DOMAINE DE L'INVENTION
La présente invention concerne une poutre de longue
portée destinée à constituer un élément porteur d'une
superstructure modulaire ou autre ouvrage de génie civil,
tel que tablier de pont, tablier de passerelle ou ossature
de plate-forme.
ARRIERE-PLAN DE L'INVENTION
On connaít déjà des poutres de longue portée à
structure en bois en lamellé-collé, constituées par une
superposition d'un nombre important de lames en bois qui
sont collées l'une à l'autre. Les portées recherchées pour
de telles poutres vont traditionnellement de 25 à 40
mètres. Les calculs de résistance mécanique aboutissent
alors à des hauteurs totales de poutre qui vont
respectivement de 2,20 mètres à 3,15 mètres. Ceci veut dire
que le rapport entre la portée et la hauteur varie pour de
telles poutres traditionnelles entre 1/11 et 1/13. Ces
telles poutres traditionnelles en lamellé-collé présentent
donc des hauteurs nécessairement importantes, et par suite
des masses élevées.
Pour diminuer la hauteur de telles poutres à portée
comparable, ainsi que le poids de celles-ci, on a proposé
des structures de poutres en lamellé-collé comportant une
armature interne de renfort.
Le document WO-A-00/17465 décrit ainsi une poutre
de longue portée formée d'un corps principal en bois à
structure en lamellé-collé, et d'une armature interne de
renfort constituée par des éléments allongés en composite
de fibres de carbone à haute résistance qui s'étendent
suivant la direction longitudinale de la poutre, chacun
desdits éléments allongés étant logé et collé dans une
réservation associée latéralement non débouchante. Une
telle approche est intéressante, car la présence d'une
armature interne de renfort en composite de fibres de
carbone à haute résistance permet de diminuer sensiblement
la hauteur d'une poutre pour une portée comparable par
rapport aux poutres traditionnelles en lamellé-collé, ainsi
que le poids de ladite poutre, et ce en utilisant une trame
deux fois supérieure à celle des poutres traditionnelles.
D'autres documents peuvent être également cités à
ce titre pour compléter l'arrière-plan technologique. On
pourra ainsi se référer aux documents EP-A-0 177 350, FR-A-2
691 993, FR-A-2 764 622, FR-A-2 218 978, WO-A-96 13378,
EP-A-1 260 648, et WO-A-01 96108.
L'état de la technique est également illustré par
le document DE-A-41 00 044. Ce document décrit une poutre
en lamellé-collé dont les extrémités sont renforcées par
des plaques minces d'armature en matériau à haute
résistance, tel que l'acier, le tout étant serré par des
tirants. Il convient de noter que les lames sont ici
verticales, contrairement aux poutres classiques en
lamellé-collé, ainsi que cela ressort de la vue de dessus
de la figure 1, de sorte que l'acier ne reprend les efforts
qu'au niveau des appuis d'extrémité de la poutre. En outre,
les plaques sont débouchantes aux extrémités de la poutre.
Bien que l'approche illustrée dans les documents
précités soient intéressante sur le principe, force est de
constater que, pour les très longues portées, on utilise
des éléments d'armature en composite de fibres de carbone
qui sont relativement massifs. Par suite, le poids total de
la poutre en lamellé-collé avec son armature interne de
renfort reste encore important.
OBJET DE L'INVENTION
La présente invention a pour objet de concevoir une
poutre de longue portée plus performante que les poutres en
lamellé-collé à armature interne de renfort précitées, en
particulier permettant d'optimiser le dimensionnement et le
poids des éléments de renfort, et ce sans pour autant nuire
à la résistance mécanique de la poutre.
DESCRIPTION DE L'INVENTION
DESCRIPTION DE L'INVENTION
Ce problème est résolu conformément à l'invention
grâce à une poutre constituée d'un corps principal en bois
de structure en lamellé-collé, et d'une armature interne de
renfort constituée par des éléments allongés en composite
de fibres de carbone à haute résistance qui s'étendent
suivant la direction longitudinale de la poutre, chacun
desdits éléments allongés étant logé et collé dans une
réservation associée latéralement non débouchante, ladite
poutre étant remarquable en ce que l'armature interne de
renfort est formée d'une partie d'armature haute et d'une
partie d'armature basse comportant chacune une pluralité
d'éléments superposés dont la longueur décroít
identiquement à partir des deux extrémités de ladite poutre
au fur et à mesure que l'on s'éloigne du bord libre
respectivement supérieur ou inférieur de la poutre
conformément à une loi de variation prédéterminée, et dont
la section est telle que la section totale des éléments de
ladite pluralité haute ou basse d'éléments est au moins
égale à une valeur minimale calculée en fonction des
dimensions de la poutre et des charges appliquées sur
ladite poutre.
