L'invention se rapporte à une nouvelle tablette détergente pour le lavage
du linge. Elle concerne également le procédé de fabrication de ladite tablette.
Les produits pour le lavage du linge peuvent se présenter sous diverses
formes, solides ou liquides. Les formes liquides sont aujourd'hui de moins en
moins utilisées, les formes solides étant préférées pour leur encombrement
minimum et leur efficacité maximale.
Ainsi, on a décrit dans le document EP-A-0 846 756, des pastilles se
présentant sous la forme d'un noyau central enrobé d'un mélange à base d'agents
effervescents et désintégrants. Un inconvénient de ce type de tablette réside en ce
que le noyau étant très peu compacté (la pression de pastillage est comprise entre
0,5kN et 1,5kN), il se désintègre facilement lors du stockage ou de sa
manipulation.
On a également proposé une tablette monocouche fabriquée à partir d'une
base atomisée qui peut être densifiée et granulée, à laquelle on ajoute ensuite les
différents constituants nécessaires au lavage, tels que système enzymatique,
système de blanchiment. La poudre ainsi obtenue est ensuite pastillée sur des
pastilleuses du type rotatif.
Même si on résout le problème de la désintégration de la pastille, ce type
de produit présente toutefois l'inconvénient de mêler intimement l'ensemble des
constituants et notamment le système peroxydant et le système enzymatique, ce qui
met en péril la stabilité du produit et conduit inévitablement à une perte d'activité.
Par ailleurs, ces tablettes monocouches contiennent un agent tensioactif anionique
du type alkylbenzene sulfonate de soude, lequel peut entraíner, lors de la
fabrication de la pastille des phénomènes de collage de la poudre sur les poinçons
de la machine.
En d'autres termes, le problème que se propose de résoudre l'invention est
de fournir une tablette pour le lavage du linge qui soit stable dans le temps.
Un autre but de l'invention est de proposer une tablette dont la fabrication
soit simple à mettre en oeuvre.
Pour ce faire, l'invention propose une tablette du type multicouches pour
lavage du linge, caractérisée ce qu'elle est constituée d'une structure sandwich
comprenant au moins trois couches, respectivement :
- deux couches externes comprenant un système enzymatique ;
- une couche centrale comprenant un système peroxydant ;
la couche centrale comprenant en outre au moins un agent désintégrant apte à
permettre le délitement de ladite couche en une durée inférieure ou égale à 80
secondes après délitement complet des deux couches externes.
Par le terme "délitement", on désigne l'opération de désolidarisation les uns
des autres des différents composants constituant les couches externes et centrale.
On distingue cette étape de délitement, qui correspond à une séparation "grossière"
des particules entre elles, de l'étape ultérieure de dissolution des constituants
proprement dite.
Cette structure en sandwich permet donc de résoudre le problème de la
stabilité du produit lors du stockage en séparant l'activité peroxydante de la couche
centrale, c'est-à-dire l'activité de blanchiment, de l'activité enzymatique des
couches externes, tout en permettant une action rapide de la couche centrale après
délitement de celle-ci pendant l'opération de lavage.
En effet, le délitement en un temps très court de la couche centrale permet
d'éviter que toute ou partie de la tablette ne se fixe sur le linge conduisant ainsi à la
formation de taches indélébiles due à la présence du système peroxydant.
En outre, la tablette se présente sous forme d'au moins trois couches planes
superposées l'une à l'autre par tassement de leur surface la plus large. De la sorte, le
délitement de la périphérie apparente de la couche intermédiaire lors du délitement
des couches externes est très limité.
Pour permettre d'obtenir un temps de délitement de la couche centrale très
court, l'agent désintégrant est choisi, bien que la liste ne soit pas exhaustive, dans le
groupe comprenant les argiles, la cellulose et ses dérivés, la polyvinyl pyrrolidone,
l'amidon modifié ou réticulable.
Pour permettre d'obtenir un temps de délitement de la couche centrale très
court, l'agent désintégrant est choisi dans le groupe comprenant les argiles, la
cellulose et ses dérivés, le polyvinyl pyrrolidone, l'amidon modifié ou réticulable.
Pour abaisser davantage encore le temps de délitement de la couche
centrale, ladite couche centrale subit lors de la fabrication, une faible force de
précompression.
En pratique, l'agent désintégrant représente entre 5 et 20 % en poids,
avantageusement 15 % en poids de la couche centrale.
Pour une proportion d'agent désintégrant inférieure à 5 % en poids de la
couche centrale, le délitement de ladite couche centrale n'est pas suffisamment
rapide et conduit à la formation d'agrégats de tablettes.
