Procédé de fixation d'une glace sur une boîte de montre
La présente invention se rapporte à un procédé de fixation d'une glace supérieur et/ou inférieur sur une boîte de montre, plus précisément sur une lunette ou sur une carrure lunette d'une boîte de montre, sans utiliser de joint ou de colle tout en assurant une fixation étanche et résistante.
La présente invention a pour objet un procédé de fixation d'une glace sur une boîte de montre qui se distingue par les caractéristiques énumérées à la revendication 1 .
La spécificité et le but de la présente invention est de produire un assemblage étanche aux gaz et aux liquides sans soudure, sans brasure et sans composé organique (colle). Plusieurs préparations des surfaces sont nécessaires et illustrées au dessin annexé qui illustre schématiquement et à titre d'exemple, les étapes successives d'une exécution du procédé de fixation d'une glace sur une boîte de montre selon l'invention.
Le présent procédé permet de fixer une glace de montre pouvant être typiquement en verre minéral, saphir ou autres céramiques transparente ou translucide avec ou sans revêtement antireflets sur une partie ou la totalité de la surface, à une lunette ou carrure-lunette d'une boîte de montre par la technique de l'assemblage anodique (anodic bonding). La zone de la boîte de montre sur laquelle est fixée la glace est typiquement en acier inoxydable, en platine ou en or, ou comprend les différents alliages associés à ces matériaux. Les matériaux précités peuvent indifféremment être revêtus de rhodium ou toute autre matière utilisée pour la fabrication de boîtes de montres ou de produits de bijouterie ou de joaillerie.
Le procédé d'assemblage par anodique (anodic bonding) est utilisé dans le domaine général de la microtechnique, plus particulièrement dans les secteurs biomédicaux, aérospatiaux et en électronique, où l'on réalise des liaisons entre
des matériaux compatibles d'un point de vue de coefficients de dilatation thermique proche avec la technologie d'assemblage par anodique.
Dans ces domaines, notamment en microélectronique et les domaines voisins, l'utilisation d'assemblages anodiques est surtout utilisée pour les films et couches minces et plates notamment comme des wafers de métal, de verre et de silicium.
Par le même principe de limitation des contraintes, des assemblages anodiques de petites tailles et de faible masse ou des éléments non soumis à des forces mécaniques externes, ont été décrits dans le secteur horloger dans le document JP 08166469A, pour fixer une plaque de verre sur un cadran métallique ou en silicium. Le brevet JP 05080163A décrit également la fixation d'index en silicium apposés sur une plaque en verre du cadran par l'assemblage anodique.
Contrairement à ces réalisations, l'assemblage proposé par la présente invention se réalise par le biais de couches intermédiaires, ceci dans l'objectif de consolider le lien, augmenter la vitesse de diffusion et de permettre l'assemblage pour une plus grande gamme de matériaux et des pièces plus massives, soumises à de fortes contraintes et devant résister aux chocs.
Le présent procédé de fixation est appliqué à des composants mécaniques soumis à des contraintes mécaniques élevées, en particulier entre une glace de montre sur une boîte de montre en acier, or ou platine notamment.
Le procédé de fixation d'une glace de montre sur une boîte de montre selon l'invention consiste à réaliser un assemblage anodique permanent et étanche entre la boîte et la glace par l'utilisation de traitement de surface sur les zones de la glace et/ou de la boîte entrant en contact permettant la migration des ions et des électrons.
Une électrode est connectée à la glace et une contre-électrode est connectée à la boîte de montre puis on applique une tension comprise entre 1 kV et 15kV pour améliorer le contact intime entre les partenaires et amener une énergie cinétique assistée par le champ électrique aux particules chargées pour
leur permettre de diffuser et de créer de nouvelles liaisons métalliques ioniques ou covalentes.
Préalablement à leur mise en place, la glace et/ou la boîte de montre sont munies dans les zones entrant en contact d'un élément semi-conducteur ou isolant favorisant la migration tel que des verres ou du silicium.
Le processus s'effectue à basse température garantissant qu'aucun des matériaux du système, boîte de montre, glace ou couches intermédiaires, ne quitte sa phase solide.
La spécificité de la couche déposée sur la glace tient dans l'évolution chimique et structurelle, la partie en contact avec le substrat est de nature purement métallique et au fur et à mesure de sa croissance son degré d'oxydation évolue de manière progressive pour se terminer en surface avec un état d'oxydation complet ΤΊΟ2.
