Procédé de fabrication d'un fil textile composite et fil obtenu par ce procédé On connaît déjà des fils composites constitués par une âme de fibres discontinues entourée d'un fil continu par effet de retordage, de moulage ou autre. De tels fils ont pu être fabriqués soit sur des métiers continus à retordre, soit sur des métiers continus à filer.
On connaît par ailleurs un fil composite constitué par une âme de fibres discontinues emprisonnée dans les spires d'un fil continu de préférence frisé en vue de lier intimement celui-ci à l'âme fibreuse.
Toutefois, ces fils composites ne peuvent être utilisés que pour la fabrication de certains articles, car les fibres discontinues ont tendance à glisser par rapport au fil continu. Seule une torsion très. élevée peut limiter, sans l'annuler d'ailleurs, l'importance de ce glissement. Par ailleurs, la liaison entre les deux fils élémentaires n'est pas suffisante pour améliorer les caractéristiques du fil composite par rapport à celui des fils élémentaires le plus avantageux. Ainsi, au point de vue solidité, le fil composite n'est guère plus solide que le fil continu, généralement plus résistant.
L'invention a pour objet un procédé de fabrica tion d'un fil textile composite et qui consiste à in troduire entre les cylindres délivreurs d'un métier à filer, d'une part une mèche de fibres discontinues et d'autre part au moins deux fils continus synthétiques ou artificiels, les fils continus étant introduits de part et d'autre de la mèche et une torsion étant commu niquée à la sortie des cylindres délivreurs à cette mèche et à ces fils, de telle sorte que les, fibres de la mèche soient pincées entre les spires des deux fils.
L'invention a également pour objet le fil com posite obtenu par ledit procédé.
Ainsi, l'âme de fibres discontinues est emprison née entre les spires d'au moins deux fils continus. Ceux-ci peuvent être choisis dans la catégorie des fils texturés, par frisure, bouclage, déformation, etc. et peuvent être synthétiques ou artificiels. On peut avantageusement utiliser un fil tel que celui de la marque BAN.LON décrit dans les brevets suisses Nos 295975 et 300540 et français N 1049436.
Les proportions d'une part des fils élémentaires, et d'autre part de la mèche dans le fil composite, sont choisies en fonction des caractéristiques à donner aux articles finis, qu'il s'agisse de tissage ou de bonne terie ou de toute autre fabrication. D'ordinaire, ces proportions sont sensiblement dans le rapport 50/50, et ont peut s'écarter de cette proportion moyenne selon que l'on désire accentuer le développement ul térieur du fil composite ou selon le toucher désiré.
Les torsions initiales à donner aux éléments formant le fil composite, qu'il s'agisse de la partie âme ou des armatures continues, sont fonction de la torsion finale du fil qui dépendra elle-même de son utili- sation, soit en fil simple, soit en fil retors (robe, dra perie, bonneterie ou mercerie, ameublement).
On va maintenant décrire un exemple de réali sation de l'invention en se référant aux fig. 1 et 2 du dessin ci-joint, qui représentent respectivement en coupe longitudinale et en vue de face, un métier à filer ordinaire.
La fig. 3 représente une vue longitudinale du fil composite avant et après développement.
Des cylindres d'alimentation la et lb d'un métier à filer ordinaire entraînent une mèche de fibres paral lèles et discontinues 2. Celle-ci est reprise par un dispositif d'étirage comportant des cylindres 3, une courroie 4 et des cylindres latéraux 5, 6 et 7. Après étirage la mèche affinée est introduite dans des cy lindres délivreurs 8a et 8b.
Deux fils continus 9 et 9' sont introduits en même temps dans la feuillure des cylindres déli- vreurs 8 et 8a. Ces fils passent sur une bobine de renvoi 10 et sont introduits de part et d'autre de la mèche affinée 2.
Le brin 2a de mèche sortant du cylindre déli- vreur n'est tordu, faiblement d'ailleurs, que sur une faible longueur avant le point de raccordement aux fils continus 9a et 9'a, qui suffisent à assurer la bonne tenue des produits délivrés. Il en résulte que la mèche 2 est introduite dans le fil composite sans torsion et ne présente pas la tendance classique du glissement par rapport aux fils continus.
A la sortie des cylindres délivreurs, les trois fils élémentaires sont réunis et retordus en Il. Le fil composite s'enroule sur une bobine tournante 12.
Les fils 9 et 9' sont des fils BAN.LON .
