Procédé de transformation amélioré de tôles en alliage Al-Cu-Li Domaine de l'invention L'invention concerne les produits en alliages aluminium-cuivre-lithium, plus particulièrement, de tels produits, leurs procédés de fabrication et d'utilisation, destinés en particulier à la construction aéronautique et aérospatiale. 10 Etat de la technique Des produits laminés en alliage d'aluminium sont développés pour produire des pièces de haute résistance destinées notamment à l'industrie aéronautique et à l'industrie aérospatiale. 15 Les alliages d'aluminium contenant du lithium sont très intéressants à cet égard, car le lithium peut réduire la densité de l'aluminium de 3 % et augmenter le module d'élasticité de 6 % pour chaque pourcent en poids de lithium ajouté. Pour que ces alliages soient sélectionnés dans les avions, leur performance par rapport aux autres propriétés d'usage 20 doit atteindre celle des alliages couramment utilisés, en particulier en terme de compromis entre les propriétés de résistance mécanique statique (limite d'élasticité, résistance à la rupture) et les propriétés de tolérance aux dommages (ténacité, résistance à la propagation des fissures en fatigue), ces propriétés étant en général antinomiques. L'amélioration du compromis entre la résistance mécanique la tolérance aux dommages est constamment 25 recherchée. Une autre propriété importante des tôles minces en alliage Al-Cu-Li, notamment celles dont l'épaisseur est comprise entre 0,5 et 12 mm, est l'aptitude à la mise en forme. Ces tôles sont notamment utilisées pour fabriquer des éléments de fuselage d'avion ou des éléments de fusée qui ont une forme générale complexe en 3 dimensions. Pour diminuer le coût de 30 fabrication, les constructeurs aéronautiques cherchent à minimiser le nombre des étapes de formage des tôles, et à utiliser des tôles pouvant être fabriquées de manière peu onéreuse à 1 l'aide de gammes de transformation courtes, c'est-à-dire comprenant aussi peu d'étapes individuelles que possible. Pour la fabrication des panneaux de fuselage, il y a actuellement plusieurs successions possibles des étapes de transformation, qui dépendent notamment de la déformation requise 5 pendant la mise en forme. Pour des faibles déformations lors de la mise en forme, typiquement inférieures à 4 %, il est possible d'approvisionner des tôles dans un état trempé mûri (état " T3 " peu écroui ou " T4 "), et de mettre en forme les tôles dans cet état. Cependant, dans la plupart des cas, la déformation recherchée est localement d'au moins 5% ou 6%. Une pratique actuelle des constructeurs aéronautiques consiste en général alors 10 à approvisionner des tôles laminées à chaud ou à froid selon l'épaisseur requise, à l'état brut de fabrication (état " F " selon la norme EN 515) à l'état trempé mûri (état " T3 " ou " T4 "), voir à l'état recuit (état « O »), à les soumettre à un traitement thermique de mise en solution suivi d'une trempe, puis à les mettre en forme sur trempe fraîche (état « W »), avant enfin de les soumettre à un vieillissement naturel ou artificiel, de manière à obtenir 15 les caractéristiques mécaniques requises. D'une manière générale, après mise en solution et trempe, les tôles se trouvent dans un état caractérisé par une bonne formabilité, mais cet état est instable (état " W "), et la mise en forme doit intervenir sur trempe fraîche, c'est-à-dire à l'intérieur d'un bref délai après la trempe, de l'ordre de quelques dizaines de minutes à quelques heures. Si cela n'est pas possible pour des raisons de gestion de la production, la 20 tôle doit être stockée dans une chambre froide à une température suffisamment basse et pour une durée suffisamment courte de façon à éviter la maturation naturelle. Dans certains cas, il est constaté que pour des durées trop courtes après