CONTROLE DE LA DISTRIBUTION SPATIALE DE CRISTAUX MICROSCOPIQUES DANS DES ÉVIDEMENTS REALISES SUR UN SUBSTRAT
La présente invention concerne un procédé de formation de cristaux microscopiques d'un composé chimique dans des évidements réalisés sur un substrat. La présente invention concerne plus particulièrement le contrôle spatial des sites de nucléa- tion de cristaux microscopiques d'un composé chimique dissous dans une solution déposée sur le substrat. La présente invention concerne également le produit issu d'un tel procédé.
Dans certaines applications, on souhaite pouvoir contrôler avec précision le dépôt d'un composé chimique au niveau d'évide- ments réalisés sur une face d'un substrat. Un exemple d'application concerne les mémoires optiques. Dans une mémoire optique, on prévoit un substrat qui comporte sur une face des évidements, par exemple des puits. On dépose sur toute la face du substrat une solution contenant des molécules luminescentes, généralement d'une phase organique, uniformément réparties dans la solution. On laisse ensuite solidifier la solution luminescente. Les évidements sont ainsi remplis de matière luminescente. Les zones de la face du substrat situées entre les évidements sont toutefois également recouvertes de matière luminescente. L'information peut être stockée dans la mémoire optique en contrôlant la répartition des évidements sur la face du substrat.
La lecture de 1 ' information stockée sur une telle mémoire optique peut être réalisée de la façon suivante : avec un faisceau laser, on excite les particules luminescentes qui émettent de la lumière dont on peut mesurer 1 ' intensité par un capteur adapté . Les évidements du substrat contiennent une quantité de matière luminescente plus importante que les zones de la face du substrat entre les évidements qui sont recouvertes d'une faible épaisseur de matière luminescente. De ce fait, les évidements émettent une quantité de lumière plus importante que les zones entres les évidements, cette différence de quantité de lumière émise pouvant être décelée par le capteur. On peut ainsi déterminer la répartition des évidements, ce qui permet de retrouver 1 ' information stockée . Toutefois, seule la lumière émise par la matière luminescente située dans les évidements du substrat est utile. La lumière émise par la matière luminescente présente sur la face du substrat entre les évidements est une lumière parasite qui perturbe la mesure réalisée par le capteur d'intensité lumineuse.
Selon un autre procédé de stockage d' information dans une mémoire optique, on modifie de façon ponctuelle les propriétés de luminescence du matériau luminescent contenu dans certains évidements particuliers. La lecture de 1 ' information est réalisée comme dans le cas précédent et permet de retrouver la répartition des évidements modifiés. Dans ce procédé également, la lumière émise par la matière luminescente présente sur les zones de la face du substrat détériore le rapport signal sur bruit du signal de lecture.
Il est donc souhaitable de limiter la présence de matière luminescente sur la face du substrat entre les évide- ments qui sont les seuls à correspondre au stockage d'informations. Pour ce faire, il est possible de retirer, de façon mécanique ou chimique, la matière luminescente de la face du substrat qui affleure entre les évidements. Une telle opération augmente le coût de la mémoire optique.
Il est également possible, avant d'effectuer le dépôt de la solution luminescente, de traiter la surface du substrat de sorte que la solution luminescente adhère sur le substrat essentiellement au niveau des évidements. Cette opération implique également des étapes supplémentaires qui augmentent le coût de la mémoire optique.
La présente invention vise à assurer la répartition d'un composé chimique luminescent dans des évidements réalisés sur une face d'un substrat pour la réalisation d'une mémoire optique.
Plus généralement, la présente invention vise à assurer la répartition d'un composé chimique quelconque dans des évidements réalisés sur une face d'un substrat.
