Procédé de réalisation d'une peinture avec dégradé de couleurs
reproductible et objet comportant une telle peinture Domaine de l'invention L'invention concerne un procédé pour réaliser une peinture présentant un dégradé de couleurs reproductible, c'est-à-dire pouvant être reproduit à l'identique sur plusieurs surfaces et, en particulier, sur des surfaces de grandes dimensions.
L'invention trouve des applications dans le domaine des décorations to peintes et, notamment, de la réalisation de peintures avec des dégradés de couleurs sur différents types de surfaces de grandes dimensions, telles qu'une carrosserie de véhicule, une façade de bâtiment, de navire, ou de structures extérieures d'aéronefs.
Etat de la technique Dans certains domaines techniques, il est important de pouvoir réaliser des peintures, par exemple dans un but de décoration commerciale, sur des surfaces de grandes dimensions, par exemple supérieures à 0,8 m, comme la structure extérieure d'un avion. Ces peintures peuvent comporter des dégradés de couleurs. Il est important, notamment dans le cas de décorations commerciales, de pouvoir reproduire ces peintures à l'identique, sur plusieurs surfaces. Par exemple, dans le domaine de l'aéronautique, les compagnies aériennes souhaitent généralement que tous les avions de leur flotte comportent la même décoration afin de les rendre reconnaissables. Cette décoration peut consister en un motif peint sur toute la surface de l'avion ou bien sur une partie de l'avion, comme la dérive ou le fuselage. Le motif peint, appelé aussi peinture, est généralement réalisé au moyen de masques qui permettent de recouvrir et de cacher une partie de la surface pour peindre la partie non cachée de ladite surface. Ces masques permettent d'appliquer successivement plusieurs couleurs destinées à réaliser, ensemble, le motif.
Certains motifs peuvent comporter un ou plusieurs dégradé(s) de couleur(s) . La réalisation de ces dégradés, en particulier en grandes dimensions, est difficile à reproduire d'un objet à un autre objet. En effet, les dégradés de couleurs sont, généralement, réalisés de façon manuelle, au pistolet à peinture. Plus précisément, un opérateur peint au pistolet une première teinte, ou couleur, sur une première zone de la surface à peindre, puis une deuxième teinte sur une autre zone. II effectue ensuite, dans une troisième zone située entre la première et la deuxième zones de la surface à peindre, un brouillard de peinture qui a pour but de fondre la première et la deuxième teintes l'une dans l'autre. Ce brouillard est réalisé en pulvérisant, sur la troisième zone de la surface à peindre, de la peinture de la première teinte et de la peinture de la deuxième teinte, afin que les deux teintes se recouvrent partiellement, créant ainsi un effet de dégradé.
Cependant, un tel dégradé de couleurs, obtenu par un brouillard de io deux teintes, est difficilement reproductible avec une qualité suffisante pour que la différence ne soit pas perceptible lorsque deux motifs identiques sont visibles simultanément par un observateur, par exemple plusieurs dérives d'avions alignés et portant le motif de la même compagnie aérienne. En effet, l'effet de dégradé est obtenu de façon manuelle par l'opérateur et is le résultat dépend donc en grande partie du doigté de l'opérateur qui ne pourra pas garantir la reproductibilité du résultat d'un motif à un motif suivant. Une qualité de reproduction du dégradé suffisante devient même impossible en pratique lorsque la distance sur laquelle se réalise le dégradé devient significative par rapport aux dimensions de l'opérateur lui-même. Il est communément admis que, lorsque le dégradé doit être réalisé sur une longueur de plus de 0,8 m environ, l'opérateur va très mal maîtriser la réalisation du dégradé. En outre, pour des applications industrielles, des motifs visuellement identiques doivent pouvoir être réalisés par des opérateurs différents et à des intervalles de temps quelconques, conditions dans lesquelles il n'est plus possible de compter sur le savoir-faire d'un opérateur pour atteindre le résultat.
Sur la figure 1, on a représenté schématiquement un exemple d'une surface S à peindre, peinte selon le procédé qui vient d'être décrit. Dans cet exemple, la surface S est la dérive d'un avion. Cette surface S comporte une première zone à peindre Z1, dont la teinte est représentée par des hachures et une deuxième zone Z2 dont la teinte est représentée par des mouchetés. La troisième zone Z3 est la zone du dégradé, comportant un mélange des teintes de Z1 et de Z2.
