L'invention concerne, dans le domaine de la
construction des superstructures ferroviaires, un coeur
de croisement à pointe mobile pour appareils de voie notamment
de grande longueur à faible angle de croisement
incorporés dans des voies réalisées en barre longue pour
trafic à grande et à très grande vitesse, et un procédé
de fabrication d'un tel coeur de croisement.
On connaít déjà des coeurs de croisement à
pointe mobile, qui ont, associés à des rails dits
〈〈 longs 〉〉, un développement important avec la multiplication
des voies ferrées pour trains à grande vitesse,
parce qu'ils permettent un meilleur confort aux usagers
de ces trains, et réduisent les sollicitations mécaniques
des matériels roulants, par rapport aux coeurs de
croisement à pointe fixe.
Les coeurs de croisement à pointe mobile actuels
comportent un ensemble de berceau formé de pièces
fixées les unes aux autres comprenant notamment des éléments
de talon constitués par des tronçons de rails, et
une pointe mobile encastrée dans l'ensemble de berceau.
Afin notamment d'augmenter la durée de vie des
coeurs de croisement à pointe mobile, on a tenté de diminuer
le nombre de pièces fixées par des organes mécaniques
par exemple au moyen de pièces en C, en réalisant
autant que possible des fixations par soudure, et pour
le reste des fixations au moyen d'éclisses collées et
boulonnées, permettant notamment un transfert des efforts
de compression ou de traction de la pointe mobile
sur le berceau.
Cependant les coeurs de croisement à pointe
mobile connus nécessitent encore, pour leur assemblage,
l'utilisation d'un grand nombre de pièces et notamment
d'organes d'assemblage filetés ou rivetés pour fixer la
pointe mobile à l'ensemble de berceau ainsi que le coeur
à des supports en bois ou en béton.
L'invention a pour but de remédier à cet inconvénient
et concerne à cette fin un coeur de croisement
à pointe mobile pour voies ferrées, caractérisé en
ce qu'il comporte d'une part un ensemble de berceau comprenant
un berceau allongé qui a deux extrémités respectivement
de pointe et de talon au voisinage de chacune
desquelles il comporte deux régions présentant des profils
de rail respectifs disposés symétriquement, deux
coupons de rails soudés respectivement aux deux régions
de l'extrémité de pointe et présentant un profil de rail
identique au leur, deux éléments de talon en acier moulé
soudés respectivement aux deux régions de l'extrémité de
talon et présentant un profil de rail identique au leur,
comportant chacun en une seule pièce des platines de
base, des butées et des entretoises portant au moins une
éclisse venant également de fonderie en une seule pièce
avec l'élément de talon ou soudée à celui-ci, les entretoises
et les éclisses des deux éléments de talon
s'étendant entre les profils de rail de la pointe et les
deux éléments, et des plaques d'appui et de glissement
soudées aux platines respectives des éléments de talon,
et d'autre part une pointe mobile encastrée entre les
éclisses et reposant sur les plaques, la pointe mobile
étant fixée aux éclisses au moyen de colle et d'organes
d'assemblage filetés.
Grâce à ces caractéristiques et en particulier
au tait que les éléments de talon sont en acier moulé,
il est possible de réduire notablement le nombre des zones
où il est nécessaire de disposer des organes
d'assemblage filetés ou rivetés, et de le rendre égal au
nombre minimum pour supporter les efforts longitudinaux
dus aux sollicitations thermiques des barres longues.
Le coeur de croisement selon l'invention peut
de plus présenter une ou plusieurs des caractéristiques
suivantes :
- les éléments de talon en acier moulé sont
soudés au berceau par l'intermédiaire d'inserts en acier
austénitique ou austénoferritique ;
- chaque élément de talon comprend des entretoises
portant des éclisses, des platines de base, et
des butées de reprise d'efforts latéraux de la pointe
mobile, le tout venant de fonderie en une seule pièce ;
- les organes d'assemblage comprennent des
boulons ou des goujons et des écrous ;
- la pointe mobile est fixée aux éclisses au
moyen d'organes d'assemblage dans quatre zones de fixation
espacées le long de la pointe mobile, afin de supporter
des efforts longitudinaux dus à des sollicitations
thermiques de barres longues ;
- le berceau est équipé de points de fixation
pour un système de verrouillage et de calage ;
- les éléments de talon comportent des cavités
venant de fonderie pour recevoir des dispositifs de
chauffage électrique.