Au contraire, pour une proportion d'agent désintégrant supérieure à 20 %,
la formulation devient économiquement moins intéressante.
En pratique, le temps de délitement de la couche centrale en tant que tel est
compris entre 20 secondes et 75 secondes, tandis que le temps de délitement des
couches externes est compris entre 30 secondes et 90 secondes.
Selon un mode de réalisation de l'invention préféré, le temps de délitement
des couches externes est de une minute, tandis que celui de la couche centrale est
de 30 secondes après dissolution complète des couches externes.
Par ailleurs, pour obtenir une tablette présentant une structure uniforme et
simplifier le procédé de fabrication, les deux couches externes ont une composition
chimique identique.
Dans la suite de la description et dans les revendications, par « système
enzymatique », on désigne un ensemble d'enzymes du type protéase, amylase,
lipase et cellulase.
Par ailleurs, pour obtenir une action immédiate de la lessive sur le linge,
les couches externes comprennent un agent tensioactif anionique et ou non ionique
permettant tout d'abord de mouiller la fibre puis ensuite de décoller les salissures
en diminuant la tension superficielle.
Toutefois et selon une autre caractéristique de l'invention, pour supprimer
les phénomènes de collage de la poudre sur la machine lors de la fabrication des
pastilles, l'agent tensioactif non ionique est réparti entre les couches externes et la
couche centrale.
Avantageusement, l'agent tensioactif anionique est choisi dans le groupe
comprenant l'alkylbenzène sulfonate de soude, l'alkylsulfate et l'alkyl ether
sulfate.
De même, l'agent tensio-actif non ionique est choisi dans le groupe
comprenant les alcools gras éthoxylés, les alkylphénols éthoxylés.
Par ailleurs, pour améliorer l'efficacité du lavage et adoucir l'eau, les
couches externes comprennent un agent anticalcaire.
En pratique, l'agent anticalcaire est choisi dans le groupe comprenant le
phosphonate, le silicoaluminate, le tripolyphosphate (TPP), les homo ou
copolymères de l'acide acrylique et les citrates.
Enfin, de sorte à activer le système peroxydant de la couche centrale, et
ainsi mettre en oeuvre l'activité de blanchiment, les couches externes comprennent
un activateur de blanchiment.
Toutefois, l'activateur de blanchiment peut être incorporé dans la couche
centrale.
En pratique, l'activateur de blanchiment est choisi dans le groupe
comprenant le tétraacétylène diamine (TAED), le pentaacétyle glucose (PAG), et le
tétraacétyl glycoluryl (TAGU).
Ledit activateur de blanchiment permet ainsi d'activer le système
peroxydant contenu dans la couche centrale, en pratique, le perborate ou le
percarbonate, la réaction conduisant à la formation d'eau oxygénée et d'acide
peracétique. Bien entendu et comme déjà dit, le système peroxydant exerce son
action de blanchiment seulement après dissolution des deux couches externes.
Pour conférer au linge une odeur agréable, la couche centrale contient
également un parfum.
Avantageusement, afin de conférer à la pastille de lavage des propriétés
antiseptiques et assainissantes, la couche centrale comprend un agent désinfectant
se présentant sous forme de granules enrobés aptes à être libérés en fonction de la
température de l'eau de lavage.
L'enrobage de l'agent désinfectant est effectué de façon connu par
l'homme du métier, notamment par pulvérisation de matière grasse sur les
particules d'agent désinfectant, telle que triglycérides ou cires.
Ainsi, pour certains types de lavages, la pastille de lavage pourra diffuser
l'agent désinfectant à une température donnée de l'eau de lavage, en fonction de
l'enrobage choisi.
L'invention se rapporte également au procédé de fabrication de ladite
tablette multicouches.
Selon ce procédé :
- on mélange tout d'abord les différents constituants formant les couches
externes ;
- parallèlement, on mélange les différents constituants formant la couche
centrale ;
- on dépose sur un support puis on tasse partie du mélange destinée à
former la première couche externe,
- on dépose ensuite sur ladite première couche externe le mélange
formant la couche centrale puis on tasse le complexe obtenu ;
- puis on dépose sur la couche centrale la partie restante du mélange
formant la seconde couche externe,
- enfin, on presse la tablette obtenue.
En pratique, le poids des couches externes est compris entre 10 et 20
grammes, avantageusement entre 12 et 17 grammes. De même, le poids de la
couche centrale est compris entre 10 et 20 grammes, avantageusement entre 10 et
15 grammes.
