CAPTUER INFRAROUGE ET PROCEDE DE FABRICATION
La présente invention concerne les capteurs infrarouges comprenant une couche d'absorption de lumière qui est structurée, c'est à dire que cette couche recouvre partiellement le substrat du capteur en formant une pluralité de zones élémentaires d'absorption de la lumière infrarouge associées respectivement à une pluralité de pixels formant ce capteur.
Il est connu de former de telles couches d'absorption structurées par un dépôt thermique sous vide d'un métal dans une atmosphère d'azote de quelques milibars pour obtenir une texture de couleur noire ayant un bon coefficient d'absorption de la lumière infrarouge. On parle alors par exemple d'or ou d'argent "noir". Cette technique de formation de couches d'absorption présente au moins deux inconvénients.
Premièrement, l'installation nécessaire est relativement onéreuse, ce qui augmente le coût de production du capteur. Deuxièmement, le dépôt d'un métal "noir" est parfois accompagné de problèmes d'adhérence de la couche déposée sur le substrat.
Il est aussi connu de former de telles couches d'absorption structurées par une croissance électrochimique d'une couche de platine effectuée avec une forte densité de courant de sorte que l'on obtient une croissance dendritique qui donne à la couche sa couleur noire. On parle ici de platine "noir". Ce dernier procédé présente également des inconvénients. Premièrement le sel de platine utilisé est relativement cher. Ensuite, les conditions de croissance dendritique dépendent relativement fortement de la surface du substrat sur lequel est prévu la couche structurée. Ainsi, si la surface du substrat n'est pas parfaitement homogène, on obtient des croissances différentes selon les régions, ce qui conduit à des coefficients d'absorption différents selon les pixels d'un capteur ou d'une pluralité de capteurs fabriqués en lot. Ce fait est particulièrement néfaste pour une production industrielle. Finalement, le procédé électrochimique nécessite de relier électriquement l'ensemble des pixels d'un capteur pour permettre le dépôt dans des zones élémentaires correspondantes. Ces liaisons électriques doivent ensuite être éliminées pour que le capteur puisse fonctionner.
Le but de la présente invention est donc de palier les inconvénients financiers et techniques susmentionnés, en fournissant un procédé peu onéreux de fabrication d'une couche d'absorption structurée et un capteur ayant une telle couche présentant des caractéristiques physiques homogènes pour l'ensemble des pixels d'un capteur et plus généralement pour une pluralité de capteurs fabriqués en lot.
A cet effet, l'invention concerne un procédé de fabrication d'au moins un capteur infrarouge dans lequel il est prévu une étape de formation d'une couche structurée d'absorption de lumière infrarouge à la surface supérieure d'un substrat
dans lequel sont formés partiellement une pluralité de pixels dudit au moins un capteur infrarouge. Ce procédé est caractérisé en ce qu'il est prévu dans l'étape de formation d'une couche structurée de déposer une dispersion de particules colloïdales de manière à former une couche, de préférence sensiblement uniforme, recouvrant ledit substrat et d'éliminer ensuite partiellement cette couche pour former une pluralité de zones élémentaires d'absorption associées respectivement à ladite pluralité de pixels et définissant ladite couche structurée.
Grâce aux caractéristiques du procédé selon l'invention, il est possible de déposer une couche structurée d'absorption de lumière infrarouge à l'aide d'une installation relativement peu onéreuse, par exemple à l'aide d'un centrifugeur, ou simplement par pulvérisation, notamment à l'aide d'un spray.
Les particules colloïdales définissent des pigments noirs, par exemple des plaquettes de graphite ou des oxydes métalliques. Les dispersions de graphite ou d'oxydes métalliques sont relativement faciles à préparer et certaines dispersions offertes sur le marché répondent aux critères nécessaires pour obtenir une couche de liant avec des particules colloïdales définissant une couche homogène d'une épaisseur sensiblement constante et adhérant bien au substrat.