Une autre méthode, tout à fait reproductible, consiste à utiliser des 35 grilles. Ces grilles sont des sortes de masques perforés, généralement adhésifs, c'est-à-dire des masques comportant un nombre prédéfini de trous. Selon cette méthode, l'opérateur peint la première zone Z1 ainsi que la zone de dégradé Z3, c'est-à-dire la troisième zone de la surface à peindre, avec une première teinte, de préférence la teinte la plus claire. Il pose ensuite, sur la troisième zone, un masque perforé. Il applique alors la deuxième teinte sur la deuxième zone Z2 et sur la zone Z3 sur laquelle a été appliqué le masque perforé. Finalement, il retire le masque perforé. A l'emplacement des perforations du masque, la deuxième teinte recouvre la première teinte. Sous les emplacements non perforés du masque, la zone Z3 conserve la première io teinte. On réalise ainsi un pointillisme à travers le masque. Selon cette technique, le nombre de perforations varie en fonction de la densité de la deuxième teinte voulue. On comprend que plus la densité des perforations dans le masque est importante et plus la deuxième teinte est intense; au contraire, plus la densité des perforations est faible et plus la première teinte est intense. La densité des perforations peut varier progressivement sur le masque pour augmenter l'impression de dégradé.
Cependant, si, de loin, l'ceil perçoit un dégradé de couleurs, de près, les points de couleurs sont visibles à l'oeil nu. Le dégradé de couleurs est donc inesthétique vu de près. En outre, la réalisation de masques perforés, en général à usage unique, est relativement coûteuse et leur pose est exigeante en main d'oeuvre. Et plus la surface à peindre est grande, plus la réalisation de ces dégradés est difficile car il faut réaliser des masques perforés avec une densité de perforations qui évolue de façon régulière. De plus, la pose de ces masques perforés adhésifs est délicate, en particulier sur les zones évolutives de l'avion, c'est-àdire sur les zones à géométrie complexe, telles que la zone de jonction entre la dérive et le fuselage de l'avion ou bien la zone de jonction entre le fuselage et la voilure de l'avion. Ainsi, ce procédé est difficile à mettre en oeuvre sur des surfaces à zones évolutives. II s'avère donc coûteux et d'un temps de mise en oeuvre très pénalisant.
Exposé de l'invention L'invention a justement pour but de remédier aux inconvénients des techniques exposées précédemment. A cette fin, l'invention propose un procédé pour réaliser un motif peint avec dégradé de couleurs reproductible, réalisable notamment sur des surfaces de grandes dimensions et de formes évolutives, avec une mise en oeuvre rapide. Pour cela, le procédé de l'invention propose de déterminer une teinte intermédiaire entre la première teinte de la première zone à peindre et la deuxième teinte de la deuxième zone à peindre et d'appliquer cette teinte intermédiaire sur la troisième zone de la surface à peintre, située entre la première et la deuxième zones. Cette troisième zone peut être peinte avec une seule et même teinte intermédiaire ou bien avec plusieurs teintes intermédiaires déterminées en fonction de la première et de la deuxième teintes de façon à ce que les différentes teintes intermédiaires soient progressives.
io De façon plus précise, l'invention concerne un procédé de réalisation d'une peinture avec dégradé de couleurs comportant une application d'une première teinte sur une première zone d'une surface à peindre et une application d'une deuxième teinte sur une deuxième zone de ladite surface à peindre. Ce procédé se caractérise par le fait qu'il comporte une application d'au moins une troisième teinte, de colorimétrie intermédiaire entre la première et la deuxième teintes, sur une troisième zone de la surface à peindre située entre la première zone et la deuxième zone.
Le procédé de l'invention peut comporter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes: É la troisième teinte est obtenue par mélange des première et deuxième teintes; É la troisième zone comporte plusieurs sections, chaque section ayant une teinte intermédiaire entre la première et la deuxième teintes, différente des teintes des sections voisines; É le nombre de sections formant la troisième zone et la teinte de chacune de ces sections sont déterminés mathématiquement dans une étude colorimétrique et géométrique;les teintes intermédiaires des sections de la troisième zone ont une colorimétrie progressive entre la première teinte et la deuxième teinte; É il comporte la réalisation d'un plan de traçage indiquant les emplacements de chaque zone et section de la surface à peindre ainsi que la teinte de chacune de ces zones et sections; É l'étude colorimétrique comporte les opérations suivantes: - construction d'un référentiel dans un espace colorimétrique, par 35 exemple l'espace (L, a, b) ou l'espace (R, G, B), - établissement d'une courbe représentative de l'évolution colorimétrique entre la première teinte et la deuxième teinte, - choix, sur cette courbe, de points répartis régulièrement sur ladite courbe, - déduction, pour chacun de ces points choisis, des caractéristiques colorimétriques de chaque teinte intermédiaire correspondant à chaque section de la troisième zone.
