PROCÉDÉ DE POTABILISATION
L'invention a pour objet un procédé de potabilisation de l'eau, en particulier un procédé comprenant une étape de coagulation-floculation utilisant, conjointement avec un sel métallique, une composition liquide d'amidon cationique particulier solubilisé.
Dans le domaine de l'eau, les procédés de traitement sont très divers : par exemple, avant d'être rejetées dans l'environnement, les eaux usées urbaines ou les eaux de circuit industriel sont traitées de manière différente.
Par exemple, en ce qui concerne l'eau potable, il est nécessaire d'obtenir une eau de pureté importante à l'issue du procédé. Sa distribution étant un sujet primordial pour les populations humaines, une réglementation de plus en plus drastique s'est imposée au fil des années. La pureté élevée de cette eau est atteinte grâce à l'utilisation de procédés très spécifiques, bien différents des autres procédés de traitement de l'eau où la pureté de l'eau obtenue peut être moindre.
Pour obtenir une eau potable, on peut pomper une solution aqueuse d'une eau souterraine ou d'une eau de surface que l'on va traiter, comme une eau d'un lac ou d'un cours d'eau. Cette solution aqueuse comprend toujours une quantité plus ou moins importante de particules en suspension qu'il est nécessaire d'éliminer.
Par exemple, en ce qui concerne les grosses particules, généralement supérieures à 1 mm, on peut les supprimer au cours d'une étape préliminaire en faisant passer la solution aqueuse à travers des grilles. Cette étape s'appelle également « étape de dégrillage ».
On peut également éliminer les particules plus fines en suspension en les séparant de la solution aqueuse à traiter, par exemple par décantation ou par flottation.
La décantation consiste à laisser reposer la solution dans une cuve à décantation, également appelée « décanteur », pour que les particules en suspension se déposent au fond de cette cuve. On récupère ainsi par surverse l'eau purifiée.
La flottation a quant à elle pour principe de mélanger dans un flottateur la solution aqueuse avec de l'air, afin de récupérer les particules en surface. On récupère au bas du flottateur l'eau ainsi traitée.
Cependant, la solution aqueuse comprend généralement de fines particules dont la séparation est particulièrement difficile, en particulier les particules colloïdales de très faible taille, allant généralement de 1 nm à 1 μηι.
Afin de séparer plus facilement et plus rapidement ces fines particules, on réalise préalablement une étape de coagulation-floculation. Cette étape consiste en l'agglomération des particules en suspension : ces particules agglomérées, plus grosses, sont alors séparées plus facilement et plus rapidement par les traitements de séparation cités précédemment.
Pour réaliser la coagulation-floculation, des agents coagulants et des agents floculants sont utilisés seuls ou en mélange. Ces agents peuvent être choisis parmi les sels de fer ou d'aluminium, les polyacrylamides anioniques ou cationiques et les amidons non ioniques, anioniques ou cationiques.
Généralement, l'agent coagulant et l'agent floculant sont mélangés en deux étapes distinctes avec la solution aqueuse à traiter dans une cuve, appelée cuve de coagulation-floculation dans la présente demande. Cette cuve est généralement constituée d'un premier bassin dit « bassin de coagulation» et d'un second bassin dit « bassin de floculation », dans lesquels sont respectivement introduits le coagulant et le floculant. On explique généralement ces phénomènes de coagulation par une déstabilisation des particules, en particulier des colloïdes, et de floculation par l'agrégation de ces particules ainsi déstabilisées. Ensuite, la solution aqueuse comprenant les agglomérats de particules ou de colloïdes, appelés flocs, subit une étape de séparation : on récupère ainsi des boues constituées de flocs agglomérés et une eau purifiée.
Pour mesurer l'efficacité de cette étape de coagulation-floculation, on peut mesurer la Demande Chimique en Oxygène (DCO) de l'eau purifiée, qui est une mesure indirecte de la concentration en matières organiques ou minérales, dissoutes ou en suspension dans cette eau : on mesure la quantité d'oxygène nécessaire à l'oxydation chimique
totale de ces matières. La mesure de la quantité de carbone organique dissous dans l'eau traitée peut également être réalisée.
De manière alternative, on peut mesurer également le niveau de trouble de la solution aqueuse, ou encore turbidité, avant et après cette étape de coagulation-floculation. Cette turbidité est mesurée par un néphélomètre (encore appelé turbidimètre) et on la mesure en Unité de Turbidité Néphélométrique (UTN ou en langue anglaise NTU pour Nephelometric Turbidity Unit).
On détermine ainsi la réduction de la turbidité que l'on peut exprimer en un pourcentage.
Un autre moyen est également de mesurer l'absorbance de la solution aqueuse traitée à une longueur d'onde donnée.
De plus, en vue de rendre une eau potable, on soumet généralement l'eau ainsi purifiée à une « étape de filtration » consistant à faire passer l'eau à travers un ou plusieurs filtres afin d'éliminer certains polluants résiduels. On peut également réaliser une étape de désinfection, consistant à ajouter un agent ou à utiliser un traitement capable d'éliminer les bactéries présentes dans cette eau. Ces derniers traitements sont particulièrement utiles dans un procédé de potabilisation.
Les procédés de traitement des eaux sont généralement des procédés continus. Dans le cas où une étape de filtration a lieu afin de rendre l'eau potable, les dernières particules restant en suspension sont éliminées de la solution aqueuse par passage sur les filtres. Lors de cette filtration, les particules s'accumulent donc à l'intérieur des filtres et ces derniers se colmatent. Il se produit alors une « perte de charge », c'est-à- dire une perte de débit en eau filtrée à pression constante appliquée sur le filtre. Afin de ne pas devoir augmenter la pression pour garder le débit constant et de ne pas devoir arrêter le procédé de manière trop fréquente afin de changer ou de nettoyer le filtre colmaté, la solution aqueuse à laquelle on soumet cette étape de filtration doit présenter une turbidité faible, généralement inférieure à 1 ,5 UTN, préférentiellement inférieure à 1 UTN.
De la même manière, pour réaliser une étape de désinfection, il est avantageux d'avoir l'eau la plus claire possible, ceci afin de faciliter cette étape de désinfection (diminution de la quantité nécessaire d'agent ou intensité plus faible du traitement de désinfection).
De plus, les réglementations nationales imposent généralement, pour la distribution d'une eau potable, une faible turbidité. Par exemple, en France, cette turbidité doit être inférieure à 1 UTN.
Ainsi, la réduction de turbidité obtenue lors de l'étape de coagulation-floculation est très importante lors d'un procédé de potabilisation d'une eau.
Des procédés de traitement d'eaux potable utilisant des agents à base d'amidon cationique ont déjà été décrits. En effet, ces amidons cationiques présentent l'avantage d'être fabriqués à partir de ressources végétales renouvelables et d'être disponibles dans de larges volumes.