L'invention concerne également un procédé de
fabrication d'un coeur de croisement tel que défini ci-dessus,
caractérisé en ce que l'on soude à des régions
d'extrémités d'un berceau allongé venu de fonderie et
ensuite au moins partiellement usiné, respectivement,
deux coupons de rails et deux éléments de talon, on fixe
une pointe mobile aux éléments de talon, et on soude à
ces éléments des plaques d'appui et de glissement.
Le procédé selon l'invention peut de plus présenter
une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
- pour souder les coupons de rails et les éléments
de talon au berceau, on dispose un insert en acier
austénitique ou austénoferritique entre chaque région
d'extrémité du berceau et le coupon de rail ou l'élément
de talon correspondant ;
- on soude au berceau, les deux coupons de
rails et deux éléments de talon en acier moulé, par
étincelage ;
- les éléments de talon comportant des platines
de base, on soude des plaques d'appui et de glissement
à ces platines de base par une opération de soudage
conventionnel ;
- on fabrique en une seule pièce chacun des
éléments de talon avec des platines de base, des butées,
et des entretoises respectives portant éventuellement
des éclisses par une opération de fonderie ;
- pour fixer la pointe mobile aux éléments de
talon, on perce des trous dans la pointe dans quatre zones
prévues pour la fixation de celle-ci aux éléments de
talon par l'intermédiaire d'éclisses qui ne viennent pas
de fonderie avec les éléments de talon, on ajuste les
éclisses préalablement percées de trous et usinées pour
recevoir en contact des rails de la pointe en positionnant
les trous des éclisses et de la pointe, puis on
soude les éclisses aux entretoises venues de fonderie
avec les éléments de talon afin d'obtenir un encastrement
approprié à la géométrie et aux tolérances de positionnement
de la pointe par rapport au berceau, on enduit
de colle une paroi des éclisses, on insère des
douilles et des goujons dans les trous des éclisses et
de la pointe mobile, on enfile des rondelles et des
écrous autour des extrémités des goujons, on serre les
écrous, et on met en place des goupilles transversales
dans les goujons ;
- pour fixer la pointe mobile aux éléments de
talon, on enduit de colle les parois d'éclisses portées
en une seule pièce par les éléments de talon préalablement
usinées pour recevoir en contact des rails de la
pointe, on bride la pointe à son emplacement prévu dans
l'ensemble de berceau, on perce des trous dans quatre
zones de fixation de la pointe, on insère des douilles
et des goujons dans ces trous, on enfile des rondelles
et des écrous autour des extrémités des goujons, on
serre les écrous, et on met en place des goupilles
transversales dans les goujons.
D'autres caractéristiques et avantages de
l'invention ressortiront de la description qui va suivre
de formes et de modes de réalisation de l'invention donnés
à titre d'exemples non limitatifs et illustrés par
les dessins joints dans lesquels :
- la figure 1 est une vue schématique de dessus
d'un coeur de croisement selon l'invention,
- la figure 2 est une vue schématique de dessus
agrandie d'une partie de la figure 1,
- les figures 3A et 4A sont des coupes partielles
transversales schématiques respectivement selon
les lignes III-III et IV-IV de la figure 1, très agrandies,
d'un coeur de croisement comportant une pointe mobile
dans une première forme de réalisation, et
- les figures 3B et 4B sont des coupes partielles
transversales schématiques respectivement selon
les lignes III-III et IV-IV de la figure 1, très agrandies,
d'un coeur de croisement comportant une pointe mobile
dans une deuxième forme de réalisation.
Les coeurs de croisement représentés sur les
figures comportent un ensemble 1 de berceau constitué de
pièces soudées pour former un ensemble monobloc, une
pointe mobile 2, et des moyens de fixation 3 (non représentés
sur les figures 1 et 2 mais visibles sur les figures
3A et 3B) pour fixer la pointe mobile à l'ensemble
de berceau.
