La présente invention concerne les ancres destinées
à l'ancrage d'un engin flottant, notamment un bateau, et
plus particulièrement les ancres du type comportant une
partie d'accrochage articulée sur le corps de l'ancre.
De nombreuses ancres connues, en particulier l'ancre
charrue, ont pour inconvénient d'être difficiles à décrocher
c'est-à-dire qu'elles sont couramment perdues puisqu'il faut
désolidariser l'ancre, du bateau, pour redonner sa liberté
au bateau.
Par contre, d'autres ancres, telles que l'ancre
plate, ont un débattement possible permettant un meilleur
décrochage, mais il leur est difficile de retrouver un
élément d'accrochage dans le cas d'un reflux par exemple.
Pour remédier à ces inconvénients, la présente
invention a pour but de fournir une ancre qui permet un
décrochage voulu facile, quelles que soient les conditions,
et une prise pratiquement constante même en cas de reflux.
A cet effet, la présente invention a pour objet une
ancre pour engin flottant comportant un corps muni d'un
organeau d'amarrage à une chaíne d'ancre, une partie
d'accrochage au fond de l'eau étant articulée sur le corps,
caractérisée en ce que le corps comporte une première partie
ayant des extrémités longitudinales et une seconde partie
s'étendant entre les extrémités de la première partie en
étant écartée de cette dernière de manière à entourer une
zone vide entre elles, l'organeau étant monté coulissant le
long de la seconde partie et en ce que la partie
d'accrochage est montée sur la première partie de corps en
étant articulée entre des positions d'accrochage dans des
directions opposées.
Selon d'autres caractéristiques :
- la première et la seconde partie de corps sont des
parties plates allongées,
- la première et la seconde partie de corps sont de
manière générale coplanaires,
- les extrémités communes des première et seconde
parties de corps constituent chacune une butée empêchant
l'organeau de coulisser le long de la première partie de
corps,
- la première partie de corps a une forme allongée en
triangle aplati ayant une base reliant les extrémités
longitudinales et un angle au sommet opposé compris entre
150 et 170 degrés, la seconde partie de corps ayant la forme
d'une anse s'étendant du côté opposé au sommet par rapport à
la base,
- l'angle au sommet de la première partie de corps de
forme triangulaire est de 160 degrés,
- la partie d'accrochage est montée rotative autour d'un
axe perpendiculaire au plan général de la première partie de
corps et recoupant celle-ci, pratiquement dans sa zone
médiane,
- la partie d'accrochage comporte deux palettes
s'étendant symétriquement par rapport à un plan passant par
l'axe de rotation X-X, en faisant un angle avec ce plan
compris entre 70 et 80°, de préférence 75°, les deux
palettes définissant ensemble une arête commune parallèle à
l'axe de rotation,
- l'arête commune est située pratiquement au niveau du
sommet de la première partie triangulaire de corps.
On va maintenant décrire la présente invention, à
titre d'exemple uniquement, en référence aux dessins
annexés, sur lesquels :
- la figure 1 est une vue en perspective représentant un
mode actuellement préféré de réalisation d'une ancre selon
la présente invention, à l'état de repos,
- la figure 2 est une vue latérale de l'ancre de la
figure 1,
- la figure 3 est une vue prise depuis une extrémité
longitudinale de l'ancre de la figure 1,
- la figure 4 est une vue de dessus de l'ancre de la
figure 1,
- la figure 5 est une vue analogue à la figure 2,
l'ancre selon la présente invention étant en position
accrochée,
- la figure 6 est une vue analogue à la figure 5,
l'organeau étant dans une position de décrochage de la
partie d'accrochage, de manière volontaire ou du fait d'un
reflux,
- la figure 7 représente l'ancre selon la présente
invention dans une position d'accrochage dans une direction
opposée à la direction d'accrochage des figures 5 et 6.