De préférence, les électrodes sont adaptées à la géométrie de la surface de contact. La géométrie de l'électrode est considérée en trois dimensions, la partie en contact avec le saphir est sans arrêtes et sans pointe, typiquement de forme incurvée.
Une fonctionnalisation de surface par implantation ionique permet d'améliorer les phénomènes de diffusion par l'apport d'élément dans la matrice et par la perturbation du réseau cristallin ou de la stoechiométrie.
Une fonctionnalisation de surface par exposition UV permet d'améliorer les phénomènes de diffusion par la perturbation du réseau cristallin ou de la stœchiométrie résultant de l'apport d'énergie dans la matrice.
Un traitement de surface permettant une modification structurelle des substrats comprenant typiquement des traitements thermique, plasma d'activation, plasma de décapage ou sonochimique peut être utilisé pour faciliter les phénomènes de diffusion.
L'assemblage décrit est effectué par anodic bonding uniquement, aucun élément n'est mis en fusion, même partiellement. Ceci différencie l'assemblage
obtenu d'une manière importante des assemblages obtenus par soudures laser ou ultrasons.
L'assemblage décrit permet de réaliser des liaisons métal sur métal, métal sur non-métal et non métal sur non métal.
L'élément semi-conducteur intermédiaire peut être rapporté par une pièce séparée ou déposé par voie physique ou chimique (PVD, PE-CVD, Sol-gel, galvanoplastie).
Les couches intermédiaires minces considérées possèdent une stœchiométrie non constante. Le degré d'oxydation de nitruration ou de cémentation varie avec l'épaisseur de la couche.
La couche mince de la lunette peut également contenir sa couche de passivation naturelle ou forcée.
Une couche de masquage est déposée sur la glace afin de masquer la zone de contact. Cette couche peut être constituée d'éléments métalliques et des alliages d'au moins un des éléments suivants : Ti, Fe, Al, Cr, V, Pt, Ta, W, Ga, Sn, Zn, Au et Ag.
Le terme boîte de montre comprend également les autres composants de rhabillage tel que le fond et la carrure. Est considéré comme boîte de montre tous les composants permettant d'enfermer le mouvement de manière étanche.
La glace considérée est constituée d'au moins un des éléments suivants: d'oxyde d'aluminium comme le saphir, de spinelle, AlON spinelle d'oxynitride d'aluminium, d'yttria, d'YAG (Yttrium Aluminium Garnet) et Nd:YAG ou d'oxyde de silicium comme le verre minéral ou le pyrex.
La température des partenaires, boîte de montre et glace, lors du processus de liaison est inférieure à 380°C, et de préférence inférieure à 250°C. La température peut varier pendant l'assemblage, par exemple de 120°C à 250°C.
La vitesse d'extension du lien anodique est par exemple supérieure à 1 mm2/minute.
La rugosité de surface de la lunette est obtenue par un usinage mécanique ou un étampage fin additionné d'un électro polissage chimique.
Le dessin annexé illustre schématiquement et à titre d'exemple l'assemblage anodique selon l'invention.
La figure 1 est un schéma des partenaires, boîte et glace, et des couches intermédiaires.
La figure 2 illustre les étapes d'une forme d'exécution particulière du procédé.
Le procédé de fixation d'une glace de montre sur une boîte de montre comporte, dans une forme d'exécution préférée, les étapes suivantes (voir figure 2 du dessin) :
1 . On choisit une pièce d'une boîte de montre devant recevoir la glace, par exemple la lunette;
2. La rugosité de la face en contact avec la lunette est obtenue par des étapes d'étampage et/ou d'usinage puis la surface est terminée par polissage mécanique et/ou électrochimique;
3. Par des procédés physique ou chimique principalement CVD,
PVD, Sol-Gel, ALD, galvanoplastie on développe une ou plusieurs couches intermédiaires, stœchiométrique ou non sur la zone de la surface effectuant le lien anodique de la lunette de la boîte de montre. La composition de cette ou ces couches intermédiaires dépend de la matière de la lunette.
Alternativement ou de manière complémentaire, un processus similaire peut être effectué sur la zone de la glace venant en contact avec la boîte de montre.