A titre d'exemple de procédé de potabilisation, on peut citer le brevet US 5,543,056 qui décrit un procédé dans lequel on ajoute dans la solution aqueuse d'un coagulant qui peut être de l'amidon cationique et un floculant qui est une argile. Ce brevet décrit également dans les essais comparatifs un procédé de potabilisation utilisant des sels métalliques comme agent coagulant lors d'une première étape, et un agent floculant choisi parmi le chitosane ou les polyacrylamides lors d'une seconde étape.
On peut également citer le document US 2004/0026657 qui décrit un procédé de clarification utilisant un coagulant primaire qui est un sel inorganique, un floculant anionique ou non ionique, un coagulant cationique qui peut être un amidon cationique au moins partiellement insoluble, un désinfectant, une base soluble dans l'eau, un silicate insoluble dans l'eau et des additifs. Un problème de ce procédé très particulier est que l'amidon cationique et le sel inorganique utilisés ne permettent pas d'obtenir une excellente réduction de la turbidité.
Il existe encore à l'heure actuelle le besoin de nouveaux procédés de potabilisation d'eau.
En particulier, il est d'intérêt que ce procédé puisse être réalisé en utilisant un temps de traitement rapide, en utilisant une faible quantité de produits chimiques, et ceci sans avoir à modifier les installations classiquement utilisées pour ces traitements. Il doit pouvoir permettre de réduire fortement la turbidité de l'eau traitée.
La Demanderesse a déjà trouvé un procédé de potabilisation permettant de résoudre les problèmes susmentionnés, ce procédé faisant l'objet de la demande française
FR1 156702 et de la demande internationale PCT/FR2012/051714, ces deux demandes étant non publiées à ce jour ; ledit procédé utilise comme coagulants utiles à l'invention un sel métallique et une composition amylacée liquide particulière. En effet, la composition amylacée utile à l'invention doit présenter une viscosité relativement élevée, puisqu'elle doit présenter une viscosité Brookfield à 25°C au moins égale à 1000 mPa.s, cette viscosité étant mesurée à 10% de matière sèche. De manière générale et en particulier pour les produits utiles au traitement de l'eau, les coagulants sont généralement fournis aux clients utilisateurs sous forme de solutions liquides concentrées de matière sèche élevée, notamment des solutions présentant des matières sèches pouvant aller jusqu'à 80%. Comme la matière sèche des ces solutions est élevée et que les quantités de solvant sont faibles, ceci permet pour le fabriquant de fournir des solutions pouvant être facilement être stockées et/ou transportées. Quant au client utilisateur, il n'a plus qu'à utiliser ces solutions concentrées, éventuellement après simple dilution. Or, dans le cas d'une composition liquide amylacée, un des problèmes est qu'en augmentant la matière sèche en amidon, la viscosité de la composition augmente. Elle peut même prendre une consistance pâteuse ou gélifiée qui la rend difficile à manipuler et donc à diluer. Il est donc nécessaire que cette composition concentrée soit sous forme liquide peu visqueuse. Or, l'inconvénient du procédé ayant fait l'objet de la demande PCT/FR2012/051714 est que la composition amylacée utile à l'invention présente une viscosité relativement élevée. Par exemple, dans les cas où la viscosité selon le test A décrit dans cette demande dépasse 500000 mPa.s, il est nécessaire qu'elle présente une matière sèche qui devra être bien inférieure à 5% pour être liquide et pouvoir être ainsi aisément manipulée, par exemple par pompage, ou pour pouvoir la diluer.
La Demanderesse a pu mettre en œuvre, en réalisant des travaux portant sur les procédés de potabilisation de l'eau, un nouveau procédé de potabilisation permettant de diminuer de manière drastique la turbidité d'une solution aqueuse comportant des solides en suspension.
En effet, la Demanderesse a trouvé qu'une composition liquide d'amidon cationique présentant des caractéristiques spécifiques permettait, lorsqu'elle est utilisée dans une étape de coagulation-floculation conjointement avec un sel ferrique et/ou un sel d'aluminium, de réduire de manière particulièrement intéressante la turbidité de la
solution aqueuse à traiter en comparaison avec les amidons cationiques classiquement utilisés dans ce domaine. Cet amidon particulier doit être, lors de son introduction dans l'eau à traiter, sous forme solubilisée dans une composition liquide. Cette composition présente l'avantage de pouvoir présenter une matière sèche élevée, tout en restant liquide et facile à manipuler. Elle peut être utilisée, avec un sel métallique, dans tout type de procédé de traitement de l'eau ou de boues, et en particulier dans un procédé d'obtention d'une eau potable comprenant une étape de coagulation-floculation.
En particulier, l'invention a pour objet un procédé de potabilisation d'une solution aqueuse ayant des solides en suspension, contenant une étape de coagulation- floculation, caractérisé en ce que ladite étape comprend :
a) une étape d'addition de coagulants dans la solution aqueuse à traiter ;
b) une étape d'agitation de la solution aqueuse ainsi additionnée ;
c) une étape de séparation des solides coagulés par décantation ou flottation ;
d) une étape de récupération d'une eau purifiée ;
et dans lequel les coagulants additionnés à l'étape a) comprennent des sels métalliques choisis parmi les sels ferriques et les sels d'aluminium ainsi qu'une composition amylacée liquide comprenant un amidon waxy cationique, ledit amidon cationique présentant, lorsqu'il est mis sous forme de composition aqueuse, une viscosité, mesurée selon un test A, supérieure à 100 mPa.s et inférieure à 1000 mPa.s, ce test A consistant à ajuster la masse sèche en amidon cationique de la composition aqueuse à 10% puis de mesurer la viscosité Brookfield à 25^ de la composition résultante.
Le test A, utilisé pour mesurer la viscosité de l'amidon waxy cationique est applicable quelle que soit la forme de présentation de la composition aqueuse le comprenant, liquide ou pâteuse.
Il consiste à quantifier, par toute méthode classique à la portée de l'homme de l'art, la matière sèche en amidon waxy cationique de ladite composition aqueuse et, selon le cas, à la diluer avec de l'eau distillée ou à la concentrer par tout moyen approprié non susceptible de modifier significativement l'amidon waxy cationique qu'elle contient, et ce de façon à ajuster la matière sèche en amidon waxy cationique de ladite composition à une valeur de 10 %. En suite de quoi, on mesure de manière connue
en soi, la viscosité Brookfield à 25°C de la composition aqueuse résultante.En d'autres termes, le test A consiste à mesurer la viscosité de l'amidon waxy cationique et donc de mesurer bien évidemment la viscosité d'une composition liquide constituée de 90% en masse d'eau et de 10% en masse d'amidon waxy cationique solubilisé. Pour concentrer la composition aqueuse sans modifier la matière amylacée la comprenant, on peut par exemple utiliser un évaporateur rotatif.