Sur la figure 1 on a représenté une ancre selon la
présente invention, comportant un corps 2 muni d'un organeau
4 de liaison avec une première extrémité d'une chaíne 6.
L'autre extrémité de la chaíne (non-représentée) est reliée
à un point fixe d'un engin flottant (non-représenté), tel
qu'un bateau, directement ou par l'intermédiaire d'un filin,
de manière habituelle.
Le corps 2 comporte de plus une partie d'accrochage
8 qui est montée rotative sur le corps, cette partie
d'accrochage étant destinée à s'enfoncer dans le fond de
l'eau ou à s'accrocher dans une faille rocheuse ou sous un
rocher, de manière habituelle.
Selon la présente invention, le çorps 2 comporte une
première partie de corps 10, de manière générale allongée,
dont les extrémités longitudinales 12, 14 sont reliées par
une seconde partie de corps 16, longitudinale, qui est
écartée de la première partie de corps 10 et coplanaire à
celle-ci et qui a également pour extrémité les extrémités
longitudinales 12, 14.
Ces deux parties de corps 10 et 16 définissent entre
elles un espace vide, comme on peut le voir sur la figure 1.
L'organeau 4 est monté coulissant le long de la
seconde partie de corps 16 entre les extrémités 12, 14
communes aux deux parties de corps.
Les dimensions de l'organeau 4 et des extrémités 12,
14 sont telles que ces dernières agissent comme des butées
et empêchent l'organeau 4 de passer sur la première partie
de corps 10 lorsqu'il parvient, par coulissement le long de
la seconde partie de corps 16, à l'une quelconque des
extrémités 12 ou 14.
La partie d'accrochage 8 est montée articulée sur la
première partie de corps 10, autour d'un axe de rotation X-X
(voir également figures 3 et 4) recoupant
perpendiculairement le plan général de la première partie de
corps 10 sensiblement à mi-chemin entre les extrémités 12 et
14.
Dans un mode actuellement préféré de la réalisation
de la présente invention, représenté sur les figures 1 à 7,
la première partie de corps 10, vue latéralement comme sur
la figure 2, a de manière générale la forme d'un triangle
ayant sa base 18 reliant les extrémités 12 et 14 et un
sommet 20 opposé à la seconde partie de corps 16 par rapport
à la base 18, définissant une arête de la première partie de
corps 10 (voir figure 3).
L'angle α du sommet 20 (voir figure 2) est compris
entre 150 et 170°, étant de préférence égal à 160° comme
sensiblement représenté sur les figures 1 à 7.
On notera que l'épaisseur du corps 2 est très faible
par rapport à la longueur de celui-ci, du fait que le poids
du corps 2 n'intervient que de manière accessoire dans le
fonctionnement de l'ancre, comme cela sera décrit
ultérieurement.
Dans ce mode préféré de réalisation, la partie
d'accrochage 8 est montée pivotante autour d'un arbre 22
d'axe X-X, la position de cet axe par rapport au sommet du
triangle étant à préciser ultérieurement.
Cet arbre 22 peut être constitué de deux demi-arbres
s'étendant alignés de part et d'autre de la première partie
de corps 10, ou peut être un arbre traversant celle-ci.
La partie d'accrochage 8, par elle-même, est
constituée dans le mode de réalisation représenté, de deux
moitiés symétriques 24 et 26 qui, lors du montage, sont
fixées l'une à l'autre par une ligne de soudure 28 (voir
figures 1 et 3).
Compte tenu de la symétrie par rapport à la ligne de
soudure 28, seule la moitié 24 va être décrite ci-après.
La moitié 24 comporte un manchon cylindrique 30 dont
le diamètre intérieur correspond sensiblement au diamètre
extérieur de l'arbre 22, pour être monté librement rotatif
sur celui-ci.
Le diamètre extérieur du manchon 30 est tel que la
surface extérieure de ce dernier passe approximativement par
le sommet 20 de la première partie de corps 10.
