Procédé pour la cinématographie en couleurs, et dispositif pour sa mise en aeuvre. On connaît des procédés de cinématogra- phie en couleurs dans lesquels on projette suc cessivement une série de vues du sujet prises avec des filtres monochromatiques appropriés. L'oeil du spectateur recompose ces vues élé mentaires et reçoit ainsi l'impression d'une vue unique en couleurs naturelles.
L'inconvé nient de ce procédé est que si la, série de vues élémentaires (trois, par exemple, dans le cas le plus fréquent de la trichromie) correspond exactement à un même instant de la prise de vues (c'est-à-dire si les trois vues ont été prises simultanément), il faut multiplier la vi tesse de déroulement du film pour conserver la même impression de continuité dans le mouvement (par exemple projeter 72 images par seconde pour conserver l'impression de continuité donnée par 24 images par seconde dans la cinématographie en noir).
Si, pour éviter cet inconvénient, les diverses vues élé mentaires correspondent à des instants suc cessifs de la prise de vues, la combinaison des couleurs n'est plus correcte dans le cas d'un sujet en mouvement dont les bords paraissent désagréablement irisés.
On connaît également des procédés con sistant à projeter simultanément sur l'écran plusieurs images élémentaires monochroma tiques superposées, prises simultanément lors de la prise de vues. Cette solution est théo riquement parfaite, mais elle exige en pra tique un matériel extrêmement compliqué et il est. en fait impossible d'obtenir de faon constante la superposition des images élémen taires sur l'écran.
Enfin, les deux genres de procédés sus mentionnés comportent une difficulté com mune, savoir l'obligation que les vues élé mentaires soient prises exactement avec le même point de vue, ce qui exige en pratique qu'elles soient prises avec le même objectif. A défaut, en effet, elles ne sont pas exacte ment identiques et on retrouve des irisations sur les sujets de premier plan.
Le procédé suivant l'invention est. caracté risé en ce qu'on projette simultanément sur l'écran, mais séparément l'une de l'autre, deux vues monochromatiques du sujet, prises au même instant, ces deux vues étant de couleurs différentes et la couleur de chaque image per mutant lors de la projection des couples d'images successifs, de manière à suivre la suc cession des couleurs de base choisies, et en ce qu'on observe les couples d'images sur l'écran par le moyen d'un sélecteur optique permet tant de voir simultanément tune image avec l'oeil droit, l'autre avec l'oeil gauche,
et de les superposer en une image virtuelle unique à la façon connue dans la vision stéréoscopique.
Le dispositif suivant l'invention est carac térisé en ce qu'il présente pour la prise de vues et pour la projection, au moins un disque tournant portant des filtres colorés s'interpo sant sur le trajet des rayons lumineux. Le dessin annexé représente, à titre d'exem ple, des détails de plusieurs dispositifs suivant. l'invention.
Fig. 1 montre schématiquement un film établi pour la mise en oeuvre du procédé sui vant l'invention avec deux couleurs élémen taires (dichromie).
Fig. 2 montre un film à trois couleurs élé mentaires (trichromie).
Fig. 3 et 4 indiquent schématiquement deux dispositifs pour la projection de tels films.
Fig. 5 et 6 sont des vues de face de disques à écrans colorés, respectivement pour films dichromes et trichromes.
Fig. 7 et 8 sont des vues de face et en coupe d'un dispositif à disque-écran réglable en position angulaire relative.
Fig. 9 et 10 indiquent en élévation et en coupe comment on peut observer les images projetées pour les combiner en une image vir tuelle unique en couleurs naturelles.
Fig. 11 montre schématiquement le dispo sitif de prise de vues pour l'obtention d'iui film propre à la mise en #uvre de l'invention.
Le film utilisé comporte une succession de couples d'images monochromatiques disposées de telle manière qu'elles soient projetées couple par couple par l'appareil de projec tion. Ces images juxtaposées sur le film (et par conséquent sur l'écran) peuvent être dis posées de diverses faons, mais il est préfé rable de les placer lime au-dessus de l'autre, comme l'indique la fig. 1, dans laquelle les couples successifs d'images sont référencés I, II, III, etc.
