PROCEDE ET REACTEUR DE MISE EN CONTACT GAZ/LIQUIDE PAR DISPERSION, ET APPLICATIONS.
L'invention concerne un procédé et un réacteur permettant de mettre en contact un gaz avec une composition liquide. L'invention présente un grand intérêt dans le cadre du traitement d'une composition liquide par un gaz, en particulier le traitement des eaux chargées en matière organique (notamment, en micro-organismes tels que bactéries, algues, virus, levures et moisissures) qu'il s'agit d'éliminer par oxydation. Dans tout le texte, on entend par "composition liquide" aussi bien un composition liquide homogène, simple ou complexe (mélange de plusieurs liquides de phases différentes) qu'une composition liquide hétérogène comprenant notamment des matières solides en suspension et/ou des particules de gaz dispersées. De même, on désigne par "gaz résiduel(s)", une phase gazeuse non retenue par la composition liquide, formée par le(les) gaz utilisé(s) pour le traitement, dit(s) gaz traitant, et/ou par un(des) gaz issu(s) du traitement gazeux.
A des fins de clarté, on considérera, dans toute la suite, le réacteur dans sa position normale de fonctionnement, les termes "haut", "bas", "supérieur", "inférieur" se référant à cette position.
On connaît actuellement de nombreux dispositifs qui permettent de mettre en contact et de mélanger des fluides, notamment un liquide avec un gaz. A ce titre on peut citer, par exemple, les colonnes à pulvérisation, les colonnes à film tombant, les colonnes à bulles, les réacteurs gazosiphons, les colonnes à éjecteur, les colonnes agitées mécaniquement, les colonnes à garnissage à contre courant, les colonnes à garnissage à co-courant, les colonnes à plateaux perforés, des cuves agitées mécaniquement et des éjecteurs Venturi. Ces dispositifs (notamment décrits dans l'ouvrage "Génie de la réaction chimique : Conception et fonctionnement des réacteurs", J. Nillermaux ( 1995), p.388-396, Lavoisier - Tec. & Doc.) présentent l'inconvénient de limiter la rétention gazeuse lors du contact gaz/liquide dans la phase liquide, ce qui limite de fait la réactivité relative entre les constituants des deux phases.
On connaît aussi DE 38 18 991 qui décrit un réacteur permettant de mélanger deux fluides à l'aide d'injecteurs d'où sort l'un des fluides
sous pression, l'autre fluide étant introduit dans le premier avant la sortie de l'injecteur. Deux injecteurs au moins sont utilisés qui envoient les deux courants créés par ces deux fluides en mouvement l'un vers l'autre dans une zone d'impact qui améliore sensiblement l'homogénéité du mélange. Une des deux phases est préférentiellement un gaz, l'autre un liquide et le nombre d'injecteurs utilisés est généralement de deux. La publication "Ozone", Lee et al., Sci. & Eng. 21; 501-522 (1999) étudie le transfert de matière dans un tel réacteur et conclut que le transfert sans réaction chimique, de par un mauvais dimensionnement du réacteur et de ses internes, s'en trouve limité. On connaît également (FR 801 637) un réacteur permettant de mélanger des bulles de gaz préalablement formées à un liquide. Le gaz est introduit dans le réacteur au travers d'une paroi solide poreuse en position centrale formant les bulles de gaz. Un liquide de forte turbulence circule à la sortie de la paroi poreuse, un mélange gaz-liquide se réalisant par un brassage entre le liquide et les bulles de gaz. Le niveau de dispersion des phases est étroitement lié à la taille des bulles de gaz, elle-même dépendante de celle des pores de la structure poreuse. Plus la taille de ces pores est faible, meilleure est la dispersion. Mais l'énergie nécessaire pour générer ces bulles sera alors d'autant plus importante.
L'invention vise à proposer un procédé et un réacteur, de mise en oeuvre simple, permettant d'obtenir un mélange intime de la composition liquide et du gaz et un contact amélioré entre le gaz et la composition liquide (avec une grande surface spécifique de contact). L'invention vise une dispersion optimale du gaz dans la phase liquide et a pour objectif l'obtention d'un mélange de forte réactivité. A ce titre, l'invention vise aussi a proposer des traitements améliorés de compositions liquides par des gaz.
Un autre objectif de l'invention est de fournir un réacteur et une installation en particulier adaptés pour le traitement -notamment la désinfection- des eaux par oxydation -notamment par l'ozone- qui soient compatibles avec les exigences actuelles en matière de qualité, de respect de l'environnement et de coût de mise en oeuvre.
