Dispositif de distribution de jets de fluide cryogénique à chambre de tranquillisation
L'invention porte sur un dispositif de distribution de jets de fluide cryogénique ainsi qu'une installation et un procédé de travail mettant en œuvre lesdits jets, en particulier des jets d'azote liquide, sous haute pression, en particulier une installation et un procédé de traitement de surface, de décapage, de nettoyage ou d'écroutage, de matériaux revêtus ou non, tels les métaux, le béton, le bois, les polymères, les céramiques et les plastiques ou tout autre type de matériau.
Actuellement, le traitement de surface de matériaux revêtus ou non, en particulier le décapage, l'écroutage ou analogue, se fait essentiellement par sablage, par projection d'eau à ultra haute pression (UHP), à la ponceuse, au marteau-piqueur, à la bouchardeuse ou encore par voie chimique.
Toutefois, lorsqu'il doit ne pas y avoir d'eau, par exemple en milieu nucléaire, ou de produit chimique, par exemple du fait de contraintes environnementales drastiques, seuls des procédés de travail dits « à sec » peuvent être utilisés.
Cependant, dans certains cas, ces procédés « à sec » sont difficiles à mettre en œuvre, sont très laborieux ou pénibles à utiliser ou encore génèrent des pollutions supplémentaires, par exemple du fait de l'ajout de grenaille ou de sable à retraiter ensuite.
Une alternative à ces technologies repose sur l'utilisation de jets cryogéniques sous très haute pression comme proposé par les documents US-A-7,310,955 et US-A-7,316,363. Dans ce cas, on utilise un ou des jets d'azote liquide à une pression de 300 à 4000 bars et à température cryogénique comprise par exemple entre -100 et -200°C, typiquement environ - 140 et -160°C, qui sont distribués par une ou plusieurs buses animées ou non d'un mouvement rotatif.
Habituellement, à une pression de l'ordre de 3500 bars, et pour un diamètre de buse de l'ordre de 300 μιη, un jet de fluide cryogénique, en particulier un jet d'azote liquide, a typiquement une longueur de cohérence maximale de l'ordre de 15 à 18 cm. Par longueur de cohérence, on entend la longueur du jet de fluide cryogénique sur laquelle le jet reste suffisamment concentré pour être visible après son échappement par la buse.
Toutefois, la longueur efficace d'un jet de fluide cryogénique est également une caractéristique très importante car elle correspond à la distance maximale de la buse d'éjection au-delà de laquelle le jet n'est plus suffisamment concentré pour maintenir son efficacité de traitement de surface, de décapage, de nettoyage ou d'écroutage du matériau traité. La longueur efficace est dès lors inférieure ou égale à la longueur de cohérence de jet qui est la longueur de jet visible.
En d'autres termes, plus la longueur efficace du jet est grande, plus le procédé de travail est efficace à distance égale entre la buse et le substrat traité, et plus le procédé gagne en rendement, ledit rendement correspondant par exemple, dans le cas d'un procédé d'écroutage de béton, au volume de béton écrouté par unité de temps.
Ainsi, pour qu'un jet de fluide cryogénique soit efficace et apte à effectuer le procédé de travail voulu, il est nécessaire que la surface du matériau traité se situe, par rapport à la sortie de la buse de distribution du jet, à une distance inférieure ou égale à la longueur efficace et donc inférieure à la longueur de cohérence dudit jet. Cette longueur efficace de jet est dans certains cas, c'est-à-dire selon le procédé de travail considéré, faible, c'est-à-dire de l'ordre de quelques centimètres et typiquement comprise entre 5 et 15 mm pour un jet de fluide cryogénique à une pression de l'ordre de 3500 bars distribué par une buse d'un diamètre de l'ordre de 300 μιη. La tolérance de positionnement de la buse de distribution du jet par rapport à la surface du matériau traité est alors problématique.
En effet, il est techniquement difficile de maintenir une distance rigoureusement fixe entre la buse de distribution du jet et la surface du matériau traité et ce, que le procédé soit utilisé en manuel ou en automatique, lorsque le matériau présente à sa surface un défaut de planéité, d'état de surface ou encore des aspérités, c'est-à-dire une succession de creux et de saillies, comme c'est le cas pour le béton par exemple.