mise en solution des lignes de Lüders apparaissent après mise en forme, ce qui impose une contrainte supplémentaire avec un délai d'attente minimum. Pour des pièces volumineuses et fortement formées, ce 25 traitement thermique de mise en solution nécessite des fours de grande dimension, ce qui rend l'opération incommode, y compris par rapport à la même opération effectuée sur tôle plane. Le besoin éventuel d'une chambre froide rajoute aux coûts et inconvénients de l'état de la technique. De plus, après trempe la tôle peut être déformée et poser des problèmes liés à cette déformation par exemple lorsqu'il s'agit de la positionner dans les mors de 30 l'outil d'étirage-formage. Pour des pièces fortement formées, cette opération doit éventuellement être répétée, si le matériau ne présente pas, à l'état métallurgique dans lequel il se trouve, une formabilité suffisante permettant d'atteindre la forme voulue en une seule opération. Dans une autre pratique actuelle, on part d'une tôle à l'état O, voir à l'état T3, T4 ou à l'état F, on effectue une première opération de mise en forme à partir de cet état, et une deuxième mise en forme après mise en solution et trempe. Cette variante est notamment utilisée lorsque la mise en forme visée est trop importante pour pouvoir être effectuée en une seule opération à partir d'un état W, mais peut cependant être effectuée en deux passes à partir de l'état O. De plus les tôles à l'état O étant stables dans le temps sont plus aisées à transformer. Toutefois, la fabrication de la tôle à l'état O fait intervenir un recuit final de la tôle brute de laminage, et donc généralement une étape de fabrication supplémentaire, et également une mise en solution et une trempe sur le produit formé ce qui est contraire au but de simplification visé par la présente invention. On notera que les propriétés optimales en termes de compromis de propriétés doivent être obtenues une fois la pièce mise en forme, notamment en tant qu'élément de fuselage, puisque que c'est la pièce mise en forme qui doit en particulier avoir de bonnes performances en tolérance aux dommages pour éviter une réparation trop fréquente d'éléments de fuselage. Il est généralement admis que les fortes déformations après mise en solution et trempe conduisent à une augmentation de la résistance mécanique mais à une forte dégradation de la ténacité.
Le brevet US 5,032,359 décrit une vaste famille d'alliages aluminium-cuivre-lithium dans lesquels l'addition de magnésium et d'argent, en particulier entre 0,3 et 0,5 pourcent en poids, permet d'augmenter la résistance mécanique.
Le brevet US 5,455,003 décrit un procédé de fabrication d'alliages Al-Cu-Li qui présentent une résistance mécanique et une ténacité améliorés à température cryogénique, en particulier grâce à un écrouissage et un revenu appropriés. Ce brevet recommande en particulier la composition, en pourcentage en poids, Cu = 3,0 - 4,5, Li = 0,7 - 1,1, Ag = 0 - 0,6, Mg = 0,3-0,6 et Zn = 0 - 0,75.30 Le brevet US 7,438,772 décrit des alliages comprenant, en pourcentage en poids, Cu : 3-5, Mg : 0,5-2, Li : 0,01-0,9 et décourage l'utilisation de teneur en lithium plus élevées en raison d'une dégradation du compromis entre ténacité et résistance mécanique.
Le brevet US 7,229,509 décrit un alliage comprenant (% en poids) : (2,5-5,5) Cu, (0,1-2,5) Li, (0,2-1,0) Mg, (0,2-0,8) Ag, (0,2-0,8) Mn, 0,4 max Zr ou d'autres agents affinant le grain tels que Cr, Ti, Hf, Sc, V. La demande de brevet US 2009/142222 Al décrit des alliages comprenant (en % en poids), 3,4 à 4,2% de Cu, 0,9 à 1,4 % de Li, 0,3 à 0,7 % de Ag, 0,1 à 0,6% de Mg, 0,2 à 0,8 % de Zn, 0,1 à 0,6 % de Mn et 0,01 à 0,6 % d' au moins un élément pour le contrôle de la structure granulaire. Cette demande décrit également un procédé de fabrication de produits filés.