Sauf si explicitement précisé, il est indiqué que les quantités en amidon waxy cationique et sel métallique sont exprimées en masse sèche dans la suite de la demande.
De manière surprenante, la Demanderesse a constaté que, lorsqu'elle est utilisée dans une étape de coagulation-floculation en association avec un sel métallique, une composition amylacée liquide comprenant un amidon waxy cationique présentant une viscosité supérieure à 100 mPa.s et inférieure à 1000 mPa.s lorsqu'il est sous forme d'une composition aqueuse, pour une concentration en amidon waxy cationique rapportée à 10% de la masse totale de la composition aqueuse, permettait d'obtenir une réduction exceptionnelle de la turbidité d'une solution présentant des solides en suspension. Cette réduction n'a pas pu être observée par la Demanderesse lorsque l'on utilise, en lieu et place de la composition amylacée susmentionnée, une composition d'amidon cationique de même viscosité mais non waxy.
Selon une première variante du procédé, les sels et la composition amylacée liquide utiles à l'invention sont additionnés séparément à l'étape a).
Selon une seconde variante du procédé, les sels et la composition amylacée liquide utiles à l'invention sont additionnés simultanément à l'étape a).
Cette addition peut se faire par l'intermédiaire d'une composition liquide M comprenant à la fois l'amidon cationique solubilisé et les sels.
Avantageusement, la viscosité de l'amidon cationique, mesurée selon le test A, est comprise entre 150 et 990 mPa.s, de préférence comprise entre 200 et 500 mPa.s, tout préférentiellement entre 205 et 450 mPa.s.
Un amidon waxy comprend généralement des quantités d'amylopectine allant de 90 à 100% en poids, par exemple allant de 95 à 100%, très souvent allant de 98 à 100%. Ce pourcentage peut être déterminé par colorimétrie à l'aide d'un dosage à l'iode.
L'amidon waxy cationique peut notamment être obtenu à partir de maïs, de blé, d'orge ou de pomme de terre. Tout préférentiellement, l'amidon waxy est un amidon de maïs waxy.
Préférentiellement, le sel métallique est un sulfate, un polysulfate, un chlorure, un polychlorure ou un polychlorosulfate. Préférentiellement, le sel métallique est choisi parmi le polychlorure d'aluminium et le chlorure ferrique.
Il peut être additionné lors de l'étape a) sous la forme d'une solution liquide, présentant par exemple une concentration allant de 0,01 à 1000 g/l, par exemple allant de 0,01 à 150 g/l. Le liquide de la solution peut être tout solvant du sel métallique, ce solvant pouvant être par exemple de l'eau. Le pH de la solution liquide peut aller de 0 à 7, par exemple de 1 à 5.
Lorsque plusieurs sels métalliques sont ajoutés lors de l'étape a), il est précisé que les quantités en sel métallique sont les quantités totales en ces différents sels métalliques.
On peut réaliser le procédé de l'invention avec une quantité totale en masse d'amidon waxy cationique et de sel métallique dans la solution aqueuse allant de 1 à 500 mg/L d'eau à traiter. Cette quantité est adaptée à la turbidité de l'eau initiale et elle peut être avantageusement de 5 à 20 mg/L d'eau à traiter, préférentiellement de 5 à 10 mg/L.
Il est particulièrement avantageux de réaliser le procédé avec ces faibles quantités d'agent coagulant : cela permet de limiter, d'une part, le coût du procédé et, d'autre part, les quantités de boues constituées des matières en suspension coagulées à éliminer. De plus, en choisissant ces quantités d'agent coagulant, le sel métallique restant soluble dans l'eau récupérée à l'étape d) reste faible.
Selon une première variante du procédé de l'invention, le ratio massique amidon waxy cationique / sel métallique peut aller de 15/85 à 70/30, par exemple de 15/85 à
60/40, avantageusement de 15/85 à 55/45, préférentiellement de 20/80 à 50/50, tout préférentiellement de 25/75 à 40/60.
La Demanderesse a constaté que l'étape de coagulation-floculation est particulièrement efficace lorsque ces agents coagulants sont introduits dans les ratios ci-dessus.
L'amidon cationique peut présenter un degré de substitution cationique supérieur ou égal à 0,01 , avantageusement allant de 0,018 à 0,3, préférentiellement de 0,04 à 0,2.
La composition amylacée liquide d'amidon waxy cationique introduite à l'étape a) présente avantageusement une concentration en amidon cationique allant de 0,01 à 350 g/L, par exemple allant de 0,01 à 50 g/L. Le liquide de la composition peut être tout solvant de l'amidon cationique et est préférentiellement de l'eau.
L'étape d'agitation b) peut être réalisée en présence d'un agent de traitement additionnel qui peut être choisi parmi les algues, les charbons actifs et le permanganate de potassium. L'agent de traitement est préférentiellement du charbon actif ou du permanganate de potassium.
La durée de l'étape d'agitation b) peut être supérieure ou égale à 1 ,5 minutes ou plus, préférentiellement allant de 2 à 30 minutes, tout préférentiellement allant de 2,5 à 5 minutes.
L'étape de séparation c) peut être une étape de décantation. Cette étape de décantation a préférentiellement une durée allant de 0,25 à 1000 minutes, préférentiellement de 0,33 à 120 minutes, tout préférentiellement de 0,5 à 12 minutes, par exemple de 1 à 5 minutes.
Pour accélérer encore l'étape de coagulation-floculation, on peut lester les flocs, par exemple à l'aide de micro sable.
Un autre avantage de l'invention est donc que l'étape de coagulation-floculation peut ainsi être réalisée dans une durée très courte.
Selon l'invention, le procédé peut être continu ou discontinu. Dans le cas où il s'agit d'un procédé continu, les durées des étapes b) et c) sont ainsi respectivement le
temps de séjour moyen de la solution aqueuse à traiter dans la cuve de coagulation- floculation et dans le décanteur.
Le procédé de potabilisation selon l'invention est particulièrement bien adapté lorsqu'il comprend, ultérieurement à l'étape de coagulation-floculation, une étape de filtration de l'eau purifiée.
La solution aqueuse comprenant des solides en suspension à traiter peut présenter une turbidité inférieure ou égale à 1000 UTN, avantageusement allant de 2 à 300 UTN, préférentiellement allant de 2,5 à 150 UTN, par exemple allant de 3 à 100 UTN. Cette solution aqueuse peut être une eau de surface, par exemple une eau de lac de rivière ou de fleuve ou encore une eau souterraine qui sont les eaux classiquement utilisées en vue de transformer une eau en eau potable.
Le procédé est très intéressant pour éliminer des particules en suspension dans la solution aqueuse ayant une dimension allant de 0,001 à 500μηι, en particulier celles allant de 0,001 à 1 μπι.