L'invention concerne donc un procédé de mise en contact gaz/liquide par dispersion d'un gaz dans une composition liquide dans lequel on
établit, dans un réacteur, une pluralité de courants d'au moins un mélange de composition liquide et de gaz, et on fait converger ces courants de façon non co- courante dans une enceinte, dite enceinte d'impact, délimitée par une paroi extérieure, et dans laquelle lesdits courants se réunissent, et on extrait de l'enceinte d'impact au moins un débit de composition, dite composition mixée, résultant de la réunion des courants. Selon l'invention, chaque courant entrant dans l'enceinte d'impact est orienté vers une partie de paroi solide en regard, dite paroi d'impact, disposée à l'intérieur de l'enceinte d'impact.
Selon ce procédé, au niveau de la zone d'impact, chaque mélange liquide-gaz préalablement formé vient frapper une partie de paroi d'impact dans l'enceinte d'impact. Cette partie de paroi d'impact est adaptée pour ne pas empêcher la réunion et le mélange des courants. En pratique, elle a même pour effet de générer un mélange beaucoup plus intime et réactif. En effet, la(les) paroi(s) d'impact fragmente(nt) les courants qui viennent la(les) percuter en d'innombrables jets secondaires plus fins qui se propagent dans toutes les directions de la zone d'impact en s'entrechoquant créant une multitude d'impacts secondaires (entre eux et avec la paroi extérieure), une interpénétration intime du gaz et de la composition liquide et une dispersion remarquable des phases. Le contact liquide/gaz est ainsi fortement optimisé, au point que le gaz peut être amené à se dissoudre dans la composition liquide.
L'expression "de façon non co-courante" signifie qu'à l'entrée de la zone d'impact, les courants sont dirigés selon des directions non confondues ni parallèles.
Avantageusement et selon l'invention, on oriente les courants dans l'enceinte d'impact selon des directions sécantes selon une même zone d'intersection théorique, et on interpose ladite partie de paroi d'impact dans chaque courant à l'amont de ladite zone d'intersection théorique. Chaque courant, avant de rencontrer un autre courant dans la zone d'impact, vient ainsi se briser sur ladite partie de paroi d'impact, et est dévié de sa trajectoire pour aller frapper la paroi extérieure de l'enceinte d'impact et rencontrer le(les) autre(s) courant(s).
Les expérimentations ont permis de mettre en évidence les avantages considérables du procédé objet de la présente invention. Par comparaison
avec les procédés antérieurs les plus performants, la présente invention qui utilise au moins une paroi d'impact dans l'enceinte d'impact permet non seulement une augmentation significative de la rétention gazeuse, mais aussi d'amener la dispersion des phases à un niveau très supérieur, d'où une augmentation significative de la réactivité relative entre les constituants des phases liquide et gazeuse.
Avantageusement et selon l'invention, on utilise une enceinte d'impact présentant au moins une symétrie axiale et on oriente les courants dans l'enceinte d'impact selon des directions au moins sensiblement radiales par rapport à l'enceinte d'impact. Avantageusement et selon l'invention, on introduit les courants dans l'enceinte par des entrées disposées au moins sensiblement selon un même plan -notamment un plan radial à l'enceinte d'impact-.
Avantageusement, un procédé selon l'invention est aussi caractérisé en ce que : - les courants orientés dans l'enceinte d'impact y sont introduits par des entrées réparties à la périphérie de la paroi extérieure,
- on réintroduit dans les courants convergeant dans l'enceinte d'impact, au moins une partie de la composition mixée extraite de l'enceinte d'impact, résultant de la réunion des courants dans l'enceinte d'impact (on réalise ainsi un recyclage et un traitement multiple du mélange dans l'enceinte),
- les différentes parties de paroi(s) d'impact sont à la périphérie d'un corps solide placé dans l'enceinte d'impact en position au moins sensiblement centrale.
Ainsi, la composition dans l'enceinte d'impact ne peut circuler qu'entre les parois extérieures de cette enceinte et les parties de paroi(s) solide(s) d'impact disposées en position centrale de l'enceinte d'impact (par rapport aux entrées des courants dans l'enceinte) et subit de multiples impacts et réflexions successives sur les parties de paroi(s) solide(s) recevant les courants entrant et la paroi extérieure de l'enceinte d'impact. Autrement dit, le corps solide empêche la circulation de la composition dans l'espace délimité par l'enveloppe des parties de paroi(s) solide(s) d'impact.
Avantageusement et selon l'invention, la composition mixée est extraite de l'enceinte d'impact par au moins une sortie d'extrémité axiale de l'enceinte d'impact.