Ainsi, si le défaut de planéité ou la profondeur des creux ont une amplitude trop importante, les zones de matériau traité situées au niveau de ces défauts ou de ces creux se trouvent à une distance plus grande de la sortie de la buse, à laquelle le jet a perdu tout ou partie de son efficacité, ce qui conduit à un procédé de travail moins efficace sur ces zones. Le procédé de travail est alors moins fiable, ce qui est critique pour certaines applications, telles le nettoyage de pièces contaminées en milieu nucléaire, pour lesquelles le moindre résidu de pollution n'est pas acceptable.
Par ailleurs, une longueur efficace du jet insuffisante rend très difficile, voire impossible, un procédé de travail effectué sur une pièce dans laquelle sont pratiqués des usinages tels des conduits ou des sillages. Le problème posé est alors encore plus critique car le fond du conduit ou du sillage traité peut se situer au-delà de la longueur efficace du jet, et de ce fait hors de sa portée, rendant ainsi le procédé de travail très peu efficace, voire inefficace, dans cette zone.
Par ailleurs, le fait que les jets de fluide cryogénique classiques aient une longueur de cohérence, et donc une longueur efficace, en général inférieure à 20 cm pose problème pour le traitement, en particulier le nettoyage, des échangeurs thermiques utilisés dans des installations du type, par exemple, usine de production d'énergie, usine de désulfurisation d'hydrocarbures, usine de traitement de l'air, de l'eau, les échangeurs thermiques pouvant
avoir des diamètres supérieures à 40 cm. Dans ce cas, la pièce traitée, c'est-à-dire l'échangeur, est lui-même constitué de pièces dont certaines sont situées à plus de 20 cm de la circonférence dudit échangeur, et qu'il faut pouvoir nettoyer, ce qui n'est pas possible avec les jets de fluide cryogénique de l'art antérieur.
Le problème à résoudre est dès lors de proposer un procédé de travail par jets de fluide cryogénique amélioré, c'est-à-dire pour lequel les inconvénients liés non seulement à la longueur de cohérence, mais aussi à la longueur efficace, limitées des jets n'existent plus ou sont fortement réduits, et permettant ainsi de rendre plus fiable et plus efficace le procédé de travail mettant en œuvre lesdits jets.
Dit autrement, le but de la présente invention est de proposer un procédé permettant d'opérer plus efficacement et avec un meilleur rendement le traitement de surface, de décapage, de nettoyage ou d'écroutage des matériaux revêtus ou non, tels les métaux, le béton, le bois, les polymères, les céramiques et les plastiques ou tout autre type de matériau., en particulier d'un matériau dont la surface présente des défauts de planéité, des aspérités ou d'une pièce dans laquelle sont pratiqués des usinages, ou encore d'une pièce elle-même constituée de pièces difficilement accessibles.
La solution de l'invention est alors un dispositif de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique comprenant une canalisation d'amenée de fluide alimentant une ou plusieurs buses de distribution de fluide agencées en aval de ladite canalisation, la canalisation d'amenée de fluide ayant une section de passage de fluide d'un premier diamètre,
caractérisé en ce qu'il comprend en outre au moins une chambre de tranquillisation agencée entre la canalisation d'amenée de fluide et la ou les buses de distribution de fluide, en étant reliée fluidiquement à ladite canalisation d'amenée de fluide et à la ou aux buses de distribution de fluide, chaque chambre de tranquillisation ayant une section de passage de fluide présentant un deuxième diamètre supérieur au premier diamètre de la section de passage de fluide de la canalisation d'amenée de fluide.
En effet, les inventeurs de la présente invention ont mis en évidence qu'une telle chambre de tranquillisation permettait de laminariser un écoulement de fluide cryogénique, c'est-à-dire de le rendre plus laminaire ou de façon équivalente moins turbulent, grâce à l'utilisation d'une section de passage de fluide au sein de cette chambre de tranquillisation de dimension plus importante que celle de la canalisation d'amenée de fluide cryogénique.
Le dispositif de l'invention permet alors de distribuer un ou des jets de fluide cryogénique à longueur de cohérence accrue, typiquement au moins 19 cm, de préférence supérieure ou égale à 20 cm, et ce, avec une longueur efficace également accrue, et pouvant même atteindre dans certains cas les mêmes valeurs, par rapport à un dispositif selon l'art
antérieur non muni d'une telle chambre de tranquillisation, toutes les autres conditions étant égales par ailleurs.
