Procédé d'obtention d'aérosols. La présente invention, à laquelle a colla boré 1I. Armand-Jean Courtier, a pour objet un procédé d'obtention d'aérosols, c'est- à-dire un procédé permettant d'amener à l'état d'aérosols des matières très diverses, no tamment des insecticides, fongicides, bactéri cides, etc.
L'invention est particulièrement avanta geuse lorsqu'il s'agit de mettre en l'état. d'aé rosols des substances pour lesquelles une élé vation de température excessive serait préju diciable.
Dans le cas des insecticides, on sait qu'il est connu d'utiliser ces agents sous forme d'aérosols et de produire ces aérosols au moyen d'explosifs qui sont mélangés à l'insec ticide et qui, au moment. de la déflagration, le dispersent. en particules extrêmement ténues susceptibles de se maintenir en suspension plus ou moins longtemps dans l'atmosphère et de pénétrer les moindres interstices des pa rois avec lesquelles elles sont en contact. Avec les explosifs qui ont été proposés jusqu'à pré sent pour cette application, le rendement de la dispersion, c'est-à-dire le rapport du poids de l'insecticide transformé en aérosol au poids de l'insecticide mis en oeuvre, est souvent fai ble.
Cela tient en grande partie à ce qu'au cours de la déflagration, le mélange est porté à température élevée, de sorte qu'une partie de l'insecticide est détruite. Cet inconvénient est particulièrement marqué avec les insecti- cides organiques tels que le di-(parachloro- phényl)-1-1-trichloréthane-2-2-2 ou le y-hexa- chlorocyclohexane: C6H6Cls.
Le procédé d'obtention d'aérosols, objet de la présente invention, permet d'éviter les inconvénients de cette nature et il procure en même temps divers autres avantages qui se ront indiqués plus loin.
Le procédé selon l'invention est caractérisé en ce que l'on mélange le corps à disperser avec de la eyanamide ou de la dicyandiamide et on porte ce mélange à une température suf fisante pour provoquer la transformation exo thermique de la cyanamide ou de la dicyandi- amide. On sait que si l'on soumet la cyan- amide ou son bimère, la dicyandiamide, à. l'ac tion de la chaleur, on provoque une réaction exothermique violente qui est accompagnée du dégagement d'une grande quantité de fumée.
Cette réaction est très complexe et comprend à la fois une polymérisation et une décomposi tion partielles de la matière.
Les essais faits par la titulaire ont établi que, dans les conditions du procédé de l'in vention, la quasi-totalité du corps à disperser est amenée à l'état d'aérosol.
Le procédé de l'invention présente encore d'autres avantages: Les gaz formés sont incombustibles. La réaction de décomposition est très facile à amorcer et à entretenir et il suffit de chauffer le mélange sur une petite flamme pour qu'ap- paraisse en quelques instants l'éruption d'une fumée très ténue chargée du corps à disperser, lequel reste en suspension dans l'atmosphère pendant une longue durée. Aucun matériel spécial n'est nécessaire pour la mise en oeuvre du procédé de l'invention.
La quantité de cy anamide et/ou de dicyan- diamide à utiliser est très variable, mais la titulaire a remarqué que les meilleurs résul tats sont obtenus lorsque cette quantité est. au moins de l'ordre d'une partie en poids pour une partie de corps à disperser. Dans le cas des insecticides, on peut même utiliser une proportion phis importante de eyanamide et de dicyandiamide, car ces produits ont. une action agressive sur les tissus chitineux des insectes et favorisent par là. la pénétration de l'insecticide.
On peut aussi utiliser la cyanamide et/ou la dicyandiamide en mélange avec d'autres substances capables de fournir par leur dé composition thermique un appoint. de cha leur, par exemple le nitrate d'ammonium.
Voici quelques exemples de réalisation du procédé de l'invention. Dans ces exemples, le d;. -(parachlorophény 1) -1-trichloréthane,- \' -2-2 est appelé, pour simplifier, dichlorodiphényl- trichloréthane.
