm selon l'utilisation qui en est faite, et leur longueur peut être comprise
par exemple entre 0,5 et 50 mm, par exemple.
Les fibres peuvent également constituer une charge dans un produit
cosmétique ou de soins, notamment un mascara, auquel cas les fibres contribuent à
l'allongement des cils. Le fait d'incorporer des particules capables d'absorber un liquide
et/ou de gonfler au contact de ce dernier dans les fibres peut alors contribuer à améliorer
la tenue des fibres sur les cils, par exemple.
Il peut s'avérer avantageux également d'introduire dans les fibres des
particules aimantées ou aimantables.
Les particules aimantées ou aimantables peuvent être introduites dans les
mêmes fibres que celles qui contiennent déjà des particules capables d'absorber un liquide
ou de gonfler au contact d'un liquide ou de se dissoudre dans un liquide ou en variante, le
dispositif de conditionnement et/ou d'application peut comporter des fibres contenant
uniquement des particules magnétiques et d'autres fibres contenant des particules
capables d'absorber un liquide, de gonfler au contact d'un liquide ou de se dissoudre dans
un liquide. Les particules magnétiques peuvent être des particules enrobées d'une résine,
par exemple de cyanoacrylate, ou être réalisées par dépôt d'une substance magnétique sur
un support amagnétique, par exemple une microbille de verre ou une fibre de bois.
Le fait que les fibres présentent des propriétés magnétiques peut permettre de
faciliter le prélèvement du produit, améliorer l'application sur la surface traitée ou de
créer de nouveaux effets de maquillage, le cas échéant.
Les propriétés magnétiques peuvent également favoriser la pénétration
d'actifs en favorisant la microcirculation.
Les fibres peuvent être fixes ou mobiles.
Les fibres peuvent être dépourvues de coton, comme indiqué ci-dessus. Elles
peuvent également être dépourvues d'argile et de silice.
L'invention a encore pour objet un procédé de fabrication d'une fibre apte à
être utilisée dans un dispositif de conditionnement et/ou d'application tel que défini plus
haut, caractérisé par le fait qu'il comporte les étapes suivantes :
- extruder ou coextruder une fibre en matière plastique comportant des
particules capables d'absorber un liquide ou un composé en solution dans ce liquide ou de
se dissoudre dans un liquide,
- amener la fibre au contact dudit liquide.
Dans une mise en oeuvre particulière de ce procédé, on utilise des particules
aptes à gonfler au contact dudit liquide, et l'on choisit leur granulométrie de manière à
conférer à la fibre, après gonflement desdites particules, une rugosité prédéfinie.
Toujours dans une mise en oeuvre particulière, lorsque les particules sont
capables d'absorber un conservateur en solution dans un liquide, on met les fibres au
contact de ce liquide de manière à ce que les fibres se chargent en conservateur. Le
liquide en question peut servir au refroidissement des fibres à la sortie de l'extrudeuse.
Dans un autre exemple de mise en oeuvre, on extrude ou coextrude une fibre
en matière plastique comportant des particules capables de se dissoudre dans un liquide,
notamment de l'eau, et l'on peut dissoudre lesdites particules au moins partiellement de
manière à former des rugosités à la surface de la fibre.
L'invention a encore pour objet une fibre utilisable comme poil de brosse, de
pinceau ou de flocage dans un dispositif de conditionnement et/ou d'application d'un
produit cosmétique ou de soins, caractérisé par le fait qu'elle comporte outre une matière
synthétique des particules capables d'absorber au moins leur poids d'un liquide ou un
composé en solution dans ce liquide ou capable de se dissoudre dans un liquide.
L'invention a encore pour objet une fibre poreuse ou rugueuse, obtenue
notamment par le procédé ci-dessus.
