La présente invention concerne le domaine technique des tissus ou nappes
textiles à usage chirurgical destinés à être implantés pour assurer le renfort de régions
musculaires, tissulaires molles ou encore de parois d'organes internes du corps
humain.
Dans le domaine ci-dessus, il est connu de mettre en oeuvre des plaques de
matériaux biocompatibles, en fibres non tissées ou en tissus à fils croisés qui sont
découpés par le chirurgien en fonction de son besoin.
Si de telles plaques de matières textiles permettent effectivement de réaliser
des moyens de renforts souples implantables, elles présentent néanmoins certains
inconvénients. Tout d'abord, en raison de leurs découpes, les plaques de renfort ainsi
obtenues offrent des bords qui sont susceptibles de blesser les tissus au niveau
desquels elles sont placées.
Par ailleurs, compte tenu de leur structure, de telles plaques sont susceptibles
de relâcher des particules libres pouvant affecter la cicatrisation des tissus
d'implantation. De plus, dans le cadre de certaines utilisations telles que, par
exemple, la réalisation de bandelettes pour le traitement de l'incontinence urinaire
d'effort, ces bandelettes présentent l'inconvénient de se déformer et de s'enrouler sur
elles-mêmes lorsqu'un effort ou une traction longitudinale est exercée sur celles-ci.
De même, de telles bandelettes découpées dans des tissus à fils croisés
présentent une certaine élasticité qui les rendent impropres à une utilisation dans le
cadre d'une implantation sans tension résiduelle comme cela est plus
particulièrement recherché dans le cadre des nouveaux protocoles de traitement de
l'incontinence urinaire d'effort.
Afin de remédier à cet inconvénient, une demande de brevet WO 02065944 a
proposé un tricot chaíne à usage chirurgical réalisé en fils biocompatibles et
présentant au niveau de ses lisières longitudinales, des boucles libres destinées à
former des éléments d'implantation.
Le tricot, selon la demande WO 02 065 944 présente alors une armure de type
tricot simple à une barre ou encore une armure de type atlas présentant une trop
grande sensibilité au démaillage de sorte que ses caractéristiques peuvent être
affectées lorsque le chirurgien a été amené au cours de la procédure d'implantation, à
abímer la bandelette.
Un brevet US 5 456 711 a également proposé un tricot chaíne à usage
chirurgical en matériaux compatibles présentant une armure à deux barres plus
communément connue sous le nom de queenscord. Ce tricot présente la particularité
d'offrir une meilleure résistance au démaillage que le tricot précédent mais présente
néanmoins l'inconvénient de ne pas offrir une porosité favorisant un processus rapide
de cicatrisation.
Il est donc apparu le besoin de disposer d'un nouveau type de tricot qui soit
adapté à une implantation dans le cadre de procédures dites sans tension pour le
traitement de la cystocèle ou incontinence urinaire d'effort féminine, qui soit
indémaillable et qui soit, par ailleurs, particulièrement favorable à une colonisation
fibroplastique rapide afin de favoriser une cicatrisation optimale et sans douleur.
Afin d'atteindre cet objectif, l'invention concerne un tricot à chaíne à usage
chirurgical en fils biocompatibles caractérisé en ce qu'il présente une armure de
chaínette tramée. Ainsi, le tricot selon l'invention présente un motif de chaínette,
fermée ou ouverte, associé à au moins un motif de liage et, de préférence, un seul
motif de liage.
En effet, il a été constaté qu'une telle armure de chaíne tramée offre un facteur
d'ouverture et des pores de dimensions suffisantes pour favoriser la colonisation
fibroplastique. Par ailleurs, une telle armure de chaínette tramée est particulièrement
favorable à l'obtention d'un tricot bloqué très peu démaillable et résistant donc bien
aux éventuelles découpes susceptibles d'y être effectuées de manière accidentelle ou
volontaire par le chirurgien lors de l'implantation.
Selon une caractéristique de l'invention, le tricot chaíne est réalisé de manière
à présenter un motif de chaínette fermée du type 1-0 ou, accessoirement, de chaínette
ouverte du type 1-0/0-1 et un motif de liage du type 0-0/3-3.
Dans une forme préférée de réalisation, le tricot présentera un motif de
chaínette fermée, associé à au moins un motif de liage.
Selon une autre caractéristique de l'invention, le tricot est réalisé de manière à
présenter un motif de chaínette fermée de type 1-0 et un motif de liage du type
1-0/2-3 qui renforce le caractère indémaillable du tricot.
Un tricot chaíne selon l'invention, peut être réalisé sur tout type de métier à
tricoter adapté tel que par exemple, les métiers à tricoter comprenant deux barres
comme les métiers RACHEL ou les métiers CROCHET.