Le brevet EP 1,966,402 décrit un alliage ne contenant pas de zirconium destiné à des tôles de fuselage de structure essentiellement recristallisée comprenant (en % en poids) (2,1- 2,8)Cu, (1,1-1,7) Li, (0,2-0,6) Mg, (0,1-0,8) Ag, (0,2-0,6) Mn. Le brevet EP 1,891,247 décrit un alliage destiné à des tôles de fuselage comprenant (en % en poids) (3,0-3,4)Cu, (0,8-1,2) Li, (0,2-0,6) Mg, (0,2-0,5) Ag et au moins un élément parmi Zr, Mn, Cr, Sc, Hf et Ti, dans lequel les teneurs en Cu et en Li répondent à la condition Cu + 5/3 Li < 5,2. Le brevet EP 1045043 décrit le procédé de fabrication de pièces formées en alliage de type 25 AA2024, et notamment de pièces fortement déformées, par l'association d'une composition chimique optimisée et de procédés de fabrication particuliers, permettant d'éviter autant que possible la mise en solution sur tôle formée. Dans l'article Al--(4.5-6.3)Cu--1.3Li--0.4Ag--0.4Mg--0.14Zr Alloy Weldalite 049 from 30 Pickens, J R ; Heubaum, F H; Langan, T J ; Kramer, L S publié dans Aluminum--Lithium Alloys. Vol. III; Williamsburg, Virginia; USA; 27-31 Mar. 1989. (March 27, 1989), différents traitements thermique sont décrits pour ces alliages à forte teneur en cuivre. Il existe un besoin pour des produits laminés en alliage aluminium-cuivre-lithium présentant des propriétés améliorées par rapport à celles des produits connus, en particulier en termes de compromis entre les propriétés de résistance mécanique statique, tout en ayant une faible densité. De plus il existe un besoin pour un procédé de fabrication simplifié permettant la mise en forme de ces produits pour obtenir notamment des éléments de fuselage de façon économique, tout en obtenant des caractéristiques mécaniques satisfaisante et en évitant la formation de défauts tels que les lignes de Lüders. Objet de l'invention Un premier objet de l'invention est un procédé de fabrication d'un produit laminé à base d'alliage d'aluminium notamment pour l'industrie aéronautique dans lequel, successivement, a) on élabore un bain de métal liquide à base d'aluminium comprenant 2,1 à 3,9 % en poids de Cu, 0,7 à 2.0 % en poids de Li, 0,1 à 1,0 % en poids de Mg, 0 à 0,6 % en poids d'Ag, 0 à 1% % en poids de Zn, au plus 0,20 % en poids de Fe + Si, au moins un élément choisi parmi Zr, Mn, Cr, Sc, Hf et Ti, la quantité dudit élément, s'il est choisi, étant 0,05 à 0,18 % en poids pour Zr, 0,1 à 0,6% en poids pour Mn, 0,05 à 0,3 % en poids pour Cr, 0,02 à 0,2 % en poids pour Sc, 0,05 à 0,5 % en poids pour Hf et de 0,01 à 0,15 % en poids pour Ti, les autres éléments au plus 0,05% en poids chacun et 0,15% en poids au total, le reste aluminium ; b) on coule une plaque de laminage à partir dudit bain de métal liquide ; c) optionnellement, on homogénéise ladite plaque de laminage ; d) on lamine à chaud et optionnellement à froid ladite plaque de laminage en une tôle, e) on met en solution ladite tôle et on la trempe; f) on réalise un planage et/ou on tractionne de façon contrôlée ladite tôle avec une déformation cumulée d'au moins 0,5% et inférieure à 3%, h) on réalise un traitement thermique court dans lequel ladite tôle atteint une température comprise entre 130 et 170°C et de préférence entre 150 et 160°C pendant 0,1 à 13 heures et de préférence de 1 à 5 h. Un deuxième objet de l'invention est un produit laminé susceptible d'être obtenu par un procédé selon l'invention, présentant entre 0 et 50 jours après traitement thermique court, une combinaison d'au moins une propriété choisie parmi Rp0,2(L) d'au moins 220 MPa et 10 de préférence d'au moins 250 MPa, Rp0,2(LT) d'au moins 200 MPa et de préférence d'au moins 230 MPa, Rm(L) d'au moins 340 MPa et de préférence d'au moins 380 MPa, Rm(LT) d'au moins 320 MPa et de