La présente invention permet ainsi de résoudre les problèmes exposés précédemment en proposant un dispositif apte à augmenter non seulement la longueur de cohérence des jets de fluide cryogénique distribués et mis en œuvre pour un procédé de travail, mais également d'augmenter la longueur efficace desdits jets.
Par ailleurs, selon le mode de réalisation considéré, l'invention peut comprendre l'une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
- la chambre de tranquillisation a une section de passage de fluide d'un diamètre compris entre 2 et 6 mm, de préférence entre 3 et 5 mm.
- la chambre de tranquillisation a une longueur comprise entre 20 et 100 mm, de préférence entre 50 et 70 mm.
- la chambre de tranquillisation est formée d'un matériau adapté aux températures cryogéniques, avantageusement de l'acier inoxydable, de préférence de l'acier inoxydable du type 316 ou 316L.
- le dispositif de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique comprend une chambre de tranquillisation unique directement connectée à l'extrémité de la canalisation d'amenée de fluide au moyen d'un raccord.
- le dispositif de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique comprend en outre un outil porte-buses connecté à l'extrémité de la canalisation d'amenée de fluide au moyen d'un raccord, lequel outil porte-buses supporte au moins une chambre de tranquillisation agencée entre l'outil porte-buses et la ou les buses de distribution de fluide.
- le dispositif de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique comprend en outre un outil porte-buses muni de moyens de mise en rotation dudit outil porte-buses autour de l'axe de la canalisation d'amenée de fluide de manière à conférer un mouvement circulaire à la ou aux buses de distribution de fluide.
Par ailleurs, l'invention concerne une installation de traitement par un ou plusieurs jets de fluide cryogénique comprenant une source de fluide à température cryogénique sous haute pression reliée fluidiquement à une canalisation d'amenée de fluide alimentant une ou plusieurs buses de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide à température cryogénique sous haute pression, caractérisée en ce qu'elle inclut en outre un dispositif selon l'invention.
Selon un autre aspect, l'invention a trait à un procédé de travail mettant en œuvre un ou plusieurs jets de fluide cryogénique distribués au moyen d'un dispositif selon l'invention pour réaliser, au moyen d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique sous pression, un traitement de surface, un décapage, un nettoyage ou un écroutage d'un matériau.
De préférence, le ou les jets de fluide cryogénique distribués par la ou les buses de distribution de fluide ont une température inférieure à -140 °C et à une pression d'au moins 300 bars.
Avantageusement, le fluide cryogénique mis en œuvre est de l'azote liquide.
Selon un mode de réalisation de l'invention, la pièce traitée est un échangeur thermique. La pièce traitée possède de préférence au moins une dimension caractéristique supérieure ou égale à 20 cm.
L'invention va maintenant être mieux comprise grâce à la description détaillée suivante faite en références aux Figures annexées parmi lesquelles :
la Figure 1 schématise un dispositif de distribution d'un jet de fluide cryogénique classique sans utilisation du dispositif de l'invention,
la Figure 2 schématise un dispositif de distribution d'un jet de fluide cryogénique selon un mode de réalisation de l'invention, et
la Figure 3 schématise un dispositif de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique selon un autre mode de réalisation de l'invention.
La Figure 1 schématise un dispositif de distribution d'un jet de fluide cryogénique 6 comprenant une canalisation 1 d'amenée d'un fluide (flèche 7), dont la section de passage de fluide a un diamètre d, alimentant une buse 5 de distribution de fluide agencées en aval de ladite canalisation 6. Dit autrement, le diamètre d est le diamètre intérieur de la canalisation 1.
Le fluide 7 est un fluide cryogénique à haute pression émanant d'une source de fluide (non schématisée), tel un compresseur, un réservoir, un échangeur thermique, une ligne d'alimentation, une ou des bouteilles de gaz ou analogue, alimentant l'extrémité amont de la canalisation 1 de fluide. La canalisation 1 est donc reliée fiuidiquement à la source de fluide 7.
