Procédé de réchauffage d'un bain d'acier liquide et dispositif pour la mise en oeuyre de ce procédé.
Objet de l'invention La présente invention est relative à un procédé pour réchauffer un bain d'acier liquide contenu dans un récipient métallurgique et à un dispositif permettant la mise en oeuvre dudit procédé. Arrière-plan technologique En cas de discontinuité accidentelle dans le déroulement du processus métallurgique, entre l'élabora¬ tion de l'acier au convertisseur et l'opération de solidification, le bain d'acier liquide contenu dans un récipient métallurgique se refroidit et il est classique de devoir le réchauffer pour permettre la poursuite ultérieure normale du processus.
Un tel bain peut être réchauffé à la flamme, ou électriquement.
On connaît encore divers procédés faisant appel à la métallothermie, selon lesquels un combustible métal¬ lique , par exemple de l'aluminium, est introduit dans le bain d'acier liquide et mis en contact avec un agent oxydant, par exemple de l'oxygène gazeux. La réaction entre le métal combustible et l'oxydant est exothermique.
et la chaleur obtenue est utilisée pour le réchauffage du bain. Etat de la technique
On connaît, par le brevet US-A-4 761 178 et son équivalent, la demande WO 89/01984, un récipient contenant un bain d'acier liquide qu'on réchauffe en utilisant un procédé d'aluminothermie, et en injectant un gaz de brassage.
Une lance consommable unique injecte, sous l'acier liquide, des agents oxydants, notamment de l'oxygène gazeux, et un gaz inerte, qui sont introduits, séparément ou en mélange, à une profondeur de 15 à 40 % du bain, par une pluralité de canaux parallèles. De l'aluminium est par ailleurs introduit dans le bain aussi près que possible du point d'injection d'oxygène.
On a constaté que l'introduction d'une telle lance à cette profondeur en causait une usure importante. De plus, le réchauffement de la partie inférieure du bain n'est pas particulièrement efficace, car les mouvements y sont peu importants, et l'acier liquide n'est homo¬ gène ni en température ni en propreté inclusionnaire.
On connaît encore, par le document EP-A-0352254, un dispositif pour le réchauffage d'un bain d'acier liquide lors du remplissage par le haut d'un récipient métallurgique. Ce bain est recouvert d'un laitier riche en oxyde de fer. Pendant le remplissage de la poche, on injecte par son fond d'une part un métal ou un alliage susceptible de réagir avec l'oxyde de fer du laitier et les oxydes du bain, et d'autres part un gaz inerte. En outre, le réchauffage est complété par la présence d'un brûleur au niveau du couvercle de la poche.
Un tel dispositif ne prévoit pas l'injection directe de gaz oxydant dans le bain d'acier et n'est pas destiné à être utilisé pour réchauffer l'acier contenu dans une poche déjà remplie.
On connaît enfin, par le brevet CH-A-486935 une poche contenant de l'acier liquide au-dessus de la surface duquel est placée une cloche entourant une lance
non consommable qui y projette de l'oxygène gazeux en une quantité déterminée. Un combustible métallique est introduit simultanément, également en une quantité déterminée, et la réaction exothermique a lieu au-dessus du bain. Par ailleurs, un gaz inerte est injecté par une autre lance, introduite en oblique à une profondeur d'en¬ viron 50 % du bain d'acier, et provoque des mouvements dans celui-ci.
L'addition simultanée d'oxygène et de métal au- dessus de la surface du bain requiert l'utilisation d'un dispositif tel qu'une cloche pour récupérer les fumées produites et éviter les pertes de chaleur. Un dispositif tel que décrit ci-dessus présente un faible rendement thermique et même s'il permet d'éviter les problèmes d'usure de lance, il demande beaucoup d'entretien, n'assure pas une parfaite répartition de la température dans l'ensemble du bain d'acier liquide et exige la maîtrise parfaite d'une technologie et d'un procédé complexe et onéreux. Buts de l'invention
La présente invention a pour but de fournir un procédé métallothermique parfaitement contrôlé pour réchauffer efficacement un bain d'acier liquide déjà contenu dans une poche, et un dispositif pour la mise en oeuvre de ce procédé.