D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention ressortiront à la
lecture de la description détaillée qui va suivre, d'exemples de réalisation non limitatifs,
et à l'examen du dessin annexé (qui fait partie intégrante de la description), sur lequel :
- les figures 1A et 1B sont des coupes axiales schématiques représentant une
fibre incorporant des particules aptes à gonfler en présence d'un liquide,
- les figures 2A et 2B sont des coupes axiales schématiques d'une fibre
comportant des particules solubles dans un liquide,
- la figure 3 illustre la formation d'un gel à la surface de la fibre,
- la figure 4 représente une réalisation dans laquelle les particules sont
présentes à la surface de la fibre uniquement,
- les figures 5A à 7 sont des vues respectivement analogues aux figures 1A à
3, représentant des fibres comportant en outre des particules magnétiques,
- les figures 8A à 8C sont des vues schématiques, en section transversale,
d'exemples de répartition différente des particules magnétiques au sein des fibres,
- les figures 9A à 9R sont des coupes transversales schématiques illustrant
diverses sections possibles pour les fibres,
- la figure 10 illustre la fabrication des fibres par extrusion,
- la figure 11 illustre la magnétisation des fibres après l'extrusion,
- les figures 12 à 26 représentent divers exemples de dispositifs de
conditionnement et/ou d'application,
- la figure 27 illustre l'orientation des poils d'un flocage réalisé avec des
fibres aimantables sous l'effet des lignes du champ magnétique généré par un aimant,
- les figures 28A et 28B illustrent la déviation des poils d'une brosse sous
l'effet des interactions magnétiques,
- les figures 29A et 29B illustrent la déviation des poils d'un pinceau sous
l'effet des interactions magnétiques,
- la figure 30 représente un applicateur comprenant un élément d'application
logé sous un capot protecteur, en l'absence d'utilisation,
- la figure 31 représente une particule magnétique enrobée, et
- la figure 32 représente une particule magnétique formée par dépôt d'une
substance magnétique sur un corps amagnétique.
Dans toutes les figures, les proportions relatives des différents éléments n'ont
pas toujours été respectées, afin de rendre le dessin plus clair.
On a représenté sur les figures 1A à 9R des fibres conformes à l'invention
pouvant être utilisées dans un dispositif de conditionnement et/ou d'application tel que
représenté sur l'une des figures 12 à 26, par exemple.
Ces fibres sont réalisées, dans l'exemple décrit, par extrusion d'une matière
thermoplastique 11 renfermant une charge de particules capables d'absorber un liquide ou
un composé en solution dans ce liquide ou de se dissoudre dans un liquide, et
éventuellement une charge de particules présentant des propriétés magnétiques.
On a représenté sur la figure 1A une fibre comportant une charge de
particules 30 d'un composé hydrogonflant, avant mise au contact de la fibre avec un
liquide, par exemple de l'eau, et sur la figure 1B la même fibre après contact avec ce
liquide.
Dans l'exemple illustré, la fibre est pleine et présente une section transversale
circulaire, mais elle pourrait présenter d'autres sections, comme expliqué plus loin.
La fibre peut être réalisée par exemple au moyen d'une installation
représentée à la figure 10, comportant une extrudeuse 20 et un bain 21 d'un liquide de
refroidissement dans lequel sont immergées les fibres à leur sortie de l'extrudeuse.
Le gonflement des particules 30 permet de produire un relief à la surface de la
fibre, un tel relief étant utile notamment pour permettre à la fibre de se charger avec une
quantité supérieure de produit ou d'accrocher davantage les cils dans le cas où la fibre est
utilisée comme poil de brosse à mascara, par exemple.
Les particules 30 peuvent également être utiles pour absorber au sein de la
fibre une ou plusieurs substances, par exemple des conservateurs ou des actifs
cosmétiques ou dermatologiques.
En particulier, on peut introduire dans le bain 21 utilisé pour refroidir les
fibres à leur sortie de l'extrudeuse un ou plusieurs composés solubilisés dans le liquide du
bain, par exemple des conservateurs, ces composés étant absorbés par les particules 30
lorsque les fibres plongent dans le bain 21. Ainsi, les fibres sortant du bain 21 sont
chargées avec les composés qui ont été pompés par les particules 30 contenues dans les
fibres. Ces composés peuvent être ensuite progressivement relargués au contact d'un
produit cosmétique ou de soins, afin d'en améliorer la conservation, par exemple. Les
fibres peuvent être déshydratées à la sortie du bain 21.
