L'invention concerne le chauffage des fours à
chargement continu, et notamment un procédé de chauffage de
fours destinés à porter à haute température, le plus uniformément
possible, des produits sidérurgiques pouvant être de
forte section, par exemple des brames, des billettes, des
blooms ou des lingots, ainsi qu'un tel four de chauffage (ou
de réchauffage).
Une telle élévation de température des produits
sidérurgiques est pratiquée par exemple en vue du laminage
de ces produits, car à haute température l'acier est plus
malléable et se prête mieux à l'opération.
Les fours auxquels est destiné ce procédé peuvent
être des fours à longerons, des fours poussants, des fours à
sole tournante, notamment.
L'invention concerne également par exemple les
fours pour traitement thermique 〈〈 au défilé 〉〉 notamment pour
des produits demi-finis ou finis (bandes, tubes, fils, pièces
diverses).
Idéalement, un four performant est un four délivrant
une température pratiquement uniforme avec une bonne
productivité, formant peu de calamine (ou d'oxydes) en surface,
car la calamine étant éliminée juste avant le laminage
correspond à une perte de matière importante, et pas de calamine
adhérente, évitant les phénomènes de 〈〈 tapure 〉〉 ou de
brûlure des produits, et produisant peu d'oxyde d'azote et
de gaz carbonique.
Les fours à chargement continu concernés par
l'invention s'étendent généralement longitudinalement entre
une extrémité d'enfournement des produits et une extrémité
de défournement, les produits étant transportés d'une extrémité
à l'autre pour défiler tout le long de l'espace interne
du four.
Le long de cet espace interne, ces fours comportent
en succession des zones présentant des fonctions différentes,
parfois identifiables immédiatement par suite de
l'existence de murs internes ou de profils de voûte particuliers,
mais parfois sans séparation physique nette.
Plus précisément, en partant de l'extrémité
d'enfournement, les fours conventionnels de ce type comportent
tout d'abord un tronçon qui n'est pas muni de brûleurs,
puis un tronçon muni de brûleurs air/combustible s'étendant
approximativement jusqu'à l'extrémité de défournement.
Le tronçon muni de brûleurs comprend ainsi une ou
plusieurs zones de chauffage, par exemple d'amont en aval
une zone de préchauffage, une zone de chauffage proprement
dit, et une zone d'égalisation à proximité de l'extrémité de
défournement d'où les produits réchauffés sont dirigés vers
une installation de laminage par exemple ; les flammes développées
par les brûleurs permettent le chauffage directement
des produits dans le four ou indirectement par suite de la
chaleur de la paroi du four. Le mode essentiel de transmission
de la chaleur est de type radiatif dans les zones de
chauffage et d'égalisation (à plus de 90%).
C'est parce que la combustion au niveau des brûleurs
avec un comburant tel que l'air dégage un volume de
fumées important à une température élevée (environ 1200° C),
qu'il a été jugé avantageux de prévoir du côté de
l'extrémité d'enfournement une zone sans brûleur dans laquelle
les fumées sont mises en circulation en direction de
l'extrémité d'enfournement en vue d'être évacuées, après
s'être en principe largement 〈〈 épuisées 〉〉 sur les produits
froids entrants. Cependant, quoique le tronçon sans brûleur
permette d'utiliser une partie importante de l'énergie des
fumées, il reste encore intéressant de récupérer celles-ci
afin d'utiliser une partie de leur énergie pour le préchauffage
de l'air de combustion au moyen d'un appareillage de
récupération approprié.
On peut noter d'une part que le ratio
air/combustible est réglé en léger excès d'air pour assurer
une combustion totale et ainsi éviter toute formation
d'imbrûlés, et d'autre part que la température dans la zone
sans brûleur dite de récupération ou d'épuisement des fumées
est nettement moins élevée (900° C à 1000° C) que dans le
reste du four, ce qui entraíne que la part du chauffage
convectif dans cette zone cesse d'être négligeable (environ
30%) ; la température dans cette zone ne peut guère à
l'heure actuelle être augmentée car les pertes énergétiques
seraient rédhibitoires.
