PROCEDE ET DISPOSITIF D ' AMELIORATION DE LA BIOLDEGRADABILITE D ' UNE BOUE
La présente invention concerne un procédé d'amélioration de la biodégradabilité d'une boue liquide organique.
Par boue organique on entend une boue comportant au minimum 10% de matière organique.
Elle concerne également un dispositif mettant en œuvre un tel procédé et le produit intermédiaire obtenu .
Elle trouve une application particulièrement importante bien que non exclusive dans le domaine de la méthanisation et plus particulièrement de l'obtention de biogaz propre à être transformé en chaleur, en électricité et/ou en carburant pour véhicules .
On connaît déjà des procédés de désintégration des boues, par exemple utilisés comme prétraitement avant une digestion anaérobie.
L'objectif de ces techniques est de solubiliser la matière organique particulaire et de réduire la taille des flocs bactériens.
Ces techniques mécaniques ou chimiques présentent cependant des inconvénients.
Elles donnent notamment des performances insuffisantes du fait de réactions d'oxydation générant l'apparition de substances organiques réfractaires non biodégradables, ce qui amène l'effet inverse de celui recherché.
On connaît par exemple des techniques de préparation par action d'ultrasons sur la boue.
Celles-ci vont cependant engendrer des phénomènes de cavitation au niveau moléculaire, et donc de très fortes pressions/températures à l'origine d'oxydation par production de radicaux libres.
5 Il existe aussi des techniques d'hydrolyse thermique. Si celles-ci sont plus puissantes, elles sont cependant coûteuses en installation et en matière d'exploitation, et/ou nécessitent de chauffer à fortes températures (160 à 180 °C) .
10 En résumé, toutes ces techniques sont coûteuses et ont pour inconvénient de produire des substances organiques réfractaires non biodégradables qui ont donc l'effet inverse de celui recherché.
Enfin l'efficacité des procédés de préparation des
15 boues est liée à la charge initiale de ces boues en MS (Matière solide) .
Ainsi dans le cas de techniques de lyse mécanique à action locale ou chimique telle que celles mentionnées ci-avant et mettant en œuvre les ultrasons
20 ou une oxydation chimique, la charge maximale préconisée est de 6 à 8 g par litre de MS, ce qui entraîne nécessairement une conception d' installation de préparation de grande taille.
Concernant les techniques d'hydrolyse thermique,
25 pour laquelle la concentration initiale pour un traitement optimisé est de l'ordre de 20 g par litre, toutes concentrations inférieures génèrent par contre des coûts supplémentaires, ce qui pose ici encore des problèmes de place, d'homogénéisation et de prix.
30 La présente invention vise à pallier ces inconvénients en améliorant notamment les possibilités
de reconditionnement et/ou de réutilisation des boues grâce à un traitement répondant mieux que ceux antérieurement connus aux exigences de la pratique, notamment en ce qu' il permet de façon étonnante une
5 amélioration de la biodégradabilité grâce à une augmentation de la dispersion de la matière organique dans la masse d'eau, le tout associé à une lyse importante des bactéries et à une dispersion des EPS et des colonies bactériennes, de sorte que la
10 colonisation du milieu s'en trouve facilitée et/ou accélérée. On observe en même temps une baisse de la viscosité des boues traitées.
Un tel résultat est obtenu de façon économique par un dispositif de petite taille.
15 Dans ce but la présente invention propose notamment un procédé d'amélioration de la biodégradabilité d'une boue organique comprenant au moins deux cycles successifs de traitement, chaque cycle étant de durée totale comprise entre de l'ordre de 8 s et de l'ordre
20 de 20 s, par exemple de l'ordre de 10 s, chaque cycle comprenant une première étape de création d'une première émulsion de boue hydrolysée dans une première zone dite zone réduite, par injection d'un gaz dans ladite zone réduite, une deuxième étape d'expansion
25 brusque de l'émulsion dans une deuxième zone, dite zone d'expansion, et une troisième étape de récupération de l'émulsion via une troisième zone dite zone de restriction.
Le procédé selon l'invention ne met en œuvre aucun
30 ajout de floculent additionnel.
En d'autres termes aucun floculant n'est injecté, seul le traitement par restriction/expansion successives, sans étape de floculation par ajout de polymère ou autre, permettant d'obtenir les résultats
5 exceptionnels comme décrits plus avant ci-après.