L'invention concerne également un capteur infrarouge comprenant une couche structurée d'absorption de lumière, caractérisé en ce que cette couche structurée est formée de particules colloïdales et d'un liant. En particulier, les particules colloïdales sont des plaquettes de graphite ou des oxydes métalliques.
La présente invention serait exposée plus en détail à l'aide de la description suivante, faite en référence au dessin annexé, donné à titre d'exemple nullement limitatif, dans lequel: - la figure 1 est une vue schématique partielle de dessus d'un premier mode de réalisation d'un capteur infrarouge selon l'invention; et
- la figure 2 est une coupe schématique selon la ligne ll-ll de la figure 1. Aux figures 1 et 2 est représenté schématiquement et partiellement un capteur infrarouge 2 formé dans une plaquette de silicium 4 dans laquelle sont micro-usinés une pluralité d'évidements 6. Ces évidements sont terminés par une couche ou membrane 8 sur laquelle sont formés les électrodes inférieures 10 des pixels 12 du capteur 2. Au-dessus de la membrane 8 et des électrodes 10 est formée une couche pyroélectrique 14 qui dans la variante représentée ici est traversante entre les pixels 12. Toutefois dans une autre variante, la couche 14 peut être structurée de manière à isoler les pixels 12. Sur la couche 14 sont formées les électrodes supérieures 16. Au-dessus des électrodes 16 est agencée la couche structurée d'absorption de lumière infrarouge. La couche d'absorption 20 définit ainsi une
pluralité de zones élémentaires d'absorption associées respectivement à la pluralité! de pixels du capteur 2.
On notera que l'invention porte spécifiquement sur la couche d'absorption structurée 20 et sur le procédé de dépôt de cette couche. Ainsi, la présente invention peut s'appliquer à tout type de détecteurs ou capteurs infrarouges , notamment pour des bolomètres ou des éléments thermiques (thermopiles). L'utilisation d'une couche pyroélectrique est donc nullement limitative et donnée ici seulement à titre d'exemple. Selon un autre mode de réalisation d'un capteur infrarouge de l'invention, il est prévu que la couche structurée d'absorption définissant les zones élémentaires soit électriquement conductrice et forme également les électrodes supérieures de la pluralité de pixels 12. Comme représenté à la figure 1 , chacune des électrodes supérieures 16 est reliée électriquement par une piste conductrice 21 à une plage de contact 22.
Selon l'invention, la couche d'absorption structurée 20 est formée de particules colloïdales et d'un liant qui fige ces particules colloïdales et assure également une bonne adhérence de cette couche d'absorption au substrat 24 (incluant les électrodes 16) à la surface duquel elle est agencée. En particulier, dans le cas de la figure 2, une bonne adhésion doit être réalisée entre la couche structurée 20 et les électrodes 16. Par particules colloïdales, on entend des particules de petite dimension, de l'ordre de quelques micromètres ou de dimension inférieure. Dans le cadre de la présente invention, on englobe également sous cette définition des particules aux dimensions plus élevées, notamment des plaquettes dont le diamètre ou la plus grande dimension peut atteindre environ jusqu'à 100 micromètres. Toutefois pour obtenir des couches relativement minces et homogènes, il est prévu de préférence que lesdits plaquettes de graphite aient en majorité des diamètres inférieurs à 40 micromètres. De manière non limitative, il est prévu généralement que la couche d'absorption ait une épaisseur inférieure à 10 micromètre. De préférence, il est prévu de déposer des couches selon l'invention présentant une épaisseur située environ entre 1 et 3 micromètres.
Dans un autre mode de réalisation, les particules colloïdales sont formées par des oxydes métalliques, notamment des oxydes de fer, de cuivre ou de manganèse. Les oxydes métalliques forment les pigments d'une dispersion dont les autres éléments sont sélectionnés par l'homme du métier pour permettre le dépôt d'une couche homogène présentant une bonne adhérence au substrat.
Le procédé de fabrication selon l'invention et la composition de la dispersion utilisée seront décrits ci-après plus particulièrement pour des plaquettes de graphite utilisées comme matériel d'absorption de la lumière infrarouge.