La turbidité de la solution aqueuse purifiée ainsi obtenue à l'issue de l'étape e) a une faible turbidité, par exemple inférieure ou égale à 1 ,5 UTN, préférentiellement inférieure à 1 UTN.
Selon le procédé de l'invention, la réduction de la turbidité peut être supérieure à 98%, avantageusement supérieure à 98,5%, tout préférentiellement supérieure à 99%. Le procédé selon l'invention permet de diminuer fortement la turbidité, ce qui est très avantageux dans un procédé de potabilisation. Ces réductions de turbidité exceptionnelles ont pu être obtenues en particulier à partir d'eaux de surface encore d'eaux souterraines.
Il faut noter que la réduction de la turbidité dépend de la turbidité initiale : en utilisant le procédé pour une eau de turbidité faible, la réduction ne sera pas aussi importante que pour une eau ayant une turbidité plus élevée.
La turbidité peut être mesurée en utilisant un appareil WTW Turb 555IR vendu par la société WTW.
La composition amylacée liquide utile à l'invention comprend un amidon waxy cationique qui présente une viscosité supérieure à 100 mPa.s et inférieure à 1000
mPa.s selon le test A décrit précédemment. Comme il va être exposé ci-dessous, cette viscosité particulière est directement liée à l'amidon waxy cationique utilisé et au procédé de préparation de la composition c'est-à-dire à la solubilisation de cet amidon waxy cationique.
En ce qui concerne l'amidon waxy cationique, la viscosité de la composition aqueuse du test A le comprenant après solubilisation dépend de 2 caractéristiques principales, dans un ordre d'importance décroissant : sa masse moléculaire et son degré de cationicité. Ces caractéristiques sont aisément sélectionnées par l'homme de l'art en choisissant la source botanique de l'amidon waxy natif et les conditions de préparation de cet amidon waxy cationique.
L'amidon waxy cationique utilisé dans le cadre de l'invention peut être obtenu à partir de tout type d'amidon waxy natif d'origine naturelle ou hybride, y compris d'amidon issu d'organismes végétaux ayant subi des mutations ou manipulations génétiques. L'amidon waxy peut notamment être issu de maïs waxy, de pomme de terre waxy, de blé waxy, d'orge waxy, préférentiellement issu de maïs waxy.
La sélection de cet amidon natif a par exemple une influence sur la masse moléculaire finale et également la teneur en amylose et en amylopectine.
Pour l'amidon cationique utile à la fabrication de la composition amylacée, en plus d'une étape de cationisation de l'amidon, il est généralement nécessaire de réaliser également une étape de réduction de la masse molaire de l'amidon.
Ces deux étapes de réduction de masse molaire et de cationisation peuvent se faire dans n'importe quel ordre. Ainsi, l'amidon cationique utile à l'invention peut être obtenu dans un procédé comprenant une première étape de cationisation suivie d'une seconde étape de réduction de la masse molaire de l'amidon cationique obtenu à la première étape. Alternativement, l'amidon cationique utile à l'invention peut être obtenu dans un procédé comprenant une première étape de réduction de la masse molaire de l'amidon suivie d'une seconde étape de cationisation de l'amidon de masse réduite obtenu à la première étape. On peut également utiliser un procédé dans lequel l'étape de cationisation et l'étape de réduction de la masse molaire de l'amidon se font simultanément.
La réaction de cationisation peut être effectuée selon l'une des méthodes bien connues de l'homme du métier, à l'aide de réactifs cationiques tels que décrits par exemple dans « Starch Chemistry and Technology » - Vol. Il - Chapter XVI - R.L.
WHISTLER and E.F. PASCHALL - Académie Press (1967). L'amidon est introduit dans un réacteur en présence de ces réactifs.
Préférentiellement, l'amidon utilisé lors de la réaction de cationisation se présente sous une forme granulaire.
La réaction peut être conduite en phase lait, l'amidon granulaire en suspension dans un solvant étant cationisé en utilisant les conditions de température, de temps et de catalyse bien connues de l'homme de l'art.
A la fin de la réaction, on peut récupérer l'amidon ainsi cationisé par filtration, cet amidon cationique pouvant être ensuite lavé puis séché.
D'une façon alternative, la réaction peut être conduite en phase sèche, c'est-à-dire en présence de quantités d'eau ajoutées à l'amidon considérées comme faibles, par exemple dans des quantités d'eau inférieures à 20% de la masse d'amidon introduit pour la réaction de cationisation, de préférence inférieures à 10%.
On peut également réaliser la réaction en phase colle. Par « phase colle », on entend que l'amidon est au moins partiellement solubilisé, généralement totalement solubilisé, dans une phase solvant, ladite phase solvant étant généralement une phase aqueuse ou une phase hydroalcoolique. On obtient alors à la fin de ce procédé un amidon cationique sous forme d'une une composition amylacée liquide. Il est également possible d'obtenir l'amidon cationique sous forme solide par séchage de la composition ou encore par précipitation dans de l'alcool ou un solvant hydroalcoolique. De préférence, la réaction de cationisation est effectuée avec des réactifs azotés à base d'amines tertiaires ou de sels d'ammonium quaternaires. Parmi ces réactifs, on préfère utiliser les chlorhydrates de 2-dialkylaminochloréthane tels que le chlorhydrate de 2-diéthylaminochloréthane ou les halogénures de glycidyl-triméthylammonium et leurs halohydrines, tels que le chlorure de N-(3-chloro-2-hydroxypropyl)- triméthylammonium, ce dernier réactif étant préféré. On procède à cette réaction en milieu alcalin, à un pH supérieur à 8, voire supérieur à 10, le pH pouvant être ajusté par exemple par de la soude.
Les taux de réactif mis en œuvre sont choisis de telle sorte que les amidons cationiques résultants présentent le degré de substitution (DS) de cationicité désiré, le DS étant le nombre moyen de groupements OH compris sur l'anhydroglucose de l'amidon qui ont été substitués par un groupement cationique.
L'étape de réduction de la masse molaire de l'amidon peut être effectuée par tout moyen, en particulier chimique, enzymatique et/ou physique, connu de l'homme de
l'art et apte à permettre l'obtention directement ou non d'une composition amylacée présentant la viscosité adéquate selon le test A. Cette étape peut être réalisée en phase solvant ou en phase sèche. Cette étape peut être menée de manière continue ou discontinue, en une ou plusieurs sous-étapes, selon une multitude de variantes quant à la nature de l'amidon, la quantité ou la forme de présentation du moyen de modification, la température et la durée réactionnelles, la teneur en eau du milieu réactionnel ou encore la nature de l'amidon (matière déjà cationisée ou non encore cationisée).
Il peut s'agir en particulier d'un traitement de fluidification par voie chimique, en milieu aqueux ou en phase sèche, comme ceux mentionnés ou décrits dans le brevet EP902037 au nom de la Demanderesse.
