Procédé de fabrication de fibres de verre et fibres de verre associées
L' invention concerne de manière générale le domaine de la valorisation de déchets pour l'industrie verrière.
L' invention concerne plus particulièrement un procédé de fabrication de fibres minérales utilisant un matériau issu de la combustion du charbon comme matériau constituant un apport d'alumine, ainsi que des fibres de verre susceptibles d'être obtenues par ce procédé.
Par fibres minérales, on entend, au sens de la présente invention, les fibres minérales siliceuses telles que définies par l'INRS (Fiche pratique de sécurité ED 93) et la norme NF B 20-001, qui englobent les laines minérales (par exemple la laine de verre ou de roche) et les filaments ou fibres minéraux (par exemple les fibres de verre) .
Un procédé de fabrication d'un agglomérat à partir de déchets localement disponibles pour la production de matériau d' isolation en laine de verre est décrit dans le brevet américain US 4,720,295. Ce document décrit également la production de laine de verre de couleur blanche, spécialement utile pour la confection de dalles acoustiques. Le procédé selon US 4,720,295 utilise du mâchefer. Etant donné que le mâchefer est principalement constitué de silice, d'alumine (notamment présente à raison de 22% en poids) et de chaux, il constitue un matériau propre à constituer un apport d'alumine. Le mâchefer consiste généralement en des résidus imbrûlés provenant de la combustion de la houille, du coke ou du charbon dans les fours industriels ou bien encore de la combustion des déchets urbains dans les usines d'incinération. Le mâchefer est donc très hétérogène et nécessite un traitement préalable à une utilisation dans l'industrie verrière.
Un autre matériau propre à constituer un apport d'alumine est la bauxite qu'il convient de traiter
préalablement par extraction, lavage, criblage, séparation des oxydes de fer, broyage et séchage, avant de la transporter depuis les zones de production, généralement très éloignées, vers les zones industrielles de mise en œuvre, notamment dans l'industrie verrière. Ces étapes de traitement et de transport sont génératrices de déchets et consommatrices d'énergie (en termes de broyage, séchage et transport) et de ressources naturelles très difficilement renouvelables .
Un but de la présente invention est de proposer un procédé qui permette la fabrication de fibres minérales à partir d'un matériau qui nécessite moins d'étapes préalables de traitement et/ou de transport, voire même aucune, pour pouvoir être valorisée comme apport d'alumine.
A cette fin, la présente invention a donc pour objet un procédé de fabrication de fibres minérales comprenant les étapes suivantes :
fourniture des ingrédients de départ comprenant de la silice, un matériau propre à constituer un apport d' alumine et au moins un fondant ;
fusion desdits ingrédients de départ à une température comprise entre 1300°C et 1500°C ;
fibrage dudit mélange en fusion, et
recueil desdites fibres ainsi obtenues.
Selon l'invention, le matériau propre à constituer un apport d'alumine consiste en des cendres volantes de charbon .
Les cendres volantes de charbon comprennent des taux élevés d'alumine (de l'ordre de 30 % en poids) et de silice (entre 40 et 60 % en poids) , mais aussi des oxydes de fer (entre 4,7 et 6, 1 % en poids) et de la chaux (entre 1 et 5 % en poids) . Non seulement, elles constituent un apport d'alumine significatif et suffisant pour être utilisée dans l'industrie verrière, mais elles nécessitent également moins d'étapes préalables de traitement et/ou de transport pour leur valorisation en tant que telles, notamment en
comparaison à un apport d'alumine réalisé par de la bauxite ou du mâchefer.
Les cendres volantes de charbon proviennent typiquement d' installations industrielles telles que les centrales électriques ou thermiques qui utilisent un charbon de qualité normée répondant aux exigences de leur procédé de production d'électricité. Ces installations industrielles produisent donc des déchets constants, autant en termes de quantité, qu'en termes de composition. En effet, les cendres volantes de charbon sont générées en quantité suffisante pour que leur utilisation dans l'industrie cimentière ne permette pas d'en épuiser les stocks. En outre, des analyses réalisées sur des cendres volantes issues de centrales électriques montrent que leur composition, donnée ci-dessous, varie peu autour d'une composition moyenne.
En outre, contrairement aux exploitations de gisements de bauxite, les installations industrielles générant des cendres volantes de charbon sont implantées indépendamment des ressources du sol en alumine. Ainsi, la valorisation des cendres volantes de charbon générées par ces installations industrielles ne requiert pas d'étapes de transport prohibitives en temps, en coût et en moyens logistiques, pour peu que les sites réalisant cette valorisation, par exemple ceux dédiés à l'industrie verrière, soient proches des installations industrielles pour la valorisation des cendres volantes de charbon, ce qui est souvent le cas.
Le procédé selon l'invention permet donc à la fois de proposer une utilisation d'un déchet constant de l'industrie thermique ou électrique et de pallier au recours à des ressources naturelles dont la transformation, le transport et le renouvellement sont difficiles.
Un autre avantage consiste en ce que les cendres volantes de charbon présentent une faible granulométrie , au moins eu égard à la granulométrie du mâchefer. La granulométrie des cendres volantes de charbon non traitées
est inférieure à 1 mm. Elle varie préférentiellement entre 10 et 50 ym, pour une moyenne de l'ordre de 20 ym. Le mélange de la silice et du fondant avec les cendres volantes de charbon est alors homogène ce qui constitue un avantage au moins en ce que la fusion du mélange s'en trouve facilitée. À titre d'exemple comparatif, la granulométrie du mâchefer est comprise entre 5 et 10 mm, après tout ou partie des traitements évoqués ci-dessus.