L'invention a pour but de remédier à cet inconvénient
et consiste à cette fin en un procédé de chauffage pour porter
à haute température des produits sidérurgiques, dans un
four du type à chargement continu dans lequel on fait défiler
les produits d'une extrémité d'enfournement à une extrémité
de défournement, ce four présentant au moins une zone
de chauffage équipée de brûleurs air/combustible de chauffage
que l'on dope éventuellement à l'oxygène mais dont la
combustion dégage un volume important de fumées typique
d'une combustion avec de l'air, du côté de l'extrémité de
défournement, et une zone dite de récupération ou épuisement
des fumées, du côté de l'extrémité d'enfournement dans la
région de laquelle on évacue les fumées, procédé caractérisé
en ce que l'on incorpore aux fumées au moins un corps combustible
à l'état gazeux et on introduit du gaz oxygène en
amont du brûleur air/combustible éventuellement dopé qui est
le plus en amont lorsque l'on se réfère au sens dans lequel
on fait défiler les produits, et on brûle au moins une partie
du corps combustible à l'état gazeux et ainsi on élève
la température dans la zone de récupération.
Grâce à ces caractéristiques, on obtient un déplacement
des flux thermiques dans le four en faveur de la zone
de récupération et, notamment, une réduction du volume d'air
de combustion, une réduction de l'énergie développée dans
les zones de chauffage et d'égalisation, l'apport d'un complément
d'énergie développé en zone de récupération, une réduction
des flux volumiques des fumées et notamment des fumées
sortant du four, une réduction de la formation des oxydes
d'azote grâce à la diminution des pressions partielles
d'oxygène et d'azote et de la température dans les zones de
chauffage et d'égalisation, et une meilleure homogénéité de
la température dans les produits à la sortie de la zone de
chauffage.
Le procédé peut de plus présenter une ou plusieurs
des caractéristiques suivantes :
- pour incorporer aux fumées au moins un corps combustible
à l'état gazeux, on règle au moins un brûleur
air/combustible à un ratio air/combustible sous-stoechiométrique
et on produit dans le four des fumées
contenant des imbrûlés ;
- pour incorporer aux fumées au moins un corps combustible
à l'état gazeux, on règle au moins un brûleur oxycombustible
à un ratio oxygène/combustible sous-stoechiométrique
et on produit dans le four des fumées
contenant des imbrûlés ;
- pour incorporer aux fumées au moins un corps combustible
à l'état gazeux, on injecte ce corps combustible séparément
ou conjointement à une injection d'oxygène en zone de
chauffage ou en entrée de zone de récupération (dans le sens
de circulation des fumées) ;
- on introduit de l'oxygène par au moins un moyen choisi
dans le groupe de moyens suivants : on injecte au moins
un jet d'oxygène en lui imprimant une forte impulsion perpendiculaire
à la direction générale du parcours des fumées
dans la zone de récupération ou d'épuisement des fumées, on
injecte une série de petits jets d'oxygène que l'on répartit
uniformément sur une section du four, on injecte une série
de petits jets d'oxygène que l'on répartit uniformément le
long de la zone de récupération ou épuisement, on injecte au
moins un jet d'oxygène que l'on fait tourbillonner, on règle
au moins un brûleur oxygaz d'appoint de manière sur-stoechiométrique
;
- on introduit de l'oxygène à l'entrée de la zone de
récupération ;
- on introduit de l'oxygène dans la zone de récupération
;
- on introduit de l'air et du combustible au niveau des
brûleurs de la zone de chauffage avec un ratio
air/combustible sous-stoechométrique, correspondant à une
valeur comprise dans la gamme de 0,95 à 0,99 ;
- on ajuste le ratio air/combustible au niveau des brûleurs
de la zone de chauffage de telle sorte qu'il n'y ait
pas d'imbrûlés sortant par des ouvertures du four ;
- on règle la pression à un niveau bas, de préférence
en dépression de quelques millimètres de colonne d'eau ;
- on régule le débit d'oxygène en fonction du débit total
de combustible introduit dans le four et de rapports de
combustion choisis ;
- on mesure dans un conduit d'évacuation des fumées ou
à l'entrée de celui-ci, la teneur en au moins un gaz composant
des fumées, et on régule le débit d'au moins l'un des
gaz introduits dans le four, en réponse à la mesure de la
teneur en gaz composant des fumées ;
- on mesure la teneur des fumées en oxygène ;
- on mesure la teneur des fumées en oxyde de carbone ;
- on régule le ratio air/gaz des brûleurs ;
- on régule le ratio oxygène/gaz de combustion retardée;
- on refroidit par un courant de fluide, de l'oxygène
et/ou du combustible que l'on introduit.