Dans le cadre d'une mise en oeuvre dans un métier à deux barres à passettes,
l'une des barres assure alors le motif de chaínette tandis que l'autre barre assure le
motif de liage.
Afin d'être particulièrement favorable au mécanisme de colonisation
fibroplastique, le tricot chaíne selon l'invention est réalisé de manière à présenter des
pores dont la taille est dans une dimension au moins supérieure à 74 µm et de
préférence mais non nécessairement, dans toutes les dimensions comprises entre
20 µm et 80 µm.
De manière préférée, le tricot chaíne selon l'invention, est réalisé sous la forme
d'un ruban à lisières nettes qui présentera de préférence mais non nécessairement,
une largeur comprise entre 8 mm et 55 mm, et de manière plus particulièrement
préférée, comprise entre 8 mm et 15 mm. Un tel mode de réalisation du tricot chaíne
selon l'invention le rend alors particulièrement adapté à la réalisation d'une
bandelette de renfort pour le traitement de la cystocèle ou incontinence urinaire
d'effort, comprenant au moins une longueur de tricot selon l'invention.
Selon une autre caractéristique de l'invention, et toujours en vue d'obtenir des
résultats de cicatrisation optimum, le tricot chaíne selon l'invention, est réalisé de
manière à présenter un poids surfacique compris entre 28 g/m2 et 100 g/m2 et, de
manière plus particulièrement préférée, compris entre 30 g/m2 et 40 g/m2.
Selon l'invention, le tricot chaíne à usage chirurgical peut être réalisé en fils de
matériaux synthétiques biocompatibles tels que, par exemple, en fils de polyamide,
polyoxyméthylène, polyethercétone, polypropylène, polyéthylène ou polyester. De
manière préférée mais non strictement nécessaire, les fils constitutifs du tricot chaíne
selon l'invention, seront choisis parmi le polypropylène, le polyester et le polyamide.
Il est à noter que dans une forme de réalisation plus particulièrement préférée, le
tricot chaíne selon l'invention, serait réalisé en fils de polypropylène.
Différents types de fils peuvent être utilisés pour la réalisation d'un tricot
chaíne selon l'invention, tels que par exemple, des fils multi-filaments ou des fils
mono filaments. De préférence, les fils mono-filaments seront retenus en raison de
leur faible proportion à relâcher des particules.
Ainsi, dans une forme préférée de réalisation, le tricot chaíne selon l'invention,
sera tricoté au moyen de fils mono-filaments dont le diamètre est compris entre
0,017 mm et 0,15 mm et, de préférence, compris entre 0,05 mm et 0,10 mm.
Selon une autre caractéristique de l'invention, afin de présenter une grande
stabilité dimensionnelle, le tricot chaíne à usage chirurgical selon l'invention, subira
un apprêt de thermofixation à une température comprise entre 120 °C et 140 °C et, de
préférence, comprise entre 125 °C et 135 °C.
Un tel apprêt de thermofixation pourra être réalisé soit par vaporisage, soit par
calandrage.
L'invention concerne, également, l'utilisation d'un tricot selon l'invention pour
la réalisation d'une prothèse implantable et, de manière préférée, l'utilisateur d'un
tricot selon l'invention se présentant sous la forme d'un ruban à lisière lisse.
L'invention concerne aussi l'utilisation d'un tricot selon l'invention pour
assurer le renfort d'une région interne du corps humain, dans le cadre d'une
implantation chirurgicale.
Diverses autres caractéristiques de l'invention ressortent de la description ci-dessous
effectuée en référence aux dessins annexés qui illustrent des formes
préférées de réalisation d'un tricot chaíne à usage chirurgical selon l'invention.
La fig. 1 est une photo illustrant une première forme de réalisation d'un tricot
chaíne selon l'invention.
La fig. 2 est une vue de détails illustrant l'enchevêtrement des mailles du tricot
chaíne selon l'invention.
La fig. 3 est une vue au microscope optique du tricot chaíne, tel qu'illustré à la
fig. 1.
La fig. 4 est une représentation simplifiée de la structure du tricot chaíne, telle
qu'illustrée aux fig. 1 et 2.
La fig. 5 est une représentation simplifiée d'une variante de réalisation d'un
tricot chaíne selon l'invention.
L'invention vise à proposer un tricot chaíne, tel qu'illustré à la fig. 1 et désigné
dans son sens par la référence 1, particulièrement adapté à un usage chirurgical et,
notamment, au protocole de traitement de la cystocèle par renforcement des muscles
dans la zone pelvienne, en vue de soutenir l'uretère au moyen d'une bandelette.