Avantageusement et selon l'invention, on évacue du réacteur au moins une partie de la composition mixée et on réintroduit au moins une autre partie de composition mixée dans les courants convergeant dans l'enceinte d'impact, par des sorties d'extrémité axiale de l'enceinte d'impact -notamment par des sorties d'extrémité axiale de l'enceinte d'impact opposées-.
Avantageusement et selon l'invention, le corps solide est disposé au moins sensiblement axialement dans l'enceinte d'impact et est adapté pour empêcher toute circulation axiale de fluide à travers lui, soit entre les parties de paroi(s) d'impact qu'il forme.
Avantageusement et selon l'invention, on oriente chaque courant selon une direction au moins sensiblement normale à la partie de paroi d'impact qui le reçoit. Cette orientation favorise les réflexions et impacts secondaires multiples.
Avantageusement et selon l'invention, on utilise un corps solide convexe choisi parmi : une sphère, un cylindre de révolution, un prisme.
Avantageusement et selon l'invention, on utilise une enceinte d'impact symétrique de révolution autour d'un axe, et en ce que les parties de paroi d'impact sont formées par une même paroi périphérique symétrique de révolution d'un corps solide placé coaxialement à l'enceinte d'impact.
Avantageusement et selon l'invention, on récupère la fraction de gaz non retenu par la composition mixée et on la réintroduit dans les courants orientés dans l'enceinte d'impact.
Avantageusement et selon l'invention, on alimente en continu le réacteur en composition liquide et en gaz, et on évacue en continu du réacteur la composition mixée.
Avantageusement et selon l'invention, on utilise pour établir les courants de mélange de composition liquide et de gaz, des injecteurs utilisant le gaz comme fluide moteur choisis parmi : les injecteurs de type annulaire (Bohner et Blenke, Nerfahrenstechnik, 6(2):50-57 (1972)), les injecteurs de type Venturi.
Un procédé conforme à l'invention conduit ainsi à des mélanges gaz/liquide de grande dispersion avec une intimité de contact élevée entre les constituants des deux phases (surface spécifique de contact améliorée) d'où une forte réactivité relative entre les constituants de ces mélanges. Un procédé selon l'invention sert donc avantageusement pour le traitement d'une composition liquide par un gaz, en vue d'optimiser la réactivité du mélange réactionnel.
Aussi, un procédé selon l'invention est avantageusement mis en oeuvre dans le cadre du traitement d'une composition liquide par un gaz, en particulier le traitement -notamment la désinfection- des eaux par un gaz oxydant -notamment l'air, l'oxygène, l'ozone ou un mélange de gaz enrichi en oxygène et/ou en ozone-.
En particulier, l'invention s'applique avantageusement pour le traitement des eaux chargées en matière organique (notamment, en microorganismes tels que bactéries, algues, virus, levures et moisissures) où l'ozonation, pour de nombreuses raisons est préférée à la chloration. En effet, l'ozone est un gaz oxydant plus puissant que le chlore et qui est en terme de caractère polluant beaucoup moins dangereux.
Outre l'élimination des micro-organismes, il permet l'élimination du fer et du manganèse et améliore ainsi la transparence de l'eau. Enfin, il est un moyen d'élimination de nombreuses odeurs tenaces (odeurs de terre, de moisi...). Cependant, bien qu'ayant une action efficace et rapide, l'ozone est particulièrement instable, en particulier en milieu aqueux. En partie à cause de cette faible stabilité de l'ozone, le chlore et ses dérivés (dioxyde de chlore, chloramines, hypochlorite de sodium...), bien que particulièrement coûteux et de moindre efficacité, sont actuellement largement utilisés dans le traitement des eaux.
Appliquée au traitement des eaux par ozonation, la présente invention permet à la fois d'accélérer et d'améliorer la mise en contact de l'ozone avec ses particules cibles. Elle permet ainsi de pallier efficacement à la faible stabilité de l'ozone.
L'invention concerne également un réacteur de mise en oeuvre d'un procédé selon l'invention. Un réacteur conforme à l'invention est dit réacteur à
impacts multidirectionnels. Un réacteur selon l'invention, de mise en contact gaz/liquide par dispersion d'un gaz dans une composition liquide, comprend :
- au moins une conduite d'amenée d'une composition liquide à traiter et au moins une conduite d'amenée d'un gaz, - une enceinte, dite enceinte d'impact, délimitée par une paroi extérieure,
- des moyens pour établir, dans le réacteur, une pluralité de courants d'un mélange de composition liquide et de gaz,
- des tubes d'alimentation débouchant dans l'enceinte d'impact par des entrées ménagées dans la paroi extérieure ; ces tubes d'alimentation étant adaptés pour faire converger les courants de façon non co-courante dans l'enceinte d'impact,
- au moins une sortie permettant l'évacuation d'une composition, dite composition mixée, résultant de la réunion des courants dans l'enceinte d'impact, caractérisé en ce qu'il comprend également, à l'intérieur de l'enceinte d'impact, une partie de paroi solide, dite paroi d'impact, disposée en regard de chacune des entrées de courant.