Il en ressort des temps de contact plus efficaces car non perturbés par des matériaux additionnels entre gaz et boue de durée multiple du temps de base, par exemple de 10 s (Trois fois 10 s pour trois cycles par
10 exemple) .
Par de l'ordre de on entend +/- 10 % à 20 %.
L'invention propose aussi un procédé d'amélioration de la biodégradabilité d'une boue liquide organique comprenant une première étape de création d'une
15 première émulsion de boue hydrolysée dans une première zone, dite zone réduite, de première pression relative PI, par injection d'air dans ladite zone réduite en conférant à la boue dans ladite zone réduite une première vitesse VI ³ 20 m/s, une deuxième étape
20 d'expansion brusque de l'émulsion ainsi crée dans une deuxième zone, dite zone d'expansion, de deuxième pression relative P2 supérieure à 2 bars relatifs et une troisième étape de récupération de l'émulsion via une troisième zone, dite zone de restriction, en
25 conférant à ladite émulsion dans ladite zone de restriction une seconde vitesse V2 ³ 20 m/s .
On sait que les boues organiques sont une suspension de matière organique non consommée, de cations et de structures bactériennes organisées en colonies,
30 agrégats ou bactéries isolées.
On parle alors d'auto floculation de la suspension. Le vivant forme en effet des flocons de matières organiques et minérales difficiles à casser mécaniquement et difficile à pénétrer par d'autres
5 bactéries vivantes.
Mais aucun ajout de floculant n'est effectué, ce qui a pour avantage de limiter les coûts et ne pas générer de pollution supplémentaire.
Le procédé selon l'invention permet donc notamment en
10 exerçant des contraintes d'ordre mécaniques, à partir d'un fluide incompressible visqueux constitué par la boue organique à traiter, la fabrication d'un fluide compressible comprenant des bactéries et des flocs de bactéries qu'on peut alors soumettre à des
15 pression/contre pression relativement peu violentes, dont on observe d'une part qu'elles détruisent (lysent) de façon suffisante une partie des bactéries présentes dans la boue de façon inattendue, et d'autre part qu'elles cassent la floculation bactérienne et
20 dispersent la matière organique en autorisant ainsi une plus grande mise à disposition biologique de celle- ci par la suite, comme par exemple dans un processus de digestion qui suit par des bactéries anaérobies.
En d'autres termes le procédé améliore la
25 biodégradabilité de ces substances en ce qu' il émiette, disperse, explose la structure bactérienne livrant un matériau beaucoup plus accessible à de nouvelles souches.
Avantageusement la première zone, dite réduite, est
30 un élément de faible diamètre d (d < 50 mm) dans lequel la boue passe à une première vitesse élevée VI ( VI ³
20 m/s) et à faible pression pjL, élément dans lequel on injecte le gaz ou l'air à fort débit (par exemple à un débit q Nm3 > 10 Q m3, Q étant le débit de la boue), pour créer l'émulsion gazeuse, compressible, 5 qui alimente alors la deuxième zone, ou réacteur, en aval, de plus grand diamètre D (D > 20 d) que l'élément dans lequel l'émulsion passe, à une plus forte pression P2 (P2 > PI), par exemple P2 > 3 bars, et avantageusement P2 ³ 10 bars et < 20 bars ou 15 bars) , 10 et à une plus faible vitesse v (v < 10 VI) , avant de subir une perte de charge dans l' organe en aval, par exemple formé par une vanne à boule ou une vanne soupape ou une vanne à boisseau, en conférant à ladite émulsion dans ladite zone de restriction une seconde 15 vitesse V2 ³ 20 m/s .
La taille particulièrement réduite de la zone d'injection (par exemple 0,001 m3) va autoriser un excellent mélange boue/air.
Il y a donc en effet à cet endroit une zone de 20 grande vitesse, entraînant des chocs cinétiques, qui permettent à la boue d'éclater dans le gaz.
Avantageusement le gaz utilisé est de l'air.
La présence de l'oxygène de l'air améliore encore la constitution d'une émulsion air/floc bactérien en 25 amenant un niveau d'oxygène dissout et sous forme de bulles d'air permettant encore mieux l'accompagnement de la prolifération bactérienne.
Le développement bactérien en boîte de Pétri prouve que la boue passée devient hautement biodégradable.
Avantageusement on réitère l'étape initiale sur l'émulsion hydrolysée obtenue successivement au moins N fois avec N > 2, par exemple N > 3 et/ou N > 7 ou 8.