La présente invention vise ainsi à contrôler la distribution spatiale de cristaux microscopiques au niveau d'une couche mince pour la réalisation d'un réseau à deux dimensions de cristallites, mais aussi au niveau de multicouches pour la réalisation d'un réseau à trois dimensions de cristaux microscopiques . La présente invention vise également à obtenir un capteur d'un élément cible comportant des agrégats microscopiques luminescents et distincts, notamment des cristaux, dont la luminescence varie en présence de l'élément cible. Pour atteindre au moins l'un des objets précédents, la présente invention prévoit un procédé de formation de cristaux microscopiques d'un composé chimique dans des évidements réalisés sur une face d'un substrat, comprenant les étapes consistant à répartir sur la face du substrat une solution comprenant un alcoxyde d'un métal M, éventuellement substitué, de l'eau, un solvant organique et le composé chimique dissous ; et faire évaporer le solvant organique d'où il résulte la formation d'un réseau solide tridimensionnel comprenant des ponts M-O-M, et la formation, au niveau des évidements, de
cristaux du composé chimique qui sont piégés dans le réseau tridimensionnel .
Selon un mode de réalisation de l'invention, l'alcoxyde métallique est de formule générale M(OR)nR'p, où R est un radical organique, n est un entier supérieur ou égal à 2 et au plus égal à la valence du métal M, R' est un radical organique, et p est un entier égal à la valence du métal M diminuée de n.
Selon un mode de réalisation de l'invention, l'épaisseur de la solution répartie sur le substrat au-dessus des zones de la face du substrat entre les évidements est inférieure à la moitié de la profondeur moyenne des évidements.
Selon un mode de réalisation de l'invention, le métal M est choisi parmi le silicium, l'étain, le titane, le zirco- nium, le phosphore, le bore, le germanium, le vanadium, de l'alumi- nium, un métal alcalin ou alcalino-terreux.
La présente invention prévoit également un réseau de sites microscopiques optiquement ou magnétiquement actifs comprenant un substrat comportant des évidements sur une face ; et un dépôt recouvrant la face du substrat et comportant un réseau tridimensionnel formé de ponts métal-oxygène-métal piégeant des cristaux microscopiques ayant des propriétés optiques ou magnétiques spécifiques d'un composé chimique dans les évidements formant les sites actifs.
Selon un mode de réalisation de l'invention, les pro- priétés optiques des cristaux microscopiques sont la luminescence, le photochromisme, ou la variation de l'indice de réfraction ou d'absorption sous l'action d'un rayonnement lumineux.
Selon un mode de réalisation de l'invention, les cristaux ont un rayon moyen entre environ 20 nm et 1000 nm. Selon un mode de réalisation de l'invention, les cristaux sont luminescents.
La présente invention prévoit également une mémoire optique à plusieurs niveaux consistant en un empilement d'au moins deux réseaux selon la structure précédemment décrite, au
moins un substrat d'un réseau étant formé sur le dépôt d'un réseau optique adjacent, ledit substrat étant transparent.
La présente invention prévoit également un capteur d'une substance chimique constitué d'un réseau selon la struc- ture précédemment décrite, dans lequel le dépôt est poreux et dans lequel les propriétés optiques des cristaux varient lorsque les cristaux sont en contact avec la substance chimique à détecter qui pénètre dans le dépôt poreux.
La présente invention prévoit également un capteur constitué d'agrégats moléculaires microscopiques luminescents et distincts d'au moins une molécule organique, un état d'excitation d'une molécule organique de chaque agrégat moléculaire étant adapté à diffuser dans ledit agrégat moléculaire, chaque agrégat moléculaire étant associé à au moins un composé inhibiteur adapté à inhiber la luminescence d'au moins 100 molécules organiques de l'agrégat moléculaire associé.
Selon un mode de réalisation de l'invention, un unique composé inhibiteur est adapté à inhiber la luminescence de la totalité des molécules organiques de 1 'agrégat moléculaire associé .
Selon un mode de réalisation de 1 ' invention, le composé inhibiteur est adapté à inhiber la luminescence de l'agrégat moléculaire associé en l'absence d'un élément cible, ledit composé inhibiteur étant modifié par 1 ' élément cible de façon que 1 'agrégat moléculaire associé redevienne luminescent en présence de 1 ' élément cible.
Selon un mode de réalisation de 1 ' invention, le composé inhibiteur est une molécule colorée dont la couleur change en présence de l'élément cible. Selon un mode de réalisation de l'invention, le composé inhibiteur est séparé de 1 ' agrégat moléculaire associé en présence d'un élément cible.