La dispersion utilisée pour former la couche structurée d'absorption contient un solvant, aqueux ou organique, dans lequel sont dispersés les pigments, c'est à dire les particules colloïdales selon l'invention. Le pourcentage en poids de ces pigments dépend fortement de leur type et de l'épaisseur de la couche d'absorption prévue. A titre d'exemple, la proportion de pigments peut varier environ entre 10% et 60% en poids. Concernant les dimensions des pigments, un optimum doit être déterminé en fonction des caractéristiques souhaitées pour la couche déposée. Dans le cas des plaquettes de graphite, leurs diamètres sont de préférence inférieur à 40 micromètres pour obtenir des couches dont l'épaisseur varie environ entre 1 et 3 micromètres avec un très bon coefficient d'absorption, de préférence supérieur à 90%.
En plus du solvant, la dispersion comprend des agents de dispersion qui assurent une répartition sensiblement homogène des particules dans la dispersion et évite leur agglomération ou sédimentation. Ensuite, la dispersion comprend un liant, notamment une résine acrylique qui assure, après évaporisation du solvant, la cohésion entre les particules et leur adhésion au substrat sur lequel la dispersion a été déposée. De préférence, il est prévu un liant qui subit une réaction chimique lors de l'évaporation du solvant de manière à assurer qu'une fois la couche déposée et devenue solide, le liant ne soit plus soluble dans le solvant initialement présent dans la dispersion et également dans d'autres solvants au contact duquel peut se trouver la couche structurée ainsi formée.
On peut également prévoir d'introduire dans le solvant un matériel qui modifie les propriétés mécaniques de la couche déposée, notamment des molécules de polyester, qui augmentent l'adhésion avec le substrat. Finalement la dispersion peut contenir des agents mouillants qui augmentent la mouillabilité de la dispersion sur le substrat de manière à permettre le dépôt d'une couche uniforme d'épaisseur sensiblement constante. De telles dispersions peuvent être apportées de manière relativement aisée par des centrifugeurs (spin-coating), par immersion dans un bain contenant la dispersion (dip-coating) ou par pulvérisation (spray-coating). Une fois la dispersion apportée sous forme d'une couche recouvrant le substrat, cette dernière est séchée soit à l'air ou à l'aide d'un traitement thermique permettant notamment d'évaporer le solvant et éventuellement d'engendrer une réaction chimique du liant.
A titre d'exemple, une dispersion de particules de graphite dans un solvant aqueux présente une proportion de solide égale à 18% en poids, une dimension
: moyenne des particules de 1 à 2 micromètres avec un maximum de 5 micromètres, une densité d'environ 1.1 gr/cm3 et une valeur du pH d'environ 11. De telles dispersions peuvent être obtenues sur le marché.
Selon un autre exemple, la dispersion contient comme solvant de l'isopropanoi et des plaquettes de graphite présentant essentiellement des diamètres entre 20 et 40 micromètres. On observe de hauts coefficients d'absorption, d'au moins 80% pour des longueurs d'ondes comprises entre 2 μm et 20 μm, pour des couches d'absorption formées à partir de telles dispersions et présentant des épaisseurs d'environ 2 micromètres. En utilisant de préférence un dépôt par pulvérisation, on peut également déposer des couches d'absorption relativement minces, d'environ 2 micromètres avec des plaquettes de graphite de diamètre relativement élevées, notamment d'une valeur moyenne d'environ 10 micromètres avec un maximum d'environ 100 micromètres. Une telle dispersion contient par exemple comme solvant de l'isopropanoi et du pétroléther et un liant sous forme de résine acrylique. On a obtenu avec de telles dispersions des couches structurées d'absorption ayant des coefficients d'absorption supérieurs à 90%. De telles dispersions sont disponibles sur le marché. Bien entendu, l'homme du métier saura déterminer quel est la dispersion appropriée pour un substrat donné, notamment un substrat semi-conducteur et ou une métallisation spécifique. Il déterminera notamment en fonction du procédé de dépôt la viscosité adéquate de la dispersion utilisée.