Exemple <I>1:</I> On broie dans un mortier 10 g de dichloro- diphényltrichloréthane avec 25 g de cy an- amide cristallisée.
Le mélange est versé dans une boîte mé tallique de 250 cms, placée sur une petite lampe à alcool dans une enceinte de 64 m#, environ. Après 1 minute de chauffage, il se produit une réaction violente et un abondant dégagement de fumée qui cesse après 5 minu tes environ. On a constaté les effets suivants a.) Une gage grillagée contenant 60 droso philes est laissée pendant 15 minutes clans l'atmosphère de l'enceinte. Les insectes sont sévèrement atteints par l'aérosol. 30 minutes après l'avoir extraite de l'enceinte, ils sont. terrassés, et après une heure, ils ne bougent plus que les pattes.
b) Pour mesurer l'action de l'aérosol sur les parois de l'enceinte, on applique sur celles-ci une dizaine de disques de papier filtre de 0,6 dm2 de surface. Ces disques sont laissés en contact avec l'atmosphère de l'enceinte pen dant 20 minutes. Ils sont ensuite déposés cha cun dans une boîte de l'etri avec '? brillons. Après ? jours, on constate que 5011/o des gril lons sont. morts.
c) Pour mesurer le rendement de la dis persion, on fait passer en 3 minutes au tra vers d'un papier buvard de 1 dm'2 de surface un volume de 800 litres de gaz de l'enceinte, prélevé peu après. la dispersion. Le papier est ensuite mis à digérer dans la potasse alcooli que bouillante, de concentration demi-nor- male. On neutralise ensuite par l'acide nitri que et l'on dose le chlore par la méthode de Volhard. On trouve une quantité clé chlore correspondant à 112 m- de dichlorodiphényl- trichlorét.hane,
ce qui correspond à 9 g de cet insecticide pour les 6.1 ms de l'eneeinte, alors qu'on a mis en oeuvre 10 g de ce produit.
d) La, grandeur des particules dans l'at mosphère de l'enceinte 8 minutes après la dis persion est mesurée de la faeon suivante: à 50 cm du sol de l'enceinte. on dispose v erti- ealement une lamelle porte-objet de micros- eope entre deux électrodes espacées de 3 cm. On. maintient pendant. 8 secondes une tension de 10 000 volts entre les deux électrodes. La lamelle est ensuite examinée avec un micros cope grossissant 500 fois.
On observe deux taches seulement dont le diamètre apparent soit supérieur à 5 mm, une trentaine de taches d'environ 3 mm et plusieurs centaines dont le diamètre est inférieur à ? min. La quasi-tota- lité des particules possède donc un diamètre réel nettement inférieur à :5 microns. Ceci explique la. stabilité de l'aérosol qui peut se maintenir en suspension pendant plusieurs heures.
Exemple <I>,?:</I> On opère comme ci-dessus, mais avec le mélange suivant: 10 g de diehlorodiphényltrichloréthane 10 g de cyanamide cristallisée 1.0 g de nitrate d'amm.onium Les résultats sont tout à fait analo-ues à roux de l'exemple 1:
toutes 1s drosophiles sont mortes ainsi que 40 % des grillons.
Les particules déposées sur la lamelle porte-objet ont les mêmes dimensions que pré cédemment.
Exemple. <I>3:</I> On opère comme ci-dessus, mais avec le wélange suivant: h g de dicyandiamide <B>10</B> g de diehlorodiphényltrichloréthane Le dosage de l'insecticide indique que 4 g seillement ont été dispersés. On n'a pas ob- seilvé (le mort de ginllons, mais les drosophiles sont. terrassées après 2 heures.
Le rendement de la dispersion n'est donc pas aussi favora ble que dans les exemples précédents, ce qui peut être attribué au fait que la transforma tion de la dïcyandiamide est, moins exother- inique que celle de la cyanamide. On a donc intérêt à associer, comme dans l'exemple ci- après, du nitrate d'amonium à la dicy andi- amide.
