Procédé d'obtention au convertisseur d'acier pauvre en phosphore. Dans le brevet Suisse No.<B>169763,</B> on a décrit un procédé pour déphosphorer un acier très oxydé et à teneur relativement faible en phosphore, procédé selon lequel on brasse violemment l'acier avec un laitier préalable ment fondu et fluide, basique et contenant peu ou pas d'oxyde de fer, ainsi que peu ou pas de phosphore, la violence de ce bras sage étant telle que l'on provoque une véri table pulvérisation du laitier et sa dissémi nation à l'état de fine division dans le métal, ainsi qu'un tourbillonnement tumultueux de la masse du métal et du laitier.
Dans ces conditions, en un temps extrême ment court, le phosphore contenu dans l'acier se trodve lié avec l'oxygène de l'oxyde de fer contenu dans le bain métallique et avec la base du laitier; la réaction est quasi-instan- tanée grâce à l'interpénétration du métal et du laitier et au mouvement violent de la masse.
Dans le brevet précité, on a décrit divers modes de réalisation du brassage intense du métal et du laitier, par exemple par versE- ment violent du métal en gros jet et d'une hauteur suffisante, sur le bain de laitier.
Or, on s'est rendu compte que l'on pou vait réaliser avec succès la déphosphoration d'un acier en brassant violemment, dans un convertisseur, le métal, chargé en oxydes par un premier soufflage, et un laitier basique fluide, non oxydant, préalablement fondu, contenant peu ou pas d'oxyde de fer et peu ou pas de phosphore, ce brassage étant ef fectué en redonnant le vent, pendant un court instant, après enlèvement du laitier formé dans le convertisseur et chargement du lai tier non oxydant mentionné ci-dessus.
Pour la réalisation de ce procédé, on opère par exemple comme suit: Vers la fin ou à la fin de l'opération normale au convertisseur, c'est-à-dire à un moment où le métal est déjà oxydé, et ne contient plus qu'une quantité relativement faible de phosphore, on décrasse le laitier qui s'est formé au cours de l'opération et on le remplace par un laitier basique, synthétique, préalablement fondu, très fluide, ne conte nant que peu ou pas d'oxyde de fer et con tenant peu ou pas de phosphore. Puis, on provoque un brassage intense et violent de ce laitier avec le métal en redonnant de l'air, en effectuant un soufflage supplémen taire, de très courte durée, par exemple de quinze secondes.
Au cours de ce soufflage supplémentaire, le métal violemment brassé avec le laitier a tendance à se mettre en -équilibre avec ce laitier. En un temps extrêmement court, le phosphore contenu dans l'acier se trouve lié avec l'oxygène de l'oxyde de fer contenu dans le bain métallique et avec la base du laitier. On peut admettre qu'en fait, le laitier grâce à sa basicité absorbe le P205 qui se trouve à l'état de traces dans le bain de métal, ce qui permet à la réaction d'oxyda tion du phosphore de se produire et de se poursuivre aux dépens de l'oxyde de fer lui- même dissous dans le métal.
En même temps s'effectue une répartition de l'oxyde de fer entre le laitier et le métal; et finalement la réaction d'oxydation du phosphore s'arrête quand la relation d'équilibre entre l'oxyde de fer du laitier, le P205 du laitier et le phosphore du métal sera établie.
On arrive ainsi, grâce à ce soufflage supplé mentaire en présence du laitier basique, syn thétique, fondu, très fluide, à un métal final à la fois plus pauvre en phosphore que le métal obtenu au convertisseur, d'où l'on est parti et renfermant également moins d'oxyde de fer que ce métal.
L'originalité de l'invention réside dans le fait que grâce à l'utilisation, après décrassage, d'un laitier basique fondu, très fluide, pauvre en oxyde de fer et pauvre en phosphore, il est possible, par un soufflage supplémentaire de courte durée, de provoquer rapidement l'équilibre entre ce laitier et le métal grâce au brassage produit par ce soufflage entre laitier et métal, et ceci sans que l'action oxydante du soufflage lui-même intervienne de faon sensible pour produire l'oxydation du phosphore ou soit prédominante par rap port à celle du laitier.
Le procédé conforme à l'invention est destiné à être appliqué plus particulièrement aux opérations au convertisseur Thomas.
Bien entendu, il n'est pas nécessaire de partir d'un métal Thomas fini, et l'on peut éventuellement arrêter l'opération Thomas avant la fin du soufflage normal et appliquer alors le présent procédé; mais il est néces saire, en tout cas, que le métal renferme suffisamment d'oxyde de fer pour permettre encore l'élimination d'une quantité importante de phosphore en présence du laitier que l'on veut employer. A titre d'exemple, à la fin d'une opération Thomas normale, portant sur 12 tonnes de métal, le métal contenait 0,038 de phosphore et 0,040 de carbone, ce qui indique que son degré d'oxydation était assez élevé.
On a décrassé le laitier formé au cours de l'opération et on a versé sur le métal 1000 kg d'un laitier fluide, préalable- ment fondu, contenant 16 % de silice, 9 % d'alumine, le reste étant de la chaux et de la magnésie.
On a effectué, en présence de ce laitier, un sursoufflage supplémentaire de 20 secondes environ: à la fin de ce sursouf- flage, la teneur en phosphore était tombée à 0,017%.