En d'autres termes, cet agencement détermine la
position de l'axe X-X par rapport au sommet 20, la distance
entre eux étant la somme du rayon de l'arbre 22 et de
l'épaisseur du manchon 30.
On notera également que le manchon 30 ne s'étend pas
jusqu'au plan radial contenant la ligne de soudure 28, la
distance entre ce plan et le manchon étant au moins égale à
la moitié de l'épaisseur du corps 2.
La moitié 24 de la partie d'accrochage 8 comporte
deux demi-palettes 32 et 34 (voir figures 1 et 4) qui sont
pratiquement toutes deux tangentes le long d'une génératrice
36 de la surface extérieure du manchon 30, et s'étendent de
part et d'autre de celle-ci, en formant entre elles un angle
β compris entre environ 140 et 160°, étant de préférence de
150° (voir figure 2).
De même, la moitié 26 de la partie d'accrochage 8
comporte deux demi-palettes 33 et 35, de sorte qu'après
assemblage, on obtienne deux palettes 32, 33 et 34, 35
respectivement (voir figure 4).
Ces palettes ont une longueur correspondant
approximativement à 1/3 de la longueur de l'ancre.
Chaque demi-palette 32 et 34 comporte une encoche 38
et 40 respectivement (voir figure 4).
Chaque encoche 38 ou 40 s'étend longitudinalement à
partir de la génératrice 36, sa largeur à partir de la ligne
de soudure 28 étant supérieure à la moitié de l'épaisseur de
la première partie de corps 10 (voir figures 3 et 4).
La longueur de chaque encoche est telle que lors
d'une rotation d'environ 20° autour de l'axe X-X (voir
figure 5) la partie d'accrochage 8 n'interfère pas avec la
première partie de corps 10 (notamment la moitié de palette
34 dans l'exemple de la figure 5).
Cette longueur peut être facilement déterminée par
l'homme du métier.
De plus, le manchon 30 de la seule moitié 24 de
partie d'accrochage comporte, sur la génératrice extérieure
diamétralement opposée à la génératrice 36, une saillie 42
située à proximité de son extrémité proche du plan radial
passant par la ligne de soudure 28.
Cette saillie 42 est destinée à coopérer avec deux
butées 44 et 46 situées sur la face de la première partie de
corps 10 qui est dirigée vers la moitié 24.
On notera que cet agencement peut également être
situé sur la moitié 26 seulement ou même sur les deux
moitiés.
Les butées 44 et 46 limitent la rotation de la
saillie 42, donc de la partie d'accrochage 8, autour de
l'axe X-X à un angle de 40° maximum c'est-à-dire 20° de part
et d'autre d'un plan passant par l'axe X-X, et le sommet 20
de la première partie de corps, ce plan constituant un plan
de symétrie de la partie d'accrochage.
On notera qu'après avoir positionné le manchon 30 de
chaque moitié de partie d'accrochage, ces deux moitiés sont
assemblées le long de la ligne de soudure 28, pour former un
tout. Alors, chaque palette a une forme de pelle ayant une
partie de bec, analogue aux ancres pelles connues.
Cependant, une telle forme ne fait pas partie de la
présente invention et peut être modifiée par l'homme du
métier sans sortir de la portée des revendications annexées.
On notera également que le poids de la partie
d'accrochage 8 est nettement supérieur au poids du corps 2,
de sorte que lorsque l'ancre est jetée dans l'eau, celle-ci
descend dans l'état de repos représenté sur la figure 2.
A partir de cet état, lorsque l'ancre atteint le
fond de l'eau, les becs de chaque palette viennent en appui
sur ce dernier en s'enfonçant éventuellement légèrement,
dans une position d'attente, à l'état de repos.
La chaíne va ensuite prendre sa position naturelle
c'est-à-dire faire une courbe qui, à partir de l'ancre, est
à peu près tangente au fond de l'eau et ensuite remonte vers
l'engin flottant.
