DOMAINE TECHNIQUE DE L'INVENTION [0001] L'invention se rapporte à des prothèses fémorales. ETAT DE LA TECHNIQUE ANTERIEURE [0002] Une prothèse fémorale classique visant à remplacer la tête du fémur et le cartilage qui la recouvre est généralement constituée d'une tige fémorale et d'un col sur lequel vient se fixer directement ou indirectement une cupule destinée à coopérer avec le cotyle de l'os iliaque. La tige est destinée à venir s'insérer dans une cavité formée à cet effet dans le canal médullaire diaphysaire à l'aide d'une râpe de forme complémentaire. [0003] Le col et la tige fémorale peuvent former une pièce unique monobloc. La tige fémorale définit dans ce cas avec le col un angle cervico-diaphysaire spécifique à la prothèse, qui doit être choisi avec soin lors de la planification préopératoire pour concorder avec les caractéristiques morphologiques du patient. [0004] Le col et la tige peuvent également constituer deux pièces distinctes, la tige étant pourvue d'une cavité formant mortaise et le col étant pourvu d'un tenon venant s'insérer dans la mortaise de la tige. Ces cols différents permettent de faire varier le déport fémoral et l'angle cervico-diaphysaire pour une même tige. Cette technologie, dite modulaire, permet en premier lieu de proposer un grand nombre de variantes à partir d'un faible nombre de pièces. On peut par exemple en combinant trois tailles de tiges et six tailles de cols, obtenir dix-huit spécifications dimensionnelles différentes. [0005] Le chirurgien peut ainsi, en préopératoire, mais également en peropératoire après avoir creusé le fut fémoral à l'aide d'une râpe et positionné une prothèse d'essai, choisir parmi plusieurs cols modulaires de dimensions différentes le plus adapté à la morphologie du patient. Cette latitude supplémentaire est appréciable car il existe toujours une incertitude, lors de la planification préopératoire, notamment sur la fragilité osseuse et les dégâts osseux rencontrés. [0006] Il n'en reste pas moins que la technologie modulaire présente un surcoût de fabrication et nécessite un temps et des précautions de pose supplémentaires par rapport à la technologie monobloc. Elle présente de plus un risque de complication supplémentaire, bien que très faible, notamment en cas de nettoyage insuffisant de la liaison tenon mortaise avant assemblage, ou de mauvaise insertion du tenon dans la mortaise. Enfin, les prothèses modulaires peuvent présenter à l'usage des faiblesses mécaniques dues la liaison tenon-mortaise.
EXPOSE DE L'INVENTION [0007] L'invention vise à remédier aux inconvénients de l'état de la technique et à proposer à l'équipe chirurgicale une famille de prothèses de versatilité comparable à une gamme modulaire, pour un prix de revient moins élevé, et en minimisant les inconvénients spécifiques aux prothèses modulaires. [0008] Pour ce faire est proposé, suivant un premier aspect de l'invention, une famille de prothèses fémorales destinées à une cavité médullaire de dimensions données, incluant : au moins une prothèse monobloc non latéralisée comportant une tige fémorale adaptée aux dimensions de la cavité médullaire, et un col ayant une première orientation angulaire cervico-diaphysaire et une première dimension de déport fémoral ; au moins une prothèse monobloc latéralisée comportant une tige fémorale adaptée aux dimensions de la cavité médullaire et un col ayant une deuxième orientation angulaire cervico-diaphysaire distincte de la première orientation angulaire cervico-diaphysaire, et une deuxième dimension de déport fémoral ; au moins une tige fémorale modulaire adaptée aux dimensions de la cavité médullaire et présentant une cavité d'insertion d'un col modulaire ; et une pluralité de cols modulaires présentant chacun un tenon saillant complémentaire de la cavité d'insertion. [0009] Les deux prothèses monobloc latéralisée et non latéralisée permettent de couvrir à elles deux une majorité de cas, la