Les fibres peuvent encore contenir, éventuellement en plus des particules 30,
des particules 40 solubles dans un liquide, par exemple l'eau du bain 21 utilisé pour
refroidir les fibres à leur sortie de l'extrudeuse. Ces particules 40 peuvent être constituées
par exemple par un sel, ou un sucre soluble dans le liquide utilisé, voire de la gélatine
lorsque le liquide est de l'eau. On a représenté sur la figure 2A une fibre contenant de
telles particules 40, avant dissolution, c'est-à-dire par exemple juste à la sortie de
l'extrudeuse 20 et sur la figure 2B la même fibre après passage dans le bain 21. On
remarque que les particules solubles 40 qui étaient présentes à la surface de la fibre ont
été dissoutes par le liquide du bain 21, créant une rugosité à la surface de la fibre, voire
rendant la fibre poreuse. Une telle rugosité ou porosité peut être utilisée pour augmenter
le chargement de la fibre en produit, par exemple. La rugosité ou porosité obtenue
dépendra de la granulométrie initiale des particules 40. Les particules 40 peuvent
également n'être dissoutes qu'en partie à leur sortie du bain 21, de sorte qu'elles
continuent à se dissoudre au contact du produit cosmétique ou de soins présent à leur
surface. Les particules 40 peuvent être constituées d'une ou plusieurs substances ayant un
effet cosmétique ou dermatologique. Dans ce cas, la dissolution des particules 40 au
contact du produit peut s'accompagner de la libération de ces substances sur la surface
traitée. Les fibres peuvent le cas échéant être exposées à des chocs visant à provoquer ou
à faciliter le départ des particules 40 présentes en surface.
Les particules 40 peuvent encore être réalisées dans un matériau qui n'est pas
soluble dans l'eau du bain 21 mais qui est seulement soluble, progressivement, dans le
produit cosmétique ou de soins présent au contact des fibres.
On peut également introduire dans la fibre des particules 50 aptes à se gélifier
au contact d'un liquide, de manière à former une couche de gel 51 à la surface de la fibre,
comme illustré à la figure 3. Une telle couche de gel 51 peut modifier par exemple
l'affinité de la fibre avec le produit cosmétique ou de soins à son contact. Le gel peut
encore se déposer sur la surface traitée, par exemple les cils, pour améliorer leur tenue,
leur aspect ou le glissement de l'applicateur à leur contact.
L'utilisation de particules capables d'absorber un liquide, notamment de
l'eau, peut encore présenter l'avantage de retarder le séchage d'une composition
cosmétique ou de soin à la surface de la fibre, lorsque le liquide absorbé par les particules
est susceptible d'être relargué progressivement pour compenser l'évaporation d'un
solvant contenu dans la composition.
L'utilisation des particules 30, 40 ou 50 peut permettre également de créer à la
surface de la fibre des zones d'ancrage privilégiées pour le produit, par exemple grâce à
l'affinité des particules utilisées vis-à-vis de composés hydrophiles ou lipophiles contenus
dans le produit. Ce dernier peut éventuellement être une émulsion huile/eau et les fibres
absorber uniquement l'huile ou l'eau, et plus généralement absorber un composant du
produit de manière sélective.
Les particules 30, 40 ou 50 peuvent, le cas échéant, être présentes à la surface
uniquement des fibres, comme illustré à la figure 4.
La granulométrie initiale des particules 30, 40 ou 50 est comprise par
exemple entre 1 et 300 µm, voire entre 5 et 200 µm, voire encore entre 10 et 150 µm. La
proportion des particules 30, 40 ou 50 est par exemple comprise entre 0 et 20 % en
masse, voire entre 0 et 6 % en masse, à sec.
Les fibres peuvent comporter en outre des particules magnétiques 12
dispersées de manière sensiblement homogène au sein de la matière plastique 11.
Les particules magnétiques 12 peuvent encore être déposées uniquement à la
surface des fibres, par un procédé approprié, par exemple d'enduction, comme illustré à la
figure 8A ou confinées à l'intérieur de la fibre, comme illustré à la figure 8B. On peut
également remplacer les particules magnétiques par un noyau central 14, comme illustré à
la figure 8C.
La proportion massique de particules magnétiques peut être comprise par
exemple entre 0,2 et 30 %.
On pourra utiliser comme matériaux magnétiques un matériau choisi dans la
liste suivante : matériaux magnétiques doux, matériaux magnétiques durs, ferrites,
notamment à base de zinc, nickel ou de manganèse, terres rares, sulfate de baryum,
alliages fer silicium, fer cobalt, éventuellement chargés en molybdène, ou un mélange de
ces matériaux. Les particules magnétiques 12 peuvent être réalisées par fragmentation
d'une substance magnétique ou par dépôt d'une substance magnétique M sur un corps C
amagnétique, par exemple une microbille ou une fibre de bois comme illustré sur la
figure 32. Les particules magnétiques peuvent encore comporter un noyau magnétique M
et une couche extérieure R amagnétique, par exemple une couche de résine, notamment
de cyanoacrylate, comme illustré à la figure 31.