Avantageusement et selon l'invention, les tubes d'alimentation sont adaptés pour pouvoir orienter les courants dans l'enceinte d'impact selon des directions sécantes selon une même zone d'intersection théorique, et une partie de paroi d'impact est interposée entre chaque entrée de courants et ladite zone d'intersection théorique.
Avantageusement et selon l'invention, l'enceinte d'impact présente au moins une symétrie axiale, et les tubes d'alimentation sont adaptés pour orienter les courants selon des directions au moins sensiblement radiales par rapport à l'enceinte d'impact.
Avantageusement et selon l'invention, les tubes d'alimentation débouchent dans l'enceinte d'impact par des entrées disposées au moins sensiblement selon un même plan. Avantageusement et selon l'invention, un réacteur à impacts multidirectionnels selon l'invention, est aussi caractérisé en ce que :
- les tubes d'alimentation débouchent dans l'enceinte de contact à la périphérie de sa paroi extérieure,
- les différentes parties de paroi(s) d'impact sont à la périphérie d'un corps solide placé dans l'enceinte d'impact en position au moins sensiblement centrale, et en ce qu'il comprend également des moyens permettant de réintroduire dans les courants convergeant dans l'enceinte d'impact, au moins une partie de la composition mixée extraite de l'enceinte d'impact.
Avantageusement, un réacteur à impacts multidirectionnels selon l'invention comprend des moyens permettant d'évacuer du réacteur au moins une partie de la composition mixée et des moyens permettant de réintroduire au moins une autre partie de composition mixée dans les courants convergeant dans l'enceinte d'impact ; l'évacuation et la réintroduction des parties de composition liquide se faisant par au moins une sortie d'extrémité axiale de l'enceinte d'impact -notamment des sorties d'extrémité axiale de l'enceinte d'impact opposées-.
Avantageusement et selon l'invention, ledit corps solide est disposé au moins sensiblement axialement dans l'enceinte d'impact et est adapté pour empêcher toute circulation axiale de fluide à travers lui, soit entre les parties de paroi(s) d'impact qu'il forme. Avantageusement et selon l'invention, chaque tube d'alimentation est adapté pour orienter un courant selon une direction au moins sensiblement normale à la partie de paroi d'impact qui le reçoit.
Avantageusement et selon l'invention, le corps solide est convexe et est choisi parmi : une sphère, un cylindre de révolution, un prisme. Avantageusement et selon l'invention, l'enceinte d'impact est de symétrie de révolution autour d'un axe et les parties de paroi d'impact sont formées par une même paroi périphérique symétrique de révolution d'un corps solide placé coaxialement à l'enceinte d'impact.
Avantageusement un réacteur à impacts multidirectionnels selon l'invention comprend des moyens adaptés pour récupérer la fraction de gaz non retenu par la composition mixée et pour la réintroduire dans les courants des tubes d'alimentation.
Avantageusement et selon l invention, les tubes d'alimentation sont équipés d'injecteurs utilisant le gaz comme fluide moteur choisis parmi : les injecteurs de type annulaire et les injecteurs de type Nenturi.
Avantageusement et selon l'invention, le corps solide et la paroi extérieure de l'enceinte sont symétriques de révolution et de diamètres tels que le rapport du diamètre du corps solide sur celui de la paroi extérieure est de l'ordre de 0,35 à 0,50.
Avantageusement et selon l'invention, les tubes d'alimentation sont au moins au nombre de trois -préférentiellement au nombre de quatre-. Avantageusement et selon l'invention, un réacteur à impacts multidirectionnels selon l'invention est utilisé dans le cadre du traitement des eaux, notamment chargées en matière organique qu'il s'agit d'éliminer par oxydation.
L'invention concerne ainsi également une installation pour le traitement d'une composition liquide par un gaz mettant en oeuvre un procédé selon l'invention -utilisant notamment au moins un réacteur d'impacts multidirectionnels selon l'invention-.
Avantageusement et selon l'invention, il s'agit d'une installation de traitement des eaux.
