La présente invention a pour objet des perfectionnements apportés aux
procédés de chauffage de bandes d'acier dans des fours verticaux et elle
concerne plus particulièrement les lignes verticales de traitement thermique en
continu de bandes d'acier, telles que les lignes de recuit ou de galvanisation.
Le problème technique que se propose de résoudre la présente invention est
celui consistant à limiter la formation de plis dans les sections de chauffage de
ces lignes de traitement vertical mettant en oeuvre des tubes radiants.
Afin de bien faire comprendre d'une part le domaine d'application de l'invention
et d'autre part le problème technique qu'elle entend résoudre, on rappellera ci-après
l'état actuel de la technique dans le domaine des four verticaux en se
référant à la figure 1 qui est une représentation schématique d'un tel four de
traitement de bandes.
Sur cette figure, la référence 1 désigne le four selon la technique connue au
travers duquel se déplace en continu la bande métallique 3 à traiter, cette
bande passant sur des rouleaux de transport ou de renvoi successifs désignés
par la référence 2. La bande est chauffée par rayonnement à l'aide de tubes
radiants tels que 4 qui sont alimentés en air de combustion et en combustible
(généralement du gaz) par zones 5 généralement verticales.
Chaque zone telle que 5 correspond à un découpage thermique du four, qui
généralement ne correspond pas physiquement à une chambre spécifique du
four. Une zone regroupe un ensemble indissociable de tubes radiants 4,
équipés de brûleurs ayant une alimentation commune de combustible et d'air de
combustion. La demande calorifique du four se traduit donc par une consigne
de débit de combustible et d'air de combustion par zone, chaque zone
disposant d'un système de régulation propre. Dans ce mode de fonctionnement,
tous les brûleurs d'une même zone fonctionnent de manière identique, étant
donné qu'ils sont tous alimentés par le même débit de combustible et d'air de
combustion.
Lors de son passage dans le four, la bande 3 est chauffée sur ses deux faces
par les tubes radiants situés de part et d'autre de la ligne de passe, et elle
change de ligne lorsqu'elle passe sur chacun des rouleaux de renvoi ou de
transport tels que 2. La courbe de chauffage de la bande dans le four est donc
maítrisée par l'indexation des différentes zones, par exemple six indexations
lorsque le four dispose de six zones telles que 5.
Dans l'enceinte du four 1, il existe une différence de température entre la bande
3, qui est froide, et les rouleaux 2, qui sont chauds. Lorsque la bande 3 passe
sur les rouleaux 2, elle refroidit ceux-ci par contact, dans une zone qui
correspond à sa largeur. Cet effet est bien sûr plus marqué pour les premiers
rouleaux. La répartition de température selon l'axe longitudinal du rouleau prend
alors la forme d'une cuvette, comme illustré sur la figure 2 des dessins
annexés. Il résulte d'une telle répartition de température que la table du rouleau
prend une forme identique, sous l'effet de la contraction thermique. La figure 3
représente la variation du diamètre du rouleau sous l'effet de cette contraction
thermique le long de l'axe longitudinal du rouleau. Ce dernier tend à prendre la
forme d'un « diabolo », ce qu'il faut à tout prix éviter car la bande n'est alors
plus guidée au centre du rouleau et est alors en position instable; il sera ensuite
difficile de la recentrer dans la ligne de traitement, même en utilisant des
rouleaux de guidage. Pour éviter ce phénomène, on donne aux rouleaux un
bombé initial, qui est suffisant pour conserver un très léger bombé après la
contraction thermique due au contact du rouleau avec la bande.
Lorsque l'on procède à un changement de format de bande, par exemple d'une
bande étroite à une bande large, cette dernière va épouser la forme en cuvette
du rouleau au lieu de rester plane. Il en résulte un risque de formation de plis
appelé communément « heat buckle ».
Par ailleurs, le profil du rouleau est optimisé pour une largeur de bande donnée,
en particulier la longueur plate de la table. Les bandes plus larges verront un
bombé important, ce qui est favorable au guidage mais défavorable en terme
de risque de formation de plis.