préférence d'au moins 360 MPa avec une propriété choisie parmi A%(L) au moins 14% et de préférence au moins 15%, A%(LT) au moins 24% et de préférence au moins 26%, R', JR o,2 (L) au moins 1,40 et de préférence au moins 1,45, Rn, 15 /Rp0,2 (LT) au moins 1,45 et de préférence au moins 1,50. Un autre objet de l'invention est un produit susceptible d'être obtenu par un procédé selon l'invention, présentant une limite d'élasticité en traction Rp0,2(L) au moins sensiblement égale et une ténacité KR supérieure, de préférence d'au moins 5%, à celle obtenue par un 20 procédé semblable ne comprenant pas de traitement thermique court. Encore un autre objet de l'invention est l'utilisation d'un produit susceptible d'être obtenu par un procédé selon l'invention pour la fabrication d'une peau de fuselage d'avion. 25 Description de l'invention Sauf mention contraire, toutes les indications concernant la composition chimique des alliages sont exprimées comme un pourcentage en poids basé sur le poids total de l'alliage. 30 L'expression 1,4 Cu signifie que la teneur en cuivre exprimée en % en poids est multipliée par 1,4. La désignation des alliages se fait en conformité avec les règlements de The 6 Aluminium Association, connus de l'homme du métier. Les définitions des états métallurgiques sont indiquées dans la norme européenne EN 515. Les caractéristiques mécaniques statiques en traction, en d'autres termes la résistance à la rupture Rm, la limite d'élasticité conventionnelle à 0,2% d'allongement Rp0,2, et 5 l'allongement à la rupture A%, sont déterminés par un essai de traction selon la norme NF EN ISO 6892-1, le prélèvement et le sens de l'essai étant définis par la norme EN 485-1. Une courbe du facteur d'intensité de contrainte en fonction de l'extension de fissure, connue comme la courbe R, est déterminée selon la norme ASTM E 561. Le facteur d'intensité de contrainte critique Kc, en d'autres termes le facteur d'intensité qui rend la 10 fissure instable, est calculé à partir de la courbe R. Le facteur d'intensité de contrainte Kco est également calculé en attribuant la longueur de fissure initiale à la charge critique, au commencement de la charge monotone. Ces deux valeurs sont calculées pour une éprouvette de la forme requise. Kapp représente le facteur Kco correspondant à l'éprouvette qui a été utilisée pour effectuer l'essai de courbe R. Kef représente le facteur Kc 15 correspondant à l'éprouvette qui a été utilisée pour effectuer l'essai de courbe R. On appelle ici « élément de structure » ou « élément structural » d'une construction mécanique une pièce mécanique pour laquelle les propriétés mécaniques statiques et/ou dynamiques sont particulièrement importantes pour la performance de la structure, et pour laquelle un calcul de structure est habituellement prescrit ou réalisé. Il s' agit typiquement 20 d'éléments dont la défaillance est susceptible de mettre en danger la sécurité de ladite construction, de ses utilisateurs, de ses usagers ou d'autrui. Pour un avion, ces éléments de structure comprennent notamment les éléments qui composent le fuselage (tels que la peau de fuselage, fuselage skin en anglais), les raidisseurs ou lisses de fuselage (stringers), les cloisons étanches (bulkheads), les cadres de fuselage (circumferential frames), les ailes (tels 25 que la peau de voilure extrados ou intrados (upper or lower wing skin), les raidisseurs (stringers ou stiffeners), les nervures (ribs) et longerons (spars)) et l'empennage composé notamment de stabilisateurs horizontaux et verticaux (horizontal or vertical stabilisers), ainsi que les profilés de plancher (floor beams), les rails de sièges (seat tracks) et les portes. 