Les figures 5A et 5B représentent une fibre qui diffère de celle des figures 1A
et 1B par la présence en son sein de particules magnétiques 12.
Les figures 6A et 6B correspondent à une fibre qui diffère de celle des figures
2A et 2B par la présence des particules magnétiques 12.
La figure 7 représente la fibre de la figure 3 avec des particules magnétiques
12 dispersées dans sa masse.
On peut donner aux fibres des sections transversales très diverses, autres que
circulaire pleine, comme on va maintenant le décrire en référence aux figures 9A à 9R.
Les fibres peuvent être extrudées avec une section transversale plate, comme
illustré sur la figure 9A, en croix comme représenté sur la figure 9B, en forme d'étoile à
trois branches, comme illustré sur la figure 9C. Les fibres peuvent présenter une section
creuse, comme représenté sur la figure 9D ou pleine avec une rainure capillaire, comme
illustré à la figure 9E. Les fibres peuvent encore présenter une section transversale en U,
comme illustré sur la figure 9F, une section transversale en I comme illustré sur la figure
9H, en T comme illustré sur la figure 9I, en V comme illustré sur la figure 9J, en Z
comme illustré sur la figure 9K ou une combinaison des formes précitées, par exemple la
combinaison représentée à la figure 9G des formes correspondant aux figures 9B et 9C.
On a représenté sur la figure 9L une fibre de section carrée et creuse, sur la figure 9M une
fibre de section carrée et pleine, sur la figure 9N une fibre de section en étoile et creuse,
sur la figure 9P une fibre de section triangulaire et creuse, sur la figure 9Q une fibre de
section formant des gorges à sa périphérie et sur la figure 9R une fibre ayant une section
réniforme.
Lorsque les fibres comportent des particules magnétiques, les fibres peuvent
être exposées à un champ magnétique d'aimantation à la sortie du bain 21, au moyen
d'un dispositif d'aimantation 60, comme illustré à la figure 11, afin par exemple d'être
magnétisées avec une polarité prédéfinie. La magnétisation des fibres, le cas échéant,
peut également avoir lieu après incorporation de ces fibres dans un dispositif de
conditionnement et/ou d'application, en soumettant ce dispositif ou un lot de ces
dispositifs à un champ de magnétisation. Le fait de ne magnétiser les fibres qu'une fois
celles-ci en place dans le dispositif de conditionnement et/ou d'application peut permettre
de faciliter la fabrication en limitant les risques d'agglomération de fibres.
Les fibres peuvent être utilisées dans divers applicateurs et dispositifs de
conditionnement, comme cela va maintenant être décrit.
On a représenté sur la figure 12 un dispositif de conditionnement et
d'application 100, comportant un récipient 101 pour contenir un produit P à appliquer tel
qu'un mascara et un applicateur 102. Le récipient 101 est muni d'un organe d'essorage
106 qui peut, dans une variante non représentée, être floqué. L'applicateur 102 comprend
une tige 103, munie à une extrémité d'un organe de préhension 104 constituant également
un capuchon de fermeture du récipient 101 et à l'autre extrémité d'une brosse 105. Cette
dernière comporte une âme constituée par un fil métallique torsadé, dans les spires duquel
sont retenus des poils constitués par des fibres qui viennent d'être décrites, comportant ou
non des particules magnétiques.
Dans le cas où les fibres comportent des particules magnétiques, les pôles
magnétiques de la brosse peuvent être orientés par exemple dans l'axe de la tige 103 ou
perpendiculairement à l'axe de la tige 103. L'âme torsadée peut être réalisée dans un
matériau amagnétique tel qu'un inox amagnétique ou en variante dans un matériau
présentant des propriétés magnétiques. L'âme peut ainsi interagir magnétiquement avec
les poils. Les poils de la brosse 105 peuvent être aimantés, de sorte que l'aimantation
d'un poil de la brosse exerce une action sur les poils voisins, les interactions magnétiques
entre les poils pouvant servir par exemple à donner aux poils des orientations voulues.
Selon l'orientation des pôles magnétiques de la brosse, l'effet sur l'orientation des poils
sera différent. A titre d'exemple, on a illustré sur les figures 28A et 28B l'effet de
déviation latérale des poils de la brosse en cas de champ magnétique transverse.