De façon habituelle, cette canalisation est un tube dont la section est avantageusement de forme circulaire. Ce tube peut être réalisé en tout type de matériau adapté, préférablement de l'acier inoxydable pour ses propriétés mécaniques. L'épaisseur de la paroi constituant la canalisation 1 est définie de sorte à supporter les contraintes mécaniques résultant de la circulation d'un fluide cryogénique à haute pression, typiquement ladite épaisseur est de l'ordre du diamètre intérieur de la canalisation, i. e. la section de passage de fluide de diamètre d. Comme on le voit sur la Figure 1, une buse 5 de distribution de fluide est reliée fiuidiquement à la canalisation 1 de sorte qu'elle distribue un jet de fluide cryogénique 6 dont l'axe de propagation est aligné avec l'axe central XX de la canalisation 1 et dont la longueur de cohérence est dénotée LCl . La buse 5 est reliée à la canalisation 1 par l'intermédiaire d'un raccord type jet d'eau UHP 2.
Or la longueur de cohérence LCl, typiquement comprise entre 15 et 18 cm, peut s'avérer insuffisante pour nombre d'applications, en particulier pour des applications de
traitement d'une pièce faite d'un matériau dont la surface présente des défauts de planéité, des aspérités, ou dans lequel sont pratiqués des usinages, en particulier lorsque ces usinages sont pratiqué le long d'une dimension de la pièce traitée supérieure à la longueur de cohérence LCl . Par ailleurs, ceci pose aussi problème pour les applications de nettoyage d'échangeurs thermiques, ces échangeurs étant constitué de pièces difficile d'accès, notamment des pièces situées à plus de 20 cm de la circonférence de l'échangeur.
Pour y remédier, selon la présente invention, on incorpore à un dispositif de distribution d'un jet de fluide cryogénique 6 selon l'art antérieur une chambre dite de tranquillisation 4 apte à augmenter la longueur de cohérence LCl du jet 6 à une longueur de cohérence LC2 supérieure à LC 1.
Comme on le voit sur la Figure 2, qui schématise un mode de réalisation de l'invention, la chambre de tranquillisation 4 est agencée entre la canalisation 1 d'amenée de fluide et la buse 5 de distribution de fluide. La canalisation 1 est reliée fluidiquement à la chambre de tranquillisation 4, la dite chambre étant reliée fluidiquement à la buse 5 de distribution de fluide.
Par chambre de tranquillisation, on entend un dispositif à travers lequel circule le fluide 7 et apte à laminariser l'écoulement dudit fluide, c'est-à-dire apte à le rendre plus laminaire ou de façon équivalente moins turbulent, grâce à l'utilisation d'une section de passage de fluide de dimension plus importante que celle de la canalisation 1 d'amenée de fluide. Plus précisément, la circulation du fluide 7 à travers la chambre de tranquillisation 4 va induire une modification des caractéristiques dynamiques du jet de fluide cryogénique 6 à sa sortie de la buse 5 en le rendant moins turbulent, i. e. en abaissant son nombre de Reynolds. Il en résulte une augmentation de la longueur de cohérence du jet de fluide cryogénique 6 à une valeur LC2 supérieure à la valeur LCl de la longueur de cohérence du jet de fluide cryogénique obtenue sans le dispositif de l'invention.
Avantageusement, la chambre de tranquillisation 4 est une pièce de révolution dans laquelle est pratiqué un conduit de section circulaire ayant une section de passage de fluide de diamètre D et de longueur L. Dit autrement, le diamètre D est le diamètre intérieur de la chambre de tranquillisation 4. La chambre de tranquillisation 4 est formée d'un matériau est adapté au passage d'un fluide cryogénique sous haute pression, avantageusement de l'acier inoxydable, de préférence de l'acier inoxydable du type 316.
Dans tous les cas, et conformément à l'invention, la section de passage de fluide de la chambre de tranquillisation 4 a un diamètre D supérieur au diamètre d de la section de passage de fluide de la canalisation 1 d'amenée de fluide.
A titre d'exemple, si la chambre de tranquillisation 4 est raccordée à une canalisation 1 d'amenée de fluide dont le diamètre intérieur est de 2.1 mm, par exemple un tube dit ¼"de
diamètre extérieur égal à 6.35 mm, le diamètre intérieur D de la chambre est supérieur à 2.1 mm.
La chambre de tranquillisation 4 a une section de passage de fluide d'un diamètre D compris entre 2 et 6 mm, de préférence entre 3 et 5 mm, et une longueur L comprise entre 20 et 100 mm, de préférence entre 50 et 70 mm. Ces dimensions sont adaptées selon l'application visée et la longueur de cohérence du jet de fluide 6 souhaitée.