ou les tiges modulaires étant dimensionnées pour couvrir en combinaison avec les cols modulaires les autres spécifications dimensionnelles moins courantes. On combine ainsi de façon optimale les bénéfices des deux types de prothèses. [0010] Suivant des modes de réalisation préférés : au moins une combinaison d'un des cols modulaires avec la tige modulaire forme une prothèse modulaire ayant le premier angle cervico-diaphysaire et un déport fémoral de dimension inférieure à la première dimension de déport fémoral ; au moins une combinaison d'un des cols modulaires avec la tige modulaire forme une prothèse modulaire ayant le deuxième angle cervico-diaphysaire et un déport fémoral de dimension inférieure à la deuxième dimension de déport fémoral ; au moins une combinaison d'un des cols modulaires avec la tige modulaire forme une prothèse modulaire ayant le premier angle cervico-diaphysaire et un déport fémoral de dimension supérieure à la première dimension de déport fémoral ; au moins une combinaison d'un des cols modulaires avec la tige modulaire forme une prothèse modulaire ayant le deuxième angle cervico-diaphysaire et un déport fémoral de dimension supérieure à la deuxième dimension de déport fémoral ; au moins une combinaison d'un des cols modulaires avec la tige modulaire forme une prothèse modulaire ayant un angle cervicodiaphysaire supérieur au premier angle cervico-diaphysaire et au deuxième angle cervico-diaphysaire ; au moins une combinaison d'un des cols modulaires avec la tige modulaire forme une prothèse modulaire ayant un angle cervicodiaphysaire inférieur au premier angle cervico-diaphysaire et au deuxième angle cervico-diaphysaire. [0011] Ces différentes combinaisons traduisent le fait que les prothèses monobloc couvrent les besoins les plus courants qui sont des besoins « médians » d'un point de vue statistique, les prothèses modulaires obtenues par combinaison des cols modulaires, avec la tige modulaire étant destinées notamment à couvrir des dimensions de déport et d'angle cervico-diaphysaire de part et d'autre des dimensions médianes. [0012] De préférence, aucune des combinaisons des cols modulaires avec la tige modulaire ne permet de reproduire à la fois le premier déport fémoral et le premier angle cervico-diaphysaire et aucune des combinaisons des cols modulaires avec la ou les tiges modulaires ne permet de reproduire à la fois le deuxième déport fémoral et le deuxième angle cervico-diaphysaire. En effet, une telle redondance est inutile et contreproductive. [0013] Suivant un mode de réalisation, la cavité médullaire est de première intention. [0014] Suivant un mode de réalisation, on peut prévoir que la famille comporte plusieurs tiges fémorales modulaires, présentant toutes une cavité d'insertion identique, de sorte que les cols modulaires sont adaptables sur toutes les tiges fémorales de la famille. La cavité présente de préférence des caractéristiques dimensionnelles d'un cône morse. [0015] De préférence, la famille comporte en outre des têtes prothétiques adaptées aux dimensions des cols modulaires et aux cols des prothèses monobloc. [0016] Suivant un autre mode de réalisation, la famille comporte en outre des cotyles prothétiques adaptés aux dimensions des têtes prothétiques pour former une famille de prothèses totales de hanche. [0017] Suivant un autre aspect de l'invention, celle-ci a trait à un kit comportant une famille de prothèses fémorales destinées à une cavité médullaire de dimensions données telle que décrite précédemment et au moins une râpe destinée à la réalisation de la cavité médullaire de dimensions données. [0018] Suivant un autre aspect de l'invention, celle-ci a trait à une gamme constituée de plusieurs familles de prothèses fémorales telles que décrites précédemment, les familles étant destinées à des cavités médullaires de dimensions données différentes, l'une d'entre elles étant de préférence de première intention.