É la construction du référentiel consiste à placer, dans l'espace colorimétrique, des points représentatifs des première et deuxième teintes; io É la courbe représentative de l'évolution colorimétrique est choisie par positionnement des points de chaque teinte intermédiaire dans l'espace colorimétrique suivant une trajectoire colorimétrique reliant les premières et deuxièmes teintes; É le nombre de points choisis sur la courbe est identique au nombre de sections de la troisième zone; É la détermination du nombre de sections de la troisième zone comporte les opérations suivantes: mesure des coordonnées, dans l'espace colorimétrique, des points de la première et de la deuxième teintes, calcul de la distance arithmétique le long de la trajectoire colorimétrique choisie dans l'espace entre ces deux points, division de cette distance par une valeur de distance colorimétrique maximum entre deux sections ou zones.
É les teintes intermédiaires sont réalisées par mélange des premières et deuxième teintes dans des proportions variables pour chaque teinte intermédiaire; É les proportions de mélange pour obtenir les teintes intermédiaires sont déterminées au moyen d'une courbe d'étalonnage des mélanges des première et seconde teintes représentative de l'écart colorimétrique des teintes en fonction du pourcentage de mélange; É la distance colorimétrique maximum entre deux sections et/ou zones est inférieure ou égale à1,4% de la dimension maximale de l'espace colorimétrique considéré, soit 5 dans l'exemple de l'espace colorimétrique (L, a, b); É les sections de la troisième zone sont juxtaposées; É chaque section est partiellement recouverte par un brouillard de la teinte de la zone voisine près de la ligne de séparation entre ces deux zones; L'invention concerne également un objet comportant une surface peinte présentant un dégradé de couleurs réalisé par le procédé ci-dessus. Brève description des dessins La figure 1, déjà décrite, représente un exemple de peinture avec dégradé de couleurs réalisé selon un procédé de l'art antérieur.
La figure 2 représente un exemple de peinture avec dégradé de io couleurs réalisé selon le procédé de l'invention.
La figure 3 représente un exemple de plan de traçage obtenu avec le procédé de l'invention La figure 4 représente un exemple dans l'espace colorimétrique (L, a, b).
Les figures 5 et 6 représentent des exemples de teintes dans l'espace colorimétrique (L, a, b) de la figure 4.
La figure 7 représente un exemple d'une courbe d'étalonnage dans un plan écart colorimétrique E en fonction du pourcentage de mélange des première et deuxièmes teintes.
La figure 8 représente un exemple d'utilisation de la courbe d'étalonnage pour obtenir des teintes colorimétriquement équidistantes Description détaillée de modes de réalisation de l'invention Le procédé de l'invention propose de réaliser le motif peint en appliquant une première teinte sur une première zone de la surface à peindre, une deuxième teinte sur une deuxième zone de la surface à peindre et au moins une troisième teinte sur une troisième zone de ladite surface. Cette troisième teinte est une teinte de colorimétrie intermédiaire entre la première et la deuxième teintes, appelées teintes extrêmes. Lorsque la première et la deuxième teintes sont relativement distantes l'une de l'autre du point de vue colorimétrie et géométrie, alors la zone intermédiaire peut être divisée en plusieurs sections. Chaque section est alors peinte avec une teinte intermédiaire différente des teintes intermédiaires des sections voisines. En particulier, les différentes teintes intermédiaires sont appliquées sur les différentes sections de façon progressive, c'est-à- dire avec une colorimétrie progressive entre les deux teintes extrêmes. La succession des teintes intermédiaires permet de réaliser un fondu en chaîne de teintes comprises entre deux teintes extrêmes. Autrement dit, la succession de sections à teintes intermédiaires progressives a pour but de tromper l'oeil qui perçoit une continuité dans la succession des différentes teintes.
On comprendra que ces sections peuvent avoir différentes formes, en fonction de la forme générale de la surface à peindre et, en particulier, de la forme du motif à peindre en dégradé.