Comme déjà mentionné précédemment, il est possible de prévoir que la couche d'absorption structurée forme également les électrodes supérieures des pixels du capteur. Etant donné les propriétés électriques du graphite, il est possible d'obtenir des zones élémentaires présentant une relativement faible résistance. La résistance électrique dépend notamment de la grosseur des particules, du type de liant et sa concentration, de même que la température de séchage de la couche.
On décrira ci-après un premier mode de mise en œuvre du procédé de fabrication d'au moins un capteur infrarouge selon l'invention. En prenant par exemple comme base une plaque de silicium, il est prévu de former partiellement une pluralité de pixels selon une méthode conventionnelle adaptée au type de capteur prévu. On obtient ainsi un substrat 24 dans lequel est formé partiellement une pluralité de pixels comme représenté à la figure 2. Le procédé comprend une étape de formation d'une couche structurée d'absorption de lumière infrarouge comprenant les sous-étapes suivantes:
- dépôt d'une couche photosensible (photorésist) formant une couche supérieure dudit substrat;
- définition d'une pluralité de zones élémentaires d'absorption par un procédé de photolithographie;
- dépôt d'une couche de dispersion sur le substrat;
- apport d'un solvant spécifique pour dissoudre ladite couche photosensible hors desdites zones élémentaires avec élimination de la couche d'absorption formée par la dispersion également hors desdites zones élémentaires.
Le procédé décrit ici s'apparente au procédé "Lift-off" connu de l'homme du métier de la fabrication de circuits semiconducteurs.
La couche de dispersion est étendue de manière sensiblement uniforme à l'aide d'une des techniques mentionnées ci-avant, notamment par un centrifugeur tournant à une vitesse de 2000 tours/minute durant une période d'environ 60 secondes. L'opération de séchage de la couche de dispersion pour obtenir une couche d'absorption solide dure est effectuée sur une plaque chauffante à environ 120° pendant environ une minute pour une couche d'environ 2 micromètres d'épaisseur. L'homme du métier saura choisir les bonnes valeurs pour les paramètres mentionnés ci-dessus en fonction de la dispersion utilisée et notamment de sa viscosité.
A titre d'exemple, on utilisera comme solvant de l'acétone pour dissoudre la couche de photorésist hors des zones élémentaires d'absorption définies par photolithographie. L'acétone n'aura sensiblement aucun effet dans les zones élémentaires sur la couche d'absorption alors que hors de ces zones, du fait de la dissolution du photorésist, la couche de dispersion est éliminée mécaniquement.
Finalement, le capteur ou le lot de capteurs est nettoyé par exemple à l'aide d'isopropanol et d'eau distillée. D'autres procédés de formation de la couche structurée d'absorption de lumière infrarouge peuvent être envisagés par l'homme du métier. On décrira notamment rapidement un deuxième mode de mise en œuvre du procédé selon l'invention dans lequel la technique de photolithographie conventionnelle est remplacée par l'utilisation d'un masque de contact. Dans ce deuxième mode, l'étape de formation d'une couche structurée à l'aide d'une dispersion de particules colloïdales comprend les sous-étapes suivantes :
- apport d'un masque présentant une pluralité d'ouvertures sur le substrat dans lequel sont formés partiellement des pixels, cette pluralité d'ouvertures définissant une pluralité de zones élémentaires associées respectivement aux pixels; - dépôt d'une couche de dispersion recouvrant le substrat et le masque, notamment à l'aide d'une des techniques mentionnées précédemment;
- retrait du masque de manière à enlever partiellement la couche ainsi déposée.
La couche d'absorption est structurée par le retrait du masque, la cohésion interne de la couche déposée et son adhérence au substrat sont déterminées de manière à ce que cette couche reste solidement fixée au substrat dans les régions des ouvertures du masque.