Il peut s'agir également, de manière avantageuse, d'un traitement de fluidification enzymatique (également dénommé conversion ou liquéfaction enzymatique), celui-ci pouvant être conduit, par exemple, selon les enseignements du brevet FR 2.149.640 au nom de la Demanderesse. Ces moyens enzymatiques incluent des enzymes, thermostables ou non, de type alpha-amylase d'origine bactérienne, fongique ou autres.
Il peut s'agir également, d'une autre manière avantageuse, d'un traitement permettant de convertir efficacement la matière amylacée cationique, dans un milieu aqueux, au moyen d'enzymes choisies dans le groupe comprenant les enzymes de branchement (EC 2.4.1 .18) et les cyclodextrines glycosyltransférases ou " CGTases " (EC 2.4.1 .19). Les enzymes de branchement peuvent notamment consister en des enzymes de branchement de l'amidon ou du glycogène, isolées d'algues ou de bactéries, telles que celles dont l'usage est décrit au niveau des brevets WO 00/18893 et WO 00/66633 au nom de la Demanderesse.
La Société Demanderesse a observé que les matières amylacées cationiques traitées, avant, pendant ou après cationisation, par une enzyme de branchement présentaient, d'une manière générale, une stabilité au stockage encore améliorée en regard de celles traitées par une alpha amylase. Sans vouloir être liée par une quelconque théorie, la Demanderesse pense que ce remarquable résultat est dû, au moins en partie, au fait qu'un traitement par enzyme de branchement permet d'obtenir des matières amylacées hydrolysées plus homogènes, i.e notamment dont les saccharides constitutifs résultants ont des masses moléculaires se répartissant sur une courbe de Gauss globalement plus régulière, plus symétrique et plus étroite que
celle obtenue avec une alpha amylase. De préférence, le traitement par enzyme de branchement est effectué après l'étape de cationisation et il est d'ailleurs remarquable et surprenant que la présence de groupements cationiques, de taille relativement importante, ne perturbe pas l'action de transfert de chaînes oligo- ou polysaccharidiques de telles enzymes.
L'usage d'enzymes thermostables permet, si on le souhaite, la pratique de liquéfactions enzymatiques à des températures de l'ordre de 90 - 100°C, conditions particulièrement avantageuses pour l'obtention de compositions amylacées liquides présentant une bonne stabilité de la viscosité dans le temps.
Le traitement de modification peut également, à titre d'exemples non limitatifs, faire appel à une fluidification associant voie acide et enzymatique.
L'ensemble des moyens précités sont appliqués à la matière amylacée, déjà cationisée ou non, devant être contenue dans la composition utile à l'invention.
Selon un mode de réalisation préféré, on réalise dans une première étape une cationisation de l'amidon, par exemple en phase lait ou phase sèche, suivie d'une seconde étape de réduction de la masse moléculaire obtenu lors de la première étape par conversion enzymatique, cette seconde étape pouvant être réalisée en phase solvant, préférentiellement dans l'eau. Selon ce mode préféré, on peut obtenir directement une composition amylacée liquide utile à l'invention.
L'homme du métier saura ajuster les conditions de réaction des étapes de réduction de la masse molaire et de cationisation de l'amidon afin d'obtenir des amidons cationiques permettant d'obtenir la composition liquide utile à l'invention. En effet, il est nécessaire que, lors de son procédé de fabrication, le poids moléculaire de l'amidon ne soit pas réduit de manière trop importante ou, au contraire, de manière insuffisante : en d'autres termes, il est nécessaire que la masse moléculaire de l'amidon cationique soit réduite de manière à ce qu'il présente la viscosité adéquate, c'est-à dire une viscosité comprise entre 100 mPa.s et 1000 mPa.s selon le test A. La Demanderesse commercialise de telles compositions amylacées liquides prêtes à l'emploi.
L'amidon cationique peut être soluble à température ambiante dans l'eau. Par soluble à température ambiante, on entend selon l'invention que, lorsque l'amidon cationique est introduit à 10% en masse de l'eau à 25^ et est placé sous agitation pendant 1
heure, la solution d'amidon ainsi obtenue présente une viscosité Brookfield supérieure à 100 mPa.s.
Si l'amidon waxy cationique utilisé pour réaliser la composition amylacée utile à l'invention est sous forme solide, il est nécessaire de le solubiliser dans un solvant. La composition amylacée liquide est généralement une composition aqueuse, qui peut comprendre principalement de l'eau et éventuellement de faibles quantités de solvants organiques miscibles avec l'eau, comme les alcools tels que le méthanol et l'éthanol, par exemple dans des quantités de solvant organique inférieures à 10% en masse de la totalité des solvants.
Pour fabriquer la composition amylacée liquide utile à l'invention, on peut rendre soluble l'amidon cationique dans le solvant par une étape de cuisson si cet amidon n'est pas soluble dans l'eau froide. On réalise généralement cette cuisson dans de l'eau ou une solution hydroalcoolique, en mettant en suspension de l'amidon cationique et formant ainsi un lait d'amidon.
Selon une variante, on prépare ladite composition amylacée liquide en utilisant un amidon cationique soluble à température ambiante et en le mettant en solution dans l'eau, de préférence sous agitation. Cette variante est avantageuse car l'amidon est ainsi aisément solubilisé dans la composition liquide, sans cuisson. La composition utile à l'invention peut ainsi aisément être mise en œuvre sur le site réalisant le procédé de traitement.
Toutefois, il est également possible d'obtenir directement, selon les procédés décrits précédemment qui comprennent les étapes de réduction de la masse molaire et de cationisation, des compositions amylacées liquides comprenant l'amidon cationique utile à l'invention, c'est-à-dire dont l'amidon cationique présente une viscosité, mesurée selon le test A, qui est supérieure à 100 mPa.s et inférieure à 1000 mPa.s. Ceci est notamment possible lorsque l'on cationise l'amidon en phase colle ou encore lorsqu'on réalise une étape de réduction de masse molaire en phase solvant d'un amidon déjà cationisé.
Comme décrit précédemment, on peut utiliser pour réaliser le procédé selon l'invention une composition amylacée liquide comprenant un amidon cationique waxy solubilisé et un ou plusieurs sels métalliques choisis parmi les sels ferriques et les
sels d'aluminium, et la viscosité dudit amidon waxy cationique, mesurée selon le test A, est supérieure à 100 mPa.s et inférieure à 1000 mPa.s. Cette nouvelle composition est un autre aspect de la présente invention.
La viscosité de l'amidon waxy cationique, mesurée selon le test A, est avantageusement comprise entre 150 et 990 mPa.s, préférentiellement comprise entre 200 et 500 mPa.s, tout préférentiellement comprise entre 205 et 450 mPa.s. Selon une seconde variante de l'invention, l'amidon waxy cationique présente, selon le test A, une viscosité allant de 505 à 990 mPa.s, par exemple de 550 à 950 mPa.s.