La structure physique de l'émulsion constituée
5 évolue ainsi au fur et à mesure de son passage successif (N fois) en pression et décompression et engendre de ce fait un phénomène favorable à la biodégradabilité de la boue et à la constitution de bulles de différentes tailles, à savoir des petites
10 bulles issues du gaz ou de l'air dissous à la pression de la deuxième zone, et de plus grosses bulles issues du grossissement lié à la dépression des bulles existantes dans la deuxième zone (réacteur) .
On observe que cette émulsion stable est très
15 favorable à la flottation de la masse et peut si nécessaire produire une flottation de cette dernière.
On observe également une décroissance de la viscosité au fur et à mesure des passages.
Cette faible viscosité et la présence de bulles de
20 gaz rémanentes dans la boue (même après dégazage) permet son pompage aisé nécessaire à une bonne réitération des cycles.
Par ailleurs, l'invention, d'une part en augmentant la densité en MS, et d'autre part en préservant une
25 bonne viscosité va ainsi autoriser un meilleur brassage et une régularité d'alimentation des étapes éventuelles de procédé qui suivent en continu ou en semi-continu .
Par semi continu, on entend par exemple par batches
30 successifs, que l'on substitue les uns à la suite des autres à la volée, ou sensiblement sans s'arrêter,
pour permettre le traitement en continu ou semi continu, autorisant dès lors une excellente cadence.
En résumé, les actions de pression/dépression décrites ci-avant améliorent la nature et la structure 5 de la matière organique mieux dispersée et mieux lysée pour ce qui concerne les bactéries, ce qui engendre une meilleure accessibilité et biodégradabilité de la matière organique en augmentant les possibilités d'échanges, et donc par exemple dans le cas d'une étape 10 suivante de méthanisation, le rendement de la réaction de digestion et dès lors de production de méthane.
Dans des modes de réalisation avantageux on a de plus et/ou par ailleurs recours à l'une et/ou à l'autre des dispositions suivantes :
15 - la première zone étant la partie centrale d'un venturi allongé autour d'un axe parallèle au sens d'alimentation de la boue, on injecte l'air dans ledit venturi de façon oblique par rapport à l'axe du venturi ;
20 - La deuxième pression moyenne P2 dans la deuxième zone est P2>3,5 bars et la troisième pression P3 en aval de la zone de restriction est la pression atmosphérique .
- on dégaze fortement l'émulsion après la troisième 25 zone avant réitération ;
- l'air est injecté dans le sens du flux ou à contre flux de la boue et/ou injecté avec un angle compris entre 20° et 90°, par exemple entre 20° et 50°, par exemple 30° avec la direction du flux de boue ;
- on extrait le gaz en excès par choc mou de l'émulsion sur elle-même ou sur un volet absorbant d'énergie, de freinage de l'émulsion.
Par absorbant d'énergie on entend agencer pour
5 réduire l'énergie cinétique du fluide d'un facteur au moins égal à deux.
Il s'agit d'un choc du type liquide/liquide .
Par choc mou on entend un choc ou contact progressif sans percussion soit sur l'émulsion elle-
10 même par retombée gravitaire sur elle-même par exemple, soit sur un volet ou paroi ou disque d'absorption de l'énergie, par exemple un volet souple ou de dimension réduite par exemple de quelques cm2, (par exemple de x X y avec x et y < 10 cm) , agencé
15 pour freiner le flux, sans pour autant constituer un accident créant une brusque surpression dans le flux.
Par volet ou paroi souple, on entend un élément élastique ou semi-rigide, par exemple en caoutchouc ou équivalent, propre à encaisser et/ou à créer une perte
20 de charge, par freinage, permettant un dégazage par pression, sans pour autant destruction de l'émulsion.
En d' autres termes un tel système permet le dégazage de l'air en excès tout en assurant la continuité de l'émulsion et le respect des vitesses de
25 passage ou de transfert de l'émulsion pendant le procédé .
Par ailleurs l'énergie mise en œuvre est apportée par l'énergie cinétique de deux flux, air et boue, auxquels on fait donc subir plusieurs séquences :
30 - Chocs à l'entrée d'un organe type venturi, éjecteur etc ... (première zone dite zone réduite)
avec différents types d'introduction de l'air à 90°, 45°, hélice etc ... ;
- mélange dans cet organe ;
- séquence de compression / dépression entre cet
5 organe et le volume du réacteur sous pression (deuxième zone dite d'expansion);
- perte de charge singulière due à l'organe de fermeture, de type vanne (troisième zone dite de restriction) ;
10 et ce, comme on l'a vu, pendant de l'ordre de 10s de temps de contact, avantageusement renouvelable N fois avec N ³ 2 voir N ³ 8.