Dans le cas où l'on utilise la dichromie, chaque image correspond alternativement à une couleur et à l'autre dans les couples suc cessifs, comme indiqué en fig. 1 où les réfé rences 1 et 2 désignent les deux couleurs élé mentaires choisies. Si l'on utilise la trichromie, il en va de même, en ayant soin d'opérer une permutation circulaire logique des trois cou leurs 1, 2 et 3 comme indiqué en fig. 2. La périodicité est donc de deux couples dans le premier cas et de-trois dans le second.
On peut, bien entendu, colorer chaque image sur le film, mais on aboutit ainsi à Lui travail extrêmement compliqué et. délicat. Il est beaucoup plus simple d'avoir des images en noir et blanc, prises avec des filtres cor respondants, comme exposé ci-après et de les projeter à travers des écrans correspondant aux filtres utilisés à. la prise de vues, sui vant un procédé bien connu dans la poly chromie à images additives séparées.
Suivant l'invention, on utilise à cet effet un disque tournant pourvu de plages trans parentes colorées qu'il suffit de faire tourner en face des images du film. La fig. 3 indique une telle disposition dans laquelle le disque 10 tourne entre le film 11 et l'objectif unique de projection 12, et assez près du premier pour que les faisceaux luminemi émanant des ima ges frappent sa surface en des zones distinctes (à défaut de quoi une partie des rayons éma nant d'une image traverserait l'écran coloré destiné à l'autre image).
On comprend sans peine qu'on obtient sur l'écran de projection deux images projetées juxtaposées en hauteur, chacune étant colorée de faon correspondant à l'écran que les rayons ont traversé.
La fig. 4 indique une variante utilisant deux objectifs 12' et 12" auxquels les rayons émanant des deux images du film 11 sont sélectivement renvoyés par deux prismes doubles 13' et 13". Les objectifs sont dispo sés de facon que les images projetées sur l'écran se trouvent encore juxtaposées en hau teur sans se chevaucher. Cette disposition per met de disposer sans inconvénient le disque tournant 10 en avant des objectifs, comme indiqué.
Le disque tournant doit évidemment por ter des écrans qui, dans sa rotation, se per mutent avec une période égale à celle des images du film. Dans le cas de la dichromie, la solution la phis simple consiste à faire por ter au disque deux paires d'écrans, comme in diqué en fig. 5 où ces écrans ont. été référen cés comme les images du film en fig. 1. On vérifiera aisément que le faisceau supérieur traversera alternativement un écran 1, puis -Lui écran 2, et ainsi de suite, cependant que le faisceau inférieur tra@-ersera alternative ment un écran 2, puis un écran 1.
Le reste du disque peut être fait en une matière opaque et le disque petit ainsi constituer lui-même ob turateur tournant, si on le désire, à la condi tion que l'étendue angulaire de ses écrans soit judicieusement dimensionnée.
La fig. 6 montre < le même faon un disque pour trichromie. On vérifiera de même que pour un sens de rotation correct, il assure la permutation correspondant aux images du film représenté en fig. 2.
Il est à peine besoin de dire que le disque de la fi--. 5 fait un tour pour deux déplace ments du film, et celui de fig. 6 pour trois. Le disque fait ainsi un tour par période du film. Mais on pourrait adopter une vitesse sous-multiple de celle-ci, de telle manière que chaque tour corresponde à deux, trois, etc. périodes (lu film; il suffirait de multiplier convenablement les couples d'écrans.
En supposant. toujours que les images élé mentaires du film trichrome de la fig. 3 cor respondent aux couleurs de base 1, 2 et 3, on peut réaliser une projection correcte en pro jetant chaque image considérée successive ment en deux couleurs dont la combinaison re produise la couleur de base 1, 2 ou 3. Si l'on suppose, pour fixer les idées, que le film com porte des images correspondant respective ment aux couleurs de base rouge, jaune et bleu, au lieu de projeter une image corres pondant au rouge avec un écran rouge pen dant tout le temps de projection (1/z4 de seconde), on la projette successivement avec un écran orangé (pendant 1/4a de seconde) et avec un écran violet (pendant 1/4a de se conde).
Une image correspondant au jaune sera de même projetée successivement avec des écrans vert et orangé, et une image bleue avec des écrans violet et vert.
On remarque tout d'abord qu'on conserve ainsi une permutation circulaire orange, vert, violet, orange, etc. Mais de phis, chacune des deux images des couples successifs est. pro jetée au début de chaque temps de projection dans la même couleur que celle dans laquelle était projetée l'image correspondante du couple précédent à la fin de son temps de projection. Ainsi, par exemple, l'image supé rieure sera projetée comme suit dans les cou ples successifs: violet et orange, puis orange et vert, puis vert et violet, etc.