Les torsions initiales de la mèche 2 et des fils 9 et 9' sont nulles et le coefficient de torsion imprimée en 11 au fil composite est d'au moins 65 dans un sens ou dans l'autre. D'une façon générale la tor sion au mètre à communiquer au fil composite est proportionnelle à la racine carrée du numéro mé trique du fil à obtenir.
Lorsqu'on veut obtenir un fil retors, on peut re tordre le fil 11 avec un fil 11' délivré par un métier à retordre et dans ce cas le coefficient de torsion imprimé au fil 11 est au moins de 75. Les deux fils sont retordus en sens inverse, dans le sens Z si la torsion du fil 11 est dans le sens S et son coefficient peut atteindre une valeur de 67 environ pour un fil retors deux bouts.
D'une façon générale, la torsion au mètre du fil retors est proportionnelle à la racine carrée du rap port numéro métrique/nombre de bouts.
Selon le numéro métrique du fil que l'on désire obtenir, on fait varier les proportions relatives d'une part de la mèche 2, et d'autre part des fils 9 et 9' en restant aux environs de 50/50.
Par exemple, pour un fil de numéro métrique 28 avec un fil élémentaire en BAN.LON. nylon, 70 deniers, on utilisera 53 % de mèche 2 et 47 % de fil d'armature.
De même pour un fil numéro métrique 40 avec un fil BAN.LON nylon, 40 deniers, on utilisera 59 % de mèche 2 pour 41 % de fil d'armature.
Pour un tel fil, le numéro métrique de 40 est mesuré à la tombée du métier car, après développe ment, ce numéro métrique atteint une valeur moins élevée de 34, soit un retrait de 15 %. On obtient alors, après avoir fait subir aux fils continus une ré traction supérieure à celle de la laine,
des fils tels que ceux représentés sur la portion droite de la fig. 3, d'après laquelle on peut facilement estimer l'augmen tation du pouvoir couvrant.
On donne maintenant ci-dessous quelques carac téristiques au point de vue solidité et pouvoir cou vrant des fils composites dont on a indiqué la fabri cation ci-dessus.
Le pouvoir couvrant a été évalué d'après le dia mètre des fils avant et après développement. En effet, au point de vue diamètre, le fil non développé est assimilable au fil classique. On a ainsi constaté que le diamètre du fil développé était sensiblement égal au double de celui du fil non développé.
Au point de vue résistance, les essais effectués sur un fil de numéro métrique 56 constitué de deux fils en nylon BAN.LON,,> 40 deniers et d'une mèche de laine, ont révélé une résistance de 390 g pour le fil composite alors que chacun des fils con tinus possède une résistance de 140 g pour une résis tance nulle de la mèche non tordue.
Les fils obtenus conformément à l'invention pro duisent leur meilleur effet après rétraction soit sur le produit fini, c'est-à-dire sur le tissu, soit sur le fil composite dès sa fabrication, selon que le fil est des tiné au tricot. Toutefois cette règle très générale peut souffrir quelques exceptions et on peut envisager d'effectuer la rétraction sur fil composite même pour des fils destinés à la fabrication de toiles.
D'une façon générale, le fil obtenu selon le pro cédé décrit présente un erégularité absolue, un bon gonflant déterminant des articles légers, chauds et confortables et un pouvoir couvrant pratiquement doublé. De plus les articles fabriqués avec ce fil, ont une excellente stabilité en ce sens qu'ils n'ont pas tendance à se déformer ou à rétréciter, au lavage, au porter, etc.
Enfin, les fils .sont très doux et pré sentent une solidité et une résistance au boulochage (ou pilling ) fortement plus élevées que celles des articles similaires.
Par ailleurs, on a constaté que la fabrication d'un tel fil peut être effectuée sur certains types de mé tiers à filature directe dits métiers Stains , en per mettant d'abaisser sensiblement le coefficient de tor sion nécessaire sur ces machines. Dans ce cas des fils continus sont disposés parallèlement en une mèche sectionnée en tronçons de largeur contrôlée, puis groupés pour donner des fibres discontinues restant toutefois encore parallèles entre elles.
Lors de la réunion de cette mèche aux fils continus, on imprime au fil composite formé une torsion de 75 à 100 tours/ mètres seulement alors que selon les procédés en usage le coefficient de torsion doit être de<B>100</B> tours/ mètre ou plus pour assurer une marche industrielle.