Procédé pour la fabrication d'un fil fantaisie et dispositif pour sa mise en oeuvre
La présente invention se rapporte à un procédé pour la fabrication d'un fil fantaisie, notamment d'un fil doupion, à un dispositif pour sa mise en oeuvre et à un fil ainsi obtenu.
Le doupion est en principe un fil de soie grège irrégulière. Par extension, et on adoptera cette définition dans la suite de la description, on désigne par fil dou pion ou fil à boutons , un fil possédant des protubérances sur sa longueur. Selon l'effet désiré, on peut faire varier la longueur, le diamètre moyen, I'intensité et la fréquence de ces protubérances.
Pour préparer ces fils, on a tout d'abord fait appel à des procédés mécaniques, adaptés à la filature classique elle-même notamment au moulinage. Mais ces procédés sont assez lents, de sorte que les fils obtenus restent très coûteux.
Dans le certificat d'addition No 71986 au brevet fran çais N 1115551 de Du Pont de Nemours, on a proposé un procédé pour la fabrication de fils fantaisie, dans lequel on introduit. avec des vitesses différentes, au moins deux fils à multifilaments continus dans une zone où un fluide, tel que de l'air comprimé, produit une turbulence, et on renvide le filé formé à une vitesse sensiblement égale à la plus petite des vitesses d'alimentation des fils.
Pour obtenir un effet doupion, on fait varier périodiquement le rapport entre la vitesse du suralimentation du fil d'effet et celle du fil d'âme. Les parties formant doupion sont alors constituées par des filaments présentant individuellement des spires, des boucles et des circonvolutions disposées à intervalles irréguliers sur la longueur du fil.
Dans une autre forme de réalisation de ce procédé pneumatique, on a également suggéré de faire varier alternativement et périodiquement la vitesse d'alimentation de chaque fil. Ainsi, chaque fil forme à tour de rôle le doupion (fil d'effet) et l'armature, (fil d'âme).
Les fils doupions ainsi obtenus sont généralement satisfaisants pour de nombreuses applications, tant en tissage qu'en tricotage. Mais, la réalisation de ces procédés nécessite l'intervention d'organes particuliers et supplémentaires, notamment pour faire varier la vitesse d'alimentation de l'un des fils, de sorte que ces techniques restent encore coûteuses et se prêtent assez peu aux vitesses de production élevées, compatibles avec les vitesses atteintes lors du filage des fils chimiques.
Le procédé faisant l'objet de l'invention, qui consiste à introduire, avec des tensions différentes, au moins deux fils dans une zone où un fluide produit une turbulence de manière que le fil le moins tendu forme des boucles, des circonvolutions et autres autour du fil le plus tendu jouant le rôle de fil d'ame, puis. éventuellement après retordage, à renvider le filé obtenu, se caractérise en ce que le fluide produisant ladite turbulence agit seulement par intermittences, et en ce qu'il exerce également une aspiration sur le fil le moins tendu, de sorte que ce fil se trouve, dans ladite zone de turbulence, subitement en suralimentation par rapport au fil le plus tendu. Dans la forme de réalisation pratique, la formation des boucles et la suralimentation provoquées par le fluide s'effectuent simultanément.
L'expression avec des tensions différentes signifie que les fils sont introduits dans la zone de turbulence sous des tensions telles que l'un des fils présente un mou important par rapport à l'autre, de manière à pouvoir boucler etc., et ainsi jouer le rôle de fil d'effet. Selon l'effet désiré, un technicien peut faire varier ces tensions dans de très larges limites.
Par rapport aux procédés pneumatiques antérieurs.
ce procédé crée la turbulence de fluide seulement par intermittences, régulières ou non, ensuite ledit fluide, outre sa fonction classique et connue de formation de la partie doupion par bouclage, entrelaçage etc., du fil le moins tendu avec le fil le plus tendu, exerce simultanément, par aspiration, la fonction de suralimentation du fil le moins tendu, ce qui permet de faire coïncider avec précision l'étape suralimentation et l'étape bouclage, entrelaçage, circonvolutions etc., c'est-à-dire de formation de la partie doupion. De plus, comme ces deux étapes sont réalisées grâce à un seul et même moyen: le fluide. il n'est plus utile de faire appel à des dispositifs spéciaux pour réaliser la suralimentation.