Ainsi, plutôt que de choisir des éléments allongés
ayant tous la même longueur pour constituer l'armature
interne de renfort, l'invention suggère d'avoir des
longueurs différentes pour ces éléments de renfort, sans
pour autant que ces diminutions de longueur n'affectent
sensiblement la résistance mécanique de la poutre.
L'optimisation de la section des éléments de renfort permet
également d'utiliser, si nécessaire, des éléments
suffisamment minces pour tolérer un cintrage en vue d'un
conditionnement aisé.
De préférence, la loi de variation déterminant les
longueurs des éléments d'armature correspond sensiblement à
la courbe des moments fléchissants de ladite poutre.
Avantageusement, la partie d'armature haute et la
partie d'armature basse sont agencées symétriquement par
rapport à la fibre neutre de ladite poutre.
Conformément à un mode d'exécution particulier, la
partie d'armature haute et la partie d'armature basse
comportent chacune deux ou trois niveaux d'éléments de
renfort superposés. On pourra alors prévoir que chaque
niveau d'armature haute ou basse comporte deux éléments de
renfort identiques juxtaposés.
Les éléments allongés de renfort peuvent en outre
être des lames plates couchées, ou en variante des barres
pleines de section ronde ou autre.
On pourra prévoir que les lames plates juxtaposées
de chaque paire sont disposées côte à côte dans une
réservation commune, chaque réservation commune étant
définie par une engravure non débouchante pratiquée dans
une lame de bois et par la face en regard de la lame de
bois directement adjacente.
On pourra en variante prévoir que les barres de
renfort juxtaposées de chaque paire sont disposées dans des
réservations associées adjacentes mais non communicantes
entre elles, chacune desdites réservations étant définie
par deux engravures complémentaires non débouchantes
pratiquées dans deux lames de bois adjacentes. En
particulier, il pourra s'avérer intéressant de prévoir,
contre chaque extrémité libre des barres de renfort de plus
grande longueur, une plaque de butée encastrée dans une
réservation associée communiquant avec la réservation
individuelle recevant la barre de renfort concernée.
Il est par ailleurs intéressant de prévoir que
chaque réservation commune ou individuelle présente en
outre au moins une saignée longitudinale débouchant dans
ladite réservation, en vue d'éviter une délamination du
bois de certaines lames, ou une fissuration du carbone de
certains éléments de renfort.
Avantageusement encore, les éléments de renfort
constituant les parties d'armature haute et basse sont tous
noyés dans la matière de collage utilisée, celle-ci étant
de préférence la même que la matière de collage
solidarisant les lames de bois entre elles. En particulier
la matière de collage est une colle de résorcine, et de
préférence une colle de résorcine-urée-formol.
De préférence enfin, la poutre de l'invention
comporte des lames de bois et des éléments de renfort
incurvés, de façon à présenter une contre-flèche qui est
maximale à mi-longueur de ladite poutre. La présence d'une
contre-flèche permet de mieux maítriser les efforts des
moments fléchissants, et aussi de favoriser les écoulements
des eaux en toiture grâce à la déclivité ainsi formée qui
guide les eaux de pluie en direction des extrémités des
poutres de longue portée.
D'autres caractéristiques et avantages de
l'invention apparaítront plus clairement à la lumière de la
description qui va suivre et des dessins annexés,
illustrant un mode de réalisation particulier.