Elle a également pour but de fournir un procédé particulièrement économique, et un dispositif qui permet¬ tent d'utiliser à cette fin une lance consommable placée à l'intérieur d'un bain liquide, tout en réduisant considérablement l'usure et les risques de défaillances. Un autre but de l'invention est de fournir un procédé dans lequel le rendement relatif à la consommation en oxygène et en métal combustible est constant et meilleur que dans les procédés connus de l'état de la technique.
Un but supplémentaire de l'invention est de fournir un procédé permettant d'obtenir une répartition fort homogène du combustible métallique et par là de la tempe-
rature dans le bain d'acier liquide, et ce en un laps de temps satisfaisant, et en utilisant des moyens simples et économiques.
L'invention a encore pour but de fournir un procédé et un dispositif grâce auxquels une bonne propreté du bain d'acier liquide peut être obtenue facilement.
Un dernier but de l'invention est de fournir un procédé et un dispositif grâce auxquels il n'y a pratiquement pas de dégagement de fumées au-dessus du bain et qui n'ajoute pas de pollution à l'environnement. Eléments essentiels de l'invention
L'invention a pour objet un procédé pour le réchauffage par métallothermie d'un bain d'acier liquide contenu dans un récipient métallurgique, dans lequel on introduit un combustible métallique et sous la surface duquel on injecte un gaz oxydant et un gaz de brassage.
Selon l'invention, on crée dans le bain un courant contrôlable résultant de l'injection d'un gaz de bras¬ sage, par un moyen distinct du moyen d'injection du gaz oxydant, et on introduit le combustible métallique dans ce courant, de manière qu'il soit amené en contact avec le gaz oxydant.
On a constaté qu'on améliorait de la sorte le rendement de la réaction d'oxydation exothermique pour des quantités de gaz oxydant et de combustible données et qu'on obtenait une excellente répartition de la tempé¬ rature dans le bain.
Cette façon de procéder permet en effet de distribuer plus régulièrement le combustible, d'améliorer la décantation des produits de la réaction et d'uniformiser la température du bain d'acier liquide, en favorisant la réaction exothermique dans l'ensemble du bain.
De plus, les courants d'acier liquide ainsi générés entraînent des impuretés constituées notamment par les produits de réaction qui peuvent amener des inclusions, vers la partie supérieure du bain, plus particulièrement la scorie.
De préférence, l'injection du gaz de brassage génère un courant ascendant dans l'acier liquide, ce courant devenant descendant à l'endroit d'injection du gaz oxydant. Les axes d'injection du gaz de brassage et du gaz oxydant peuvent être décalés l'un par rapport à l'autre, et par exemple être parallèles entre eux. Ils peuvent également être dans ce cas perpendiculaires à la surface du bain d'acier. Suivant une forme d'exécution préférée de l'invention, les positions relatives des axes d'injection du gaz de brassage et du gaz oxydant et celle du combustible métallique peuvent être définies comme suit : l'injection du gaz de brassage engendre un cône théorique d'aspiration de métal, dont le sommet se trouve à l'endroit où a lieu l'injection. Sa génératrice prolonge l'axe d'injection; sa conicité est fonction du débit du gaz, et de la hauteur d'acier liquide dans le récipient métallurgique. Ce cône à une base définissant sur la surface d'acier liquide un cercle théorique, dont les dimensions peuvent être calculées.
Le gaz oxydant réagit avec le combustible dans une zone en substance sphérique. On peut définir sur la surface du bain d'acier un second cercle théorique correspondant dont l'axe d'injection de gaz oxydant constitue le centre, et dont les dimensions peuvent être calculées.
Les deux cercles théoriques engendrés respective¬ ment par l'injection du gaz de brassage et par l'injec- tion du gaz oxydant se recouvrent partiellement en définissant entre eux une zone d'intersection, dans laquelle on introduit le combustible métallique, de préférence de l'aluminium sous forme de fil.