Si ces problèmes de plis ne sont pas nouveaux, Ils sont actuellement de plus
en plus critiques et fréquents, notamment pour les raisons suivantes :
- Les formats des bandes à traiter évoluent vers des largeurs croissantes. Les
tôles de 2 m de large sont courantes, alors qu'elles dépassaient peu 1,3 à
1,5 m il y a quelques années. Par ailleurs, l'amélioration des propriétés
mécaniques finales des aciers permet d'en diminuer l'épaisseur, conduisant à
une baisse du poids. Globalement le rapport largeur / épaisseur augmente donc
sensiblement, d'où une plus grande sensibilité à la formation de plis.
- De même, l'apparition des nuances modernes d'acier à bas carbone, en
particulier la généralisation des aciers sans interstitiels, exige pour ces aciers
emboutissables un recuit à plus haute température, à laquelle la limite élastique
de la bande sera plus faible. Cette baisse de résistance mécanique accentue
encore le risque de formation de plis.
- L'augmentation des vitesses de ligne rend plus difficile la maítrise du
comportement de la bande dans le four.
- Les exigences de la conduite des lignes de production et l'élargissement du
carnet augmente les transitoires en épaisseur et en largeur.
La maítrise de la planéité de la bande d'acier dans le four exige donc que les
rouleaux de transport ou de renvoi présentent une bonne homogénéité
longitudinale de température, en régime permanent et surtout au cours des
changement de formats de bande. Il existe à l'heure actuelle des solutions pour
résoudre ce problème, parmi lesquelles on peut citer les suivante - La détection des plis dans le four, associée au ralentissement de la vitesse de
ligne. Cette technique présente l'inconvénient d'impliquer une perte de
production.
- L'augmentation de la traction de bande : cette méthode ne conduit qu'à
accentuer les défauts de planéité, car la bande risque de se déformer
plastiquement.
- La modification des rouleaux eux-mêmes (par exemple JP-A-04-06733), mais
cette technique est très coûteuse et délicate à mettre en oeuvre à grande
vitesse.
- La mise en place d'écrans thermiques, fixes ou mobiles, interposés entre les
bords de chaque rouleau et les tubes radiants du four (voir par exemple JP-A-06-228659),
avec mise en oeuvre éventuelle d'un rideau de gaz d'atmosphère
(JP-A-02-282431) ou d'éléments chauffants (JP-A-63-038532). Cette technique
permet certes d'agir sur la thermique du rouleau, mais nécessite la mise en
oeuvre d'équipements complexes et relativement coûteux en investissement et
en maintenance. En effet, les écrans seuls ne suffisent pas et restent des
actionneurs passifs.
Afin d'éviter les inconvénients des procédés selon la technique antérieure, la
présente invention s'est fixé pour objectif d'apporter une solution économique et
efficace à ce problème de la formation des plis dans les fours verticaux de
traitement de bandes d'acier. Prenant le contre-pied des solutions selon l'état
antérieur de l'art, l'invention ne vise pas à corriger les effets thermiques du four
sur les rouleaux de transport ou de renvoi en superposant des actionneurs
supplémentaires, mais elle agit à la source en contrôlant directement le flux
thermique émis par le système de chauffage tout en conservant le procédé
initial.
En conséquence, l'invention concerne un procédé de réduction des plis formés
dans des zones de chauffage, par tubes radiants, de lignes de traitement
thermique en continu de bandes métalliques, telles que des lignes de recuit ou
de galvanisation, lesdites bandes, dans lesdits fours passant sur des rouleaux
de transport et/ou de renvoi, ledit procédé qui consiste à modifier l'état
thermique des rouleaux étant caractérisé en ce que ladite modification est
réalisée directement par modulation du chauffage desdits tubes radiants situés
au voisinage des rouleaux, en contrôlant directement le flux thermique émis par
les tubes radiants vers les rouleaux.
Selon un mode de mise en oeuvre de ce procédé, on alimente séparément et
de façon indépendante en air de combustion et en combustible chaque tube
radiant et on règle en continu le débit de combustible pour chaque tube radiant.
Selon un autre mode de mise en oeuvre du procédé objet de l'invention, on
réalise la modulation du chauffage des tubes radiants de façon à réduire, voire
supprimer le gradient thermique dans le four, entre les rouleaux inférieurs et les
rouleaux supérieurs de ce dernier.
Selon l'invention, on peut prévoir en outre une gestion programmée des
courbes de chauffe de la bande adaptée aux formats de bandes et aux cycles
thermiques en régime établi lors des phases transitoires.