Selon un mode particulier de réalisation de l'invention, comme illustré en Figure 2, une chambre de tranquillisation 4 unique est directement connectée à l'extrémité de la canalisation 1 d'amenée de fluide au moyen d'un raccord 2 et se situe directement en amont de la buse 5 de distribution de fluide. Au vu des pressions de fluide cryogénique mises en jeu, la connexion entre la chambre de tranquillisation 4 et l'extrémité de la canalisation 1 est avantageusement assurée par un raccord fileté. La liaison entre la chambre de tranquillisation
4 et la buse 5 est obtenue grâce à un taraud réalisé dans la partie aval de la chambre de tranquillisation 4 et sur lequel la buse 5 est vissée. L'axe de la chambre de tranquillisation 4 est aligné avec l'axe XX de la canalisation 1 d'amenée de fluide. Dans ce cas, le dispositif de l'invention est apte à distribuer un jet de fluide cryogénique 6 unique et fixe dont la longueur de cohérence, dénotée LC2 sur la Figure 2, est supérieure à la longueur de cohérence LC1 d'un jet de fluide distribué par un dispositif selon l'art antérieur.
Selon un autre mode de réalisation, illustré en Figure 3, le dispositif de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique 6 comprend une ou plusieurs buses 5 distribuant un ou plusieurs jets de fluide cryogéniques 6. La ou les buses 5 sont positionnées de manière excentrée, c'est-à-dire décentrées par rapport à l'axe XX de la canalisation 1 d'amenée de fluide. Dans ce cas, un outil porte-buses 3 est connecté à l'extrémité de la canalisation 1 d'amenée de fluide au moyen d'un raccord 2. Cet outil porte-buses 3 supporte alors une ou plusieurs chambres de tranquillisation 4 agencées entre l'outil porte-buses 3 et la ou les buses
5 de distribution de fluide. Bien entendu, lors de la distribution de multiples jets de fluide cryogéniques 6, on agence une chambre de tranquillisation 4 en amont de chaque buse 5 de distribution de fluide cryogénique. Le dispositif de l'invention est ainsi apte à distribuer un ou plusieurs jets de fluide cryogéniques 6 dont la longueur de cohérence LC2 est supérieure à la longueur de cohérence LC1 d'un jet de fluide distribué par un dispositif selon l'art antérieur.
Selon un mode particulier de réalisation, le dispositif de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique 6 comprend un outil porte-buses 3 muni de moyens de mise en rotation dudit outil autour de l'axe XX de la canalisation 1 de manière à conférer un mouvement circulaire à la ou aux buses 5 de distribution de fluide et à obtenir des jets rotatifs (schématisé par la flèche 8 sur la Figure 3). De façon habituelle, l'outil 3 porte-buses peut être mis en rotation par un jeu de pignons, avec ou sans courroie de transmission, mu par un
moteur électrique ou pneumatique par l'intermédiaire d'un premier arbre ou axe de transmission rotatif relié au moteur, d'une boite, d'un boîtier ou d'une enceinte de transmission comprenant un mécanisme de transmission à jeu de pignons interne et d'un deuxième arbre ou axe de transmission ici rotatif relié quant à lui à l'outil 3 mobile muni des chambres de tranquillisation 4 et des buses 5.
Par ailleurs, la solution de l'invention concerne également un procédé de travail mettant en œuvre un dispositif selon l'invention apte à distribuer un ou plusieurs jets de fluide cryogénique 6, fixes ou rotatifs, dont la longueur de cohérence est augmentée pour réaliser un traitement de surface, un décapage, un nettoyage ou encore un écroutage d'un matériau. Le procédé de l'invention est particulièrement avantageux pour réaliser une opération de traitement de surface ou analogue d'un matériau ou d'une pièce dont la surface présente un défaut de planéité, des aspérités ou ayant au moins une dimension caractéristique d'au moins 20 cm, c'est-à-dire une largeur, une hauteur ou une longueur, dans laquelle sont pratiqués des usinages. En particulier, la solution de l'invention est d'un grand intérêt pour le nettoyage d'échangeurs thermiques de grande dimension, c'est-à-dire au moins 40 cm, pour lesquels des pièces constitutives penvent se situer à plus de 20 cm de la circonférence des échangeurs. De préférence, le ou les jets de fluide cryogéniques mis en œuvre dans le procédé de travail ont une longueur de cohérence LC2 d'au moins 20 cm.