Selon un mode de réalisation de 1 ' invention, la molécule organique est le rubrène.
Selon un mode de réalisation de 1 ' invention, le composé inhibiteur est un colorant bleu.
Ces objets, leurs caractéristiques et leurs avantages, seront exposés en détail dans la description suivante de modes de réalisation particuliers faite à titre non-limitatif en relation avec les figures jointes parmi lesquelles : la figure 1 est une vue en perspective d'un exemple d' évidements répartis sur une face d'un substrat ; les figures 2 et 3 représentent des étapes successives d'un exemple de réalisation du procédé selon l'invention ; la figure 4 représente un exemple de réalisation d'une mémoire optique à plusieurs couches selon 1 ' invention ; la figure 5 représente une vue en perspective d'un autre exemple d'évidements répartis sur une face d'un substrat ; la figure 6 représente une vue de dessus du substrat de la figure 5 après formation de cristaux dans les évidements ; et la figure 7 représente une courbe d'évolution du rapport entre 1 ' intensité lumineuse émise par une solution de cristaux de rubrène avant introduction de bleu de cibachron et
1 ' intensité lumineuse de la solution après introduction du bleu de cibachron en fonction du rapport entre la concentration du bleu de cibachron et la concentration du rubrène ; et la figure 8 représente 1 'évolution temporelle de la luminescence d'une solution de cristaux de rubrène pour différentes concentrations de bleu de méthylène introduites dans la solution.
La figure 1 représente une portion d'un substrat 10 comportant une face 11 sur laquelle sont réalisés des puits 12 de quelques centaines de nanometres de profondeur et de section transversale sensiblement carrée de quelques centaines de nanometres de côté. Les puits 12 sont représentés, à titre d'exemple, uniformément répartis sur la face 11 du substrat 10, chaque puit 12 étant distant de quelques centaines de nanometres
d'un puit adjacent. Suivant la nature du substrat 10, les puits 12 peuvent être réalisés par emboutissage.
La figure 2 représente une section du substrat 10 sur lequel on a déposé une solution liquide 15 contenant : - un alcoxyde métallique éventuellement substitué ;
- de l'eau ;
- un solvant organique ; et
- un composé chimique susceptible de cristalliser.
L' alcoxyde métallique est de formule générale M(OR)nR'p où M est un métal, R est un radical alkyle, cyclique ou aromatique, n est un entier supérieur ou égal à 2 et au plus égal à la valence du métal M, R' est un radical alkyle, cyclique ou aromatique, et p est un entier égal à la valence du métal M diminuée de n. Il est clair que le groupe R n'est pas nécessairement identique pour les n groupes OR. De même le groupe R' n'est pas nécessairement identique pour les p groupes R' . Le métal M est par exemple du silicium, du titane, de l'ëtain, ou du zirconium. Des exemples d' alcoxyde de silicium sont le tétraméthoxysilane (TMOS) de formule Si (0013)4, le méthyltriméthoxysilane (MTMOS) de formule Œ3Si (OŒ3) 3, ou le tétraéthoxysilane Si (002115)4. Par la suite, on considérera un alcoxyde non substitué de formule générale M(OR)n. Le solvant organique est par exemple un alcool, du tétrahydrofurane (THF), de l'acétonitrile, du dioxane, ou de l'acétate d'éthyle. Le choix du solvant organique dépend du composé chimique à dissoudre. Le composé chimique peut par exemple être un composé organique comme par exemple un stilbène, un styrène, une molécule polyaromatique (rubrène, coronène, anthracène) , mais aussi un complexe de coordination ou un sel inorganique soluble dans le solvant organique.
La solution 15 est préparée plusieurs heures avant d'être déposée sur le substrat 10 afin de favoriser le développement de réactions d'hydrolyse et de polycondensation du type : M(OR)n+xH20 → M(OH)x(OR)n_x + xROH
A-M-O-H + H-O-M-B → A-M-O-M-B + H20
A-M-O-H + R-O-M-B - A-M-O-M-B + R-O-H où x est un entier inférieur a n, et A et B des radicaux organiques . Les réactions précédentes interviennent simultanément et conduisent à la formation de ponts métaloxane M-O-M et, ainsi, à la formation de chaînes polymères. Les interconnexions des chaînes polymères donnent naissance à un réseau oxyde métallique solide tridimensionnel, qui se développe au sein de la solution mère.