Avantageusement et selon l'invention, le réacteur à impacts multidirectionnels est branché en série dans le circuit hydraulique de l'installation et permet de réaliser une ozonation des eaux. Selon une autre variante de réalisation, le réacteur à impacts multidirectionnels est branché en dérivation par rapport au circuit hydraulique de l'installation et permet de réaliser une ozonation des eaux.
Avantageusement et selon l'invention, le réacteur à impacts multidirectionnels est branché en amont d'une tour d'ozonation d'une installation de traitement d'effluent classique ; à l'intérieur du réacteur, les matières organiques oxydées floculent et sont filtrées de l'eau en sortie du réacteur avant de passer dans ladite tour d'ozonation. Dans les tours d'ozonation, l'eau subit un traitement final par ozonation visant l'amélioration des goûts et des odeurs, et la destruction des couleurs.
Avantageusement, une installation selon l'invention comprend des moyens permettant de récupérer l'ozone non retenu par le liquide traité dans la tour d'ozonation et d'alimenter, avec cet ozone, le réacteur en gaz traitant.
L'invention concerne aussi un procédé de mise en contact et d'une composition liquide avec un gaz, un réacteur ainsi qu'une installation permettant la mise en oeuvre de ce procédé, caractérisés, en combinaison, par tout ou partie des caractéristiques ci-dessus ou ci après.
L'invention concerne aussi un procédé de traitement d'une composition liquide par un gaz, un réacteur ainsi qu'une installation permettant la mise en oeuvre de ce procédé, caractérisés, en combinaison, par tout ou partie des caractéristiques ci-dessus ou ci après.
D'autres buts, caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture des exemples suivants qui se réfèrent aux figures annexées, dans lesquelles : - la figure 1 est une représentation schématique, en coupe selon un plan vertical, d'un réacteur à impacts multidirectionnels selon l'invention,
- la figure 2 illustre le principe de fonctionnement du réacteur à impacts multidirectionnels selon l'invention,
- la figure 3 représente les courbes d'évolution de la rétention gazeuse (air/eau) en fonction de la puissance injectée pour différents débits gazeux,
- la figure 4 illustre l'influence du rapport entre le diamètre du tube d'alimentation 3 et le diamètre de l'enceinte d'impact 2, noté D3 D2, sur l'évolution de la rétention gazeuse (air/eau) en fonction de la puissance injectée,
- la figure 5 représente des courbes d'influence de la taille du diamètre du corps solide cylindrique 4 pour un même diamètre d'enceinte d'impact
2, sur l'évolution de la rétention gazeuse (air/eau) en fonction de la puissance injectée,
- la figure 6 représente la courbe d'influence du positionnement en hauteur du corps solide cylindrique 4 dans l'enceinte d'impact 2 sur l'évolution de la rétention gazeuse (air/eau) en fonction de la puissance injectée,
- les figures 7, 8 et 9 représentent des courbes d'ozonation de l'acide tannique en fonction du temps de réaction pour un débit respectif de la phase liquide de 2 m3/h, 4 mVh et 6 mVh,
- la figure 10 représente schématiquement une installation de traitement des eaux.
Comme illustré à la figure 1 , un procédé de traitement d'une composition liquide par un gaz selon l'invention peut être avantageusement mis en oeuvre au moyen d'un nouveau type de réacteur, dit réacteur à impacts multidirectionnels 1 qui, de manière préférée, est schématiquement composé d'une enceinte d'impact tabulaire 2, délimitée par une paroi extérieure 2a, se prolongeant par les partie haute et basse du réacteur. L'enceinte d'impact 2 comprend une zone théorique, dite zone d'impact 2b, définie par une densité d'impacts, entre les constituants des différentes phases, très élevée.
Des tubes d'alimentation 3 périphériques, de préférence au nombre de quatre, relient par leurs extrémités la partie basse du réacteur à l'enceinte d'impact 2, au niveau de la zone d'impact 2b. Au niveau de l'enceinte d'impact 2, les tubes d'alimentation 3 débouchent, selon un plan radial à l'axe de l'enceinte. Dans l'exemple représenté, des injecteurs annulaires 5 (un par tube d'alimentation) fixés aux extrémités inférieures des tubes d'alimentation 3 permettent d'envoyer sous pression, dans les tubes d'alimentation 3, le gaz G et la composition liquide L.