30 Selon l'invention, on réalise après laminage sous forme de tôle, mise en solution, trempe et planage et/ou traction au moins un traitement thermique court avec une durée et une 7 température telles que la tôle atteint une température comprise entre 130 et 170°C et de préférence entre 150 et 160°C pendant 0,1 à 13 heures de préférence de 0,5 à 9h et de manière préférée de 1 à 5 h. Typiquement, suite à ce traitement thermique court, la limite élastique Rp0,2 diminue significativement, c'est-à-dire d'au moins 20 MPa ou même plus, 5 tandis que l'allongement A% est augmenté c'est à dire qu'il est multiplié par un facteur d'au moins 1,1, ou même d'au moins 1,2 voir d'au moins 1,3 par rapport à l'état obtenu sans traitement thermique court, typiquement T3 ou T4. Avantageusement, le traitement thermique court est réalisé de façon à obtenir un temps équivalent à 150 °C de 0,5 h à 6 h et de préférence de lh à 4h, le temps équivalent ti à 150 °C est défini par la formule : 10 t fexp(-16400 / T) dt = exp(-16400/ Tref) où T (en Kelvin) est la température instantanée de traitement du métal, qui évolue avec le temps t (en heures), et Tref est une température de référence fixée à 423 K. ti est exprimé en heures, la constante Q/R = 16400 K est dérivée de l'énergie d'activation pour la diffusion du Cu, pour laquelle la valeur Q = 136100 J/mol a 15 été utilisée. De manière surprenante, les présents inventeurs ont constaté que les propriétés mécaniques obtenues à l'issue du traitement thermique court sont stables dans le temps, ce qui permet d'utiliser les tôles dans l'état obtenu à l'issue du traitement thermique court à la place de tôle à l'état O ou l'état W pour la mise en forme. 20 Les présents inventeurs ont constaté que de manière surprenante, non seulement le traitement thermique court permet de simplifier le procédé de fabrication des produits en supprimant la mise en forme sur état O ou W, mais de plus que le compromis entre résistance mécanique statique et tolérance aux dommages et au moins identique ou même 25 amélioré grâce au procédé de l'invention, à l'état revenu par rapport à un procédé ne comprenant pas de traitement thermique court. L'avantage du procédé selon l'invention est obtenu pour des produits ayant teneur en cuivre comprise entre 2,1 et 3,9 % en poids. Dans une réalisation avantageuse de l'invention, la 8 teneur en cuivre est au moins de 2,8 % ou 3% en poids. Une teneur en cuivre maximale de 3,7 ou 3,5 % en poids est préférée. La teneur en lithium est comprise entre 0,7% ou 0,8% et 2,0 % en poids. Avantageusement, la teneur en lithium est au moins 0,85 % en poids. Une teneur en lithium maximale de 1,6 ou même 1,2% en poids est préférée. La teneur en magnésium est comprise entre 0,1% et 1,0% en poids. Préférentiellement, la teneur en magnésium est au moins de 0,2 % ou même 0,25 % en poids. Dans un mode de réalisation de l'invention la teneur maximale en magnésium est de 0,6 % en poids. La teneur en argent est comprise entre 0 % et 0,6 % en poids. Dans une réalisation avantageuse de l'invention, la teneur en argent est comprise entre 0,1 et 0,5 % en poids et de manière préférée entre 0,15 et 0,4 % en poids. L'addition d'argent contribue à améliorer le compromis de propriétés mécaniques des produits obtenus par le procédé selon l'invention. La teneur en zinc est comprise entre 0 % et 1 % en poids. Le zinc est généralement une impureté indésirable, notamment en raison de sa contribution à la densité de l'alliage, cependant dans certains cas le zinc peut être utilisé seul ou en combinaison avec l'argent. De manière préférée, la teneur en zinc est inférieure à 0,40 % en poids, de préférence inférieure à 0,2% en poids Dans un mode de réalisation de l'invention la teneur en zinc est inférieure à 0,04 % en poids.