L'ensemble 1 de berceau comprend un berceau 11
allongé en une seule pièce s'étendant entre deux extrémités
dites de pointe et de talon au voisinage de chacune
desquelles il comporte deux régions 111, 112 (côté
pointe), et 113, 114 (côté talon) disposées symétriquement
de part et d'autre d'un plan s'étendant longitudinalement
au berceau et approximativement verticalement
ou incliné en pointe lorsque le berceau repose sur les
supports conventionnels en bois et en béton dans les
conditions d'utilisation du coeur de croisement ; ces
deux régions 111, 112, et 113, 114 ont en section transversale
des formes respectives symétriques par rapport
au plan longitudinal vertical, présentant un profil de
rail ; cet ensemble 1 comporte aussi deux coupons 12, 13
de rails soudés respectivement aux deux régions 111, 112
de l'extrémité de pointe et présentant chacun un profil
de rail identique à celui de la région correspondante ;
il comporte également deux éléments de talon 14, 15 soudés
respectivement aux deux régions 113, 114 de
l'extrémité de talon et présentant chacun un profil de
rail identique à celui de la région correspondante et
pouvant être différent de celui de pointe ; il comporte
de plus plusieurs plaques 16 d'appui et de glissement
(figures 3A et 3B) se succédant le long des éléments de
talon 14, 15, s'étendant entre eux à la base de ceux-ci,
et dont les bords latéraux opposés sont soudés respectivement
à ces deux éléments.
Chaque élément de talon comporte à cette fin,
en une seule pièce, plusieurs platines 141, 151 de base
s'étendant approximativement horizontalement lorsque
l'ensemble de berceau repose sur ses supports dans les
conditions d'utilisation du coeur de croisement et adaptées
pour reposer elles-mêmes sur de tels supports ; il
comporte également des entretoises 143, 153 pour porter
au moins une éclisse 142, 152 s'étendant longitudinalement
approximativement verticalement et adaptée pour
s'appliquer contre des profils de la pointe mobile 2 ;
chaque éclisse 142, 152 est portée par deux entretoises
ou plus s'étendant depuis un flanc de l'élément de talon
tourné vers l'autre élément disposé symétriquement par
rapport au plan longitudinal vertical déjà mentionné,
approximativement perpendiculairement à ce flanc ou à ce
plan ; les éclisses 142, 152 des deux éléments de talon
14, 15 s'étendent ainsi dans l'espace entre les profils
de rail des deux éléments de talon ; chaque élément de
talon peut comporter de plus une ou plusieurs butées
144, 154 pour reprendre les efforts latéraux subis par
la pointe mobile lors du passage des véhicules, aussi
bien en voie droite qu'en voie déviée ; chacun des éléments
de talon est moulé d'une seule pièce avec platines,
entretoises, éclisse(s), et butée(s). Ce sont les
bords latéraux des platines de base 141, 151 des éléments
de talon, qui sont approximativement en regard,
qui sont soudés aux bords latéraux opposés des plaques
16 d'appui et de glissement.
La pointe mobile 2 est logée dans l'ensemble 1
de berceau et entre les éléments de talon 14, 15 en
étant encastrée entre les éclisses et en reposant sur la
plaque ou les plaques 16 d'appui et de glissement.
Elle est fixée aux éclisses 142, 152 au moyen
de colle et d'organes d'assemblage 3 filetés ou rivetés,
ici des systèmes à goujons, qui seront décrits plus en
détail par la suite.
Le berceau 11, de préférence, est obtenu de
fonderie et est moulé en acier allié, par exemple en
acier moulé hypertrempé au manganèse environ à raison de
12 à 14%, éventuellement pré-écroui ; il est usiné sur
toutes les surfaces de roulement, de contact, de glissement
ou de raccordement par soudage aux coupons 12, 13
de rails ou aux pièces de talon 14, 15. Il est équipé de
moyens appropriés connus en soi pour la fixation de systèmes
de verrouillage et de calage.
Les deux coupons 12, 13 de rails sont de préférence
en acier au carbone de l'une des nuances normalisées
; ils relient le berceau 11 aux rails intermédiaires
de l'appareil de voie ; ils sont soudés comme on
l'a vu au berceau, éventuellement par l'intermédiaire
d'un insert en acier allié austénitique ou austénoferritique
à grain fin, par exemple par soudage électrique
par étincelage.