Le corps solide 4 présente une forme de préférence convexe assurant la multiplication des impacts des courants, comme une sphère, un cylindre, un prisme. Dans l'exemple représenté, il s'agit avantageusement d'un cylindre fermé à son extrémité supérieure en vue d'éviter toute circulation axiale de fluide et la formation de cyclones parasites lors de l'impact des courants sur sa paroi. Placé coaxialement à l'axe de l'enceinte d'impact 2, le cylindre du corps solide s'étend de part et d'autre de la partie haute et de la partie basse des entrées des tubes d'alimentation 3. Le rapport du diamètre du cylindre 3 sur celui du diamètre du tube 7 constituant la paroi extérieure de la zone d'impact peut être par exemple de l'ordre de 0,35 à 0,50.
Dans le système ici représenté, on peut grossièrement définir la zone d'impact 2b comme étant une zone délimitée par la paroi extérieure 2a de
l'enceinte d'impact 2 au niveau ou débouchent les tubes d'alimentation et par la paroi latérale du corps solide 4. La zone d'impact 2b est schématisée dans son principe à la figure 2. Chaque courant, avant de rencontrer un autre courant dans la zone d'impact 2b, vient ainsi se briser sur ladite partie de paroi d'impact, et est dévié de sa trajectoire pour aller frapper la paroi extérieure 2a de l'enceinte d'impact 2 et rencontrer le(les) autre(s) courant(s).
L'invention permet ainsi d'amener la dispersion des phases à un niveau très supérieur à ce qui est permis par les réacteurs actuels et permet une augmentation significative de la rétention gazeuse lors du contact gaz/liquide dans la phase liquide.
Dans l'enceinte d'impact 2, sous la pression des courants convergents propulsés des tubes d'alimentation 3, il se crée des flux de composition mixée ascendants et descendants qui s'évacuent, versie haut et vers le bas.
Une fraction de la composition mixée est ainsi entraînée vers la partie haute du réacteur, l'autre vers la partie basse.
La fraction entraînée dans la partie basse est alors recyclée en direction de la zone d'impact 2b, par effet d'aspiration à travers les courants des tubes d'alimentation 3. La position des injecteurs 5 permet ainsi, hors de la zone d'impact, un fonctionnement du réacteur en système gazosiphon via l'enceinte d'impact 2.
La fraction de la composition mixée entraînée vers la partie haute du réacteur peut être prélevée et évacuée hors du réacteur 1. En tête du réacteur 1 , l'enceinte se termine par une zone, dite zone de dégazage 6, au niveau de laquelle le gaz résiduel non retenu dans la phase liquide s'accumule. Eventuellement, ce gaz résiduel peut être recueilli pour être réintroduit dans les courants des tubes d'alimentation 3.
La figure 10 présente schématiquement, à titre d'exemple, une application particulière d'un réacteur à impacts multidirectionnels 1 selon l'invention pour le traitement des eaux à l'ozone ; ledit réacteur 1 faisant office de réacteur d'ozonation, par exemple, pour la désinfection des eaux. Le traitement réalisé par ce réacteur d'ozonation 1 peut consister en un traitement complémentaire
à une désinfection classique par chloration. Il peut également et avantageusement en être une alternative.
Dans l'exemple représenté, le réacteur à impacts multidirectionnels 1 est relié à l'amont et en série au réseau d'une installation d'assainissement. La connexion du réacteur au réseau peut tout aussi bien se faire en dérivation.
L'eau entrant E dans le réacteur 1 , ayant éventuellement subit des étapes de traitement préalables (par exemple de dégrillage, déshuilage décantation primaire... notamment en vue de l'élimination les matières en suspension, les colloïdes, des huiles...) est ozonée. En aval de réacteur 1, des systèmes de décanteur 10, de filtres 1 1 permettent l'élimination des boues et des flocs résultant de l'oxydation des matières organiques. Eventuellement, des traitements chimiques complémentaires peuvent avoir lieu (dénitration décarbonatation, neutralisation du pH...). Eventuellement, dans une cuve 12, l'eau peut subir un conditionnement par adjonction de divers produits en vue de la protéger contre une pollution ultérieure, et/ou en vue de lutter contre la corrosion et/ou l'entartrage des installation. Dans la tour d'ozonation 13, un traitement final, par ozonation, permet d'améliorer le goût et la transparence, et d'éliminer les odeurs de l'eau. De par sa faible stabilité, l'ozone utilisé dans ce type d'installation est produit sur place au moyen d'un ozoneur 14 qui alimente la tour d'ozonation 13. Selon le mode d'application exemplifié, l'ozone résiduel issu de la tour d'ozonation 13 est récupéré en vue d'alimenter le réacteur à impacts multidirectionnels 1. Bien entendu, l'installation décrite et représentée ne constitue en rien une limite à une installation conforme à l'invention, mettant en œuvre un réacteur à impacts multidirectionnels selon l'invention.