Dans le cadre de l'invention, le fluide distribué par le dispositif de l'invention est un fluide à température cryogénique et à haute pression, en particulier de l'azote liquide à une pression supérieure à 1500 bar et à une température inférieure à -140 °C.
Exemples
Afin de démontrer l'efficacité d'un dispositif selon l'invention pour augmenter la longueur de cohérence et la longueur efficace d'un jet de fluide cryogénique et par là-même minimiser, voire éviter, les problèmes liés à cette longueur de cohérence et à cette longueur d'efficacité limitées, des essais ont été menés pour comparer la longueur de cohérence de jet obtenu avec un dispositif de distribution de jet de fluide cryogénique classique, c'est-à-dire caractérisé par l'absence de chambre de tranquillisation (essai selon l'art antérieur), et un dispositif de distribution de jet de fluide cryogénique comprenant une ou plusieurs chambres de tranquillisation agencées entre la buse et la canalisation d'amenée de fluide (essais selon l'invention). Ces essais ont essentiellement consisté en des mesures de longueur de cohérence des jets, cette longueur correspondant à la longueur de jet visible, que l'on peut aisément apprécier. Bien entendu, une augmentation de la longueur de cohérence d'un jet de fluide traduit également une augmentation de la longueur efficace dudit jet.
Les essais ont été réalisés avec des jets d'azote liquide à une pression de 3500 bars, un débit de 6 1/min et à une température de -155 °C.
Le système d'amenée de fluide cryogénique est un tube en acier inoxydable 316L UHP de diamètre extérieur 6.35 mm et de diamètre intérieur d égal à 2.1 mm.
Le dispositif de distribution de jet de fluide cryogénique comprend une chambre de tranquillisation et une buse de distribution uniques, comme celui illustré en Figure 2, et ne met pas en œuvre de système de rotation du jet.
Exemple 1 : Buse de distribution de fluide cryogénique de diamètre 305 μηι
Dans cette première série d'essais, le dispositif de distribution du jet de fluide cryogénique situé en aval de la chambre de tranquillisation est une buse issue de la technologie jet d'eau à haute pression munie d'un saphir d'éjection dont le diamètre de passage de fluide, c'est-à-dire le diamètre de l'orifice de sortie, est de 305 μιη.
Le tableau 1 donne les longueurs de cohérence de jet obtenues lors d'essais réalisés avec une chambre de tranquillisation de longueur L égale à 60 mm et de diamètre D égal à 4.2 mm (essai N°l), en comparaison avec les longueurs de cohérence de jet obtenues lors d'essais réalisés en l'absence d'une telle chambre de tranquillisation (essai N°2).
Comme on le voit, l'agencement d'une chambre de tranquillisation selon l'invention entre la canalisation d'amenée de fluide et la buse de distribution de fluide conduit effectivement à une longueur de cohérence du jet de fluide cryogénique distribué supérieure à celle obtenue sans le dispositif de l'invention.
Le tableau 2 donne les longueurs de cohérence de jet obtenues lors de l'utilisation d'une chambre de tranquillisation de diamètre D égal à 4.2 mm et de différentes longueurs L et le tableau 3 donne les longueurs de cohérence de jet obtenues lors de l'utilisation de chambres de tranquillisation de différents diamètres D et de longueur L égale à 60 mm. A titre indicatif, le tableau 4 donne les nombres de Reynolds des jets de fluide cryogénique obtenus lors de l'utilisation de chambres de tranquillisation de différents diamètres D et de longueur L égale à 60 mm.
Comme on le voit, l'agencement d'une chambre de tranquillisation entre la canalisation d'amenée de fluide et la buse de distribution de fluide, conformément à l'invention, conduit effectivement à des longueurs de cohérence des jets de fluide cryogénique distribués supérieures à la longueur de cohérence du jet de fluide distribué par un dispositif selon l'art antérieur, c'est-à-dire sans chambre de tranquillisation, et ce pour les différentes géométries de chambres de tranquillisation testées. Ainsi, l'invention permet également d'augmenter la longueur efficace du jet de fluide cryogénique.