Les deux éléments de talon 14, 15 sont de préférence
en acier moulé au carbone ou allié ayant une résistance
mécanique proche de celle des rails et permettant
d'une part leur soudage au berceau 11 éventuellement
par l'intermédiaire d'un insert en acier allié austénitique
ou austénoferritique à grain fin, par exemple
par soudage électrique par étincelage, et d'autre part
le soudage des plaques 16 d'appui et de glissement par
tout procédé traditionnel.
Comme on l'a vu, les sections des régions à
raccorder du berceau, des coupons de rails, et des élément
de talon, peuvent être identiques ou différentes,
et les éléments de talon 14, 15 comportent de fonderie
les platines 141, 151 de base permettant de créer les
surfaces d'appui et de glissement pour la pointe 2, les
entretoises 143, 153 pouvant être munies en une seule
pièce, d'éclisses 142, 152 permettant l'encastrement et
la fixation de cette pointe, et les butées 144, 154 pour
la pointe permettant de reprendre les efforts latéraux
(figures 4A et 4B). En variante, les éclisses peuvent
être soudées aux entretoises.
Les éclisses 142, 152 destinées à
l'encastrement de la pointe mobile sont usinées pour
constituer un profil adapté à la chambre d'éclissage du
profil spécial choisi pour les régions de l'extrémité de
talon de la pointe mobile 2, avec un angle et une épaisseur
découlant d'un relevé effectué comme on le verra
par la suite, lors de la présentation de la pointe mobile
; les butées 144, 154 sont usinées simultanément ou
presque simultanément.
Les plaques 16 d'appui et de glissement sont
de préférence en acier laminé ou moulé et sont usinées
par exemple de manière traditionnelle pour obtenir
l'épaisseur voulue.
Les éléments de talon 14, 15 comportent des
cavités venant de fonderie pour recevoir si nécessaire
des dispositifs de chauffage électrique pour parer aux
périodes d'enneigement, de verglas et éventuellement autres
intempéries.
La pointe mobile 2 comporte deux rails 21, 22
de profil spécial, avec une âme épaisse et un champignon
et un patin renforcés, par exemple selon l'une des trois
configurations suivantes :
- le profil est de type 〈〈 haut 〉〉 à tête verticale
ou inclinée à la même hauteur et avec le même angle
de pose que le profil de la voie courante ; les deux
rails 21, 22 en profil spécial sont alors usinés par
fraisage en talon pour obtenir le profil de rail de la
voie courante et permettre ainsi le raccordement par
soudage ; les deux rails sont également usinés pour
constituer la pointe ; l'assemblage des deux pièces
(appelées respectivement pointe et contre-pointe) est
réalisé par boulonnage ou rivetage et par
l'intermédiaire d'entretoises appropriées ;
- le profil est de type 〈〈 bas 〉〉, symétrique ou
éventuellement asymétrique, à tête verticale ou inclinée
au même angle que celui de la pose de la voie courante ;
les deux rails 21, 22 en profil spécial sont forgés en
talon puis usinés pour obtenir le profil de rail de la
voie courante et permettre le raccordement par soudage ;
les deux rails sont également usinés pour constituer la
pointe ; l'assemblage des deux pièces est réalisé par
boulonnage et rivetage et par l'intermédiaire
d'entretoises appropriées ;
- l'extrémité de la pointe peut également être
monobloc et obtenue à partir d'une pièce de fonderie ou
de forge, ou tirée par usinage d'un produit laminé ;
elle est usinée pour obtenir la forme désirée et créer
en talon deux extrémités au profil correspondant par
exemple à celui choisi pour la construction de
l'appareil de voie ; les profils sont soudés sur la
pointe monobloc par l'intermédiaire ou non d'un insert
en acier austénitique ou austénoferritique, par exemple
par soudage électrique par étincelage.
D'autres configurations sont encore possibles,
la pointe 2 étant de toute manière usinée pour recevoir
de manière connue un système de manoeuvre, de verrouillage
et de calage, et le talon étant adapté pour
permettre l'encastrement dans l'ensemble 1 de berceau.
Les figures 3 et 4 montrent des pointes 2 respectivement
dans une configuration d'aiguille à profil
haut et dans une configuration à profil bas, et leur
fixation aux éléments de talon 14, 15 de l'ensemble 1 de
berceau.