Si nécessaire une oxydation de type ozone, peroxyde d'hydrogène, persulfate, électrolyse, oxyde métallique
15 ou diamant peut être de plus utilisée ce qui produit une lyse encore plus forte des membranes. Mais il convient alors de contrôler que la prolifération bactérienne en culture est bien boostée et non bloquée par ces ajouts.
20 On observe que Le procédé selon l'invention conduit à une amélioration de la lyse de quelques dizaines de pour cent des bactéries du milieu, soit 10%, 20% voire davantage .
Cette amélioration de la lyse, qui s'effectue grâce
25 aux conditions macroscopiques du milieu dans lequel sont les bactéries se fait dans des conditions d'énergie locale assez faibles, ce qui permet d'éviter la production non souhaitée de molécules organiques réfractaires, souvent observée avec les techniques de
30 l'art antérieur.
La biodégradabilité des boues se mesure notamment par exemple en analysant et en comparant la capacité de prolifération bactérienne en culture sur gélose, par exemple en boîte de pétri.
5 L' invention propose aussi un dispositif mettant en œuvre les procédés tels que décrits ci-dessus.
Elle propose également un dispositif d'amélioration de la biodégradabilité d'une boue organique comprenant un récipient, ou réacteur, en ligne pressurisé, des
10 moyens d'alimentation du récipient par la boue en continu comprenant un venturi de passage de la boue, allongé autour d'un axe, au moins un piquage d' injection en air dans le rétrécissement dudit venturi, pour injection en biais par rapport à l'axe
15 agencé pour créer une émulsion dans le récipient et des moyens d'évacuation de l'émulsion dudit récipient via un organe générant une perte de charge, et des moyens de mise en circulation en boucle dans le récipient de ladite émulsion par les moyens
20 d'alimentation en boue, en amont de l'injection d'air.
Avantageusement le dispositif compte deux piquages d' injection en air dans le venturi en biais avec un angle compris entre 20° et 90° par rapport à l'axe dudit venturi .
25 L' invention propose aussi une soupe ou émulsion de boue organique obtenue après N passages par recirculation dans le réacteur décrit ci-avant, avec N ³ 2, avantageusement ³ 3, ou encore supérieur à 7.
Avantageusement la soupe de boue organique comprend
30 au moins 80% de bactéries Lysées. Un tel résultat, qui
dépend de l'état initial qui peut déjà être de 20 à 30 % de lyse, n'a jamais été atteint jusqu'à présent.
Par bactérie lysée, il faut entendre une bactérie dont la membrane de la cellule a été détruite,
5 provoquant la mort de celle-ci.
On observe de plus qu'au cours du premier cycle de traitement des boues, l'introduction de gaz dans la boue associée à un temps faible de séjour du mélange dans le réacteur (quelques secondes) , provoque
10 l'extraction des molécules de petites taille, telles que H2S et NH3 (molécules toxiques), ce qui favorise l'accroissement de la biodégradabilité lors des cycles suivants .
L' invention sera mieux comprise à la lecture de la
15 description qui suit de modes de réalisation donnés ci-après à titre d'exemples non limitatifs. La description se réfère aux dessins qui l'accompagnent dans lesquels :
La figure 1 est un schéma de principe montrant les
20 étapes principales itératives du procédé selon le mode de réalisation de l'invention plus précisément décrit ici.
La figure 2 est un schéma illustrant un mode de réalisation d'un dispositif mettant en œuvre le
25 procédé selon l'invention dans ses deux configurations de réitérations.
La figure 2A montre en coupe un mode de réalisation d'un éjecteur utilisable avec l'invention.
Les figures 2B à 2F montrent d'autres modes de
30 réalisation d'éjecteurs utilisables selon l'invention.
La figure 3 illustre schématiquement en coupe le dégazeur du dispositif selon un mode de réalisation de l' invention .
Les figures 3A et 3B sont des vues de face et en
5 coupe selon IIIA-IIIA d'un mode de réalisation du dégazeur du type décrit en référence à la figure 3.
Les figures 4 et 4A sont des vues de dessus et en coupe selon IVA - IVA d'un autre mode de réalisation du dégazeur avec paroi de freinage.