Enfin, comme le fluide entre en action seulement par intervalles, de préférence irréguliers, le procédé ne nécessite donc pas une dépense continue dudit fluide.
Le fil d'effet (fil le moins tendu) et le fil d'âme (fil le plus tendu) sont de préférence formés par des fils à multifilaments continus d'origines diverses. On peut choisir par exemple des fils artificiels, tels que ceux en acétate ou triacétate de cellulose, en rayonne ou dérivés, des fils synthétiques tels que ceux en polyamide, en polyester, en polyoléfine, en polyuréthanne, en vinylal et autres. Les multifilaments acryliques se sont révélés particulièrement intéressants. De même, on peut mélanger des fils de nature chimique, propriétés physiques (taux de retrait, d'allongement, aspect, couleur, section, etc.) et autres caractéristiques différentes.
Dans une forme de réalisation préférée, on utilise des fils peu ou pas tordus. En pratique, le fluide utilisé est un gaz, notamment un gaz inerte. Pour des raisons d'ordre économique, le fluide préféré est l'air comprime.
Un dispositif préféré pour la mise en oeuvre du procédé de l'invention se compose d'un premier canal sensibleinent rectiligne, pour le passage du fil le plus tendu, d'un second canal, débouchant dans le premier canal et formant un angle aigu avec le tronçon aval de celui-ci, pour l'introduction du fil le moins tendu, et, en amont de l'orifice du second canal dans le premier canal par rapport à la direction d'avancée du fil le plus tendu, de moyens pour exercer par intermittences sur le fil le moins tendu une aspiration et une turbulence.
Dans une forme de réalisation pratique, le second canal forme avec le tronçon aval du premier canal un angle compris entre 20 et 45 degrés.
Le dessin annexé représente, à titre d'exemple, une forme d'exécution du dispositif pour la mise en oeuvre du procédé, objet de l'invention.
La fig. 1 montre une installation pour la mise en oeuvre du procédé selon l'invention, adaptée sur un métier de filage de fils synthétiques.
On conçoit aisément que l'on peut aussi équiper sensiblement de la même manière toute autre installation pour la transformation de fils: moulin, etc.
Les fig. 2 et 3 illustrent des formes de réalisation de dispositifs conformes à l'invention.
Sur le parcours normal d'un fil (1) maintenu à sa tension normale de renvidage, on dispose, entre les rouleaux délivreur (2) et renvideur (3), une buse (4) alimentée, depuis une bobine (5), avec un fil (6) peu tendu. Par un moyen non représenté, manuel ou automatique (valve électromagnétique ou pneumatique commandée par un système donnant des impulsions tels que systèmes à cames, à cartes perforées, magnétiques, etc.) on envoie par intermittences de l'air comprimé dans la buse (4).
Comme déjà dit, l'air comprimé: - provoque une aspiration, donc une suralimentation
du fil le moins tendu, - crée une turbulence et ainsi le bouclage et l'entrela
çage du fil suralimenté autour et dans le fil le plus
tendu, qui joue alors le rôle de fil d'âme; ainsi se
forme le doupion.
La fig. 2 est une représentation schématique d'une buse pour la mise en oeuvre du procédé décrit. Sur cette figure, 1 1 désigne le conduit d'amenée de fluide, relié à une source d'air comprimé non représentée; 12 le canal de passage du fil le plus tendu (fil d'âme); 13 le canal d'alimentation du fil le moins tendu (fil d'effet).
Au moyen de conduits appropriés 14, l'air introduit en 11 débouche dans la partie haute 15 du canal 12.
Grâce à l'inclinaison des orifices 14 etlou l'évasement de la partie haute 15, il provoque en partie l'aspiration du fil d'effet et la turbulence, qui boucle et entrelace ce fil en formant la partie doupion.
La fig. 3 montre une coupe d'une buse donnant satisfaction pour la mise en oeuvre du procédé décrit. Comme à la fig. 2, 1 1 désigne le conduit d'amenée de fluide, assemblé au corps de la buse au moyen d'une colle ou d'un pas de vis par exemple. Le fluide (air comprimé) débouche dans une chambre circulaire 16 reliée à la partie haute 15 du canal de passage pour le fil d'âme 12 par l'intermédiaire de deux conduits 14, inclinés par rapport à la direction d'avancée du fil dans le canal 12. Un joint torique 17 assure l'étanchéité de la chambre 16.
