C.2697 - Procédé de fabrication d'une bande d'acier en continu.
Domaine technique
La présente invention concerne un procédé de fabrication d'une bande d'acier en continu, et plus particulièrement un procédé de refroidissement d'une bande d'acier dans une ligne de recuit continu et/ou de revêtement.
Etat de la technique
Dans le domaine technique de la fabrication d'une bande d'acier en continu, on connaît déjà un procédé de trempe à l'eau bouillante, auquel la bande d'acier est soumise dès sa sortie d'un four de recuit continu. Ce procédé connu est auto-régulé, puisque le bain aqueux est en permanence maintenu à l'ébullition par la bande d'acier qui y pénètre à une température de l'ordre de 700°C à 850°C. Une bande d'acier ainsi traitée présente un très bon état de surface. En outre, sa planéité est excellente, à la condition toutefois que la bande d'acier présente, à sa sortie du bain de trempe, une température supérieure à la température de transition du refroidissement.
Au sens de la présente demande, la température de transition du refroidissement est la température de la bande pour laquelle le refroidissement de la bande par le bain de trempe passe d'un échange thermique à travers un film de vapeur continu à un échange thermique à travers une couche discontinue de bulles de vapeur.
Dans les conditions usuelles de cette trempe à l'eau bouillante et pour une bande d'acier, la température de transition du refroidissement est d'environ 320°C.
Typiquement, la bande d'acier quitte le bain de trempe à une température de l'ordre de 350°C; elle est alors soit soumise à un traitement ultérieur de survieillissement sans refroidissement intermédiaire, soit refroidie jusqu'à la température ambiante, c'est-à-dire
jusqu'à moins de 100°C par d'autres moyens appropriés.
Un inconvénient de ce procédé est que sa vitesse de refroidissement est limitée, par exemple de l'ordre de 50°C/s à 60°C/s pour une bande d'acier de 0,8 mm d'épaisseur. En outre, il ne permet pas d'effectuer, sans système de refroidissement auxiliaire, un refroidissement de la bande d'acier jusqu'à moins de 100°C (full quench) tout en conservant une planéité satisfaisante de la bande.
Divers systèmes, notamment par jets d'eau et/ou de brouillard, ont été proposés pour poursuivre le refroidissement de la bande sans nuire à sa planéité. Il s'agit cependant en général de systèmes coûteux, bruyants et difficiles à conduire, qui n'ont pas connu, à ce jour, de réelle application industrielle.
Il existe aussi des procédés de refroidissement basés sur l'utilisation de flux de gaz ou de rouleaux refroidis; ces procédés sont très onéreux à mettre en oeuvre et ne fournissent d'ailleurs pas les vitesses de refroidissement très élevées, exigées notamment par les aciers de résistance ; ces procédés entraînent en outre certains problèmes de planéité de la bande.
On connaît par ailleurs un autre système, travaillant par aspersion avec une eau à environ 80°C, qui permet de refroidir la bande d'acier jusqu'à moins de 100°C et d'augmenter la vitesse de refroidissement. Ce système n'est cependant pas compatible avec une trempe à l'eau bouillante, notamment à cause des températures nettement différentes imposées par les deux procédés.
Présentation de l'invention
Il existe actuellement une demande pour des bandes en aciers de résistance, présentant néanmoins également une bonne planéité. En raison des inconvénients et des limitations des procédés rappelés plus haut, ceux-ci ne permettent pas de fabriquer des bandes d'acier de cette qualité.
Partant de cet état de la technique, la présente invention propose un procédé de fabrication d'une bande d'acier en continu, qui permet d'une part d'abaisser la température finale de refroidissement de la bande et d'autre part d'augmenter sa vitesse de refroidissement, sans aucune dégradation de la planéité.
Conformément à l'invention, un procédé de fabrication d'une bande d'acier en continu, dans lequel on plonge la bande d'acier, à une température comprise entre 700°C et 850°C, dans un bain aqueux maintenu à une température supérieure à la température ambiante, est caractérisé en ce que l'on ajoute audit bain aqueux au moins une substance tensio- active capable d'abaisser la tension superficielle dudit bain aqueux d'au moins 20 dynes/cm, en ce que l'on ajoute ladite substance tensio-active en une proportion comprise entre 0,5 g/1 et 50 g/1, et en ce que l'on abaisse ainsi la tension superficielle dudit bain aqueux à une valeur inférieure à 30 dynes/cm.