L'invention consiste également en un four de chauffage
pour porter à haute température des produits sidérurgiques,
du type à chargement continu, dans lequel les produits défilent
d'une extrémité d'enfournement à une extrémité de défournement,
et présentant au moins une zone de chauffage
équipée de brûleurs air/combustible de chauffage éventuellement
dopés à l'oxygène dont la combustion dégage un volume
important de fumées typique d'une combustion avec de l'air,
du côté de l'extrémité de défournement, et une zone dite de
récupération ou épuisement des fumées, du côté de
l'extrémité d'enfournement dans la région de laquelle les
fumées sont évacuées, four caractérisé en ce qu'il comporte
des dispositifs pour incorporer aux fumées au moins un corps
combustible à l'état gazeux, et des dispositifs
d'introduction de gaz oxygène en amont du brûleur
air/combustible éventuellement dopé qui est le plus en amont
lorsque l'on se réfère au sens de défilement des produits,
pour brûler au moins une partie du corps combustible à
l'état gazeux et ainsi élever la température dans la zone de
récupération.
D'autres caractéristiques et avantages de
l'invention ressortiront de la description qui va suivre, de
modes et de formes de réalisation de l'invention donnés à
titre d'exemples non limitatifs, et des dessins joints dans
lesquels :
- la figure 1 illustre le bilan thermique dans un
four conventionnel représenté très schématiquement en section
longitudinale, et
- la figure 2 illustre le bilan thermique dans un
four selon l'invention représenté très schématiquement en
section longitudinale.
Le four conventionnel de réchauffage à chargement
continu représenté très schématiquement sur la figure 1, au
moyen duquel on porte à haute température des produits sidérurgiques,
comporte un espace interne dans lequel on fait
défiler des produits sidérurgiques 1 d'une extrémité
d'enfournement 2 à une extrémité de défournement 3.
Cet espace interne comporte une zone de chauffage
4, équipée de brûleurs air/combustible de chauffage symbolisés
en 41, du côté de l'extrémité de défournement, brûleurs
au niveau desquels, par suite de la combustion, sont dégagées
des fumées à haute température (de l'ordre de 1200°
C) ; la zone de chauffage 4 peut être elle-même subdivisée
en plusieurs zones telles que, d'amont en aval, une zone de
préchauffage, une zone de chauffage proprement dit, et une
zone d'égalisation. L'espace interne du four comporte également
une zone sans brûleur dite de récupération ou
d'épuisement 5, dans laquelle ont met en circulation les fumées
chaudes dégagées au niveau des brûleurs afin de récupérer
une partie de leur énergie avant de les récupérer ellesmêmes
à leur sortie du four dans la région de l'extrémité
d'enfournement 2 de celui-ci pour réchauffer l'air envoyé
aux brûleurs.
Par 〈〈 brûleurs air/combustible 〉〉 on entend non
seulement des brûleurs air/combustible conventionnels, mais
également des brûleurs air/combustible que l'on dope à
l'oxygène mais dégageant cependant un volume important de
fumées typique d'une combustion avec de l'air.