Au moment du dépôt sur la face 11 du substrat 10, la solution 15 conserve encore la consistance d'un liquide visqueux.
Le dépôt de la solution 15 peut être réalisé par centrifugation selon la technique dite de dépôt à la tournette
(spin-coating) . Cette technique consiste à déposer quelques gouttes de la solution 15 sur la face 11 du substrat 10.
L'étalement de la solution 15 est obtenu en faisant tourner le substrat 10 à des vitesses de rotation de l'ordre de 1000 à 4000 tours par minute. Le dépôt peut également être réalisé par tirage à vitesse constante du substrat plongé initialement dans la solution (dip-coating) .
Le matériau constituant le substrat 10 doit favoriser le mouillage de la solution 15 sur celui-ci. Il peut s'agir d'un verre, de silicium, d'un polycarbonate, de polymetacrylate ou de tout autre type de matériau adapté.
Lors de l'étape d'étalement de la solution 15, le solvant organique présent dans la solution 15 commence à s 'évaporer. L'évaporation du solvant organique provoque une très forte sursaturation du composant chimique dissous dans la solution 15 qui conduit à sa nucléation sous forme de cristal- lites dont la taille peut être ajustée par exemple entre quelques dizaines de nanometres et un micromètre . Comme 1 ' évaporation du solvant organique se poursuit, le réseau oxyde métallique se développe rapidement, et les chaînes polymères du
type M-O-M-O bloquent la croissance des cristaux du composé chimique qui se retrouvent piégés à 1 ' intérieur du réseau oxyde métallique une fois formé.
Ce procédé d'élaboration de cristaux microscopiques est donc un processus en une seule étape : la nucléation et la croissance des cristaux du composé chimique ainsi que la polymérisation de la matrice oxyde métallique qui empêche la coales- cence des cristaux.
La figure 3 représente le substrat 10 recouvert d'un dépôt 16 solide qui correspond à la solution 15 initiale après formation du réseau oxyde métallique et formation de cristaux 17 du composé chimique. La taille des cristaux 17 obtenus dépend de nombreux paramètres tels que la concentration du composé chimique dans la solution 15 initiale, la nature du solvant organique, la nature de l' alcoxyde métallique utilisé, et de la vitesse de rotation du substrat 10 pendant l'étape de centrifugation ou de la vitesse de tirage du substrat au cours du procédé de dip-coating. La dispersion de taille des cristaux obtenus est faible. Le demandeur a obtenu des cristaux d'un diamètre moyen variant de 20 nm à 1000 nm avec une dispersion de taille inférieure ou égale à 10 %.
Par ce procédé, les cristaux 17 du composé chimique présents dans le dépôt 16 se forment dans les puits 12 du substrat 10 et non au niveau de la surface du dépôt 16. Une explication possible à ce phénomène est la suivante : lorsque le solvant organique présent dans la solution 15 s'évapore, la sursaturâtion du composé chimique augmente et le réseau oxyde métallique commence à se construire. Le réseau oxyde métallique se développe surtout au niveau de la surface de la solution 15 où 1 ' évaporâtion est la plus forte. Ceci entraîne la formation d'une couche plus dense ou la proportion de liquide devient faible par rapport à la phase oxyde solide. Ainsi, dans cette couche dense de surface les pores contenant la phase liquide ont un volume nettement plus faible qu'en profondeur. Le solvant organique et le composé chimique dissous, qui forment la
phase liquide présente dans les pores, sont ainsi beaucoup plus confinés en surface qu'en profondeur. Ceci diminue considérablement la probabilité de nucléation du composé chimique dissous en surface car la probabilité de nucléation est proportionnelle au volume de la phase liquide placée en sursaturâtion, communément appelé volume de réacteur de croissance, et qui, dans le cas présent, correspond au volume de chaque pore de la matrice oxyde métallique solide.