Comme on l'a vu, la fixation de la pointe mobile
2 aux éclisses est assurée partiellement par collage
; à cette fin, les parois des éclisses 142, 152
destinées à être appliquées contre les rails 21, 22 de
la pointe mobile sont revêtues d'une colle spéciale utilisée
traditionnellement pour la fabrication des joints
isolants.
Dans les deux cas, le montage est approximativement
identique.
Dans chaque zone de fixation, les deux rails
21, 22 de la pointe 2 et les éclisses 142, 152 des éléments
de talon 14, 15 de l'ensemble 1 de berceau sont
percés en vis-à-vis, de trous de diamètres sensiblement
identiques, pour livrer passage à des organes
d'assemblage 3 de la pointe 2 aux deux éléments de talon
14, 15 et plus précisément aux éclisses 142, 152, dont
les parois en regard (à un angle faible près puisque les
rails de la pointe mobile sont convergents) épousent la
forme des flancs de l'âme des rails 21, 22 de la pointe
tournés vers l'extérieur de celle-ci.
Dans chaque zone de fixation, les organes
d'assemblage 3 comportent ici un goujon 31 en acier à
haute résistance logé dans une douille 32 enfilée dans
les trous des rails de la pointe mobile et des éclisses
; tandis que les extrémités filetées du goujon 31
saillent hors des éclisses, les extrémités de la douille
32 sont légèrement en retrait à l'intérieur des trous
des éclisses. Les extrémités filetées du goujon portent
chacune une rondelle d'appui 33 en contact avec la paroi
de l'éclisse qui est opposée à celle qui épouse la forme
du rail, un écrou de serrage 34 pour serrer la rondelle
33 contre l'éclisse, et une goupille transversale 35 en
acier spécial formant frein pour éviter tout desserrage
de l'écrou. Le profil moulé d'au moins l'un des éléments
de talon 14, 15 présente également un trou 145, 155 usiné
ou venant de fonderie, en vis-à-vis de ceux des
éclisses 142, 152 et des rails 21, 22 de la pointe mobile,
d'un diamètre légèrement supérieur à ceux-ci ; ce
trou 145, 155 permet d'introduire aisément la douille 32
et le goujon 31 dans les trous des éclisses et des rails
de la pointe, latéralement.
En variante, les organes d'assemblage peuvent
comporter des boulons.
Le serrage des écrous 34 doit être relativement
précis, et peut être assuré au moyen d'une clef dynamométrique.
Dans la forme de réalisation représentée sur
les dessins, qui est un cas typique, le nombre de zones
de fixation dans lequel s'étendent des organes
d'assemblage 3 espacées le long de la pointe 2, est limité
à quatre alors qu'il était de l'ordre d'une vingtaine
selon la technique antérieure, tout en assurant un
ancrage optimal de la pointe dans l'ensemble de berceau,
ce qui supprime pratiquement tous les inconvénients découlant
d'un nombre de zones de fixation important aussi
bien au niveau du berceau que de l'encastrement ; ces
zones, grâce à la structure adoptée, supportent les efforts
longitudinaux provenant des sollicitations thermiques
des 〈〈 barres longues 〉〉.
Les butées 144, 154 visibles sur les figures
4A et 4B et venant de fonderie avec l'élément de talon
14, 15 correspondant, sont réalisées sous la forme de
nervures saillantes depuis le même flanc de cet élément
que les entretoises 143, 153 et s'étendant, en section
transversale par un plan perpendiculaire à la ligne IV-IV
de la figure 1, en U retourné. Ces butées sont positionnées
au flanc des éléments de talon à une hauteur
telle que leur extrémité libre soit en regard du flanc
de la pointe mobile contre lequel s'appliquent les
éclisses du même élément de talon ; dans la direction
longitudinale de la voie, elles sont placées entre le
groupe d'entretoises et l'extrémité de pointe des éléments
de talon. La longueur des butées est adaptée pour
que leur extrémité libre reçoive en appui le flanc de la
pointe mobile situé du côté vers lequel est orientée la
pointe, et soit à distance de ce flanc lorsque la pointe
est orientée de l'autre côté.