10 La figure 4B est une vue en coupe schématique d'un autre mode de réalisation du dégazeur avec paroi de freinage .
La figure 5 illustre la dispersion du matériau organique dont l'analyse (dispersion, distribution,
15 éclatement) permet de constater l'augmentation de la biodégradabilité dudit matériau organique, sans mise en œuvre du procédé selon l'invention, et après circulation, une, huit et dix fois selon l'invention, sur une boue liquide.
20 La figure 6 illustre la porosité, la taille et la géométrie des structures bactérienne (agrégats) et la lyse obtenue après aucune, une et huit réitérations du cycle selon le mode de réalisation de l'invention plus particulièrement décrit ici sur une boue liquide.
25 Les figures 7 et 8 illustrent respectivement un groupe de bactéries en cours de destruction grossies à 0,5 micron, et de bactéries complètement lysées à 0,2 micron, respectivement après huit réitérations.
La figure 1 illustre schématiquement un dispositif
30 mettant en œuvre le procédé d'augmentation de la biodégradabilité d'une boue, selon le mode de
réalisation de l'invention plus particulièrement décrit ici .
À partir d'une boue organique 1, par exemple pompée en continu dans un bac de décantation (non représenté)
5 et introduite dans une canalisation 2, on crée une première émulsion de boue hydrolysée dans une première zone 3 (dite zone réduite) de la canalisation, par injection d'un gaz 4 dans la zone réduite, en conférant à la boue émulsionnée dans ladite zone une grande
10 vitesse VI (VI ³ 10 m/s) et avantageusement VI ³ 20 m/ s .
La zone réduite 3 est donc une zone de faible pression Pi (par exemple Pi £ 0,5 bar relatif) et de grande vitesse permettant un excellent mélange
15 gaz /boues .
La première émulsion est ensuite introduite dans une deuxième zone 5, dite zone d'expansion ou réacteur, de plus grand volume, conférant à la première émulsion une vitesse basse V2 (£ 1 m/s) mais sous une forte
20 pression P2 (P2 ³ 5 bars) .
La zone 5 (ou réacteur) débouche ensuite en continu sur une troisième zone 6 dite de restriction, par exemple formée par une vanne 7 de régulation, d'évacuation de la première émulsion, de faible
25 pression P3 (P3 £ 0,05 bar) et de forte vitesse V3 ³ 20 m/s dans laquelle se forme une deuxième émulsion qui va être recyclée (flèche 8) au moins une fois, ou encore N fois avec N ³ 2, par exemple 3 fois ou 7 fois, via une canalisation 9 de dérivation et une pompe 10
30 de recirculation située en amont il de la première zone réduite 3.
Cette recirculation peut se faire via un piquage 12 situé en amont d'un dégazeur 13 de la deuxième émulsion, ou en aval 14 dudit dégazeur, de façon commandée par un automate 15 en fonction du nombre N
5 de cycles choisi.
Chaque cycle de circulation de l'émulsion entre la zone réduite 3 et la zone de restriction 6 est équivalent à un temps de passage (et donc de contact bulles de gaz/boues), notamment dans le réacteur, de
10 quelques secondes, par exemple un temps t £ 10s.
On fait ainsi passer l'émulsion, enrichie en gaz/air à chaque passage) par des phases successives de décompression/pression/décompression ou encore d' accélération/décélération/accélération de
15 l'émulsion d'en même temps t, conférant ainsi à ladite émulsion un traitement de longueurs t + N x t.
On remarque de plus que le procédé selon l'invention permet un épaississement de la boue obtenue in fine après décantation (quand on laisse
20 reposer l'émulsion pour traitement ultérieur par exemple en vue d'une méthanisation) et ce tout en maintenant une forte disponibilité des substrats. On observe qu' il engendre par ailleurs une faible viscosité tout ou permettant une lyse partielle des
25 bactéries aérobies en réalisant notamment ainsi l'objet de l'invention, c'est-à-dire en augmentant la biodégradabilité des boues, comme cela résulte d'une analyse de type développement bactérien en boite de Pétri (cf Tableau I ci-dessous) donnée à titre
30 d'exemple et obtenue avec une boue de composition suivante :
MV (Matière Volatile) % de la matière sèche: 60% AVG Acide Gras Volatil 185 mg/1
AGC/TAC : 0,4
PH: 6,8
5 UFC = Unité Faisant Colonies
La figure 2 montre un mode de réalisation d'un dispositif 16 selon l'invention.
Les boues organiques liquides 17 sont introduites via une pompe d'alimentation 18 et une tuyauterie 19 10 vers une restriction 20 par exemple formée par un
venturi dans une enceinte tubulaire 21 par exemple de hauteur 1 m et de diamètre 50 cm.