Éventuellement, une granulométrie souhaitée ciblée peut être obtenue par criblage des cendres volantes de charbon. L'objectif de cette étape de criblage est essentiellement de garantir l'absence de corps étrangers qui rendent difficile l'homogénéisation du mélange et par conséquent sa fusion. Ce criblage n'est donc pas essentiel, mais optionnel, et le procédé selon l'invention peut se prévaloir de ne comprendre aucune étape de préparation des cendres volantes de charbon.
Ainsi, un autre avantage consiste en ce que tous les constituants des cendres volantes de charbon, tels que ci- dessus énoncés, entrent dans la composition des fibres de verre. Ainsi, la valorisation des cendres volantes de charbon dans l'industrie verrière est totale, en ce que qu'elle ne produit aucun déchet, contrairement à la production de l'aluminium par exploitation de la bauxite ou au recyclage de mâchefer.
Selon une variante du procédé selon l'invention, ce dernier ne comprend pas d'étape de préparation dudit matériau propre à constituer un apport d'alumine.
Les proportions de silice du matériau propre à constituer un apport d'alumine et du fondant sont telles que les fibres minérales produites par le présent procédé aient une composition proche de celle de la laine de verre telle que donnée ci-dessus, et notamment comprenne environ 15 % d' alumine .
De manière avantageuse, les cendres volantes de charbon comprennent les constituants suivants, dans les proportions pondérales suivantes
- Si02 : 40 à 60 %,
A1203 : 25 à 35
Na20 : 0 à 1
CaO : 1 à 5
CaOlibre · 0 à 1
MgO : 0 à 4
K20 : 2 à 8
S02 : 0 à 1
- Fe203 : 4, 7 à 6,1 %,
- métaux alcalins : 0 à 0,5 %, et
carbone : 2 à 7 % .
Il est à noter que les proportions pondérales ci- dessus s'entendent au regard de la matière sèche
Le procédé de fabrication de fibres de verre comprend une étape consistant à fournir de la silice, un matériau propre à constituer un apport d' alumine et au moins un fondant .
La silice peut être fournie sous forme de silice pure, de sable ou de calcin. Le calcin est préféré car c'est un déchet pouvant avantageusement être recyclé selon le procédé de l'invention : on peut citer le calcin issu par exemple de vitres, de verres automobiles ou de bouteilles en verre.
A titre de fondants utilisables dans le procédé de l'invention, on peut notamment utiliser de la soude et/ou de la chaux.
En ce qui concerne les différentes étapes du procédé, celui-ci comprend également une étape de fusion des ingrédients de départ à une température comprise entre 1300 et 1500°C.
Cette étape de fusion est effectuée dans un récipient adapté aux ingrédients destinés à être fondus.
Dans un premier mode de réalisation, le récipient est un four.
Dans un second mode de réalisation, le récipient est un cubilot.
Le procédé comprend encore une étape de fibrage d' un filet du mélange en fusion.
Après la fusion des ingrédients de départ, on procède à un fibrage du mélange en fusion, puis on recueille les fibres ainsi obtenues.
Si l'on souhaite fabriquer de la laine de verre, on procède comme suit :
un filet du mélange en fusion s'écoule depuis le récipient, tel qu'un four, vers un panier tournant à grande vitesse dont les bords sont percés de plusieurs milliers de trous traversants ;
le filet est éjecté par ces trous, puis étiré encore par des brûleurs qui le projette vers le bas ;
- on obtient des fibres, qui sont recueillies par un tapis roulant où elles sont mélangées à de faibles quantités de liants et formées en plaques ou rouleaux de laine de verre
Si l'on souhaite fabriquer de la laine de roche, on procède comme suit :
un filet du mélange en fusion s'écoule depuis le récipient, tel qu'un cubilot, vers des rotors tournants à grande vitesse où il est mis en fibres sous forme de nodules de roche ;
- les nodules de roche sont recueillis par un tapis roulant où ils sont mélangés à des produits de collage ainsi qu'à des éléments spécifiques à chaque usage pour polymériser et former de la laine de roche.
L' invention concerne également les fibres de verre susceptibles d'être obtenues par le procédé décrit ci- dessus, et pouvant notamment se présenter sous forme de laine de verre ou de laine de roche.
La valorisation des cendres volantes de charbon est avantageuse dans la fabrication de produits du type laine de verre ou laine de roche. En effet, bien que ces cendres constituent un apport en métaux et en oxydes métalliques qui colorent les fibres de verre, la couleur de ces
produits importe peu au vu de leur utilisation, par exemple en tant qu'isolant disposé dans les murs ou les combles.
Si l'application la plus prometteuse du procédé selon l'invention est la fabrication de laine de verre ou de laine de roche, la fabrication, d'autre produits, tels que des bouteilles en verre de couleur verte ou de couleur marron, est envisagée. Dans cette optique, il est à noter que la fabrication de bouteilles en verre de couleur marron autorise un apport de silice entièrement constitué de calcin en vrac de toutes les couleurs, tandis que la fabrication de bouteilles en verre de couleur verte n'autorise un apport de silice que partiellement constitué de calcin en vrac de toutes les couleurs. La fabrication de bouteilles en verre blanc n'autorise aucun apport de silice constitué de calcin en vrac de toutes les couleurs. Ainsi, l'invention pourrait également s'appliquer à la fabrication de bouteilles en verre de couleur verte ou marron pour lesquelles les caractéristiques des matières premières sont moins contraignantes que pour les bouteilles en verre de couleur blanche.
Il doit être évident pour les personnes versées dans l'art que la présente invention permet des modes de réalisation sous de nombreuses autres formes spécifiques sans l'éloigner du domaine d'application de l'invention comme revendiqué. Par conséquent, les présents modes de réalisation doivent être considérés à titre d' illustration, mais peuvent être modifiés dans le domaine défini par la portée des revendications jointes.