Au point de jonction du canal 12 et du canal 13 d'alimentation du fil d'effet, on a placé un petit barreau en céramique frittée 18 de manière à diminuer les frottements sur le fil d'effet.
Le canal 13 est précédé d'un conduit 19, dans lequel on injecte en permanence par un ajutage 20, de l'air comprimé ce qui permet de maintenir la tension appropriée sur le fil d'effet.
Exemple I
A la vitesse de 600mlmn et sous une tension de 9 grammes, on introduit un fil acrylique à multifilaments continus 70 deniers/22 brins sans torsion dans le canal 12 de la buse décrite précédemment (fig. 3). Sous une tension de 1 gramme maintenue grâce à une faible injection d'air comprimé dans l'ajutage 20, on alimente le canal 13 au moyen d'un autre fil acrylique à multifilaments continus 90 deniers/32 brins, sans torsion également.
Par des impulsions irrégulières, déclenchées au moyen d'un jeu de cames de formes et de vitesses différentes donnant une impulsion répartie au hasard, dont la fréquence moyenne est de l'ordre de la seconde, on envoie dans le canal 1 1 de la buse de l'air comprimé à 2 bars. Le filé obtenu est ensuite renvidé normalement sans torsion sur bobine.
Ce fil utilisé directement en trame donne un tissu présentant un effet doupion très marqué.
Exemple 2
On répète l'exemple 1 en utilisant: comme fil d'âme, un fil acrylique à multifilaments
70 deniers/22 brins, sans torsion, ayant un pouvoir
de rétraction de 19 % dans la vapeur à 1200 C, comme fil d'effet, un fil en triacétate de cellulose
75 deniers/24 brins, mat, également sans torsion.
Ce fil utilisé en trame donne un tissu qui, après passage dans une rame dans des conditions suffisantes pour provoquer le retrait du fil acrylique, présente, outre l'aspect doupion, un toucher très agréable.
Exemple 3
Sur une étireuse classique de fil de polyamide équipée d'un système de renvidage sur bobine, sans torsion (vitesse de renvidage 700 même) on remplace le dernier point fixe avant le système de renvidage par la buse décrite et fonctionnant comme à l'exemple 1, alimentée dans les conditions suivantes: - le fil d'âme est formé par un fil de polyhexaméthylène
adipamide 70 deniers/34 brins demi-mat qui est étiré
en amont sur le métier même; ce fil est introduit
dans la buse sous une tension de 6 grammes environ; - le fil d'effet est également un fil de polyhexaméthy
lène adipamide 100 deniers/34 brins, sans torsion,
alimenté sous une tension de 2 grammes environ.
REVENDICATION I
Procédé pour la fabrication d'un fil fantaisie, notamment d'un fil doupion , suivant lequel on introduit, avec des tensions différentes, au moins deux fils dans une zone où règne une turbulence, de manière à former sur le fil le moins tendu des boucles, des circonvolutions et autres, enchevêtrées dans le fil le plus tendu jouant le rôle de fil d'âme, puis on renvide le filé obtenu, caractérisé en ce que le fluide produisant ladite turbulence agit seulement par intermittences, et en ce qu'il exerce également une aspiration sur le fil le moins tendu, de sorte que ce fil se trouve, dans ladite zone de turbulence, subitement en suralimentation par rapport au fil le plus tendu.
SOUS-REVENDICATIONS
1. Procédé selon la revendication I, caractérisé en ce que la turbulence est produite par un fluide gazeux, tel que l'air comprimé.
2. Procédé selon la revendication I ou la sous-revendication 1, caractérisé en ce que la turbulence est provoquée à intervalles irréguliers.
3. Procédé selon la revendication I ou la sous-revendication 1, caractérisé en ce que les fils sont des multifilaments continus.
REVENDICATION II
Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé selon la revendication I, caractérisé en ce qu'il comprend un premier canal (12), sensiblement rectiligne, pour le passage du fil le plus tendu, un second canal (13), débouchant dans le premier canal (12) et formant un angle aigu avec le tronçon aval de celui-ci, pour l'introduction du fil le moins tendu, et, en amont de l'orifice du second canal (13) dans le premier canal (12) par rapport à la direction d'avancée du fil le plus tendu, des moyens pour exercer par intermittences sur le fil le moins tendu, une aspiration et une turbulence.
REVENDICATION III
Fil fantaisie, notamment fil doupion, obtenu par le procédé selon la revendication I.
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