Le combustible métallique est de préférence intro- duit dans la zone d'intersection, à un point d'inter¬ section entre les circonférences des deux cercles théori¬ ques.
Le moyen d'injection de gaz oxydant est de préférence une lance consommable qui peut-être plongée à une profondeur moindre par rapport à l'état de la technique. Des résultats particulièrement avantageux sont obtenus si l'on maintient la profondeur de la lance entre 0 et 15 % de la hauteur du bain d'acier liquide contenu dans le récipient métallurgique, de préférence entre 3 et 30 cm.
L'usure de cette lance est nettement diminuée par rapport à l'état de la technique et on n'observe pas de remous susceptible d'y provoquer des dégâts.
Le gaz oxydant est généralement de l'oxygène et le gaz de brassage est de préférence un gaz neutre, généralement de l'argon. Avantageusement, le gaz de brassage est injecté à une profondeur supérieure à 60 % de la hauteur du bain, et de préférence le plus près possible du fond de la poche.
Dans un dispositif convenant pour la mise en oeuvre du procédé de l'invention, il est injecté par un élément poreux disposé dans le revêtement de fond du récipient métallurgique. Pour assurer cette fonction, on peut toutefois également prévoir soit en remplacement, soit en supplément, une seconde lance immergée à grande profondeur, de préférence supérieure à 60 % de la hauteur du bain.
Pour la mise en route du processus de réchauffage de l'acier, de préférence on démarre successivement :
- l'injection du gaz de brassage, - l'introduction du combustible métallique dans le courant engendré,
- l'injection du gaz oxydant qui réagit avec le combusti¬ ble métallique.
Brève description des figures - La figure 1 est une vue en élévation d'une coupe sché¬ matique d'une poche de coulée,
- la figure 2 est une vue schématique en plan de celle-ci, et
- la figure .3 est un schéma représentant le déroulement d'une opération de réchauffage suivant le procédé de l'invention. Description d'une forme d'exécution préférée Les figures 1 et 2 représentent un récipient métallugique tel que par exemple une poche de coulée 1, revêtue d'un matériau réfractaire 3 et présentant, à sa partie inférieure, un trou de coulée 5 muni d'un équipement 7 d'ouverture et de fermeture dudit trou. Un gaz de brassage, en l'occurrence de l'argon, est injecté par un élément poreux 9 placé dans le fond de la poche de coulée 1. L'axe d'injection 91 constitue la génératrice d'un cône d'aspiration de métal 92. L'argon monte vers la surface du bain 11 et s'évacue ensuite librement dans l'atmosphère. La base du cône 92 est située au niveau de la surface du bain. Elle a la forme d'un cercle 93 et est représentée par un trait continu à la figure 2.
Un fil d'aluminium 13 servant de combustible métal- lique est introduit dans le bain 11.
Ce combustible va réagir avec de l'oxygène qui sera ensuite injecté dans le bain. La réaction est fortement exothermique et sera avantageusement utilisée pour réchauffer le bain efficacement et rapidement et en obtenant une excellente répartition de la température et ce grâce à la disposition relative des différents éléments.
L'oxygène est injecté par une lance consommable 15, en matériau réfractaire, qui plonge dans le bain d'acier liquide 11 sur une profondeur pouvant aller de 0 à 15 % de la hauteur du bain, considéré sous la zone de scorie
12 présente à la surface.
Le maintien de la profondeur d'immersion de la lance 15 est avantageusement contrôlé par des moyens connus en soi, et adapté en fonction de la vitesse d'usure moyenne de la lance.
On peut définir un axe théorique d'injection du gaz oxydant 151 dans le bain d'acier liquide, cet axe se situant dans le prolongement de la lance consommable 15. Comme on le voit à la figure 1, le gaz de brassage entraîne l'aluminium dans le mouvement descendant qu'il impose à l'acier liquide près de la surface du bain 11, et l'amène près de l'extrémité de la lance 15 d'injection du gaz oxydant. Il réagit exothermiquement avec ce dernier. La réaction a lieu dans une zone en substance sphérique 152 dont les dimensions dépendent du débit du gaz oxydant, de sa pureté et de la teneur locale en métal combustible.