Les énergies mises en jeu dans le four et symbolisées
sur la figure 1 par des flèches épaisses sont définies
comme suit :
E = énergie entrant au niveau des brûleurs 41, W1 = énergie transmise aux produits 1 dans la zone
de chauffage 4, E1 = énergie transmise dans la zone de récupération
5, W2 = énergie transmise aux produits 1 dans la zone
de récupération 5, P1 = énergie perdue par les parois dans la zone de
chauffage 4, P2 = énergie perdue par les parois dans la zone de
récupération 5, E2 = énergie évacuée dans les fumées.
En vertu des lois de conservation de l'énergie :
E - E1 = W1 + P1, E1-E2 = W2 + P2, E-E2 = (W1+W2) + (P1+P2).
Selon l'invention, le four représenté très schématiquement
sur la figure 2 (où les mêmes éléments que ceux de
la figure 1 portent les mêmes repères numériques) comporte
de plus, dans la zone de récupération ou épuisement 5 des
fumées, des dispositifs d'introduction d'oxygène 51. Grâce
au fait que l'on introduit de l'oxygène, on peut mettre en
oeuvre une combustion retardée, par laquelle on élève la
température dans cette zone ; à cette fin, on dose les gaz
que l'on introduit au niveau des brûleurs air/combustible 41
(que l'on a éventuellement dopés à l'oxygène) dans la zone
de chauffage 4 de telle sorte que le ratio air/combustible
soit à un niveau sous-stoechiométrique, afin que les fumées
produites que l'on fait pénétrer dans la zone de récupération
contiennent des imbrûlés susceptibles de réagir avec
l'oxygène.
Il faut noter que le réglage des brûleurs
air/combustible 41 à un ratio air/combustible sous-stoechiométrique
ne constitue qu'un exemple de moyens pour
incorporer aux fumées un corps combustible à l'état gazeux
(ici des imbrûlés), et que l'on peut en variante prévoir et
régler en zone de chauffage un ou plusieurs brûleur(s) oxycombustible
à un ratio oxygène/combustible sous-stoechiométrique
ou encore injecter un combustible au moyen
d'un injecteur de combustible en zone de chauffage ou en entrée
de zone de récupération (dans le sens de circulation
des fumées).
De même, on peut introduire l'oxygène par des dispositifs
d'introduction d'oxygène 51 comme ici nettement
dans la zone de récupération 5 des fumées, ou à l'entrée de
cette zone 5 (si l'on considère le sens de déplacement des
fumées, qui proviennent de la zone de chauffage 4), ou même
à proximité de celle-ci, c'est-à-dire, le plus généralement,
en amont du brûleur air/combustible de chauffage 41 de la
zone de chauffage 4 qui est le plus en amont lorsque l'on se
réfère au sens de défilement des produits 1 dans le four (de
l'extrémité d'enfournement 2 à l'extrémité de défournement
3).
En fonction des conditions dans le four, et notamment
de l'exposition au rayonnement dans celui-ci, on peut
refroidir les dispositifs d'introduction d'oxygène et/ou de
combustible par exemple au moyen d'air, d'azote ou d'eau.
Ici, de préférence, on règle le ratio
air/combustible à un niveau sous-stoechiométrique correspondant
à une valeur comprise dans la gamme de 0,95 à 0,99.
On ajuste ce ratio sur chaque four, de telle sorte qu'il n'y
ait pas d'imbrûlés sortant par les ouvertures de celui-ci.
On règle la pression à un niveau très faible, éventuellement
légèrement en dépression (de quelques millimètres de colonne
d'eau).
On régule le débit d'oxygène lui-même en fonction
du débit total de gaz combustible que l'on désire injecter
dans le four et des rapports de combustion choisis.
A cet égard, avantageusement, le four est muni
d'un appareillage de régulation (non représenté) ; cet appareillage
comporte au moins une sonde au moyen de laquelle on
mesure la teneur des fumées en oxygène et/ou en oxyde de
carbone en sortie du four, par exemple dans un conduit
d'évacuation, et un dispositif de régulation au moyen duquel
on régule l'un des ratios air/gaz des brûleurs ou le ratio
oxygène/gaz de combustion retardée.