La figure 2 représente un exemple de peinture avec dégradé réalisée sur une dérive d'avion selon le procédé de l'invention. La dérive de l'avion to est donc, dans cet exemple, la surface à peindre S. Dans cet exemple, la surface à peindre S comporte: - une première zone A sur laquelle on applique la première teinte extrême schématisée par des hachures, - une deuxième zone B sur laquelle on applique la deuxième teinte 15 extrême schématisée par des mouchetés, - une troisième zone C divisée en trois sections Cl, C2 et C3. Dans cet exemple, les sections sont des bandes obliques qui suivent le contour de la dérive. Sur chacune de ces sections Cl, C2 et C3, on applique une teinte intermédiaire particulière. Autrement dit, la teinte intermédiaire de la section Cl est différente de la teinte intermédiaire de la section C2 et de celle de la section C3.
Les teintes intermédiaires des sections Cl à C3 sont appliquées de façon à avoir une évolution progressive de la colorimétrie entre la première teinte de la zone A et la deuxième teinte de la zone B. Plus précisément, dans le cas où la teinte de la zone A est plus claire que la teinte de la zone B, la teinte intermédiaire la plus claire est appliquée à la section Cl et la teinte intermédiaire la plus sombre est appliquée à la section C3. A l'inverse, si la teinte de la zone A est plus sombre que la teinte de la zone B, alors la teinte intermédiaire la plus sombre est appliquée à la section Cl et la teinte intermédiaire la plus claire est appliquée à la section C3.
Selon l'invention, chacune des teintes extrêmes ou intermédiaires est appliquée une à une en utilisant des repères permettant de visualiser les zones de changement de teinte, par exemple par des traits de crayon sur la zone à peindre ou des repères fixés en bordure de la zone à peindre ou encore au moyen d'un faisceau d'un rayon laser. La totalité de la surface à peindre S est ainsi peinte, bande par bande, par l'opérateur qui se fie sur les repères pour déterminer les zones de changement de teinte. Lorsque l'opérateur passe d'une zone à la zone voisine avec la teinte suivante, le brouillard diffus laissé par la nouvelle teinte sur la teinte précédente améliore la transition d'aspect entre les deux zones de teintes voisines. De préférence, les différentes teintes seront appliquées par bandes successives contiguës, par exemple de la plus claire à la plus foncée.
On remarquera que seules les zones autour de la zone peinte en dégradé ont besoin d'être protégées pendant la peinture du dégradé, mais io qu'aucune opération de masquage spécifique n'est nécessaire pour la peinture du dégradé lui-même.
Les teintes intermédiaires sont appliquées sans masque de manière à être séparées par des brouillards diffus. Les sections peuvent donc être séparées par des espaces, réduits, contenant des brouillards réalisés manuellement par l'opérateur afin de recouvrir partiellement les deux teintes intermédiaires successives dans le but d'augmenter encore l'aspect visuel de dégradé. Les espaces comportant les brouillards sont suffisamment étroits pour qu'une différence de brouillard entre une surface et une autre, due à la réalisation manuelle du brouillard par l'opérateur, ne soit pas perceptible à l'ceil nu. On comprend, en effet, que si un brouillard est réalisé manuellement sur un espace de largeur faible par rapport à la largeur des zones A, B, C et des sections Cl, C2, C3, et de plus avec une couleur colorimétriquement proche de la teinte précédente, alors ce brouillard s'intègre dans l'ensemble du dégradé et les différences inévitables entre le brouillard de transition dans un motif peint et celui correspondant dans un autre motif peint identique ne sont pas visibles à l'oeil nu.
A la lecture de ce qui précède, on comprend que le procédé de l'invention est tout à fait reproductible d'un avion à un autre puisque les teintes extrêmes et intermédiaires sont prédéfinies, de même que les sections et zones sur lesquelles ces teintes doivent être appliquées. Pour assurer une reproductibilité totale, quel que soit l'opérateur, le procédé de l'invention propose d'établir un plan de traçage. Ce plan de traçage, ou plan de reproduction, comporte une représentation schématique de la surface à peindre, dans un espace bidimensionnel, quadrillé et repéré. Cet espace bidimensionnel permet de repérer, d'une part, l'emplacement exact, sur un élément d'avion, de la surface à peindre et, d'autre part, l'emplacement exact, sur cette surface à peindre, de chacune des zones et sections à peindre. Ce plan de traçage comporte également un repère de teintes indiquant quelle teinte est attribuée à quelle zone ou section.
La figure 3 représente un exemple de plan de traçage P pour la surface à peindre S de la figure 2. Cet exemple montre que chaque section et zone A, Cl, C2, C3 et B de la surface à peindre S est repérée et référencée, dans l'espace quadrillé. Un nuancier N indique la teinte attribuée à chaque zone et section.
io Un tel plan de traçage permet de reproduire à l'identique, sur plusieurs surfaces, une décoration peinte même si toutes les surfaces n'ont pas les mêmes dimensions, ce qui est le cas notamment pour les compagnies aériennes dont la flotte comporte de modèles d'avions différents. En effet, le plan de traçage peut être adapté à toutes les dimensions de surface à peindre par une simple mise à l'échelle de la surface considérée.
