Procédé et appareil pour la culture du champignon de couche.
Jusqutà. résent on a cultivé le champi
gnon de couche soit en carrières, soit en caves,
soit dans des locaux spécialement aménagés,
en dis) osant en meules ou à plat sur couches
du fumier de cheval ou du fumier synthé-
tique envahi de mycelium et en recouvrant
ce fumier de terre.
On demande généralement au fumier de
fournir la chaleur nécessaire à la culture, de
sorte qu'on en emploie une quantité considé
rable ; comme les circonstances atmosphéri-
ques sont presque toujours défavorables, et
qu'il se produit des infiltrations d'eau qui
empêchent le mycelium de gagner la sur
face de culture, la plus grande partie de ce
nycelium se développe inutilement dans les
couches profondes du fumier et la faible por
tion qui parvient à la surface est seule uti
lisée pour la production de champignons.
On a proposé de chauffer intérieurement la masse de fumier envahie, mais il se pro
duit alors un état d'équilibre de tempéra
ture qui immobilise le mycélium et le rend
stérile.
La présente invention, conçue en vue d'obvier à ces inconvénients et d'obtenir un rendement élevé et régulier, a pour objet un procédé qui consiste en ce qu'on prépare une masse de fumier complètement envahie de mycelium, on dispose de minces couches de culture exposées a, l'air à proximité de ladite masse de fumier en les isolant de celuici incomplètement, de façon à laisser le mycelium sortant du fumier libre d'arriver aux couches de culture seulement par d'étroits passages, on maintient pendant toute la du- rée de la culture l'intérieur de la masse de fumier à une température et un degré d'humidité inférieurs à la température et au degré d'humidité des couches de culture,
ces différences de température et d'humidité étant telles que le mycelium passe naturellement du fumier à ces couches de culture à travers lesdits passages étroits, et on récolte les champignons produits au fur et à mesure qu'ils sont suffisamment développés.
La préparation de la masse mycelienne est préférablement effectuée comme suit :
Du fumier de cheval ou du fumier synthétique est d'abord traité de manière que la vasculose de la paille et des végétaux soit débarrassée de la couche cellulosique qui les recouvre. Puis on dispose à l'intérieur d'une masse de ce fumier du mycelium provenant des spores d'agaric campestris germinées, de manière à contaminer entièrement cette masse. On maintient celle-ci pendant son envahissement à une température constante de 97 C. On s'assure que le pH de la masse est d'environ 6, 8 avant et pendant toute son utilisation.
Le procédé objet de l'invention pourra être mis en oeuvre avantageusement dans un appareil approprié qui fait également l'objet de la présente invention et qui va être décrit en référence au dessin ci-annexé donné seulement à titre d'exemple.
La fig. 1 en est une coupe verticale.
La fig. 2 est une élévation partielle avec arrachement.
La fig. 3 est une coupe horizontale suivant la ligne III-III de la fiv. 2.
Une sorte de caisse est constituée par des montants 1, réunis par des entretoises 2. supportant un plancher 3. un toit 4 avec lanterneau d'aération 5, et des portes 6 sur tous les côtés.
A l'intérieur de cette caisse est disposée une autre caisse plus petite constituée, sur chaque coté, par une série de consoles 7,8 de profil en équerre. dont les tablettes 7 sont tournées vers l'extérieur et dont les dos 8 sont placés les uns au-dessus des autres, de fa çon à ménager d'étroits intervalles 9 mettant l'intérieur de ladite caisse en communication avec le dessus des tablettes 7.
Un intervalle 10 servant à la circulation verticale de l'air est ménagé entre ces tablettes et les portes 6 correspondantes. L'air extérieurpeut y pénétrer par des ouvertures 11 ménagées dans le plancher 3 et s'en échapper en haut par le lanterneau 5.
Au centre de l'appareil s'élève une colonne creuse 12 en matière poreuse dont la surface extérieure est seule imperméable, par exemple un tuyau en terre cuite vernissé ex térieurement. La base de cette colonne plonge dans une cuvette annulaire 13 qui est fixée sous le plancher 3 et maintenue continuellement pleine d'eau.
L'air extérieur est libre de pénétrer dans l'ouverture centrale de la cuvette et de s'élever à travers la colonne 12 pour s'échapper aussi par le lanterneau 5. A la base de celuici est prévu un ventilateur 14, à commande électrique, servant à activer la ventilation lorsque c'est utile. Sous les tablettes 7 sont disposées des résistances électriques (non représentées) servant à assurer le chauffage nécessaire en cas de besoin ; le passage du courant dans ces résistances est commandé par exemple, au moyen d'un thermostat, indiqué schématiquement en 15 sur une des tablettes 7.