Grâce à cette optimisation, qui assure en définitive
la combustion totale des imbrûlés, on évite une trop
forte oxydation du produit, et/ou une consommation excessive
d'oxygène.
Sur le plan pratique, les dispositifs
d'introduction 51 par lesquels on introduit l'oxygène doivent
être conçus pour que l'on puisse faire réagir l'oxygène
rapidement avec les espèces imbrûlées de l'atmosphère du
four. Ces dispositifs d'introduction peuvent être constitués
par un ou plusieurs appareils similaires ou différents, tels
que :
- une ou plusieurs lances par lesquelles on injecte
au moins un jet d'oxygène en lui imprimant une forte
impulsion perpendiculaire au flux général des fumées (direction
générale des fumées dans le zone de récupération),
- une série de petites lances par lesquelles on
injecte une série de petits jets d'oxygène que l'on répartit
uniformément sur une section du four,
- une série de petites lances par lesquelles on
injecte une série de petits jets d'oxygène que l'on répartit
uniformément dans la chambre de récupération, le long de
celle-ci,
- une ou plusieurs lances par lesquelles on injecte
un petit jet d'oxygène que l'on fait tourbillonner
(dites lances à effet de 〈〈swirl〉〉 ),
- un ou plusieurs brûleurs oxygaz d'appoint à
forte impulsion, que l'on règle de manière très largement
sur-stoechiométrique, par lesquels on apporte un complément
d'oxygène et un complément énergétique peu générateurs de
fumées, que l'on dispose dans les parois latérales ou dans
la voûte du four.
Si l'on compare le four de la figure 2 à celui de
la figure 1, par analogie avec des fours d'autres domaines
techniques, on peut faire valablement un certain nombre
d'approximations et d'hypothèses.
En première approximation, on peut estimer que la
température des fumées que l'on évacue en sortie de four est
quasi-identique. En effet, ces fumées sont légèrement plus
chaudes, par suite de la combustion à l'oxygène, mais ont un
temps de résidence allongé (réduction des volumes de fumées)
; aux températures d'ambiance de cette zone, on
conserve une prédominance des échanges radiatifs, donc un
épuisement des fumées proportionnel à ce temps ; on peut appliquer
cette hypothèse aussi aux fumées sortant des zones
équipées de brûleurs.
Les pertes par les parois peuvent être considérées
comme étant identiques.
Si l'on applique au four de la figure 2 la même
technique de bilan énergétique et les mêmes notations que
pour la figure 1, et si x est le rapport de combustion choisi
pour les zones équipées de brûleurs (x = 1 étant le rapport
stoechiométrique parfait), les énergies que l'on met en
jeu sont définies comme suit :
xE = énergie entrant au niveau des brûleurs 41, W1' = énergie transmise aux produits 1 dans la
zone de chauffage 4, E1' = xE1 = énergie transmise dans la zone de récupération
5, W2' = énergie transmise aux produits 1 dans la
zone de récupération 5, P1' = P1 = énergie perdue par les parois dans la
zone de chauffage 4, P2' = P2 = énergie perdue par les parois dans la
zone de récupération 5, E' = (1 - x) E = énergie restituée par la combustion
de l'oxygène provenant des moyens d'introduction 51
dans la zone de récupération 5, E2' = xE2 = énergie évacuée dans les fumées.
Compte tenu de ce qui précède, l'équation de
conservation de l'énergie en zone de récupération s'écrit
donc :
xE1 + (1-x)E - xE2 = W2' + P2,
au lieu, dans le premier cas, de :
E1 - E2 = W2 + P2 ;
on obtient donc par soustraction :
W2' - W2 = (1-x) [E-(E1-E2)].
Ainsi, on a augmenté l'énergie transférée au produit
en zone de récupération d'énergie.
L'équation en zone de chauffage s'écrit :
xE - xE1 = W1' + P1,
au lieu, dans le cas de 100 % d'air, de :
E - E1 = W1 + P1.
Par soustraction :
W1' - W1 = (1-x) [E-E1].