BREVE DESCRIPTION DES DESSINS
Il sera fait référence aux figures où :
- la figure 1 illustre en perspective une partie
d'une superstructure modulaire utilisant des poutres de
longue portée conformes à l'invention ;
- la figure 2 est une vue en perspective
illustrant, à plus grande échelle, la zone de tête d'un des
poteaux verticaux de la superstructure précédente, avec
deux extrémités de poutre de longue portée présentant une
armature interne de renfort agencée conformément à
l'invention ;
- la figure 3 est une vue en élévation d'une poutre
conforme à l'invention, dont les parties d'armature haute
et basse comportent chacune deux niveaux d'éléments
superposés, ici visibles par transparence, dont les
longueurs sont déterminées à partir d'une loi de variation
conforme à une courbe également illustrée, qui est en
l'espèce la courbe des moments fléchissant de ladite
poutre;
- la figure 4 est une vue en élévation, à plus
grande échelle, de l'extrémité de la poutre de la figure 3,
et la figure 5 en est la coupe selon V-V ;
- la figure 6 est une vue en élévation illustrant
une variante de la poutre illustrée en figure 3, dans
laquelle les parties d'armature haute et basse comportent
chacune trois niveaux d'éléments superposés ;
- la figure 7 est une vue en élévation de
l'extrémité de la poutre de la figure 6, et la figure 8 en
est la coupe selon VIII-VIII ;
- les figures 9 et 10 sont des vues de détail,
respectivement en position assemblée et en éclaté,
permettant de mieux distinguer le logement d'éléments
allongés juxtaposés constituant une partie de l'armature
interne haute ou basse, disposés entre deux lames de bois
adjacentes ;
- la figure 11 est une vue en élévation illustrant
une extrémité d'une poutre réalisée conformément à une
autre variante de l'invention, dans laquelle les parties
d'armature haute et basse comportent des éléments allongés
réalisés sous la forme de barres pleines en composite de
fibres de carbone à haute résistance ;
- la figure 12 est une coupe selon XII-XII de la
figure 11 permettant de mieux distinguer l'armature interne
supérieure constituée par deux paires de barres de carbone
superposées ;
- la figure 13 est une vue éclatée en perspective
permettant de mieux appréhender l'agencement des
réservations associées aux barres de carbone de plus grande
longueur, avec des plaques de butée terminale associées ;
- la figure 14 est une vue en élévation permettant
de distinguer une semelle d'appui fixée latéralement de
chaque côté de la poutre de grande longueur, en partie
haute de celle-ci, lesdites semelles étant destinées à
servir d'appui pour des poutrelles métalliques entretoisant
une poutre horizontale de longue portée dans une
superstructure de type modulaire ; et
- la figure 15 est une vue en coupe, à plus grande
échelle, permettant d'illustrer la zone d'appui de
poutrelles associées à une même poutre, l'ensemble étant
revêtu d'un élément de toiture isolant assurant
l'étanchéité de la superstructure.
DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION
Sur la figure 1, on distingue une superstructure
modulaire S, qui est ici agencée pour former la structure
porteuse d'un bâtiment de forme parallélépipédique de
grandes dimensions, tel qu'un entrepôt ou un magasin de
grand surface.
La superstructure S comporte une pluralité de
poteaux verticaux de support 1 encastrés dans un sol P par
l'intermédiaire de fondations en béton, lesquels poteaux
sont reliés entre eux par des poutres horizontales de
longue portée. On a illustré en l'espèce des poteaux 1 qui
sont réalisés en béton, mais qui pourraient en variante
être des poteaux métalliques, par exemple à structure en H.
On a en outre illustré des poteaux verticaux 1 de hauteur
importante, par exemple une dizaine de mètres, afin de
réaliser une superstructure porteuse d'un toit ou d'un
étage supérieur d'un édifice, mais ceci ne constitue qu'un
exemple d'application. En particulier, on pourra prévoir
que les poteaux 1 de la rangée centrale sont de hauteur
légèrement supérieure à celle des autres poteaux verticaux,
afin de former une déclivité facilitant l'écoulement des
eaux vers les bords de toiture.
Les poteaux verticaux de support 1 sont reliés
entre eux par des poutres horizontales de longue portée
notées 2, 10. Les poutres 10, qui s'étendent parallèlement
les unes aux autres, sont en appui, au niveau de leurs
extrémités, sur des sabots de fixation 11, ainsi que cela
est mieux visible sur la figure 2, et elles présentent une
armature interne (non visible sur la figure 1) agencée
conformément à l'invention. Les poutres horizontales de
longue portée 2, dont la direction est orthogonale à la
direction des poutres 10, sont ici quant à elles de type
traditionnel, c'est-à-dire qu'elles sont de type lamellé-collé,
mais sans armature interne, en étant simplement
encastrées sur des sabots porteurs fixés en tête des
poteaux (sabots 6 mieux visibles sur la figure 2).