<I>Exemple 1:</I> On opère avec le mélange suivant: 1 3 g de dicy andiamide 12 g de nitrate d'ammonium <B>10</B> g de diehlorodiphényltrichloréthane Les résultats sont alors les mêmes que ceux obtenus dans l'exemple 1.
<I>Exemple 5:</I> On broie dans un mortier 10g de y-hexachloroey clohexane commer eial 10 g de diey andiamide lie mélange est versé dans une boîte de l'er de 400 em3 et chauffé sur une flamme de bec de gaz dans une enceinte de 6:1. ms envi ron. Après 2 minutes de chauffage, il se pro duit un abondant dégagement de fumée qui persiste pendant 2 à, 3 minutes.
Sur le mur de l'enceinte, on a appliqué verticalement., comme dans les exemples précédents, une dizaine de disques de papier filtre de 0,6 dm2 de surface. ('es disques sont laissés en contact avec l'atmo- sphère de l'enceinte pendant environ 10 mi nutes, puis déposés dans des boîtes de Pet.ri avec 2 grillons. 24 heures après tous les gril lons sont morts.
Exemple <I>6:</I> On opère comme ci-dessus, mais avec un mélange de: 10 g de y-hexachlorocyclohexane 10 g de nitrate d'ammonium 10 g de dicyandiamide Les résultats sont analogues à ceux de l'exemple précédent.
<I>Exemple 7:</I> On opère comme ci-dessus, avec le mélange de: 10 g de y-hexachlorocyelohexane 20 g de cyanamide cristallisée Les résultats sont les mêmes que dans les deux exemples précédents.
On peut penser que la dispersion des insec ticides suivant le procédé de l'invention .s'effectue dans les conditions suivantes La plupart des insecticides organiques sont. décomposés au-dessous de leur point d'ébullition sous la pression atmosphérique, aussi ne peut-on les vaporiser sous cette pres sion dans les conditions habituelles.
D'autre part, à l'état liquide, ces insecti cides sont. peu ou pas solubles dans la cyan- amide ou la dicyandiamide fondue.
La. masse de cyanamide ou de dicyandi- amide contenant l'insecticide peut, par suite, au moment. de la réaction, être assimilée à un mélange de deux liquides non miscibles. On sait qu'en soumettant de tels mélanges à ce qu'on appelle généralement un entraînement à la vapeur, il est possible de distiller sous la pression atmosphérique leurs constituants à une température bien inférieure à leur point d'ébullition sous cette pression.
On peut sup poser qu'il en est de même dans les mélanges d'insecticides et de cyanamide et/ou de di- cyandiamide au sein desquels la violente réac tion exothermique détermine vraisemblable ment un entraînement à la vapeur de cyan- amide (ou de dicyandiamide). L'excellent rendement de la dispersion s'explique probablement par le fait que la.
température maximum atteinte dans la masse au cours des transformations exothermiques de la cyanamide et/ou de la dicyandiamide est constamment inférieure à la température de décomposition de l'insecticide.
D'autre part, l'insecticide vaporisé se trouve en équilibre instable, sa tension de va peur étant, à la température ordinaire, bien inférieure à la pression atmosphérique. Il. se condense donc immédiatement. et l'on concoit que la. dispersion ainsi obtenue à partir d'une vapeur soit beaucoup plus fine que celle qu'on pourrait. réaliser par pulvérisation mécanique de l'insecticide à l'état liquide.
La titulaire a trouvé également que dans le cas où l'on emploie la. dicyandiamide asso- eiée au nitrate d'ammonium pour disperser un insecticide, il est possible d'obtenir le mé lange de ces substances avec l'insecticide sous la forme d'un solide dense dont on peut con fectionner des cartouches ou des pastilles beaucoup plus maniables que les mélanges pulvérulents décrits ci-dessus.