4. On positionne la glace sur la face supérieure de la lunette à une température inférieure à 250°C.
5. La glace est connectée à une électrode et la lunette est connectée à une contre électrode, puis on élève la tension, de préférence
une tension DC, à une valeur comprise en 1 kV et 15kV, ce qui lie les partenaires de manière anodique. Plus particulièrement, la tension produit un champ électrique qui engendre une migration des ions entre la glace et la boîte de montre.
Dans une variante du procédé de fixation de la glace de montre sur une lunette d'une boîte de montre on peut supprimer l'étape N° 2 soit le polissage de la face supérieure de la lunette.
Bien évidemment la lunette peut être remplacée par une carrure lunette ou toute autre partie de la boîte de montre sur laquelle la glace doit être fixée,
Une alternative consiste en l'utilisation d'un matériau rapporté en verre entre la glace et la carrure revêtues selon la figure 1 .
Dans une forme d'exécution particulière du procédé de fixation d'une glace sur une boîte de montre on dépose la couche intermédiaire sur la face supérieure de la lunette par la technologie physique ou chimique évoquée précédemment et la composition de la matrice de cette couche intermédiaire est typiquement constituée de TixOy, SixOy, SixNy, de AlxOy ou des mélanges d'oxydes contenant des atomes / ions de métaux légers tels que Li, Na, K, Ca, Be, ou halogènes favorisant la migration des ions.
Pour un souci d'esthétisme, l'addition d'une couche mince métallique est possible avant la déposition de la couche intermédiaire afin de mieux garantir l'éclat et l'aspect métallique visuel sous la glace transparente. Celle-ci peut de par son choix augmenter l'adhésion entre la couche intermédiaire, la transition entre les matériaux pouvant même se faire de manière graduelle.
Dans une forme d'exécution particulière du procédé de fixation d'une glace sur une boîte de montre l'assemblage anodique s'effectue sous une tension inférieure à 15kV.
Dans une forme d'exécution particulière du procédé, l'assemblage anodique s'effectuera sous une température inférieure à 250°C.
La détermination de la nature de la ou des couches intermédiaires nécessite la qualification des matériaux à assembler typiquement sa composition physico-chimique, les propriétés mécaniques, l'état de surface, afin d'optimiser les caractéristiques du dépôt qui servira de première couche intermédiaire. Celle-ci étant qualifiée par les facteurs suivants: adhérence avec les matières premières, types de défauts et lacunes permettant la diffusion des ions et la migration, électronégativité des ions contenus au sein de la ou des couches intermédiaires, concentration en ions et en lacunes, orientation de ces mêmes lacunes. Au vu de l'ensemble des particularités que l'interface doit posséder, la ou les couches peuvent contenir des matériaux alcalins, alcalino-terreux et halogénés en raison de leurs facilités à migrer et de la taille de leurs atomes.
La ou les couches intermédiaires définiront la qualité du lien, ses propriétés mécaniques et l'étanchéité mais également ses propriétés esthétiques. Pour saisir l'importance de cette ou ces couches intermédiaires et pour différencier un assemblage selon la présente invention des techniques de soudure ou de brasure conventionnelles où il n'est pas question d'utilisation d'un champ électrique, il s'agit de comprendre les transferts atomiques spécifiques lors du processus de l'assemblage anodique.
Toute particule chargée placée sous l'influence d'un champ électrique uniforme se déplace à une vitesse proportionnelle à ce champ, le facteur de proportionnalité étant appelé la mobilité électrique de la particule. Cette migration va s'effectuer de l'anode vers la cathode pour les particules chargées positivement, dans le sens opposé pour les particules chargées négativement. Sous l'effet de la migration des ions, on observe une différence de potentiel entre les partenaires, ce qui engendre un plaquage entre les partenaires induit sous l'effet de forces électrostatiques. Si ce plaquage est insuffisant, l'application d'une charge mécanique pour forcer le contact entre les partenaires est envisagée. Le champ électrique augmente le processus de diffusion, les vitesses d'assemblages
sont réduites de l'ordre de quelques minutes, ce qui encourage un rendement accru et une meilleure reproductibilité.
La perturbation de l'équilibre thermodynamique influence les populations de porteurs de charge localisés au sein des pièces à assembler et de la couche intermédiaire. Les origines des perturbations peuvent être:
- les inhomogénéités de dopage, d'impuretés, de défauts structuraux et les déformations locales (principalement au voisinage de surface), des contacts et des jonctions
- les forces de champ électrique
- les gradients de température.