De préférence, le pH de la composition selon l'invention est compris entre 0 et 7, par exemple entre 1 et 5.
La composition présente avantageusement un ratio massique amidon cationique / sel métallique allant de 15/85 à 70/30, par exemple de 15/85 à 60/40, avantageusement de 15/85 à 55/45, préférentiellement de 20/80 à 50/50, tout préférentiellement de 25/75 à 40/60.
Le sel métallique est avantageusement le polychlorure d'aluminium ou le chlorure ferrique. Dans le cas du chlorure ferrique, on préfère que le ratio amidon cationique / sel métallique soit de 25/75 à 50/50, voire de 30/70 à 45/55. Dans le cas du polychlorure d'aluminium, on préfère que le ratio amidon cationique / sel métallique soit de 20/80 à 45/55, voire de 25/75 à 35/65.
Préférentiellement, le sel métallique est un sel d'aluminium, notamment un polychlorure d'aluminium. Selon cette variante préférée, le pH de la composition est tout préférentiellement entre 2 et 5.
La composition liquide selon l'invention comprend avantageusement comme solvant de l'eau ou une solution hydroalcoolique, préférentiellement de l'eau. En d'autres termes, il est précisé que le solvant est préférentiellement constitué d'eau.
Selon une variante avantageuse de l'invention, on utilise une composition liquide d'amidon cationique exempte d'agent conservateur.
Lorsque l'amidon cationique est sous forme liquide, on peut observer une dégradation lors de son stockage et du transport du produit. Pour limiter ce phénomène, on doit généralement ajouter un agent biocide, qui peut être choisi parmi les phtalates, par exemple un de ceux commercialisés par Rohm & Haas sous la marque VINYZENE™. Or, bien que la concentration en agent biocide nécessaire à la conservation de l'amidon sous forme de solution liquide soit faible, ces agents biocides peuvent constituer des constituants non désirés pour le traitement d'une eau et tout particulièrement pour l'obtention d'une eau potable. Or, il a pu être constaté que la composition selon l'invention présente une stabilité dans le temps tout à fait correcte, même en l'absence de ces agents biocides classiquement utilisés. Cette stabilité est particulièrement bonne dans le cas où l'on utilise un ou plusieurs sels d'aluminium comme sels métalliques.
L'amidon waxy cationique utile à l'invention présente une viscosité Brookfield supérieure à 100 mPa.s et inférieure à 1000 mPa.s dans les conditions du test A. La mesure de cette viscosité, réalisée par un viscosimètre de marque Brookfield®, est bien connue de l'homme du métier. En particulier, il existe différents modules pour mesurer cette viscosité et chaque module est adapté pour une gamme de viscosité donnée. Il suffit de choisir le module adapté à la viscosité de la composition à mesurer. A titre d'exemple, on peut réaliser le test A en utilisant le module RV1 à 20 tours par minute pour une viscosité supérieure à 100 mPa.s et inférieure ou égale à 1000 mPa.s.
La composition liquide de l'invention peut prendre la forme d'une composition liquide concentrée, c'est-à-dire que la matière sèche de ladite composition va de 10 à 80%, préférentiellement de 15 à 40%.
Un avantage de cette composition est qu'elle est liquide à 25 °C, tout en présentant une matière sèche élevée. Ceci lui permet d'être aisément transportée et/ou stockée avant utilisation. Elle peut être directement introduite dans des installations de traitement d'eau ou de boues, cette introduction étant généralement réalisée à l'aide de doseurs. Cependant, certains doseurs ne permettent pas un dosage optimal lorsque la matière sèche est élevée, il est donc parfois difficile d'utiliser directement la
composition selon l'invention dans lesdites installations. Du fait de sa forme liquide, la dilution de cette composition à matière sèche élevée se fait très aisément, par simple mélange avec un solvant, notamment par simple mélange avec de l'eau. On peut ainsi former aisément la composition liquide M après dilution préalable de cette composition liquide concentrée, étant rappelé que ladite composition liquide M peut selon une variante du procédé de potabilisation de l'invention, être additionnée lors de l'étape a) de l'étape coagulation-floculation.
Du fait de son excellente capacité à coaguler des solides en suspension, la composition selon l'invention est utile pour le traitement de l'eau ou de boues, par exemple pour la déshydratation ou l'épaississement d'une boue. Par eau à traiter, on entend généralement une composition aqueuse comprenant de l'eau et des matières en suspension, la quantité de matières en suspension étant inférieure à 0,2% de la masse de la composition aqueuse. Par boue à traiter, on entend au contraire une composition aqueuse comprenant de l'eau et des matières en suspension, la quantité de matières en suspension étant supérieure ou égale à 0,2% de la masse de la composition aqueuse. Les termes « eau à traiter » et « boue à traiter » incluent tout type d'effluents urbains ou d'effluents issus d'industries diverses, notamment effluents issus de papeteries ou d'amidonnerie.
Les effluents issus de papeteries comprennent par exemple les sauces de couchage, qui sont sont des émulsions de polymères dispersés dans une phase aqueuse.
Ces émulsions doivent être déstabilisées (« cassées ») afin de séparer la phase aqueuse, réutilisable dans le procédé, de la phase organique. On parle alors de cassage d'émulsion. De plus, il est nécessaire que ce cassage soit efficace car les sauces de couchage perturbent les traitements biologiques de boues (« boues activées »). Il est donc nécessaire de casser ces émulsions avant de réaliser un traitement biologique, en particulier si les teneurs sont élevées.
La composition selon l'invention permet, pour le traitement d'eau ou de boue, de diminuer la turbidité de l'eau récupérée à l'issue du traitement, diminuer la DCO ou
encore le taux de phosphore. Ceci permet de pouvoir soit rejeter l'eau récupérée dans le milieu naturel, soit la réutiliser dans le procédé.
La composition selon l'invention est particulièrement efficace pour la clarification de l'eau, c'est-à-dire pour diminuer la quantité de solides en suspension d'une solution aqueuse.
L'utilisation du mélange selon l'invention pour le traitement d'eau ou de boue présente également l'avantage de limiter fortement la quantité résiduelle de sel métallique par rapport aux traitements classiques à base de sel métallique utilisés seuls. En effet, la Demanderesse a pu constater, qu'à même dose de sel métallique introduite, l'eau traitée contenait trois fois moins de sel résiduel dans l'eau obtenue après traitement. Le volume de boues produit est également plus faible en utilisant la composition de l'invention.
La composition selon l'invention peut être utilisée pour le traitement de l'eau ou de boues, conjointement avec au moins un autre agent coagulant ou encore avec au moins un agent floculant.
Bien que d'autres agents coagulants puissent être utilisés lors du procédé, ce dernier peut être réalisé sans autre agent coagulant et/ou floculant supplémentaire, en particulier sans polyacrylamide et sans argile.
L'étape de coagulation-floculation peut être réalisée de manière classique.