Lorsque 1 'évaporation du solvant se poursuit, la sursaturation s'élève fortement en profondeur, tandis que la matrice oxyde métallique y est moins dense qu'en surface. La probabilité de nucléation est donc plus élevée en profondeur et le composé chimique tend à cristalliser en profondeur, c'est-à- dire dans les puits 12 réalisés dans le substrat 10. Les puits 12 ont de préférence des dimensions légèrement supérieures aux dimensions du cristal à obtenir de façon qu'un cristal 17 puisse croître dans le puits 12. Les puits 12 sont représentés sur la figure 1 également répartis sur la face 11 du substrat 10. Ils pourraient ne pas être également répartis. Il est préférable que la distance séparant deux puits
11 adjacents soit inférieure à environ trois fois la longueur d'un côté d'un puit 11, et que la hauteur du dépôt 16 au dessus de la face 11 du substrat 10 soit inférieure à environ la moitié de la profondeur des puits 12 pour empêcher toute nucléation du composé chimique dissous hors des puits 12.
Le dépôt de la solution 15 sur la face 11 du substrat 10 peut être réalisé dans une enceinte fermée. Ceci permet de limiter 1 ' évaporation du solvant organique pendant l'étape d'étalement de la solution 15 sur la face 11 pour retarder le développement de la matrice oxyde métallique. On obtient ainsi un très bon état de surface du dépôt 16 avec peu de contraintes résiduelles. Une fois la solution 15 convenablement répartie sur l'ensemble de la face 11 du substrat 10, l'enceinte est ouverte pour permettre 1 ' évaporation du solvant organique .
Le présent procédé peut être utilisé pour la réalisation d'une mémoire optique en utilisant par exemple un composé chimique luminescent, photoréfractif ou photochrome (un composé photoréfractif signifie un composé chimique dont 1 ' indice de réfraction peut varier lorsque le composé est exposé à un faisceau lumineux) . En effet, dans le cas de cristallites photochromes, on peut envisager un stockage réversible de 1 ' information pour la réalisation de disques réinscriptibles. Les cristaux 17 ne se formant que dans les puits 12, on obtient, après excitation par un faisceau lumineux adapté, des sites luminescents, photoréfractifs et/ou photochromes localisés précisément au niveau des puits 12, et par conséquent un excellent contraste avec les zones entre les puits qui ne sont pas optiquement actives et ne créent pas de phénomènes parasites. De plus, les sites optiquement actifs constitués de cristallites sont plus photostables par rapport à des molécules dispersées dans une matrice.
Un autre avantage du procédé est la possibilité de réaliser des multicouches pour obtenir des mémoires en volume en contrôlant la distribution des cristallites dans les trois dimensions spatiales.
La figure 4 représente un exemple de réalisation d'une mémoire optique à plusieurs niveaux, chaque niveau correspondant à la structure représentée sur la figure 3. Un procédé de réalisation d'une telle mémoire à plusieurs niveaux est le suivant :
- réaliser des premiers puits 20 sur une face 21 d'un premier substrat 22, par exemple dans le cas où le substrat est un polymère transparent, par exemple du polyméthylmétacrylate (PMMA) , par emboutissage du polymère porté à une température supérieure à la transition vitreuse du polymère ;
- déposer ensuite, par exemple par centrifugation à la tournette, une solution conduisant à la formation d'un premier dépôt 24 solide contenant des premiers cristaux microscopiques 25 situés dans les premiers puits 20 du premier substrat 22 ;
- déposer, par exemple par centrifugation à la tournette, un matériau, par exemple du PMMA, sur la face libre 26 du premier dépôt 24 conduisant à la formation d'un second substrat 27 ; - réaliser des seconds puits 28 sur la face libre 29 du second substrat 27 ; et
- déposer une seconde solution conduisant à la formation d'un second dépôt 30 contenant des seconds cristaux microscopiques 31 dans les seconds puits 28 du second substrat 27.
Les trois dernières opérations peuvent être répétées plusieurs fois pour obtenir un empilement de plusieurs niveaux.