BREVE DESCRIPTION DES FIGURES [0019] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront à la lecture de la description qui suit, en référence aux figures annexées, qui illustrent : - la figure 1, une première prothèse modulaire non latéralisée composée d'une tige modulaire et d'un premier col modulaire ; - la figure 2, une deuxième prothèse modulaire non latéralisée composée de la tige modulaire et d'un deuxième col modulaire ; la figure 3, une prothèse monobloc non latéralisée ayant un déport fémoral intermédiaire entre les prothèses modulaires de la figure 1 et de la figure 2 ; - la figure 4, une prothèse monobloc latéralisée ; la figure 5, une coupe de la tige modulaire dans le plan V-V de la figure 6 et une représentation schématique de divers déports et angles accessibles avec différents cols modulaires adaptables à cette tige ; la figure 6, la tige modulaire en vue de face et une représentation schématique de divers déports et angles accessibles avec différents cols modulaires adaptables à cette tige ; - la figure 7, une râpe adaptée aux prothèses des figures 1 à 6 ; - la figure 8, un col modulaire adaptable sur la tige modulaire des figures 5 et 6. [0020] Pour plus de clarté, les éléments identiques sont repérés par des signes de référence identiques sur l'ensemble des figures.
DESCRIPTION DÉTAILLÉE D'UN MODE DE REALISATION [0021] Sur la figure 1 est illustrée une première prothèse modulaire 10 comportant une tige modulaire 12 et un premier col modulaire 14, dit court. De manière connue en soi, la tige modulaire 12, également illustrée en détail sur les figures 5 et 6, présente une partie inférieure métaphysaire effilée et une partie supérieure diaphysaire élargie formant une face oblique diaphysaire 16 et un méplat supérieur 18. La tige est symétrique par rapport au plan de coupe V-V de la figure 6. On peut définir dans le plan de symétrie un axe principal de référence X de la tige 12 passant par l'extrémité métaphysaire de la tige 12 et perpendiculaire au méplat 18.
Un trou borgne 20 (figure 5) est formé à partir du méplat, parallèlement à l'axe de référence. Ce trou 20 est destiné à recevoir un ancillaire qui, par appui ou par impact, va permettre l'enfoncement de la tige 12 dans le canal médullaire du fémur. Une cavité 22 (figure 5) est formée dans la partie diaphysaire de la tige, et s'ouvre sur la face oblique diaphysaire. Cette cavité présente une section transversale oblongue et ses parois sont inclinées de manière à former un cône morse. Le col modulaire 14, présenté en détail sur la figure 8, est pourvu d'un tenon de 24 de forme complémentaire à celle de la cavité 22, qui vient s'insérer dans la cavité 22, et d'une partie saillante 26 destinée à recevoir une tête prothétique (non représentée) et définissant un axe diaphysaire Y. La prothèse 10 qui résulte de cet assemblage présente entre les axes X et Y un angle cervico-diaphysaire Al dit non latéralisé, qui dans l'exemple est de 135°, et un déport fémoral relativement faible Dl. [0022] Sur la figure 2 est illustrée une prothèse modulaire 110 résultant de l'assemblage de la tige fémorale modulaire 12 précédente avec un col modulaire 114 dit long. La prothèse qui résulte de cet assemblage présente le même angle cervico- diaphysaire non latéralisé Al de 135°, et un déport fémoral D2 plus important que celui de la prothèse de la figure 1. [0023] Sur la figure 3 est illustrée une prothèse monobloc 210 dite non latéralisée, formée d'une tige 212 et d'un col 214 présentant une partie saillante 226 destinée à recevoir une tête prothétique. La prothèse monobloc 210 présente le même angle cervico-diaphysaire non latéralisé Al que les prothèses modulaires précédentes, et un déport fémoral D3 intermédiaire entre celui de la prothèse modulaire de la figure 1 et celui de la prothèse modulaire de la figure 2 (D1<D3<D2). La prothèse monobloc 210 présente de préférence un plan de symétrie parallèle au plan de la figure 3. [0024] Sur la figure 4 est illustrée une prothèse monobloc 310 dite