Durant les premières étapes a) et b) de l'étape de coagulation-floculation, on coagule les particules pour ensuite former les flocs dans une cuve de coagulation-floculation.
Cette cuve peut comprendre un premier bassin dit « bassin de coagulation » et un second bassin dit « bassin de floculation », où la vitesse d'agitation est plus importante dans le premier que dans le second. Avantageusement, la composition d'amidon et le sel métallique sont introduits dans le bassin de coagulation.
Dans le cas d'un procédé continu, la solution aqueuse à traiter est introduite dans ladite cuve par l'intermédiaire d'une pompe, ce qui permet de régler ainsi le débit
d'introduction. La durée de l'étape de coagulation floculation dépend alors de ce débit et du volume des cuves utilisées. Le sel et l'amidon utiles à l'invention peuvent être mélangés à la solution aqueuse à traiter soit préalablement à l'introduction de cette solution dans la cuve de coagulation-floculation, soit directement dans la cuve par une seconde entrée prévue à cet effet. La durée de cette étape de coagulation-floculation dépend directement du volume de la cuve et du débit choisi.
L'eau à traiter peut éventuellement subir un prétraitement d'ajustement de son pH. Préférentiellement, le pH de la solution aqueuse comprenant des solides en suspension va de 5 à 8,5.
Pour éliminer les flocs et ainsi pouvoir récupérer l'eau purifiée et réaliser l'étape de séparation c), on peut utiliser au choix une technique de décantation ou de flottation. Ces techniques, bien connues de l'homme du métier, pourront être mises en œuvre dans des installations standard de traitement de l'eau.
Préférentiellement, on réalise à l'étape c) une décantation des flocs formés.
Lorsque cette étape de séparation est réalisée par décantation, on peut introduire également dans la cuve de coagulation-floculation un agent susceptible de lester les flocs formés, tels que du sable micrométrique. Ces flocs lestés sont transférés avec la solution aqueuse dans le décanteur, ce qui permet d'améliorer la vitesse de séparation dans l'étape ultérieure de décantation.
Le décanteur peut être un décanteur statique ou un décanteur lamellaire. Le décanteur peut être équipé de racleur de fond pour une meilleure captation des boues décantées.
Le décanteur statique est le décanteur le plus classique : il est constitué d'une simple cuve dans laquelle les particules coagulées se déposent au fond de la cuve pour former des boues et on récupère l'eau purifiée ayant subi la décantation par surverse. Les décanteurs lamellaires permettent également d'accélérer la décantation des particules coagulées en comparaison avec les décanteurs statiques.
A la suite de l'étape de coagulation-floculation, on peut avantageusement réaliser une étape de purification ultérieure.
Il peut s'agir par exemple d'une étape de filtration. Comme déjà exposé, l'étape de coagulation-floculation utilisée dans le procédé selon l'invention est alors particulièrement intéressante.
Cette étape de filtration de l'eau peut être une étape de microfiltration, d'ultrafiltration ou encore de nanofiltration. On utilise pour cela des filtres tels que les filtres comprenant du sable, de l'anthracite voire des charbons actifs. Il est également possible d'utiliser des membranes de polymères organiques, notamment de polypropylène, de polyacrylamide ou de polysulfone. On peut également réaliser une filtration de l'eau par osmose inverse à l'aide d'une membrane semi-perméable afin d'en éliminer les solutés.
On peut également réaliser une étape de désinfection de l'eau. Il existe de nombreuses techniques de désinfection des liquides. On peut la réaliser en utilisant de l'ozone, par traitement à l'aide rayonnement ultraviolet ou encore en utilisant du dioxyde de chlore.
On obtient à la fin du procédé une eau potable, dont la turbidité est avantageusement inférieure à 1 UTN.
Des modes de réalisation vont maintenant être détaillés dans les exemples qui suivent. Il est précisé que ces exemples illustratifs ne limitent d'aucune façon la portée de la présente invention.
Exemple 1 :
Cet exemple présente différents procédés comprenant une étape de coagulation- floculation qui ne sont pas selon l'invention. Ces exemples permettent de montrer les problèmes résolus par l'invention.
Produits utilisés
« A » : Solution d'amidon cationique comparative dont la viscosité Brookfield est, selon le test A, de 17500 mPa.s. Cette solution « A » est obtenue à partir d'un amidon cationique (base pomme de terre non waxy) ayant un DS de 0,16. Cet amidon est soluble dans l'eau à 20<C.
« B » : Solution d'amidon cationique comparative dont la viscosité Brookfield est, selon le test A, de 53000 mPa.s. Cette solution « B » est obtenue à partir d'un amidon cationique (base maïs waxy) ayant un DS de 0,05. Cet amidon est insoluble dans
l'eau à 20 ^, la solution est donc préparée par cuisson d'une solution à 95°C pendant 15 minutes.
Ces deux premières compositions amylacées liquides A et B présentent une viscosité élevée. Elles ne peuvent se présenter sous forme de composition à matière sèche élevée facilement pompable ou diluable.
« C » : Solution d'amidon cationique comparative dont la viscosité Brookfield est, selon le test A, de 50 mPa.s. Cette solution « C » est obtenue à partir d'un amidon cationique (base maïs waxy), qui a subi un traitement d'hydrolyse acide, ayant un DS de 0,16. La solution est préparée par cuisson d'une solution à 95^ pendant 15 minutes.
Cette troisième composition amylacée présente une viscosité bien moindre. Elle présente l'avantage de pouvoir se présenter sous forme de composition à matière sèche élevée facilement pompable ou diluable.
FeCI3 : chlorure ferrique en solution.
Les mélanges sont évalués par Jar-Test dans le but de rendre potable une eau prélevée dans la Lys (turbidité initiale 65UTN). 5 grammes de sable (diamètre <100μηι) sont ajoutés à 1 L d'eau sous agitation, puis le mélange de coagulants est ajouté, sous agitation à 200 tpm pendant 3 minutes. L'agitation est ensuite arrêtée et la turbidité du surnageant est mesurée après 3 minutes de décantation. La dose de coagulant utilisée est 10 milligrammes de matière active par litre d'eau à traiter (mg/L).
Les solutions A, B et C sont testées en mélange avec du FeCI3, en ratio massique amidon/FeCI3 45/55. Les résultats obtenus sont reportés dans le Tableau 1 .
Tableau 1
Solution associée au Turbidité du surnageant Réduction de turbidité en FeCI3 (UTN) %
A 0.7 >99%
B 0.8 >99%
C 2.5 97.5%
Les mélanges de sel métallique avec A et B sont efficaces et il n'y a pas de différence selon que l'amidon soit un amidon waxy ou non. La solution C présente l'avantage d'être très peu visqueuse mais son efficacité est insuffisante.
Exemple 2 :
Cet exemple illustre l'invention en utilisant conjointement avec une solution d'amidon un sel de fer comme sel métallique.