Le système de lecture de la mémoire optique à plusieurs niveaux précédemment décrite comporte par exemple une source émettant un faisceau laser pouvant par focalisation exciter des cristaux d'un niveau spécifique de la mémoire à plusieurs niveaux. Le capteur est en outre adapté à ne mesurer que la lumière émise dans le plan de focalisation du faisceau laser pour écarter toute lumière parasite. Dans le cas où le composé chimique est photochrome ou photoréfractif, on peut modifier de façon non définitive les propriétés optiques de l'indice de réfraction, d'absorption, ou de luminescence de certains cristaux, par exemple au moyen d'un faisceau laser, de façon à réaliser une mémoire optique réinscriptible .
Selon une variante de 1 ' invention, le procédé permet de réaliser un réseau de sources lumineuses microscopiques.
Selon une variante de l'invention, les propriétés optiques des cristaux du composé chimique peuvent être modifiées lorsque les cristaux sont au contact avec une substance spécifique, par exemple présente dans une phase liquide pénétrant dans la matrice oxyde métallique poreuse. La présente invention permet ainsi de réaliser un capteur pour la détection d'une substance spécifique, par exemple des molécules biologiques, ou des cellules vivantes.
Les figures 5 et 6 illustrent une variante de réalisation de l'invention.
La figure 5 représente le substrat 10 à la surface duquel sont réalisés des sillons 32, trois sillons étant représentés .
La figure 6 représente une vue de dessus du substrat 10 de la figure 5 après les étapes consistant à déposer sur le substrat une solution conduisant à la formation de cristaux microscopiques 34 dans les sillons 32. Selon le procédé de la présente invention, on obtient une auto-organisâtion des cristaux dans les sillons puisque, dans chaque sillon, les cristaux se forment sensiblement à équidistance les uns des autres. Dans le cas où la largeur du sillon est légèrement supérieure aux dimensions maximales des cristaux à obtenir, on obtient dans chaque sillon, une suite de cristaux 34 sensiblement équidistants . On peut alors modifier de façon définitive ou non les propriétés optiques de 1 ' indice de réfraction, d'absorption, ou de luminescence de certains cristaux pour coder, par exemple, des informations binaires. La présente invention concerne également un capteur comportant un substrat dans lequel sont répartis des agrégats moléculaires microscopiques constitués d'une molécule organique ou d'une association de molécules organiques appartenant à un groupe déterminé de molécules organiques. Par la suite, seul sera décrit plus en détail un exemple de réalisation particulier pour lequel les agrégats moléculaires sont des cristaux d'une molécule organique appartenant au groupe déterminé. Toutefois, il est clair que les exemples décrits par la suite peuvent s'appliquer de façon plus générale à un capteur à agrégats moléculaires microscopiques. Le groupe déterminé comprend les molécules organiques adaptées à former des cristaux luminescents et qui sont faiblement couplées, c'est-à-dire dont le couplage moléculaire est inférieur à 1 ' énergie thermique ambiante . Selon une définition équivalente, le groupe déterminé comprend les molécules organiques adaptées à former des cristaux luminescents
dans lesquels l'excitation d'une molécule organique peut diffuser dans le volume du cristal. Il s'agit par exemple d'hydrocarbures aromatiques de haute symétrie du type : rubrène, naphtalène, anthracène, tétracène, et des acènes substitués par des groupes ayant un fort encombrement stérique. Il s'agit également des oligothiophènes, des complexes de métaux de transition luminescents comme les quinolinates d'aluminium et des molécules hétéro-aromatiques luminescentes substituées par des groupes ayant un fort encombrement stérique. La structure d'un tel capteur peut correspondre à celle décrite précédemment dans laquelle les cristaux microscopiques sont répartis au niveau d' évidements d'un substrat. Par ailleurs, la structure du capteur peut correspondre à une suspension colloïdale dans laquelle sont répartis les cristaux microscopiques. Un exemple de procédé