La détermination des teintes intermédiaires, dans le procédé de l'invention, peut être réalisée expérimentalement ou mathématiquement. Dans un premier mode de réalisation de l'invention, les teintes intermédiaires ainsi que le nombre de sections de la troisième zone C sont déterminées expérimentalement. L'opérateur détermine tout d'abord le nombre de sections de la troisième zone C, en fonction des dimensions de la surface à peindre et de l'amplitude du dégradé. On entend par amplitude du dégradé, la distance colorimétrique entre les deux teintes extrêmes et la largeur physique du dégradé à réaliser. De plus, l'opérateur détermine arbitrairement les différentes teintes intermédiaires qui permettent de passer de la première teinte extrême à la deuxième teinte extrême. Le nombre de teintes intermédiaires est choisi en fonction de la longueur du dégradé et de la différence d'intensité des teintes extrêmes. L'opérateur choisit donc autant de teintes intermédiaires, entre les deux teintes extrêmes, qu'il y a de sections dans la zone C. Les teintes intermédiaires sont réalisées en mélangeant, dans différentes proportions, la première et la deuxième teintes extrêmes. Les proportions du mélange de teintes sont fonction du rang de la teinte intermédiaire dans les teintes du dégradé Par exemple, pour obtenir trois teintes intermédiaires, si la teinte centrale est un mélange à 50% des teintes extrêmes, alors les deux autres teintes intermédiaires peuvent être mélangées à raison de 25% et 75%, et 75% et 25% des première et deuxième teintes extrêmes.
Selon un premier perfectionnement, les proportions du mélange sont déterminées à partir d'une courbe d'étalonnage colorimétrique du mélange pour que les teintes intermédiaires soient colorimétriquement équidistantes.
En fonction du résultat visuel obtenu, le choix du nombre de sections et de teintes intermédiaires peut être modifié, à la hausse ou à la baisse.
Dans l'exemple de la figure 2, la section Cl a une teinte intermédiaire io réalisée avec une plus grande proportion de première teinte et une plus petite proportion de deuxième teinte. La section C2 a une teinte réalisée avec une proportion approximativement égale entre la première et la deuxième teintes. La section C3 est réalisée avec une plus grande proportion de deuxième teinte et une plus petite proportion de première teinte. De cette façon, les sections Cl, C2 et C3 ont chacune une teinte intermédiaire entre les teintes extrêmes des zones A et B, avec une colorimétrie progressive entre la première teinte extrême de la zone A et la deuxième teinte extrême de la zone B. La succession de teintes intermédiaires de colorimétrie progressive forme un dégradé de couleurs entre la zone A et la zone B. Lorsque les deux teintes extrêmes sont compatibles, c'est-à-dire que leur mélange donne des teintes pas trop éloignées de la droite qui joint les teintes extrêmes dans l'espace colorimétrique, alors le mélange en différentes proportions de ces deux teintes permet d'obtenir une suite continue de teintes qui s'enchaînent de manière harmonieuse. C'est le cas en général des dégradés en intensité. Par exemple, pour un dégradé entre un bleu foncé et un bleu clair, le mélange en différentes proportions de ces deux teintes donne des nuances de différents bleus qui s'harmonisent bien.
Au contraire, lorsque les teintes extrêmes ne sont pas compatibles, alors le mélange entre ces deux teintes crée une nouvelle famille de teintes qui ne s'enchaînent pas de manière harmonieuse avec les teintes extrêmes. Par exemple, pour un dégradé entre un bleu violet contenant un peu de rouge et un bleu turquoise contenant du vert, les mélanges intermédiaires de ces deux teintes donne des teintes avec des nuances de marron qui ne sont pas souhaitables. Par exemple, pour un mélange avec des proportions proches de 50%, on obtient une teinte marron/beige peu harmonieuse avec le violet et le turquoise. Dans ce cas, l'opérateur peut choisir de déterminer les teintes intermédiaires non issues du mélange des teintes extrêmes (par exemple directement par fabrication). Lorsqu'une telle teinte intermédiaire sera compatible avec une teinte extrême ou une autre teinte intermédiaire, d'autres teintes intermédiaires pourront être réalisées par mélange. Dans l'exemple précédent, il obtient ainsi, comme teintes intermédiaires, un bleu vert clair et un parme. La nuance marron n'est alors pas présente, ce qui permet d'obtenir un dégradé harmonieux.