L'alliage contient également au moins un élément pouvant contribuer au contrôle de la taille de grain choisi parmi Zr, Mn, Cr, Sc, Hf et Ti, la quantité de l'élément, s'il est choisi, étant de 0,05 à 0,18 % en poids pour Zr, 0,1 à 0,6% en poids pour Mn, 0,05 à 0,3 % en poids pour Cr, 0,02 à 0,2 % en poids pour Sc, 0,05 à 0,5 % en poids pour Hf et de 0,01 à 0,15 % en poids pour Ti. De manière préférée on choisit d'ajouter entre 0,08 et 0,15 % en poids de zirconium et entre 0,01 et 0,10 % en poids de titane et on limite la teneur en Mn, Cr, Sc et Hf à au maximum 0,05 % en poids, ces éléments pouvant avoir un effet défavorable, notamment sur la densité et n'étant ajoutés que pour favoriser encore l'obtention d'une structure essentiellement non-recristallisée si nécessaire.
Dans un mode de réalisation avantageux de l'invention, la teneur en zirconium est au moins égale à 0,11 % en poids. 9 Dans un autre mode de réalisation de l'invention, la teneur en manganèse est comprise entre 0,2 et 0,4 % en poids et la teneur en zirconium est inférieure à 0,04 % en poids. La somme de la teneur en fer et de la teneur en silicium est au plus de 0,20 % en poids. De préférence, les teneurs en fer et en silicium sont chacune au plus de 0,08 % en poids. Dans une réalisation avantageuse de l'invention les teneurs en fer et en silicium sont au plus de 0,06 % et 0,04 % en poids, respectivement. Une teneur en fer et en silicium contrôlée et limitée contribue à l'amélioration du compromis entre résistance mécanique et tolérance aux dommages.
Les autres éléments on une teneur au plus 0,05% en poids chacun et 0,15% en poids au total, il s'agit d'impuretés inévitables, le reste est de l'aluminium. Le procédé de fabrication selon l'invention comprend les étapes d'élaboration, coulée, laminage, mise en solution, trempe, planage et/ou traction et traitement thermique court.
Dans une première étape, on élabore un bain de métal liquide de façon à obtenir un alliage d'aluminium de composition selon l'invention. Le bain de métal liquide est ensuite coulé sous forme de plaque de laminage. La plaque de laminage peut ensuite optionnellement être homogénéisée de façon à atteindre une température comprise entre 450°C et 550° et de préférence entre 480 °C et 530°C 20 pendant une durée comprise entre 5 et 60 heures. Le traitement d'homogénéisation peut être réalisé en un ou plusieurs paliers. La plaque de laminage est ensuite laminée à chaud et optionnellement à froid en une tôle. Avantageusement l'épaisseur de ladite tôle est comprise entre 0,5 et 15 mm et de 25 préférence entre 1 et 8 mm. Le produit ainsi obtenu est ensuite mis en solution typiquement par un traitement thermique permettant d'atteindre une température comprise entre 490 et 530 °C pendant 15 min à 8 h, puis trempé typiquement avec de l'eau à température ambiante ou préférentiellement de 30 l'eau froide. 10 On réalise ensuite un planage et/ou on fractionne de façon contrôlée ladite tôle avec une déformation cumulée d'au moins 0,5% et inférieure à 3%. Lorsque qu'un planage est réalisé, la déformation effectuée lors du planage n'est pas toujours connue précisément mais elle est estimée à environ 0,5 %. Quand elle est réalisée, la traction contrôlée est mise en oeuvre avec une déformation permanente comprise entre 0,5 à 2,5 % et de préférence entre comprise entre 0,5 à 1,5 %. La combinaison entre une traction contrôlée avec une déformation permanente préférée et un traitement thermique court permet d'atteindre des résultats optimaux en termes de formabilité et de propriétés mécaniques, notamment quand une mise en forme supplémentaire et un revenu sont réalisés.