d'obtention d'une solution colloïdale à cristaux de rubrène consiste à dissoudre du rubrène dans du toluène avec une concentration de 2% en masse. La solution est ensuite dispersée par agitation violente dans une solution aqueuse de chlorure de cétytrilméthylammonium à 0,2 mole/1. Le rapport des volumes de la solution aqueuse et de la solution de toluène est de 1 pour 1. Le toluène est ensuite évaporé, par exemple au moyen d'un évaporateur rotatif. La solution est filtrée par des filtres ayant des pores dont le diamètre est inférieur à environ 100 nanometres. On obtient alors une solution aqueuse dans laquelle sont répartis des cristaux microscopiques de rubrène. Les cristaux obtenus sont sensiblement inclus dans des sphères dont le rayon varie de quelques nanometres à quelques dizaines de nanometres . Une propriété remarquable d'un tel capteur est la sensibilité élevée des cristaux à l'extinction, c'est-à-dire que la luminescence des cristaux est susceptible de varier de façon importante seulement en modifiant faiblement un ou plusieurs paramètres déterminés. En effet, la demanderesse a mis en évidence qu'une faible quantité d'un composé inhibiteur de
luminescence est suffisante pour diminuer de façon importante, voire annuler, la luminescence des cristaux du capteur. Pour ce faire, on choisit un composé inhibiteur dont le spectre d'absorption correspond sensiblement au spectre d'émission du cristal . Dans le cas du rubrène qui émet essentiellement dans le rouge, des composés inhibiteurs de luminescence adaptés sont constitués par des colorants bleus, par exemple le bleu de méthylène (BM) , le bleu de cibachron (CB) , ou l'arcenazo III. L'inhibition peut aussi se faire par un transfert d'électron comme dans le cas du dinitrotoluène. De façon générale, le composé inhibiteur forme un complexe avec une molécule du cristal tout en inhibant la luminescence de plusieurs molécules du cristal, voire de la totalité des molécules du cristal.
Une telle propriété peut être mise en évidence par l'expérience suivante illustrée en figure 7. Une solution à cristaux de rubrène préparée selon le procédé précédemment décrit est diluée 100 fois. On mesure 1 ' intensité lumineuse Io émise après excitation de la solution. On mesure la concentration de rubrène [Ru] en mesurant l'absorbance de la solution. La solution est mise en présence de bleu de cibachron de concentration [CB] . On mesure 1 ' intensité lumineuse I de la solution après réaction du rubrène et du bleu de cibachron. La courbe 36 représente l'évolution temporelle du rapport des intensités lumineuses Io/I en fonction du rapport des concentrations [CB] / [Ru] . La courbe 36 correspond sensiblement à une droite, ce qui est en accord avec une réaction de complexation des cristaux de rubrène par le bleu de cibachron. A partir de la pente de la courbe 36, on en déduit une approximation du nombre de molécules de rubrène dans un cristal qui sont éteintes par une molécule de cibachron. On obtient que près de 100 molécules de rubrène sont éteintes par une unique molécule du composé inhibiteur.
La figure 8 illustre une autre propriété remarquable du capteur selon l'invention. Les courbes 40 à 48 illustrent chacune l'évolution temporelle de l'intensité lumineuse (déclin)
émise par un capteur ayant une structure à cristaux de rubrène analogue à celle représentée en figure 3 pour des concentrations de bleu de méthylène respectivement égales à 0 μmol/1 en l'absence d'eau, 0 μmol/1 en présence d'eau, 0.1 μmol/1, 0.2 μmol/1, 0.5 μmol/1, 1 μmol/1, 2 μmol/1, 5 μmol/1 et 10 μmol/1. On observe, après excitation du capteur à l'instant initial, successivement une diminution rapide de l'intensité lumineuse, appelée composante rapide, pendant une durée T, puis une diminution lente, appelée composante lente, de l'intensité lumineuse. Les vitesses de diminution de l'intensité lumineuse pendant la composante rapide et pendant la composante lente sont sensiblement indépendantes de la concentration de bleu de méthylène. Toutefois, la composante lente voit sa contribution diminuer au profit de la composante rapide lorsque la concentration en bleu de méthylène augmente.