Pour l'un des modules la superstructure S, on a
illustré ici des poutrelles métalliques 5 de type
conventionnel, fréquemment dénommées poutres "joist canam"
par les spécialistes, ces poutrelles métalliques utilisées
en lieu et place de pannes entretoisant deux poutres
horizontales de longue portée 10. Ainsi, un module ou
maille de la superstructure S est constitué par quatre
poteaux verticaux de support 1, deux poutres horizontales
de longue portée 2 de type traditionnel, et deux poutres
horizontales de longue portée 10 présentant, conformément à
l'invention, une armature interne de renfort ayant un
dimensionnement optimisé. A titre indicatif, l'agencement
de l'invention permet de réaliser des superstructures
modulaires de très grandes dimensions, un module unitaire
pouvant avoir 24 mètres de large sur 36 mètres de long, la
hauteur étant donnée par la hauteur du poteau vertical 1
qui sera par exemple de 10 mètres jusqu'à 15 mètres, en
particulier pour les poteaux d'une rangée centrale. Le
contreventement est en l'espèce assuré d'une part par un
encastrement des poteaux verticaux en béton 1, et d'autre
part au moyen de poutres à plat 5.1 intercalées entre deux
poutrelles "joist canam" 5 (de telles poutres sont
illustrées sur la figure 1) et deux câbles 5.2 en croix
tendus par des ridoirs 5.3.
En variante, on pourra assurer le contreventement,
pour chaque module, par une panne réalisée sous la forme
d'une poutre traditionnelle en lamellé-collé identique aux
poutres 2, disposés à mi-longueur entre deux groupes de
poutrelles "joist canam" (quatre ou cinq poutrelles pour
chaque groupe en général selon le cas), ou encore pour des
largeurs de mailles un peu plus faibles (15 mètres par
exemple), on pourra prévoir exclusivement des poutres
traditionnelles en lamellé-collé identiques aux poutres 2
(par exemple onze poutres entre deux poutres 2), sans
pannes métalliques du type "joist canam" ou autres. On
s'est en effet aperçu que les pannes en lamellé-collé de 15
mètres de portée avaient un poids très proche de celui des
poutrelles métalliques du type "joist canam" de 24 mètres
de portée. Ces deux variantes, non représentées ici,
permettent d'abaisser substantiellement le coût de la
superstructure modulaire réalisée.
Les poutres horizontales de longue portée 2 et 10
sont en lamellé-collé, mais ne sont pas réalisées
conformément à un même agencement. En effet, les poutres
transversales 2 sont de type traditionnel, en étant
constituées par un bloc unitaire en lamellé-collé de
section rectangulaire, avec une hauteur de 1 à 1,2 mètre,
et une largeur de l'ordre de 0,2 mètre. Les extrémités des
poutres 2 sont encastrées sur des sabots métalliques 6 que
l'on distingue mieux sur la figure 2. Ces sabots
métalliques sont de type conventionnel, et sont vissés en
tête des poteaux 1 concernés.
Au contraire, les poutres horizontales de longue
portée 10, qui sont en appui sur des sabots métalliques 11,
également de type traditionnel, vissés en tête des poteaux
1, ont une armature interne de renfort très particulière
qui va être décrite plus en détail ci-après en référence
aux autres figures.
Chaque poutre 10 est ainsi constituée d'un corps
principal en bois 12 à structure en lamellé-collé, et d'une
armature interne de renfort 13 qui est formée d'une partie
d'armature haute 13.1 et d'une partie d'armature basse 13.2
comportant chacune une pluralité d'éléments superposés.
Sur la figure 2, on a illustré un mode de
réalisation particulier dans lequel les parties d'armature
haute et basse comportent chacune deux niveaux d'éléments
superposés. C'est ainsi que la partie d'armature haute 13.1
comporte deux éléments superposés 13.11, 13.12, et la
partie d'armature basse 13.2 comporte également deux
éléments superposés 13.21, 13.22. En l'espèce, les éléments
allongés de renfort sont des lames plates couchées en
composites de fibres de carbone à haute résistance.