L'aimantation des poils peut également être mise à profit uniquement pour exercer lors de
l'application du produit sur les cils un champ magnétique ayant une action bénéfique sur
ceux-ci ou sur une partie du visage, par exemple les paupières. Le champ magnétique
exercé par les poils de la brosse est susceptible d'évoluer dans le temps, notamment
lorsque la configuration de la brosse est modifiée, par exemple lors du retrait de
l'applicateur ou lors de l'application. Le produit P peut présenter des propriétés
magnétiques, par exemple contenir des particules aimantables ou aimantées. Dans le cas
où le produit P présente des propriétés magnétiques, le fait d'avoir des poils de brosse qui
présentent également des propriétés magnétiques peut permettre de favoriser le
chargement de la brosse en produit, par exemple par attraction du produit par les poils de
la brosse. Le produit peut encore contenir des fibres ou des paillettes présentant des
propriétés magnétiques et l'applicateur interagir magnétiquement avec ces paillettes, pour
les amener par exemple dans une orientation particulière au moment de l'application, afin
par exemple de favoriser le glissement de l'applicateur.
On a représenté sur la figure 13 un dispositif 110 pour le conditionnement et
l'application d'un vernis à ongles, comportant un récipient 111 et un applicateur 112
comprenant une tige 113 munie à une extrémité d'un élément de préhension 114
constituant également un capuchon de fermeture du récipient et à l'autre extrémité d'un
pinceau 115 comprenant un faisceau de poils relativement groupés. Ces derniers sont
réalisés à partir de fibres conformes à l'invention présentant ou non des propriétés
magnétiques, lesquelles peuvent être mises à profit le cas échéant pour amener les poils
du pinceau 115 dans une orientation prédéfinie, afin de faciliter le chargement du pinceau
115 en produit ou exercer une action sur la surface traitée. Le cas échéant, les interactions
magnétiques entre les poils du pinceau, selon la polarité du champ magnétique de chaque
poil, peuvent contribuer à regrouper les poils ou au contraire à les écarter. A titre
d'exemple, on a illustré de manière très schématique sur les figures 29A et 29B un effet
d'écartement des poils dû à des interactions magnétiques entre les poils. Le produit P peut
présenter ou non des propriétés magnétiques.
On a représenté sur la figure 14 un dispositif de conditionnement et
d'application 120 qui comporte un récipient 121 contenant un produit P, par exemple un
rouge à lèvres liquide, et un applicateur 122 comportant une tige 123 munie à une
extrémité d'un capuchon 124 de fermeture du récipient 121, qui sert également d'organe
de préhension, et à l'autre extrémité d'un embout d'application 124, recouvert par un
flocage réalisé avec des fibres selon l'invention présentant ou non des propriétés
magnétiques. Le dispositif 120 comporte également un essoreur constitué par un bloc de
mousse 125. Ce bloc de mousse peut présenter des propriétés magnétiques ou non. On
peut notamment conférer au bloc de mousse 125 une certaine aimantation en incorporant
en son sein des particules aimantées. L'aimantation de l'essoreur peut servir par exemple
à magnétiser le flocage de l'embout 124 lors du retrait de l'applicateur 122.
On a représenté sur la figure 15 un dispositif de conditionnement et
d'application 130 d'un produit P, notamment un rouge à lèvres liquide, comportant un
embout 131 recouvert par un flocage 132 réalisé avec des fibres selon l'invention
présentant des propriétés magnétiques ou non.
On a représenté sur la figure 16 un pinceau 140 destiné à l'application d'une
poudre, dont les poils sont réalisés avec des fibres, selon l'invention, présentant des
propriétés magnétiques ou non.
Sur la figure 17, on a représenté un applicateur 150 comportant une mousse
151 recouverte à sa surface par un flocage 152 constitué de fibres selon l'invention,
présentant des propriétés magnétiques ou non. Un tel applicateur peut servir par exemple
à appliquer un blush sur la peau.
On a représenté sur la figure 18A un applicateur de rouge à lèvres liquide 160
comportant un embout 161 en élastomère floqué et sur la figure 18B un eye-liner 160'
comportant également un embout 161' en élastomère floqué. Dans les deux cas, les poils
du flocage sont constitués par des fibres selon l'invention, présentant des propriétés
magnétiques ou non.
Les fibres selon l'invention peuvent encore être utilisées pour réaliser un
flocage d'une houppette 170, comme illustré à la figure 19 ou d'une éponge à
démaquiller 180, représentée sur la figure 20.
Le revêtement de flocage peut encore s'étendre sur un film 191 fixé sur un
bloc de mousse 192, comme c'est le cas dans l'applicateur 190 représenté sur la figure 21.