Une explication possible serait que la composante lente correspond au déclin classique de 1 ' intensité lumineuse de cristaux de rubrène libres et que la composante rapide correspond au déclin de 1 ' intensité lumineuse pour des cristaux de rubrène ayant formé des complexes avec le bleu de méthylène. La rapidité du déclin de la composante rapide et la transformation d'une population au déclin lent en une population au déclin rapide sans population au déclin intermédiaire semblent indiquer que la luminescence d'un cristal chute, voire s'annule, dès qu'une molécule de celui-ci a formé un complexe avec une seule molécule du composé inhibiteur.
Selon un mode de réalisation du capteur à cristaux microscopiques selon la présente invention, chaque cristal est associé à un composé inhibiteur ou à plusieurs composés inhibiteurs. Le cristal n'est alors plus luminescent en raison de la présence du composé inhibiteur associé (ou des composés inhibiteurs associés) . Il est connu que des molécules colorées, notamment les molécules de colorants bleus citées précédemment, sont adaptées à changer de couleur en présence d'un élément cible. Par changement de couleur, le spectre d'absorption du
composé inhibiteur est également modifié et le cristal associé au composé inhibiteur (ou aux composés inhibiteurs) redevient alors luminescent . L ' intensité lumineuse émise par le capteur étant fonction de la quantité d'éléments cibles ayant réagi avec les composés inhibiteurs, un tel capteur permet donc de détecter la présence d'un élément cible et même d' indiquer la quantité d'élément cible détecté. En outre, un tel capteur peut facilement être réutilisé, puisqu'il suffit de rétablir la propriété d'inhibition de la luminescence des cristaux par les composés inhibiteurs.
Selon un autre mode de réalisation du capteur à cristaux microscopiques de la présente invention, le composé inhibiteur ou les composés inhibiteurs associés à un cristal, et inhibant la luminescence du cristal, sont adaptés à être séparés du cristal en présence d'un élément cible. En l'absence du composé inhibiteur ou des composés inhibiteurs, le cristal redevient luminescent. Le capteur permet donc également de détecter la présence de 1 ' élément cible . L ' élément cible peut être, par exemple, une protéine adaptée à s'associer au composé inhibiteur et à le détacher du cristal associé.
Un exemple d'application d'un tel capteur est la détection d'acide ribonucléique (ARN) . Chaque cristal du capteur est associé à un composé inhibiteur par l'intermédiaire d'une chaîne d'acides nucléiques complémentaire d'une portion de l'ARN. En l'absence d'ARN, la portion protéique est adaptée à se conformer dans 1 ' espace de sorte que le composé inhibiteur est en contact avec le cristal et inhibe la luminescence du cristal. En présence de l'ARN, la chaîne d'acides aminés s'associe avec l'ARN en changeant de conformation spatiale. Le composé inhibiteur est alors séparé du cristal . La luminescence du cristal n'est plus alors inhibée, ce qui permet de détecter la présence de l'ARN.
Un exemple d'application du capteur selon l'un des modes de réalisation décrits précédemment est la détection d'éléments cibles in vivo, dans des cellules vivantes, ou après
épandage. Un autre exemple d'application du capteur est le comptage de particules telles que des médicaments, des anticorps, des séquences oligonuclêotiques, etc., selon des techniques telles que, par exemple, la spectroscopie de corrélation de fluorescence ou la cytométrie. Un autre exemple d'application d'un capteur selon la présente invention est le diagnostic intracellulaire et sous-cutané. Un autre exemple d'application est la détection d'explosifs ou de polluants. Plusieurs capteurs de différents éléments cibles peuvent être prévus sur une même matrice.
Dans le cas plus général d'un capteur à agrégats moléculaires, un agrégat peut contenir différents types de molécules parmi les molécules cités précédemment, adaptées à former des cristaux luminescents. Ceci permet de moduler le spectre de luminescence des agrégats ainsi obtenus.
Bien entendu, la présente invention est susceptible de diverses variantes et modifications qui apparaîtront à l'homme de l'art. En particulier, les puits peuvent être réalisés par toute technique connue adaptée à la nature du substrat, par exemple par photolithogravure .