Pour réaliser l'ensemble 1 de berceau, après
usinage du berceau central 11 venu de fonderie, on soude
aux deux régions 111, 112 de l'extrémité de pointe du
berceau, respectivement les deux coupons 12, 13 de rails
par l'intermédiaire ou non d'un insert en acier austénitique
ou austénoferritique, par exemple par étincelage ;
on soude aux deux régions 113, 114 de l'extrémité de talon
du berceau, respectivement les deux éléments de talon
14, 15 également par l'intermédiaire ou non d'un insert
en acier austénitique ou austénoferritique, par
exemple par étincelage, les régions destinées à être en
regard du berceau et des éléments de talon ayant été
préalablement usinées au même profil.
Puis, on pose sur un marbre la partie de
l'ensemble 1 de berceau déjà réalisée, on présente la
pointe mobile 2 déjà extérieurement usinée, dans cette
partie de l'ensemble de berceau, et on la dispose le
plus près possible de son emplacement mathématique défini
sur plan ; on relève les cotes d'usinage des butées
et des éclisses (si elles sont en une seule pièce avec
les entretoises) des deux éléments de talon 14, 15 pour
obtenir un encastrement ajusté de la pointe mobile, et
on relève les cotes des plaques 16 d'appui et de glissement
qui seront soudées aux platines 141, 151 venues de
fonderie des éléments de talon, en dernière opération.
Après quoi, on usine les éclisses et les butées des deux
éléments de talon 14, 15 en fonction des cotes relevées
et s'ils ne viennent pas de fonderie on perce les trous
destinés à permettre le passage des douilles 32 et des
goujons 31, on enduit de colle les faces des éclisses
destinées à épouser des formes extérieures de la pointe
mobile 2, on bride la pointe mobile 2 à son emplacement
exact dans l'ensemble 1 de berceau, on perce et on alèse
les trous des rails 21, 22 destinés à recevoir les
douilles et les goujons, on insère les douilles et les
goujons, on enfile les rondelles 33 et les écrous 34 autour
des extrémités des goujons, on serre les écrous au
moyen d'un clé dynamométrique, et on met en place les
goupilles transversales 35.
En variante, si les éclisses ne sont pas en
une seule pièce avec les entretoises des deux éléments
de talon 14, 15, pour fixer la pointe 2 aux éléments de
talon, on perce des trous dans la pointe dans les zones
(par exemple quatre zones) prévues pour la fixation de
celle-ci aux éléments de talon par l'intermédiaire des
éclisses, on ajuste les éclisses préalablement percées
de trous et usinées pour recevoir en contact les rails
21, 22 de la pointe en positionnant les trous des éclisses
et de la pointe, puis, après ajustement des entretoises,
on soude les éclisses à ces entretoises venues
de fonderie avec les éléments de talon afin d'obtenir un
encastrement approprié à la géométrie et aux tolérances
de positionnement de la pointe par rapport au berceau
11, on enduit de colle la paroi des éclisses, on insère
les douilles 32 et les goujons 31 dans les trous des
éclisses et de la pointe mobile, on enfile les rondelles
33 et les écrous 34 autour des extrémités des goujons,
on serre les écrous, et on met en place les goupilles
transversales 35 dans les goujons.
Puis on retourne le groupe des pièces 2, 11,
12, 13, 14, 15 déjà fixées les unes aux autres précautionneusement
pour ne pas les endommager, et, en protégeant
la pointe, on soude aux platines 141, 151 venues
de fonderie des deux éléments de talon, les plaques 16
d'appui et de glissement, en nombre dépendant de l'angle
du coeur et du travelage de l'appareil de voie, pour
achever de constituer l'ensemble de berceau soudé.
Le coeur de croisement ainsi formé d'un ensemble
1 de berceau monobloc en talon duquel est encastrée
une pointe mobile 2, et comportant à la fois les points
de fixation pour un système de verrouillage et de calage
et les platines pour sa fixation sur des longrines en
bois ou en béton, est après incorporation par soudage
dans les longs rails soudés d'une voie courante, capable
de supporter tous les efforts et contraintes inhérents à
cette incorporation à des barres longues.
Bien entendu, l'invention n'est pas limitée
aux formes et aux modes de réalisation ainsi décrits et
représentés, et on pourra en prévoir d'autres formes et
autres modes sans sortir de son cadre. En particulier,
pour les coeurs à pointe mobile à angle plus important,
nécessitant un joint de dilatation sur la voie déviée,
l'élément de talon, côté voie déviée, est adapté pour
permettre cette disposition et l'éclisse est usinée de
manière appropriée.