Un compresseur 22 alimente en air comprimé 23 l'intérieur du venturi 20, en biais par exemple avec
5 un angle de 45° dans le sens du fluide, pour former une émulsion 24 ou mélange triphasique boue/air/eau .
L'enceinte tubulaire est par exemple maintenue à une pression de l'ordre de 3 bars à 5 bars relatifs.
Ceci peut se faire par l'intermédiaire d'une vanne
10 régulée 25 en fonction de la pression interne de l'enceinte. Cette vanne 25 constitue une restriction.
En aval de la vanne 25, l'émulsion alimente le dégazeur 26 selon le mode de réalisation de l'invention plus particulièrement décrit ici.
15 Le dégazeur de l'émulsion est ouvert à la pression atmosphérique en 27 et comprend un tube vertical 28 d'alimentation en fontaine de l'émulsion permettant un choc mou de l'émulsion sur elle-même, ce qui permet un dégazage doux et non destructeur de l'émulsion, comme
20 cela sera décrit plus précisément ci-après en référence aux figures 3 à 3B.
Le gaz obtenu peut ou non être réutilisé (circuit 29) pour être recyclé via le compresseur 22, dans la zone de restriction 20.
25 La boue reste pendant un temps déterminé à l'intérieur du dégazeur, par exemple de l'ordre de 1 à 5 minutes, puis est évacuée gravitairement via une tuyauterie 30 vers un traitement ultérieur 31.
Selon le mode de réalisation de l'invention, plus
30 particulièrement décrit, on va recirculer plusieurs fois dans l'enceinte tubulaire 21 avant dégazage
(circuit interrompu 32), ou après dégazage (circuit trait mixte 33) via les pompes de recirculation respectivement 34 et35.
On a représenté sur la figure 2A un mode de
5 réalisation de la restriction 20 dans laquelle se réalise l'émulsion boue/gaz.
La restriction est formée par un venturi 36 comprenant un corps creux 37 comprenant une arrivée de boue (flux F) formée par un alésage tronconique 38
10 débouchant sur une portion d'alésage cylindrique 39 de petit diamètre, dans laquelle deux piquages symétriques 40, formant un angle compris entre 20° et 90°, par exemple 30° avec la direction axiale 41 du venturi, permettent l'alimentation en gaz dans le sens
15 du flux de boue F.
L'émulsion boue/gaz s'effectue dans cette portion d'alézage cylindrique par exemple de volume 1 litre, pour un débit de boue de 50 m3/h et de gaz injecté, avantageusement de l'air, de 250 Nm3/h.
20 La portion d'alésage cylindrique débouche sur une portion tronconique inverse 42 d'évacuation de l'émulsion vers l'enceinte/réacteur 21.
La configuration de ce venturi et des piquages permet des vitesses de l'émulsion supérieures à 20
25 m/ s .
Les figures 2B à 2F montrent des modes de réalisation de venturi avec injection de gaz au centre du venturi, avec un piquage à contre flux de boue par exemple avec un angle de 45° (figure 2B) , un piquage
30 perpendiculaire au sens du flux (figure 2C) , un seul piquage dans le sens du flux, par exemple avec un angle
de 45° (figure 2D) , deux piquages symétriques perpendiculaires au sens du flux (figure 2E) , ou deux piquages symétriques à contre flux (figure 2F) par exemple avec un angle de 45°.
5 La Figure 3 montre schématiquement en coupe le dégazeur 26 selon un mode de réalisation de l' invention .
Le dégazeur comporte un récipient 43 par exemple cylindrique, de hauteur sensiblement égale à 1 m.
10 Le diamètre du récipient est par exemple compris entre 200 et 300 millimètres.
La boue est alimentée en 44 par une tuyauterie par exemple de diamètre 80 mm qui pénètre en partie basse 45 du récipient puis présente un coude U à 90° et une
15 partie verticale cylindrique 46 par exemple de diamètre 100.
La partie verticale cylindrique 46 se termine par un col 47 de sortie de la boue en fontaine.
Le récipient définit un volume interne V dans lequel
20 débouche la tuyauterie cylindrique 46.
Le volume présente un fond 48 muni d'une tuyauterie 49 de sortie de diamètre identique à la tuyauterie d'entrée de l'émulsion.