On peut également utiliser des fibres selon l'invention, présentant ou non des
propriétés magnétiques, dans un disque 200 ou une serviette comportant au moins une
couche 201 d'un non-tissé ou d'un tissu incorporant lesdites fibres, comme illustré sur la
figure 22.
On a représenté sur la figure 23 un peigne 210 pour l'application d'un produit
sur les cils, comportant des dents floquées 211. Les poils du flocage sont réalisés avec des
fibres selon l'invention, présentant des propriétés magnétiques ou non.
L'applicateur peut comporter un ou plusieurs aimants monoblocs en plus de
fibres présentant des propriétés magnétiques.
A titre d'exemple, on a représenté sur la figure 24 un applicateur 220
comportant un manche 221 sur lequel est fixé un aimant 222. Ce dernier est recouvert par
un bloc de mousse 223, lui-même revêtu extérieurement par un flocage 224 constitué de
fibres présentant des propriétés magnétiques. La présence de l'aimant 222 permet de
soumettre les poils du flocage 294 à un champ magnétique. En particulier, les poils du
flocage qui se raccordent sensiblement perpendiculairement au support sous-jacent
peuvent s'orienter selon les lignes de ce champ magnétique M, comme illustré sur la
figure 27. Les poils tendent à se dresser sur la surface de l'élément d'application ou à
prendre d'autres orientations selon la position par rapport à l'aimant 222, ce qui permet
par exemple de charger avec davantage de produit l'applicateur ou de rendre l'application
plus douce. De plus, lorsque le produit est une poudre amenée au contact de l'applicateur
et que ce dernier présente des propriétés magnétiques, les particules de poudre tendent à
se déposer sur l'applicateur, notamment sur les fibres, et l'on réduit ainsi le risque de faire
voler la poudre et l'effet sternutatoire.
On a représenté sur la figure 25 un dispositif 230 dans lequel le produit est
contenu dans une poche souple 231 surmontée d'une pompe 232. L'applicateur comporte
une mousse 234, revêtue à sa surface d'un flocage 235 et solidaire d'un capot 236. Un
aimant 237, logé dans la mousse 234 est porté par le capot 236. Les poils du flocage 235
sont réalisés avec des fibres selon l'invention, présentant des propriétés magnétiques, et
sont soumis au champ magnétique de l'aimant 237, à l'instar de l'exemple de réalisation
précédent.
On a représenté partiellement sur la figure 30 un applicateur 280 comportant
un embout floqué 282 logé sous un capot 281 en l'absence d'utilisation. L'utilisation de
fibres contenant des hydroabsorbants ou des hydrogonflants permet de maintenir une
ambiance humide sous le capot, retardant le dessèchement de l'embout, lequel pourrait
être remplacé par d'autres éléments d'application, par exemple une brosse ou un pinceau.
Bien entendu, l'invention n'est pas limitée aux exemples de réalisation qui
viennent d'être donnés.
On peut notamment prévoir, entre l'applicateur et le produit contenu dans le
récipient, un tamis 240 comme illustré sur la figure 26. Dans ce cas, le produit P peut
contenir des particules magnétiques 241 et l'applicateur présenter des propriétés
magnétiques, par exemple parce qu'il est constitué d'un embout floqué dont le
revêtement de flocage est constitué par des fibres selon l'invention, aimantées. L'embout
242 est capable d'attirer les particules magnétiques 241 contenues dans le produit. En
choisissant la taille des mailles du tamis 240, on peut faire en sorte que ces particules
magnétiques 241 attirées par l'embout 242 ne passent pas au travers du tamis 240 mais
déplaçent du produit P vers l'embout 242, ce qui permet d'améliorer le chargement de
l'embout 242 en produit. En variante, le produit P lui-même est magnétique, comprenant
par exemple des particules magnétiques enrobées, et peut passer à travers les mailles du
tamis 240.
Les fibres peuvent être aimantées sur une partie de leur longueur seulement.
Les dispositifs de conditionnement et d'application qui viennent d'être décrits
peuvent comporter des fibres ayant des propriétés magnétiques mélangées à des fibres
n'ayant pas de propriétés magnétiques, chargées avec des particules d'un composé
absorbeur de liquide et/ou apte à gonfler au contact d'un liquide, ou capable de se
dissoudre au contact d'un liquide, ce liquide étant par exemple de l'eau.