Lorsque le champ électrique ainsi que la température sont interrompues, les porteurs de charges tendent vers un état d'équilibre correspondant à des régimes permanents définis par des conditions initiales et aux bords, selon des mécanismes typiques :
- la diffusion des porteurs dans des gradients de concentration
- le déplacement des porteurs dans des champs électriques internes
- la génération et la recombinaison de porteurs qui peuvent être intrinsèques ou faire intervenir des centres de recombinaison et des pièges.
Les propriétés relatives aux courants électriques et aux déplacements de porteurs de charge sous l'influence de forces appliquées sont appelées phénomènes de transport. Parmi les phénomènes de transport, la mobilité, qu'elle soit par exemple des lacunes, des impuretés, des porteurs de charges (les matériaux sont différentiés par la longueur de Debye des porteurs majoritaires et leur comportement est notamment décrit par l'équation de continuité) ainsi que la diffusion (basée sur les lois de Fick) sont les mécanismes clés d'assemblage anodique.
Les paramètres qui influencent le plus la mobilité des porteurs de charge sont la température et le nombre volumique d'impuretés. Parmi les défauts on peut distinguer les impuretés et les lacunes. Il s'agit de ces mêmes lacunes,
défauts de Schottky ou de Frenkel entre autres qui facilitent la diffusion des porteurs de charges et qui définissent l'énergie nécessaire à leur diffusion. De plus déplacer une lacune à travers un cristal demande beaucoup moins de travail que de contraindre un ion à se déplacer à travers un réseau d'ion dense d'un cristal. La conduction ionique dépend du mouvement des lacunes. Les impuretés qui contribuent à la densité de porteurs de charge sont appelées « donneurs » si elles apportent des électrons supplémentaires et « accepteurs » si elles apportent des trous supplémentaires. A noter que la vitesse du phénomène de l'assemblage anodique dépend de la quantité de défauts et de la température notamment.
Le choix de la ou des couches intermédiaires dépend fortement des « propriétés » des porteurs de charge. La composition chimique de la ou des couches est naturellement importante puisque les phénomènes de transport dépendent des caractéristiques des liaisons atomiques. Les liaisons créées lors du processus d'assemblage anodique sont des liaisons de type covalentes majoritairement. Ces liaisons fortes s'établissent par la mise en commun d'une paire d'électrons issus de chacun des porteurs de charges.
Il faut donc prendre en compte les mécanismes permettant l'assemblage anodique ainsi que la nature des pièces à assembler pour déterminer la constitution de la ou des couches intermédiaires. La méthode de déposition PVD est privilégiée, mais une couche intermédiaire (mono ou multicouche) peut être déposée par un autre procédé de déposition physique ou chimique.
La température et la tension appliquée ainsi que le temps de contact sont étroitement liés et complémentaires puisqu'ils contrôlent la force électrostatique nécessaire pour la réaction chimique entre les pièces à assembler. Ainsi, de préférence, la tension n'ira pas au-delà de 15 kV, et la température ne dépasse pas les 250°C.
D'autres paramètres ont leurs importances telles que l'épaisseur des pièces à assembler ainsi que l'épaisseur de la zone de déplétion. Les limitations
d'épaisseurs dépendent des tolérances au plan des lunettes et des glaces et sont comprises entre 10-10000 angstrôms.
Il est à noter que l'écart entre les pièces à assembler a un effet significatif sur la grandeur de la force électrostatique, ce qui implique que la qualité de la liaison formée par assemblage anodique dépend aussi de l'état de surface. Ainsi des processus de finition mécaniques de la surface de contact additionnée, en fonction de la matière, de polissage électrochimique est utilisé.
Quelle que soit la pièce sur laquelle le dépôt est effectué, des complications d'ordre esthétique sont évitées par la couleur intrinsèque des couches et de l'assemblage des couches, le cas échéant le dépôt de couche mimant la matière de la lunette est déposé sur la glace avant le dépôt de couche fonctionnelle. Un tel dépôt est sélectif, masquant la zone d'assemblage, avec une fonction esthétique.
Cette sélectivité est obtenue par technique de masquage, typiquement par lithographie, stamping, décapage sélectif ou par promotion d'adhérence.
Le rendu optique, couleur aspect de surface, est obtenu par une adaptation des couches, notamment par leur épaisseur, leur composition et leurs prétraitements.