Avantageusement un piquage 50 de dégazage
25 complémentaire de l'émulsion après passage dans le récipient, en partie haute 51 de la tuyauterie d'évacuation, est prévu, ladite partie haute 51 étant à une hauteur inférieure au niveau de boue dans le récipient .
30 La hauteur de la partie haute 51 est agencée pour être égale ou légèrement inférieure à celle du col 47,
par rapport au fond du volume V, pour permettre un temps de séjour dans le dégazeur, déterminé, par exemple 20 s .
Le volume V se termine en partie haute par une
5 ouverture 52 de sortie à l'atmosphère avantageusement protégée par un becquet 53 de blocage des projections de boue. Dans le mode de réalisation tel que décrit et avec les dimensions d' entrée/sortie des différentes tuyauteries d'alimentation de DN 80mm, la hauteur H de
10 l'émulsion de boue, c'est-à-dire entre le fond du récipient et la périphérie du col de la partie verticale cylindrique 46, est par exemple compris entre 400 et 600 mm par exemple 500 mm.
Dans la suite de la description on utilisera des
15 numéros de référence identiques pour désigner des éléments identiques ou similaires.
On a représenté sur les figures 3A et 3B un autre mode de réalisation de dégazeur selon l'invention permettant le dégazage de l'émulsion par chocs mous de
20 l'émulsion sur elle-même.
Il peut s'inscrire dans un parallélépipède de 1,50 m X 1 m X 600 mm, pour le traitement de boues alimentées en continu à un débit de 20 m3 et ce en utilisant des tuyauteries et/ou des tôles en matière plastique ou en
25 acier du commerce, ce qui présente un grand intérêt.
En effet, par rapport à un simple dégazage par mise à l'atmosphère, ou encore en comparaison avec un dégazeur utilisant un brassage mécanique pour détacher l'air en surplus de l'émulsion, on obtient une
30 amélioration du dégazage pouvant atteindre 20% voire 50% .
Ainsi et par exemple, avec un dispositif du type décrit en référence à la figure 3, de 641 de volume utile max . (base carrée de 400 mm x 400 mm) , un coude d'arrivée en DN 120 mm et un fonctionnement entre 5 à 5 12 m3/h (avec un débit d'air à 30 Nm3/h) , on obtient un meilleur dégazage, et ce beaucoup plus rapidement qu'avec l'art antérieur. Cela ressort notamment du tableau II ci-après, précisant également les conditions de hauteur de chute de la fontaine H 10 (conditionnant le choc mou) .
Tableau II
Les figures 4 et 4A montrent en vue de dessus et en 15 coupe selon IVA - IVA, un exemple de dégazeur 60 selon un autre mode de réalisation de l'invention, comprenant une enceinte E par exemple de forme parallélépipédique avec des coins coupés C, disposée
horizontalement par rapport à l'arrivée du flux de boue F, par exemple de dimension L X 1 X H : 300 X 400 X 300 pour un débit de traitement de 10-13 M3/h, un MS de 8 à 10 g/l et un Veff de 30 litres.
5 Le Veff : (Volume efficace) est un volume de boue/eau à l'entrée du dégazeur permettant d'absorber l'énergie nécessaire à un bon dégazage de l'émulsion.
Ce volume varie en fonction des différents dimensionnements .
10 Il est d'environ et par exemple de 30-40 litres.
L'enceinte E comprend une entrée du flux qui débouche dans une chambre 61 de passage, par exemple cylindrique, présentant une portion de cylindre 62 ouverte en partie basse, sur toute la longueur de la
15 chambre (par exemple de 200 mm dans l'exemple numérique ci-dessus) et munie à son extrémité dans le sens horizontal d'une paroi 63, propre à freiner l'émulsion ou lorsque la paroi est souple à s'écarter vers l'intérieur 63' sous la pression douce de l'émulsion
20 Fl .
L'enceinte comporte vers le haut un tube T, d'évacuation de l'air du dégazeur, et un orifice de sortie S à l'autre extrémité. L'enceinte E peut, ou non, présenter par exemple au 2/3 de sa longueur, une
25 paroi intermédiaire P, de répartition permettant l'évacuation de l'émulsion en partie basse, par une fente élargie Z.
Une telle paroi permet soit directement le freinage de l'émulsion, soit renforce encore l'homogénéité de
30 1 ' émulsion .
On a représenté sur la figure 4B une variante du dégazeur 60' selon un autre mode de réalisation de l'invention, en longitudinal.