Il est intéressant de noter que les lames plates
couchées illustrées sur la figure 2 sont totalement
intégrées dans le corps principal en bois 12 de la poutre
10, c'est-à-dire que chaque lame de carbone est logée dans
une réservation associée qui est non débouchante
latéralement, et également non débouchante au niveau des
extrémités notées 17 de la poutre 10. On constate également
que les lames plates couchées formant la partie d'armature
haute et les lames plates couchées formant la partie
d'armature basse sont disposées sensiblement symétriquement
par rapport à la fibre neutre de la poutre 10, afin d'avoir
un équilibre maximal pour le comportement en flexion de
ladite poutre et éviter ainsi de générer des moments de
torsion indésirables.
Sur la variante de la figure 2, on a ainsi illustré
un mode de réalisation dans lequel les parties d'armature
haute et basse comportent chacune deux niveaux d'éléments
superposés. On pourra cependant prévoir plus généralement
plus de deux niveaux superposés, en particulier trois
niveaux, comme cela est illustré sur les figures 3 à 10,
auxquelles on va maintenant se référer.
Conformément à une caractéristique essentielle de
l'invention, les parties d'armature haute 13.1 et
d'armature basse 13.2 comportent chacune une pluralité
d'éléments superposés dont la longueur décroít
identiquement à partir des deux extrémités la poutre au fur
et à mesure que l'on s'éloigne du bord libre respectivement
supérieur ou inférieur de la poutre conformément à une loi
de variation prédéterminée. En outre, la section des
éléments de renfort est telle que la section totale des
éléments de ladite pluralité haute ou basse d'éléments est
au moins égale à une valeur minimale calculée en fonction
des dimensions de la poutre et des charges appliquées sur
ladite poutre.
La loi de variation déterminant les longueurs des
éléments d'armature peut être de plusieurs types, ayant en
général une forme sensiblement parabolique. En particulier,
on pourra déterminer les longueurs des éléments d'armature
à partir de la courbe MF des moments fléchissants de la
poutre, ladite courbe étant illustrée sur la figure 3 à
l'aplomb de la poutre de longue portée 10 dont les partie
d'armature haute et basse comportent chacune deux niveaux
d'éléments superposés.
La partie d'armature haute 13.1 comporte tout
d'abord un premier élément de renfort 13.11 agencé juste en
dessous du bord supérieur 19 de la poutre. Ainsi que cela
est mieux visible sur la figure 4, les extrémités de cet
élément de renfort 13.11 n'arrivent pas jusqu'aux bords
d'extrémité 17 de la poutre, c'est-à-dire que les
réservations associées sont axialement non débouchantes.
Dans la pratique, on pourra prévoir une distance de l'ordre
d'une dizaine de centimètres en-deçà des bords libres 17.
On trouve ensuite, en s'éloignant du bord supérieur 19, un
deuxième élément de renfort 13.12 de longueur plus courte.
La longueur de ce dernier élément est donnée par la loi de
variation choisie, en l'espèce la courbe des moments
fléchissants MF de la poutre. On obtient alors pour
l'élément de renfort 13.12 une longueur L2 qui est de
l'ordre de 0,55 L1, où L1 est la longueur de l'élément de
renfort 13.11.
Pour la partie d'armature basse 13.2, on trouve une
disposition symétrique de la précédente par rapport à la
fibre neutre de la poutre, avec un élément de renfort 13.21
de même longueur que l'élément 13.11, et un élément de
renfort plus intérieur 13.22 de même longueur que l'élément
de renfort 13.12. L'élément de renfort 13.21 est de même
faiblement distant du bord inférieur 18 de la poutre. En
outre, la section des éléments de renfort 13.11, 13.12,
13.21, 13.22 est choisie telle que la section totale de ces
éléments soit au moins égale à une valeur minimale calculée
en fonction des dimensions de la poutre et des charges
appliquées sur ladite poutre.
Dans la pratique, on s'attachera à disposer les
parties d'armature haute et basse aussi près que possible
des bords respectivement supérieur et inférieur de la
poutre. En l'espèce, on constate que l'élément de renfort
13.11 est agencé juste en dessous de la lame supérieure
notée 12.1 du corps de poutre, et que de la même façon
l'élément de renfort 13.21 est disposé juste au-dessus de
la dernière lame 12.n de ladite poutre, le nombre n
correspondant au nombre de lames constituant le corps de
poutre 12.
Ainsi que cela est mieux visible sur la coupe de la
figure 5, chaque niveau d'armature haute 13.1 ou basse 13.2
comporte deux éléments de renfort identiques juxtaposés.