Il est à noter que l'incompatibilité de deux teintes n'est pas io nécessairement due aux teintes elles-mêmes. Elle peut être due aussi à la chimie de chaque peinture, propre à chaque fabricant de peinture, en fonction des additifs utilisés par ce fabricant.
Dans un second mode de réalisation de l'invention, la détermination du nombre de sections et des teintes intermédiaires est réalisée de manière mathématique par une étude colorimétrique et géométrique. Autrement dit, le nombre de sections de la zone C et les teintes intermédiaires de chacune de ces sections sont déterminés selon une méthode mathématique, reproductible et applicable quelles que soient les couleurs extrêmes. Ces teintes intermédiaires sont obtenues par la détermination des caractéristiques colorimétriques de chaque teinte intermédiaire, par les coordonnées dans l'espace colorimétrique de chaque point de la trajectoire colorimétrique, qui relie les teintes extrêmes, correspondant à une teinte intermédiaire. En effet, les teintes obtenues par ces mélanges, même si la proportion est régulière, n'ont pas toujours une progression colorimétrique régulière. C'est le cas, notamment, lorsque les teintes extrêmes ne sont pas compatibles, comme dans l'exemple expliqué précédemment (bleu violet et bleu turquoise). Ce second mode de réalisation de l'invention permet justement de déterminer précisément les teintes intermédiaires en fonction des deux teintes extrêmes de façon à obtenir la transition voulue, par exemple une transition linéaire, de la colorimétrie entre les différentes teintes. Ce mode de réalisation de l'invention permet également de déterminer, de façon non aléatoire, le nombre de sections de la troisième zone. En d'autres termes, ce mode de réalisation permet de déterminer en combien de sections la zone C doit être divisée et quelles teintes doivent être appliquées sur chaque zone pour obtenir un dégradé harmonieux entre les deux teintes extrêmes.
Pour cela, le procédé de l'invention comporte les opérations suivantes: construction d'un référentiel dans un espace colorimétrique, par exemple l'espace (L, a, b) ou l'espace (R, G, B). Cette construction du référentiel consiste à positionner, dans l'espace colorimétrique choisi, des points représentatifs des teintes extrêmes du dégradé, c'est-à-dire les première et deuxième teintes et à fixer une trajectoire colorimétrique entre ces points correspondants aux teintes extrêmes.
io - établissement d'une courbe d'étalonnage représentative de l'évolution colorimétrique entre la première teinte extrême et la deuxième teinte extrême. Cette courbe est obtenue en positionnant les points de l'espace colorimétrique sur un plan ayant le pourcentage de mélange entre les teintes extrêmes en ordonnée et l'écart colorimétrique en abscisse, c'està-dire en mesurant la distance colorimétrique résultant de différentes proportions de mélange des deux teintes extrêmes. Cette courbe peut être une ligne droite, une ligne brisée ou une courbe de forme diverse.
- vérification de la compatibilité des teintes. Celle-ci peut se faire par un contrôle visuel et peut également être visualisée en plaçant les points dans l'espace colorimétrique pour vérifier leur déviation par rapport à la trajectoire colorimétrique recherchée.
- choix, sur cette courbe d'étalonnage ou sur la courbe choisie, de plusieurs teintes intermédiaires en tenant compte de deux critères: (1)qu'il y ait sensiblement une équidistance entre chaque teinte et les teintes voisines et (2) que la distance entre deux teintes voisines soit d'environ 1,4% de la dimension maximale de l'espace.
- déduction du nombre de teintes intermédiaires et des caractéristiques colorimétriques de chacune de ces teintes intermédiaires. Lorsque les teintes sont compatibles, la proportion de mélange pour obtenir une teinte intermédiaire de la courbe est donnée par les coordonnées du point correspondant à ladite teinte intermédiaire dans l'espace colorimétrique choisi.
- découpage géométrique de la zone du motif à peindre en autant de sections de largeurs sensiblement égales que de teintes déterminées (teintes intermédiaires + teintes extrêmes). Toutefois, la largeur des sections peut être variable d'une teinte à la suivante si un effet de dégradé non linéaire est recherché ou pour tenir compte d'éventuels écarts de distances colorimétriques entre des teintes voisines différentes (par exemple 1,5% entre les deux teintes les plus sombres et 0,5% entre les deux teintes les plus claires).