Dans ce qui suit, VG et VL expriment respectivement les débits gazeux et liquide injecté dans le système. Ng exprime le volume gazeux et V,, le volume du liquide à traiter. Le rapport Vg/(V, +Vg) exprime en pourcentage la rétention gazeuse εG
Dans une mise en oeuvre particulière du procédé objet de l'invention, la composition liquide est constituée par de l'eau, le gaz correspond à de l'air. Les débits appliqués sont pour la phase aqueuse de 6 m3/h et pour l'air de 4 m3/h. Pour une puissance dissipée de 2 kW/m3, on obtient une rétention gazeuse dans la phase liquide dont la valeur est de l'ordre de 50 %. Cette valeur est supérieure à celle relevée avec le meilleur contacteur gaz/liquide connu actuellement du type par exemple de celui décrit dans DE 38 18 991 dans lequel la rétention gazeuse est au maximum de 35 %.
Dans un autre mode de mise en oeuvre préféré de ce réacteur à impacts multidirectionnels, la première phase est une phase liquide constituée par une solution aqueuse d'acide tannique (Réf. Merck 1.00773.1000) choisi comme composé de référence par sa très forte résistance à tous les traitements conventionnels chimiques ou biologiques de dépollution des eaux, la deuxième phase est une phase gazeuse, constituée par de l'air enrichi avec de l'ozone. La concentration initiale d'acide tannique dans la phase liquide est de 35 g/m3. La concentration initiale de l'ozone dans la phase gazeuse est de 19,4 mg/1. A faible puissance dissipée (0,14 kW/m3) correspondant à un débit liquide injecté VL de 2 m3/h, le temps mis pour détruire 23 g/m3 d'acide tannique est d'environ 12 minutes (figure 7). A forte puissance dissipée (3,75 kW/m3) correspondant à un débit liquide injecté de 6 m3/h, le temps mis pour détruire la même quantité d'acide tannique est aux alentours de 8 minutes (figure 9), ce qui est tout à fait remarquable et très supérieur à ce que permettent les contacteurs gaz-liquide actuels.
Le procédé selon l'invention est plus particulièrement illustré par les exemples qui suivent : EXEMPLE 1 :
Le réacteur 1 utilisé pour illustrer l'efficacité du procédé de mise en contact de phases dit à impacts multidirectionnels primaires et secondaires a les caractéristiques dimensionnelles suivantes.
Les quatre injecteurs 5 ont un diamètre extérieur de 50 mm et une hauteur de 250 mm. Le diamètre de l'enceinte d'impact 2 est de 124 mm. Le corps solide cylindrique 4 fermé à l'extrémité supérieure a une hauteur de 34 mm
pour un diamètre de 50 mm. Il est positionné de façon à ce que la hauteur entre le sommet fermé du cylindre et le fond du réacteur soit de 880 mm.
Le système fonctionne avec une pompe d'alimentation d'un débit maximal de 6 m3/h sous une pression de 3 bars. La pression est contrôlée par des manomètres. La mesure des débits gazeux VG et liquides VL est effectuée par des débitmètres à flotteurs. Elle permet d'étudier la rétention gazeuse εG dans la phase liquide en fonction de la puissance injectée.
L'évolution de la rétention gazeuse (air/eau) en fonction de la puissance injectée, pour différents débits gazeux, est représentée à la figure 3. Sur l'axe des ordonnées est représentée la rétention gazeuse (%) et sur l'axe des abscisses, la puissance dissipée (kW/m). Les courbes a3, b3, et c3 correspondent aux résultats obtenus avec des débits gazeux respectivement de 4 m3/h, 3 m3/h, 2 m3/h et 1,5 m3/h.
La détermination de la rétention gazeuse est effectuée par la technique dite de différence des hauteurs qui consiste à couper simultanément l'alimentation des deux phases injectées. La différence des volumes de l'émulsion (mélange gaz-liquide) et celui de liquide (sans aération) des deux phases donne le volume de gaz retenu dans le réacteur. Le pourcentage de ce volume par rapport au volume de réacteur donne la rétention gazeuse. Ce paramètre est étudié en fonction du débit du liquide (c'est-à-dire de la puissance injectée) pour différents débits gazeux. Le débit gazeux est fixé. Le débit de liquide varie et à chaque fois la rétention gazeuse est calculée. La puissance injectée est calculée d'après la formule : P = Q*ΔP avec ΔP ≈ pv2/2 où Q est le débit de liquide (en m3/s); ΔP est la perte de charge à la sortie de l'injecteur (en Pa); r est la masse volumique de liquide (en kg/m3), v est la vitesse du liquide à la sortie de l'injecteur (en m/s) et P est la puissance (en W).