Ceci permet de laisser subsister un joint libre entre les
bords longitudinaux en regard des deux lames juxtaposées,
ledit joint autorisant une libre dilatation du carbone,
laquelle est notablement différente de celle du bois.
Ainsi, l'agencement de l'armature interne de
renfort présente une double symétrie, à la fois par rapport
à la fibre neutre (qui correspond à la ligne en trait mixte
L au niveau de la représentation de la courbe des moments
fléchissants MF), et par rapport à un plan médian
transversal noté Q.
Les figures 6 à 8, qui correspondent respectivement
aux figures 3 à 5 précédemment décrites, illustrent une
autre variante dans laquelle la partie d'armature haute
13.1 et la partie d'armature basse 13.2 comportent chacune
trois niveaux d'éléments superposés. On distingue ainsi des
éléments 13.11, 13.12, 13.13 pour la partie d'armature
haute 13.1, et des éléments 13.21, 13.22, 13.23 pour la
partie d'armature inférieure 13.2. A chaque fois, les
longueurs varient de façon décroissante au fur et à mesure
que l'on s'éloigne du bord libre supérieur 19 ou inférieur
18 de la poutre, conformément à la loi de variation
retenue. Pour les éléments de renfort de plus faible
longueur 13.13, 13.23, la longueur est ici terminée à
partir de la courbe MF, et correspond sensiblement à la
relation L3 = 0,25 L1.
Là encore, chaque niveau d'armature haute 13.1 ou
basse 13.2 comporte deux éléments de renfort identiques
juxtaposés, en l'espèce deux lames plates couchées entre
lesquelles est défini un joint libre de dilatation.
Ainsi que cela est mieux visible sur les figures 9
et 10, chacune des paires de lames plates juxtaposées est
disposée dans une réservation commune 14. On distingue sur
ces figures les deux premières lames de bois supérieures
12.1, 12.2 du corps de poutre, dont la lame inférieure 12.2
présente une engravure centrale 14.2. Cette engravure 14.2
délimite avec la face inférieure 14.1 de la lame 12.1 une
réservation commune 14 pour les deux lames plates couchées
juxtaposées 13.11. On aurait pu prévoir deux demi-engravures
ménagées symétriquement sur chacune des lames en
regard pour loger les éléments de renfort juxtaposés, mais
le mode de réalisation illustré ici permet de faciliter
considérablement la fabrication, et diminue aussi les
exigences de précision pour l'usinage.
Il convient de noter que les bords latéraux 14.5
délimitant l'engravure 14.2 définissent des surfaces de
collage importantes avec la face inférieure en regard 14.1
de la lame de bois 12.1, ce qui permet de réduire les
phénomènes de délamination du bois dans une situation de
flèche maximale de la poutre.
La figure 9 correspond à la position assemblée,
dans laquelle les éléments d'armature sont noyés dans la
matière de collage qui est avantageusement celle utilisée
pour assembler entre elles les lames de bois, cette matière
de collage étant par exemple une colle de résorcine, et de
préférence une colle de résorcine-urée-formol.
On notera en outre la présence de saignées
longitudinales 14.3, 14.4 débouchant la réservation 14. Ces
saignées contribuent à éviter une possible délamination du
bois de certaines lames, ou une fissuration du carbone de
certains éléments de renfort.
A titre indicatif, en utilisant une trentaine de
lames de bois d'épaisseur 45 millimètres pour constituer le
corps principal en bois 12, on utilisera pour constituer
l'armature interne de renfort 13 des lames plates couchées
en composite de fibres de carbone à haute résistance dont
l'épaisseur va de 10 à 20 millimètres selon la longueur de
la portée envisagée. Ceci signifie que chaque lame de bois
présentant une engravure de réception sera amincie
localement de 10 à 12 millimètres de son épaisseur au
niveau desdites engravures. La longueur des lames de
renfort en carbone sera d'environ 29,76 mètres pour la
longueur L1 qui est la plus grande (c'est-à-dire environ 30
mètres moins une distance d'environ 12 centimètres à partir
de chaque extrémité), la longueur de l'élément suivant sera
de l'ordre de 14 mètres, et, lorsque celui-ci sera prévu,
la longueur du troisième élément constitutif plus court
encore sera de l'ordre de 8 mètres.