Au vu des valeurs des longueurs de cohérence de jet de fluide cryogénique obtenues lors de ces essais, il est à noter que l'application de l'invention est particulièrement avantageuse lorsque la pièce traitée comprend au moins une dimension caractéristique, c'est-à- dire une longueur, une largeur ou une hauteur, ladite dimension caractéristique étant de l'ordre
de 20 cm et plus, ou bien lorsque la pièce traitée comprend elle-même des pièces situées à plus de 20 cm de la circonférence de ladite pièce traitée.
En outre, le tableau 4 permet de constater que l'augmentation de la longueur de cohérence du jet de fluide cryogénique s'accompagne d'une baisse du nombre de Reynolds dudit jet et par conséquent d'une laminarisation dudit jet, ce qui démontre encore l'intérêt de l'invention pour résoudre les problèmes précédemment mentionnés.
Par ailleurs, les résultats présentés sur les tableaux 2 et 3 montrent que l'augmentation de la longueur de cohérence tend à atteindre une valeur plafond lorsque le diamètre D de la chambre de tranquillisation augmente ou lorsque la longueur de la chambre de tranquillisation L augmente. Il n'est donc pas nécessaire d'augmenter indéfiniment les dimensions L et D de la chambre de tranquillisation, et les dimensions de la chambre restent ainsi raisonnables. Pour un fonctionnement optimal de la solution de l'invention, on ajustera donc les diamètres et longueurs de la ou des chambres de tranquillisation de manière à ce que la section de passage de fluide D ait un diamètre compris entre 2 et 6 mm et à ce que la longueur L de ladite section soit comprise entre 20 et 100 mm.
Dans le cadre de l'invention, au vu des résultats des mesures de longueur de cohérence donnés dans les Tableaux ci-dessous, le diamètre D de la section de passage de fluide de la chambre de tranquillisation est préférentiellement compris de préférence entre 3 et 5 mm, et la longueur L de la section de passage de fluide de la chambre de tranquillisation est préférentiellement compris entre 50 et 70 mm, de manière à distribuer un ou plusieurs jets de fluide cryogénique présentant une longueur de cohérence LC2 d'au moins 20 cm. En outre, ces dimensions permettent de conserver un dispositif de distribution d'un ou plusieurs jets de fluide cryogénique restant d'encombrement raisonnable, de sorte qu'il soit aisément utilisable dans une installation de travail industrielle mettant en œuvre le ou les jets de fluide cryogéniques distribués.
Tableau 2
Diamètre éjection 305 μιη Diamètre de la chambre D= 4.2 mm
Longueur de la chambre L 20 mm 40 mm 60 mm 500 mm
Longueur de cohérence du jet 19 cm 22 cm 25 cm 25 cm
Tableau 3
Exemple 2 : Buse de distribution de fluide cryogénique de diamètre 432 μιη
Une deuxième série d'essais a été effectuée, dans les mêmes conditions que précédemment, mais cette fois avec une buse munie d'un saphir d'éjection dont le diamètre de passage de fluide est de 432 μιη, l'objectif étant de vérifier que les résultats obtenus précédemment restent valables avec une buse d'éjection de caractéristiques différentes de la première.
Le tableau 5 donne les longueurs de cohérence de jet obtenues lors de l'utilisation d'une chambre de tranquillisation de diamètre D égal à 4.2 mm et de différentes longueurs L. Le tableau 6 donne les longueurs de cohérence de jet obtenues lors de l'utilisation de chambres de tranquillisation de différents diamètres D et de longueur L égale à 60 mm.
Ainsi, de même qu'avec une buse de diamètre d'éjection 305 μιη, il s'avère que pour une buse de diamètre d'éjection 432 μιη, le diamètre D de la section de passage de fluide de la chambre de tranquillisation est préférentiellement compris de préférence entre 3 et 5 mm, et la longueur L de la section de passage de fluide de la chambre de tranquillisation est préférentiellement compris entre 50 et 70 mm, de manière à distribuer un ou plusieurs jets de fluide cryogénique présentant une longueur de cohérence LC2 d'au moins 20 cm.