Suivant l'invention, on utilise avantageusement des substances tensio-actives capables de résister à des températures supérieures à 110°C, et de préférence aussi à des pressions d'au moins 2 bar.
Suivant une première mise en œuvre, on utilise un bain aqueux constitué par un bain d'eau bouillante, connu en soi, qui peut présenter une profondeur de plusieurs mètres. L'addition de telles substances tensio-actives à un bain d'eau bouillante, conformément à l'invention, permet d'abaisser la température de transition du refroidissement, et donc de prolonger le refroidissement de la bande d'acier en dessous de la température précitée de 320°C. Selon la substance tensio-active utilisée, la température de transition du refroidissement peut ainsi être abaissée jusqu'à environ 125°C. Ces valeurs correspondent à une bande de 0,8 mm d'épaisseur; elles peuvent varier légèrement dans la gamme des épaisseurs de bande concernées.
Suivant une autre mise en œuvre particulière, on utilise un bain aqueux à une température de 50°C à 90°C. Un tel abaissement de la température du bain aqueux, par rapport à une trempe à l'eau bouillante, a pour effet d'augmenter le coefficient de transfert de chaleur entre la bande d'acier et le bain aqueux. Il en résulte une augmentation de la vitesse de refroidissement de la bande d'acier, ce qui est favorable pour la fabrication de bandes en acier de résistance. Les vitesses de refroidissement obtenues dans un bain liquide dont
la température est comprise entre 50 et 90°C sont aussi beaucoup plus élevées que celles obtenues dans les systèmes de refroidissement utilisant uniquement des flux de gaz.
A titre d'exemple, la vitesse de refroidissement passe d'environ 50 à 60°C/s pour un refroidissement à l'eau bouillante, à environ 150 à 200°C/s pour un refroidissement par de l'eau à 80°C, dans le cas d'une bande d'acier de 0,8 mm d'épaisseur.
Parallèlement, cet abaissement de la température du bain aqueux influence également la température de transition du refroidissement. En particulier, pour une bande d'acier, cette température de transition du refroidissement est de 550°C dans un bain d'eau à 70°C; elle peut être abaissée jusqu'à environ 300°C par une addition appropriée d'au moins une des substances tensio-actives précitées.
Il est cependant impératif que la bande quitte le bain de trempe à une température supérieure à cette température de transition pour conserver sa planéité.
Dans ces conditions, lorsque la température de transition du refroidissement est trop nettement supérieure à la température de 100°C - cas d'un bain aqueux à 70-80°C avec ou sans addition de substances tensio-actives - on peut alors, suivant une variante de l'invention, poursuivre le refroidissement de la bande d'acier jusqu'à moins de 100°C (full quench), sans perte de planéité, en appliquant un refroidissement par aspersion avec de l'eau à 70-80°C. Cette eau peut ensuite être renvoyée dans le bain aqueux.
Suivant encore une autre caractéristique particulière, on ajoute audit bain aqueux au moins un acide organique, choisi parmi l'acide acétique, l'acide benzoïque et l'acide formique, en une concentration C, exprimée en g/l, donnée par la formule:
C = 80 + 10 D [Ci (150 - Tbaιn)]
dans laquelle: C est la concentration minimale de l'acide utilisé
Tbaιn est la température du bain de trempe Ci est un coefficient spécifique de l'acide utilisé, qui vaut 0,09 pour l'acide acétique
0,12 pour l'acide benzoïque 0,04 pour l'acide formique.
Cette variante s'avère particulièrement avantageuse pour la fabrication de bandes d'acier non oxydées, destinées notamment à être galvanisées directement.
Dans le cas de cette variante particulière, les substances tensio-actives ajoutées au bain aqueux doivent en outre résister aux acides organiques précités.
A titre d'exemples de substances tensio-actives présentant les propriétés requises de résistance à des températures supérieures à 110°C, à des pressions d'au moins 2 bar ainsi qu'aux acides organiques précités, on peut mentionner les composés suivants, sans que cette énumération soit limitative:
- tristéarate de sorbitan
- trioléate de sorbitan
- isostéarate de sorbitan
- monostéarate de sorbitan
- monolaurate de sorbitan
- monostéarate de pentaérythritol
- monooléate de pentaérythritol
- dioléate de propylène glycol.
Il va de soi que ces composés peuvent être présents, en concentrations variables, dans les substances tensio-actives utilisées conformément à l'invention.