- réalisation de chaque teinte intermédiaire.
- une fois les teintes et les zones géométriques correspondantes déterminées, application des peintures selon le procédé expliqué précédemment.
to Les teintes intermédiaires peuvent être réalisées soit par les procédé de fabrication propres à chaque fabricant de peinture (à partir des paramètres colorimétriques déterminés), soit par mélange des teintes extrêmes à partir d'une courbe d'étalonnage, lorsque les teintes sont compatibles, soit par une combinaison de ces deux techniques. Dans ce cas, une ou plusieurs teintes intermédiaires sont réalisées par le fabricant de peinture et les autres teintes intermédiaires sont réalisées en mélangeant les teintes intermédiaires du fabricant. De cette façon, on peut minimiser les conséquences d'incompatibilité due à la chimie des peintures.
Comme cités précédemment, les critères de choix des teintes 20 intermédiaires sur la courbe sont: - des distances colorimétriques sensiblement identiques entre deux teintes intermédiaires ou extrêmes, dans l'espace colorimétrique choisi; et - une distance colorimétrique entre deux teintes successives d'environ 1,4% de la dimension maximale de l'espace colorimétrique, qui correspond à la diagonale d'un cube représentant l'espace colorimétrique à trois dimensions. Cette valeur correspond à ce qui est communément admis comme pouvoir séparateur colorimétrique de l'oeil humain moyen. Autrement dit, une telle distance colorimétrique permet de tromper l'oeil de façon à ce que l'oeil ne voit pas la séparation entre les différentes sections. Dans un espace (L, a, b) , cette valeur correspond à un delta E de 5. Toutefois, cette valeur peut varier en fonction de conditions particulières liées à l'observateur, aux conditions d'observations et aux teintes. En particulier, la sensibilité de l'oeil à un écart colorimétrique varie avec la teinte. Par exemple, un écart de 1,4% peut s'avérer trop important avec certaines teintes claires et des essais peuvent être nécessaires pour fixer ce paramètre dans des cas particuliers.
Un exemple d'un espace colorimétrique (L, a, b) est représenté sur la figure 4. Dans cet espace colorimétrique (L, a, b), chaque teinte ou couleur est caractérisée par trois cordonnées L, a et b où : - L représente la luminance, - a représente les teintes comprises entre le rose et le vert, et - b représente les teintes comprises entre le jaune et le bleu.
Comme montré sur la figure 4, on affecte, aux trois axes x, y, z de l'espace (L, a, b), les cordonnées L, a et b des différentes teintes. La luminance L est représentée sur l'axe z; elle est comprise entre 0 et 100. La to teinte a est représentée sur l'axe x; elle est comprise entre -120 et +120. La teinte b est représentée sur l'axe y; elle est comprise entre -120 et +120. Dans cet espace colorimétrique, chaque teinte de coordonnées L, a, b est représentée par un point.
Sur la figure 5, on a représenté un exemple de courbe colorimétrique obtenue dans l'espace (L, a, b) pour un exemple de dégradé avec cinq teintes intermédiaires. Ce mode de réalisation de l'invention consiste à déterminer, tout d'abord, les coordonnées L, a, b des deux teintes extrêmes du dégradé, c'est-à-dire les teintes des zones A et B. Ces coordonnées sont mesurées au moyen d'un dispositif de type spectocolorimètre. Les points p1 et p7 correspondant à ces coordonnées sont alors placés dans l'espace (L, a, b). On calcule alors la distance colorimétrique, dans l'espace (L, a, b), entre ces deux points p1 et p7. La distance colorimétrique est la distance séparant deux teintes dans l'espace (L, a, b). Elle est déterminée en mesurant la distance arithmétique entre ces deux points On déduit, de cette distance colorimétrique, le nombre de sections à considérer dans la zone C en divisant cette distance mesurée par la distance colorimétrique maximale choisie. Cette distance colorimétrique maximale est avantageusement choisie inférieure ou égale à 5 (delta E = 5). Ainsi, toutes les sections et zones de la surface à peindre sont distantes au plus d'une valeur delta E = 5.
Dans un exemple, on mesure L = 30,10, a = - 2,21 et b = -19,29 pour la première teinte extrême et L = 96,94, a = - 0,91 et b =+ 0,96 pour la deuxième teinte extrême. La distance colorimétrique delta E entre les deux couleurs est de 69,85. Comme on choisit d'avoir une distance colorimétrique entre deux teintes qui n'excède pas delta E = 5, on détermine qu'il faut 69,85/ 5 = 14 teintes intermédiaires pour permettre le passage de la première teinte extrême à la seconde teinte extrême, sans que l'oeil puisse détecter le passage d'une teinte à l'autre.