« A » : Solution identique à l'exemple 1 .
« D » : Solution d'amidon cationique comparative dont la viscosité Brookfield est, selon le test A, de 350 mPa.s. Cette solution « D » est obtenue à partir d'un amidon cationique non waxy (base pomme de terre), qui a subi un traitement d'hydrolyse enzymatique, ayant un DS de 0,16. Cet amidon est soluble dans l'eau à 20 ^.
« E » : Solution d'amidon cationique selon l'invention dont la viscosité Brookfield est, selon le test A, de 210 mPa.s. Cette solution « E » est obtenue à partir d'un amidon cationique (base maïs waxy), qui a subi un traitement d'hydrolyse enzymatique, ayant un DS de 0,05. Cet amidon est soluble dans l'eau à 20^.
« F » : Solution d'amidon cationique selon l'invention dont la viscosité Brookfield est, selon le test A, de 810 mPa.s. Cette solution « F » est obtenue à partir d'un amidon cationique (base maïs waxy), qui a subi un traitement d'hydrolyse enzymatique, ayant un DS de 0,05. Cet amidon est soluble dans l'eau à 20^.
Le protocole de test est identique à l'exemple 1 . L'eau utilisée est ici initialement de 13UTN, dopée à 100UTN par ajout de carbonate de calcium (Mikhart 5).
La viscosité des solutions « A » et « E » à différentes concentrations est donnée dans le Tableau 2.
Tableau 2
Concentration (%) Viscosité Brookfield (mPa.s)
Solution A Solution E
0,6 1 22 Non mesurée
3 1 1 00 Non mesurée
5 31 00 63
10 1 7500 21 0
15 34000 490
27 Non mesurable 4500
Les solutions A, D, E et F sont testées en mélange avec du FeCI3, en ratio massique amidon/FeCI3 40/60 sec/sec. Les résultats obtenus sont reportés dans le Tableau 3.
Tableau 3
La solution « A » donne un résultat satisfaisant en turbidité mais sa viscosité élevée ne permet pas d'envisager une commercialisation sous forme concentrée comme le montre le Tableau 2. Lorsque le produit subit un traitement enzymatique dans le but de diminuer sa viscosité, il est possible d'obtenir la solution « D ». Or, cette solution ne permet pas de réduire la turbidité de manière satisfaisante lors de l'étape de coagulation-floculation. De manière inattendue, la solution « E » à base d'amidon de maïs waxy cationique traité enzymatiquement est très efficace dans ce même procédé, et ceci même alors qu'elle est de viscosité inférieure à « D ». Cette basse viscosité lui permet de pouvoir se présenter sous forme de composition à matière sèche élevée, aisément pompable ou diluable. La solution « F » est quant à elle légèrement moins facilement pompable mais reste tout à fait manipulable. De plus, la réduction de la turbidité est équivalente, voire légèrement améliorée par rapport à la solution « E ».
Exemple 3 :
Cet exemple illustre l'invention en utilisant conjointement avec une solution d'amidon un sel d'aluminium comme sel métallique.
PAC : polychlorure d'aluminium
« G » : mélange massique 70/30 de PAC et de A
« H » mélange massique 70/30 de PAC et de E
Les mélanges « G » et « H » sont évalués par Jar-Test dans le but de rendre potable une eau prélevée dans la Lys (turbidité initiale 6UTN). L'eau est chargée de boue de berge jusqu'à atteindre une turbidité de 50UTN. Le protocole est le même que dans les exemples précédents. Les résultats obtenus sont reportés dans le Tableau 4.
Tableau 4
Le mélange H est aussi efficace que le mélange G.
Après stockage pendant 2 mois, le mélange H présente une viscosité stable et est aussi efficace dans le procédé. Il faut noter que, comme dans le cas des solutions amylacées utiles à l'invention de l'exemple 2, le mélange de sel métallique et de la solution E présente une viscosité qui lui permet de pouvoir se présenter sous forme de composition à matière sèche élevée, aisément pompable ou diluable.
Exemple 4
Cet exemple illustre l'invention en utilisant conjointement avec la solution G précédemment décrite pour le traitement d'un effluent issu d'une production de levure.
Des traitements de coagulation puis de floculation sont effectués suite à un traitement de méthanisation et de boue activée, afin d'assurer la déphosphatation de l'effluent. Ce traitement est alors suivi d'une décantation des flocs formés.
Les essais sont effectués en Jar-Test selon le protocole suivant :
Coagulation : 3 min à 200 tpm
Floculation : 17 min à 40 tpm
Décantation : 10 min
Outre la turbidité et la couleur de l'effluent, la Demande Chimique en Oxygène (DCO) et du taux de phosphore (P) sont également suivis.
L'eau avant traitement présente une turbidité de 7UTN, une couleur de 0,45 mesurée à 254nm, une demande chimique en oxygène (DCO) de 60mg/L et un taux de phosphore (P) de 0,27mg/L.
Dans l'essai de référence, la coagulation est effectuée en ajoutant à l'effluent 40 ppm (en sec) de FeCI3 tandis que la floculation est réalisée à l'aide d'un polyacrylamide anionique (A-PAM 1 ,4 ppm).
Dans l'essai selon l'invention, le procédé est identique à la différence que la coagulation est effectuée en substituant les 40 ppm de FeCI3 (en sec) par 40 ppm du mélange PAC/amidon cationique de la solution H.
L'eau obtenue par traitement avec les produits de référence est comparée avec celle obtenue par traitement avec la solution H décrite dans l'exemple précédent, complétée par du A-PAM, aux mêmes dosages que l'essai de référence.
Les résultats sont donnés dans le tableau 5.
Tableau 5
Avec un même dosage, la solution H permet d'obtenir une turbidité, une DCO et un taux de phosphore inférieurs, ainsi qu'une couleur équivalente.
Exemple 5
Cet exemple illustre l'invention en traitement d'un effluent issu d'une production de papier couché, pour le cassage de l'émulsion. Le traitement de coagulation-floculation est habituellement effectué par un PAC afin d'obtenir une turbidité et une Demande Chimique en Oxygène (DCO) les plus faibles possibles.
Ces essais sont réalisés par Jar-Test avec une agitation à 200 tpm pendant 3 minutes puis une décantation de 10 minutes. La solution E est utilisée conjointement avec un PAC dans différents dosages et les résultats sont donnés dans le tableau 6.
Tableau 6
La solution E utilisée seule n'est pas efficace et ne permet pas de casser l'émulsion, contrairement au PAC seul.
En revanche, l'utilisation conjointe des deux agents coagulants, particulièrement dans un ratio massique amidon cationique / sel métallique allant de 15/85 à 70/30, notamment de 20/80 à 50/50 donne de meilleurs résultats que l'utilisation du PAC seul, plis spécialement en ce qui concerne la turbidité.