Le produit subit ensuite un traitement thermique court déjà décrit. A l'issue du traitement thermique court, la tôle obtenue par le procédé selon l'invention présente de préférence, entre 0 et 50 jours après traitement thermique court, une combinaison d'au moins une propriété choisie parmi Rp0,2(L) d'au moins 220 MPa et de préférence d'au moins 250 MPa, Rp0,2(LT) d'au moins 200 MPa et de préférence d'au moins 230 MPa, Rm(L) d'au moins 340 MPa et de préférence d'au moins 380 MPa, Rm(LT) d'au moins 320 MPa et de préférence d'au moins 360 MPa avec une propriété choisie parmi A%(L) au moins 14% et de préférence au moins 15%, A%(LT) au moins 24% et de préférence au moins 26%, Rn, /Rpo,2 (L) au moins 1,40 et de préférence au moins 1,45, Rm /Rpo,2 (LT) au moins 1,45 et de préférence au moins 1,50. A l'issue du traitement thermique court, la tôle est donc prête pour une déformation supplémentaire à froid, notamment une opération de mise en forme en 3 dimensions. Un avantage de l'invention est que cette déformation supplémentaire peut atteindre localement 25 ou de façon généralisée des valeurs de 6 à 8% ou même jusque 10%. Pour atteindre des propriétés mécaniques suffisantes à l'issue du revenu final, une déformation minimale cumulée de 2% entre ladite déformation supplémentaire et la déformation cumulée par planage et/ou on traction contrôlée réalisée avant le traitement thermique court est avantageuse. De manière préférée, la déformation supplémentaire à froid est localement ou 30 de façon généralisée d'au moins 1% de préférence au moins 4% et de manière préférée d'au moins 6%. 11 On réalise enfin un revenu dans lequel ladite tôle atteint une température comprise entre 130 et 170°C et de préférence entre 150 et 160°C pendant 5 à 100 heures et de préférence de 10 à 70h. Le revenu peut-être réalisé en un ou plusieurs paliers.
Avantageusement la déformation à froid est effectuée par un ou plusieurs procédés de mise en forme tels que l'étirage, l'étirage-formage, l'emboutissage, le fluotournage ou le pliage. Dans une réalisation avantageuse, il s'agit d'une mise en forme dans les trois dimensions de l'espace pour obtenir une pièce de forme complexe, de préférence par étirage-formage. Ainsi le produit obtenu à l'issue du traitement thermique court peut être mis en forme 10 comme un produit à l'état O ou un produit à l'état W. Cependant, par rapport à un produit à l'état O il a l'avantage de ne plus nécessiter de mise en solution et trempe pour atteindre les propriétés mécaniques finales, un simple traitement de revenu étant suffisant. Par rapport à un produit à l'état W, il a l'avantage d'être stable et de ne pas nécessiter de chambre froide et de ne pas poser de problèmes liés à la déformation de cet état. Le produit présente 15 également l'avantage de ne pas générer de lignes de Lüders rédhibitoires lors de la mise en forme. Ainsi on peut par exemple effectuer le traitement thermique court chez le fabriquant de tôle et la mise en forme chez le fabricant de structure aéronautique, directement sur le produit livré. De manière surprenante, le compromis entre les propriétés mécaniques statiques et les 20 propriétés de tolérance aux dommages obtenues à l'issue du revenu est avantageux par rapport à celui obtenue pour un traitement semblable ne comprenant pas de traitement thermique court. En particulier, les inventeurs ont constaté que la résistance mécanique, en particulier la limite d'élasticité en traction Rp0,2(L) est élevée et augmente avec la déformation supplémentaire mais que contrairement à leur attente la ténacité mesurée par la 25 courbe R (valeurs de KR) ne diminue pas significativement, notamment jusqu'à une valeur d'extension de fissure de 60 mm quand on