On peut donc, lorsque les débits d'introduction du combustible et du gaz oxydant sont sensiblement constants et dans le rapport de combustion, calculer le diamètre d'une sphère à la périphérie de laquelle tout l'oxygène a réagi. Sur la figure 1, on a représenté une zone de réaction' 152 qui présente une forme en substance ellipsoïdale. Le caractère ellipsoïdal est plus ou moins marqué en fonction de 1*importance du débit du gaz oxydan . Comme on le verra plus en détail ci-dessous, on introduit le combustible et le gaz oxydant avec un léger décalage temporel, dont on tient compte dans le calcul. On peut par ailleurs représenter, sur la surface du bain, un second cercle théorique 153 dont le centre correspond à l'axe d'injection du gaz oxydant et dont le diamètre est celui de la sphère. Un tel cercle est représenté en pointillé à la fig.2. Il peut également être défini dans le cas d'une zone de réaction ellipsoïdale.
Le diamètre du cercle 93 défini par la base du cône engendré par le gaz de brassage peut être déterminé avec précision. Des études donnent une valeur d'environ 10° pour le demi- angle au sommet du cône 92.
En fonction de cette donnée, du débit du gaz et de la valeur moyenne de la hauteur du bain 11 dans la poche,
on obtient une excellente approximation des dimensions du cercle 93.
Comme on le voit bien à la fig.2, les cercles 93 et 153 définissent entre eux une zone d'intersection 915 dans laquelle on introduit le fil d'aluminium 13; de préférence à un des points d'intersection entre les deux circonférences. Cette disposition permet d'obtenir un rendement maximum et une excellente répartition de la température dans le bain. La fig.3 illustre le déroulement d'une opération de réchauffage d'un bain d'acier liquide selon le procédé de l'invention.
Le graphique montre l'évolution dans le temps des débits du gaz de brassage, en l'occurrence de l'argon (Ar) , du combustible en l'occurrence de l'aluminium (Al) et du gaz oxydant, en l'occurrence de l'oxygène (°2*)*
Pour la mise en route du réchauffage du bain fondu, on démarre l'injection du gaz de brassage, puis on introduit le fil de combustible métallique et enfin on démarre l'injection d'oxygène.
Le courant descendant induit par le gaz de brassage amène perpétuellement près du point d'injection du gaz oxydant de nouvelles quantités d'acier liquide chargé d'aluminium, qui entre en réaction avec l'oxygène. Un mouvement tournant est engendré dans le bain et permet notamment l'élimination de la scorie.
Bien entendu, le brassage continue ensuite dans le fond de la poche et l'acier liquide ainsi réchauffé se répartit dans les zones moyenne et haute, ce qui permet d'obtenir en fin d'opération une parfaite répartition de la chaleur dans tout le bain.
Les injections sont poursuivies jusqu'à l'obtention de la température voulue. Une fois cette température atteinte, on retire la lance à oxygène tout en maintenant un léger débit jusqu'à ce que cette lance soit sortie du bain, évitant ainsi le bouchage de conduit d'insuf¬ flation. Le brassage par le gaz neutre est également maintenu pendant un certain temps de manière à favoriser
l'élimination des impuretés résultant de la réaction ainsi que les débris dus à l'érosion de la lance.
Il est bien entendu que l'invention n'est pas limitée aux formes d'exécution décrites mais qu'elle s'étend au cadre défini par les revendications.
Ainsi par exemple, selon une autre variante, on peut prévoir une lance supplémentaire d'injection de gaz de brassage au lieu de ou en plus de l'élément poreux 15.
On peut encore utiliser d'autres gaz oxydants que l'oxygène pur, d'autres gaz de brassage que l'argon et d'autres combustibles métalliques que l'aluminium.