D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention ressortiront de
la description faite ci-après, en référence aux dessins annexés qui en illustrent
un exemple de mise en oeuvre dépourvu de tout caractère limitatif. Sur les
dessins :
- la figure 1 est une représentation schématique d'un four selon la technique
connue décrite ci-dessus ;
- la figure 2 représente la répartition de température selon l'axe longitudinal du
rouleau dans un four selon la figure 1 ;
- la figure 3 représente la variation du diamètre du rouleau selon son axe
longitudinal, dans un four selon la figure 1 ;
- la figure 4 est une représentation schématique d'un four mettant en oeuvre le
procédé objet de l'invention et
- la figure 5 représente les courbes de montée en température de la bande le
long du four, d'une part pour une basse production (bande étroite) et d'autre
part pour une haute production (bande large).
En se référant à la figure 4 qui représente un four 1 mettant en oeuvre le
procédé de l'invention, on voit que la bande 3 circule en continu au travers du
four en passant sur des rouleaux de transport ou de renvoi tels que 2 et qu'elle
est chauffée par des tubes radiants schématisés en 4. Selon une
caractéristique de la présente invention, chaque tube radiant est muni d'une
alimentation en combustible et en air de combustion indépendante, de manière
à pouvoir contrôler directement le flux thermique émis par les tubes radiants 4
vers le rouleaux tels que 2. Ainsi selon le procédé de l'invention, on contrôle
séparément le flux thermique émis par les tubes radiants, et non par zones
comme c'est le cas dans la technique antérieure discutée ci-dessus et illustrée
par la figure 1.
Pour des raisons de coût de mise en oeuvre, il n'est pas indispensable de régler
en continu le débit de combustible pour chaque tube radiant, un fonctionnement
du type « tout ou rien » pouvant être parfaitement adapté pour la mise en
oeuvre du procédé objet de l'invention.
A titre d'illustration, on a donné ci-après divers exemples de mise en oeuvre du
procédé objet de l'invention. Il est bien entendu qu'il ne s'agit que d'exemples
n'ayant aucun caractère limitatif.
Exemple 1
Afin de faciliter une transition de largeur de bandes du type étroit vers le type
large, on arrête de façon anticipée certains tubes radiants, en particulier ceux
proches des rouleaux, et uniquement ceux-là ou certains d'entre eux. Ce mode
de mise en oeuvre permet de limiter le bombé thermique global du rouleau.
Exemple 2
Pour éviter la formation de plis sur une bande large, il est important de
conserver un profil de rouleau le plus plat possible là ou la bande est la plus
chaude. Selon la présente invention, on maintient, dans les parties du four
situées en aval, une température de tubes radiants la plus élevée possible
(expansion plus importante du rouleau sur ses bords). On cherchera donc, à
basse production, une montée en température de la bande plus rapide (voir la
figure 5).
Exemple 3
Pour éviter les déports de bande sur les bandes étroites, on accentue, selon
l'invention, le bombé du rouleau en maintenant une température de tubes
radiants basse (ou en interrompant l'alimentation de ces tubes) là où les profils
de rouleau sont les plus plats.
Exemple 4
Dans les transitions on peut, selon l'invention, par anticipation refroidir certains
tubes radiants, et pas d'autres, en laissant la vanne d'air ouverte (régulation
chaud-froid).
Les avantages apportés par la présente invention sont notamment les suivants :
- Diminution des risques de formation de plis, en particulier lors des transitions
de largeur.
- Possibilité de moduler la courbe d'échauffement de la bande, en tenant
compte des limitations dues aux plis en sus des limitations habituelles dues au
transfert thermique vers la bande.
- Possibilité de supprimer le gradient thermique dans le four ; en effet il est bien
connu que la partie supérieure du four est plus chaude que sa partie inférieure,
de par la convection favorisant un effet de cheminée. Il résulte de la
suppression du gradient thermique, une limitation des contraintes thermiques
subies par les rouleaux supérieurs et des contraintes thermomécaniques subies
par la bande au contact des rouleaux.
- Gain de souplesse de programmation de la ligne, grâce au meilleur passage
des transitoires.
- Gain de productivité de la ligne.
Il demeure bien entendu que la présente invention n'est pas limitée aux
exemples de réalisation décrits et représentés ci-dessus, mais qu'elle en
englobe toutes les variantes.