De plus, selon une caractéristique essentielle du procédé, on tasse la première
couche externe et la couche centrale à une valeur de précompression comprise
entre 10 kg/cm2 et 100 kg/cm2, tandis que la tablette obtenue est pressée à une
valeur comprise entre 20 kg/cm2 et 400 kg/cm2.
En pratique, on fabrique des tablettes de 40 g, de diamètre 45, dont la
dureté est comprise entre 4 et 15 kP, avantageusement 5 à 7 kP.
L'invention et les avantages qui en découlent ressortiront mieux des
exemples suivants.
Exemple 1 - Préparation d'une tablette multicouches avec phosphate
Les essais suivants ont été réalisés à l'échelle du laboratoire.
Pour fabriquer la tablette détergente pour le lavage du linge de l'invention,
on procède comme suit.
On prépare tout d'abord une base atomisée, dont chacun des constituants
entre dans la composition des couches externes. Cette base atomisée comprend :
- alkylbenzènesulfonate de sodium 8 g
- savon de sodium 0,5 g
- azurants optiques 0,2 g
- phosphonate 0,3 g
- copolymère acrylique maléique 1,6 g
- disilicate de soude 4 g
- carbonate de sodium 7,5 g
- sulfate 2,34 g
- dérivés de cellulose 0,4 g
- parfum 0,5 g
On prépare ensuite un mélange 1 destiné à être mélangé avec la base
atomisée pour former les couches externes.
Il est en effet nécessaire de prévoir un mélange 1 distinct dans la mesure
où certains des constituants susceptibles de rentrer dans la composition de la
couche externe ne peuvent pas être atomisés parce qu'il sont détruits par la chaleur.
C'est le cas notamment des enzymes et de l'anti-mousse.
La composition du mélange 1 est la suivante :
- tripolyphosphate de soude hydraté 37,5 g
- alcools gras éthoxylés + polyéthylène glycol 6 g
- enzymes 2,5 g
- anti-mousse 1 g
Selon le procédé de l'invention, on mélange la base atomisée avec le
mélange 1. On sépare le mélange obtenu en deux parties égales destinées à former
les couches externes.
On dépose la première moitié sur un support, puis on la tasse en le
soumettant à une force de précompression de 15 kg/cm2.
On prépare ensuite un mélange 2 destiné à former la couche centrale
comprenant:
- argile de type bentonite 2 g
- polyvinylpyrrolidone modifiée 2 g
- perborate de sodium monohydraté 20 g
- carbonate de sodium 4 g
- zéolithe 2 g
On dépose ce mélange 2 sur la première couche externe puis on le tasse en
la soumettant une force de précompression de 15 kg/m2.
On dépose enfin sur la couche centrale le mélange destiné à former la
seconde couche externe puis on soumet la tablette obtenue à une pression de 60
kg/m2.
Pour une tablette de 40 g, les deux couches externes représentent 26 g,
tandis que la couche centrale représente 14 g.
Exemple 2 - Tablette sans phosphate
Dans l'exemple 2, on procède de façon similaire à l'exemple 1.
On prépare tout d'abord une base atomisée comprenant :
- alkylbenzènesulfonate de sodium 13 g
- savon 0,8 g
- azurants optiques 0,2 g
- carbonate de sodium 12 g
- bicarbonate 8 g
- phosphonate 0,3 g
- copolymère acrylique maléique 1,6 g
- disilicate de sodium 6,5 g
- dérivés de cellulose 2,6 g
- parfum 0,5 g
- zéolithe granulé 19,8 g
On prépare ensuite un mélange 1 destiné à former avec la base atomisée
les couches externes, ce mélange comprenant :
- alcools gras éthoxylés + polyéthylène glycol 4,2 g
- enzymes 2,5 g
- anti-mousse 1 g
On prépare enfin le mélange 2 destiné à former la couche médiane
comprenant :
- carbonate de sodium 2 g
- percarbonate de sodium 20 g
- TAED 4 g
- polyvinylpirrolidone modifiée 2 g
- dérivés de cellulose 2 g
- zéolithe granulé 5 g
Les tablettes sont fabriquées selon le même procédé que dans l'exemple 1.
Pour une tablette de 40 g, les deux couches externes représentent 26 g et la
couche centrale représente 14 g.
Les avantages de l'invention ressortent bien de la description.
On notera en particulier la capacité de la tablette à se déliter rapidement
interdisant ainsi au système peroxydant de se fixer sur le linge.
De plus, de par sa structure multicouche, la tablette de l'invention présente
une forte stabilité en séparant système peroxydant et système enzymatique.