L'énergie transférée au produit a donc légèrement
diminué en zones de chauffage et d'égalisation.
L'énergie globale transférée au produit est :
(W1' + W2') - (W1 + W2) = (1-x) E2.
Ce résultat est conforme à la théorie des combustions
à l'oxygène : le terme (1-x)E2 correspond précisément
à la réduction de l'énergie perdue par les fumées par suite
de la réduction du volume des fumées en sortie de four. Le
surplus d'énergie peut être mis à profit en réduisant la
consommation de gaz combustible ou en augmentant la cadence
de production.
On répartit donc ainsi l'énergie dans le four de
manière fondamentalement différente, et on modifie notablement
les propriétés physico-chimiques de l'atmosphère.
En zone de combustion, comme on réalise un réglage
sous-stoechiométrique :
- on génère des fumées sans oxygène mais au
contraire contenant des espèces réductrices (CO, H2) notamment),
- on réduit légèrement la température de flamme,
- on maintient un potentiel énergétique résiduel
dans les fumées.
En sortie des zones de chauffage ou directement en
zone de récupération, on consomme les imbrûlés par combustion
retardée à l'oxygène, et ainsi on réalise un meilleur
transfert d'énergie au produit dans cette zone, sans provoquer
une augmentation de la température de sortie. Grâce au
fait que l'on réduit le volume des fumées, on réduit également
l'énergie perdue au niveau de celles-ci.
De plus, on chauffe le produit beaucoup plus tôt,
et comme on l'a vu, grâce à la réduction du volume des fumées,
on rend disponible un complément d'énergie au moyen
duquel on peut augmenter la production ou réduire la consommation
d'énergie.
Il en résulte nombre d'avantages techniques dont
certains peuvent être quantifiés.
Ainsi, on peut améliorer la productivité du four ;
en effet, si l'on utilise le potentiel d'énergie (1-x)E2
pour réduire l'énergie gaz-combustible entrante, le gain de
productivité est :
Gproductivité = 1 -[E - (1-x)E2]/E Gproductivité = (1-x)E2/E*100 (valeur exprimée en %).
On peut aussi exploiter cette énergie par une augmentation
de la production ; en effet, grâce à cette technologie
d'injection, l'installation n'a pas de limite thermique
particulière, car :
- on n'augmente pas les débits de gaz combustible,
- on n'affecte pas les températures du four les
plus critiques (en zones très chaudes), et au contraire, on
abaisse légèrement les températures de flamme,
- comme on chauffe précocement les produits, on
permet un meilleur transfert au coeur de ceux-ci et ainsi on
réduit le temps passé en zone d'égalisation.
L'augmentation de production peut être estimée à :
Gproduction = (1-x)E2/(W1 + W2) *100 (valeur exprimée
en %).
De plus, on réduit la production de CO2, car si on
se place à production constante, le gain de productivité
Gproductivité précédemment calculé correspond à une réduction de
la consommation d'énergie ramenée à la tonne d'acier, et la
production de CO2 suit exactement la même loi :
Cproductivité = Gproductivité.
De la même manière, l'augmentation de production à
consommation de combustible égale permet de calculer une réduction
de CO2 émis à la tonne :
Cproduction = 1/(1-Gproduction)-1 #Gproduction
.
Parallèlement, on diminue les émission d'oxydes
d'azote, car la production de ceux-ci dans une flamme est
essentiellement liée à la température de la flamme et à sa
stoechiométrie ; or, dans la technique employée, comme ontravaille
avec une flamme sous-stoechiométrique, on réduit
légèrement la température de flamme, et, par suite du caractère
réducteur de la flamme, on défavorise largement la production
d'oxydes d'azote ; de plus, dans la zone de récupération,
on n'élève pas les températures suffisamment pour
générer des oxydes d'azote. Il en résulte que cette technique
se distingue nettement des techniques de dopage classiques
par lesquelles on génère des émissions d'oxydes d'azote
relativement importantes.