Lors de cette prise de position naturelle,
l'organeau 4 coulisse le long de la seconde partie de corps
16, pratiquement jusqu'à l'une des extrémités 12, 14.
On va décrire ci-après le cas où ladite extrémité
est l'extrémité 14, comme représenté sur la figure 5.
Dans cet état, la chaíne tirant sur l'organeau va
tirer sur l'ancre qui racle le fond et va faire tourner la
partie d'accrochage 8 autour de l'axe X-X sur un angle de
20° maximum du fait des butées 44 et 46, en rendant active
la palette 32, 33.
En d'autres termes, la palette 32, 33 va s'enfoncer
dans un sol mou ou pénétrer dans une crevasse ou venir
s'accrocher sous un rocher 50 comme ceci est représenté sur
la figure 5.
On notera que la forme triangulaire de la première
partie de corps 10 agrandit l'ouverture dans laquelle peut
pénétrer un rocher.
A partir d'un tel état, représenté sur la figure 5,
lors d'un reflux ou d'une inversion de courant, l'organeau 4
va être entraíné par la chaíne 6 à coulisser le long de la
seconde partie de corps 16 vers l'extrémité 12.
A partir d'un certain point de coulissement,
l'organeau 4 va tirer sur l'ancre 2 dans une direction
située dans le plan général de la palette active 32, 33,
dans un sens supprimant l'accrochage, cet état étant
représenté sur la figure 6.
Dans cet état la force de traction sur l'ancre à une
composante très forte dans le plan de la palette 32, 33 ce
qui va assurer le décrochage.
Le coulissement de l'organeau 4 se poursuit alors
jusqu'à l'extrémité 12 et l'opération d'accrochage telle que
décrite ci-dessus s'effectue à nouveau, la palette active
devenant la palette 34, 35 (voir figure 7) par coopération
avec par exemple un autre rocher 52.
En d'autres termes, l'ancre 2 selon la présente
invention est considérée comme ne pouvant être perdue du
fait que lorsqu'on relève l'ancre, en tirant sur le
mouillage, le bateau vient à la verticale de l'ancre,
l'organeau 4 venant au milieu de la seconde partie de corps
16.
Dans cet état, les palettes tirées vers le haut se
dégagent facilement même si l'une d'elles est enchâssée dans
une roche ou un filet, du fait qu'il existe une composante
de force inverse à la force d'accrochage.
Ceci peut encore être favorisé par le coulissement
de l'organeau qui amène à réduire l'ouverture existant entre
la palette active et la première partie de corps 10,
provoquant un effet de coin qui aide encore à décrocher
l'ancre.
Par ailleurs, dans le cas d'un reflux, la perte
d'accrochage est très limitée dans le temps, la nouvelle
position d'accrochage étant pratiquement immédiate.
Bien qu'on ait décrit la présente invention sous la
forme d'un mode actuellement préféré de réalisation, il est
à noter que de nombreuses modifications peuvent être faites
sans sortir de la portée de celle-ci telle que définie par
les revendications annexées.
Par exemple, la saillie 42 peut être agencée sur la
première partie de corps 10 et les butées 44, 46 peuvent
dans ce cas être agencées sur l'un des manchons 30.
On peut de plus réaliser un assemblage permettant de
changer facilement la partie d'accrochage. Dans ce cas on
remplace l'arbre 22 par une vis traversant la première
partie de corps 10 et un écrou, ce qui permet également de
réaliser les deux palettes en un seul bloc.
Dans ce dernier cas le montage et le démontage de la
partie d'accrochage sont faciles.
Au lieu de réaliser des moitiés de palettes réunies
ensuite par soudure, on peut construire des palettes
entières (correspondant à la palette 32, 33 ou à la palette
34, 35) et souder sur celles-ci les manchons 30 après qu'ils
aient été positionnés autour de l'arbre 22.