EXEMPLE 2 :
Le même dispositif expérimental que celui décrit à l'exemple 1 est utilisé pour tester l'influence de la taille du réacteur sur l'efficacité de transfert. A un débit gazeux VG = 1,5 m3/h, l'influence du rapport entre le diamètre des tubes d'alimentation 3 et celui de l'enceinte d'impact 2, noté (D3/D2) a été étudiée pour différentes puissances injectées.
L'influence du rapport D3/D2 sur la rétention gazeuse est représentée à la figure 4. Sur l'axe des ordonnées est représentée la rétention gazeuse (%) et sur l'axe des abscisses, la puissance dissipée (kW/m). Les courbes a4 et b4 correspondent aux résultats obtenus avec des rapports D3/D2 respectivement de 0,242 et 0,484.
Ces résultats montrent que si ce paramètre diminue, la rétention gazeuse augmente.
EXEMPLE 3 :
Le même dispositif expérimental est utilisé pour tester l'influence du diamètre du cops solide cylindrique 4 sur l'efficacité de transfert. A un débit gazeux VG = 1,5 m3 h, l'influence du diamètre du corps solide cylindrique 4 pour un même diamètre D2 de l'enceinte d'impact 2 a été étudiée pour différentes puissances injectées.
L'influence du diamètre du corps solide cylindrique D4 sur la rétention gazeuse en fonction de la puissance injectée (pour un même diamètre d'enceinte d'impact) est représentée à la figure 5. Sur l'axe des ordonnées est représentée la rétention gazeuse (%) et sur l'axe des abscisses, la puissance dissipée (kW/m). Les courbes a5 et b5 correspondent aux résultats obtenus avec des diamètres D4 respectivement de 50 et 30 mm. Ces résultats montrent que la rétention gazeuse augmente avec le diamètre D4 du corps solide cylindrique 4.
EXEMPLE 4 :
Le même dispositif expérimental est utilisé pour tester l'influence de la position du corps solide cylindrique 4 sur l'efficacité de transfert. La hauteur H4 entre le sommet du cylindre et le bas du réacteur varie selon les valeurs visualisées sur la figure 6. A un débit gazeux VG = 1,5 m3/h, son influence sur la rétention gazeuse a été étudiée pour différentes puissances injectées.
L'influence du positionnement en hauteur du corps solide cylindrique 4 dans l'enceinte d'impact 2 sur la rétention gazeuse est représentée à la figure 6. Sur l'axe des ordonnées est représentée la rétention gazeuse (%) et sur l'axe des abscisses, la puissance dissipée (kW/m). Les courbes a6 et b6 correspondent aux
résultats obtenus avec des hauteurs (entre le sommet fermé du cylindre et le fond du réacteur) respectivement de 880 mm et 868 mm.
Ces résultats montrent qu'une bonne rétention gazeuse nécessite le positionnement du corps solide cylindrique 4 en position haute. EXEMPLE 5 :
Le même dispositif expérimental est utilisé pour tester l'efficacité du transfert de matière du réacteur à impacts multidirectionnels appliqué à l'ozonation de l'acide tannique. A cet effet, une solution aqueuse d'acide tannique de 35 mg/l (environ) est préparée. Elle est traitée dans le réacteur par l'air ozone à un débit de 0,4 m3/h et à une concentration en ozone de 19,4 mg/l. Le réacteur fonctionne en régime discontinu (ouvert pour le gaz, fermé pour le liquide). L'ozone est produit par un générateur d'ozone à alimentation à air. Ce générateur est de type Trailigaz (ozobloc 5 OC1).
La concentration de l'acide tannique est déterminée par spectrophotométrie UV.
La concentration de l'acide tannique (AT) est suivie au cours du temps pour différentes puissances injectées. La quantité d'acide tannique éliminée en fonction du temps peut être assimilée à une droite (y = a.x), dont la pente "a" est la vitesse moyenne de la destruction de l'acide tannique au cours de l'ozonation. Les figures 7, 8 et 9 représentent des courbes d'ozonation de l'acide tannique (en grammes éliminés par kW) en fonction du temps de réaction pour un débit respectif de la phase liquide de 2 m3/h, 4 m3/h et 6 mVh.
La portée de la présente invention ne se limite pas aux détails des formes de réalisation ci-dessus considérées à titre d'exemple, mais s'étend au contraire aux modifications à la portée de l'homme de l'art.