augmente la déformation supplémentaire, même jusque une déformation généralisée de 8%. Avantageusement le produit susceptible d'être obtenu par le procédé comprenant les étapes de déformation supplémentaire et de revenu présente une limite d'élasticité en traction Rp0,2(L) au moins sensiblement égale et une 30 ténacité KR supérieure, de préférence d'au moins 5%, à celle obtenue par un procédé semblable ne comprenant pas de traitement thermique court. Typiquement, la limite 12 d'élasticité en traction Rp0,2(L) est au moins égale à 90% ou de préférence 95% de celle obtenue par un procédé semblable ne comprenant pas de traitement thermique court. Ainsi les produits susceptibles d'être obtenu par le procédé selon l'invention sont particulièrement avantageux. L'utilisation d'un produit susceptible d'être obtenu par le procédé selon l'invention comprenant les étapes de traitement thermique court, déformation à froid et revenu pour la fabrication d'un élément de structure pour avion, notamment d'une peau de fuselage est 10 particulièrement avantageux.. Exemple Exemple 1 15 Une plaque de laminage en alliage AA2198 a été homogénéisée puis laminée à chaud jusqu'à l'épaisseur 4 mm. Les tôles ainsi obtenues ont été mises en solution 30 mn à 505 °C puis trempées à l'eau. Les tôles ont ensuite été tractionnées de façon contrôlée. La traction contrôlée a été réalisée avec un allongement permanent de 2.2 %. 20 Les tôles ont ensuite subi un traitement thermique court de 2h à 150 °C. Les propriétés mécaniques ont été mesurées avant le traitement thermique court et entre deux et soixante cinq jours après le traitement. Les résultats sont présentés dans le Tableau 1. On constate que l'état obtenu après le traitement thermique court est remarquablement stable dans le temps. 25 Tableau 1 13 Rm(L) Rp0,2 (L) A%(L) Rm(LT) Rp0,2 (LT) A%(LT) Avant traitement 438 323 13 404 287 23 thermique court Durée après traitement thermique court (jours) 2 396 270 16,8 370 244 27,1 8 396 269 15,3 372 247 28,0 15 398 273 14,5 374 248 27,2 43 397 270 14,9 375 248 27,5 65 398 271 15,0 373 250 27,2 Exemple 2 Une plaque de laminage en alliage AA2198 a été homogénéisée puis laminée à chaud jusqu'à l'épaisseur 4 mm. Les tôles ainsi obtenues ont été mises en solution 30 mn à 505 °C puis trempées à l'eau. Les tôles ont ensuite été planées et tractionnées de façon contrôlée. La traction contrôlée a été réalisée avec un allongement permanent de 1%. Les tôles ont ensuite subi un traitement thermique court de 2h à 150 °C.
Les tôles ainsi obtenues ont ensuite subi une déformation supplémentaire à froid par une traction contrôlée avec un allongement permanent compris de 2,5 %, 4% ou 8%. Les tôles n'ont pas présenté après déformation de lignes de Lüders rédhibitoires. Les tôles ont enfin subi un revenu de 12h à 155 °C. Les propriétés mécaniques statiques ont été caractérisées à l'issue du revenu et sont présentées dans le tableau 2 ci-dessous. Tableau 2 - Propriétés mécaniques statiques (MPa) Référence Allongement permanent après traitement Rp0,2 Rp0,2 thermique court Rm(L) (L) A%(L) Rm(LT) (LT) A%(LT) # 1 2,5% 511 474 11,0 499 464 11,0 # 2 4% 526 499 10,4 513 485 10,4 # 3 8% 541 518 9,7 516 491 9,7 14 Les courbes R ont été mesurées selon la norme E561-05 sur des échantillons d'essai CCT760, qui avaient une largeur de 760 mm dans la direction T-L. La longueur de fissure initiale était 2ao = 253 mm. Les courbes R obtenues sont présentées sur la figure 1. On constate que même après une déformation supplémentaire de 8%, la courbe R est tout à fait satisfaisante : la courbe est suffisamment longue, supérieure à 60 mm, et les valeurs de KR sont voisins de ceux obtenus avec une déformation plus faible (Figure 1). 15