La caisse à parois ajourées 8 est remplie de la masse de fumier 16, préparée comme expliqué ci-dessus, lorsqu'on juge qu'elle est complètement envahie de mycelium ; on tasse cette masse de façon qu'elle soit bien appliquée autour de la colonne 12 et contre les parois 8. D'autre part, les tablettes 7 sont char gées d'une couche de terre 17 dont le pH doit être environ 6,8 comme celui du fumier et qu'on maintient constamment humide par arrosage, de façon à conserver environ 5 % d'humidité. Cette terre est en contact avec le fumier dans les intervalles 9.
Le thermostat 15, dont la tige est noyée dans la terre 17, est réglé de manière à maintenir le courant de chauffage tant que la température de cette terre n'atteint pas 16 C et à le couper quand elle tend à dé- passer cette limite. La commande du ventilateur 14 peut être conjuguée avec celle du chauffage, de manière à mettre automatiquement ce ventilateur en action, en même temps que le courant est coupé dans les résistances de chauffage pour contribuer à abaisser la température des tablettes et des couches de terre.
Le fonctionnement de l'appareil ainsi agencé est le suivant :
Par suite de la porosité des parois de la colonne 12,1'eau de la cuvette 13 s'y élève par capillarite et s'évapore a l'intérieur de cette colonne, plus ou moins rapidement selon que l'air s'y élève en plus ou moins grande quantité ; il en résulte un refroidissement continuel qui se transmet de la colonne à la masse de fumier 16. En réglant le dé- bit de l'air suivant les conditions de température et d'hygrométrie ambiantes, on produit ainsi un refroidissement tel que la température des parties de la masse voisines de la colonne se trouve maintenue à environ 5 C au-dessous de la température des parties adjacentes aux parois 8.
D'autre part, comme la paroi externe de la colonne est imperméable, tandis que les parois de la caisse sont arrosées, il existe une notable différence d'humidité entre les régions interne et externe de la masse 16.
Sous l'influence de ces différences de température et d'humidité, le mycelium émigre naturellement vers les étroits passages 9 et les filaments qu'il forme se rassemblent en nappes sur les tablettes 7 dans les couches de terre humide 17, en donnant lieu à la formation de champignons lourds 18.
Il sera facile de cueillir ceux-ci dès leur maturité, en ouvrant les portes 6 seulement pendant la durée de la cueillette.
Cette production peut durer sans arrêt pendant plusieurs mois, surtout si l'on a le soin de maintenir constant le pH de la terre par l'addition de correctifs appropriés.
Afin de faciliter le remplacement de la masse mycelienne 16, on peut monter de manière amovible les consoles formant un des côtés de la caisse intérieure ; par exemple ces consoles peuvent être fixées par groupes de huit ou dix sur des cadres 19 s'assemblant avec les montants 1 par simple accrochage sur des boutons ou crochets 20, ou de toute autre façon permettant de les enlever et de les remonter facilement.
Le procédé de culture suivant l'invention permet de réduire au minimum les pertes de mycelium qui se produisent dans les cultures où des filaments peu fournis se dirigent vers les points de fructuation et forment des su
jets minuscules, ou bien constituent des cor
dons stériles à l'intérieur de la terre.
Les consoles 7,8 seront avantageusement
confectionnées en fibro-ciment, en raison de
la résistance de cette matière à l'eau et aux
agents organiques, et aussi de la nature
grenue de sa surface qui favorise le chemi
nement rapide du mycelium.
Cependant on pourra aussi sans s'écarter
de l'invention utiliser tous autres matériaux
de construction et varier les formes et dimensions de l'appareil représenté. On pourra
aussi varier les moyens de refroidissement de
l'intérieur de la mase, ceux d'arrosage et de
chauffage de l'extérieur, ceux d'aération, etc.,
pourvu que la combinaison de ces moyens
permette de provoquer et de conduire le
cheminement du mycelium exclusivement ou
presque exclusivement vers les surfaces de
terre humide exposées à l'air ainsi qu'il a été
décrit ci-dessus Par exemple au lieu de pro
duire l'abaissement de température inté
rieure par évaporation d'eau, on pourra l'ob-
tenir par circulation de saumure froide à tra
vers des tuyauteries convenablement dispo
sées, etc.
Au lieu de terre, on pourra se servir
de sable, ou de diverses matières poreuses,
granuleuses, spongieuses, etc., susceptibles de
constituer un milieu convenable pour la pé- nitration et le cheminement du mycelium et
le développement des champignons au con
tact de l'air et de l'humidité.
Il est à remarquer que la disposition du
milieu de culture sur des tablettes superpo-
sées en étagères permet de réaliser une
grande surface de culture sur un espace de
terrain très réduit. On pourra cependant ap
pliquer le procédé suivant l'invention sans
utiliser cette disposition avantageuse, par
exemple en disposant horizontalement la
couche de fumier et la couche de terre sépa
rées l'une de l'autre par une cloison ne lais
sant que d'étroites ouvertures de commun
cation, pourvu que des moyens de drainage
convenables soient prévus pour éviter la pé-
nitration de 1'eau d'arrosage dans la masse
de fumier.