Avec une poutre ayant le dimensionnement précité,
le calcul permet de déterminer la valeur minimale de
section désirée, c'est-à-dire en l'espèce environ 8160
millimètres carrés, ce qui donne, pour un mode de
réalisation dans lequel les parties d'armature haute et
basse comportent chacune deux niveaux d'éléments
superposés, des lames plates de 120 millimètres de large
pour 34 millimètres d'épaisseur.
Cette dernière valeur montre que l'on peut se
contenter d'éléments de renfort faiblement dimensionnés, ce
qui ouvre des perspectives extrêmement intéressantes que
l'on ne pouvait obtenir précédemment avec les techniques
classiques. En particulier, outre la facilité de
fabrication des plats de composite, la faible épaisseur
permet également de faciliter considérablement le transport
dans la mesure où les plats peuvent être conditionnés en
forme de rouleaux. En outre, on réalise une économie
considérable de plats de composite de fibres de carbone
dans la mise en oeuvre.
Les figures 11 à 13 illustrent une autre variante,
dans laquelle l'armature interne de renfort en composite de
fibres de carbone à haute résistance est constituée par des
éléments allongés réalisés sous la forme de barres pleines,
de section ronde ou autre. Comme cela est mieux visible sur
la coupe de la figure 12, on utilise, à la fois en partie
haute (comme en partie basse) de la poutre 10, des paires
de barres de carbone juxtaposées.
On distingue ainsi une partie d'armature haute 13.1
qui est ici constituée de deux paires de barres 13'.11 de
grande longueur, suivies de deux paires de barres 13'.12 de
longueur plus faible. La partie d'armature basse 13.2
comporte de la même façon deux paires de barres 13.21 de
grande longueur, et deux paires de barres de plus faible
longueur 13.22. Les longueurs des barres sont comme
précédemment déterminées à partir de la loi de variation
retenue, par exemple en correspondance avec la courbe des
moments fléchissants de la poutre.
En raison de l'importance de la section des barres
de carbone, on peut avoir à faire face à des efforts
importants exercés au niveau des extrémités libres des
barres de carbone, lesquels efforts sont exercés
directement sur le bois environnant. Pour éviter tout
risque d'arrachement ou de délamination de cette zone
fortement sollicitée, du corps en bois, il est intéressant
de prévoir des plaques terminales de répartition des
efforts, comme les plaques 15 illustrées ici. Ces plaques
de butée seront de préférence réalisées également en
carbone. Comme cela est mieux visible sur la vue éclatée de
la figure 13, la plaque de butée 15 est encastrée dans une
réservation associée 16 qui communique avec la réservation
14 recevant les deux barres de renfort 13'.11 juxtaposées.
Les deux lames de bois adjacentes concernées 12.1, 12.2
présentent alors chacune deux engravures 14.21, 14.22 de
section demi-cylindrique, destinées à recevoir les barres
de renfort en composite de fibres de carbone à haute
résistance. Au débouché de ces engravures demi-cylindriques,
on trouve alors l'engravure transversale 16
qui communique avec les précédentes, correspondant à une
demi-hauteur de la plaque de butée 15.
Comme précédemment, les barres de section ronde
sont noyées dans la matière de collage utilisée pour
l'assemblage des lames de bois. La matière de collage sera
de préférence une colle de résorcine, et plus
particulièrement une colle de résorcine-uréee-formol. Une
telle colle réalise en effet une solidarisation extrêmement
forte entre la surface des éléments de renfort en fibres de
carbone et les fibres de bois adjacentes. L'armature de
renfort 13 fait ainsi intimement corps avec le corps de
poutre en lamellé-collé, et procure un comportement
mécanique optimal pour la poutre armée ainsi réalisée.
On aura noté dans le cas de la réalisation d'une
armature de renfort sous forme de barres de carbone, que
l'on retrouve une partie d'armature haute 13.1 et une
partie d'armature basse 13.2 disposées symétriquement par
rapport à la fibre neutre de la poutre.