La paroi interne destinée à amortir le choc du 5 mélange peut avantageusement être en caoutchouc ou autre matière molle. Mais on peut également utiliser par exemple une paroi plus rigide, par exemple de forme plus ou moins convexe.
Plus précisément, la variante de la figure 4B montre 10 une arrivée A de l'émulsion et du gaz en excès dans une zone B de l'enceinte 60' remplie de boue X en partie basse et de gaz en partie haute.
La zone B est fermée par une paroi L amortissant l'énergie du flux, paroi souple ou dure
15 (avantageusement convexe) .
Le gaz en excès est extrait du ciel gazeux par une mise à l'air/évent D.
L'extraction du flux liquide sous versé par la paroi L s'effectue par la zone G qui propose un écoulement 20 calme, laminaire.
Pour 20 à 23 m3/h de boue chargée entre 10 et 30 g/l et jusqu'à 100 Nm3/h d'air ajouté pour former l'émulsion, l'enceinte est par exemple de dimensions L X 1 X H = 500 X 200 X 250 avec une pénétration dans 25 l'enceinte du tube de sortie de 130 mm et une hauteur de paroi absorbante de 160 cm.
Avec l'invention (confère photographies de la figure 5) on observe une dispersion de la matière qui s'améliore au fur et à mesure des passages, en 30 comparaison à une absence de traitement selon l' invention .
Plus précisément les colonnes 70, 71, 72 et 73 montrent la dispersion du matériau organique 74 respectivement après zéro passage, un passage, huit passages et dix passages. On constate que le matériau 5 est de plus en plus dispersé au fur et à mesure des passages (jusqu'à ne plus trop changer à partir de 7.8 passages), ce qui permet donc une meilleure mise à disposition des bactéries pour la suite d'un procédé, par exemple, pour être dirigées vers un digesteur.
10 En plus de leur dispersion on constate, une destruction des parois des bactéries de façon particulièrement favorable (destruction des parois membranaires) (voir figure 6), ce qui rend leur contenu accessible et consommable par d'autres bactéries, 15 entraînant ainsi et globalement avec leur dispersion une meilleure biodégradabilité .
Sans passage (colonne 75), les bactéries 76 sont vivantes. Après un ou deux passages (77) le taux de lyse des bactéries 76 est déjà supérieur à 30% (voir 20 destruction des membranes 78) .
Après huit passages le taux de destruction (lyse) est supérieur ou égal à 80%.
Les photographies des figures 7 et 8 montrent respectivement à l'échelle de 0.5 micron et de 0.2 25 micron, la destruction des membranes 79 des bactéries 80, donnant accès à leur contenu, et montrant ainsi leur biodégradabilité, après 8 passages.
On va maintenant décrire en référence à la figure 2, la mise en œuvre du procédé selon le mode de 30 réalisation de l'invention plus particulièrement décrit ici .
La boue 17 est alimentée en débit continu par pompage à un débit Q, par exemple de 20m3/h, dans un tuyau par exemple de diamètre DN50 et de longueur L égale à quelques mètres. On injecte simultanément en
5 continu un important débit d'air par exemple 60Nm3/h dans le venturi 20 ce qui crée l'émulsion triphasique, qui pénètre alors dans l'enceinte 21 en suppression. L'émulsion passe ensuite par la restriction 25, par exemple une vanne/soupape entraînant un nouveau choc
10 de pression/dépression.
Par le biais de l'automate, on recycle l'émulsion en amont du dégazeur N fois (Circuit 32) .
L'émulsion débouche ensuite en pluie dans le dégazeur 26.
15 Le choc mou de l'émulsion sur elle-même permet un bon dégazage en douceur qui reste, compte tenu des dimensions du tube coudé, du volume V et des débits, uniquement de quelques secondes (à quelques minutes) dans le récipient avant d'être évacué, avec une
20 biodégradabilité accrue.
On peut ensuite recycler en aval du dégazeur, par exemple en réutilisant l'air en surplus dégazé. L'émulsion est ensuite transférée par exemple gravitairement ou par pompage (elle est très peu
25 visqueuse) pour traitement ultérieur.
Comme il va de soi et comme il résulte également de ce qui précède, la présente invention n'est pas limitée aux modes de réalisation plus particulièrement décrits. Elle en embrasse au contraire toutes les
30 variantes et notamment celles où l'ensemble du dispositif est mobile, par exemple en étant monté sur
une remorque de camion, compte tenu de sa très grande compacité. Cela permet de le véhiculer d'un site à l'autre en fonction des besoins.