On comprend qu'ainsi l'on accroît considérablement l'im pression de continuité de la projection, puis que le changement de couleur se produit en dehors du changement de couples d'images projetées. Les fig. 7 et 8 montrent un dispositif de disque à écrans colorés pour la réalisation de ce procédé de projection de chaque image élémentaire successivement en deux couleurs. Les écrans s'étendent pratiquement sur toute la périphérie du disque (sauf d'inévitables sé parations de largeur très réduite). Le disque est entraîné par un mécanisme planétaire comprenant un pignon central moteur 1.4 calé sur Lin arbre de commande 15, des satellites 16 montés sur un porte-satellite 17, et une cou ronne intérieure 18 solidaire du disque 10.
Le porte-satellite 17 est monté sur un arbre 7.9 freiné par un ressort 20 qui le retient fixe pendant la marche de l'appareil. Mais un bou ton moleté 21 permet de le faire tourner à la main en exerçant un effort suffisant.
Ce disque fonctionne, bien entendu, en combinaison avec l'obturateur usuel d'un ap pareil de projection et normalement on s'ar range pour que les rayons provenant de chaque couple d'images chevauchent égale ment sur deux couples d'écrans. Mais par la manoeuvre du bouton 21 on peut décaler à volonté le disque par rapport. au film et obtenir au contraire que la. projection d'un couple d'images chevauche légèrement plus sun un couple d'écrans que sur le suivant (ou le précédent). On peut ainsi à volonté modi iier les couleurs de la projection et par suite corriger tout défaut éventuel de tonalité.
Il va de soi qu'on pourrait utiliser tout autre -genre de mécanisme planétaire dans lequel le calage d'un arbre de sortie par rapport, à -Lin arbre d'entrée puisse être modifié par le déplacement angulaire d'un organe normale ment fixe. Les fig. 9 et 10 indiquent schématique ment comment on peut observer les images projetées sur l'écran. On dispose en face de chaque oril un dispositif réflecteur double 22' ou 22" qui lui permet de voir uniquement l'une des images projetées. Ces dispositifs sont réglés en orientation, de manière à ramener les deux images virtuelles à se superposer exactement.
La fig. 11 indique comment on peut opé rer la prise de vue, de manière à réaliser di rectement un film négatif (ou éventuellement positif) propre à être projeté et observé à la faon qui vient d'être décrite. On utilise à cet effet deux objectifs superposés 23' et 23", et les faisceaux émanant de ces objectifs en direction du film sont renvoyés par deux prismes doubles 24' et 24". En face des ob jectifs 23' et 23" tourne un disque 10 por tant des filtres colorés appropriés. On remar quera que cette disposition est identique à celle de la fig. 4. Il est donc inutile de la décrire plus avant.
Le procédé utilisant l'appareil de la fig.11 comporte pour chaque couple d'images une certaine parallaxe d'espace, laquelle dépend de l'écartement des objectifs 23' et 23" à la prise de vue (fig. 11). Par contre, pour chaque image dans les couples successifs, cette parallaxe d'espace n'existe pas, puisque toutes les images supérieures, par exemple, sont prises avec le même objectif.
Le procédé utilisant l'appareil de la fig. 11 comporte encore pour chaque image des couples successifs une parallaxe de mouve ment, puisque ces images sont prises à des instants successifs. Cette parallaxe est d'ail leurs d'importance réduite quand chaque image est projetée en deux couleurs succes sives, comme expliqué. Par contre, pour chaque couple d'images cette parallaxe de mouvement n'existe pas, puisque les deux images du couple sont prises simultanément.
On peut donc en conclure que l'inconvé nient dés parallaxes est extrêmement réduit. L'apparition de franges irisées est pratique ment insensible, Le procédé suivant l'invention s'applique de faon avantageuse avec les procédés de cinématographie stéréoscopique. Si l'on con sidère, par exemple, les procédés à images stéréoscopiques élémentaires juxtaposées en hauteur, chaque image peut jouer le rôle d'image élémentaire monochrome suivant le présent procédé, lequel n'exige plus alors pour sa mise en oeuvre que la. disposition de filtres colorés à la prise de vue et celle d'écrans cor respondant à la projection, sans aucune mo dification du matériel stéréoscopique existant.