Ainsi, un tricot chaíne selon l'invention, sera réalisé au moyen de fils
biocompatibles, tels que, par exemple, réalisés en matière synthétique comme le
polyamide, le polyoximéthylène, le polyéthercétone, le polypropylène, le
polyéthylène ou le polyester.
Selon l'invention, le tricot 1 peut être réalisé en tous types de fils, tels que, par
exemple, des fils multi-filaments et mono ou multi-matières.
De manière préférée, le tricot 1 selon l'invention sera plutôt réalisé en fils
mono-filaments dont le diamètre sera compris entre 0,017 mm et 0,15 mm et, de
manière préférée, ente 0,05 mm et 0,10 mm.
Dans une forme plus particulièrement préférée, le tricot 1 selon l'invention sera
réalisé à partir de fils mono-filaments de polypropylène présentant un diamètre de
0,08 mm environ.
Comme le montre la fig. 1, le tricot chaíne 1 est, de préférence, tricoté sous la
forme d'une bande ou d'un ruban présentant des lisières 2 et 3 lisses. De manière
préférée et non strictement nécessaire, le tricot 1 sera réalisé sous la forme d'une
bande présentant une largeur l comprise entre 8 mm et 55 mm et, de manière plus
particulièrement préférée, entre 8 mm et 15 mm, en vue de réaliser des bandelettes de
support pour le traitement de la cystocèle par exemple.
Comme cela a été décrit ci-dessus, conformément à une forme préférée de
réalisation de l'invention, les lisières 2 et 3 sont réalisées de manière nette de façon à
ne présenter aucun filament libre susceptible de venir blesser les tissus lors de la
mise en place de la bandelette.
Le tricot 1 selon l'invention, est réalisé de manière à présenter une faible
élasticité voire, si possible, une absence d'élasticité permettant une mise en place
sans tension. Afin d'atteindre cet objectif, le tricot est réalisé sur la base d'une
armure de chaínette tramée, tricotée sur un métier RACHEL présentant au moins
deux barres à passettes ou, encore, un métier à crochet.
Dans le cadre d'une réalisation sur un métier à deux barres à passettes, le
tricot 1, tel qu'illustré à la fig. 1, est réalisé en adoptant le schéma de liage, tel que
représenté de manière schématique à la fig. 2. Ainsi, le fil 10 représente le motif
réalisé par la première barre correspondant à une chaínette fermée qui possède un
barème de type 1-0. Par ailleurs, le fil 12, représenté en trait mixte, présente le liage
réalisé au moyen de la deuxième barre à passettes selon un barème de type 0-0/3-3.
De manière connue en soi de l'homme du métier, le barème, tel qu'exprimé
précédemment, représente les sauts ou jetés des barres à passettes d'un rang à l'autre,
la coordonnée 1 correspondant à une position intermédiaire entre les deux premières
colonnes d'aiguilles à gauche.
Le tricot obtenu présente alors une structure vue au microscope telle
qu'illustrée à la fig. 3.
La structure présente, entre autres caractéristiques avantageuses, la propriété
d'être peu démaillable, de sorte que le chirurgien peut y effectuer plusieurs découpes
partielles, sans que cela risque d'entraíner un détricotage complet de l'ensemble du
tricot implanté.
De plus, la structure de l'armure de chaínette tramée présente l'avantage
d'offrir des pores qui présentent une taille, dans au moins une de leurs trois
dimensions, supérieure à 74 µm. Ainsi, selon l'exemple illustré, les pores principaux
15 présentent une forme rectangulaire dont la largeur l15 est supérieure à 74 µm.
Le tricot selon l'invention sera, de préférence, réalisé de manière à présenter un
poids surfacique de l'ordre de 35 g/m2, sachant que ce poids pourra être compris
entre 28 g/m2 et 100 g/m2, un tel poids étant favorable à une bonne implantation.
La fig. 4, sur laquelle les mêmes références 10 et 12 ont été adoptées pour les
fils correspondant aux deux barres à passettes, illustre une variante de réalisation
avec un motif de chaínette ouverte de barème 1-0/0-1 et motif de liage du type
0-0/3-3.
Dans une autre variante de réalisation, le tricot sera réalisé de manière à
présenter une structure parfaitement indémaillable.
A cet effet, la deuxième barre, prenant en charge le fil 12, sera alors animée
d'un mouvement maillant symétrique par rapport à la barre de chaínette et conférera,
par exemple, une armure dont le barème sera 1-0 pour la chaínette et 1-0/2-3 pour le
fil de liage 12, comme cela est illustré de manière schématique à la fig. 5.
Bien entendu, diverses autres modifications peuvent être apportées à
l'invention sans sortir de son cadre.