Grâce à l'armature interne en composite de fibres
de carbone précédemment décrite, on obtient une
compatibilité surprenante et très performante de
déformation entre le bois et les fibres de carbone. Dans la
pratique, les éléments en composite de fibres de carbone à
haute résistance seront constitués par une association
entre des fibres de carbone et une résine associée, obtenue
grâce à une polymérisation dans un moule. Sous l'action des
charges appliquées, on constate que le bois se déforme, et
si l'on pousse les charges au fur et à mesure, en
augmentant la charge de façon à atteindre la plastification
des lames de bois, celles qui se trouvent sur les fibres
extrêmes atteignent les limites de sa résistance et se
plastifient, entraínant la colle qui flue et transmettant
la charge à la deuxième lame, et ainsi de suite jusqu'à
l'épuisement de la résistance des lames en bois. On obtient
ainsi un diagramme de déformation qui n'est plus
triangulaire, mais rectangulaire.
Par ailleurs, pour des portées de 25 à 40 mètres,
l'utilisation d'une armature interne conforme à l'invention
permet de limiter considérablement la hauteur des poutres,
avec un gain de 30 à 40 % par rapport aux structures
traditionnelles en lamellé-collé ne présentant aucune
armature interne.
Par ailleurs, comme cela est visible sur les
figures 3 et 6, il est intéressant de prévoir que la poutre
10 comporte des lames de bois 12.i et des éléments de
renfort 13.1j, 13.2j incurvés de façon à présenter une
contre-flèche notée c qui est maximale à mi-longueur de
ladite poutre. Ainsi, le bord inférieur 18 de la poutre 10,
ou intrados, est incurvé de telle sorte que la poutre de
longue portée 10 présente une contre-flèche qui est
maximale à mi-longueur de la poutre, le paramètre c étant
de préférence donné par la relation c = 0,013 x (1/2L), où
L est la longueur de la poutre 10. Ceci correspond alors à
une contre-flèche de 1,3%.
La présence d'une telle contre-flèche permet de
mieux maítriser les efforts des moments fléchissants, et
aussi de favoriser les écoulements des eaux en toiture
grâce à la déclivité ainsi formée qui guide les eaux de
pluie en direction des extrémités des poutres de longue
portée.
Un autre avantage de l'invention réside dans la
participation de la poutre de longue portée au
cloisonnement d'une partie de toiture de la superstructure.
En effet, si on se réfère aux figures 14 et 15, on
constate que chaque poutre de longue portée à armature
interne 10 est équipée latéralement, en partie haute et
parallèlement au bord supérieur de celle-ci, de deux
semelles d'appui 20 fixées par des boulons traversants 21.
Ces semelles d'appui 20 s'étendent ainsi longitudinalement
sur la presque totalité de la longueur de la poutre 10. Le
bord supérieur de chacune des semelles 20 est disposé un
peu plus bas que le bord supérieur de la poutre, ce qui
ménage un espace d'appui pour des éléments d'extrémité 5.5
des poutrelles du type "joist canam". On peut alors
disposer un élément de toiture 25, avec sa plaque
supérieure d'étanchéité 26, son matelas intermédiaire
isolant 27, et son bac de support ondulé 28, en appui sur
les ensembles de poutrelles 5, la fixation étant assurée
précisément sur les semelles précitées 20 par des tire-fond
22. Ainsi que cela est aisé à comprendre, les poutres de
longue portée 2 et 10 réalisent un cloisonnement naturel de
cette partie de toiture, ce qui permet de générer tout
naturellement des espaces formant cantons de désenfumage.
Les cantons étant ainsi réalisés permettent de rester
conforme aux normes les plus sévères en matière de
résistance au feu, sans qu'il soit nécessaire de rajouter
des éléments constitutifs.
Enfin, la poutre armée conforme à l'invention,
reste extrêmement homogène grâce à l'utilisation d'une
surface maximale de collage bois sur bois, et à l'excellent
travail du binôme carbone-bois. Cette technique permet par
ailleurs une meilleure protection au feu du carbone, et, en
le dissimulant, conserve à la poutre toute l'intégralité de
son aspect bois.
Bien que la description qui précède concerne une
application à la réalisation d'une superstructure
modulaire, on pourra naturellement utiliser la poutre de
longue portée dans d'autres ouvrages de génie civil, tels
que tabliers de ponts, tabliers de passerelles ou ossatures
de plate-forme, et plus généralement tout ouvrage
nécessitant des éléments porteurs de grandes dimensions.
L'invention n'est pas limitée aux modes de
réalisation qui viennent d'être décrits, mais englobe au
contraire toute variante reprenant, avec des moyens
équivalents, les caractéristiques essentielles énoncées
plus haut.