Selon cet exemple, on détermine ensuite le trajet réel pour passer de la première teinte extrême à la seconde teinte extrême. En effet, si le passage d'une teinte à une autre, par mélange de ces deux teintes, n'est pas linéaire dans l'espace colorimétrique, il est important de quantifier ce phénomène en déterminant des points intermédiaires. Pour cela, il est possible de réaliser plusieurs exemples de mélanges entre ces deux teintes extrêmes, par exemple, 5% 10% 50% 90% et 95% de chacune de ces io teintes avec la correspondance dans l'autre teinte pour obtenir 100%, ce qui permet d'étalonner les mélanges. Une courbe colorimétrique expérimentale de ces résultats est ensuite tracée. En effet, chacun de ces mélanges correspond à une nouvelle teinte caractérisée par des coordonnées dans l'espace (L, a, b) et placée dans cet espace (L, a, b). Dans l'exemple de la figure 5, ces mélanges correspondent à des points p2, p3, p4, p5 et p6. Ces points p2 à p6 forment, avec les points p1 et p7 des teintes extrêmes, une courbe cc. Sur cette courbe cc, on peut mesurer: - la distance colorimétrique entre deux teintes adjacentes, - la distance curviligne de de chaque couleur par rapport à la première teinte extrême représentée par le point p1. La distance curviligne correspond à la somme des distances colorimétriques entre deux teintes adjacentes. -la distance rectiligne dr entre les couleurs extrêmes.
Un exemple de ces distances est représenté sur la figure 6. Plus précisément, la figure 6 montre les points p1 à p7 de la figure 5 avec les distances curvilignes et rectilignes entre ces points. Dans cet exemple, les points p2 à p6 ont les coordonnées suivantes: p2: 95% première teinte extrême, 5% deuxième teinte extrême L = 34,11, a = -6,65, b = -24,72.
p3: 90% première teinte extrême, 10% deuxième teinte extrême L = 37,10, a = -9,92, b = -27,81 P4: 50% première teinte extrême, 50% deuxième teinte extrême L = 52,25, a = - 22,33, b = - 34,26 P5: 10% première teinte extrême, 90% deuxième teinte extrême L = 71,32, a=-24,02, b=-27,41 P6: 5% première teinte extrême, 95% deuxième teinte extrême L = 77,66, a = - 20, 89, b = - 22,25 Dans cet exemple, on constate un écart important entre la distance rectiligne et la distance curviligne. La distance curviligne est presque deux fois plus longue que la distance rectiligne. Cela signifie que le trajet pour passer de la première teinte extrême à la deuxième teinte n'est pas io rectiligne.
Selon cet exemple, la courbe cc est ensuite reconstruite dans un plan XY. La courbe obtenue dans le plan XY est une courbe représentative de l'évolution de la distance colorimétrique (delta E) en fonction du pourcentage de mélange d'une des teintes extrêmes. Un exemple d'une telle courbe est is représenté sur la figure 7. A partir de cette courbe, en prenant un delta E égal ou inférieur à 5, on en déduit les proportions de l'une des teintes extrêmes pour obtenir chacune des teintes intermédiaires. Autrement dit, on choisit, sur cette courbe, des points espacés de façon régulière, en particulier espacés de delta E = 5. Un exemple de ces points est représenté sur la figure 8. Dans cet exemple, on voit les points p8 à p13, répartis régulièrement sur la courbe avec un delta E de 5. On lit alors sur la courbe le pourcentage de la première teinte extrême à prendre pour réaliser la première teinte intermédiaire. On en déduit aisément le pourcentage de la seconde teinte extrême à prendre pour obtenir le mélange correspondant à cette teinte intermédiaire.
On détermine ainsi, dans l'espace colorimétrique (L, a, b), les points de la courbe colorimétrique cc qui permettent d'obtenir une répartition régulière des teintes avec une colorimétrie progressive entre la première teinte extrême et la deuxième teinte extrême. La colorimétrie peut être progressive du plus clair au plus foncé lorsque la première teinte extrême est plus claire que la seconde teinte extrême ou, au contraire, progressive du plus foncé au plus clair lorsque la première teinte extrême est plus foncée que la seconde teinte extrême.
On comprend donc que ce procédé a l'avantage d'être totalement 35 reproductible puisque les teintes sont déterminées automatiquement, une fois pour toutes, pour un même motif.