De plus, on obtient une uniformisation de la température
des produits. Or, certaines nuances d'aciers ou
certains formats sidérurgiques réclament une bonne uniformité
de température du produit au défournement ; le chauffage
précoce du produit est un facteur important de réalisation
de cet objectif, car sur des demi-produits, l'épaisseur et
la conductivité ne sont pas négligeables, et le 〈〈 coeur 〉〉
est souvent plus froid que la 〈〈 peau 〉〉 en sortie de four ;
le procédé et le four selon l'invention favorisent un transfert
thermique plus tôt lors du cycle de réchauffage, et la
limitation par conduction du réchauffage est nettement réduite.
Par exemple, dans un four dit 〈〈 poussant 〉〉 classique
au fond duquel on met en circulation un lit de demi-produits
en acier allié d'une douzaine de centimètres
d'épaisseur auquel on applique un flux surfacique uniforme
de 150 kw/m2, les demi-produits entrent dans la zone de
chauffage à une température uniforme de 500°C et atteignent
la température de 1050°C à mi-épaisseur au bout de 2450 secondes,
tandis que dans un four équivalent aménagé selon
l'invention, les demi-produits entrent dans la zone de
chauffage vers 600°C et, grâce à la valorisation thermique
de la zone de récupération, atteignent la température de
1050°C à mi-épaisseur au bout de 1780 secondes.
On peut parvenir ainsi à une diminution des défauts
des produits, car une partie des défauts métallurgiques
constatés sur les produits réchauffés est due à des
surchauffes locales, et par la technique de combustion retardée,
on chauffe plus rêgulièrement les produits, et on
diminue les contraintes thermiques tout au long du cycle de
réchauffage ; de plus, comme on réduit la température des
flammes, on réduit également le risque de surchauffe par des
flammes trop proches du produit.
Au moyen de l'invention on peut donc soit réduire
les différences coeur-peau à production constante, soit réduire
la durée de traitement dans le four.
On réduit également notablement la perte au feu
des produits par oxydation superficielle. Cette perte peut
se situer entre 0,5% et 1,5%; l'oxydation qui la provoque
est essentiellement liée aux espèces oxydantes présentes
dans le four, à savoir O2 et CO2 notamment ; cette oxydation
est d'autant plus importante que le produit est chaud. La
technique selon l'invention permet d'effectuer un réglage
réducteur dans les zones chaudes, et de compléter en oxygène
comburant jusqu'à la stoechiométrie alors que le produit
n'est pas encore très chaud ; la calamine formée est donc
réduite car le produit pendant une grande partie du cycle
est en contact avec une atmosphère moins agressive en termes
d'oxydation. Le réglage réducteur est rendu possible par la
combustion retardée à l'oxygène, l'utilisation en zone de
récupération permettant de réaliser un transfert thermique
supplémentaire à la charge tel que mentionné ci-dessus ; en
revanche, une combustion retardée à l'air se traduirait par
des pertes fumées accrues. On peut noter que cette technique
se distingue des techniques traditionnelles de dopage (do-page
global ou par lance) que l'on pourrait envisager dans
de tels fours, qui, elles ne modifient pas l'atmosphère au
contact du produit.
Un autre problème posé par la calamine est
d'éviter que celle-ci soit adhérente ; cette propriété se
rencontre sur les produits fortement alliés, comme par exemple
les aciers spéciaux ou les aciers inoxydables ; elle est
due à la conjonction des migrations de certains éléments
d'alliage entre la base métallique et la calamine, à
l'épaisseur de calamine et à des surchauffes superficielles
du produit ; localement, des mélanges eutectiques sont formés
et sous l'action de la température ces mélanges deviennent
fusibles ; il en résulte une adhérence forte de la calamine
en ces points. Au moyen de l'invention on influe à la
fois sur l'épaisseur de calamine et sur l'existence de
points très chauds dus aux brûleurs. On réduit donc le risque
de calamine adhérente.
Enfin, comme on utilise les brûleurs en sous-stoechiométrie,
on réduit légèrement la température de
flamme, et les difficultés d'exploitation dues à des points
chauds sur le four sont par conséquent moins critiques.