Mécanique d'armure de métier à tisser. L'invention a pour objet une mécanique d'armure de métier à tisser du genre Verdol, c'est-à-dire dans laquelle la sélection des fils de chaîne est assurée par un papier perforé, ce papier sélectionnant des aiguillettes qui, à. leur tour, assurent la sélection de butoirs qui actionnent les crochets pour les mettre ou non en prise avec le cadre mobile qui assure leur levée.
Dans les mécaniques connues du genre en question, les butoirs sont horizontaux et leur mouvement est assuré par un train de barres, lui-même animé d'un mouvement alter natif horizontal; leur sélection résulte d'un mouvement alternatif vertical du cylindre, qui soulève ou non les aiguillettes, les barres étant assez larges pour que les extrémités des butoirs reposent continuellement sur elles quand ils ne sont pas soulevés par les aiguil lettes.
La réalisation mécanique d'un tel mouve ment combiné du train de barres et du cylin dre est compliquée et délicate. On utilise en général des pièces à mouvement rectiligne attelées au train de barres et actionnées par des bossages prévus sur des coulisseaux soli daires du cadre de griffes, lesdites pièces portant à leur tour des bossages commandant la levée du cylindre. On aboutit ainsi à des ensembles manquant de rigidité et présentant des jeux inadmissibles, qui fonctionnent mal aux grandes vitesses. De plus, les mouve ments obtenus sont fatalement symétriques dans un sens et dans l'autre par rapport aux positions extrêmes du cadre, puisque ce sont les mêmes bossages qui passent et repassent au droit des doigts ou galets qu'ils com mandent.
La mécanique d'armure faisant l'objet de l'invention permet d'éviter les inconvénients qui précèdent et, à cet effet, elle est pourvue d'un arbre tournant en synchronisme avec le métier et imposant un mouvement alternatif à une extrémité d'une bielle dont l'autre extrémité est solidaire d'un train de barres et est astreinte à se déplacer suivant un arc de cercle, de telle manière (lue le train de barres s'élève en s'éloignant des butoirs et vice versa.
Le dessin annexé montre, à titre d'exem ple, une forme d'exécution de la mécanique d'armure faisant l'objet de l'invention.
Fig. 1 en est une vue de côté.
Fig. 2 est un schéma à grande échelle montrant quelques butoirs et les barres y associées.
Fig. 3 à 5 sont des schémas à petite échelle exposant le fonctionnement.
En fig. 1, on n'a représenté de la méca nique que l'essentiel pour la compréhension de l'invention. Le bâti 1 de la mécanique porte un arbre transversal 3, qui peut avan tageusement être celui prévu pour comman der le mouvement vertical du ou des cadres de griffes, conformément à ce qui est décrit dans le brevet suisse No 244574, déposé le 22 février 1945 au nom du même inventeur, pour "Mécanique pour métier à tisser". Sur cet arbre sont calées deux cames 4, une au voisinage de chaque côté de la mécanique, et ces cames commandent chacune un petit chariot 5 pouvant coulisser horizontalement sur le bâti 1.
La. commande s'effectue de façon desmodromique, chaque chariot étant solidaire de deux bras 5a portant des galets 5b entre lesquels tourne la came considérée.
Bien entendu, la commande desmodro- mique pourrait être réalisée par tout autre moyen, par exemple en utilisant des cames à rainure latérale, dans laquelle coulisse un doigt ou galet solidaire du chariot corres pondant.
A chaque chariot 5 est attelée en 6 une bielle 7, dont l'autre extrémité est suspendue au bâti 1 par un bras 8 articulé à ses deux extrémités. Les deux bielles 7 portent en outre le train de barres dont on aperçoit en fig. 1 la carcasse 9.
On comprend que le mouvement rectiligne alternatif du point. 6 entraîne une oscillation du bras 8. L'extrémité de la bielle 7, opposée au point 6, avec le train de barres tout entier, décrit ainsi un arc de cercle, et les choses sont réglées de telle sorte que cet arc de cercle soit fortement dissymétrique par rapport à la verticale, les barres s'élevant notablement quand elles s'éloignent du bâti 1 de la mé canique et restant au contraire sensiblement à leur position la plus basse en fin de course vers celui-ci.
En fig. ?, on voit nettement le profil des barres, qui. sont, à la façon usuelle, des sortes de cornières 10 avec une aile horizontale très large et une aile verticale tournée vers le bas et très courte. Sur ces barres reposent les extrémités des butoirs 11 qui passent dans les yeux des aiguillettes 12.
Quand le chariot 5 est repoussé à fond vers la gauche, les barres sont à leur position la plus éloignée du bâti 1 et en même temps à leur position la plus haute. Cette position est indiquée en 8' et 10' en fig. 2. C'est celle représentée par le schéma de fig. 3. Les butoirs sont alors soulevés par les barres et ils soulèvent à. leur tour les aiguillettes qui sont entièrement dégagées du papier perforé et de la table qui supporte celui-ci. On notera qu'en fig. 1, pour ne pas surcharger le dessin, on n'a pas figuré le cylindre ni ses accessoires.
Le chariot 5 revenant vers la droite, les barres reviennent vers le bâti 1 en même temps qu'elles s'abaissent. Elles passent par la. position représentée en traits pleins en 10 (fig. 2) et qui correspond à peu de chose près à la position la plus basse. Les butoirs sont ainsi descendus, entraînant avec eux leurs aiguillettes; les aiguillettes 12, qui ont trouvé un trou dans le papier (cas de fig. 4), ont pu descendre à fond, et leur butoir est resté supporté par la barre placée au-dessous de lui; il échappe ainsi à l'aile verticale de la barre immédiatement supérieure et ne re çoit pas la frappe.
Par contre, les aiguillettes qui ont rencontré un plein du papier (cas de fig. 5) ont été retenues et ont retenu avec elles leurs butoirs qui se présentent alors juste au droit de l'aile verticale de la barre immédiatement supérieure, par laquelle ils sont donc entraînés.
En fi-. 2, le butoir supérieur 11, figuré en trait plein, échappe ainsi à la frappe, comme dans le cas de fig. 4, tandis que le butoir inférieur, au contraire, est entraîné.
La suite du mouvement du chariot 5 assure la frappe des butoirs. Les barres passent de 10 (fig. 2) à 10", tandis que le bras de suspension de la bielle 7 passe de 8 à. 8". On voit que le mouvement des barres est alors pratiquement horizontal. Les fig. 4 et 5 font bien comprendre, sans explications complémentaires, que les crochets ou griffes correspondant aux butoirs frappés échap pent aux barres du cadre et ne sont pas sou levés, tandis qu'au contraire, ceux correspon dant aux butoirs non frappés sont accrochés par lesdites barres et sont levés avec le cadre.
Ainsi donc, la mécanique décrite, qui est particulièrement simple et robuste, suffit à assurer .à la fois la sélection et la frappe des butoirs, sans exiger aucun déplacement ver tical du cylindre, sans pièces à mouvement rectiligne pourvues de bossages multiples. D'autre part, on reste entièrement maître du profil de la ou des cames 4 qui peuvent don ner au train de barres un mouvement d'aller différent du mouvement de retour.
Par exemple, on peut prévoir un mouvement vers la gauche très rapide, puisqu'à ce moment-là la mécanique n'assure ni frappe, ni sélection, et au contraire un mouvement vers la droite relativement plus lent, afin que la vitesse de sélection et de frappe soit aussi réduite que possible vis-à-vis de la vitesse générale de la mécanique. Ces mouvements peuvent être calés comme on le désire par rapport au mouvement du cadre.