latéralisée, formée d'une tige 312 et d'un col 314 présentant une partie saillante 326 destinée à recevoir une tête prothétique. La prothèse monobloc latéralisée 310 présente un angle cervico-diaphysaire dit latéralisé A2 plus faible que les précédentes prothèses, dans l'exemple un angle de 130°. La prothèse monobloc 310 présente de préférence un plan de symétrie parallèle au plan de la figure 4. [0025] De manière remarquable, les prothèses des figures 1 à 4 ont des tiges fémorales diaphysaire de dimensions identiques, destinées à s'insérer dans une même cavité fémorale diaphysaire préparée à l'aide d'une même râpe 30, illustrée sur la figure 7. [0026] Sur les figures 5 et 6 est illustrée la tige modulaire 12 des prothèses des figures 1 et 2, ainsi qu'un nuage de points 30 illustrant les différents déports accessibles à l'aide d'une série de cols modulaires incluant notamment les deux cols illustrés sur les figures 1 et 2.11 est à noter que chacun des deux cols 14, 114 illustrés sur les figures 1 et 2 est symétrique dans le plan de symétrie de la tige 12, de sorte que chacune des deux prothèses modulaires 10, 110 est symétrique par rapport au plan de symétrie de la tige 12. Il n'en va pas nécessairement de même des autres cols modulaires, qui peuvent être déportés d'un côté ou de l'autre du plan de symétrie V-V de la tige. Parmi les cols modulaires symétriques, au moins un permet en liaison avec la tige 12 de construire une prothèse ayant le même angle cervico-diaphysaire A2 que la prothèse monobloc latéralisée 310 et un déport plus grand que le déport D4 de la prothèse monobloc latéralisée 310. Au moins un autre permet de construire une prothèse ayant le même angle cervico-diaphysaire A2 que la prothèse monobloc latéralisée 310 et un déport plus petit que le déport D4 de la prothèse monobloc latéralisée 310. [0027] De manière connue, une, et de préférence plusieurs têtes prothétiques peuvent être adaptées aux dimensions des cols modulaires et aux cols des prothèses monoblocs. Des têtes prothétiques différentes permettent, pour une dimension de déport donnée par la prothèse monobloc ou la prothèse modulaire retenue, de faire varier finement, dans une plage de quelques millimètres, le positionnement exact du centre de rotation. Cette double modularité permet, dans l'exemple considéré, de construire, à partir d'une tige modulaire commune 12, de deux cols symétriques 14, 114, de trois cols ayant une première orientation angulaire dans le demi-plan antérieur et des longueurs différentes, de deux cols ayant une deuxième orientation dans le demi-plan antérieur et des longueurs différentes, de trois cols ayant une troisième orientation angulaire dans le demi-plan postérieur, et de deux cols ayant une quatrième orientation angulaire dans le demi-plan postérieur, soit un total de douze cols modulaires, et de trois têtes prothétiques, jusqu'à soixante-six positions du centre de rotation de la tête prothétique, auxquelles s'ajoutent les six positions accessibles avec les deux prothèses monoblocs. En pratique, certaines combinaisons se recouvrent. [0028] On constitue ainsi, à partir des prothèses monoblocs des figures 3 et 4, de la tige modulaire des figures 5 et 6, des cols modulaires correspondants, dont les deux cols représentés sur les figures 1 et 2, et d'une ou plusieurs têtes prothétiques, une famille de prothèses destinées à une cavité fémorale diaphysaire de dimensions données, définies par la râpe de la figure 7. Le chirurgien dispose donc, en préopératoire et en peropératoire, de la grande latitude offerte par une famille de prothèses modulaires, mais également, pour une majorité de ses interventions sur des individus dont la morphologie correspond à la norme statistique, de deux prothèses monoblocs susceptibles de couvrir plus de la moitié des besoins pour une population donnée. [0029] La famille peut également comporter des cotyles prothétiques adaptés aux dimensions des têtes prothétiques pour former une famille de prothèses totales de hanche.