Il est à noter qu'avec une buse de diamètre d'éjection de 432 μιη, la longueur de cohérence de jet est plus importante qu'avec une buse de diamètre d'éjection de 305 μιη et ce, pour une même chambre de tranquillisation. En effet, avec un diamètre d'éjection plus important, le débit à pression constante est plus important, ce qui conduit à une longueur de cohérence de jet plus importante.
Tableau 5
Diamètre éjection 432 μιη Diamètre de la chambre D= 4.2 mm
Longueur de la chambre L 20 mm 40 mm 60 mm 500 mm
Longueur de cohérence du jet 26 cm 30 cm 33 cm 32 cm
Tableau 6
Exemple 3 : Procédé d'écroutage de béton par jet de fluide cryogénique
Afin de démontrer l'apport de la présente invention pour améliorer l'efficacité et le rendement d'un procédé de travail par jets de fluide cryogénique, il a été procédé à des essais d'écroutage de béton à l'aide d'un jet de fluide cryogénique distribué par un dispositif selon l'invention. Les performances obtenues ont été comparées à celles obtenues avec un jet de fluide cryogénique distribué avec un dispositif selon l'art antérieur, c'est-à-dire sans chambre de tranquillisation, toutes conditions d'essais étant identiques par ailleurs.
Le procédé d'écroutage est réalisé avec de l'azote liquide à une pression de l'ordre de 3500 bars, une température de l'ordre de -153°C et un débit de l'ordre de 7 1/min.
L'azote liquide est distribué par une buse unique, dont le diamètre d'éjection est de 330 μιη, mise en rotation à une vitesse d'environ 1400 tours/min à l'aide d'un outil porte-buse muni de moyens de mise en rotation dudit outil autour de l'axe de la canalisation d'amenée de fluide, de manière à conférer un mouvement circulaire à la buse de distribution de fluide. L'outil porte-buse se déplace à une vitesse d'environ 130 cm/min. Une description détaillée de cet outil de rotation est faite dans le document WO-A-2011010030.
Le matériau écrouté est du béton à granulométrie fine et homogène, dont une application typique est la formation de bordurette de jardin. La structure de ce béton favorise la réalisation de mesures comparatives.
La buse distribuant l'azote liquide est positionnée à une distance d'environ 10 mm par rapport à la surface du béton traité.
Le tableau 7 présente un comparatif les résultats obtenus lors de l'écroutage du béton selon l'art antérieur, c'est-à-dire sans chambre de tranquillisation (Essai N°3), et avec un dispositif selon l'invention, c'est-à-dire avec une chambre de tranquillisation, la chambre utilisée ayant une longueur L de 60 mm et un diamètre D de 4.2 mm (Essai N°4).
On constate que la profondeur de béton écroutée est considérablement augmentée avec utilisation d'une chambre de tranquillisation, ce qui traduit une plus grande efficacité du procédé.
Ainsi, dans le cadre du procédé réalisé, l'invention permet d'accroître la longueur efficace du jet à une valeur comprise entre 15 à 20 mm, typiquement d'au moins 17 mm, en comparaison avec une longueur efficace comprise entre 5 et 15 mm, typiquement moins de 13 mm, sans
chambre de tranquillisation. L'invention permet en outre d'augmenter le volume de béton écrouté par unité de temps. De manière générale, l'utilisation de l'invention conduit à un gain de l'ordre de 260% sur les performances d'écroutage du béton.
Ces essais d'écroutage démontrent donc qu'une augmentation de la longueur de cohérence d'un jet de fluide cryogénique s'accompagne d'une augmentation de la longueur efficace dudit jet, puisqu'à distance entre buse et substrat constante, l'efficacité du jet est plus importante.
Tableau 7
L'ensemble des essais réalisés démontrent donc clairement l'efficacité de l'invention qui, sans complexifïer le dispositif de distribution desdits jets, permet d'augmenter signifîcativement la longueur de cohérence et donc d'accroître la longueur efficace du ou des jets de fluide cryogéniques distribués par le dispositif de l'invention en comparaison avec un dispositif classique selon l'art antérieur, toute condition de fonctionnement étant égale par ailleurs, et donc d'augmenter l'efficacité du procédé de travail mettant en œuvre lesdits jets.
L'application principale de la présente invention est un procédé de traitement de surface, de décapage, de nettoyage ou d'écroutage des matériaux revêtus ou non, tels les métaux, le béton, le bois, les polymères, les céramiques et les plastiques ou tout autre type de matériau.